Cette péniche fut
construite en 1942 dans les chantiers Boom en Belgique. Après soixante années
de bons et loyaux services, c'est une compagnie théâtrale qui la récupère et l'amarre
face au 55 quai de la Seine, dans le bassin de La Villette, à Paris (19ème).
Son accès est ainsi très aisé car notamment très proche du métro, station Riquet.
Petite précision géographique, ce bassin est le plus grand plan d’eau
artificiel de Paris ; il permet de relier le canal de l’Ourcq au canal
Saint-Martin.
L'espace
spectacle de ce chaland peut accueillir quatre-vingt personnes en configuration
concert ; ce soir j'estime que nous en occupions probablement la moitié. Dotée
d'une cabine régie, et du matériel de sonorisation, son espace scénique
modulable est d'une profondeur de 5,00 m, et son plateau légèrement surélevé
permet une bonne visibilité.
Un bel écrin, idéal
pour les groupes de faible notoriété comme ANAÏD.
J'avais récemment appris que KARFAGEN s'y était produit, le mercredi 6 avril 2016.
Hélas, je ne connaissais ni le groupe, ni le lieu !
Entre souvenirs
et perspectives, les débats vont bon train sur la terrasse du pont supérieur,
autour d'un verre ou d'une collation. Ces retrouvailles printanières au bord
bassin de la Villette fleurent bon le retour des beaux jours. Et cela fait du
bien par les temps qui courent. La pandémie n'est pas encore terminée, mais l'air
de rien, je réalise que c'est déjà mon neuvième concert en six soirées. (Pour l'anecdote, sur toute l'année 2021 j'avais
assisté à neuf concerts en sept soirées).
ANAÏD n'étant pas davantage valorisés que
beaucoup d'autres de notre progosphère, on peut toujours se renseigner
directement sur leur site pour mieux cerner leur univers. On peut y apprendre
notamment qu' "Anaïd est un groupe
créé dans le Nord de la France en 1981 par Jean-Max Delva, Emmanuelle Lionet et
Christophe Delvallé (piano, claviers)." Mais aussi "Anaïd, c'est une alchimie familiale. (…) Tout est composition (…)
l'improvisation joue son rôle à travers un langage inventé". Ils sont
désormais installés à Annepont (17). (source : https://anaidgroup.wixsite.com/anaid/historique)
Leur
discographie montre un premier essai de six titres paru en 1986, intitulé "Vêtue De Noir". Puis l'album "Belladonna", comprenant huit titres, parait en 1989. Pour ponctuer une première époque
que se termine, une compilation intitulée "Four Years" parait en 1991. Il faudra attendre le 24 juillet 2016 pour la parution de "Libertad",
suivi par la parution de "I Have a
Dream" au printemps 2019".
Enfin, un enregistrement du concert du 22 février 2020 au Triton, Les Lilas
(93), intitulé "Live Ïn Parïs"
parait en octobre de la même année.
Je n'avais pas su
participer à cette soirée-là, mais je les avais vus le samedi 20 aout 2016 lors du festival Crescendo à
Saint-Palais sur Mer (17). Plus récemment, le 22 aout 2021, encore à Saint-Palais,
nous avions pu simplement vérifier l'amabilité d'Emmanuelle et Jean-Max à
l'occasion d'un délicieux moment de convivialité.
Voilà les
présentations étant faites, c'est donc entouré d'une tribu d'amis éclairés que
nous prenons place, avec ma p'tite Fée, au ras de la Seine, assis
confortablement dans des banquettes. Au troisième rang donc relativement proche
de la scène.
A 21h00 le
concert débute. Le quintet apparait sous les encouragements ; Jean-Max Delva (batterie vibraphone, claviers), Emmanuelle
Lionet (chant), Alexis Delva (guitare, claviers), Enguerrand Dufour (basse, trompette) et Teo Ferrari (saxophones, claviers).
La scène est peu
profonde mais les musiciens semblent ne pas souffrir de cet espace relativement
restreint. Jean-Max est positionné dans le coin au fond à droite, au fond à gauche
stationne Téo. Les trois autres se partagent le devant ; Alexis à gauche, Enguerrand
à droite et Emmanuelle au centre. Toutefois, leurs compétences multiples justifieront
quelques séquences de chaises musicales, histoire de se dégourdir quelque peu
les jambes.
Très vite l'acoustique
m'a paru très bonne, ainsi que le dispositif d'éclairage qui me semble être en
place pour tous les spectacles qui s'y produisent. Pas de fond de scène
particulier, seul la décoration de la grosse caisse de la batterie dénonce
l'identité du groupe.
La prestation commence
avec "Migration" qui me
permet d'accrocher immédiatement à l'univers si particulier d'ANAÏD. On est moins dans les atmosphères
rock-progressif que jazz-rock débridé. A l'instar de MAGMA, dont l'univers
n'est pas éloigné, ANAÏD mélange des genres constamment.
La puissance de la
voix d'Emmanuelle est saisissante ;
son timbre laisse percevoir l'émotion, parfois accentués de vibratos opportuns.
Après l'avoir lu quelque part, je constate en effet que cette expressivité pourrait
rappeler celle de Tarja Turunen ; son phrasé est plus original, mais il est
aussi lyrique, presque théâtral.
Je suis
rapidement subjugué par le talent d'Alexis
qui excelle à la guitare. Il me semble qu'il a progressé depuis sa dernière
prestation en ma présence (2016) mais peut-être que ma mémoire me fait défaut.
En tout cas, cette maitrise des arpèges et des harmonies, tout en nuances, est
simplement époustouflante. Le papa et la maman peuvent être fiers de leur
rejeton !
Quant à son
père, Jean-Max, en maître du jeu, il gère le tout, tel un métronome implacable,
tout en nuances là aussi, mais efficace pour cadrer les complices. Toutefois, le
Multi-instrumentiste se lève tantôt pour frapper le vibraphone, tantôt pour
caresser le clavier.
En alternance
fréquente entre le pupitre du saxophone (ou autre bois) et celui du clavier, Téo s'avère émouvant dans ses
interventions et contribue ainsi fortement aux harmonies jazzy. Autre soutien
notable, Enguerrand est également omniprésent
dans le traitement de fond des univers développés, son tricot de basses génère
des sensations appuyées qui ont souvent justifié mon intérêt. En outre, il
alterne son talent avec celui de trompettiste. De sa trompette de poche (une
version compacte de la trompette standard en Si Bémol), il exprime des
sonorités éclatantes et travaillées, grâce à une colonne d'air dûment maitrisée.
Avec dextérité, il manipule agilement la mécanique des pistons laissant ainsi
courir les notes les plus jazzy.
Le tout ravi le
public qui ne manque de montrer sa satisfaction, notamment en rappelant le
quintet après un premier salut. Le rappel transporte l'auditoire en 1986, ce
qui ravit les plus anciens. Puis arrive 23h15, l'heure du salut final dans une communion
de remerciements et de sourires.
Ce voyage nous
aura permis de ne pas voir passer deux
heures et quart, en écoutant quatorze de leurs titres issus de trois albums
mais aussi issus d'un autre en cours.
PROGRAMME
Migration
(I Have a Dream, 2019)
Libertad
(Libertad, 2016)
White Nature
(I Have a Dream, 2019)
I have a Dream (I Have a Dream, 2019)
Sweet Memories (I Have a Dream, 2019)
Ikebana
(Belladonna, 1989 et I Have a Dream, 2019)
Sophia
Happy
Mister Hopper (Libertad, 2016)
Blue Moon
Kate (Libertad,
2016)
Imbahe (I
Have a Dream, 2019)
Papaye (I
Have a Dream, 2019).
RAPPEL
:
Vêtue de Noir (Vêtue de Noir, 1986).
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