Les deux concerts auxquels nous avions assisté, nous
avaient subjugués. Un goût persistant de "reviens-y" maintenait notre
soif de les revoir au plus vite.
Heureusement, le dévouement de l'association Arpégia, a incité AMAROK à inclure une
étape Chez Paulette dans sa tournée automnale.
Hélas, on déplore encore une fois la faible affluence,
surtout pour un samedi. Surtout pour une unique date en France de ces polonais,
qui mériteraient une bien plus forte notoriété (tout au plus une centaine de
mélomanes éclairés ont fait le déplacement, il en eut fallu le double pour la
rentabilité de l'opération). Quelques bienheureux demeurent dans les
environs, mais le site est, pour beaucoup d'entre nous, trop éloigné. En ce qui
nous concerne, nous avons parcouru trois heures quarante sous une
pluie constante durant les 290 km par la N4, bravant pas moins de vingt-un radars, très souvent vicieux.
Mais l'effort en valait la peine. Notre démarche est à la fois passionnée,
militante et affective. Car si la musique d'AMAROK est addictive, ses musiciens
n'en sont pas moins humainement attachants. De surcroit, c'était une belle
occasion de soutenir l'Organisation et de retrouver une bonne part des plus
valeureux de notre microcosme. Et puis on pourra toujours nous opposer que le
trajet des Polonais était bien supérieur au nôtre.
Au final, cela nous aura permis de saisir sans
difficulté une belle place au premier rang juste en face du pupitre de Marta.
PLUS 33 [20:30-21:20] https://plus33.bandcamp.com/album/i-want
La redoutable fonction de chauffer la salle incombe au
groupe strasbourgeois, mené par le claviériste Didier Grillot. Le quintuor rassemble sur cette scène Coralie Vuillemin
(claviers, chœur), Didier Strub (batterie),
Stéphane Bonacci (basse, ex-Cock
Robin) et Philippe Rau (guitare).
Leur album "Open
Window" est paru le 21 juin
2020. Un autre album "I Want"
est paru ce 17 novembre 2023. Ce
soir, nous avons pu entendre notamment "To Have", "To Be".
La sonorisation m'a semblé correcte même si notre emplacement
nous imposait fatalement le son de la grosse caisse. Il n'y a guère que le pupitre
de la guitare qui m'a semblé difficilement perceptible. Mais de mauvaises
langues m'ont dit que je n'avais rien perdu…
Leur musique essentiellement instrumentale, ponctuée
de quelques interventions vocales cristallines, exprimées par Coralie
(notamment sur "To Be"), cherche
un équilibre entre des atmosphères rock ou jazzy.
Personnellement, j'ai bien perçu quelques séquences
intéressantes, surtout de la part de Didier Grillot. Mais, l'ensemble ne m'a
pas semblé suffisamment harmonieux et cohérent pour emporter vraiment mon
enthousiasme. Peut-être le symptôme d'un manque d'expérience scénique ? Le
public progueux légendairement poli leur accorde volontiers des
applaudissements. Nonobstant, après échanges d'impressions, quelques errances
ont pu laisser perplexes quelques-uns d'entre nous.
Même si je n'ai donc pas adhéré pleinement, je pense
que cette formation mérite d'être écoutée…D'ailleurs, ce que j'écoute a
posteriori sur leur site "bandcamp"
me séduit bien davantage !
AMAROK https://amarok.pl/ et https://amarokmusic.bandcamp.com/
Ce concept dit "art-rock" a été fondé en 1999 par le guitariste,
multi-instrumentiste et chanteur Michał Wojtas
et le guitariste Bartosz Jackowski, mais le premier album éponyme paraitra
en 2001.
A l'occasion de la parution du quatrième album, "Hunt", le 23 juin 2017, les conversations sur le forum Chemical
Harvest avait attiré mon attention, et j'ai été immédiatement séduit. Il faut
savoir que cet opus marquait la sortie d'une pause de douze années (2005-17) durant
lesquelles Michał Wojtas avait perdu ses repères. Cette réussite fut acquise
notamment grâce au soutien de sa femme Marta
Wojtas, qui a écrit les paroles, et qui a également rejoint la composition
du groupe de façon permanente. Grâce aussi à la participation d'invités
spéciaux Colin Bass (CAMEL) et Mariusz Duda (RIVERSIDE).
Le sixième
album d'AMAROK, "Hero", est
paru le 15 octobre 2021. C'est dans
le cadre de sa promotion que nous avons enfin pu voir le groupe une première
fois, le lundi 22 aout 2022, lors du
festival Crescendo de Saint-Palais-sur Mer (17). Puis une deuxième fois, le
jeudi 19 janvier 2023, au Spirit of 66 de Verviers (Belgique). Ils reviennent dans
le cadre d'une tournée d'une quinzaine de dates. Elle a débuté par un premier
volet de quelques concerts en Pologne, puis ponctuée par une prestation au
festival Crescendo en Guyane, avant de revenir pour quatre prestations en
Allemagne et deux aux Pays-Bas… Estimons-nous heureux de les choper ainsi au
passage !
LE
CONCERT [22:00-23:20].
Nous retrouvons ce soir le quatuor polonais toujours
composé de Michał Wojtas (guitares,
harmonium, claviers, thérémine), Marta Wojtas
(chœur, percussions), Kornel Popławski
(basse, claviers, violon), et Konrad Zieliński
(batterie, depuis 2021).
La sonorisation m'a paru souvent mal équilibrée, ce
qui peut être préjudiciable pour une musique aux harmonies si subtiles. Hélas,
la guitare de Michał et la voix de Marta furent parfois difficilement
perceptibles. En ce qui me concerne, rien de grave car mon oreille se chargeait
de remplacer le son défaillant. Mais j'imagine
que cet écueil n'était pas de nature à séduire le non-initié. Cela dit, il faut
reconnaitre que notre obstination à occuper les premiers rangs aboutit assez
fatalement à nous prendre la batterie de plein fouet (cela m'a rappelé le bienfait d'entourer la batterie d'un isolant
phonique, comme le fait Marillion). Heureusement, cela semble ne pas avoir
altéré le plaisir de l'auditoire, dont les ovations n'ont jamais faibli !
La similitude du programme de ce soir avec celui de
janvier dernier m'autorise à reprendre quelques termes de mon récit précédent. Cette
succession d'atmosphères, tantôt subtiles et éthérées, tantôt dansantes, nous a
entrainés irrésistiblement vers les méandres mélancoliques du Créateur. Michał et Kornel sont de remarquables multi-instrumentistes qui maitrisent
toutes les harmonies avec virtuosité. Pas de bande-son, seulement la pleine
exploitation de leurs instruments. Les deux musiciens échangent leur pupitre
avec aisance… Kornel, investi et
expressif, alterne les bidouillages sur son pupitre électro, avec ses accords
de basse mais aussi de violon sans omettre sa participation aux chœurs. Michał nous enivre aux sonorités de l'harmonium
indien, effleure avec délicatesse et expressivité le thérémine, soutient les
mélodies aux claviers, ou fait vibrer sa guitare avec sensibilité, sans oublier
bien sûr sa voix douce et mélancolique. Marta
est aussi une composante essentielle avec quelques interventions vocales mais
surtout son usage enthousiaste des éléments de percussions tel que son gong, son
bâton de pluie, son triangle, son djembé (et
pourtant ce dernier outil a habituellement le don de m'agacer ; mais pas là,
car Marta l'exploite avec subtilité)… Les frappes de Konrad, délicates ou fracassantes, accentuent les cadences requises
avec une grande efficience.
L'esprit de l'auditeur chancelle et voyage au gré de lointaines évocations que l'oreille avisée peut assimiler à Dire Strait, Jean-Michel Jarre, Mike Oldfield ou Camel. … Michał est parvenu à fusionner ses influences musicales avec éclectisme et élégance. On se balance doucement, on médite sur des airs tels que "The Orb", ou encore "What You Sow" durant lequel Marta exprime une élégante chorégraphie avec un ruban, histoire d'accentuer encore l'impression onirique de l'instant. … D'autres morceaux tels que "The Dark Parade" et "Hail ! Hail ! Al", nous invitent crescendo dans un irrésistible maelström sur une rythmique tribale, avec laquel on trépigne jusqu'à l'exaltation puis l'euphorie.
Les sourires des spectateurs se conjuguent avec ceux
des artistes qui sont manifestement heureux de partager cette soirée avec nous.
L'ovation finale perdure, les applaudissements sont réciproques ; le bonheur
est là.
A l'instar du concert du début d'année, Michał a choisi d'interpréter presqu'uniquement des titres des trois derniers albums parus. Parmi les quatorze titres, on aura écouté l'intégrale (les sept) de "Hero", cinq issus de "Hunt", un de "The Storm". Pour terminer en beauté, un inédit, "Hope is", laisse présager de belles émotions à venir avec le prochain album à paraitre l'année prochaine !
S'il manque des auditeurs, il manque aussi des
photographes… Michał fait appel à un volontaire pour immortaliser ce moment,
avant qu'il ne se dissipe dans la mémoire collective. Je regarde autour de moi,
personne ne se lance. Je me propose donc, et monte avec une certaine fébrilité
sur scène pour me positionner derrière la batterie. Je mesure le poids de ma
responsabilité pour bien cadrer l'objet, sans manquer l'essentiel. Bref, mon
cliché amateur semble avoir suffi à leur bonheur puisqu'il fut posté le soir
même sur leur mur Facebook ! ouf !
PROGRAMME
- Anonymous (Hunt, 2017)
- Distorted Soul
(Hunt, 2017)
- Idyll (Hunt, 2017)
- Winding Stairs
(Hunt, 2017)
- Nuke (Hunt, 2017)
- The Storm (The Storm, 2019)
- It's Not the
End (Hero, 2021)
- Surreal (Hero, 2021)
- Hail! Hail! AI
(Hero, 2021)
- The Orb (Hero, 2021)
- Hero (Hero, 2021)
- The Dark
Parade (Hero, 2021)
- What You Sow (Hero, 2021).
RAPPEL :
- Hope is (à
paraitre en 2024).
On retrouve le quatuor à l'échoppe pour les remercier. Les portraits s'imposaient pour se souvenir de cette si belle soirée ! Michał semble confiant sur son retour en France en 2024… On verra bien. D'ici là, nous serons tout ouïe pour leur prestation lors de l'ultime Night of the Prog Festival, au pied de la Loreley en juillet 2024 !
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