dimanche 24 juin 2018

HELLFEST 2018 – Clisson, Val de Moine (44) – DIMANCHE 24 JUIN 2018.



Dix années après ma première participation à ce festival, je me suis enfin décidé à y retourner, compte tenu de l'attrait de l'affiche qui est une nouvelle fois très fort cette année, mais aussi pour accompagner mon fils.
Durant cette décennie, plusieurs fois j'ai renoncé avec regrets, en particulier pour la dernière prestation en France de Black Sabbath en 2016, sans doute celle d'Aerosmith en 2017 ou encore celle de Motörhead en 2015 … Nonobstant cette amertume, j'assume tant bien que mal ma réticence ; le mode de programmation de m'attire pas car il impose, au public ainsi qu'aux artistes, les prestations simultanées et donc frustrantes des musiciens sur sept scènes différentes. Ce qui ne favorise ni les découvertes par les festivaliers, ni la promotion par les artistes.

Toutefois, hormis cet écueil, je reconnais que l'organisation du festival évolue chaque année, pour satisfaire toujours davantage un public dont les récits et les échos ne cessent d'en louer les qualités. Avec de nouvelles améliorations annoncées cette année encore, je suis très curieux de vérifier tout cela par moi-même en mettant de côté ma désapprobation de principe. Compte tenu d'un calendrier déjà bien chargé, j'ai opté pour le seul dimanche.

Notre pèlerinage débute à 6h du matin à Paris où je prends deux passagers en covoiturage. Trois heures et demie plus tard nous parvenons à garer le véhicule (tant bien que mal, je passe les détails), avant de nous fondre dans une des files de pèlerins convergents, vers les lieux sacrés.


Aucune attente notable pour pénétrer et les contrôles sont rapides. J'enfile le précieux bracelet et sa puce cashless avec soulagement, tout va bien !
L'accès au site procure un choc visuel intense ; nul ne peut pas ignorer que ce festival est conçu par des metalleux pour des metalleux. La décoration est fabuleuse, la répartition des sites thématiques est astucieuse. De surcroit, la restauration est variée peu onéreuse et de qualité, les marchandises officielles sont à des prix assez honnêtes (prix sympa pour le tshirt à 20€ mais un peu excessif pour le short à 39€ qui est cependant de belle qualité) ; tout est étudié pour les laisser un souvenir inoubliable aux festivaliers !
La quête du confort des artistes et du public a notamment conduit l'organisation à daller les devant de scènes afin d'éviter les levées de poussières. Celles-ci étaient certes impressionnantes et faisaient partie du folklore mais objectivement elles pouvaient nuire au confort de tous, notamment celui des chanteurs.
Autre nouveauté, deux "rideaux d'eau" géants sont installés derrière le bar des grandes scènes sous lesquels les festivaliers peuvent désormais se rafraichir ! Raffinement supplémentaire, le flux de ce rideau permet de lire des messages, tels que le logo du festival.
Juste excellent !
Ces aménagements forcent le respect et l'admiration. Le succès croissant depuis 2006 (et même auparavant si on compte le FuryFest) est mérité car Benjamin Barbaud et son équipe ont dû surmonter bien des écueils, à force de persévérance, de pugnacité, et de passion, mais ils l'ont fait avec raffinement.


Mon premier objectif est de visiter la Warzone au sein de laquelle je sais pouvoir trouver la fameuse statue érigée en l'honneur de Lemmy. Je ne suis pas déçu ; elle est impressionnante. Les détails sculptés sous le personnage ne me paraissent pas toujours du meilleur goût, m'enfin Lemmy est ressemblant, c'est le principal ! Une petite chapelle émouvante est creusée dans son socle.


A peine le temps de déguster une bonne bière, et les premières notes attirent mon attention !

11h05 - 11h35 : POGO CAR CRASH CONTROL. Lorsque le festivalier se rend dans l'enceinte de la Warzone, en général ce n'est pas pour y écouter de la variété. De fait, "P3C" ne fait pas dans dentelle et propose du punk rock particulièrement musclé ; une bonne entrée en matière pour cette journée qui s'annonce longue et pleine d'émotions !
Les 4 musiciens, Olivier Pernot, Louis et Simon Péchinot, Lola Frichet, originaires de Seine-et-Marne et âgés d'une vingtaine d'années, viennent défendre leur premier album, "Déprime hostile".
Ceux craignant pour leur mise en plis sont priés de s'abstenir ! Dans la tradition d'un punk-hardcore rageur, entêtant et entraînant, leurs textes impertinents scandent et hurlent en français, des textes à l'humour dérangeant. Cela étant dit, honnêtement je parle des paroles en rapport avec ce que j'ai lu sur eux, car les propos en concert ne sont pas vraiment très audibles tant les éléments se déchainent !
A la basse, madame cache bien son jeu sous des airs de petites filles bien élevée, elle s'avère être une tigresse redoutable pour accompagner une section rythmique acharnée.
Bon, je ne le cache pas, ce n'est pas mon style de prédilection mais encore une fois, ce p'tit concert aura donné le ton de la journée !


PROGRAMME
(à déterminer)


11h40 – (12h10) : CRISIX. En me rendant vers un autre objectif, j'entends cependant des sonorités "trash-metal", qui me rappellent ce que j'écoutais au début des 80's ; je rentre donc par curiosité dans l'espace "Altar".
Ce groupe espagnol (tiens, ils viennent de Barcelone, ça me parle car j'y vais la semaine prochaine pour un autre festival !), comprend Marc Torras (basse), Javi Carrión (batterie), Albert Requena (guitare), Marc Busqué (guitare), et Julián Baz (chant).
Assez rapidement je réalise qu'en fait à cet instant (je rappelle que je sortais de la Warzone !), je n'étais pas d'humeur à supporter ce style et, puisque l'organisation de ce festival-hypermarché le permet, après un p'tit quart d'heure, je m'en vais butiner ailleurs. Et puis, je le répète j'avais un autre objectif en tête …

PROGRAMME
(à déterminer)


(11h40) - 12h10 : LUCIFER. Je me rends donc dans l'espace "Valley", parvenant ainsi à un de mes objectifs de la journée. J'avais repéré sur le programme ce groupe anglo-allemand de doom-metal qui m'était jusqu'alors parfaitement inconnu.
Là, je ressens une atmosphère qui répond à ma pieuse quête en ce dimanche matin. La musique me rappelle immanquablement les premiers opus du légendaire Black Sabbath. Je ne suis donc pas déçu en dépit d'une sonorisation qui pénalise un peu la chanteuse Johanna Sadonis.
Les chansons me paraissent toutefois originales et les musiciens crédibles, tant par leur talent que par leur allure, délibérément inspirée des 70's.
Lucifer, composé également de Dino Gollnick (basse), Gaz Jennings (Guitare) et Andrew Prestridge (batterie), a ainsi promu notamment son second opus durant une demi-heure.
L'auditoire leur a accordé un beau succès mérité !
Voilà un groupe bien sympa qu'il conviendra de suivre, à l'occasion !

PROGRAMME
Anubis
Abracadabra
California Son
Dreamer
Phoenix
Faux Pharaoh.

Après ces premières émotions matinales, la machine demande son charbon. Avec mon fils, nous profitons de la désertion du Valley pour nous y asseoir à l'abri du soleil et nous y restaurer…

Nous ne tardons pas à nous diriger enfin vers le site central du Hellfest. Impressionnant de voir ces deux gigantesques scènes alignées et séparées par un tout aussi gigantesque écran sur lequel sont diffusés en direct les images de la scène. Deux autres écrans géants bordent les scènes. La sonorisation est excellente la plupart du temps et l'image des écrans est parfaite, en qualité et en synchronisation (je me rappelle en comparaison des écrans du Download, durant le concert d'Ozzy en particulier, qui diffusaient des images décalées avec le son, ce qui était très désagréable).
Vraiment, là encore, c'est l'occasion de souligner le travail de professionnels impliqués et passionnés par notre musique !

12h50 - 13h30 : PRIMAL FEAR. Ma quatrième découverte musicale de la journée se tiendra cette fois sur la première scène principale. Depuis longtemps j'entends parler de ces allemands, qui ont déjà publié douze opus depuis 1998, mais je n'avais encore jamais eu l'occasion de tester leur power- heavy-metal. Ils sont ici pour promouvoir " Apocalypse ", leur dernier opus.
Avec une efficacité toute germanique, ce quintet, Ralf Scheepers (chant), Alex Beyrodt (guitare), Tom Naumann (guitare), Mat Sinner (basse, choeur), Francesco Jovino (batterie), me rappelle souvent Judas Priest. Le chant n'est pas étranger à cette impression.
Cette prestation d'une quarantaine de minutes m'a suffisamment séduit pour que je demeure dans l'espace sous le soleil de plomb, mais je n'en ai toutefois pas gardé un souvenir impérissable, allez savoir pourquoi … La digestion peut-être.

PROGRAMME
Final Embrace
In Metal We Trust
Angel in Black
Rulebreaker
Nuclear Fire
Angels of Mercy
The End Is Near
Fighting the Darkness
Chainbreaker
Metal Is Forever.


13h35 - 14h15 : SHINEDOWN. Pas le temps de souffler, la seconde scène principale propose ma cinquième découverte musicale. Depuis 2001, Brent Smith (chant) anime avec Barry Kerch (batterie, percussions, depuis 2001), Zach Myers (guitares, chœur, depuis 2005) et Eric Bass (basse, piano, chœur, depuis 2008) ce groupe de bon hard rock américain bien ficelé.
Agréable à écouter, ce ne sera toutefois pas ma révélation de la journée. Un public important semble pour sa part ravi et enthousiaste. Tant mieux pour eux.

PROGRAMME
SHINEDOWN
Sound of Madness
Cut the Cord
Unity
Enemies
Second Chance
Diamond Eyes (Boom-Lay Boom-Lay Boom)
Devil.

Nous nous rendrons alors à la boutique officielle pour faire nos emplettes. Mon fils prend un t-shirt (20€) et le chapeau (12€), moi un short estampillé.
Fatalement, aucune pause musicale n'étant prévue, durant cette période nous ignorons tous les autres artistes qui se démènent sur les autres sites, c'est la loterie de cette grande Foire aux notes qui prévaut…


15h50 - 16h35 : ICED EARTH. Retour vers la première scène principale pour assister à la prestation de ces américains que j'avais déjà vus ici-même au Hellfest 2008 ! J'avais déjà apprécié à l'époque leur heavy metal très efficace. Je n'avais toutefois pas eu l'opportunité de suivre leur parcours par la suite… Eh oui, la concurrence est rude !
Ce quintet est composé de Jon Schaffer (guitares rythmique, chœurs, claviers, depuis 1984), Brent Smedley (batterie depuis 1996), Stu Block (chant, depuis 2011), Luke Appleton (basse, chœurs, depuis 2012) et Jake Dreyer (guitare solo, depuis 2016). Leur douzième opus "Incorruptible" est paru en 2017.

Encore un agréable moment musical, la qualité des prestations me semble s'intensifier avec la journée et en tous cas l'ambiance monte avec l'affluence. Je ne suis pas subjugué au point de viser absolument leur prochaine tournée, mais qui sait, nos destins sont peut-être de nous revoir ici, de nouveau au Hellfest !

PROGRAMME
Great Heathen Army
Burning Times
Dystopia
Seven Headed Whore
Vengeance Is Mine
Raven Wing
Angels Holocaust
The Hunter
Watching Over Me.


La foule était encore relativement clairsemée avant 15h mais désormais on ressent une certaine densification qui se manifeste notamment par la saturation du réseau téléphonique.

16h40 – (17h30) : LES SHERIFF. Retournons à la Warzone pour assister à la prestation des punks occitans (ils sont originaires de Montpellier, dans l'Hérault). Ma sixième découverte de la journée.
Ils subsistent depuis 1984 malgré une histoire agitée faite de ruptures, de portes qui claquent et je-t'aime-moi-non-plus. En tout état de cause, nous trouvons dans la joie et la bonne humeur en ce beau jour ensoleillé Manu (Emmanuel Larnaud) (batterie, compositeur), Olivier (Olivier Téna) (chant, auteur) et Fab (Fabrice Albert-Birot) (guitare, arrivé en 1989). Autant certains textes (en français c'est notable) sont parfois revendicatifs, sombres ou, disons-le, pisse-vinaigre, autant la musique dégage un désir irrépressible de faire la teuf !
La Warzone fut bondée à ce moment de la journée, nous pouvions difficilement, voire pas du tout, nous déplacer ; Les Sherrif peuvent se vanter d'avoir attiré aujourd'hui le plus de monde sur ce site ! Les festivaliers sautent, dansent, crient de la fosse jusqu'au bar qui surplombe le site. Il est permis d'imaginer que même Lemmy statufié devait avoir des fourmis dans les pieds !

PROGRAMME
Arrête de parler (pendant que tu dors)
Panik (à Daytona Beach)
À coup de battes de base-ball
Bon à rien
Je suis pas menteur
Condamné à brûler
Les 2 doigts (dans la prise)
¿ Que pasa ?
Fanatique de télé
Pas de doute
À la chaleur des missiles
3, 2, 1... Zéro
Pile ou face
Attention à toi
Je veux savoir pourquoi
Jouer avec le feu
(C'est une) idée fixe (Oho! oh! oh!).

Cependant, nous avions l'œil sur le cadran car sur la première scène principale se préparait un autre objectif de la journée ! Nous quittons donc Les Sherrif quelques minutes avant la fin de leur concert … (scrongneugneu, décidément que je n'aime pas ce système…)


17h30 - 18h20 : ACCEPT. Le soleil commence à décliner et c'est tant mieux car désormais les groupes qui sont prévus désormais vont susciter une énergie déjà bien assez torride ! Nous voici donc de retour devant la première scène principale pour assister à ma huitième prestation des teutons au heavy metal en fusion !
De la formation que j'avais vue ce 23 avril 1983 à la Mutualité, il ne reste que Wolf Hoffmann (guitares, chœur, depuis 1976) et Peter Baltes (basse, chœur, depuis 1976). Là aussi, il y a eu depuis des claquements de porte, et des tensions (merci Duffy, comprenne qui pourra)… Bref, toute cette agitation aboutit à voir aujourd'hui sur la scène le duo cofondateur entouré par Mark Tornillo (chant, depuis 2009), Uwe Lulis (guitares, depuis 2015) et Christopher Williams (batterie, depuis 2015). Leur quinzième opus "The Rise of Chaos" est paru en 2017.

En dépit de ces changements, l'âme du groupe demeure, c'est toujours aussi carré, puissant et mélodique à la fois. Sur les huit titres interprétés, trois sont récents ; le reste est résolument axé sur les années 80, qui sont, il est vrai, emblématiques de la carrière du groupe.
La foule est enthousiaste, moi avec !
La voix de Mark Tornillo est assez proche de celle d'Udo Dirckschneider pour que les chansons de cette époque sonnent adéquates. Depuis 2009, il a eu le temps de s'approprier l'héritage.
Que de souvenirs en réécoutant ce titres qui ont bercé mes vingt ans ; les trois titres de Restless and Wild enchainés laissent peu de répit aux nuques ! Je me marre encore lorsque je ressens la gêne de certains franchouillards à chanter "heidi heido heida" introductif de "Fast as a Shark" ; c'est surprenant comme les préjugés ont la vie dure, même 78 années après ! (mais bon sang, puisqu'on vous dit que ce n'est qu'un chant folklorique composé vers 1830  !!! ahlàlàaaa… 'sont têtues les grenouilles !)
"Metal Heart" m'a particulièrement réjoui tant cette mélodie entêtante ce chante comme un hymne ! Pour clore cette démonstration d'efficacité germanique, quoi de mieux que martial "Balls to the Wall"…
Bref, à défaut de me rajeunir (oups ! 35 années), cette prestation m'aura bien revigoré ! Jawohl !

PROGRAMME
Die by the Sword (The Rise of Chaos)
Pandemic (Blood of the Nations)
Restless and Wild (Restless and Wild)
Princess of the Dawn (Restless and Wild)
Fast as a Shark (Restless and Wild)
Metal Heart (Metal Heart)
Teutonic Terror (Blood of the Nations)
Balls to the Wall (Balls to the Wall).


18h25 – (19h15) : ARCH ENNEMY. Et hop, dans la foulée le public se tourne vers la seconde scène principale sur laquelle l'enfer suédois ne tarde pas à déferler ! Ma septième découverte de la journée pour entendre un death-metal-mélodique que l'on me dit redoutablement efficace. En effet, beaucoup m'en disent le plus grand bien depuis longtemps, mais ce que je visionnais sur YouTube ne me séduisait pas totalement ; la voix de cette douce créature féminine m'a toujours irrité les oreilles.
Mais c'est avec la plus grande ouverture d'esprit que je suis mon fils qui trépigne d'impatience vers les premiers rangs. Toutefois, nous ne sommes pas seuls ; une foule impressionnante se presse devant la scène, de laquelle très vite les sons puissants surgissent des entrailles de la belle et de ses bêtes.
Le quintet scandinave se compose de Michael Amott (guitares, depuis 1996), Sharlee D'Angelo (basse, depuis 1999), Daniel Erlandsson (batterie, depuis 1996), Jeff Loomis (guitare, depuis 2014) et la ravissante mais redoutable québécoise Alissa White-Gluz (chant, depuis 2014). Leur onzième opus "Will To Power" est paru en 2017.
Je dois vite reconnaitre que la puissance des compositions est saisissante. Pour accroitre encore les sensations, des flammes sont crachées d'un peu partout sur la scène ; de là où nous sommes nous en ressentons toute la chaleur, un peu comme lors des concerts de Rammstein (toute proportion gardée, hein).
Techniquement, je distingue une certaine virtuosité des musiciens qui parviennent dans tout ce déluge sonore à exprimer de beaux segments mélodiques. Certains duos de guitares ne sont pas sans rappeler Iron Maiden ou Metallica.
La belle ténébreuse, bien que francophone, s'exprime avec l'audience davantage en anglais, c'est un peu dommage car elle perd ainsi l'occasion d'accroitre un peu plus une complicité avec le public du Hellfest.

Je commence alors à tomber sous une certaine forme de séduction mais les "survols" particulièrement nombreux des festivaliers qui s'abandonnent au-dessus de nos épaules, ajouté à l'agitation locale finissent par me lasser profondément. Je ne tarde pas à lâcher prise, c'est plus de mon âge toutes ces conneries ! Je laisse donc mon fils se régaler.
Une fois en retrait, je ressens moins la magie et mon impression première refait surface ; je ne parviens pas à apprécier cette voix gutturale qui ne parait pas très naturelle pour une femme. Surtout aussi jolie.
Mais, bon, dans le genre ils sont convaincants, c'est bien fait. C'est juste que je n'écouterai pas cela quotidiennement…

PROGRAMME
The World Is Yours
War Eternal
My Apocalypse
The Race
You Will Know My Name
The Eagle Flies Alone
First Day in Hell
As the Pages Burn
We Will Rise
Nemesis.


A ce moment de la journée un autre dilemme se posait ; aller voir BARONESS, ou rester voir MEGADETH… Baroness étant sur mon agenda à Barcelone la semaine prochaine, j'opte pour revoir Megadeth encore une fois… (ouh, que ces choix imposés m'agacent, je ne m'y ferai JAMAIS !grrrr)


19h20 - 20h20 : MEGADETH. Depuis leur concert au Monters of Rock à Donington (20 aout 1988), c'est la cinquième fois que je vois (jamais en tête d'affiche, toujours en invité) le groupe de Dave Mustaine (chant, guitare, depuis 1983), soutenu fidèlement par David Ellefson (basse, choeur, depuis 1983). Son départ mouvementé de Metallica (pour une sombre histoire de biturins) lui a permis de créer son propre groupe de trash-metal américain avec une certaine ténacité dont il aurait pu manquer lorsqu'il a vu s'envoler ses anciens comparses vers le succès qu'ils ont atteint sans lui...
Le voilà cependant sur la première scène principale du Hellfest pour nous offrir une bonne heure de plaisirs auditifs alors que l'entourage des Mets semble désormais bien trop cupide pour en faire autant…

Je ne cache pas que j'ai toujours trouvé les Mets musicalement plus convaincants. Mais je conserve toujours une sympathie pour ce p'tit gars qui fait ce qu'il peut pour maintenir l'intérêt de ses fidèles admirateurs !
Aujourd'hui le duo est entouré de l'ex-Angra brésilien Kiko Loureiro (guitare, chœur, depuis 2015) et Dirk Verbeuren (batterie, percussion, depuis 2016).
La prestation reste de qualité mais il me manque toujours ce zeste de quelque chose (de folie, de mélodie entêtante, …) pour m'emporter. Je trouve de surcroit que le pauvre Kiko est sous-employé, compte tenu de son talent que j'ai pu constater lorsqu'il était au sein d'Angra.
Voilà quoi, j'aimerais bien le soutenir et l'aider à rattraper la notoriété de ses p'tits camarades mais bon quoiqu'on en dise, le monde (musical, lui aussi) est impitoyable. Succès d'estime, mais moins intime que d'habitude sous ce soleil de Clisson.

PROGRAMME
Rattlehead (sound issues)
Hangar 18
The Conjuring
My Last Words (dedié à Vinnie Paul)
Take No Prisoners
Symphony of Destruction (avec Michael Amott)
Dystopia
A Tout Le Monde
Peace Sells
Holy Wars... The Punishment Due.


20h25 – (21h25): ALICE IN CHAINS. J'attendais avec une forte et réelle curiosité bienveillante cette huitième découverte de la journée. Combien de fois ne m'a-t-on pas prétendu que ces américains seraient les génies du grunge alternatif !?!! Mes tentatives via les médias ne m'ont jamais convaincu de cette prétention, m'enfin je me disais que leur passage sur la seconde scène principale du Hellfest serait peut-être la bonne occasion pour être séduit.
Jerry Cantrell (guitares, chœurs, depuis 1987), et Sean Kinney (batterie, percussions, depuis 1987) sont les rescapés d'un parcours semés d'embuches. C'est désormais Mike Inez (basse, depuis 1993) et William DuVall (chant, guitares, depuis 2006) qui permettent au groupe de perpétuer leur conception du rock.
Plein de bonne volonté donc, je me suis faufilé dans les rangs pour tenter d'apprécier dans les meilleures conditions ladite musique.
Hélas, j'ai attendu une étincelle qui n'est pas apparue… J'ai cherché la porte des plaisirs que semblaient avoir emprunté mes voisins de foule, je n'ai trouvé qu'un mur de perplexité. Toute cette notoriété me semble bien surfaite, par le tapage médiatique qui choisit ses cibles… Franchement, j'ai trouvé cela mou du genou et peu convaincant.

PROGRAMME
Bleed the Freak
Check My Brain
Again
Them Bones
Dam That River
Nutshell (Dédié à Vinnie Paul)
No Excuses
Hollow
We Die Young
Man in the Box
The One You Know
Would?
Rooster.

Après quelques titres, craignant que ma mâchoire se décroche à force de bâillements répétés, je me suis rappelé une nouvelle fois que je pouvais tirer avantage de la programmation tous azimuts et je pars à vers une autre aventure musicale…


(20h25) - 21h25 : GLUECIFER. Déçu de ce qu'écoutait la masse des festivaliers derrière mon dos, je me sens attiré vers la Warzone, alors qu'un autre concert a déjà débuté (grrrr…). Et bien m'en a pris !!! Ces norvégiens sont ainsi ma neuvième découverte de la journée, et quelle belle découverte ! wouahou, quelle claque !! Leur hardrock puissant et musclé est juste saisissant, entrainant ; that's rock'nroll !

Renseignement collecté sur internet j'observe qu'ils se reforment juste après treize années de séparation ; on se demande bien quel grain de sable les a empêchés de rester ensemble !
Le groupe se composerait (sous réserve, du coup :/ ) de Biff Malibu (chant, depuis 1994), Captain Poon (guitare, chœurs (depuis 1994), Stu Manx (basse, chœurs, depuis 2000), Raldo Useless (guitare, depuis 1996) et Danny Young (batterie et percussion depuis 1997). Mais peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse, ces types sont m'auront procuré parmi les meilleures sensations de la journée !

Le public est relativement clairsemé mais enthousiaste pour cette musique que provoque irrésistiblement des secousses allant de la nuque au bout des orteils ! Cette puissance mélodique me rappelle entre autres The Almighty (écoutez donc "Evil Matcher") ou, plus récents, leurs compatriotes Audrey Horne.
Tout au long de leur prestation je ne peux m'empêcher de penser, d'enrager, à ce que manque l'auditoire de la scène principale ; que les dieux du métal leur pardonnent, ils ne savent pas ce qu'ils ratent ! Lemmy tourné, vers ces malheureux, semble les interpeller pour changer de fosse !
Bref, GLUECIFER aura été tout simplement LA révélation du festival pour moi.

A tel point, que je ne parviens pas à quitter la place avant la fin, ce qui était la condition impérative pour me placer correctement afin d'assister au concert-objectif-ultime de ma journée…

PROGRAMME
I Got A War
Automatic Thrill
Take It
Go Away Man
A Call From the Other Side
Car Full of Stash
Reversed
The Year Of Manly Living
Shaking So Bad
Evil Matcher
Get the Horn
Here Come the Pigs
Desolate City
Black Book Lodge
Easy Living.


… Je pouvais m'en douter, mais pas l'imaginer à ce point, lorsque je tente de me rapprocher des scènes principales je comprends vite que je vais devoir déchanter…Même moi, le vieux guerriers des foules, le futé des placements, avec mes 39 années d'expérience, je en suis pas parvenu à me rapprocher décemment de la scène. Une foule compacte et impressionnante c'était massée pour attendre l'événement de la journée. Rarement vu un public aussi important pour un groupe. J'aimerais connaitre le chiffre exact à cet instant ...
Après avoir effectué, de fines ruses, une percée sur le flanc gauche, je ne pouvais pas être satisfait de mon point de vue. J'ai eu autant de mal à en sortir, alors que le premier titre arrivait à sa fin… Un vrai calvaire. Finalement, je me suis positionné très en retrait sur le flanc droit. Je me suis consolé de cet éloignement en trouvant un bon compromis ; un emplacement d'où je voyais toute la scène et ses lilliputiens, les écrans géants mais aussi, aux abords, tout le décor fantastique du Hellfest qui s'enflammait ! En effet, la nuit tombante permet aux multiples flammes crachées de part et d'autres du site de prendre toute leur dimension ; ce fut juste somptueux !
Mais je ne peux pas le cacher, j'étais quand même un peu frustré de ne pas être dans le chaudron.


21h30 - 23h30 : IRON MAIDEN. Mon attachement à ce groupe s'est noué au fil des décennies depuis ce mémorable concert du Bataclan (21 mars 1981) où je les ai découverts sous l'incitation d'un pote bien inspiré (pour l'anecdote, ce brave jeune homme m'avait inoculé le virus fatal, puis avait totalement débranché du hardrock peu après, telle une abeille qui meurt après avoir planté son dard !). C'est avec un sentiment mêlé d'admiration pour leur carrière et de fierté de les avoir soutenus toutes ces années que je les vois sur cette scène principale, admirés par une foule immense ! Je les revois avec toujours autant d'envie et de plaisir, pour la vingt-et-unième fois ce soir.

Le fondateur de cette légende vivante, Steve Harris (basse, chœurs depuis 1975), mérite le respect car sa pugnacité ajoutée à ses talents de compositeur et de musicien ont permis de fédérer autour de lui une équipe forte. Bien sûr, comme dans toutes les familles, il y a des portes qui claquent et des êtres chers qui disparaissent. Mais le résultat est là : il est toujours entouré de ses plus ou moins fidèles compagnons ; Dave Murray (guitares, depuis 1976), Adrian Smith (guitares, chœurs, depuis 1980, avec un retrait de 1990 à 1999), Bruce Dickinson (chant, depuis 1981, avec un retrait de 1993 à 1999), Nicko McBrain (batterie, depuis 1982).
Pour moi IRON MAIDEN aurait dû se maintenir avec ce quintet mais Bruce a fait venir, pour une raison qui échappe encore maintenant à mon raisonnement, Janick Gers (guitares, depuis 1990). On pourra toujours dérouler son CV et ses compétences, je ne parviens toujours pas à admettre sa présence ; il gesticule beaucoup trop, tel un pantin désarticulé, pour être crédible. Certes, il sort davantage de soli qu'au début m'enfin les deux solistes historiques se débrouillaient très bien sans lui et l'apport d'une troisième guitare tend à saturer inutilement les sons… Enfin ce n'est que mon avis. Maître Harris a sans doute de bonne raisons pour le garder depuis maintenant 28 années quand-même, l'air de rien.
Autre mystère pourquoi Michael Kenney, le clavier depuis 1988 est-il caché ? Certes, il n'intervient que très peu, mais alors pourquoi ne pas s'en passer tout simplement ?! Comme ces bandes pré-enregistrées introductives que je trouve superflues, en dépit des belles ambiances crée…

IRON MAIDEN a toujours (en tous cas depuis qu'ils en ont les moyens) apporté un soin particulier à ses décors de scène. Cette tournée ne dément pas ce principe et le présent spectacle est encore particulièrement soigné ; cette magnifique maquette grandeur nature d'un Spitfire survolant la scène pendant "Aces High" est saisissante, les décors en fond de scène également. Servi par une sonorisation impeccable, les musiciens auront pu démontrer une nouvelle fois tout leur talent.

Les duos de guitares typiques des lignes mélodiques du groupe, alternant avec les tricots étourdissants de la basse et la frappe incisive de la batterie continuent à me procurer autant de plaisirs !
Mais plus que jamais c'est Bruce qui me surprend par sa forme physique et par sa voix ! Il aura bientôt soixante ans et il a surmonté l'épreuve d'une maladie qui aurait pu être invalidante pour son poste. Pourtant il chante des parties d'une remarquable technicité vocale, maintenant l'octave adéquate avec une facilité qui force le respect. Je ne citerai pas de noms mais bien d'autres chanteurs (que j'apprécie cependant) n'en font pas autant en concert !... (Je l'admire d'autant plus actuellement que je confesse avoir longtemps persisté à regretter son prédécesseur Paul Di'Anno). Toujours aussi charismatique et francophile, Bruce s'attardera avant de chanter "The Clansman", pour nous parler longuement, dans un français suffisamment correct pour être compris, de la Liberté individuelle et de celle des peuples. Bruce artiste, musicien, chanteur, compositeur, écrivain, pilote de ligne, escrimeur, chef d'entreprises (…) est décidément un être exquis et cultivé.

A l'instar que quelques autres groupes survivants des années 80, IRON MAIDEN me procure le plaisir vaniteux de considérer, l'espace d'un concert, que le temps n'a pas de prise sur nous. Steve Harris, à 62 ans, arpente la scène et sautille comme un cabri, excitant encore un peu plus le public qui ne demande que danser avec lui, rythmé par les coups de boutoir du toujours en forme Nicko, 66 ans !!!

Concert époustouflant parfaitement maitrisé. Sans aucun doute le meilleur de cette journée au Hellfest. Je n'ai pas trop envie ni la capacité de mémoire pour comparer ce concert de Maiden avec les vingt autres, mais indéniablement ce fut sans doute un des tout meilleurs qu'ils m'auront donné !
Up the Irons !

PROGRAMME
Aces High (Powerslave)
Where Eagles Dare (Piece of Mind)
2 Minutes to Midnight (Powerslave)
The Clansman (Virtual XI)
The Trooper (Piece of Mind)
Revelations (Piece of Mind)
For the Greater Good of God (A Matter of Life and Death)
The Wicker Man (Brave New World)
Sign of the Cross (The X Factor)
Flight of Icarus (Piece of Mind)
Fear of the Dark (Fear of the Dark)
The Number of the Beast (The Number of the Beast)
Iron Maiden (Iron Maiden).
Rappel :
The Evil That Men Do (Seventh Son of a Seventh Son)
Hallowed Be Thy Name (The Number of the Beast)
Run to the Hills (The Number of the Beast).


Après un tel concert les artistes suivants peineront à me séduire, mais je tente ne fut-ce que par principe, de maintenir ma curiosité naturelle …

23h50 - 00h50 : MARILYN MANSON. Encore un personnage à la réputation sulfureuse, depuis 1989, que beaucoup me conseillent depuis longtemps d'aller voir … Ce que je voyais de lui sur YouTube ne m'enthousiasmant pas particulièrement, je le cantonnais au rayon des pâles réplique d'Alice Cooper personnage plus authentiquement déjanté me semble-t-il. Je n'avais donc pas trouvé l'occasion de le voir jusqu'à présent ; dixième découverte du jour, donc.

Le monsieur aborde la seconde scène principale de manière un peu trop brutale à mon gout, hurlant dans son micro, ce à quoi je ne m'étais pas préparé, compte tenu de j'avais entendu de lui jusqu'alors … Un peu traumatisé par cette entame, je persiste toutefois à rester dans le public pour tenter de discerner un quelconque centre d'intérêt.
Marilyn Manson, entouré de ses suppôts Gil Sharone (batterie, depuis 2013), Tyler Bates (guitare, chœurs, depuis 2014), Paul Wiley (guitare, chœurs, depuis 2014) et Daniel Fox (clavier, percussions, depuis 2015), assume pleinement son rôle. Un metal-indus froid, sans autres émotions que des offensives malsaines et d'un gout douteux, que je trouve peu convaincant.

Je ne me sens pas à l'aise dans ce cadre et je profite du système une fois de plus pour aller butiner ailleurs, en laissant mon fils à son extase… Je me rends donc à l'Altar, avant de revenir voir la fin du cirque Manson. Juste pour assister au spectacle affligeant de trois greluches torses nus soumises aux ordres du gros malade dans un délire final. La plastique au demeurant intéressantes de ces dames n'aura pas suffi à me persuader de l'intérêt musical pour MM.

PROGRAMME
Irresponsible Hate Anthem
Angel With the Scabbed Wings
Deep Six
This Is the New Shit
Disposable Teens
mOBSCENE
Kill4Me (With fans on stage)
The Dope Show (I Don't Like The Drugs
Sweet Dreams (Are Made of This) (reprise d'Eurythmics)
Say10
Antichrist Superstar
The Beautiful People.


(00h00)(01h00) : EXODUS. Tournant le dos à un américain je vais en voir d'autres, sans doute plus bruyants mais moins glauques ! Avec le recul, cela me parait étonnant mais le fait est que je n'ai jamais vu Exodus sur scène, alors que les années 80 auraient pu m'en donner l'occasion. Ne fut-ce que parce qu'à l'instar de Megadeth, ce groupe est lié également à l'histoire de Metallica, puisque son cofondateur en 1981 (avec Tom Hunting) n'est autre que Kirk Hammett lui-même ! Mais les membres d'Exodus se révèlent d'humeurs incompatibles ; dés 1983, Kirk va là où on sait, puis les portes claques, les projets s'arrêtent, puis repartent.
Aujourd'hui, on peut retrouver sur la scène Tom Hunting (batterie depuis1981), entouré désormais de Gary Holt (guitare depuis 1981), Steve Souza (chant, depuis 1986), Jack Gibson (basse, depuis 1997) et Lee Altus (guitare, depuis 2005). Leur dernier opus remonte à 2014 : "Blood In, Blood Out", dixième depuis 1985…
Ce groupe de trash donc ma onzième découverte du jour, dans l'espace Altar.

A cette heure tardive, je commence singulièrement à avoir les jambes lourdes ; j'alterne donc ma présence dans les rangs et un peu au fond pour m'asseoir à terre. La violence des accords et des sons ne peut que me tenir éveillé et pourtant autour de moi quelques-uns sont allongés dans les bras de Morphée.

Certains titres résonnent en moi, preuve que tonton Zézé en son temps avait dû passer le groupe sur Wango-Tengo ! Prétendre que j'ai ressenti plaisir à ce concert serait excessif car honnêtement je n'étais plus en capacité d'apprécier vraiment. Cependant, j'ai tout de même pu observer la maîtrise du genre par ces anciens briscards (ils ont une trentaine d'années de services au compteur en moyenne, quand même !).

PROGRAMME
Funeral Hymn (partiel)
Blood In, Blood Out
Deliver Us to Evil
And Then There Were None
Parasite
A Lesson in Violence
Blacklist
Bonded by Blood
The Toxic Waltz
Strike of the Beast.

Ces bonnes décharges électriques permettent au moribond que je suis de me relever tant bien que mal avant la fin pour retourner vers la scène principale, car j'y ai mon dernier objectif de la journée … eh oui, encore un et puis ce sera fini !

00h55 - 02h05 : NIGHTWISH. Aaaaaaaaaaaah Flooooooooor ! Floor Jansen, je l'adore. Rien, pas même mon authentique et profonde fatigue de pourrait m'empêcher de la revoir ! J'avais eu la délicieuse surprise de la découvrir sur la scène du RaismesFest (9 septembre 2007) alors qu'elle était chanteuse d'After Forever. Sa voix sublime et sa beauté éblouissante ne pouvait pas me laisser insensible.
Désormais, la belle batave chante au sein du groupe finlandais NIGHTWISH, dans le pur style de metal-symphonique. Ce sera mon douzième groupe découvert aujourd'hui puisqu'étonnamment les circonstances ne m'ont pas encore donné l'occasion de les voir.
Pourtant les membres du groupe sont pour la plupart des musiciens complets et multi-instrumentistes, ce qui rend leur musique particulièrement mélodique et fouillée. A l'excès même parfois.

Tuomas Holopainen (claviers, chant depuis 1996), Emppu Vuorinen (guitares, 1996) sont désormais entourés de Marco Hietala (basse, chant depuis 2001), Troy Donockley (cornemuse, flûte irlandaise, guitare, chant depuis 2013), et Kai Hahto (batterie depuis 2014).
Depuis 2013, Floor Jansen est la chanteuse que les irascibles fondateurs ont recruté après avoir viré les deux précédentes …

La sonorisation permet toujours de distinguer les différents pupitres mais je prête une attention toute particulière à la prestation de Floor que je confirme dans mon panthéon des chanteuses actuelles. Bien qu'un peu éloigné de la scène j'observe  son charisme, sa voix, un timbre maitrisé ; tout est excellent. Dans mon esprit, les musiciens aussi talentueux soient-ils et quel que soit leur légitimité ne font que l'accompagner. Je sais c'est purement subjectif, mais je n'ai jamais prétendu exprimer un avis professionnel !

Je m'étonne de l'absence de caméras de proximité aux abords de la scène principale sur laquelle s'exprime le groupe ; sur les écrans géants sont diffusés uniquement des images captées par une caméra fixe au fond  de la zone dans le dos des festivaliers … Très étonnant car tous les groupes auparavant avaient pu montrer les musiciens de près par caméras interposées, ce qui n'est donc pas le cas et du coup je n'aurai pas vu Floor de près. Est-ce une demande du groupe (on se demanderait bien pourquoi) ou bien est-ce une panne ? Mystère…
Bah, de toutes façons en cette fin de journée je pense ne pas être le seul à vivre ce concert un peu dans les vapeurs d'une fatigue extrême … Seule la beauté des mélodies et l'entrain des rythmes me maintient debout jusqu'à la fin, mais je dois avouer avoir attendu la fin avec une certaine impatience …

PROGRAMME
End of All Hope
Wish I Had an Angel
10th Man Down
Come Cover Me
Gethsemane
Élan
Amaranth
I Want My Tears Back
Devil & the Deep Dark Ocean
Nemo
Slaying the Dreamer
Ghost Love Score.


Voilà c'est fini, la foule des fidèles se disperse, la grand'messe est finie. Pour ma part, je rejoins ma voiture et au comble de déraisonnable je remets en route vers Paris… Bien évidemment, je ferai plusieurs poses sur autoroute mais je parviens toutefois à approcher la capitale à l'heure de ses bouchons matinaux traditionnels, composés de braves gens qui sont à des années lumières des émotions vécues par les pèlerins de Clisson !

vendredi 15 juin 2018

DOWNLOAD PARIS FESTIVAL -15/06/2018



La saison 2018 des festivals d'été s'ouvre pour moi avec ce Download 2018. Deux années après ma première participation à cet événement, j'ai bien pensé l'ignorer à l'instar de l'an dernier car je demeure dans l'amertume depuis la décision prise par Live-Nation aboutissant à éloigner le site.
En effet, en 2016 le DL s'était tenu à l'hippodrome de Longchamp (qui reste pourtant utilisé pour d'autres festivités du même genre) ; c'est bien plus pratique d'accès et ce n'est pas mon expédition cette année qui me démontrera le contraire... Plus d'une heure et quart de trains et de bus avant d'arriver à la gare de Brétigny. De là, il a fallu attendre un bon quart d'heure avant de monter dans une navette qui a mis encore une dizaine de minutes pour nous déposer au début d'un long chemin qu'il a fallu parcourir durant un bon quart d'heure à pied.
Au final, il aura fallu deux bonnes heures pour y parvenir ! Rien à voir avec le confort d'accès de bien d'autres festivals…

Mais bon, même en pressentant la galère, mon honorable rejeton en avait fait son objectif ; j'ai eu d'autant moins de difficulté à l'accompagner ce vendredi que l'affiche de la première journée m'intéressait tout particulièrement. Revoir Ozzy reste toujours un événement, Opeth est tout simplement un de mes groupes favoris, Ghost demeure enivrant (même si leur dernier opus penche un peu plus vers une pop sympathique) et Powerwolf attisait ma curiosité par son metal puissant et mélodique. La réputation des autres artistes m'intriguaient également !

La décision de proposer quatre scènes (Warbird, Spitfire, MainS2, et MainS1) avec des horaires trop souvent superposés n'était pas de nature à favoriser les découvertes et mon choix s'est avéré parfois pénible. C'est le second défaut que j'attribue à l'organisation, avec le malencontreux déplacement du site.
Deux sortes de festivaliers coexistent dans ces rassemblements : les "festifs-festifs-à-donf" et les "festifs-mélomanes". Si je respecte totalement l'état d'esprit des premiers, je me classe résolument dans la seconde catégorie … Mais du coup, alors que les premiers sont sans doute réjouis de cette organisation, en ce qui me concerne je me sens trop souvent frustré, torturé entre ma volonté de découverte de nouveaux groupes et le suivi de mes artistes préférés qui se produisent en même temps… Certains pèlerins assument totalement se diriger vers leur chapelle mais s'interdisent ainsi de découvrir de nouvelles sensations …
Mais je relativise mon agacement aujourd'hui car le Hellfest est encore bien pire dans la catégorie des "restaurations-rapides" musicales avec pas moins de six scènes sur lesquelles les artistes tentent désespérément d'attirer le chaland curieux, qui ne sait plus où donner de l'oreille !!! Ma conception d'auditeur résulte en partie peut-être de mon penchant proggeux car en effet je préfère savourer la musique que m'en gaver.


Allez, j'arrête de râler ; le ciel est clair, le soleil brille et je pressens de bonnes vibrations, dès mon arrivée sur le site très étendu et plutôt bien décoré, avec notamment des avions de guerres dispersés aux quatre coins de l'enclos. A peine le temps de jeter un coup d'œil aux structures puis je m'arrête devant la scène Spitfire.

15h25 – 15h55 : CELLAR DARLING. En 2016, Anna Murphy (chant, flûte et vielle à roue), Ivo Henzi (guitare rythmique, guitare basse) et Merlin Sutter (batterie) quittent Eluveitie et fonde ce nouveau groupe suisse pour demeurer toutefois dans le genre folk-pagan-metal. Un album "This Is the Sound" est enregistré en 2017. Volonté délibérée ou le hasard des circonstances de la programmation, toujours est-il que ces dissidents jouent quelques minutes avant leur ex-!
Le jeune groupe a la redoutable mission de débuter les réjouissances, alors je tente de m'immerger avec bienveillance dans leur univers. La sonorisation est bonne et audible.
Anna peut compter sur ses talents de musicienne multiple puisqu'elle n'hésite pas à faire alterner agréablement la flute traversière et la viole avec son micro. Rien que pour cela elle m'inspire un certain respect. Nonobstant, si elle dispose certes des dispositions de base pour sa fonction -une belle voix, bon timbre, justesse du chant-, elle manque de coffre, et de charisme à mon humble avis.
Au final, en dépit de jolies mélodies, de sonorités celtiques agréables, la musique de ces suisses est certes sympathique mais ne parvient toutefois pas à me transcender. Peut-être à cause de mon moteur diesel, pas encore suffisamment chaud à en croire l'honorable ovation que le public présent leur accorde cependant.

PROGRAMME
Black Moon
Hullaballoo
The Hermit
Avalanche
Six Days 
Fire, Wind & Earth
Challenge.



15h55 – 16h35 : BILLY TALENT. Je n'avais pas prévu de me rendre rapidement aux abords de la scène principale. Mais en sortant du marché metal les sons très énergiques qui me parvenaient, m'attiraient inexorablement. Je traverse donc assez rapidement les vastes espaces (aux herbes encore hautes à ce moment du festival, elle n'avait pas été fauchée bien évidemment ; nous sommes en France ne l'oublions pas !).
Mes premières impressions se confirment lorsque je m'insère parmi l'audience. Les hanches se balancent, les jambes trépignent et les cous secouent les têtes plus ou moins chevelues. Il faut signaler que les musiciens sont soutenus par une sonorisation impeccable, à la fois puissante mais audible.
Ces canadiens me sont parfaitement inconnus ; je n'avais même pas remarqué leur programmation et donc pas pris le temps de fouiner sur internet ! Pourtant, en 2016 paraissait leur sixième opus "Afraid of Heights", qui étonnamment ne fera l'objet que d'un seul titre aujourd'hui (Big Red Gun). Billy Talent semble soudé durablement, avec Benjamin Kowalewicz (chant, depuis 1993), Ian D'Sa (guitare, depuis 1993) et Jonathan Gallant (basse, depuis 1993). Il semblerait qu'Aaron Solowoniuk (batterie, depuis 1993) se soit retiré depuis 2016 pour être remplacé sur scène par Jordan Hastings (à vérifier).
Le groupe semble disposer déjà d'un public de connaisseurs puisque une bonne partie scande les refrains. C'est dans ces moments-là où je me dis que je commence à être sérieusement largué par l'actualité musicale…
Bref, je ne boude pas mon plaisir, ravi de faire à cette occasion une bien belle découverte ! Rien de révolutionnaire dans leur concept (ces riffs me semblent déjà entendus sous une forme ou une autre) mais leur rock sautillant a le mérite d'être efficace et les musiciens crédibles. Je m'engage donc à suivre ce quatuor. Première belle surprise de la journée, donc !

PROGRAMME
This Is How It Goes (Billy Talent)
Devil in a Midnight Mass (Billy Talent II)
This Suffering (Billy Talent II)
Big Red Gun (Afraid of Heights)
Rusted from the Rain (Billy Talent III)
Surprise Surprise (Dead Silence)
Devil on My Shoulder (Billy Talent III)
Viking Death March (Dead Silence)
Red Flag (Billy Talent II)
Fallen Leaves (Billy Talent II).


16h35 – 17h15 : ELUVEITIE. Troisième groupe de la journée, troisième découverte, même si je confesse avoir tenté d'anticiper en visionnant quelques vidéos en préalable, histoire de me faire une idée. J'ai toujours été sensible aux évocations celtiques et apparentées. Renseignement pris, Eluveitie est un groupe de folk metal suisse (Eluveitie signifie "Je suis l'helvète" en helvète), formé en 2002 par Chrigel Glanzmann (chant, mandoline, flûtes, gaita, guitare acoustique, bodhrán, harpe). Autour de lui, dans une instabilité permanente, se sont succédés moult musiciens, mais à ce jour il peut compter sur une impressionnante troupe : Kay Brem (basse, depuis 2008), Rafael Salzmann (guitare solo, depuis 2012), Nicole Ansperger (violon, chœurs depuis 2016), Matteo Sisti (cornemuse, flûtes, guitare acoustique, depuis 2014), Alain Ackermann (batterie, depuis 2016), Jonas Wolf (guitare rythmique, depuis 2016), Michalina Malisz (vielle à roue, depuis 2016) et Fabienne Erni (chant, harpe, depuis 2017).
Il parait que certaines paroles sont en helvète, une langue aujourd'hui éteinte, mais honnêtement tout ce que je peux affirmer c'est qu'elles ne sont pas en français ; il faut dire que la voix gutturale du hurleur de service laisse peu de chance pour reconnaitre un sens !
Heureusement les mélodies énergiques favorisent le maintien de mon intérêt et lorsque Fabienne s'exprime, c'est tout de suite une autre poésie ! Magnifique voix au timbre qui n'est pas sans rappeler les Cranberries. Les quelques titres où elle parvient à se faire vraiment entendre sont ceux que je préfère, et de loin ! J'ai relevé par ailleurs la prestation remarquable de Matteo Sisti à la flute.
Globalement, j'ai apprécié ces valeureux p'tits suisses mais je n'irai pas me ruer chez mon disquaire car je considère que la part est trop largement laissée aux grognements incongrus. Dommage. Ou plutôt tant mieux pour mon budget !

PROGRAMME
King (Origins, 2014)
Nil (Everything Remains as It Never Was, 2010)
Thousandfold (Everything Remains as It Never Was, 2010)
L'appel des montagnes (Origins, 2014)
A Rose for Epona (Helvetios, 2012)
Havoc (Helvetios, 2012)
Artio (Evocation II – Pantheon, 2017)
Rebirth (Ategnatos, 2019)
Inis Mona (Slania, 2008).


17h15 – 18h05 : POWERWOLF. Au fil de la journée, j'ai le sentiment que mon intérêt monte en pression ; ce quatrième groupe de la journée, ma quatrième découverte, ne me déçoit pas, dès les premières notes ! Attila Dorn (chant, depuis 2003), Falk Maria Schlegel (claviers, depuis 2003), Roel van Helden (batterie, depuis 2011), Matthew Greywolf (guitare, depuis 2003), et Charles Greywolf (guitare, depuis 2003 puis basse (depuis 2011) ont une énergie communicative.
Le groupe allemand de "power metal" est venu promouvoir son septième album studio "The Sacrament of Sin", dont la sortie est prévue pour l'été 2018. Mais le quintet puise dans leur répertoire des dix dernières années pour satisfaire un public déjà conquis ; sur les neuf titres, seul un (Demons Are A Girl's Best Friend) est tiré de l'opus à paraitre.
J'ignore ce que procure l'écoute de leurs disques, mais indéniablement Powerwolf m'apparaît comme un groupe de scène ! Le chanteur est charismatique et les musiciens occupent bien l'espace pour exprimer une musique particulièrement entrainante. Les nuques et les hanches des auditeurs sont mises à rude épreuve !
Pas (ou très peu) de bande préenregistrées ; à la différence de Sabaton, qui sévit dans le même style, non seulement le pupitre de clavier est sur scène présent mais de surcroit le titulaire, Falk Maria Schlegel bénéficie de deux synthétiseurs placés de chaque côté de la batterie ! Moi j'y vois là une malice, une nique à destination de leur confrère suédois … En tout état de cause, ce dispositif n'est pas que de l'apparence car il démontre (si besoin était !) que sur scène, un musicien avec sa sensibilité et son adaptation aux circonstances vaut toujours mieux qu'une bande-sons.
Le chant d'Attila est clair mais rugueux comme il convient ! Quelques bons soli de guitare accompagnent les mélodies entêtantes que le chanteur ne se prive pas de faire reprendre par les chœurs d'un auditoire enthousiaste et conquis (dont je fais partie !) par ces fiers teutons.

PROGRAMME
Blessed & Possessed (Blessed & Possessed)
Army of the Night (Blessed & Possessed)
Demons Are A Girl's Best Friend (The Sacrament of Sin –première-)
Amen & Attack (Preachers of the Night)
Coleus Sanctus (Preachers of the Night)
Resurrection by Erection (Bible of the Beast)
Armata Strigoi (Blessed & Possessed)
Sanctified With Dynamite (Blood of the Saints)
We Drink Your Blood (Blood of the Saints).

C'est donc en sentant les premiers signes de fatigue physique que je quitte la fosse ! Attila nous donne rendez-vous pour le concert au Bataclan fixé au 25 octobre prochain ! Je me laisserais bien tenté …


A ce stade de la journée, comme annoncé en préambule de mon récit, je me trouve confronté à un premier dilemme : SIDILARSEN ou ALESTORM ? Sidilarsen, dont j'avais beaucoup apprécié le côté festif en invité de Myrath (19 novembre 2016 au forum de Vauréal), ou Alestorm dont mon intérêt naissant n'est justifié que par quelques visionnages de vidéos ? Il faut bien choisir ; tout bien réfléchi, j'opte pour la découverte des britanniques, hélas pour les français.

18h05 – 19h05: ALESTORM. C'est le cinquième groupe de la journée et … cinquième découverte, donc ! Je ne regretterai pas mon choix car très rapidement je perçois que la réputation de ces fêtards n'est pas usurpée ! Le "folk-power-metal" de ces écossais est juste jouissif, énergique et joyeux !
Christopher Bowes (claviers, chant, depuis 2004) est désormais entouré de Gareth Murdock (basse, chœurs, depuis 2008), Peter Alcorn (batterie, depuis 2010), Elliot Vernon (claviers, depuis 2012) et Máté Bodor (guitare, depuis 2015). Ils promeuvent dans la joie et la bonne humeur leur cinquième opus paru en 2017 "No Grave But The Sea".
Outre les qualités indéniables des musiciens (j'ai pu noter quelques p'tits soli de guitare remarquables), ce sont des artistes très à l'aise sur scène et qui de surcroît ne se prennent absolument pas au sérieux ! Le ridicule ne tue pas, c'est bien connu ; leur mascotte, un énorme canard jaune gonflable qui trônait en plein centre de leur scène, est balancé dans la foule ravie de jouer avec !
Les sonorités d'accordéon agrémenté de grosses guitares entrainent l'auditoire dans une euphorie fabuleuse ! Je ne suis pas prêt d'oublier le spectacle jubilatoire d'Alestorm ; leur prochain passage à Paris ne se fera pas sans moi ! oï !

PROGRAMME
Keelhauled (Black Sails at Midnight)
Alestorm (No Grave but the Sea)
Over the Seas (Captain Morgan's Revenge)
Mexico (No Grave but the Sea)
The Sunk'n Norwegian (Back Through Time)
No Grave but the Sea (No Grave but the Sea)
Nancy the Tavern Wench (Captain Morgan's Revenge)
Rumpelkombo (Back Through Time)
Hangover (reprise de Taio Cruz)
Bar ünd Imbiss  (No Grave but the Sea)
Captain Morgan's Revenge (Captain Morgan's Revenge)
Shipwrecked (Back Through Time)
Drink ( Sunset on the Golden Age)
Fucked With an Anchor (No Grave but the Sea).


A peine remis de cette claque euphorisante, je me fixe rapidement l'objectif de me rendre immédiatement dans les premiers rangs de la scène principale pour y savourer la prestation de mon groupe favori et donc très attendu du jour …

19h05- 20h20 : OPETH. Je retrouve avec un immense bonheur ces suédois talentueux pour la neuvième fois depuis 2008 ! Voici donc Mikael Åkerfeldt (guitare, depuis 1990 puis chant, depuis 1992), Martín Méndez (guitare basse (depuis 1997), Martin "Axe" Axenrot (batterie, percussions, depuis 2006), Fredrik Åkesson (guitare, chœurs, depuis 2007) et Joakim Svalberg (clavier, synthétiseur, chœurs, percussions, depuis 2011).

Leurs compositions d'un metal progressif audacieux et de haute volée a dû paraitre hermétique à beaucoup de non-initiés dans cet espace en plein-air. La transition musicale peut en effet paraître énigmatique pour le festivalier non-averti qui découvre Opeth entre deux groupes à la musique beaucoup plus accessible. Mikael l'a reconnu lui-même : leur style musical alliant une douce mélancolie et une terrifiante force du désespoir tranche avec l'atmosphère festive et ensoleillée du moment !
Mais pour les initiés que de sensations ! Les alternances d'atmosphères, les mélodies délicatement mélancoliques qui précèdent des tempêtes d'une violence inouïe, la voix claire qui fait place aux voix gutturales effrayantes, les soli ciselés de guitares nappées de claviers inquiétants … j'aime tout dans leur musique !! Et même si je les préfère en salle, ils sont parvenus à satisfaire les festivaliers qui semblaient parfois médusés ou perplexes à l'arrière mais ravi dans les premiers rangs ! De joyeuses et bienveillantes bousculades et des transports de corps abandonnés à la pesanteur ont agrémentés l'ambiance !
Pendant une heure et quart ces fortes et contrastées sensations ont été soutenues efficacement par une excellente sonorisation (quoique pas assez limpide au tout début, à mon humble avis). Leur prestation est écourtée dans cette configuration de festival et du coup Mikael s'est montré un peu moins loquace mais il n'a pas su s'empêcher de raconter une ou deux conneries ("we're complete asshole !") comme à son habitude, avec son humour "so british".
Je pourrais me lancer dans un descriptif de l'interprétation de chaque titre, remarquablement interprétés, mais ce serait trop long et je n'en ai probablement pas la capacité, ni l'envie. Cette musique délicieusement raffinée, torturée se déguste et se savoure davantage qu'elle ne s'explique. Je vous renvoie à ma seule vidéo de l'évènement lors du sublime "Cusp of Eternity" (même si l'image tremble encore de mon émotion !).

PROGRAMME
Sorceress (Sorceress)
Ghost of Perdition (Ghost Reveries)
The Devil's Orchard (Heritage)
Cusp of Eternity (Pale Communion)
Heir Apparent (Watershed)
In My Time of Need (Damnation)
The Drapery Falls (Blackwater Park)
Deliverance (Deliverance).

Je dois confesser qu'après ce concert-là j'ai très nettement ressenti le besoin de me désaltérer, assis dans l'herbe. Epuisé par tant de plaisirs auditifs j'ai pris le temps de me ressourcer avant d'aborder la suite des évènements !


A ce moment de la soirée, le nouveau dilemme auquel je devais une nouvelle fois être confronté aurait pu se poser : me rendre à la scène Spitfire pour assister au concert de Vandenberg's Moonkings ou bien rester à la scène principale 2 pour assister à la prestation de Ghost. Heureusement que mon manque d'énergie m'ôta du doute car dans l'absolu j'aurais peiné à choisir, tant V's M m'avait beaucoup plus sur la scène d'un autre beau festival, le RaismesFest (6 septembre 2014).
Bref, après ce splendide concert d'Opeth l'énergie me manquait pour traverser tout le site de la base aérienne et j'ai donc opté pour la scène la plus proche, sans vraiment craindre d'être déçu, juste frustré de ne pas assister à tous les concerts de mon choix…

20h25 – 21h40 : GHOST. Voilà que ce groupe se présente pour la quatrième fois depuis 2016 sur scène devant moi. La musique envoutante de ces suédois trouble mes sens à chaque fois que je les fois en festival (un peu moins lors du concert de l'Olympia). Leur prestation à l'Alcatraz fut une apothéose, alliant les plaisirs auditifs et visuels.
Objectivement, point de prouesse technique à remarquer, ni vocale ni instrumentale. Mais les mélodies demeurent redoutablement efficaces et les compositions entrainent l'auditeur dans une fascination irrésistible. Aujourd'hui ne fera pas exception et, en dépit de ma fatigue qui commence à se faire sérieusement sentir (eh oui, le papy il n'a plus vingt ans…), je me surprends à battre du pied et de la nuque les rythmes implacables et à chantonner les airs maléfiques. La sonorisation d'une efficacité redoutable accentue encore le magnétisme sur l'auditoire venu très nombreux en face de cette scène.
Le dernier opus "Prequelle" qui vient juste de paraitre est mis à l'honneur avec cinq titres sur les quinze interprétés ce soir durant une et quart.
Indéniablement mené de mains de maître, Ghost ensorcelle le public qui oublie toutes les turpitudes vécues ces deniers mois au sein de ce qui semblait être un groupe soudé et mystérieux. Le Cardinal Copia a congédié les mécréants et s'est entouré de nouveaux Ghouls sans noms et donc interchangeables à volonté. Ils ou elles sont tout aussi efficaces et produisent harmonieusement les mêmes atmosphères, puisque le nombre des adeptes ne cesse de croitre.
Cette légère amertume qui voile quelque peu mon esprit ne m'empêche pas cependant d'apprécier sincèrement le spectacle. J'en redemande, même, victime ensorcelée mais consentante que je suis…

PROGRAMME
Ashes (Prequelle)
Rats (Prequelle)
Absolution (Meliora)
Ritual (Opus Eponymous)
From the Pinnacle to the Pit (Meliora)
Faith (Prequelle)
Cirice (Meliora)
Miasma (Papa Nihil au saxophone) (Prequelle)
Year Zero (Infestissumam)
Spöksonat (Meliora)
He Is (Meliora)
Mummy Dust (Meliora)
Dance Macabre (Prequelle)
Square Hammer (Popestar).

RAPPEL :
Monstrance Clock (Infestissumam).


21h45 – 23h30 : OZZY. Ah, content de revoir le père Ozzy ! Cinquième fois que j'assiste à sa prestation (une sixième fois en comptant celle avec Black Sabbath) depuis ce 22 décembre 1983 à l'Espace Balard. Il a toujours eu le bon gout de s'entourer de bons musiciens, depuis sa carrière solo entamée en 1979. Cette fois Zakk Wylde (guitare) est revenu à ses côtés après plusieurs aller-retours (1987-1992, 1995, 1998, 2001-2004, 2006-2009, et depuis 2017). Il a eu la bonne idée de recruter l'impressionnant batteur des dernières tournées de Black Sabbath, Tommy Clufetos (batterie, percussion), mais aussi Adam Wakeman (claviers, guitare rythmique) et Rob "Blasko" Nicholson (basse).
La nuit tombante permet de déployer un éclairage adéquat mettant en valeur une scène surplombée d'une gigantesque croix qui prendra différentes couleurs selon les atmosphères voulues. Deux écrans géants en fond de scène, de chaque côté de la croix en plus des deux autres écrans latéraux ont permis à tous de distinguer les musiciens à l'œuvre. Notons le décalage désagréable entre le son et l'image ; regrettable que l'on ne puisse pas dissiper ce désagrément qui ne m'a cependant que peu gêné pour ma part puisque j'étais placé dans les premiers rangs ! La sonorisation n'est pas en reste ; puissante et limpide !
La grande crainte des admirateurs à l'égard de notre Ozzy, vieillissant quoiqu'on en dise, c'est sa voix car elle lui fait défaut parfois… Cette fois, je n'ai que très peu été gêné par sa prestation, sauf à admettre qu'il prend les ligne de chant un octave en dessous assez souvent, ce qui peut désorienter au début. Sur "Fairies Wear Boots" il ne m'a pas toujours semblé qu'il chantait très juste mais ce titre est particulièrement difficile il est vrai. Mais bon, de toute façon cela fait quelques années que nous devons admettre qu'Ozzy fait ce qu'il peut avec ce qui lui reste d'énergie compte tenu de tous ces excès passés ! Sa lecture quasi constante du téléprompteur n'altère pas mon plaisir heureusement !
Ses musiciens le soutiennent efficacement ; Zakk et ses soli ravageurs dispose du talent nécessaire pour se permettre de se mesurer aux légendes qui l'ont précédé à ce poste. Durant un long solo, il vient dans la foule pour accentuer la satisfaction du public. Tommy, qui m'avait déjà éberlué à Bercy le 2 décembre 2013, continue ses prestations avec la même énergie et ne s'est pas privé d'un solo démonstratif de son talent !
Tous les titres m'ont réjoui mais je souligne tout particulièrement "Mr. Crowley" excellemment interprété et que je n'aurais pas espéré entendre ce soir ! Comme le laissait présager l'intitulé de sa tournée (No More Tour), beaucoup de titres sont issus de l'excellent opus de 1991, "No More Tears".

PROGRAMME
Bark at the Moon (Bark at the Moon, 1983)
Mr. Crowley (Blizzard of Ozz, 1980)
I Don't Know (Blizzard of Ozz, 1980)
Fairies Wear Boots (Black Sabbath, 1970)
Suicide Solution (Blizzard of Ozz, 1980)
No More Tears (No More Tears, 1991)
Road to Nowhere (No More Tears, 1991)
War Pigs (Black Sabbath, 1970)
Miracle Man / Crazy Babies / Desire / Perry Mason (instrumental)
Solo de batterie
I Don't Want to Change the World (No More Tears, 1991)
Shot in the Dark (The Ultimate Sin, 1986)
Crazy Train (Blizzard of Ozz, 1980).
 
RAPPEL :
Mama, I'm Coming Home (No More Tears, 1991)
Paranoid (Black Sabbath, 1970).

Voilà, épuisé mais ravi, c'est la fin du festival pour moi ; les jours suivant m'intéressent nettement moins à quelques exceptions près. Et puis je dois m'économiser car bien d'autres festivals s'annoncent à moi dans des délais proches !
Le retour se fera bien plus rapidement qu'à l'aller ; les navettes plus régulières et le RER spécialement affrété, direct vers Paris.

lundi 4 juin 2018

ANGE – Café de la Danse – 04/06/2018


Légendaire groupe français de rock progressif, ANGE perdure depuis 1969 grâce à la volonté de Christian Décamps. Il a connu un notable succès dans la France des 70's mais nos "très perspicaces" média sont vite passés à autre chose.
Certes, le microcosme français du rock progressif ne les a pas oubliés, mais hélas il semble que trop de querelles (familiales ou musicales, ou les deux, allez savoir ...) ont achevé de nuire à leur prometteuse notoriété. Heureusement, des albums intéressants ont maintenu l'intérêt des admirateurs et l'espoir de les revoir sur de grandes tournées…
Depuis 1972 (année où j'ai mis les doigts dans la prise), certains groupes m'ont séduit moins que d'autres. Non pas qu'ils m'aient paru mauvais, mais juste parce que mon humeur fut plus métal ou plus prog selon les époques ; à ce petit jeu-là, fatalement il y a des oublis fâcheux… Ange en fait partie (eh oui, j'en connais qui doivent s'étrangler d'effroi, mais ainsi c'est construite ma culture musicale !).

Les chemins de ma culture musicale sont relativement sinueux et variés mais ceux qui m'ont conduit vers Ange résultent en fait de concours de circonstances. A défaut d'avoir été séduit par ce que j'avais entendu du groupe sur les réseaux, j'ai pu me familiariser peu à peu avec cet univers en découvrant certains de ses membres éparpillés. Il m'a ensuite suffi de rassembler le puzzle. Explications.

- Première vraie alerte (tardive, j'en conviens volontiers) ; le 13 octobre 2009, lorsque je me trouve assis au deuxième rang de la mezzanine de l'Olympia pour assister à ce qui devait s'avérer être le dernier concert parisien de PORCUPINE TREE, je réalise que juste devant moi sont assis les membres d'Ange (aux côtés de la famille de Steven). Etonné de cette présence, j'apprendrai ensuite qu'en fait STEVEN WILSON vénère Ange depuis toujours ! Je me dis alors que j'ai dû louper non pas un wagon mais plutôt un train !! Nonobstant, le rythme de mes découvertes musicales dans les années 2010 est tel que les quelques écoutes du groupe ne parviennent pas à m'accrocher …

- Deuxième alerte (encore plus tardive) ; été 2017, lorsque j'assiste au festival Rock au Château de Villersexel (leur région d'origine). Célébrités locales oblige, Gens de la Lune me permit agréablement d'imaginer ce que représentait Ange sur scène durant les 70's car Francis Décamps (clavier, chœurs) était notamment accompagné de Gérard Jelsch (batterie) ; ils avaient tous deux quitté le groupe mythique en 1995. Malgré de gros soucis techniques du synthétiseur qui ont passablement nui à la prestation au point de l'écourter, j'entrevoyais déjà un intérêt certain !
Sur la même scène, le même jour, je restais cependant perplexe, peu convaincu, en écoutant le fils de Christian, Tristan Décamps (clavier, chœurs d'Ange depuis 1997) qui chanta valeureusement seul ce jour-là. Sa voix était certes admirable mais le répertoire beaucoup moins. En tous cas, je n'avais pas trouvé la Porte d'accès, on va dire.

- Troisième alerte, le 9 septembre 2017, lorsque j'assiste au festival RaismesFest, je me suis alors régalé en découvrant sur scène le talent d'Hassan Hajdi (guitare d'Ange depuis 1997) qui, accompagné de Benoît Cazzulini dans son "Band of Gypsies", rendait un hommage exclusif et très convaincant à son maître Jimmy Hendrix !

Enfin, pour achever de me décider à assister au moins une fois à un concert d'Ange, des amis bien intentionnés (merci, Thierry et Christian !) me préviennent quelques semaines avant cet événement prévu au Café de la Danse, salle que j'affectionne tout particulièrement par ailleurs !

Voilà pour le contexte, c'est long pour le préambule d'un récit de concert j'en conviens, mais le cas est particulier … En clair, sans l'insistance amicale de deux esprits éclairés, j'aurais attendu le festival Loreley en Allemagne pour les écouter. Or, compte tenu de la qualité de l'affiche dudit festival et de la qualité de la bière allemande, le risque était grand de passer à côté d'une belle découverte ; car en effet ce soir dans ce bel auditorium, je suis tombé sous le charme…

La salle est bien pleine ; beaucoup de têtes chauves ou blanches, mais pas seulement.
La chaleur est étouffante or, en dépit de ses autres qualités, la salle ne semble pas disposer d'air conditionné…
C'est donc dans une étuve que nous assistons à une première partie sympathique mais soporifique animée par Eddy La Gooyatsh, deux braves types dotés chacun d'une guitare (sèche pour l'un, électrique pour l'autre). Leurs chansonnettes auraient probablement été adéquates dans un cabaret ou un resto branché. Mais en première partie d'ANGE, il me semble qu'il ne manque pas d'autres artistes qui eussent été honorés de prendre la place (je pense notamment à Nicolas Chapel avec son groupe Demians, qui avait assuré la première partie de Blackfield, le 24 janvier 2009 ici même). Bref, il nous aura fallu une bonne dose de tolérance entre 19h30 et 20h05 pour applaudir poliment ces troubadours de passage.

C'est encore une autre bonne dose de patience qui nous sera imposée jusque 20h30 avant d'assister à l'entrée des artistes en scène.
Après quelques turbulences dans l'effectif, le groupe semble avoir acquis une certaine stabilité depuis une quinzaine d'année, puisqu'il se compose de Christian Décamps (chant, claviers depuis 1970, seul membre fondateur donc), Tristan Décamps (claviers, voix depuis 1997 et fils du premier), Hassan Hajdi (guitare depuis 1997), Thierry Sidhoum (basse depuis 1997), et Benoît Cazzulini (batterie depuis 2003, neuvième titulaire du poste !).
La tournée promeut l'album "Heureux" paru cette année, dont cinq titres seront joués ce soir.


D'emblée le concert s'annonce bien, la sonorisation est très bonne ; tous les pupitres sont audibles et si je ne comprends pas tout ce que chante Christian, c'est sans doute dû à mon obstination de tenter de percevoir et découvrir toutes les subtilités musicales en même temps !
L'éclairage est modeste mais suffisant pour accompagner et mettre en valeur les artistes.
Le public est réactif, les textes sont souvent chantés par des admirateurs de longue date, selon toute vraisemblance !
En dépit d'une chaleur torride et de mon inculture je sens vite de bonnes sensations.
Hassan Hajdi m'était déjà apparu admirable lors de sa prestation très ciblée au Raismefest 2017, déjà en compagnie de son non moins talentueux bassiste. Ce soir, la virtuosité éblouissante d'Hassan apporte un avantage indéniable aux compostions d'Ange. Sa sensibilité et son sens des harmonies laissent apparaitre une nette influence d'Hendrix, sans pour autant se complaire dans le plagiat et cependant ses interventions sont d'autant plus saisissantes qu'il sait rester humblement en retrait lorsque Christian et son fils s'expriment.
Pour sa part, Tristan doit être la fierté de son père tant il le surpasse avec une voix exceptionnelle. Le titre "Harmonie", qu'il chanta seul avec son clavier, fut un moment émouvant. De surcroit, au clavier il accompagne merveilleusement les lignes mélodiques et parvient ainsi à créer des atmosphères que l'on aime retrouver dans les grandes évasions, par la grâce du rock progressif !
Thierry Sidhoum se tient discrètement en fond de scène dont il ressort parfois pour accentuer une folie rythmique ambiante, et cependant j'ai noté une remarquable sensibilité dans le jeu de basse.
Coté batterie la partie est assurée sobrement mais avec efficacité.
Christian, quant à lui, vit pleinement ses textes, par le mime ou le costume (sur ce point il n'est pas sans me rappeler un certain h !) ; on le devine aisément jouir de chaque instant aux côtés de ses désormais fidèles complices. Sur le plan vocal il est clair que son fils aurait tendance à lui faire de l'ombre, mais il chante toutefois juste et sa voix est portante. Son bonheur se lit sur son visage constamment ; le message délivré par son dernier opus n'est pas un vain mot !

D'ailleurs, les mots, il s'en amuse avec gourmandise, en multipliant des allusions malicieuses, des grivoiseries et autres contrepèteries. Je ne peux pas commenter les titres, bien évidemment, puisque je découvrais quasiment le groupe ce soir. Mais, à l'instar des Trust, Téléphone et autres Noirs Désirs, ANGE démontre une nouvelle fois que la langue française a toute sa place dans le rock ; je note avec admiration l'art d'en user et d'en abuser avec un vrai bonheur alors que trop souvent nos artistes nationaux y renoncent.
Le dernier titre "Capitaine cœur de miel" comme une apothéose permet d'accentuer encore davantage notre admiration pour chacun des musiciens qui peuvent d'exprimer avec tout leur talent.
Le rappel s'impose ; Ange nous propose "Ces gens-là" somptueuse reprise de Jacques Brel.


Je sors donc conquis de ce spectacle, alors que je m'y étais rendu davantage par curiosité que par conviction ; j'aime ce genre de bonne surprise musicale ! Hallelujah, Ange existe je l'ai vu !
Il reste à vérifier que ce divin attrait scénique se confirme à l'écoute d'un disque (je confirme, a posteriori avec mon achat du jour). Cette belle impression résistera-t-elle à l'écoute objective d'un salon ? et comment ressentirai-je leur prestation dans un théâtre antique en plein air (le 15 juillet) ? à suivre…

A l'échoppe, j'opte pour l'édition d'Émile Jacotey Résurrection (15€), parue en 2014, qui est en fait une réédition améliorée de l'opus de 1975 "Émile Jacotey" dont Christian s'est désormais libéré des contraintes de l'époque. Voilà qui me permettra d'entretenir la flamme jusqu'à leur prestation que j'espère aussi réussie dans le cadre du festival allemand !
PROGRAMME (20h25-22h05)
L'autre est plus précieux que le temps (Heureux !)
Aujourd'hui c'est la fête chez l'apprenti-sorcier (Le Cimetière des arlequins)
Jour de chance pour un poète en mal de rimes (Heureux !)
La Gare de Troyes (La Gare de Troyes)
Sens et jouissances (Heureux !)
Les Lorgnons (Vu d'un chien)
Quasimodo (Rêves-parties)
Heureux (Heureux !)
Chante n'importe quoi (Heureux !)
Harmonie (Fou !)
Ballade pour une orgie (Au-delà du délire)
Vu d'un chien (Vu d'un chien)
Capitaine cœur de miel (Guet-apens).

RAPPEL (jusque 22h15)

Ces gens-là (reprise de Jacques Brel).



vendredi 25 mai 2018

MOGWAI + JAMES HOLDEN & THE ANIMAL SPIRITS Grande Halle de La Villette – 25/05/2018



Au regard de mon parcours de mélomane de près de cinq décennies il est permis de s'étonner de me voir aller à un concert de rock plutôt électronique, alternatif et expérimental ce qui n'est pas ma prédilection. Je concède volontiers m'en étonner moi-même, surtout a posteriori. Je persiste à trouver les sons trop mécaniques, froids, sans l'émotion ni les richesses harmoniques si chères à mes oreilles.
Toutefois, si je confesse beaucoup de défauts, je continue à revendiquer et à entretenir la qualité de curiosité à la recherche de nouvelles sensations, surtout en matière musicale.
Or, MOGWAI est un groupe écossais parfois cité en référence pour caractériser certains groupes de rock progressif… De surcroit ma p'tite Fée avait conservé de bonnes sensations à l'écoute passagère de leur musique.
Si bien que, lorsque j'ai lu dans la rue une publicité pour l'édition 2018 du "Villette sonique" j'ai été intrigué par la présence de MOGWAI en tête d'affiche. C'est un vendredi, une fin de semaine calme, alors pourquoi ne pas tenter l'expérience, moyennant une trentaine d'euros !


20h00 : JAMES HOLDEN & the Animal Spirits ouvre la soirée. Inutile de feindre la connaissance, j'ignore tout du parcours de l'individu et de sa musique. J'ai noté qu'après moult expériences, James Holden, DJ et compositeur anglais de musique électronique, né en 1979, a enregistré en novembre 2017 un album intitulé "The Animal Spirits".
Au centre du fond de la scène peu éclairée, il est entouré de quatre musiciens. Très peu loquaces, on ne connaîtra pas leur identité, ils resteront donc d'anonymes artistes à la gloire du maître DJ. Je remarque tout particulièrement la présence d'un cornettiste à temps plein (joueur de cornet à pistons pour ceux qui ne connaissent pas les cuivres). A son côté, une joueuse de saxophone, de clarinette, et de flûtes, puis devant un percussionniste et enfin sur le côté opposé un batteur.

Je n'avais écouté qu'une vidéo sur youtube la veille, c'est avec un esprit quasi vierge que j'aborde de concert, non sans quelques appréhensions. J'avais préparé les protections auditives en prévoyant un déluge de sons plus pénibles les uns que les autres… et bien ma surprise fut grande et plutôt heureuse.
Non seulement le son fut audible mais le musique accessible et ma foi agréable. Ô rien de transcendant certes ; je maintiens mes griefs énoncés en préambule de ce récit, mais je dois reconnaitre qu'en fermant les yeux (sur scène il ne se passe rien, à part un fond d'écran diffusant quelques jeux de couleurs) on peut tenter le voyage.
Mais pour un voyage encore faut-il que l'avion s'envole, que le train s'emballe, que l'automobile accélère … or, à la différence d'Ulver qui me fit décoller dès les premières secondes l'an dernier au BeProg Festival, là j'attends toujours avec l'impression de porter des valises bien lourdes…
Un peu lassé d'attendre, je tourne vers les pupitres de cuivres (car votre dévoué a lui-même été cornettiste il y a … très longtemps) afin de tenter de détecter une source de réjouissance. Peu de motifs d'admiration, là aussi ; leurs interventions, comme celles du percussionniste, sont souvent noyées dans les sonorités synthétiques du DJ. Le batteur, lui, n'a pas ce problème et parvient à imposer sa présence avec habileté et sensibilité.




Toujours aussi réservés, ils quittent rapidement la scène après avoir très brièvement remercié le public pour son accueil.
Bon voilà, quoi ; sympathique et rassurante entame de soirée, qui se termine une heure plus tard ! (21h)

21h30 : MOGWAI. Il était conseillé de se munir de protections auditives ; le groupe ayant la réputation d'inviter Monsieur Larsens à ses concerts. Je m'interrogeais donc sur l'atmosphère, sur la scène et dans le public, que pouvait générer ce genre de musique éthérée.
Les premiers instants me rassurent ; la sonorisation est plutôt correcte, l'éclairage un peu plus présent que pour les précédents, et les musiciens semblent très appliqués. Trop, peut-être …
Reconnaissons leur déjà a priori une première qualité : MOGWAI jouit d'une bonne stabilité puisque Stuart Braithwaite (guitare), Dominic Aitchison (basse) sont ensembles depuis 1995 et que Barry Burns (claviers, guitare) les a rejoint en 1998.
Cependant, Martin Bulloch (batterie) ayant des gros soucis de santé depuis octobre dernier, c'est Cat Myers qui tient les baguettes depuis (un provisoire qui semble durer). Par ailleurs, John Cummings a quitté le navire en 2015 mais sans le couler, puisque remplacé sur scène (le plus souvent par Scott Paterson et Luke Sutherland semble-t-il).
Depuis 2017, ils font la promotion de leur neuvième opus "Every Country’s Sun", plutôt bien accueilli par la critique, mais qui moi me touche peu…
C'est avec envie que j'aborde leur concert ; envie d'évasion et de plaisirs auditifs. A l'instar du groupe précédent, je suis dans de bonnes dispositions pour voyager… A l'instar du groupe précédent, j'ai attendu en vain. S'il y avait une porte d'accès, je ne l'ai pas trouvée ce soir …
Après une bonne demi-heure de ma bonne volonté je me suis tourné vers d'autres regards, à la recherche de leurs impressions mais il semble que j'avais loupé un wagon… Les mines autour de moi semblaient réjouies, (sans excès toutefois car j'ai trouvé le public très mou).
Je savais pourtant que leur musique conjugue des sonorités tantôt électro tantôt rock pour créer des atmosphères plus ou moins planantes ; je savais que je devais vider de mon esprit toute comparaison avec les autres concerts auxquels je suis plus enclin à participer … M'enfin tout de même, j'ai cherché en vain la moindre aspérité, le moindre relief susceptible de créer une émotion forte et de soulever mon enthousiasme. Sur la plupart des titres, certains passages me laissaient espérer une rupture mélodique ou une envolée harmonique, mais rien. Nada. Le Néant, le désert. Toujours déçu d'arriver à la fin d'un titre prometteur mais décevant… Ce que j'ai ressenti persista ainsi durant une heure et quart. Je me suis rarement senti aussi frustré, je me suis rarement autant ennuyé pendant un concert !
L'avant-dernier titre est assez révélateur de mon ressenti ; des sons répétés inlassablement, l'absence de virtuosité à peine compensée par un minimum d'émotion (et encore, je suis gentil). Un titre joué en decrescendo jusqu'à une fausse fin, violemment interrompue par un déluge sonore qui reprenait ni plus ni moins de les notes jouées précédemment, mais en plus fort !!!





Je note cependant une qualité non négligeable ; les musiciens, bien que statiques pendant leur interprétation, échangent leur pupitre selon les titres.


A 22h45, le groupe quitte la scène, sans avoir communiqué avec son public. Pas de présentation, pas de marque de plaisir particulier. L'audience, toujours aussi mole, les acclament mais pas au point de réclamer un retour.
D'habitude je profite des invités en premières parties ou des festivals pour faire découvrir des artistes ; là j'ai voulu forcer le destin en me rendant délibérément dans une arène inconnue. La musique aurait pu être horriblement inaudible ou pénible, ce ne fut pas le cas ; ce fut sympathique mais plutôt soporifique. J'ai joué, j'ai perdu.

PROGRAMME
Hunted by a Freak (Happy Songs for Happy People)
Crossing the Road Material (Every Country’s Sun)
Party in the Dark (Every Country’s Sun)
Rano Pano (Hardcore Will Never Die, But You Will)
I'm Jim Morrison, I'm Dead (The Hawk Is Howling)
New Paths to Helicon, Pt. 1
Ithica 27ø9
Don't Believe the Fife (Every Country’s Sun)
Every Country's Sun (Every Country’s Sun)
Mogwai Fear Satan (Young Team)
Old Poisons (Every Country’s Sun).