samedi 22 juin 2019

MIDSUMMER festival 2019 – Openluchtheater, Valkenburg, Pays-Bas


Lorsque la première édition du festival s'est tenue le 24 juin 2017 (avec une affiche déjà très alléchante ; Anathema, Gazpacho, Pain of Salvation, Matin, et Caligula's Horse), je n'avais pas pu m'y rendre car elle tombait le même jour que le Retro C Trop.

Pour la deuxième édition, le 23 juin 2018 (avec de nouveau une très belle affiche ; Amplifier, Lazuli, Lesoir, Riverside, The Gathering), j'avais préféré me rendre à Clisson pour le Hellfest. Dilemme récurrent pour moi qui écoute les deux styles de musiques au gré de mes humeurs. Étonnamment, ces 407 km qui séparent Valkenburg de mon domicile, constituent une distance équivalente à celle du Hellfest.
L'affiche de cette troisième édition étant encore une fois séduisante, j'ai donc décidé de contrarier l'adage ; il y aura bel et bien eut un "deux sans trois". Ce sera aussi notre premier festival de l'été 2019 !
Notre voyage aboutit dans cette très jolie ville de la province du Limbourg néerlandais. L'atmosphère y semble étonnamment apaisée ; le vélo est roi, le piéton prince. Nous esquissons quelques pas dans ces rues piétonnes propres, agréables et commerçantes qui nous donnent très envie de visiter la cité, mais nous ne pouvons tarder.
Un petit chemin mène au sommet d'une butte couronnée par l'entrée du site où l'accueil réglementaire se montre bienveillant. Nous découvrons alors un amphithéâtre merveilleusement enclavé dans un écrin de verdure et de roche. Les gradins surplombent une scène qui est couverte d'un toit imitant de grandes feuilles qui me rappellent les décors du film "Arthur et les Minimoys". En surplomb se trouve l'échoppe officielle, et sur le côté les échoppes de restauration. Bonne surprise, la délicieuse bière d'abbaye belge Tongerlo est servie à la pression et dans le calice en verre adéquat ! Je trouve cela surprenant car Anvers est de l'autre côté du plat pays, mais je suis au paradis !
L'auditorium, qui peut contenir 850 personnes, est déclaré complet depuis la veille.
Nous sommes arrivés à l'ouverture des portes, vers midi, et pourtant, grâce à des amis arrivés avant nous, nous pouvons nous asseoir … au premier rang. Cet extraordinaire privilège nous permettra de jouir d'une appréciable proximité avec les artistes. Ma crainte de souffrir de la sonorisation s'est vite dissipée car elle s'avèrera raisonnable.
SAMEDI 22 JUIN 2019
12h30-13h15 : THE INTERSPHERE. A l'instar du défunt BeProg, le Midsummer joue avec les capacités d'écoute des progueux les plus bienveillants ; ce que nous considérons (ou pas) comme du rock progressif est encore un sujet de débat… Ces quatre allemands, Christoph Hessler (chant), Thomas Zipner (guitare), Daniel Weber (basse), et Moritz Müller (batterie), se sont connus à la "Mannheim Pop Academy" ; ils formèrent "Hesslers" en 2006, du nom du chanteur Christoph Hessler. Depuis 2009, ils se sont rebaptisés Intersphere.
Ce concert contribue à une tournée promotionnelle de leur opus "The Grand Delusion" paru en 2018. Je l'ai découvert après l'annonce de l'affiche. Il m'a semblé plutôt intéressant sans vraiment m'enthousiasmer non plus. Les sonorités "heavy prog" me rappellent Caligula's Horse, Baroness, voire parfois le stoner à la Danko Jones.
Néanmoins, ils ont la redoutable mission de débuter les festivités. Rien que pour cela nous leur devons au moins une écoute bienveillante.
Leur concert ne remet pas en cause mes premières impressions ; leur style me parait dépourvu de ces caractéristiques que je cherche dans le rock progressif. Une musique certes relativement mélodique (d'ailleurs je cherche encore la provenance des quelques sons de clavier…) mais avec peu de subtilités, peu de ruptures, quelques soli mais des rythmes très énervés… En fait, ils me sembleraient davantage à leur place sur une scène d'un Download, voire d'un Hellfest.
Mais bon, on se sera satisfait de ce sympathique apéritif, d'autant que dans leur genre ils n'ont pas démérité.
PROGRAMME
Don't Think Twice (The Grand Delusion, 2018)
Mind over Matter (The Grand Delusion, 2018)
Man on the Moon (The Grand Delusion, 2018)
Secret Place (The Grand Delusion, 2018)
I Have a Place for You on Google Earth (Interspheres >< Atmospheres, 2010)
Parallel Lines (Hold On, Liberty!, 2012)
Out of Phase (Relations in the Unseen, 2014)
Prodigy Composers (Interspheres >< Atmospheres, 2010).

13h45- 14h45 : JOLLY. Leur histoire nous raconte que ces new-yorkais, Anadale (chant, guitare), Joe Reilly (claviers), Louis Abramson (batterie), et Anthony Rondinone (basse, choeurs) se sont réunis en 2006 grâce à internet, par le biais de forums. En dépit d'un style difficilement classable, ils semblent recueillir davantage les faveurs des mélomanes du rock progressif. Pour ma part, je les ai découverts sur la scène de Divan du Monde le 20 mars 2013, alors qu'ils assuraient la promotion du second volume de "The Audio Guide To Happiness". Ils étaient invités en première partie du concert de Riverside. J'avais alors été suffisamment séduit pour me procurer les deux volumes du concept.
Je les attends donc aujourd'hui avec un certain plaisir. Notons qu'un quatrième opus intitulé "Family" parait cette année. Deux titres seront présentés aujourd'hui.
Avec Jolly, je retrouve ces ambiances progressives avec ces ruptures et ces envolées lyriques qui m'enthousiasment tant. Leur prestation me semble audacieuse pour ce concert en plein air, de surcroit à la suite d'un groupe davantage énervé. Leur musique alterne des rythmes lents et lourds ("Lazarus"), avec d'autres plus enjoués ("Joy"), avec une bonne maîtrise des sonorités.
Seul bémol à mes oreilles, ils me semblent qu'ils abusent un peu des bandes-son ; elles soutiennent des atmosphères qui me paraissent d'autant plus dispensables lorsqu'il s'agit de voix ou lorsque le clavier pourrait créer les mêmes sons. Mais reconnaissons que Jolly n'a pas l'apanage de cet artifice, et cela ne masque aucune incompétence ; ces musiciens entretiennent malgré tout un sentiment de maitrise. Anthony Rondinone, doté d'une basse aux cordes aux couleurs fluo est un peu plus démonstratif et plus souriant que ses complices, mais au-delà de cette agitation, de nombreux accords m'ont paru impressionnants.
Je n'ai pas su retrouver les mêmes sensations qu'en 2013, sans doute parce que nous sommes cette fois sous le soleil batave et en plein air, mais j'ai trouvé leur programme assez audacieux pour être respecté et apprécié. D'ailleurs, le public de mélomanes avertis leur a accordé une belle ovation méritée. Je les reverrai avec plaisir…

PROGRAMME
Lazarus (Space Masala) (Family, 2019)
Joy (The Audio Guide to Happiness (Part 1), 2011)
Where Everything's Perfect (The Audio Guide to Happiness (Part 1), 2011)
Lie to Me (Family, 2019)
The Grand Utopia (The Audio Guide to Happiness (Part 2), 2013)
Escape From DS-3 (Forty-Six Minutes, Twelve Seconds of Music, 2009)
Storytime (The Audio Guide to Happiness (Part 1), 2011)
The Pattern (The Audio Guide to Happiness (Part 1), 2011).


15h30-16H40 : FOCUS. N'oublions pas que nous sommes aux Pays-Bas, il était donc de bon aloi d'accueillir un groupe du pays. La présence de Focus, groupe batave légendaire mais constant, fondé en 1969 par Thijs van Leer, à Amsterdam, ne pouvait que me réjouir, car la Convention biennale de Marillion, en mars dernier, m'avait déjà permis de vérifier le talent de ces brisquards !
Je retrouve donc avec plaisir Thijs van Leer (71 ans, claviers, flute, chants depuis 1969), Pierre van der Linden (73 ans, batterie, percussion depuis 1971), Menno Gootjes (guitare, chœurs depuis 1998), et Udo Pannekeet (basse depuis 2016).
Ils ont choisi un programme se limitant aux débuts de leurs années 70 ; rien de très novateur donc. Mais c'est bien connu c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures. En fait, je me suis régalé encore davantage qu'en mars dernier ! Peut-être parce que j'étais ici très proche des musiciens et particulièrement de Udo (le bassiste) dont j'ai pu admirer la virtuosité. Gestes sobres (il n'est pas du genre à courir aux quatre coins de la scène) mais d'une redoutable perspicacité. J'ai apprécié également les accords de Menno, incisifs et exprimés avec une belle sensibilité. Il met en outre en valeur une fort jolie guitare, soit dit en passant ! Quant à Pierre (le batteur), il m'a inspiré le même sentiment qu'en mars ; certes il faut lui reconnaitre une bonne technique et une endurance étonnante mais bon, disons que son solo rituel de 5mn 20s gagnerait à être écourté…
L'observation de Thijs est de nature à inquiéter ; lorsqu'il bouge de son périmètre ses articulations semblent lui peser. Mais fort heureusement sa dextérité est intacte lorsqu'il s'exprime avec un instrument ; il est capable de jouer sur son orgue d'une main et assurer l’enchaînement avec une de ses flûtes traversières, ou avec son chant.
Ce pur moment de bonheur, passé trop vite, aura duré une heure dix. Il a été stoppé net par une coupure inopinée (?) de courant, mais sinon j'imagine que le papy serait bien resté sur scène quelque peu ! De toute façon le temps qui lui était imparti était écoulé. J'aurais aimé conserver davantage de vidéo de la prestation, et notamment un passage magnifique à la basse. Je n'ai, pour ma part, filmé que le dernier titre, mais les caméras présentes ont d'autres plans à dévoiler à mon humble avis.
PROGRAMME
House of the King (In and Out of Focus, 1970)
Eruption (Focus II, Moving Waves (1971))
Sylvia (Focus III, 1972)
Hocus Pocus (Focus II, Moving Waves (1971)).

17h15 - 18h30 : FLOWER KINGS, revisted. Roine Stolt a fondé Flower Kings en 1994. Il semblerait que ces derniers temps l'ambiance au sein du groupe ne soit pas des plus sereines puisque Roine a cru devoir tamiser l'éclat de sa fleur en ajoutant l'énigmatique mention "revisited", au nom du groupe qu'il a pourtant créé… Et pourtant, de Flower Kings nous retrouvons bien, outre Roine Stolt (guitare, chants depuis 1994), Hasse Fröberg (chants, guitares, depuis 1994), et Jonas Reingold (basse depuis 1999). J'ignore le motif de l'absence des deux autres, et je ne comprends pas dans quelle mesure cette absence pourrait être de nature à interdire à Roine d'user légitimement du nom. La batterie est tenue désormais par Mirkko de Maio, le clavier par Zach Kamins. Mystère, mystère, en tout état de cause, le programme est extrait du répertoire de Flower Kings et l'esprit me semblera parfaitement respecté.
Leur rock progressif m'a toujours paru un peu difficile d'accès. Un style plus proche de Yes voire de King Crimson par la complexité des harmonies, avec peu ou pas de mélodie émergeante. J'écoute donc parfois cette musique comme un mélomane curieux, avec davantage d'admiration respectueuse que de réel ravissement. Je mise cependant sur cette prestation scénique pour emporter mon adhésion.
Nonobstant ces états d'âmes, ce soir mon esprit est à la fête ; leur musique me touche bien au-delà de mes espérances. Ces soixante-quinze minutes de concerts sont une fois de plus passées bien trop vite ; il faut dire que les chansons durent en moyenne une quinzaine de minutes. Si les chants et guitares de Roine et Hasse contribuent largement à ma satisfaction, c'est, une fois de plus, le bassiste, Jonas Reingold qui a attiré tout particulièrement mon attention. Bien que positionné de l'autre côté de la scène (par rapport aux autres groupes), sa dextérité, la sensibilité des sons émis par sa magnifique Rickenbacker ont apporté un avantage notable à la prestation !
Je peux donc confirmer tout le bien que l'on m'avait rapporté sur ce groupe ; je tâcherai à l'avenir de ne plus manquer leurs concerts, … si tant est que leur aventure perdure !
PROGRAMME
Last Minute on Earth (The Rainmaker, 2001)
What If God Is Alone (Paradox Hotel, 2006)
There Is More to This World (Retropolis, 1996)
The Truth Will Set You Free (Unfold the Future, 2002)
Stardust We Are (Stardust We Are, 1997).

19h15-20h45 : PURE REASON REVOLUTION. C'est grâce à Blackfield (et donc sans doute à Steven Wilson) que je découvris sur la scène PPR du Café de la Danse le 27 février 2007, alors qu'il n'en finissait pas de promouvoir leur fabuleux opus "The Dark Third" paru en 2006. Immédiatement séduit par leur rock progressif à la fois puissant et aérien, j'ai eu de surcroit le plaisir de les revoir le 3 juillet 2007 à la Cigale, cette fois en invité de Porcupine Tree (toujours avec Steven Wilson, pour ceux qui n'ont pas tout suivi !).
Pure Reason Revolution (PRR) est un groupe britannique formé en 2003, à l’Université de Westminster. Jon Courtney (chant, guitares, claviers) et Chloë Alper (chant, basse, claviers) en sont toujours les piliers ; d'autres musiciens les ont successivement entourés. Beaucoup (dont moi) leur prédisait un bel avenir (même Rick Wakeman de Yes, parait-il !). Leur musique intégrait à la base un subtil équilibre de rock progressif et d’électro. Mais, après un audacieux virage nettement plus électro à partir de 2009 ("Amor Vincit Omnia" en 2009 puis "Hammer and Anvil" en 2010), le groupe semble ne pas avoir surmonté le désarroi des admirateurs de base. En novembre 2011, le groupe se sépare.
Mes précédentes approches avec la musique électro sont assez inégales ; j'écoute volontiers Kraftwerk ou Jean-Michel Jarre et j'apprécie les emprunts ponctuels dans le rock progressif, mais je ne me complais pas dans ce style, préférant le son des guitares ou des claviers traditionnels à celui des synthés-à-programmations et autres boites-à-rythmes. Je ne parviens pas encore à apprécier un concert d'Archive, par exemple. Mais avec PRR, cela me parait différent. Question d'équilibres, justement. C'est donc avec une énorme curiosité mêlée d'un zeste d'inquiétude que j'attends leur surprenante réapparition aujourd'hui …
Bâouuum, dès les premières séquences je sens le frisson m'envahir ; mes poils se dressent sur les avant-bras, c'est un signe qui ne me trompe jamais. Impossible de rester impassible à l'écoute de leurs rythmes irrésistiblement festifs ! On pourra toujours débattre sur la nature de leur musique : prog ou pas prog ? Très franchement, là comme ça, je m'en fous comme de mes premières chaussettes !! Cette musique est mélodiques, puissante, entraînante, bref : jouissive… Les voix douces de Chloë et de Jon entretiennent un saisissant contraste avec les frappes redoutablement efficaces du batteur, et les accords rageurs de Chloë à la basse. En bidouilleur de sons, Jon maîtrise parfaitement les mélodies et les ambiances.
Le public ne s'y trompe pas et on peut dire qu'une grande majorité termine le concert debout et en redemande par une ovation à faire pâlir tout le reste de l'affiche du jour !!! D'ailleurs, en me retournant je remarque la présence, dans le public, des membres de Jolly également sidérés et emportés par l'ambiance créée… Il est vrai qu'après un programme davantage progressif qu'électro (avec la reprise quasi intégrale The Dark Third ), PRR a choisi de clore sa prestation avec deux titres plus récents qui ne pouvaient que souffler sur les braises d'un auditoire conquis ! Pour le tout dernier titre ("Fight Fire"), Chloë s'est émancipée de sa basse et de son clavier, munie seulement de son micro, elle s'est totalement libérée en dansant, sautant comme une sauterelle … Il n'en fallait pas plus pour mettre le feu à l'arène !
Allons, un petit bémol pour ne pas paraître trop abusif, il me semble (une fois de plus) que l'usage des bandes-son est excessif ; il manque clairement un titulaire au clavier (qui était présent auparavant). D'ailleurs, il me semble qu'ils doivent en avoir conscience eux-mêmes, car j'ai décelé des moments de flottement notamment entre les titres, alors que les sons requis tardaient à se mettre en place. Des regards inquiets m'ont semblé trahir cette lacune.
La jolie Chloë semble émue et étonnée par l'ampleur de ce succès impressionnant, il est vrai. Alors qu'elle revient participer au démontage de la scène elle est tout simplement prise d'assaut par une nuée d'admirateurs, inutile de vous demander où j'étais… C'est à peine si le pauvre Jon fut toléré sur les clichés !!!
J'ignore si leur prochain opus annoncé me séduira, car je crains une persistance sur leur lancée électro, mais en tous cas ce soir j'ai pris un plaisir extraordinaire.

PROGRAMME
Aeropause (The Dark Third, 2006)
Goshen's Remains (The Dark Third, 2006)
Apprentice of the Universe (The Dark Third, 2006)
The Bright Ambassadors of Morning (The Dark Third, 2006)
Nimos & Tambos (The Dark Third, 2006)
Voices in Winter / In the Realms of the Divine (The Dark Third, 2006)
Bullitts Dominæ (The Dark Third, 2006)
Arrival / The Intention Craft (The Dark Third, 2006)
He Tried to Show Them Magic! / Ambassadors Return (The Dark Third, 2006)
RAPPEL :
The Twyncyn / Trembling Willows (The Dark Third, 2006)
Deus Ex Machina (Amor Vincit Omnia, 2009)
Fight Fire (Hammer and Anvil, 2010).

21h50 (au lieu de 30)-22h30 : IQ. Voilà un groupe rock neo-progressif britannique que je cherche à voir sur scène depuis trente-et-une années ; c'est-à-dire depuis qu'un ami bien inspiré m'offrit pour mon vingt-cinquième anniversaire "Nomzamo" qui, à défaut d'être un chef d'œuvre avait eu le mérite de retenir mon attention à une époque où j'écoutais des sons biens plus énervés ! Cependant, il m'a fallu attendre la fin des années 2000 pour réaliser pleinement mon manque coupable de constance dans le suivi de leur parcours. Il faut dire aussi à ma décharge, que ces messieurs ont pour fâcheuse habitude de contourner la France lors de leurs rares tournées, ce n'est finalement qu'aujourd'hui que je peux enfin mesurer leur talent sur une scène !
Fondé par Mike Holmes and Martin Orford en 1981, le groupe montre une réelle instabilité puisqu'autour de Mike Holmes (guitares depuis 1981), les musiciens sont parfois partis pour revenir, parfois non. Actuellement on retrouve cependant Tim Esau (basse de 1981 à 1989, puis depuis 2011), Peter Nicholls (chant de 1981 à 1985, puis depuis 1990), Paul Cook (batterie de 1982 à 2005, puis depuis 2009), Neil Durant (claviers depuis 2010).
Un nouvel opus est actuellement en cours d'enregistrement, le dernier opus "The Road of Bones" (2014) est une pure merveille.
Vous l'aurez compris, c'est dans une grande fébrilité que j'attends leur concert. Réceptif au moindre frisson, je guette le moment de m'envoler au septième ciel de cette nuit d'été, un peu comme lorsque je suis dans mon salon pour voyager hors du temps avec leurs chefs d'œuvres que sont "The Road of Bones" et "Frequency".
Mais, les premières séquences passent et un malaise m'envahit assez vite. Je ne vibre pas. C'est beau, c'est proprement fait. Mais il manque une émotion, un bonheur partagé. A l'image du chanteur, qui fait grise mine. Austère et pas vraiment charismatique il me donne en outre l'impression qu'il a mal digéré le succès du groupe précédent… Impression accentuée lorsqu'il a demandé au public de montrer davantage d'enthousiasme à l'annonce du titre "The Seventh House". Quant aux autres musiciens, c'est le bal des tourmentés, tous semblent accablés par leur destin, dans une bulle de malheur. Il est vrai que leur néo-prog est particulièrement mélancolique, mais bon … Seul Mike Holmes semble toujours aussi enthousiaste qu'à la fondation de son groupe…Scrupuleusement appliqués sur leurs instruments ils ne décrocheront que bien peu de sourires (je sais ce n'est pas un critère objectif d'évaluation musicale, mais dans le contexte, cela s'ajoute au reste). Quant aux échanges avec le public, seul Peter Nicholls évoquera à la fin du concert une hypothétique tournée promotionnelle (qui bien entendu évitera encore la France) pour le nouvel opus à venir. Il aura fallu un admirateur placé à mes côté pour lui rappeler accessoirement sa présence prévue à Loreley dans quelques semaines ; je ne serais pas étonné qu'il boude une fois de plus (comme pour le BeProg en 2015 !), …
Il n'est pas impossible que le choix des titres a influé sur mon impression, car je dois reconnaitre que sur les onze titres, je n'en connaissais que sept. Dans les quatre autres, il y eut un titre du futur opus qui ne m'a pas particulièrement enthousiasmé… Les chansons "The Road of Bones" et "Until the End" ainsi que le final "Frequency" furent en fait mes seuls moments de vif plaisir.
De surcroit, IQ daigne nous offrir un rappel "royal" de … un titre pour clore un concert qui n'aura pas duré les deux heures escomptées !
Bref, je ressors de ce voyage un peu déçu. Pas accablé, mais un peu déçu. En gros je pensais atteindre la stratosphère, mais je n'ai pas dépassé la troposphère. C'est déjà pas mal me direz-vous, mais j'ai l'impression ce soir d'avoir surestimé ce que je pouvais attendre de ce groupe. Il n'est pas judicieux, ni juste de comparer les artistes car ils ont chacun leur part de talent ; mais en tant que spectateur, je ne peux m'empêcher de me rappeler le bonheur que m'apportent les concerts d'autres néo-progueux tels que Marillion, Saga, Pendragon, Arena ou plus récemment Anubis. Je pressens une grosse claque dans quelques semaines avec The Windmill. Allons, soyons positif, et gageons que IQ sera en mesure de me séduire à Loreley, ce sera le 19 juillet prochain.

PROGRAMME
State of Mine (Subterranea, 1997)
Breathtaker (Subterranea, 1997)
From the Outside In (The Road of Bones, 2014)
The Seventh House (The Seventh House, 2000)
The Last Human Gateway (Middle Section) (Tales from the Lush Attic, 1983)
The Road of Bones (The Road of Bones, 2014)
A Missile (nouvel opus à venir, 2019)
Until the End (The Road of Bones, 2014)
The Wake (The Wake, 1985)
Further Away (Ever, 1993).
RAPPEL :
Frequency (Frequency, 2009).

dimanche 2 juin 2019

Roger HODGSON – Olympia – 02/06/2019

Sans doute à l'instar des autres mélomanes de ma génération, l'évocation de SUPERTRAMP me renvoie à la mémoire de douces sensations adolescentes, à la fois lumineuses et tourmentées. Je me revois à la campagne ou dans ma chambre, allongé sur mon lit, rêvassant à tout et à rien, emporté par ces mélodies entêtantes, inoubliables. A cette époque, je n'imaginais pas l'importance artistique de ces œuvres qui passaient à la radio entre un titre des Bee Gees et un autre d'Olivia Newton John. Le temps est passé, les paillettes sont tombées et seules les étoiles continuent de briller. SUPERTRAMP est l'une d'entre elles. Comme beaucoup d'autres étoiles, elle est hélas morte, mais continue à briller et à faire rêver les éternels adulescents dont je fais partie. Cette illusion est vaillamment entretenue par Roger Hodgson, l'âme historique du groupe défunt qu'il a quitté en 1983.
Il est permis, en tous cas je me permets, de déplorer ce départ qui fut justifié par le tourbillon d'un succès difficile à gérer à l'époque. A l'instar des admirateurs des Beatles, de Pink Floyd, d'ABBA et de bien d'autres groupes prometteurs, nous avons été condamnés aux regrets éternels et à une frustration jamais consolée. Dans nos rêves, nous espérions un Phœnix, alors qu'en réalité Supertramp était composé d'hommes ordinaires avec leurs forces mais aussi leurs faiblesses.
Mais ce soir, il s'agit davantage que d'une illusion, car le Roger revient à Paris qui l'accueille pour cinq dates (31 mai, 1er, 2, 3 et 4 juin) à l'Olympia, à guichets fermés. C'est donc en privilégiés que nous prenons places au troisième rang, juste en face du Monsieur pour assister à ce qui restera à n'en point douter un des moments forts de l'année. Car en effet, inutile de tourner autour du sujet, le Roger nous a ravi à tous points de vue.
D'abord parce qu'il a eu la judicieuse idée de s'accompagner de musiciens très talentueux afin de se rapprocher au mieux de l'univers de SUPERTRAMP : les californiens David J Carpenter (basse, chœurs), et Bryan Head (batterie), l'américain Michael Ghegan (saxophone, clarinette, flûtes, Harmonica, claviers, chœurs et percussions), et le canadien Ray Coburn (ex-Honeymoon Suite) (claviers, chœurs). Alors que Roger vient de fêter ses 69 ans ce 21 mars, son talent sa vigueur et son sens artistique me paraissent heureusement intacts. Sa voix continue à nous ravir les esprits, le poids des ans me semble n'altérer que très peu son timbre. Si peu que personnellement je n'ai rien perçu de fâcheux ; je n'évoque cette légère réserve qu'en écho à une conversation post-concert.
L'éclairage est lumineux, le son excellemment réglé, la scène relativement sobre est décorée de palmiers. Les musiciens ont leur espace respectif dont aucun ne sortira. Seul Roger alterne entre son piano et le micro placé au centre de la scène. Ray Coburn semble "remisé", au fond à gauche de la scène ; Roger le surveille dans ses rétroviseurs astucieusement vissés sur son propre clavier ! Cependant le soutien le plus remarqué est indéniablement Michael Ghegan, un artiste complet aussi à l'aise avec un saxo qu'avec le reste de ses nombreux instruments. Un pur régal à chacune de ses interventions.
Autre motif de réjouissance, la communication de Roger. Juste après le titre d'introduction, il s'adresse au public pour l'inviter à laisser les soucis du quotidien à l'extérieur et de se laisser bercer afin de ressortir de son concert avec le sourire. Il n'hésitera pas à réitérer ce souhait, signe de la bienveillance et de la sensibilité de cet honorable artiste.
Bref, le climat est parfait pour passer une soirée mémorable. Ce compositeur exceptionnel dispose d'un répertoire suffisamment étendu et méritoire pour satisfaire sans lasser. Toutefois, l'absence de certains titres serait une source de frustration ; l'artiste l'a bien compris.
PROGRAMME :
Nous aurons eu droit à 20 titres (au RAH en 2013 ce fut 22), choisis judicieusement dans son répertoire le plus populaire, sans pour autant favoriser "Breakfast in America" dont il était pourtant supposé commémorer le quarantième anniversaire ; nous nous contenterons donc de 5 titres. "Supertramp/Crisis? What Crisis?" (1975) aura été évoqué avec 3 titres, "Crime of the Century" (1974) : avec 3 titres, "Even in the Quietest Moments" (1977) avec 3 titres et "Famous Last Words", (1982) avec 2 titres. Par ailleurs, quatre titres de ses opus solo auront été disséminés ici est là, dont j'aurai particulièrement remarqué "Death and a Zoo".


Acte 1
Take the Long Way Home (Supertramp/Breakfast in America, 1979)
School (Supertramp/Crime of the Century, 1974)
Breakfast in America (Supertramp/Breakfast in America, 1979)
Easy Does It (Supertramp/Crisis? What Crisis? 1975)
Sister Moonshine (Supertramp/Crisis? What Crisis? 1975)
Lovers in the Wind (In the Eye of the Storm, 1984)
A Soapbox Opera (Supertramp/Crisis? What Crisis? 1975)
Along Came Mary (Open the Door, 2000)
Lord Is It Mine (Supertramp/Breakfast in America, 1979)
The Logical Song (Supertramp/Breakfast in America, 1979)
Acte 2
Child of Vision (Supertramp/Breakfast in America, 1979)
Death and a Zoo (Open the Door, 2000)
If everyone was listening (Supertramp/Crime of the Century, 1974)
Even in the Quietest Moments (Supertramp/ Even in the Quietest Moments, 1977)
Had a Dream (In the Eye of the Storm, 1984)
Don't Leave Me Now (Supertramp/ Famous Last Words, 1982)
Dreamer (Supertramp/Crime of the Century, 1974)
Fool's Overture (Supertramp/ Even in the Quietest Moments, 1977).

RAPPEL
Give a Little Bit (Supertramp/ Even in the Quietest Moments, 1977)
It's Raining Again (Supertramp/ Famous Last Words, 1982).

C'est sur cette chanson optimiste que l'artiste et ses complices nous quittent ; "Il n'y a que le temps qui guérit la peine, Et fait que le soleil se relève de nouveau" …Moui, c'est une forme d'obstination positive à laquelle on peut faire mine de croire, au moins tant qu'on est ici et ensemble…
Les discussions entre auditeurs ravis vont bon train. Les minutes s'égrainent tant et si bien que nous restons une quinzaine, à attendre Roger à la sortie des artistes, tard dans la nuit, au risque de manquer le dernier métro. Les autres musiciens sortent les uns après les autres ; David J Carpenter est particulièrement disponible. Roger finit par sortir à son tour, visiblement fatigué et pressé de partir, mais souriant. Avec un flegme tout britannique il refuse les autographes, mais consent à poser pour quelques portraits en compagnie de ses admirateurs les plus tenaces ... dont moi et ma p'tite Fée, très émus. Au bout de quelques minutes, nous le laissons s'éloigner dans la nuit parisienne, même si on a envie de lui chanter "Don't leave me now, All alone in this crazy world, When I'm old and cold and grey and time is gone" (Ne me laisse pas maintenant, Tout seul dans ce monde fou, Quand je suis vieux, froid et gris et que le temps s'est enfui).





jeudi 16 mai 2019

ARCHIVE – La Seine musicale – 16/05/2019


Un des motifs de mon déplacement était de découvrir cette salle de concerts que je n'avais pas encore hanté depuis son ouverture au public en avril 2017.
Située sur la pointe aval de l'île-Seguin, ancien site des usines Renault, la Seine musicale est constitué de plusieurs bâtiments dont l'aspect est sensé faire penser à un vaisseau. Parmi ces structures se trouve le grand auditorium qui peut contenir 6 200 mélomanes en configuration fosse (debout) /balcon (assis). C'était manifestement le cas et le spectacle était à guichet fermé depuis belle lurette.
L'autre motif de ma présence sur ce lieu, il est bien entendu musical. Malgré les incitations d'un entourage insistant, le précédent concert d'ARCHIVE (le 30 octobre 2015 au Zénith de Paris, pour la tournée "Restriction") ne m'avait pas emballé. Des amis incrédules m'avaient alors soupçonné d'avoir eu un coup de fatigue, d'avoir eu l'esprit ailleurs ou encore d'avoir été victime d'un mauvais alignement des planètes. Considérant qu'il pouvait y avoir un peu de tout cela, j'ai fini par accepter d'accompagner ma p'tite Fée qui, elle, raffole de cette musique. J'ai pourtant attendu la dernière minute pour acquérir le ticket d'entrée. Réputé complet, je me rendis aux abords sans garantie de pouvoir entrer. Opportunément, un couple se trouvait désemparé par la défection d'un ami ; je les ai donc soulagés en rachetant le ticket pour 50€ (au lieu de 53). Je me disais alors vaguement qu'il s'agissait d'un signe du destin, qui me donnait une seconde chance de trouver la porte de cet univers resté partiellement mystérieux à mes oreilles.
La chance continuait à me sourire une fois dans l'enclos ; nous pûmes nous placer au centre, au quatrième rang du bord de scène ! Fidèle à sa chance légendaire, ma p'tite Fée a ainsi trouvé deux géants (bien plus grands que moi !) qui ont bien voulu se positionner juste devant elle. C'est avec un bonheur sans partage qu'elle oscillera toute la soirée pour capter le spectacle visuel. Mais fort heureusement il lui reste encore ses oreilles pour écouter, à défaut de ses yeux pour voir !...
Peu avant 20h, une bande-son commence à placer le public dans une atmosphère électro.
Lorsque les lumières s'éteignent enfin, les neuf musiciens, dont les deux chanteuses, me laissent croire à une magie naissante. La perfection de l'acoustique de ce magnifique auditorium permet de savourer un son d'une puissance terrible et d'une clarté limpide. Un pur régal pour les admirateurs du genre ; cette sensation ne s'estompera pas de la soirée.
Le premier titre, "You Make Me Feel" me transporte immédiatement et semble alors m'inviter à une totale conversion. Serais-je enfin séduit par ces troublants personnages qui ne semblent guère apprécier le feu des projecteurs ? L'éclairage est constitué de jeux denses de lumières très colorées mais maintenant paradoxalement une relative obscurité. L'absence d'écran accentue l'impression d'enfermement dans un lieu sombre.

Mais les admirateurs n'en ont cure et sont tous là pour se remuer et faire la fête avec le groupe qui commémore ses vingt-cinq ans. Il fut en effet fondé en 1994 par Darius Keeler (claviers) et Danny Griffiths (claviers, effets sonores, échantillonnages). Autour de ce duo, se sont greffés Dave Pen (guitare, chant depuis 2004), Pollard Berrier (chant, guitare depuis 2005), Steve Barnard (batterie depuis 2001), Jonathan Noyce (guitare basse depuis 2007), Mike Hurcombe (guitare depuis 2014), Maria Q (chant, chœurs depuis 2001) et Holly Martin (chant depuis 2015).
Leur douzième album "The False Foundation", paru en 2016, ne m'a pas semblé renversant, loin de là. D'autres opus, comme "Lights" (2006), "Controlling Crowds" (2009) ou "Axiom" (2014) m'avaient au moins partiellement ému. Toutefois, leur mélange de rock électronique, de trip hop, de post-rock et d'un zeste de rock progressif (il faut le chercher, celui-là !) n'est pas parvenu à me séduire au point d'acquérir tout ou partie de leur discographie. Je possède "Lights" mais il ne sort pas souvent de son emplacement …
Cependant, alors que les minutes passent, je me surprends peu à peu à ressentir les mêmes impressions que lors du concert de 2015. Loin des musiques complexes que j'admire tant dans mes écoutes favorites, je trouve que celle-ci n'offre que trop de lignes mélodiques linéaires, répétitives et sans ruptures. ARCHIVE me semble entretenir sa séduction musicale en invitant l'auditeur dans une transe presque tribale, rythmée par une frappe binaire et vite lassante pour l'oreille réticente… Les deux guitaristes se partagent les chants masculins avec justesse mais un timbre qui me parait faible et une tessiture relativement limitée. Un troisième guitariste demeure physiquement en retrait au côté de la batterie et pourtant il parvient parfois à faire ressortir quelques rares accords bien placés. Quant au bassiste, lui aussi dans l'ombre et en retrait de l'autre côté de la batterie, il m'a paru carrément transparent, noyé sous les notes de substitution venant des deux synthétiseurs. Il faut dire que les deux chefs d'orchestres se font face chacun d'un côté de la scène, dotés de claviers, de séquenceurs ou d'autres divers outils de bidouillages avec lesquels ils rivalisent pour créer des atmosphères plus ou moins planantes ou des sons improbables.
De surcroît, je décèle peu (voire pas) de charisme dans ces musiciens austères et taciturnes. Je veux bien admettre leur droit à se taire, à ne s'exprimer qu'au travers de leur art ; j'ai trop souffert d'artistes bavards à l'excès ! Mais quand même, une touche d'humanité dans leur monde lugubre et électro serait la bienvenue… J'ai noté qu'il aura fallu une heure et demie pour que Dave daigne s'adresser au public ! Et encore ce fut juste pour présenter des invités sur un titre !!...
Tout cela crée le plus souvent une ambiance de boite de nuit. On peut aimer. Le public en pleine ébullition aime, se tortille, sautille et sourit. Pas moi. Heureusement que la sonorisation fut parfaite, les pupitres équilibrés me permirent de distinguer quelques séquences divines. Notamment lorsque le bûcheron suspend ses frappes mécaniques pour laisser chanter les filles, dont les voix donnèrent un peu de fraîcheur à ce programme.




Leur quart de siècle est cependant dignement représenté avec des titres attendus.
PROGRAMME
ACTE 1 (20h-21h55) :
You Make Me Feel (Take My Head, 1999)
Fuck U (Noise, 2004)
Pills (Controlling Crowds Part IV, 2009)
Bullets (Controlling Crowds, 2009)
Kings of Speed (Controlling Crowds, 2009)
Noise (Noise, 2004)
Kid Corner (Restriction, 2015)
Violently (With Us Until You’re Dead, 2012)
System (Lights, 2006)
Wiped Out (With Us Until You’re Dead, 2012) (version longue)
Shiver (Axiom, 2014)
Collapse/Collide (Controlling Crowds, 2009)
Splinters (The False Foundation, 2016)
Remains of Nothing (2019) (avec Russell Marsden et Emma Richardson Band of Skulls)
End of Our Days (Restriction, 2015)
The Empty Bottle (Controlling Crowds, Part IV, 2009) (version courte avec Mike -?- à la guitare)
Dangervisit (Controlling Crowds, 2009)

ACTE 2 (22h15-23h35) :
Lights (Lights, 2006)
Nothing Else (Londinium, 1996)
Erase (2016)
Finding It So Hard (You All Look the Same to Me, 2002)
The Hell Scared Out of Me (2019)
Controlling Crowds (Controlling Crowds, 2009)
Numb (You All Look the Same to Me, 2002) (avec Russell Marsden et Emma Richardson Band of Skulls).

RAPPEL :
Again (You All Look the Same to Me, 2002) (avec Mike Peters à l'Harmonica).


La soirée s'est ainsi déroulée en deux actes. Je n'ai pas su tenir longtemps dans les premiers rangs après le début du second, une terrible soif obsessionnelle s'en est pris affreusement à ma gorge. Il fallait que je me désaltère coûte que coûte. J'ai ainsi pu vérifier la densité de la foule derrière nous ! Il m'aura fallu beaucoup d'efforts pour atteindre enfin le bar, sous des regards incrédules, agacés ou méprisants ! D'habitude plutôt auditeur bienveillant, je me surprends à rester sceptique, sur le banc d'une gare pour voir passer un train de bonheurs ... Malaise.
En me retournant ensuite, même avec ma tisane bien fraîche à la main je ne suis pas parvenu à trouver la fameuse Porte, celle qui a permis au reste de l'auditoire d'accéder au Paradis. Même durant le très bon titre "Again" qui m'a laissé aussi froid que mon verre. Mais à ce niveau de déception il m'était difficile de refaire surface.

dimanche 12 mai 2019

METALLICA /GHOST /BOKASSA – Stade de France – 12/05/2019



Lorsqu'un de mes groupes favoris annonce son concert au Stade de France, j'hésite toujours à engager ma participation. Comment ignorer l'événement, au prétexte de la démesure du lieu, sans risquer la frustration des émotions que peuvent procurer ces grand-messes qui s'y déroulent en présence de plus de  quatre-vingt mille adeptes ? Sempiternel dilemme.
Car je n'ai pas de réel préjugé définitif sur la question. Si je conserve une petite préférence pour les auditoriums de taille modeste, en revanche j'apprécie aussi les vastes sites qui ont au moins l'avantage de me rassurer sur l'état de notre microcosme de valeureux mélomanes français ! J'aime ressentir cette vaste communion d'un public atypique, uni dans une même transe !
Indépendamment de l'aspect strictement festif (quelques pompes à bières et quelques latrines suffisent à mon bonheur), ce qui m'inquiète le plus, en tant que mélomane (relativement) exigeant, c'est la qualité acoustique du site accueillant le concert. En réalité, même si un stade (ou un site extérieur de festival) ne vaudra jamais un véritable auditorium, le confort acoustique dépend du placement mais aussi de la perspicacité de l'ingénieur du son. Et finalement, cette exigence de placement et d'expertise de la console me parait également applicable pour les salles.
Dans les gradins de ce stade, j'ai parfois été frustré, mais pas systématiquement. Pour assister au concert des Mets en 2012, j'avais bénéficié d'une très bonne acoustique en étant assis en gradin, face à la scène (donc tout au fond de l'incurvation). En revanche, pour d'autres concerts, sur les côtés j'ai souvent subi soit des réverbérations excessives, soit l'excès de basse/batterie, avec de surcroit un décalage entre le son et l'image sensée être diffusée en direct sur les écrans. (Argh !)
Selon le même principe, en fosse il vaut mieux être dans le secteur prolongeant la console centrale, soit devant elle soit derrière, mais dans son axe.
Ce soir, j'ai mené ma p'tite Fée et mon fils en pelouse "carré-or", placés entre la console et la scène, pour savourer un son puissant mais parfaitement audible ! A condition de mesurer au moins 1,80 mètres, cet emplacement s'est bel et bien avéré idéal et ce, pour les trois concerts.
En contrepartie, il a fallu me montrer vif et vigoureux pour nous maintenir dans la horde chahuteuse, qui s'est manifestée surtout au début du concert des Mets… Je me demande pendant combien d'années je vais pouvoir tenir dans ce genre de fosse … Lors des premières séquences du concert des Mets, j'ai laissé mon fils surexcité filer vers l'avant, pendant que je tentais de protéger ma p'tite Fée dans un joyeux chaos ! Toutefois, passé l'orage introductif, nous avons pu rester bien placés (pour ma taille) jusqu'au rappel. Afin de permettre à ma p'tite Fée de voir un peu la scène, nous nous sommes retirés sur le côté droit, pour bénéficier d'un point de vue davantage acceptable pour elle, mais d'une acoustique détériorée : trop de basse/batterie. Mais pas de quoi gâcher mon plaisir cependant ; il suffisait de revêtir les protections auditives ! 
Tous ces efforts sont assumés, car METALLICA et moi, c'est une longue histoire. Il m'est juste impossible de manquer leur unique passage de l'année en France. Les deux motifs principaux sont purement subjectifs :
  • Je suis natif de mars 1963, ils sont donc de ma génération : Lars Ulrich (batterie, percussion, depuis 1981) est né en décembre 1963, James Hetfield (chant, guitare rythmique depuis 1981), est né en aout 1963, Kirk Hammett (guitare, depuis 1983) est né en novembre 1962 et Robert Trujillo (basse, chœur, depuis 2003) est né en octobre 1964.
  • Leur opus "Kill'em All !" est paru le 25 juillet 1983 … Leur musique pulvérisait les styles connus ; les headbangers (en gros, les admirateurs de Motörhead) ont immédiatement accroché à ce nouveau concept dont on pressentait déjà l'avènement avec des groupes comme Anvil. Je fis donc partie de ceux qui ont mis les doigts dans la prise, mais timidement à l'époque. Il y a trente-cinq années, c'était le 9 février 1984 à l'Espace Balard (Paris 15ème), aujourd'hui disparu, METALLICA assurait la promotion de "Kill'em All", en invité de Venom. Certains commentateurs leur attribuaient une étiquette "trash", terme que je n'ai jamais trop validé en ce qui me concerne ; pour moi c'est avant tout du heavy metal et d'ailleurs la suite de leur carrière me donnera raison. Ce soir-là, en dépit d'une acoustique douloureuse, la décharge électrique fut fatale ; je ne m'en suis jamais réellement remis. Les neurones cramés, nous étions sortis de ce concert avec la quasi-certitude que ces mecs iraient loin. En tous cas plus loin que Venom car les Mets leur avait volé la vedette, en ce qui me concerne au moins ! De tournées en festivals, leurs prestations parfois hors de France (Angleterre, Belgique) ont entretenu ma passion. C'est ainsi, toujours insatiable, que je me rends pour la 18ème fois à leur concert. SEMPER FIDELIS !
En outre, ce sera l'occasion pour mon fils de découvrir ce groupe légendaire ! J'ai découvert les Mets alors que j'étais à peine plus âgé que lui. Et puis, cette date du 12mai est symbolique pour mon couple ; nous avions assisté au même concert il y a sept années sans nous rencontrer (…). Et enfin, retrouver des potes autour d'une mousse, ça fait toujours plaisir !
Voilà pour le contexte. De l'émotion, de la passion, de la convivialité … quoi demander d'autre !
J'ajoute que nous avons une chance inouïe avec la météo ; hier encore il pleuvait des hallebardes, alors qu'aujourd'hui c'est légèrement nuageux mais le soleil prédomine avec un petit vent frais. Juste excellent pour moi ; je n'apprécie que très modérément les grosses chaleurs !
La file d'attente se résorbe relativement rapidement. Nous ne tardons pas à nous faufiler afin de garantir une place la moins pénalisante possible ; je me rappelle avec envie de la poudre magique utilisée pour réduire les têtes, dans Beetljuice. Mais là je m'égare, j'en conviens…

BOKASSA (18h15-18h40)
Trio norvégien fondé en 1994, mais dont j'ignorais l'existence, il est composé de Olav Dowkes (à la batterie), Jorn Kaarstad (au micro et la guitare) et Bard Linga (à la basse). Leur prestation promeut "Crimson Riders" paru récemment et propose un stoner plutôt efficace. Intéressante première partie, bien que je soupçonne une plus grande force de conviction dans un club ou en tous cas une petite salle. Je doute de conserver un souvenir impérissable de leur prestation mais je leur souhaite volontiers un succès que semble leur promettre une part du public bienveillant …

Programme : (à déterminer)

GHOST (19h15-20hxx).
Je me souviens qu'à l'origine je ne voulais pas entendre parler de ce groupe suédois qui sévit sournoisement depuis 2008. Son image, son univers ne m'intéressait pas, jusqu'à cette nuit fatidique du 10 juin 2016 où, par le bienfait (?) d'un festival, je fus heureusement tenté de rester pour les écouter. Pauvre de moi, pauvre de nous, le maléfice fatal a opéré sur mon frêle esprit ; j'ai succombé aux charmes envoutants de ces rythmes et de ces mélodies redoutablement efficaces. Je dois bien le confesser ; adepte asservi, voilà maintenant six fois que j'assiste à une messe de Ghost.
Une sonorisation impeccable et implacable a contribué à secouer les nuques, chauffant ainsi les muscles avant une soirée qui s'annonçait agitée. L'éclairage fut marginal, la nuit n'était pas encore tombée. Le décor était minimaliste mais astucieusement construit ; une sorte de portail en vitrail en guise de fond de scène. La largeur de la scène est très vaste et permet aux musiciens de bouger beaucoup.
Ce soir, sur un programme de douze titres, cinq sont tirés de leur quatrième opus, "Prequelle" qui est paru le 1er juin 2018. Etonnamment, ces chansons que je trouvais un peu trop pop passent très bien sur scène. En particulier "Miasma" titre instrumental au cours duquel la séquence au saxo laisse rêveur quant à un éventuel usage accru à l'avenir …
Pour le reste, c'est une succession de titres incontournables qui régalent le public dont une partie semble découvrir ces mécréants.


Programme :
Ashes (Prequelle, 2018)
Rats (Prequelle, 2018)
Absolution (Meliora, 2015)
Ritual (Opus Eponymous, 2010)
From the Pinnacle to the Pit (Meliora, 2018)
Faith (Prequelle, 2018)
Cirice (Meliora, 2015)
Miasma (Prequelle, 2018)
Year Zero (Infestissumam, 2013)
Mummy Dust (Meliora, 2015)
Dance Macabre (Prequelle, 2018)
Square Hammer (Popestar, 2016).


Objectivement, les rythmes me paraissent assez binaires, les soli plutôt courts, le chant d'une tessiture limitée et le timbre banal … Alors, par quel sortilège cette musique m'attire à ce point ? Il n'y a pas d'explication rationnelle ; le monsieur a juste un don de communication, un sens de la mélodie que beaucoup d'autres suédois cultivent (ABBA, A.C.T., Opeth, Pain of Salvation, Therion, Tiamat, …).
Honnêtement, je craignais que cette prestation se passe mal face à un public impatient et exigent, mais fort heureusement, GHOST a recueilli une ovation méritée.

METALLICA (21h-23h15).
L'extrait audio-vidéo du film culte de Sergio Leone produit toujours le même effet dans le public dont le chant fait vibrer les cœurs à l'unisson ! La surexcitation est (presque) à son comble, entre le recueillement pour un hymne et l'impatience d'en découdre…Normalement, le déchainement devrait intervenir à ce moment-là mais depuis peu les Mets ont pris l'habitude placer une autre bande-son reprenant le thème du premier titre… Personnellement, je trouve cela fâcheux, brisant une certaine spontanéité. Mais il s'agit heureusement d'un bref passage à vide et lorsque les musiciens prennent leur place respective et font exploser les décibels, c'est le chaos total dans la fosse ! Les diables sont dans le bénitier et les anges (comme moi bien sûr) font ce qu'ils peuvent pour rester connectés !
Très vite l'excellence de la qualité du son rassure l'auditoire ; pas besoin de protection auditive, c'est audible et puissant sans excès. L'éclairage est particulièrement lumineux. Sur le plan visuel, l'écran central est impressionnant par sa taille et la qualité de son image, en revanche les deux écrans latéraux me paraissent diffuser une image de moindre qualité. Mais, cela m'est égal de mon point de vue, car je me contente de l'écran central et de ce qui se passe en dessous.
Toutefois, la scène est extraordinairement large, et dessine une mini-arène au centre de laquelle quelques privilégiés béats se tiennent ainsi aux premières loges. Cette configuration permet aux musiciens de satisfaire la curiosité d'un plus grand nombre d'admirateurs !
Cette tournée prétend promouvoir le double album "Hardwired… to Self-Destruct" paru le 18 novembre 2016, mais seuls quatre titres en sont tirés, contre cinq par exemple pour le black album ... Je trouve cela dommage car ce double opus regorge de bien d'autres pépites à exploiter. Des titres d'anthologie en empêchent d'autres mais il en va ainsi pour la plupart des concerts de grands groupes ! Mais bon je ne vais pas faire la fine bouche car durant plus de deux heures et quart, les Mets vont nous faire voyager sur plus de trois décennies.

Le choix des titres m'a paru intelligent, alternant le vif et le plus calme, permettant aux musiciens ainsi qu'au public de souffler un peu …enfin, toutes proportions gardées, hein ! 
Fait notable dans la programmation, dans chaque ville/pays visitée, ils ont prévu de rendre hommage à un artiste local. Robert Trujillo chante, accompagné de Kirk. A Barcelone ce fut "El muerto vivo" de Peret (c'ki ?). En France, c'est "Ma gueule" de Johnny. Après un instant de stupéfaction, c'est un impressionnant chœur qui s'est fait entendre dans le stade ! Ce petit clin d'œil me semble très sympa, et d'ailleurs la réaction du public atteste d'une approbation générale.
Notons l'interprétation convaincante de "Frantic" issu d'un album décevant (St Anger) que je verrai bien remixé, mais cela n'engage que moi …
En tant que sélectionneur virtuel, j'ai particulièrement apprécié "For Whom the Bell Tolls" dont mon grand intérêt semble unanimement partagé, mais j'aurais volontiers entendu des titres comme "Wiplash" ou "Metal Milicia", au lieu d'un "Seek & Destroy" peut-être un peu trop rabâché. Bah on peut toujours espérer pour une prochaine fois.

PROGRAMME :
Intro audio/video "The Ecstasy of Gold" (Ennio Morricone), puis bande-son intro sur le thème de Hardwired

Hardwired (Hardwired… to Self Destruct, 2016)
The Memory Remains (Reload, 1996)
Ride the Lightning (Ride the Lightning, 1984)
The God that Failed (black album, 1991)
The Unforgiven (black album, 1991)
Here Comes Revenge (Hardwired… to Self Destruct, 2016)
Moth Into Flame (Hardwired… to Self Destruct, 2016)
Sad but True (black album, 1991)
Welcome Home (Sanitarium) (Master of Puppets, 1986)
Ma gueule de Johnny (Rob au chant et basse, accompagné de Kirk à la guitare)
Frantic (St. Anger, 2003)
One (…and Justice for All, 1988)
Master of Puppets (Master of Puppets, 1986)
For Whom the Bell Tolls (Ride the Lightning, 1984)
Creeping Death (Ride the Lightning, 1984)
Seek & Destroy (Kill’em All, 1983).

Rappel
Spit Out the Bone (Hardwired… to Self Destruct, 2016)
Nothing Else Matters (black album, 1991)
Enter Sandman (black album, 1991).




Les quatre cavaliers se sont montrés convaincants et maitrisant parfaitement l'interprétation de leur répertoire pour le plus grand bonheur des puristes ! Enormissime !!
Le retour pour le rappel fut une apothéose avec les accords rageurs de "Spit Out the Bone", un des titres que j'attendais beaucoup ! Puis, suivent deux titres qui les ont rendus populaires pour clore le spectacle qui se conclue sur un p'tit feu d'artifices.
Les Mets cherchent manifestement à entretenir une belle relation avec leur public ; chacun des membres prend soin de venir nous remercier au micro avec quelques mots sympathiques. Lars, toujours aussi mal inspiré, lance des propos qui me semblent décalés. Ce soir ne fait pas exception, il semble s'adresser à un public qui découvre Metallica ; j'aimerais pouvoir lui signaler que je suis encore là après toutes ces années, de surcroît avec mon fils dont l'enthousiasme semble garantir la relève. 
Enfin, un diaporama de photos et films pris dans la journée, montre l'engouement de leurs admirateurs dans le stade et ses environs. Le tout finalement surchargé d'un énorme THANK YOU. Cette reconnaissance est de nature à rassurer un peu, quand même, à l'aune de leur choix managérial qui me semble les couper un peu trop de leur public, à mon gout. Prix de tickets échelonnés pour les approcher, loges VIP, marchandises tous azimuts. D'autres le font, je sais, même en pire. Mais c'est laid. En même temps, ils ont bien raison d'assurer leur retraite, hein… VIVE METALLICA !