La Pandémie prive les mélomanes de
concert depuis … trop longtemps. Personnellement, si le calendrier perpétuel
avait été suspendu le 8 mars 2020 après le concert d'Anathema au Trianon, en revanche j'ai ponctué la période de privation
par le concert (très agité) de Pogo Car
Crash Control le 16 septembre 2020 au Trabendo. Moins d'un an s'est donc
écoulé avant de retrouver une salle de concert. Certes, ce n'est pas un retour
à la norme ; les spectateurs sont assis et masqués. Pour vivre un concert de
metal alternatif cela s'annonce donc relativement frustrant…
Mais le mangeur de notes a faim. Et
puis, revoir le bassiste Philippe Bussonnet dit "Bubu", en outre entouré
de nouveaux complices sur la scène du Triton, cela ne se refuse pas.
Bubu m'a toujours séduit par son jeu
hypnotique, au sein de formations aux univers musicaux divers et variés tels
que Magma, de Guillaume Perret, ou de Wax'in.
Plus proche du jazz que du rock. Cette fois, il s'est entouré de nouveaux
partenaires pour exprimer son talent au sein de WELCOME –X, dans un registre davantage metal, quoique suffisamment
atypique pour ne pouvoir subir un quelconque étiquetage définitif.
Le Triton est un site indépendant et légendaire
situé dans le 9-3 où se produisent des artistes le plus souvent marginaux, qui
proposent des atmosphères musicales atypiques et improvisées. La structure
s'est dotée en outre d'un restaurant dans un cadre sympathique qui nous ferait
presque oublier que nous sommes au cœur de l'Ile-de-France. Nous précédons donc
les festivités d'un repas servi avec sourires et convivialité pour un tarif
raisonnable. Une bière artisanale normande s'ajoute à la sensation de bonheur.
Quatre amis heureux de se retrouver après tant de mois de privations autour
d'une bonne table, entourés de mélomanes passionnés. Et de surcroit mon fils me
fait la surprise de se joindre à nous ! Quoi d'autre ? The Best is yet
to come, dirait Klaus.
LE CONCERT [20h40-22h25].
L'affiche ne présente pas d'invité. Fidèle à son habitude, le patron du lieu présente
la soirée et souligne son attachement aux artistes qu'il aime recevoir et
soutenir.
Depuis fin 2017, alors qu'il était encore
au sein de Magma depuis 1996, Bubu a monté ce projet qui mijotait déjà depuis
un certain temps. Il a écrit les musiques puis Sam Kün (ex chanteur du groupe
rock Flesh & Dust) a brodé ses textes. Cette alchimie a produit une musique
metal alternatif qui pourrait être comparée, selon les sensibilités de
l'auditeur, à Black Sabbath, Soundgarden, Rage Against The Machine, Tool ou plus
récemment Klone.
Aujourd'hui on trouve sur la scène Sam
Kün (chants), Philippe Bussonnet (basse), Thomas Cœuriot (guitare), Joe Champ (guitare) et Julien Charlet (batterie).
Son premier album, éponyme, est paru
le 1er décembre 2018 et avait déjà été réalisé au Triton (Paris) Leur
second opus, sobrement intitulé "volume
2", vient de paraitre ce 25 juin 2021.
Le concert se déroule en salle 1. Elle offre une bonne acoustique. C'est d'ailleurs
dans ces locaux que sont enregistrés des albums. Mais ce soir, le mixage du
micro m'a semblé parfois défaillant. La voix devenait quasi inaudible sur les
parties calmes. En revanche, les autres pupitres ont pu s'exprimer clairement.
L'affluence est satisfaisante pour cet
auditorium modeste, qui peut accueillir 180 auditeurs. Avec mes quatre autres amis auditeurs, nous sommes sagement
assis au premier rang, ce qui compte tenu des conditions fut une position
idéale, notamment pour prendre quelques photos.
Pas d'artifice particulier, ni fond de
scène, ni d'écran, qui de toute façon, auraient eu du mal à tenir sur cette
petite scène. Un éclairage correct soutenu sur la scène par des tubes lumineux multicolores.
Le quintet n'a pas de mal à trouver ses marques, seul le chanteur s'aventure
hors de son cercle.
Etant dans une phase découverte (en
dépit d'écoutes préalables), j'ai cependant apprécié cette alternance d'ambiances
parfois planantes, lentes ou atmosphériques, parfois chaloupées, parfois
agressives. Même si je suis davantage sensible aux voix claires, les passages
plus rugueux m'ont semblé adaptés aux humeurs instrumentales. Bubu est hors
concours, heureux visiblement d'être là, aussi à l'aise (davantage ?) qu'avec
ses anciens prestigieux partenaires. Les deux guitaristes sont complémentaires,
l'un assurant davantage les soli et l'autre la rythmique, mais toujours dans
une dialogue constructif.
Impression très favorable dans
l'ensemble, donc. Mon enthousiasme aurait été complet si les titres
comprenaient davantage de mélodies entrainantes, évitant de se complaire dans un
univers expérimental, car l'énergie m'a semblé souvent trop contenue. Cela
étant, honnêtement, dans le cas contraire j'aurais eu du mal à tenir sur ma
chaise ! En l'occurrence, j'ai eu bien du mal à tenir assis ; les pieds et les
nuques n'ont cessé de battre le rythme toute la soirée ! Le seul temps faible
de la soirée, à mon sens, fut peut-être ce titre prétendument évocateur du
Japon, mais bon c'est un détail…
Le public est satisfait et le fait
savoir dans la bonne humeur. Un rappel est obtenu.
Le dernier titre confirme l'impression
générale de ce concert. Tout cela nous a donné soif, nous retournons donc bar
terminer la soirée. Toujours ca de pris avant un prochain concert très
hypothétique à ce stade de la pandémie …
WITH FRIENDS AT OUR MARILLION-WEEK-END,
LA CELLE (Allier), du 19 au 21/03/2021.
Cette satanée pandémie a réduit à néant les espoirs nourris depuis le dernier jour de la 7ème Convention qui en appelait
évidemment une 8ème, en 2021. Mais il en faudrait désormais
davantage pour anéantir totalement la volonté de réunir des admirateurs de
Marillion. Deux fées bienfaitrices, et honorables protectrices des Béliers, ont
organisé, avec une volonté admirable, une Réunion digne des autres, toute
proportion gardée bien sûr mais avec un objectif similaire ; le bonheur de
partager notre passion et nos émotions, dans un cadre atypique. Fêter les
anniversaires de trois Béliers, était aussi un bon prétexte !
Les 3 Beliers
En préambule, je me permets de plagier l'introduction de mon
récit de la Convention 2019 qui débutait ainsi : "La lecture de mon récit peut ne pas séduire
celui qui n'aura pas vécu l'événement et pas davantage celui qui l'aura vécu.
Dans le premier cas, je n'aurai probablement pas su exprimer toutes les
émotions que j'ai ressenties pendant ces quatre jours. Dans le second cas, je
n'aurai sans doute pas su faire la synthèse de toutes les impressions
ressenties par mes colocataires, (…)"
Lorsque ma p'tite Fée m'a prévenu qu'elle souhaitait marquer
mon anniversaire en m'emmenant en villégiature cette fin de semaine, je n'osais
donc pas imaginer autre chose qu'une promenade entre amoureux. Le confinement
décidé par les Autorités a bien failli tout faire capoter et j'imagine aisément
le stress des organisatrices et de leurs complices !
Invité à ne pas me mêler de ce qu'elle tramait, ce n'est
qu'en embarquant dans la voiture que j'ai su que nous allions rouler trois
heures et quart (350 km), afin de passer ce séjour tranquille en tête à tête,
histoire de se ressourcer. Au fil du parcours, et davantage encore en arrivant
dans le bled, je grommelais intérieurement contre un si long trajet qui me
semblait logiquement injustifié. Toutefois, quelques gestes inhabituels de ma
Fée trahissaient un complot ourdi avec je ne sais quel complicité. Je me
refusais pourtant à imaginer tout scenario de peur de me fabriquer le genre de
film imbécile trop courant dans ma cervelle de gros malade. Alors, puisqu'elle
cache nerveusement l'écran de ses discussions sur le portable pendant que je me
concentre sur la route, c'est qu'elle a un amant. Forcément, cela devait
arriver. Je me dis qu'elle aurait pu attendre un autre jour que celui de mon
anniversaire pour me faire ce coup-là, mais ce doit être mon destin… Le trajet
nous élève toujours davantage dans la campagne auvergnate jusqu'à 550 mètre
d'altitude, dans une température glaciale (+2°C), vers une destination
improbable et contrariée par des tracteurs fidèles au rendez-vous pour
m'emmerder (c'est ma spécialité !).
Bref, comme dans un film de comédie romantique, c'est une
vision incroyablement émouvante qui apparait au-delà du pare-brise lorsque
j'engage ma voiture dans les derniers mètres qui me séparent du gîte rural
auvergnat que l'Equipe a loué pour ces prochains jours.
Je découvre d'abord quatre voitures garées devant le site ;
mon esprit s'égare dans une avalanche de questions embarrassées. Quoi, ce gite
est donc partagé ??! Puis, incrédule je distingue mes sept amis qui m'attendent
avec le sourire de comploteurs ayant réussi leur coup !!! Depuis la Suisse
(Valérie et Pascal), depuis l'Aveyron (Isabelle, Jean-Luc et Philippe), ou la
Picardie (Véronique et Xavier) ; tous ont convergé ici pour cette réunion de
cinq Mari-lions et quatre Mari-lionnes.
Un court instant, des scrupules me questionnent sur
l'opportunité de céder à l'émotion, en pleine pandémie. Mais les derniers tests
s'étend avérés négatifs (couteux en Suisse : 110 € !), au Diable les gestes
barrières, la relative déraison de quinquas est assumée, le bonheur des
retrouvailles est irrésistible ; les accolades sont sincères et émues, les
paroles manquent pour exprimer les sentiments mais ils sont visibles.
Les bagages rangés dans les chambres de cette magnifique
demeure récemment restaurée, nous attaquons très vite les choses sérieuses. Jean-Luc
distribue à chacun un outil nécessaire pour nos apéro ; des sous-verre en bois,
gravés du logo de notre groupe favori. Xavier distribue des porte-clés
estampillés Marillion qu'il a généreusement commandé sur le site officiel. Chacun
a contribué à garantir une rassurante réserve de boissons et d'amuse-gueules variés.
Les Helvètes ont apporté leurs chocolats et fromages, les Aveyronnais leur aligot
et saucisses ; de quoi se confiner en autarcie confortable !
Et surtout, nous sommes entre mélomanes organisés ; la sono
et les images sont à la hauteur de notre exigence. Les films des conventions et
des concerts de Marillion sont l'occasion de se remémorer nos vécus respectifs
; huit des neufs fêtards ont déjà participé à au moins une Convention ! Mon
petit doigt me dit que le neuvième serait bien tenté pour intégrer le Cercle !!
Le séjour débuta opportunément par un petit diaporama
rétrospectif de notre dernier voyage au pays des Bataves, concocté par Xavier,
qui nous a soumis en outre à un redoutable quizz !Un karaoké permis à chacun de mesurer son
niveau d'anglais, les plus prudents s'abstenant d'entretenir un brouhaha
inaudible, voire cacophonique. Le tout dans la joie et la bonne humeur ; même
le ciel ne s'en est pas assombri !
Le reste du temps enchaina apéros dinatoires, balade
champêtre, discussions passionnées et le plus souvent consensuelles, … tant que
le périmètre ne sortait pas de la sphère Marillion. En effet, la transmission
du pupitre des programmations musicales entre les protagonistes ne manqua pas
de montrer les limites de notre unanimité ! Notre microcosme comprenant des
metallos, certaines sonorités auront fait grincer des dents ! Par ailleurs, la
dernière parution de Steven Wilson n'a pas manqué d'entretenir un vif débat
contradictoire. Fort heureusement, nous sommes tous des quinqua à la sagesse
validée ; MARATHON, le projet parallèle de Mark Kelly eu le mérite de nous mettre
tous d'accord.
Finalement, le seul moment où le groupe se scinda en deux
formations distinctes fut samedi soir, à l'occasion de la seconde mi-temps du
match de rugby "FRANCE-GALLES" comptant pour le Tournoi des Six Nations
! Les filles restaient à table à papoter. Mais compte tenu du score et de l'enjeu
excitant, les gars (qui avaient fait volontiers
un petit sacrifice pour la première mi-temps), se sont émus (doux euphémismes) jusqu'aux dernières secondes
du match. L'héroïque victoire française fut un prétexte supplémentaire aux
réjouissances !
Mais tout a une fin et le dernier jour il fut bien difficile
de percer notre bulle pour chacun repartir vers sa routine. La mélancolie
finale fut un autre point commun avec les Conventions de nos idoles.
Six mois !... Six mois sans concert !! De surcroît, la
pandémie m'avait imposé un dernier concert le 8 mars qui s'était révélé
insipide, et le dernier concert musclé (j'entends
"metal") datait du 9 février ! Pour le fervent adepte de
musicothérapie que je suis, cette attente fut une torture psychologique à laquelle
il me tardait de mettre fin d'une manière ou d'une autre. Les vaines tentatives
d'organisateurs valeureux, mais bridés par les circonstances, furent autant de
déceptions douloureuses.
Résigné, j'avais fini par ne plus consulter des
calendriers, aussi hypothétiques que risqués. Mais c'est mon fiston qui a fini
par me convaincre de l'existence d'un petit concert qui sembla miraculeusement se
maintenir en dépit des restrictions. Il s'agit pour P3C de faire la promotion en
avant-première de "Tête Blême",
leur nouvel album sensé sortir le 18 septembre.
Je me rends donc à ce rendez vous, impatient de vivre
de nouveau des émotions collectives, entendre, voir, ressentir, voire sentir (l’enivrant trio cuir, bière, sueur).
L’entrée est gratuite dans la limite des places disponibles sur la terrasse.
Leur style stoner, grunge et garage-rock saturé n'est
pas celui que j'écoute le plus, loin de là (je
supporte désormais difficilement qu'on me gueule aux oreilles), mais je me
souviens cependant que P3C était parvenu à me séduire sur la scène de la
Warzone lors du Hellfest 2018. Ces jeunots ont la pêche ; leur énergie ne
pourra que me paraitre positive dans le marasme actuel ! A défaut de prog, à
défaut de metalprog, je me contenterai donc volontiers de metal…
La salle du Trabendo n'est pas accessible, un bar
mobile en interdit l'accès ; je me retrouve donc sur la terrasse du Trabendo,
un peu paumé parmi une horde de jeunes, fringants et tatoués… Encore marqué par
ce semestre de privations, je me sens mal à l’aise ; hormis mon fils, pas
de visage connu dans le public, j'ai le sentiment amer de vivre une scène dans "le
monde d'après". Heureusement, cette mélancolie se dissipe quelque peu par
la grâce d'une mousse bien fraîche, d'autant plus facilement que ledit nouvel opus,
diffusé en primeur au public présent, me semble ma foi convaincant !
Le gel hydroalcoolique est à disposition, le port du
masque est obligatoire et à ce stade de la soirée, on peut dire que les gestes
barrières sont relativement respectés… Mais je n'ai pas la naïveté d'imaginer
que cela va perdurer !
MSS FRNCE [20h00-20h40]. Les hostilités débutent avec un quatuor
d'enragés originaires de Paris. Leur punk-hardcore pur et (très) dur, sur fond
de larsens, de batterie frénétique et d'accords bruts et acérés, prétend
accompagner des textes francophones engagés. Mais je parie que peu d'auditeur
auront eu le loisir de comprendre ce qui est vociféré ; d'ailleurs, tout le
monde s'en fout. Le but est clairement d'entretenir le chaos dans la fosse.
J'ai juste pu capter que le brave garçon au micro en voulait à la police, ce
qui est probablement politiquement correct ici … quoique…
Fondé en 2015, Mss Frnce en est déjà à avoir promu
quatre mini-albums lors de concerts en France, en Espagne et même au Canada. Ces
franciliens revendiquent une filiation punk davantage dans leur musique que
leur apparence ; je me rappelle avec une certaine nostalgie des coupes
"iroquois" multicolores, des clous sur les perfectos et dans le nez !
Mes recherches pour les identifier ont été compliquées. Doté sans doute d'un état
d’esprit nihiliste par nature, ils se présentent anonymement sous des
pseudonymes ; Miss Cambodge, Miss Moselle, Miss Troyes, Miss Vesoul. Mais,
merci Discogs, j'y suis parvenu : Martin Sek
(micro), Jérémie Maire (batterie), Jérôme
Barberot (basse) et Thibault Dautrevaux (guitare), ce dernier étant par
ailleurs connu pour sa collaboration à l'émission "Quotidien" avec Yann
Barthès sur TMC.
La sonorisation est plutôt bonne, quelques larsens assumés
ne nuisent pas à la perception des rythmes et des cris furieux. L'éclairage de
cette petite scène est basique mais suffisant pour l'événement alors que la
nuit tombe lentement. En fond de scène, une petite pancarte accrochée à une
tringle mentionne discrètement le nom du groupe.
Délibérément, leur prestation s'exprime dans la
violence sonore et dans l'urgence ! Mss Frnce est manifestement spécialisé dans
l'expédition de huit morceaux en moins de 12 minutes (chiffres à titre
indicatifs, je n'ai pas su compter !). "Punk's not dead", quoi ! Curieux
de nature, j'ai cru comprendre qu'ils se révoltent contre les "conditions de vie, sur le rêve amoureux,
constamment pourri par les affres sexistes et criminels de la construction sociale".
Bref, une rébellion de vingtenaires qui me rappelle de lointains souvenirs. Les
chiens aboient la caravane passe, dit le dicton…
Quoiqu'il en soit, la réaction du public se révèle à
la hauteur des frustrations provoquées par la pandémie et les mesures de
confinement. La fosse s'agite frénétiquement. Personnellement, en observateur
bienveillant, mon flegme l'a emporté, même si l'énergie de ce rock débridé fait
du bien à réentendre en concert ! Oï !
PROGRAMME Titres à déterminer
POGO CAR
CRASH CONTROL[21h3x-22h25].
Fondé en juillet 2011, originaire de Lezigny (Seine-et-Marne), le quatuor se
compose d’Olivier Pernot (chant, 28
ans), de Louis (batterie) et Simon (guitare) Péchinot, et de Lola Frichet
(basse), tous âgés d'une vingtaine d'années. Après avoir vaillamment promu un
mini-album (2016), puis leur premier opus, "Déprime hostile" en 2018 (165
dates, dont des passages au Hellfest, Download Festival et Zénith de Paris),
les revoilà pour une nouvelle campagne, bien décidés à braver les éléments.
Comme je l’indiquais ci-haut, leur nouvel album "Tête Blême" parait ce 18 septembre ; sa promotion s'annonce
contrariée par des restrictions sanitaires qui n'en finissent pas.
La petite scène demeure bien sûr dans ses dimensions,
avec des éclairages principalement rouges, cette fois mis en valeur par la nuit
qui est désormais tombée. En guise de fond de scène, un rideau affiche le logo
du groupe.
La sonorisation reste d'assez bonne qualité, puissante
mais relativement audible ; je ne parviens toutefois pas à percevoir ce que
braille le titulaire du micro. Mais sur ce point, je ne suis pas sûr que ce
soit une grosse perte ; les textes francophones scandent et hurlent avec un humour
dérangeant une révolte irrévérencieuse, mais sans génie particulier, me
semble-t-il (mais je peux me tromper,
n'ayant pas encore pris le temps d'étudier les paroles). Il est vrai que
manifestement le public n'est pas venu pour philosopher, mais plutôt pour se
défouler collectivement.
Les sonorités de P3C me rappellent des groupes metal issus
de la frange la plus dure, tels que Slayer ou Vulcain mais parfois aussi
Nirvana ou Noir Désir. Dans leur style, je leur reconnais une vraie efficience.
Très vite les sons et rythmes endiablés emportent
l'auditoire, la fosse bascule dans la folie furieuse. Je dois dire que mon
corps n'est pas resté inerte non plus ; les coups redoutables du batteur et les
accords sensuels de la belle bassiste font leur effet ! A l'instar de mon
impression ressentie en juin 2018, je m'étonne toujours du contraste issu du
physique si attendrissant de Lola avec sa fougue dés que sa basse accompagne
ses complices. Je dois confesser que ce paradoxe vivant focalise mon attention
plus que de raison, même si je remarque ici et là quelques accords sympa du
côté du guitariste.
Dense, et efficace, ce concert peut paraitre court sur
la durée, mais cependant avec dix-sept titres expédiés, il faut souligner que
la plupart des titres ne dépasse guère les trois minutes. Comme je l'avais
prévu, l'auditoire en a perdu sa sagesse à bien des égards. Quelques masques
n'ont pas résisté et la promiscuité fut un doux euphémisme. Moi-même j'ai tenu
à m'approcher de la scène pour capter quelques images et vous les montrer.
Pour cette soirée spéciale, nous aurons eu droit à la
quasi intégralité du nouvel album avec onze des douze titres, seul "Ce monde humiliant" (2:22) aura été
écarté. Pour compléter dignement le programme, trois titres issus de "Déprime hostile" et trois autres issus
de leur mini album éponyme, sont intercalés.
PROGRAMME
Intro : Thème d'Halloween (reprise de John
Carpenter) L'odeur
de la mort (Tête Blême, 2020) Déprime
hostile, 2018 (Déprime hostile, 2018) Seul
à tomber (Tête Blême, 2020) Pourquoi
tu pleures (Tête Blême, 2020) Le
ciel est couvert (Tête Blême, 2020) L'histoire
se répète (Tête Blême, 2020) Mirroir
(Tête Blême, 2020) Paroles/M'assomment
(P3C, 2016) Comment
lui en vouloir (Déprime hostile, 2018) Rancunier
(Déprime hostile, 2018) L'intérieur
de ton corps (Tête Blême, 2020) Qu'est-ce
qui va pas ? (Tête Blême, 2020) Tête
Blême, 2020 (Tête Blême, 2020) Trop
défoncé (Tête Blême, 2020) Crève
(P3C, 2016).
RAPPEL:
L'ego
dans les chiottes (Tête Blême, 2020) Conseil
(P3C, 2016).
Finalement, je ne regrette pas le déplacement. Comme l'a observé Olivier,
il valait mieux être ici que dans son canapé ! Si ces p'tits jeunes arrivent à équilibrer leur vie
personnelle avec la musique, ils pourraient aller loin.
Avec ce seizième concert au compteur, mon enthousiasme
demeure à l'idée d'assister à un nouveau concert d'Anathema. Depuis que je l'ai
découvert à l'Elysée Montmartre, le 30 avril 2005 (invité par Porcupine Tree),
ce groupe ne m'a jamais déçu sur scène. Je reste fidèle à leurs rendez-vous,
même si sa production en studio ne me séduit plus depuis … 2012 (Weather Systems) ! Je me permets de
craindre, à l'aune de leurs publications musicales depuis cette année-là, un
certain manque d'inspiration. A défaut de nouvel album, ce concert est motivé
par la commémoration du 10ème anniversaire de "we're here because we're here", un
chef d'œuvre paru en 2010 que Monsieur Steven Wilson avait parfaitement mis en
valeur en le mixant. Le ticket d'entrée pour ce soir fut par conséquent très
vite acquis, sans état d'âme.
Cependant, une annonce tardive et contrariante est
venue troubler mon envie d'assister à cette soirée ; The Night Flight Orchestra
joue aussi ce soir sur la scène proche de La Machine. Choix pénible entre la
beauté mélancolique d'Anathema, et l'énergie très festive de NFO. Par les temps
moroses qui courent, j'aurais volontiers participé à la teuf au pied du Moulin
Rouge… Au lieu de cela, je me retrouve placide à patienter religieusement dans cette
file d'attente de dépressifs assumés, en compagnie de ma p'tite Fée qui partage
la même frustration.
Paul MASVIDAL[19h15-19h35]. Voilà un musicien qui a butiné sur
quelques projets, dont le plus connu est son groupe, CYNIC (deathmetal) avec
lequel il a publié quatre albums, deux mini-albums et un monoplage entre 1993 et
2014. Personnellement, j'ai assisté au concert de Cynic à l'Elysée Montmartre,
le 27 novembre 2008 (invité d'Opeth), lors de sa tournée "Traced in Air". Autant le confesser
de suite, ce n'est pas mon style de prédilection, je n'avais pas été séduit, en
dépit d'avis contraires sur les réseaux sociaux...
Il s'est ensuite consacré à sa carrière en solo et
fait paraitre deux albums l'année dernière, dont un en acoustique "Human". C'est dans cette
configuration qu'il se présente sur scène, seul donc, accompagné d'une
"boite-à-sons", sans autre artifice qu'un écran escamotable derrière
lui, qui n'aura diffusé guère plus de trois images.
Je me suis vite ennuyé ; mon esprit s'est alors mis à
errer vers les couloirs de métro parisiens … Certains artistes autorisés par la
RATP peuvent souvent surprendre, intriguer, parfois intéresser. Il m'arrive modestement
d'en soutenir, lorsque je suis séduit. Cela ne me coute que quelques pièces et
je me dis toujours que, cumulées à celles d'autres admirateurs pressés, ça peut
lui rapporter gros… En revanche, s'agissant de cette soirée, après avoir payé quatre
dizaines d'euros pour assister à un concert en auditorium, je confesse
volontiers me sentir un peu frustré, avec tout le respect dû à un artiste
solitaire aussi talentueux soit-il. Il ne s'agit pas de blâmer l'heureux élu
qui a bien raison de tenter ainsi sa chance… J'estime simplement qu'une échelle
de priorité devrait aboutir à promouvoir des groupes qui peineraient à
s'exprimer correctement dans le métro, alors qu'ils gagneraient à suivre, au
moins sur quelques dates, des artistes confirmés tels qu'ANATHEMA… Ce n'est que
mon humble ressenti, il n'est pas rédhibitoire ; mais là, en l'occurrence, on
va dire que j'ai attendu la suite avec impatience...
Quoiqu'il en soit, à l'unisson avec une partie
bienveillante du public (l'autre partie s'était probablement assoupie), j'ai
applaudi poliment. D'autant plus que le pauvre avait l'air ému par le décès
récent (cette année) de son ami (très) intimeavec lequel il avait fondé Cynic, le batteur Sean Reinert. Il lui a dédié un titre.
PROGRAMME (à préciser)
Hand
to Mouth (Human, 2019)
Wheels
Within Wheels (Re-Traced, mini CD 2010)
(titre de Cynic dédié à S. Reinert).
RENDEZ-VOUS
POINT [19h50-20h10]. Ce quintet
norvégien de metal progressif, aux rythmes proches de Leprous, a déjà eu
l'occasion de me séduire, puisque j'ai assisté à un concert au Divan du Monde
le 5 octobre 2015 (invité de Leprous), lors de la promotion de son
premier opus, "Solar Storm".
Album que je m'étais immédiatement procuré dans la foulée de la prestation ! Je
les retrouve dans la même composition ; Baard Kolstad (batterie, depuis 2010 et également batteur de Leprous, dont la tournée vient à peine de se terminer
!), la très charmante (doux euphémisme) Gunn-Hilde Erstad (basse, depuis 2010), Petter Hallaråker (guitares, depuis 2010), Nicolay Tangen Svennæs (claviers, depuis 2010), et Geirmund Hansen (chant, depuis 2014).
Leur
deuxième opus "Universal Chaos"
est paru le 24 mai 2019 ; il contient neuf titres.
La sonorisation m'a paru audible, quoiqu'un peu
surpuissante au niveau de la basse et de la batterie, nécessitant donc mes
protections auditives. L'éclairage m'a semblé sombre, peu propice à des photos
éloignées (mais finalement pas beaucoup
moins que pour la tête d'affiche).
La parenté avec leur illustre concitoyen ne les
confine pas dans un rôle de clone, leur musique me parait davantage incisive,
portée sur le metal et moins nuancée. La voix du chanteur dispose d'une bonne
tessiture mais me semble manquer d'un peu de puissance. Les musiciens sont
assez exubérants et communiquent ainsi leur fièvre (il fallait oser pour ce soir, je l'ai dit) à un public ravi.
Excellente prestation, mais bien trop courte. Au vu de
l'emprise de leur musique sur l'auditoire, je me demande si cette restriction
ne serait pas une brimade volontaire d'Anathema qui aurait de bonnes raisons de
se méfier de cette redoutable concurrence ? En tous cas, je ne me souviens pas
avoir assisté à un concert aussi court d'un groupe de cet acabit ! Alors qu'ils
mettaient le feu dans la fosse et aux étages, les musiciens nous quittaient une
vingtaine de minutes à peine après y être entré !!
PROGRAMME (à vérifier)
Apollo
(Universal Chaos, 2019)
Wasteland
(Solar Storm, 2015)
Mirrors.
(Solar Storm, 2015).
Ce n'est pas faute d'avoir ovationné leur prestation (et on sait pouvoir me faire confiance sur ce
point !…) mais il n'y eu pas de retour. En fin de soirée, j'ai acheté (15€)
leur opus à l'échoppe et obtenu la dédicace de quatre des cinq membres. Et hop
! un de plus… (va falloir "pousser
les murs" de ma discothèque)
Anathema n'avait qu'à bien se tenir pour combler ma (désormais
double-)frustration …
ANATHEMA [20h30-22h40]. La dernière fois que je les avais vus,
au festival Night of the Prog 2019, l'absence de John Douglas ne m'avait pas
paru altérer leur prestation. Mais afin de garantir les atmosphères si
particulières j'espérais néanmoins retrouver le sextuor qui avait contribué à
maintenir le navire à flot, même après 2012 ; mais non. Le duo fondamental est
bien là ; Vincent Cavanagh (chant, guitares,
clavier), Daniel Cavanagh (guitare,
chant, clavier) mais le troisième frangin, Jamie Cavanagh (basse) est remplacé
sur cette tournée par Charlie Cawood
(éclectique et multi instrumentiste,
ayant même à son actif un album solo "The Divine Abstract" paru en
novembre 2017). Daniel Cardoso
(batteries, percussion) est toujours présent, mais John Douglas n'est toujours
pas réapparu (n'étant pas un "informé"
j'en ignore le motif) ... Le micro resté isolé sur la droite entretint une
légère angoisse de quelques longues minutes, avant de voir ENFIN apparaitre la toujours
aussi ravissante et indispensable Lee Douglas
(chant).
Anathema se présente donc à nous en quintet, les
frangins assumeront eux-mêmes les segments de clavier les plus indispensables. Les
deux frères disposent chacun de leur clavier, celui de Vincent est en surplomb
au fond, à gauche de la scène.
La sonorisation est puissante mais audible. L'éclairage
m'a semblé un peu sombre en dépit de l'usage très esthétique de tubes verticaux
fluorescents et multicolores. En fond de scène un grand écran diffuse quelques
images sensées refléter l'atmosphère des titres.
Relativement confiant a priori quant à leur capacité à
m'emporter dans des ambiances mélancoliques et doucement énergiques, cette fois
j'ai pourtant peiné à trouver la Porte. Honnêtement, hormis quelques moments
sublimes (principalement par la grâce de Lee, notamment pendant "A Natural Disaster"), je n'ai
vraiment décollé que dans le dernier quart d'heure ; en fait, avec l'imparable diptyque
"Untouchable, part I & II".
Etant plutôt enclin à soutenir les artistes, on
pourrait me définir comme "bon
public" ; néanmoins la fin de ce concert m'a laissé perplexe. Mon ressenti
est délicat à exprimer, car il est peut-être infondé, mais j'ai bien peur que
leur manque d'inspiration puise ses racines dans des difficultés intrinsèques qui
me semblent malheureusement transparaitre dans leur musique. Ajoutons à cela,
la confusion actuelle sur la composition du groupe ; bien qu'absents Jamie
Cavanagh et John Douglas sont encore à ce jour mentionnés au sein le groupe sur
le site officiel…
Dany et Vincent s'en sortent ma foi plutôt bien aux pupitres
claviers. Cependant, alors que certains segments de claviers me semblent superflus, ils s'obstinent
à vouloir les diffuser par des bandes préenregistrées. Cette obstination
inadéquate me ramène à mes couloirs de métro...
Bref, je ne ressens plus la flamme qui chauffait mon
esprit il y a peu de temps encore. Heureusement, pour Anathema, ils peuvent
compter sur un public qui évolue mais qui semble acquis à leur cause quoiqu'ils
fassent ; la faune n'est pas plus la même, des amis ont lâché l'affaire depuis
quelques temps déjà, leurs remplaçants semblent moins exigeants. En ce qui me
concerne, je laisse mon pied sur le pas de la Porte, histoire de capter un
salvateur mais hypothétique rebond à l'occasion du prochain album. Mais il est probable
qu'à l'avenir, faute de mieux, je passerai mon tour. Ce sera toujours ça de
gagné sur mon calendrier !
Les dix titres de
WHBWH (2010) sont interprétés scrupuleusement dans l'ordre identique. Un second
acte oubliera les trois opus pourtant honorables de la période 1998-2001, au
profit de quatre titres des deux derniers albums que je n'apprécie guère.
Nonobstant, je dois reconnaitre que ces titres-là passent plutôt bien en
concert. En rappel, je crois avoir compris qu'il s'agit d'un titre qui figurera
sur le prochain album en cours. Mais c'est une reprise du compositeur de
musique de film Hans Zimmer, ce qui n'est pas de nature à calmer mes
inquiétudes quant à leur quête inspiration …
PROGRAMME
Acte I : We’re Here Because We’re Here
Thin
Air (We’re Here Because We’re Here, 2010)
Summernight
Horizon (We’re Here Because We’re Here, 2010)
Dreaming
Light (We’re Here Because We’re Here, 2010)
Everything
(We’re Here Because We’re Here, 2010)
Angels
Walk Among Us (We’re Here Because We’re
Here, 2010)
Presence
(We’re Here Because We’re Here, 2010)
A
Simple Mistake (We’re Here Because We’re
Here, 2010)
Get
Off, Get Out (We’re Here Because We’re
Here, 2010)
Universal
(We’re Here Because We’re Here, 2010)
Hindsight
(We’re Here Because We’re Here, 2010).
ACTE II (sans
interruption)
Can't
Let Go (The Optimist, 2017)
The
Lost Song, Part 3 (Distant Satellites, 2014)
Springfield
(The Optimist, 2017)
Closer
(A Natural Disaster, 2003)
Distant
Satellites (Distant Satellites, 2014)
A
Natural Disaster (A Natural Disaster, 2003)
Untouchable,
Part 1 (Weather Systems, 2012)
Untouchable,
Part 2 (Weather Systems, 2012).
RAPPEL
Day
One (prochain opus), (reprise de Hans Zimmer).
Alors que le groupe quitte la scène,
Vincent et Lee en incitent le public à chanter avec la bande son "Twist and Shout" de The Beatles,
terminant la soirée avec le sourire de Lee. C'est mieux que rien.
Davantage que de coutume, j'ai tardé à reprendre le
clavier pour exprimer mes sentiments sur ce concert fabuleux de Pendragon.
Lorsque j'ai appris la manière avec laquelle le personnel de la Maroquinerie a
accueilli la Troupe, j'ai peiné à retrouver l'apaisement nécessaire pour
relater le concert lui-même. C'est donc avec toute mon objectivité légendaire
que je peux tenter d'exprimer mes impressions.
Tout avait pourtant bien commencé pour les
organisateurs, comme pour le groupe et son public puisque la soirée était annoncée
"complet", depuis le 28 février dernier. Les portes se sont ouvertes
à l'heure ; le public a pu s'engouffrer rapidement dans cette salle que par
ailleurs je n'apprécie guère. Son acoustique m'a toujours paru médiocre. Je lui
reproche également son accessibilité car elle est assez éloignée des stations
de métro. Il n'y a guère que son bar avec sa terrasse en plein air qui soit séduisant
; il permet aux beaux jours de bavarder avec les amis et les artistes
volontaires (boire une bière à côté de
Ross Jennings de Haken en toute simplicité fut un beau souvenir !). Nonobstant
mes réticences, je n'ai pas d'autres choix que de continuer à m'y rendre bon
gré mal gré, tant que mes artistes favoris y sont annoncés…Mais à mon humble
avis, on n'est pas près d'y revoir Pendragon !
Comme pour tous les artistes qui se produisent à la
Maroquinerie, la logistique a peiné à débarquer hommes et matériels. Pas
d'espace de stationnement dans cette petite rue du vingtième arrondissement de
Paris. Comme pour tous les artistes qui s'y produisent, l'arrière-scène est
particulièrement exiguë et peu confortable. Jusque-là, il est permis de
considérer que ce sont les aléas d'une tournée auxquels ils doivent plus ou
moins s'attendre. En revanche, les soucis rencontrés après le concert me
semblent, eux, inadmissibles. Je copie en fin de mon présent relevé la
traduction du récit qui en a été fait pas Clive sur son site. J'espère que les
artistes se passeront le mot pour boycotter cette salle et ses gérants.
Davey
DODDS[19h30-19h55].
Après avoir longtemps imaginé que cette soirée anniversaire allait être
intégralement assurée par Pendragon, j'ai appris dans la semaine précédente que
les anglais ont eu droit à une première partie de luxe ; sur les trois
précédentes dates, elle fut assurée par Monsieur Pete Jones (génial multi-instrumentiste au sein de son
groupe Tiger Moth Tales, mais aussi et surtout au sein de Camel). Nous,
nous devrons nous contenter de Davey Dodds glorieux inconnu en ce qui me
concerne…
Renseignement pris, ce sympathique personnage fut le
meneur, chanteur et compositeur du groupe de rock progressif Red Jasper jusqu'à ce qu'il quitte le
groupe dans les années 90 pour travailler comme guide de pêche-à-la-mouche (!)
et écrivain, reclus au fin fond des Cornouailles. Il semble toutefois que son
œuvre jouisse d'une certaine reconnaissance, outre-manche… En juin 2017, "Kernowcopia" son album solo est
paru. Ses thèmes traditionnels et celtiques sont évoqués ce soir, aux sons de
sa mandoline.
Cette prestation acoustique ne nécessite pas de sonorisation
particulière, ni d'artifice, ni d'autre éclairage que le faisceau focalisé sur
lui. Celui-ci suffit à faire briller les yeux malicieux de cet artiste
particulièrement indépendant.
Relativement disert pour présenter ses chansons, il
nous a proposé quelques titres (quatre ou cinq) ma foi sympa à écouter,
d'autant plus si on parvenait à laisser notre esprit vagabonder dans les pubs
gallois, à l'abri des caprices météorologiques de la région… Mais là je
m'égare. Le public applaudit poliment avec moi le monsieur qui ne semble pas en
demander autant en s'éclipsant vers l'arrière-scène…
PENDRAGON[20h15-22h30]. Nick Barrett (guitares, chant, depuis 1978) demeure entouré par son fidèle
complice, Peter Gee (basse, clavier
depuis 1978), mais aussi par son très ancien ami d'enfance Clive Nolan (claviers, depuis 1986).
Jan-Vincent Velazco (batterie,
depuis 2015) continue à participer à l'aventure. Les choristes sont désormais
Anne Cambridge et Zoe Devenish. Cette dernière est également
violoniste. L'autre changement pour cette tournée, c'est l'apport d'un
guitariste additionnel, Mark Westwood
(ex-NEO en 2007, et ex-Clive Nolan band en 2013).
A l'échoppe du jour, je me procure l'édition simple de
l'opus "Love Over Fear" (15€)
qui vient de paraitre cette année. Mais ce soir, Nick promeut également le
coffret du 40ème anniversaire contenant cinq disques compacts, dont
trois proposent un enregistrement complet d'un concert réalisé à Londres en
2018.
Compte tenu de la configuration du lieu (…), les
moyens techniques du groupe ont permis d'obtenir une sonorisation ma foi
acceptable, passées les premières minutes de réglages durant lesquelles on ne
percevait qu'à peine les choristes… Etant placé au troisième rang en face de
Nick, j'étais de toutes façons condamné à conserver mes protections auditives
pour me protéger des frappes redoutables du batteur. Mais bon, globalement j'ai
pu profiter agréablement du concert.
L'éclairage m'a semblé correct, à la fois pour les
yeux des spectateurs et pour les objectifs des chasseurs d'images. En tous cas,
pour ma part je suis parvenu à conserver quelques beaux clichés.
Pour agrémenter cette scène relativement étroite, deux
toiles étaient tendues en fond de scène sur lesquelles furent diffusés des
images et des jeux de lumières assez ordinaires mais suffisantes pour illustrer
un tant soit peu les titres du programme.
D'emblée Nick nous a paru lumineux, joyeux et
bondissant, d'une bonne humeur surprenante (surtout avec le recul de ce que
nous apprîmes le lendemain de leurs mésaventures…). C'est rafraichissant de
voir cet artiste heureux comme un gamin sorti de classe pour s'éclater dans la
cour de récréation ! Son attitude tranche quelque peu avec celle de ses
complices ; Pete est très discret, très modeste, limite austère, alors que
Clive est très concentré, limite préoccupé, il ne sourira qu'à la fin !
Mais au-delà de ces impressions de façade, les talents
s'expriment. En particulier bien sûr celui de Nick dont les sons gilmouriens
continuent à dissiper nos soucis du quotidien (et Dieu sait qu'ils sont nombreux en ce moment !). Pendant deux
heures et quart, nos esprits se sont évadés dans un pays où la fantaisie est
Reine et le bonheur son Roi. On se sent d'autant plus emporté par ses somptueux
soli qu'il les offre au public avec une générosité et un plaisir évident. Les
ovations que suscitent ses exploits entretiennent un échange intense et
réjouissant de part et d'autre.
Pete laisse entendre sa basse avec perspicacité,
quelques accords remarquables sont astucieusement ressortis des périodes les
plus propices. Clive est impérial pour recréer les atmosphères qui sont déjà
dans toutes les oreilles des admirateurs convaincus d'avance. Jan-Vincent fait
l'objet de débats, mais pour ma part il me semble assurer correctement sa
fonction. Il est certes moins exubérant que Scott Higham (parti en 2014) mais
j'imagine que c'est ce que veut Nick, et c'est lui le patron, point final.
Le concert s'est tenu en deux actes ; d'abord la
reprise intégrale de "Love Over Fear",
puis des titres retraçant le répertoire de 1993 à 2014. Durant la première
partie, j'étais plutôt en phase découverte et observations, visant à vérifier
mes premières impressions relevées de l'écoute de l'opus. Je ne me suis donc
pas senti emporté par l'émotion même si j'ai ressenti quelques beaux frissons !
En revanche, dès le début de la seconde partie avec "The Walls of Babylon" mon esprit s'est totalement libéré,
capté par ces mélodies entêtantes et sublimées par ces soli fabuleux !
L'ensemble de la prestation m'a d'autant plus ravi qu'elle
a rapidement dissipé ma crainte sur une séquence particulière issue du dernier
opus. Ayant en horreur les bandes-sons pré-enregistrées, que j'estime le plus
souvent parfaitement inutiles (voire nuisibles), j'attendais avec inquiétude
l'interprétation de "360 Degrees"
aux sonorités celtiques. Le pire eût donc été un son venu de "nulle part".
Le moindre mal aurait pu être une intervention astucieuse de Clive au synthé.
Or, que nenni, à mon grand soulagement, Zoe Devenish est non seulement l'une des
deux choristes expansives, mais elle s'exprime aussi avec son violon ! Le son
étant limpide à souhait, l'apport Mark Westwood, avec sa guitare sèche à douze
cordes, contribua également à densifier opportunément les ambiances requises !
Ce dernier, assis discrètement en bord de scène, m'a semblé ainsi magnifier quelques-uns
des plus beaux titres du répertoire de Pendragon.
Face à tant de beauté, d'harmonie et de virtuosité, la
réaction du public ne pouvait qu'être exubérante ; les ovations se sont exprimées
crescendo jusqu'au rappel. Un enthousiasme fervent, mais respectueux aura
toutefois contribué à faire monter la température à tel point qu'un malheureux
spectateur des premiers rangs (juste à ma gauche) a chuté au sol. L'émoi en
fosse ne pouvait pas échapper au regard bienveillant de Nick alors qu'il venait
de débuter "Afraid of Everything",
qu'il arrêta immédiatement. Lorsque le malade a bien voulu se laisser
transporter (on peut comprendre qu'il souhaitât rester !) Nick reprit le court
du concert. Mais ce furent de précieuses minutes perdues avant l'heure de
couvre–feu, prétendument fixée ici à 22h30 ! Un amis photographe que se
reconnaitra m'indique être resté le lendemain bien au-delà de cet horaire à
l'occasion d'un concert…
Seize titres sur les dix-huit
prévus ont été interprétés ; mais les circonstances ont abouti au retrait
terriblement frustrant de "This
Green and Pleasant Land" et "Masters
of Illusion", deux titres majeurs du répertoire qui étaient pourtant
bel et bien inscrits sur les feuilles au pied des micros…
PROGRAMME
Everything
(Love Over Fear, 2020)
Starfish
and the Moon (Love Over Fear, 2020)
Truth
and Lies (Love Over Fear, 2020)
360
Degrees (Love Over Fear, 2020)
Soul
and the Sea (Love Over Fear, 2020)
Eternal
Light (Love Over Fear, 2020)
Water
(Love Over Fear, 2020)
Whirlwind
(Love Over Fear, 2020)
Who
Really Are We? (Love Over Fear, 2020)
Afraid of Everything (Love Over Fear, 2020) ; Nick a suspendu la chanson lorsqu'un
spectateur des premiers rangs s'est effondré dans le public, puis il a
recommencé après son évacuation.
The Walls of Babylon (The Window of Life, 1993)
The
Wishing Well: II. Sou' by Sou' West (Believe,
2005)
Indigo
(Pure, 2008)
Paintbox
(The Masquerade Overture, 1996)
Breaking
the Spell (The Window of Life, 1993).
RAPPEL :
Faces
of Light (Men Who Climb Mountains, 2014).
Nous
sommes restés avec ma p'tite Fée, espérant rencontrer les musiciens comme ce
fut le cas à la fin de chaque concert précédent. Mais ignorant le contexte,
nous avons attendu en vain …
"Le Jour de l'Enfer !
Nous nous doutions que ce serait un jour
difficile, mais personne ne s'attendait à ce que ce soit le cas à ce point !
Comme si souvent à Paris, nous avons
déposé notre matériel et nos affaires près du lieu du spectacle, afin que le
bus puisse partir et trouver un parking adéquat. Sauf que nous avons été
déposés dans une autre rue (à cause d'une bizarrerie de la position de la
salle), donc tout le matos a dû descendre d'une petite colline, puis remonter
une autre rue et revenir à la salle. Bravo à l'équipe pour cette
"entrée" vraiment merdique !
Une fois à l'intérieur de la salle, nous
avons eu droit à un environnement sans air et, bien sûr, à une loge de la
taille d'un timbre-poste. Il y avait un peu de nourriture mais Vinnie s'est
retrouvé à manger du poulet cru, ce qui nous a mis en garde !
C'est alors que les disputes ont
commencé. Les chauffeurs n'ont pas réussi à faire entrer le bus dans le parking
qui leur avait été proposé et ils ont donc dû trouver un autre endroit ; cela a
coûté de l'argent et du temps, mais au moins ils ont fini par se garer et par
se brancher sur le courant. Cela signifiait que le bus ne pouvait pas venir
nous chercher à minuit mais à 1h30 du matin.
C'est simple, non ?
Non !
Il y avait un couvre-feu sonore strict à
22h30, donc la première chose que nous avons dû faire a été de couper le décor.
Ce n'est jamais bon, mais nous n'avions pas le choix.
Le défi suivant était de libérer le lieu
avant minuit. Une heure et demie pour finir de vendre la marchandise, emballer
tout le matériel, mettre la marchandise en boîte, et tout sortir de la salle.
Encore une fois, quelle équipe !
Cela aurait pu se faire, mais le bus n'a
pu nous rejoindre qu'à 1h30. Il y avait une sorte de couloir couvert à
l'extérieur de la salle où nous pouvions charger tout le matériel et le
trimballer jusqu'à ce que nous soyons récupérés.
C'est simple, non ?
Non !
Apparemment... ce n'était pas possible
parce que le personnel du site avait commencé à une certaine heure et, grâce à
diverses règles syndicales, il devait finir à minuit. Malheureusement, à moins
de payer des heures supplémentaires à quelqu'un pour attendre avec nous, il
devait fermer les portes du grand couloir et nous laisser dans la rue glacée
avec tous nos sacs et notre matériel.
Alors peut-être aurions-nous pu payer
quelques shekels supplémentaires pour que quelqu'un nous laisse utiliser le
couloir ?
C'est simple, non ?
Non !!!
Ils voulaient 300 euros pour nous
laisser utiliser ce putain de tronçon de béton sous couverture. 300 euros !
Naturellement, nous étions pris à la gorge, alors malgré les meilleures
tentatives de Rachel pour négocier quelque chose de plus raisonnable, 300 euros
ont été accordés.
Sachant que ce concert était complet, on
aurait pu penser qu'un peu de flexibilité aurait pu être exercée. Mais non.
Alors, on met le matériel dans le
couloir avant minuit avant de tout faire glisser dans la rue, puis on remonte
l'autre rue et on monte dans le bus.
C'est simple, non ?
Non !!!!
Un appel est arrivé pendant que nous
attendions : les chauffeurs s'étaient réveillés mais quelqu'un avait coupé le
courant dans ce parking de bus, si bien que les batteries du bus étaient
complètement à plat ! Le bus n'allait nulle part ! Il n'allait certainement pas
être avec nous à 1h30.
Mais il y a de la bonne nature en chacun
de nous, alors ayant déjà payé les 300 euros pour ces "heures
supplémentaires", on aurait pu imaginer qu'ils ne nous en voudraient
sûrement pas de rester un peu plus longtemps jusqu'à ce que le bus arrive
enfin.
C'est simple, non ?
Non ! !!!!
A une heure cinq minutes, on nous a dit
de sortir le matériel du couloir ! A ce stade, nous n'avions aucune idée de
quand nous reverrions le bus. Alors on s'est tous mis au travail et on a sorti
le matériel dans la rue. Franchement, d'après mes calculs, on devrait nous
rembourser une partie de ces 300 euros !
Nous étions donc là, dans la rue à 1h30
du matin.
Peu importe, l'autobus triait quelques
câbles de démarrage et nous rejoignait rapidement.
C'est simple, non ?
Arghhhhhhhhh !!!!!
Apparemment, même cela était beaucoup
trop compliqué. Alors nous avons attendu, et gelé, et attendu, et gelé, et
attendu. Finalement, le "service normal" a repris et le bus est
parti. Le matériel a donc été déplacé vers le bas de la colline et dans l'autre
rue où nous avons attendu et gelé encore un peu.
Juste après 3 heures du matin, le bus
est arrivé ! Après un emballage très fatigué de notre matériel et de nos
affaires, nous avons enfin pu quitter une salle qui, je l'espère
personnellement, ne sera plus jamais utilisée !
De surcroit, ce n'est qu'une partie de
tous les incidents de la journée, mais je pense que cela suffira pour le
moment. Peut-être que plus tard, je révélerai l'"épreuve du
pantalon".
Jusqu'à présent, j'ai omis de mentionner
le concert lui-même. Le meilleur moment de la journée, c'était le public ! Ils
étaient absolument brillants et c'était un plaisir de mettre de côté toutes les
conneries de la journée et de leur jouer 😉 J'ai été
impressionné par leur silence pendant les moments d'ambiance ; merci pour ce
respect 🙂
Il faisait tellement chaud et il n'y
avait pas d'air dans la salle (qui, personnellement, je pense qu'elle était
trop remplie) qu'un pauvre type s'est effondré, et nous avons dû interrompre le
concert jusqu'à ce qu'il soit mis à l'écart. Je suis heureux de dire qu'il a
quand même pu voir le reste du spectacle depuis le côté de la scène.
Donc oui, super concert.
Et puis tout ce qu'on a eu à faire,
c'est de faire nos bagages et de partir...