vendredi 27 septembre 2024

Be Prog! My Friend VI - Poble Espanyol - Barcelona (27-28/9/24)

 

LE CONTEXTE : S'agissant d'une Résurrection, il convient de consulter les textes anciens. L'avènement de ce festival eut lieu le 12 juillet 2014. A cette époque, j'en ignorais totalement l'existence et pourtant l'affiche avait déjà de quoi me faire déplacer ! A mon sens, elle ne présentait aucun déchet ; OPETH, ANATHEMA, FISH, PAIN OF SALVATION, ALCEST, ANTIMATTER, et TESSERACT.

Ma première participation ne se produira que l'année suivante, le 11 juillet 2015. D'ailleurs, compte tenu de la concurrence avec The Night of the Prog allemand, je n'y serais même pas allé, sans la prétendue présence d'IQ … qui devra finalement renoncer ! Nonobstant, les affiches successives ainsi que le cadre idyllique de l'époque, la cour centrale du Poble Espanyol, nous ont irrésistiblement attirés chacune des années suivantes (de 2015 à 2018).

Sans prétendre jouer au gendarme de la vertu, certains groupes programmés étaient parfois aux limites de la légitimité d'un Festival qui affirme, par son titre, vouer un culte au rock progressif (je citerais les présences particulièrement détonantes de MESSUGAH, KATATONIA, DEVIN TOWNSEND PROJECT, OBSIDIAN KINGDOM, IHSAHN, BETWEEN THE BURIED AND ME, PERSEFONE).

Mais en contrepartie, nous eûmes tellement de grandes et belles émotions inespérées ! (je citerais notamment CAMEL, PAIN OF SALVATION, MAGMA, STEVEN WILSON, ANATHEMA, MARILLION, HAKEN, LEPROUS, GAZPACHO, SONS OF APOLLO, OPETH, JETHRO TULL, et tant d'autres…).

Bref, lorsque le comité d'organisation décida de stopper brutalement l'aventure fin 2018, nous fûmes nombreux à nous sentir orphelin d'un merveilleux festival européen, même si par ailleurs The Night of the Prog perdurait en Allemagne … Il semblerait que le projet avait pris fin en 2018 car il n'était pas économiquement viable… Les années passèrent, l'espoir d'un retour s'amenuisait inexorablement.

C'est curieusement lorsque que le festival allemand déclare s'arrêter à son tour, que les Catalans annoncent une inespérée sixième édition ! Le concept BE PROG MY FRIEND est donc repris, mais avec un format qui est censé perdurer. En ce qui nous concerne, le principe de débuter après 16h, avec une scène unique, pour quatre groupes chacun des deux jours, nous convient parfaitement.

Dès le 3 mai, nous nous procurons les précieux Sésame pour les deux journées. Les deux groupes inscrits en têtes d'affiches ont achevé de nous convaincre ; HAKEN et surtout PAIN OF SALAVATION, ce dernier étant devenu rare en nos contrées… Le reste de l'affiche s'est avéré nettement moins séduisant, la tendance metal est encore plus accentuée que par le passé. To be metal or to be prog, that is the Question ; avec ma P'tite Fée, nous sommes partisan de l'éclectisme et de l'audace. Par conséquent, nous restions ouverts aux surprises, malgré tout.

LE SITE : La place centrale du Poble Espanyol est malheureusement accaparée pour l'Oktoberfest locale, le site traditionnel a donc été déplacé de quelques mètres. L'espace "La Carpa" est habituellement recouvert d'une tente mais, pour cette occasion il est à découvert. Seules les armatures sont maintenues et servent à suspendre les fils et enceintes. Juste à côté du lieu-dit la Tente se trouve une aire extérieure de pique-nique, constellées de grands arbres qui couvrent sa toute la surface de leur ombre. Très agréable agencement donc.

La capacité d'accueil du site est limitée strictement à mille personnes, nous dit l'organisateur, ce qui est inférieure à la capacité de l'ancien emplacement.

Sur l'ensemble du festival, l'acoustique m'a semblé très bonne, et la sonorisation plutôt bien équilibrée. La scène, sans être très profonde, offrait un espace correct aux musiciens ; son élévation était censée permettre une bonne visibilité à l'auditeur, sous réserve de sa taille et de la corpulence de son voisin devant... Quant à l'éclairage (inutile en plein jour) s'est révélé correct sauf pour Pain of Salvation qui, s'exprime délibérément sous des lumières sombres.

Ouverture du site : 16:00 h.

Le vendredi 27 Septembre 2024

Le ciel est bleu et la température agréable (j'entends, très loin des canicules ibériques habituelles !)

Nos deux couples (moi et ma P'tite Fée, ainsi que Hervé et Jacqueline) découvrent l'antre, dont le périmètre n'est pas bien profond ; nous choisissons de nous asseoir sur des gradins bétonnés dans le prolongement de la scène. Seules quelques armatures métalliques (un signe ?) nous polluent le point de vue, mais sans gravité. Il ne me reste plus qu'à m'abreuver d'une rafraichissante Estrella pour attendre patiemment (6€ pour 50cl). L'échoppe officielle finira par nous tenter avec le très joli t-shirt du festival (25 €).

J'essaie toujours de m'imposer une bienveillance relative à l'égard des artistes qui doivent ouvrir un festival, car cette redoutable tâche est dévolue à des novices, devant un auditoire encore parsemé, circonspect et méfiant. De surcroit, KINGCROW nous était déjà apparu le 24 juin 2023, pour l'ouverture du festival Midsummer.


KINGCROW [16h30-17h10].
https://www.kingcrow.it/ 

Le groupe a été fondé en 1996 à Rome, en Italie, par Diego Cafolla (guitares) et Manuel Thundra Cafolla (batterie), sous le nom d'EARTH SHAKER, nom inspiré par le poème "Raven" d'Edgar Allan Poe. Puis, le nom du groupe a rapidement été modifié pour devenir KINGCROW. Avec Stefano Tissi (chant), le premier CD promo "Eyes Of Memories" est publié en 1997. Le deuxième CD promo, "Hurricane's Eye", paru en 2000, a engagé l'évolution de KINGCROW vers des "atmosphères progressives" … interprétées avec une approche subtile de hard rock et de métal.

Présenté comme un sextet sur leur site officiel, c'est un quintet qui se présente et comprend Thundra Cafolla (batterie), Diego Cafolla (guitares), Ivan Nastasi (guitares), Diego Marchesi (chant), Riccardo Nifosì (basse). Le titulaire des claviers, pourtant mentionné sur leur site (Cristian Della Polla), demeure physiquement absent, fâcheusement remplacé par une bande-son, comme au Midsummer en 2023 ; je n'ai pas perçu d'explication (j'en suis preneur, à l'occasion !).

Le huitième album, "Hopium" est paru le 23 août 2024.

Leur concert du 24 juin 2023, lors du festival Midsummer m'avait relativement séduit, en dépit d'un style qui m'avait semblé plutôt metal et donc déjà quelque peu en décalage avec le thème prétendument prog du festival. J'espérais toutefois les revoir sur scène ; l'occasion m'en est donnée dans un autre festival réputé progressif. Je suppose que ma conception du prog est étriquée, c'est dur d'être un vieux con.

Cette courte prestation m'a laissé les mêmes impressions ; une bande-son pour remplacer le pupitre de clavier m'agace toujours autant et toutefois l'ensemble des chants et guitares produit de très belles harmonies comme les Italiens en sont souvent garants. Avec ces harmonies mélodiques et cette rythmique saccadée je parviens parfois à percevoir des sonorités qui me rappellent celles de Leprous, sans toutefois atteindre les mêmes sommets de virtuosité.

La prestation est correctement ovationnée par le public déjà présent, auquel je m'associe volontiers. Soyons fous !

Le court créneau accordé leur a permis d'interpréter cinq titres, dont quatre issus de "Hopium" paru le mois dernier.

PROGRAMME
1.      Kintsugi (Hopium, 2024)
2.      Parallel Lines (Hopium, 2024)
3.      Glitch (Hopium, 2024)
4.      The Moth (Eidos, 2015)
5.      Hopium (Hopium, 2024).

 

OBSIDIAN KINGDOM [17h30-18h20].
https://obsidiankingdom.com/

OBSIDIAN KINGDOM est un groupe barcelonais fondé en 2005. La composition de ce quintet me semble confuse et imprécise sur leur site, mais on peut déceler l'existence de Rider G Omega (ex-Myrkur, guitares, voix, depuis 2005), Viral Vector Lips (guitares, depuis 2019), entourés probablement de Sir L Warchild (batterie), Alga Brutal (basse) et Jade Riot Cul (clavier, depuis 2016).

Leur quatrième album, "Meat Machine" est paru le 25 septembre 2020.

Le Be Prog festival a déjà invité OBSIDIAN KINGDOM ; j'étais présent le 1er juillet 2016, pour leur promotion de "A Year With No Summer". Mais cela ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable.

Leur musique constitue une première source de relative crispation, puisque nous nous éloignons là encore un peu plus du rock progressif. Ce metal est puissant, rugueux, illustré par des voix souvent claires mais parfois gutturales, par des guitares incisives et des roulements de grosse caisse ravageurs. Manifestement, OBSIDIAN KINGDOM aurait eu davantage sa place dans un Hellfest.

Mais cela demeure cependant écoutable pour peu que l'oreille soit habituée à cet univers… Une part importante du public semble enthousiaste et acclame ce groupe local. J'applaudis mollement, en me disant que le lendemain risque d'être bien pire… (oui, j'avais un peu anticipé)

Etonnamment, le groupe opte pour une interprétation intégrale de leur premier opus "Mantiis" qui est paru le 16 novembre 2012.

PROGRAMME
1.      Not Yet Five (Mantiis, 2012)
2.      Oncoming Dark (Mantiis, 2012)
3.      Through the Glass (Mantiis, 2012)
4.      Cinnamon Balls (Mantiis, 2012)
5.      The Nurse (Mantiis, 2012)
6.      Answers Revealing (Mantiis, 2012)
7.      Last of the Light (Mantiis, 2012)
8.      Genteel to Mention (Mantiis, 2012)
9.      Awake Until Dawn (Mantiis, 2012)
10.  Haunts of the Underworld (Mantiis, 2012)
11.  Endless Wall (Mantiis, 2012)
12.  Fingers in Anguish (Mantiis, 2012)
13.  Ball-Room (Mantiis, 2012)
14.  And Then It Was (Mantiis, 2012).


PURE REASON REVOLUTION [18h50-19h40].
https://www.purereasonrevolutionofficial.com/

PURE REASON REVOLUTION est un groupe de rock britannique fondé en 2003, à l'université de Westminster. Les influences perceptibles sont issues de Pink Floyd, Fleetwood Mac, Porcupine Tree, Nirvana, Kraftwerk. Leur musique erre ainsi entre les sonorités du rock alternatif, progressif et électronique.

PPR se compose actuellement de Jon Courtney (chant, guitare, claviers), Greg Jong (choeur, guitare, de 2003 à 2005, et depuis 2021), Annicke Shireen (chant de Heilung ; Jon a fini par convenir du départ de Chloé Alper qui est partie officié dans un groupe populaire anglais) et Ravi Kesavaram (batterie de My Vitriol).

Leur sixième album, "Coming Up To Consciousness" est paru le 6 septembre 2024.

Je les revois aujourd'hui pour la septième fois. En effet j'ai pu les découvrir dans le sillage de Steven Wilson dès le 27 février 2007 au Café de la Danse (invités par Blackfield), puis le 3 juillet 2007 à la Cigale (invités par Porcupine Tree).

Si leurs prestations continuent de m'emporter par leurs rythmes lancinants et leurs mélodies enivrantes, en revanche je ressens une relative amertume depuis le départ de la multi-instrumentiste Chloé. Annicke est certes légitime à son pupitre dont elle assume correctement les fonctions avec une envie et un entrain évident. Mais il me semble percevoir des problèmes de justesses entre les voix un peu plus évidents. En outre l'inspiration semble peiner à renouveler leur style. Rien de rédhibitoire, les polyphonies demeurent douces et ensorceleuses et manifestement une bonne part du public (dont moi) s'enivre volontiers des mélodies entêtantes.

Je confesse volontiers avoir céder à la tentation de secouer le sac à poussières, au dépens de ma pauvre nuque. Je ne boude pas mon premier vrai plaisir de la journée et applaudis chaleureusement la prestation qui, comme d'habitude, a emporté l'ensemble du public présent.

Nous aurons ainsi écouté six titres dont un est issu de "Above Cirrus" paru en 2022. Le nouvel opus n'est donc pas promu ce soir…

PROGRAMME
1.      Silent Genesis (Eupnea, 2020)
2.      Dead Butterfly (Above Cirrus, 2022)
3.      The Bright Ambassadors of Morning (The Dark Third, 2006)
4.      Ghosts & Typhoons (Eupnea, 2020)
5.      Deus Ex Machina (Amor Vincit Omnia, 2009)
6.      AVO (Amor Vincit Omnia, 2009).

 

Nous étions relativement sur la réserve jusque 20 heures, en restant le plus souvent assis sur notre muret au bout de la fosse. Mais cette fois, nous n'avons pas voulu revivre la frustration du début de cette semaine, alors que nous étions assis en fond de salle. Nous nous plaçons au deuxième rang proche de Richard ! Toute la journée, nous avions remarqué de nombreux admirateurs arborant un t-shirt, ce qui ne laissait aucun doute sur l'objectif commun ! Ce soir, la tension monte donc d'un cran.

HAKEN [20h20-23h20].
https://hakenmusic.com/   & https://hakenarchive.co.uk/the_band/

Le quintuor anglais termine sa tournée européenne intitulée "An Evenning with", qui promeut particulièrement leur récent opus "Fauna". Celle-ci avait débuté le 4 septembre par Helsinki et aboutissait à Lyon ce 26 septembre. Entre temps, nous avions assisté à leur concert du 23 à l'Alhambra de Paris. Le Festival nous permet ainsi de les revoir pour la neuvième fois.

Après les avoir vus une première fois le 8 avril 2014 à la Boule Noire de Paris, nous les avions revus ici-même à Barcelone le 11 juillet 2015. A cette époque, encore peu connus, ils étaient invités du festival Be Prog ! "sur un strapontin" ; ils avaient joué sur un minuscule kiosque à musique en marge de la scène principale

Nous retrouvons ainsi les trois piliers historiques, Ross Jennings (chant, depuis 2007), Richard Henshall (guitares, claviers, chœurs depuis 2007), et Raymond Hearne (batterie, chœurs depuis 2007), entourés de Peter Jones (claviers, chœurs de 2007 à 2008, et depuis 2022), Charles Griffiths (guitares, chœurs, depuis 2008) et Conner Green (basse, chœurs depuis 2014).

Le septième album studio du groupe, "Fauna" est paru le 3 mars 2023.

Neuf années après, ils sont donc de retour au Poble Espanyol, mais cette fois en tête d'affiche, pour un spectacle éblouissant, au sens propre comme au sens figuré. Un éclairage somptueux, une sonorisation mixée idéalement, tant par sa puissance mesurée que par sa limpidité.

L'ambiance à l'Alhambra de Paris avait été quelque peu limitée par une configuration en places assises inappropriée. Ici, la fosse est debout, ce qui accentuera encore les effets de l'exubérance du public ibérique.

Mon récit est en mode "festival" ; je ne m'attarderai donc pas sur la perfection de la prestation. Le curieux pourra relire mes précédents ressentis, qui ne seront absolument pas contredit ici. Je considère être objectif en prétendant que ces musiciens sont simplement exceptionnels. Chaque pupitre est exprimé avec une rare conscience et une rare efficacité. Tout parait simple et évident dans une complexité extraordinaire des structures des chansons. Le chant reste juste dans des tonalités pourtant difficiles. La dextérité des guitaristes est sans faille et admirable. Clavier, basse et batterie ne sont au fond de la scène qu'en apparence, car leur rôle essentiel est fabuleux par la richesse des harmonies et des accords. C'est juste étourdissant de beauté ; mon admiration est sans faille.

Allez, histoire de reste crédible, je vais feindre le critique mesquin ; avec le recul l'intégrale de "Fauna" a pu sembler un peu longuet pour ceux qui attendait impatiemment les reprises de plus vieux titres. Mais bon, pour ma part je n'ai pas boudé mon plaisir ! Le répertoire est d'une telle richesse qu'en gourmand insatiable j'aurais apprécié que, pour ce dernier concert, leur programme de tournée intègre en plus "Celestial Elixir" par exemple… Je sais, je suis un enfant gâté (ce titre a déjà été joué devant nous au Midsummer en 2023 !).

Brefs, cessons de chipoter, ce concert fut dantesque, tout simplement ! C'est la fête, surtout durant la seconde partie. La fosse est en totale ébullition, le public se lâche, exulte, saute, danse, sourit béatement. Les plus téméraires se font porter au-dessus de la foule en liesse. Même le photographe officiellement habilité du groupe, vêtu d'un déguisement de Tigrou, se fait porter depuis le fond de la fosse vers la scène tout en filmant la séquence. Cela devrait à mon avis ressortir sur les réseaux ! Dans toute cette agitation, ma priorité est de protéger ma P'tite Fée, ce qui n'est pas une mince affaire, croyez-moi ! Heureusement, nous n'étions pas au centre mais légèrement excentrés, ce qui nous a épargné la fuite qui sinon aurait été inéluctable !!!

A voir les mines réjouies des membres de HAKEN, on imagine qu'ils se souviendront longtemps du public barcelonais (sans doute davantage que du parisien hélas, pour des raisons indépendantes de notre volonté).

Parmi les dix-neuf titres de ce magnifique programme, neuf sont issus de "Fauna", deux de "Affinity", deux de "Virus", deux de "Vector", un de "The Mountain" un de "Visions" un de "Aquarius" un de "Restoration".

PROGRAMME
Bande-son introductive : "The Last Lullaby" (édition japonaise de Fauna, 2023)

ACTE 1 – Fauna [20h20>]
1.      Taurus (Fauna, 2023)
2.      Nightingale (Fauna, 2023)
3.      The Alphabet of Me (Fauna, 2023)
4.      Sempiternal Beings (Fauna, 2023)
5.      Beneath the White Rainbow (Fauna, 2023)
6.      Island in the Clouds (Fauna, 2023)
7.      Lovebite (Fauna, 2023)
8.      Elephants Never Forget (Fauna, 2023)
9.      Eyes of Ebony (Fauna, 2023)
10.  Crystallised (mini-album Restoration, 2014).

ACTE 2 [>23h20]
11.  Puzzle Box (Vector, 2018)
12.  Earthrise (Affinity, 2016)
13.  Cockroach King (The Mountain, 2013)
14.  Nil by Mouth (Vector, 2018)
15.  1985 (Affinity, 2016)
16.  The Strain (Virus, 2020) suivi d'un solo batterie et clavier
17.  Canary Yellow (Virus, 2020)
18.  Drowning in the Flood. (Aquarius, 2010).

RAPPEL :
19.  Visions (Visions, 2011).

Après ce chaos bienveillant, nous quittons la place sans trop tarder, car demain s'annonce fort en émotions, a priori…

 

Le samedi 28 Septembre 2024.

Le ciel est bleu, mais la température est un peu plus fraiche que la veille. De la pluie annoncée pour la fin de soirée, il ne tombera que quelques gouttes négligeables à notre départ !

Nous retrouvons nos places assises de la veille pour attendre la suite des évènements. Je ne le cache pas, je sais que l'après-midi risque de paraitre long, car le programme va nous caresser à rebrousse-poil, jusqu'à la tombée de la nuit !

TODOMAL [16h40-17h30].
https://todomalband.bandcamp.com/
https://www.youtube.com/@todomalofficial7059/videos

Fondé en 2020, en Espagne, TodoMal (qui peut se traduire par "tout mauvais" ; inquiétant !) nous propose un metal doom puissant et lourd, influencé par Black Sabbath, ou plus récemment Opeth. Ses deux confondateurs, Christopher B. Wildman (chants, guitares) et Javier Fernández (basse, chœurs) sont entourés sur cette scène par Javier Félez (guitare, depuis 2023), "Bud" (batterie, depuis 2023) et Cecilia Onirica (claviers, chœurs).

Leur site présente deux albums ; "Ultracrepidarian" paru le 26 novembre 2021, et "A Greater Good" paru le 24 novembre 2023.

Même si encore une fois, nous ne sommes pas a priori venus pour écouter du metal, le groupe me séduit. Les sonorités s'approchent effectivement de celle exprimées par Opeth. D'ailleurs de nombreux mélomanes ne s'y sont pas trompés ; beaucoup arborent un t-shirt à la gloire des Suédois. La musique de TODOMAL est lourde et puissante. La voix claire et caverneuse du chant, les guitares et le clavier entrainent volontiers l'auditeur dans les tourments mélancoliques.

Encore un groupe local qui nous a semblé intéressant donc. En tous cas, pour nos oreilles aguerries de prog'metallos ! Je leur accorde mes applaudissements sincères. Hervé, notre très vénérable défenseur du prog intègre commence déjà à s'ennuyer. Hélas pour lui, cela n'aura été qu'un début…

Parmi sept titres, cinq sont issus de "A Greater Good" qui est paru en 2023.

PROGRAMME
1.      Silent Mass (A Greater Good, 2023)
2.      High Time (A Greater Good, 2023)
3.      Ultracrepidarian (Ultracrepidarian, 2021)
4.      Gods fucking in the Sky (Ultracrepidarian, 2021)
5.      Infero Tristi (A Greater Good, 2023)
6.      Antichrist of Love (A Greater Good, 2023)
7.      A Greater Good (A Greater Good, 2023).

 

ALKALOÏD [17h55].
https://alkaloid-band.com/

ALKALOÏD est un groupe bavarois (allemand) de Death Metal Progressif (!?) fondé en 2014. Sa biographie officielle indique une tendance au "metal progressif extreme" ; tout un programme ! Le premier album, "The Malkuth Grimoire", paraît en 2015 grâce à une campagne de financement participatif. La formation signe ensuite sur le label Season Of Mist suivi de la parution de "Liquid Anatomy" en mai 2018.

Sur scène nous observons un quintuor composé de Florian Magnus "Morean" Maier (guitares, chant), Christian Münzner (guitares), Linus Klausenitzer (basse) et Hannes Grossmann (batterie). Le cinquième serait Justin Hombach (guitare, mais sans garantie sur l'identité !) Je laisse loisir à mon lecteur de remonter le pedigree de ces messieurs.

Un troisième album, "Numen" est paru le 15 Septembre 2023.

Les premières secondes scéniques laissent espérer des choses intéressantes, évoquant même un côté TOOL séduisant. Hélas, ce n'étaient qu'une première impression vite balayée par un déferlement infernal, entretenu par des vociférations difficilement supportables. De ces grognements et autres gémissements d'outre-tombe, embourbés dans des roulements de grosse caisse, émergent certes quelques soli de guitare, voire de beaux duos, du plus bel effet, mais insuffisant pour lisser le tout à nos oreilles souffrantes. Nos oreilles saignent, et je compatis à la douleur d'Hervé, mon ami progueux perdu dans les méandres d'un univers sombre et particulièrement rébarbatif.

Une étonnante proportion du public semble y trouver son intérêt. Je les laisse acclamer la chose.

Sur huit titres, quatre sont issus "Numen" paru en 2023.

PROGRAMME
1.      Kernel Panic (Liquid Anatomy, 2018)
2.      Clusterfuck (Numen, 2023)
3.      Alter Magnitudes (The Malkuth Grimoire, 2015)
4.      Cthulhu (The Malkuth Grimoire, 2015)
5.      Concerto for Piano (libre reprise !? de Johann Sebastian Bach…)
6.      Qliphosis (Numen, 2023)
7.      A Fool's Desire (Numen, 2023)
8.      The Fungi from Yuggoth (Numen, 2023).

 

DØDHEIMSGARD [19h30].
https://peaceville.bandcamp.com/album/black-medium-current

DØDHEIMSGARD, connu aussi sous le diminutif DHG, a été fondé en 1994 à Oslo en Norvège. Le groupe est composé de Yusaf "Vicotnik" Parvez (voix depuis 1996, guitares depuis 1997), Tommy "Guns" Thunberg (guitares, depuis 2015), Lars-Emil Måløy (basse, depuis 2015) et Øyvind Myrvoll (batterie, depuis 2019). Je ne parviens pas à identifier le cinquième larron.

Le nom "Dødheimsgard" est dérivé de trois mots norvégiens : "død", qui signifie "mort" ; "heim", qui signifie "maison" ; et "gard", qui signifie "royaume". En anglais, il se traduit approximativement par "Realm of Death" (royaume de la mort). Voilà le doute n'est plus permis, ces Vikings ne plaisantent pas !

Le sixième (ah, quand même !!) album "Black Medium Current" est paru le 14 avril 2023.

Dans la série "coucou, fais-moi peur", nous avons tous bien failli mourir… de rire. Dans notre désarroi, mieux valait rire de cet affligeant spectacle indigeste. Dans ce chaos sonore indescriptible je n'ai même pas perçu que certains textes furent en norvégiens ; je ne m'en aperçois qu'a posteriori !

Là encore, une bonne part du public espagnol semble y trouver son compte. Sans nous.

Parmi les onze titres, trois sont issus de "Black Medium Current" paru en 2023.

PROGRAMME
1.      Et smelter (Black Medium Current, 2023)
2.      Sonar Bliss (666 International, 1999)
3.      Interstellar Nexus (Black Medium Current, 2023)
4.      Aphelion Void (A Umbra Omega, 2015)
5.      Midnattskogens sorte kjerne (Kronet til konge, 1995)
6.      Kuldeblest over evig isøde (Kronet til konge, 1995)
7.      Bluebell Heart (Monumental Possession, 1996)
8.      The Ultimate Reflection (Monumental Possession, 1996)
9.      Traces of Reality (mini album Satanic Art, 1998)
10.  The Snuff Dreams Are Made Of (Supervillain Outcast, 2007)
11.  It Does Not Follow (Black Medium Current, 2023).

 


COUP DE GUEULE : Un festival généraliste pourrait proposer un large panel de chaque style. Je suis partisan de défendre le concept d'une Musique non compartimentée, non étiquetée. C'est un art vivant et libre. Je suis partisan de la laisser évoluer, en particulier le rock progressif car c'est son essence, et sa vocation. J'en suis d'autant plus convaincu que, tout en restant attaché à ses multiples racines jazz, blues, classique, j'apprécie les évolutions tendant vers le son plus dur et puissant du progmetal ! Je considère que des groupes tels que (notamment) PORCUPINE TREE, DREAM THEATER, RIVERIDE, LEPROUS, HAKEN, OPETH, PAIN OF SALVATION, fers de lance de mon style préféré, continuent de lui apporter un réel élan de fraicheur, après plusieurs décennies d'existence.

Mais là quand même, avec ces trois groupes (OBSIDIAN KINGDOM, ALKALOÏD et DØDHEIMSGARD) je considère qu'il y a de l'abus, de l'usurpation d'identité ! Contrairement à l'étendard bravement montré pour attirer les mélomanes européens, l'incitation n'est plus "BE PROG", mais "BE METAL" ! Lorsque j'ai fait part de ces simples observations sur la page Facebook du festival, je me suis fait rabrouer par son administrateur, me faisant passer pour un Gardien de la Révolution (un comble) ! Puis, cherchant à en débattre respectueusement, j'ai été purement banni de tout accès au site… Cette attitude en dit long sur la mentalité de ces Grands Démocrates. Un peu à l'image de la scène politique ; ce sont souvent ceux qui prétendent défendre les libertés qui opposent le plus d'intolérance !

J'aurais pu continuer à venir à ce merveilleux festival, en dépit de ses choix inadéquats. Après tout, je ne prétends pas détenir la Vérité, et je dois m'incliner devant l'abnégation que requiert l'organisation d'un tel événement ! Mais autant dire qu'en dépit du cadre et du plaisir de venir à Barcelone, je n'ai plus vraiment envie de revenir ici.

Les oreilles ravagées par tant d'assaut destructeurs, notre ami Hervé et sa compagne ont décidé de quitter ce qui est devenu pour eux un lieu de perdition. Je ne lui en veux qu'à moitié. C'est quand même très dommage car le meilleur de la journée restait quand même, à n'en point douter, la tête d'affiche.


Avec ma P'tite Fée nous retrouvons les premiers rangs, mais sur la gauche de la scène cette fois, du côté de Daniel.  Confort d'écoute parfait, on va se régaler !

PAIN OF SALVATION [21h30-23h15].
https://painofsalvation.com/

PAIN OF SALVATION est un groupe suédois fondé en 1984 par le seul membre original restant, Daniel Gildenlöw (chant et guitare).  Reconnu pour son une incroyable musicalité, sa grande variété d'influences et une approche sombre et poétique. PAIN OF SALVATION a la réputation d'être imprévisible, de sortir des sentiers battus et de vouloir expérimenter avec les styles.

Le premier opus "Entropia" est paru en 1997, mais Daniel Gildenlöw a débuté les fondations du groupe dès 1984. Il s'est entouré peu à peu de ce qui allait devenir PAIN OF SALVATION ; Johan Hallgren (guitare, chœurs, de 1997 à 2011, puis depuis 2017), Léo Margarit (batterie, percussions, chœurs, depuis 2007), Vikram A. Shankar (claviers, percussions, chœurs, 2024), et  Per Schelander (basse, 2024).

Le onzième album studio, intitulé "Panther", est paru le 28 août 2020. Déjà plus de quatre années…

Je revois PAIN OF SALVATION pour la sixième fois ce soir. Je suis particulièrement impatient de les revoir car j'ai toujours été séduit par les atmosphères développées par ces Vikings ; polyrythmies sombres et progressives, des syncopes stimulantes, des percussions musclées. Le groupe fait partie de ces groupes dont le son lui est totalement propre ; une recette reconnaissable dès les premières notes.

L'éclairage m'a semblé délibérément trop sombre, mais la sonorisation est toujours aussi excellente. En fond de scène un écran diffusait alternativement le logo du groupe ou des images illustratives.

J'avais beaucoup apprécié leur concert au Midwinter prog festival, le 3 février dernier à Utrecht, mais ce soir c'était un cran encore au-dessus. Sans doute parce que le groupe est redevenu un quintuor, ce qui redonne de la puissance au son. La voix de Daniel est tellement émouvante, dotée d'un timbre à la voix expressive et émouvante, et d'une tessiture saisissante. Les chœurs et les soli de Johan contribuent énormément aux harmonies délicieuses. Léo est un batteur qui s'exprime alternativement avec délicatesse et puissance, sans omettre d'apporter sa voix si singulière (On a Tuesday). Le claviériste Vikram A. Shankar est particulièrement impliqué et exubérant, comme s'il avait contribué à l'ensemble du répertoire, et sa complicité avec Léo fait plaisir à voir (il vient lui arrêter la cymbale, taper sur les caisses, …). Quant au bassiste Per Schelander, idem ; il apparait dans le groupe déjà très impliqué, investi pour accroitre encore la puissante rythmique des chansons.

Tous les titres s'articulent à merveille. Le choix est un parfait équilibre pour évoquer les vingt-quatre dernières années. Bien sûr, on aurait apprécié remonter plus loin dans le temps, ou revisiter d'autres albums (je pense à "Scarsick", les "Road Salt" et "Entropia") mais bon… A défaut de les voir à Paris, je suis déjà bien content d'assister à ce qui est sans doute mon meilleur concert de ces Vikings, à ce jour.

L'auditoire est aux anges ; les mines sont ravies. Le chaos ne fut pas aussi intense que la veille pour Haken mais on en n'était pas loin. Les corps étaient bien épuisés après deux jours de festival mais l'esprit totalement libéré par tant de satisfaction !

Parmi treize titres, cinq sont issus de paru en 2020, quatre de "In the Passing Light of Day" (2017), trois de "The Perfect Element, Part I," (2000), un de "Remedy Lane" (2002).

PROGRAMME
1.      Accelerator (Panther, 2020)
2.      Reasons (In the Passing Light of Day, 2017)
3.      Meaningless (In the Passing Light of Day, 2017)
4.      Wait (Panther, 2020)
5.      Used (The Perfect Element, Part I, 2000)
6.      Beyond the Pale (Remedy Lane, 2002)
7.      Panther (Panther, 2020)
8.      Restless Boy (Panther, 2020)
9.      On a Tuesday (In the Passing Light of Day, 2017)
10.  Icon (Panther, 2020)
RAPPEL :
11.  Falling (The Perfect Element, Part I, 2000)
12.  The Perfect Element (The Perfect Element, Part I, 2000)
13.  The Passing Light of Day (In the Passing Light of Day, 2017).

 

Abasourdis par tant de beauté, nous tardons à remonter de la fosse. Une Estrella bien fraîche est la bienvenue pour remettre les idées en place et pour commencer à échanger nos émotions avec quelques français tout autant émus que nous.

Voilà, c'est fini. Peut-être même définitivement en ce qui concerne ce festival qui, je ne le l'oublie pas, m'aura fait vivre de très belles et inoubliables émotions.



lundi 23 septembre 2024

HAKEN – l'Alhambra (Paris 10e) – lundi 23 septembre 2024.

LE SITE. Il aurait dû se nommer "Le nouvel Alhambra", puisqu'il prétend remplacer l'historique Alhambra qui était établi à 300 mètres de là, avant d'être démoli en 1967. Ce nouvel espace a été inauguré en avril 2008 au 21, rue Yves-Toudic (10ème ardt.). La salle est totalement insonorisée, une coque de béton et d’acier, pesant 800 tonnes, posée sur ressorts et fondée sur une puissante infrastructure édifiée en sous-œuvre. La salle est ainsi désormais totalement indépendante de l’immeuble dans lequel elle se cache. Sa capacité assis/debout est entre 600 et 800 places. Il y a un peu moins d'un an, le lundi 16 octobre 2023, nous étions venus une première fois, pour assister à un formidable concert de RIVERSIDE.
http://www.alhambra-paris.com

LE CONTEXTE. Ouverture des portes une heure avant le début du concert (18H30). Une bande-son du film "Le livre de la Jungle" accueille les auditeurs pour attendre le commencement.

L'organisateur de l'évènement a cru opportun de configurer la salle en places assises et numérotées. Cette initiative relativement inhabituelle nous a probablement déstabilisés ; le dimanche 12 mai nous avons opté à l'économie pour des places positionnées en fond de salle, à deux rangs avant le mur. D'abord inquiet pour la visibilité et pour l'acoustique, je finirai par apprécier l'emplacement, bien qu'un peu éloigné de la scène… Quoi qu'il en soit, nous étions à peine remis du concert d' IQ de samedi dernier ; cette option pépère nous permet d'assister sans trop de fatigue à notre huitième concert du groupe.

Bref rappel biographique. Le multi-instrumentiste Richard Henshall, et le chanteur Ross Jennings ont débuté la conception de HAKEN vers 2004, mais le groupe s'est formellement constitué en 2007. Ils ont ainsi enregistré une démonstration, "Enter the 5th Dimension" en 2008. La parution de leur premier album "Aquarius", le 30 mars 2010, confirme immédiatement la phase ascendante. HAKEN peut être considéré comme un groupe stable. On retrouve les trois piliers historiques, Ross Jennings (chant, depuis 2007), Richard Henshall (guitares, claviers, chœurs depuis 2007), et Raymond Hearne (batterie, chœurs depuis 2007). Le quatrième membre fondateur, Peter Jones (claviers, chœurs de 2007 à 2008, et depuis 2022) est récemment revenu ; il avait quitté le groupe en 2008 pour poursuivre une carrière universitaire dans la physique. Restés amis, il revenait les voir à chaque concert à Londres, il a même fait des apparitions sur "Vector" et "Virus". La première recrue post-fondation Charles Griffiths (guitares, chœurs depuis 2008) demeure fidèle au poste. Le petit dernier aussi, Conner Green (basse, chœurs depuis 2014).

Le septième album studio du groupe, "Fauna" est paru le 3 mars 2023. Nous avions assisté à quelques interprétations de cet opus lors du festival Midsummer le 23 juin 2023, mais cette fois nous aurons droit à l'intégrale.

HAKEN adopte donc à son tour le concept "an evening with", que j'ai déjà apprécié notamment avec Steven Wilson, Anathema et Dream Theater. Cette tournée, qui leur permet de promouvoir "Fauna", a débuté en février en Amérique du Nord, a continué au printemps en Asie puis en Océanie. Deux étapes festivalières durant l'été, ont précédé la reprise de la tournée en Europe qui a débuté le 4 septembre en Finlande.

Je ne le cache pas, HAKEN est un de mes groupes vivants favoris. A l'instar des Norvégiens LEPROUS et des Américains DREAM THEATER, ces Anglais parviennent à m'émerveiller par leur capacité à composer des harmonies à la fois complexes et mélodiques grâce à un talent d'exécution extraordinaire. Leur musique mélange brillamment les influences multiples pour faire progresser le concept du rock. Cette fusion audacieuse entre modernité et tradition me subjugue à chaque écoute. Il serait particulièrement vain de classifier leur musique tant elle tire son inspiration de plusieurs sonorités issues des années 70 et 80. Mais disons que, compte tenu de mon parcours de mélomane qui a longuement erré dans le hardrock, il me plait de les situer dans une mouvance progmetal ou plutôt, metalprog fusion jazzy. Mais, comme dit l'adage, peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse, hein !?

LE CONCERT [19h30-23h50] Notre emplacement (assis et éloigné) n'est pas idéal, mais l'acoustique de la salle est bonne et la sonorisation est bien équilibrée ; j'entends clairement la voix, et les instruments. Un éclairage particulièrement lumineux et coloré contribuera à valoriser ces artistes extraordinaires. Sur notre droite de la scène sont positionnés le pupitre du guitariste&clavier (Richard) et celui du bassiste (Conner). Sur notre gauche, se situent les pupitres du guitariste (Charles) et du clavier (Peter). Devant le socle central de la batterie occupé par (Raymond), se tient le chanteur (Ross). En fond de scène, s'étend une illustration rappelant le thème du récent album promu par cette tournée.

La prestation prévoit deux actes d'environ une heure et demie chacun, entrecoupés d'un entracte d'une petite demi-heure.

On ressent un spectacle déjà bien rôdé. Le premier acte déroule l'intégralité de l'album "Fauna", et démontre une nouvelle fois la maîtrise et la précision déjà légendaire de chacun des musiciens ; c'est un pur régal qui permet de confirmer toutes les qualités de cet album montrant un retour du groupe aux fondamentaux du rock progressif. Ce premier volet se termine toutefois avec l'étourdissante interprétation de "Crystallised", qui était paru en 2014 dans le mini-album "Restoration".

Le second acte accentue l'euphorie générale grâce à une sélection de titres astucieusement choisis parmi les six  albums parus durant la décennie 2010-2020.

La perspicacité et la technicité développée ce soir par ces musiciens pourraient entretenir de nombreuses lignes de commentaires dithyrambiques, tant sur leur talent individuel que sur leur capacité à trouver la cohérence et l'harmonie dans ce foisonnement de sons syncopés. Je suis admiratif de leur extraordinaire efficacité que rien ne semble pouvoir perturber. Ils sont moins dans la démonstration que dans la sobriété ; l'exubérance est dans le jeu.

Quant à la voix tellement distinctive de Ross, je ne me lasse pas d'écouter son chant, dont la tessiture lui permet des falsetti du meilleur effet. Et d'ailleurs, toujours sur le plan vocal, je souligne les interventions des autres musiciens aux chœurs, une autre particularité chez HAKEN ; et notamment lors des polyphonies déjantées qui ne sont pas sans rappeler celles de GENTLE GIANT.

L'auditoire est composé d'un public hétéroclite, manifestement déjà conquis et connaisseur à la fois du répertoire et de ses influences. Il s'emporte autant sur les séquences subtiles et jazzy que sur celles, plus puissantes et lourdes, de la période "Vector" et "Virus". L'exaltation est toutefois à son comble sur les morceaux devenus emblématiques tels que "Cockroach King" et "Visions". Ce dernier titre achève de nous conforter dans la satisfaction totale ! L'ovation finale est grandiose. Ross, drapé de notre drapeau tricolore estampillé au nom du groupe, affirme être attaché au public parisien. Gageons qu'il ne tarde pas trop à revenir ! En ce qui nous concerne, moi et ma P'tite Fée reverrons HAKEN prochainement… à Barcelone. Mais c'est une autre histoire !

Parmi les dix-neuf titres de ce magnifique programme, neuf sont issus de "Fauna", deux de "Affinity", deux de "Virus", deux de "Vector", un de "The Mountain" un de "Visions" un de "Aquarius" un de "Restoration". Pour l'anecdote, précisons que le public londonien a eu droit à l'intervention d'un trompettiste sur "The Alphabet of Me"

PROGRAMME
bande son introductive : The Last Lullaby (édition japonaise de Fauna, 2023)


ACTE 1 – Fauna [19h30-20h50]
Taurus (Fauna, 2023)
Nightingale (Fauna, 2023)
The Alphabet of Me (Fauna, 2023)
Sempiternal Beings (Fauna, 2023)
Beneath the White Rainbow (Fauna, 2023)
Island in the Clouds (Fauna, 2023)
Lovebite (Fauna, 2023)
Elephants Never Forget (Fauna, 2023)
Eyes of Ebony (Fauna, 2023)
Crystallised (mini-album Restoration, 2014).


ACTE 2 [21h25-22h50]
Puzzle Box (Vector, 2018)
Earthrise (Affinity, 2016)
Cockroach King (The Mountain, 2013)
Nil by Mouth (Vector, 2018)
1985 (Affinity, 2016)
The Strain (Virus, 2020) suivi d'un solo batterie et clavier
Canary Yellow (Virus, 2020)
Drowning in the Flood. (Aquarius, 2010).
RAPPEL :
Visions (Visions, 2011).

L'émotion est intense, nous ressentons l'envie d'échanger nos ressentis encore incandescents ! Je me souviens que dans ces circonstances, les membres de HAKEN venaient volontiers parmi nous pour recueillir nos impressions, à la Boule Noire, à la Maroquinerie, au Divan du Monde, et même après leur prestation au festival de Barcelone et de Valkenburg… Mais cette fois ils ne viendront pas. Tant pis.


samedi 21 septembre 2024

IQ – Café de la Danse (Paris 11e) – le samedi 21 septembre 2024.

 

LE SITEhttps://www.iq-hq.co.uk/ Avec une légitime subjectivité, je me permets de m'interroger sur les choix de programmation de cette magnifique salle de spectacles. Car en effet, même si on peut admettre une grande diversité d'expressions artistiques (entre 150 et 180 événements par an), je peine à comprendre pourquoi je ne suis amené à venir davantage au Café de la Danse … Le fait est qu'en dépit de mon volontarisme et de mon éclectisme pour assister à de nombreux concerts à Paris et alentours, la programmation n'a pas proposé de quoi m'attirer depuis ... le 4 juin 2018 ; c'était pour ANGE !  et encore ; avant cela il faut remonter au 24 janvier 2009 pour BLACKFIELD !!

Et pourtant, cette salle de 500 places située près de Bastille à Paris, le Café de la Danse propose des spectacles, des concerts et des évènements depuis 1992. Située au 5, passage Louis-Philippe dans le 11e arrondissement. En outre elle dispose de deux types de configurations : 250 places assises ou 500 places debout/assis.

J'appréciais également la Cigale (qui décide de rejeter un style qui ne leur évoque manifestement aucun intérêt), le Divan du Monde (qui a radicalement changé de configuration), l'Arapaho (qui a fermé), et j'en oublie…autant de salles, qui n'accueillent plus nos concerts favoris.


LE CONTEXTE. Ce quintet britannique, cofondé en 1981 par Mike Holmes et Martin Orford, s'inscrit indubitablement dans la mouvance du rock néo-progressif, à l'instar de ses contemporains MARILLION et PENDRAGON. Le groupe a surmonté une réelle instabilité, ses musiciens sont parfois partis pour revenir, parfois non. Actuellement, le pilier Mike Holmes (guitares, claviers, chœur depuis 1981) est entouré de Tim Esau (basse, chœur de 1981 à 1989, et depuis 2011), Peter Nicholls (chant de 1982 à 1985, et depuis 1989), Paul Cook (de batterie 1982 à 2005, et depuis 2009), Neil Durant (claviers depuis 2011).

A l'instar de nombreux groupes similaires fortement influencés par leurs ainés, le groupe a peiné à déterminer son propre style musical, surtout au début ; il était souvent comparé à Genesis. Pourtant, le guitariste Mike Holmes est parvenu à affirmer sa particularité dans ses racines de rock progressif, avec des longs morceaux aux arrangements et aux harmonies complexes. Chacun apprécie la discographie selon son ressentis, mais personnellement il me semble que le groupe s'épanouit réellement après le retour de Peter Nicholls pour enregistrer "Ever" qui paraitra le 1er juin 1993.

Le douzième album, "Resistance" est paru le 11 octobre 2019. Son successeur est en cours d'enregistrement.

Un ami bien inspiré m'offrit pour mon vingt-cinquième anniversaire "Nomzamo", qui venait de paraitre l'année précédente. A défaut d'être un chef d'œuvre, cet album avait eu le mérite de retenir mon attention à une époque où j'écoutais des sons biens plus énervés ! Cependant, je dois confesser n'avoir trouvé réellement La Porte que vers la fin des années 2000. A ma décharge, la France a rarement eu le privilège de les accueillir. La faute à qui ?... J'ai ainsi attendu trente-et-une années pour les voir enfin sur scène !

Une première opportunité s'était pourtant présentée avec l'affiche initiale du festival BeProg My Friend pour son édition 2015. En effet, IQ était prévu et d'ailleurs il figure sur mon t-shirt. Cette année-là, avec ma p'tite Fée nous avions hésité entre découvrir ce festival barcelonais, ou découvrir le festival Loreley ; les deux présentaient CAMEL à l'affiche. Nous avions choisi finalement Barcelone précisément parce que IQ faisait partie de nos objectifs prioritaires ! Leur défection fut par conséquent très décevante, mais cependant notre choix nous a permis de débuter une nouvelle addiction à ce beau festival ensoleillé qui nous servira de bien belles émotions (2015/2016/2017/2018). Pourtant, l'affiche du Loreley était par ailleurs également fabuleuse. Vous me direz que nous aurions pu nous rendre aux deux. Certes. Mais à cette époque notre jeune couple ne bénéficiait pas encore de la souplesse de calendrier requise… et d'ailleurs je ne suis allé aux deux qu'en 2018, … et seul !

L'occasion me fut accordée par le Midsummer festival, le samedi 22 juin 2019 ; mais cette première prestation me parut décevante. Manifestement Peter Nicholls et IQ, n'avaient pas apprécié de passer juste derrière Pure Reason Revolution qui venait d'exalter le public (moi, y compris d'ailleurs). En revanche, ma seconde tentative fut davantage convaincante, lors du Night of the Prog festival, le vendredi 19 juillet 2019. Néanmoins, à ce stade je considérais que la musique de ce groupe s'apprécie davantage en salon. Cette troisième fois, me permettra de les apprécier dans un cadre plus intime, pour un concert qui leur est dédié ; ce sera alors une toute autre histoire !

Avant de me rendre à l'évènement, je n'ai pas résisté à la tentation de consulter le programme interprété la veille pour le premier concert de leur tournée, qui s'est tenu à Uden aux Pays-Bas [De Pul Grote Zaal]. Je misais sur un programme similaire de quatorze titres merveilleux mais, de nature inquiète, j'imaginais qu'il fut moindre ; que nenni !

Une très longue file d'attente nous intègre dans la rue Lappe (perpendiculaire à celle de ladite salle). Je regrette déjà de ne pas être arrivé plus tôt. Mais c'est déjà un bon présage sur l'affluence à ce concert. Nous constaterons que la salle est bien pleine, même si la soirée n'était pas annoncée au complet. Cependant, une fois rentré, avec ma p'tite Fée nous nous positionnons non loin de la scène, légèrement excentrés sur la droite ; il est vrai que la fosse n'est pas très grande et qu'une bonne partie des auditeurs a choisi les gradins et balcons.

LE CONCERT. IQ [20h-22h30]. D'emblée, l'auditoire peut se convaincre de la qualité acoustique de la salle ainsi que de la sonorisation qui, de mon point d'écoute, m'a semblé parfaitement équilibrée. Les pupitres guitares et claviers n'ont jamais été altérés par la batterie ni par la basse. Les conditions idéales sont réunies pour passer une excellente soirée. Il manquait juste un peu de ventilation pour dissiper cette sensation de chaleur un peu pénible, pour peu que la prestation nous en laisse le loisir. En fait, les deux heures et demie sont passées dans une atmosphère de pur bonheur partagé ! L'ambiance feutrée des interprétations était accentuée par un éclairage plutôt sombre, mais dont les subtilités lumineuses ont permis cependant quelques belles prises d'images (voir mon album).

En fond de scène sont disposés trois écrans, sur lesquelles des rétroprojecteurs diffusent les illustrations requises.

Dès le début, et jusqu'à la fin nous avons vécu un pur bonheur auditif. Les musiciens nous ont exprimés leur répertoire enivrant avec talent et poésie. Nous retrouvons ces caractéristiques si particulières du rock dit néo-progressif ; des harmonies délicieusement oniriques, douces et mélodieuses accompagnées des émouvants soli de guitare de Mike Holmes et du timbre si mélancolique de Peter Nicholls. La conjugaison parfaite avec les autres pupitres essentiels a contribué à nous évader de nos réalités quotidiennes … De surcroit, Mike, outre ses redoutables et magnifiques interventions à la guitare, était d'humeur assez badine pour aller au-delà des chœurs prévus en chantant les paroles en retrait du micro !

Un de mes albums favoris est "Dark Matter" ; son évocation génésienne avec "Harvest of Souls" introduite délicatement avec deux guitares à douze cordes fut un moment fort apprécié de la soirée. Ma parenthèse découverte fut l'évocation de "The Seventh House" avec "Guiding Light" avec notamment sa séquence instrumentale fantastique ! Ravissement également d'écouter "Headlong" qui me parait bien plus séduisant sur cette scène qu'en studio ! Au comble du bonheur, je fus soulagé de constater que "Frequency" en premier rappel fut maintenu ; j'y tenais tout particulièrement !

C'était la première fois que j'assistais à un concert du groupe en France ; la personnalité de Peter Nicholls nous est apparue bien différente. Il nous a montré un aspect francophile inattendu, en s'exprimant souvent dans notre langue. Bien plus souriant et détendu que précédemment. A 65 ans, il parvient à exprimer avec émotion et justesse un répertoire vocal particulièrement délicat. La noirceur des thèmes est révélée sur des tonalités mineures à la limite de la dissonance, et le bougre maitrise cet art.

Le courant est manifestement bien passé entre le groupe et son auditoire ! Le public parisien leur a accordé un formidable accueil dont il est permit d'imaginer que le groupe se souviendra. D'ailleurs Peter s'est clairement engagé à revenir "bientôt" et ce, à au moins deux reprises !

Parmi quinze titres, deux anticipent leur prochain album, trois sont issus de "Resistance" (2019), trois de "The Road of Bones" (2014), les autres sont un astucieux rappel de leur discographie depuis 1985. Personnellement, cette liste m'a ravi par son éclectisme et son astucieux équilibre entre la nécessaire évocation d'un prestigieux parcours et la promotion de l'œuvre récente. Le poids accordé aux deux derniers opus parus (2014 et 2019) m'a particulièrement séduit. Les deux nouveautés nous ont laissé entrevoir un bel album à paraitre. Et plus personnellement, j'ai été content d'assister à l'interprétation d'un titre issu de "Nomzamo" qui est l'album avec lequel j'ai connu le groupe (même si j'en conviens ce n'est pas le meilleur !). Enfin, l'enthousiasme bruyamment exprimé par le public a sans doute contribué à obtenir un troisième rappel dûment mérité !

PROGRAMME

From the Outside In (The Road of Bones, 2014)
Subterranea (Subterranea, 1997)
Stay Down (Resistance, 2019)
No Dominion (album à paraitre)
Harvest of Souls (Dark Matter, 2004)
No Love Lost (Nomzamo, 1987)
Shallow Bay (Resistance, 2019)
Far From Here (album à paraitre)
Rise (Resistance, 2019)
Guiding Light (The Seventh House, 2000)
The Road of Bones (The Road of Bones, 2014)
Headlong (The Wake, 1985).
RAPPEL :
Frequency (Frequency, 2009)
RAPPEL :
Ten Million Demons (The Road of Bones, 2014).
RAPPEL :
The Last Human Gateway [Middle Section] (compilation The Lost Attic, 1999).

Bien évidemment l'auditoire peine à se disperser ; les échanges d'impressions vont bon train ! Nous sommes tous subjugués par tant d'émotions… Mon fils ne regrette pas mon insistance pour qu'il nous accompagne ici ; il va creuser la question, désormais ! Je me précipite cependant à l'échoppe située au balcon afin de compléter ma discothèque. Je me procure ainsi "The Seventh House" pour 12€, ainsi que le coffret "The IQ Weekender 2024" et le bluray "Scrape Across the Sky".  Pas de t-shirt pour cette fois, je m'abstiens (on applaudit bien fort, merci !).





jeudi 19 septembre 2024

FRANCK CARDUCCI & THE FANTASTIC SQUAD – Backstage de Montrouge (92) – le jeudi 19 Septembre 2024.

Cette fin d'été 2024 est marquée par une concentration d'évènements, sans doute motivée par les reports de calendriers résultant des JO 2024. Les temps de récupération entre les loisirs et le travail sont du coup un peu compliqués à gérer. Ce jour de semaine, j'avais plutôt vocation à me prélasser dans mon canapé chez moi avec ma chérie et mon chat. Oui mais voilà, l'agenda de Monsieur Carducci a ciblé ce jeudi pour nous accorder un concert en proche banlieue, gratuit de surcroit ! Un bus (125) assure la liaison directe entre mon domicile et The Basckstage, que je souhaitais visiter depuis un certain temps déjà. Je ne pouvais donc décemment pas renoncer…

LE SITE. "The Backstage est un café-concert situé à 5 minutes de la Porte d’Orléans, à Montrouge. Pas une salle de concert, mais plutôt un lieu confortable, où s’attabler devant un bon verre, en dégustant de bons produits (tapas, planches, desserts…) et surtout, en écoutant jouer un groupe en concert. Une qualité acoustique unique sur Paris, un bar mieux équipé qu’une salle de concert… un lieu dédié aux amoureux de musique vivante,  où partager de bons moments de convivialité. Un espace de 300m² climatisé, 130 places assises." Sur place, je constaterai que l'acoustique de la salle s'avère effectivement adaptée. Un espace scénique équipé, proportionnel à la salle, accueille les musiciens sous les feux de quelques éclairages adaptés selon les artistes.

A l'entrée on doit s'acquitter d'un droit d'accès à 2 €. Une partie de notre microcosme de passionnés est là, avec qui je trinque ma Brooklyn East IPA à la pression que je me suis fait servir moyennant … 7 €, quand même !
https://thebackstage.fr/

Red RETAM [20h00].
https://redretam.com/
https://www.youtube.com/@redretam8712

La biographie de RED RETAM indique notamment que c'est un trio de rock originaire de la région Annécienne, formé en 2000. "Le groupe se caractérise par un rock énergique où les textes en français sont souvent basés sur des observations qui les touchent : l’injustice, l’actualité, la tourmente, et la contradiction. Le son rock électro est dû au mélange guitare/ basse/ batterie avec l’électronique des claviers et samplers… RED RETAM intégre à sa musique des sonorités et ambiances différentes, inspirées de leurs racines musicales, parmi lesquelles le hard rock, le rock, l’électro, le trip hop ou encore le grunge (les influences avouées du groupe sont NIN, Archives, Aston Villa, Ghinzu…)".

Etonnamment, leur site n'identifie pas ses membres ; mais en fouinant dans un article à leur sujet, je découvre RED RETAM est un trio constitué de Fred Miguel aux synthés, Mick Marcillat, à la guitare et la basse et Fred Busson au chant et à la batterie.

Leur discographie présente un mini album (4 titres) intitulé "IRM" paru en 2004, un monoplage "Un monde" paru en 2015, et un monoplage "Un Rayon Par Étage" (2017).

Une sonorisation bien équilibrée permet de distinguer correctement les pupitres. Le dispositif d'éclairage est minimaliste mais lumineux. En fond de scène, l'écran du Backstage diffuse quelque temps la publicité des prochains concerts prévus ici, avant d'afficher le logo du groupe.


Etant a priori peu enclin à prêter attention à ce genre musical, j'écoute cependant sans gêne particulière. Je perçois même de bonnes séquences et je me surprends souvent à battre du pied. Les musiciens expriment leur musique électro-rock avec l'entrain requis, de manière assez communicative. Avec fougue, Fred Miguel bouscule son clavier dans ses élans. Lorsque Fred Busson se met à scier une malheureuse chaise avec une tronçonneuse, je me dis que j'ai sans doute manqué de suivre le texte de la chanson ; je n'ai pas vraiment compris le sens de la démarche… Le regard de mon voisin semble partager la même perplexité. Le bûcheron en sera quitte à balayer la scène après son départ. Bon, et puis le porte-paroles m'a quelque peu agacé avec des propos politisés de mauvais goûts ; il a répété qu'il n'aime pas les riches. Il aurait annoncé ne pas aimer les pauvres que cela ne m'aurait pas moins choqué. Je ne me situe pourtant pas du tout dans la cible du prédicateur, mais cette posture intolérante me crispe, alors que je suis venu me divertir. Dès lors, leur quête de notoriété artistique s'arrête là, et j'attends la fin avec une certaine impatience.

Toute cette agitation prend fin avec les applaudissements polis d'un public majoritairement venus pour l'étape suivante.

PROGRAMME
(à déterminer)


FRANCK CARDUCCI & THE FANTASTIC SQUAD
http://www.franckcarducci.com/

Franck CARDUCCI est un multiinstrumentiste (chant, guitares, basse, clavier) qui occupe une place à part dans le répertoire des artistes et dont je suis le parcours depuis quelques années. Ce musicien et mélomane authentiquement passionné est très actif, toujours à l'affût de pouvoir se produire en concert aux quatre coins de l'Europe. Très accessible et humainement attachant, on ne peut qu'être séduit par son univers. Depuis quelque temps, il a fondé THE FANTASTIC SQUAD pour soutenir sa création. Cette équipe de joyeux drilles contribue désormais à animer les concerts avec une ferveur et un engagement garantis pour enthousiasmer ses auditoires. J'ai particulièrement appréciés la prestation lors du festival The Night of the Prog en Allemagne, le 15 juillet 2023.

Sa biographie fait légitimement valoir sa notoriété parmi un public composé de mélomanes avertis et d'artistes reconnus, ainsi que ses collaborations avec Steve Hackett (ex-guitariste de Genesis, qui les soutient depuis 2010, et a même enregistré sur leur deuxième album en 2015) ou avec Sting (dont il a assuré la première partie en juin 2022 devant 15 000 personnes). Le Français a opté pour les textes anglophones afin de séduire une part toujours croissante d'un auditoire avide d'aventures sonores et de fantaisie.

Son premier album "Oddity" (2011) a marqué le début d'un voyage épique, qui s'illustre parfaitement sur scène avec costumes, maquillages, ambiances psychédéliques, humour et sensualité. Pour son deuxième opus "Torn Apart" (2015), Steve Hackett lui a fait l'honneur d'apporter sa contribution. Puis Franck a participé une première fois au Night Of The Prog 2017. Son troisième opus "The Answer" est paru en novembre 2019.

LE CONCERT. [21h10-23h] Une bande-son introductive annonce l'arrivée du groupe, qui débute le concert sans tarder ; les présentations et commentaires suivront après un bon quart d'heure d'enchainement de titres. Comme l'annonce son site officiel, l'auditeur est vite emporté dans une véritable expérience musicale où on perçoit bien les influences festives du rock des années 70. Les voluptueuses interventions de Mary accentuent les atmosphères oniriques par des chants, des danses et une gestuelle élégante.

La sonorisation parfaitement équilibrée permet de mesurer l'apport de chaque musicien, dont le talent et l'enthousiasme contribuent grandement à emporter l'auditoire au pays des sourires. Le mot divertir prend ici tout son sens ; la fantaisie et l'exubérance se conjuguent harmonieusement avec la musique. L'univers musical est chatoyant et euphorique.

Je retrouve ce soir tous les aspects qui m'avaient emporté sur le site de la Loreley. Lea Fernandez est une batteuse aussi souriante et enthousiaste qu'efficace pour mener le rythme requis pour cette atmosphère festive. Le guitariste Barth Sky et le claviériste Cédric Selzer (arrivé en 2021) sont aussi exubérants que talentueux dans leurs interventions. Leur vivacité et leur entrain anime le cirque rock 'n' roll. Mary Reynaud a de nouveau démontré toutes les facettes de son talent de comédienne et de danseuse (Alice), de musicienne (guitare, thérémine, percussions) et de chanteuse. A cet égard, son interprétation audacieuse de "The Ecstasy of Gold" (reprise d'Ennio Morricone) m'a de nouveau bouleversé. Sa tessiture lui a permis d'exécuter très fidèlement le chant légendaire ! N'oublions pas sa voix suave lorsqu'elle chante The Angel. Garante de la sensualité, elle fait osciller sa thérémine par ses ondulations corporelles. Ses danses du ventre torrides et ses ballets de tissus colorés, accentuent la beauté du spectacle. Le tout est canalisé par le chant de Franck ainsi que par ses puissants et chaloupés accords de basse. La reprise de "Wish You Were Here" de Pink Floyd fut un autre moment de communion intense avec le public chantant ! 

Le public est ravi est le faire bruyamment savoir par une ovation méritée.

Voici les treize titres interprétés : 

PROGRAMME
Slave to Rock 'n' Roll (The Answer, 2019)
A Brief Tale of Time (Torn Apart, 2015)
Achilles (Oddity, 2011)
The Ecstasy of Gold (reprise d'Ennio Morricone)
The Betrayal of Blue (à paraitre)
The Limits of Freedom (à paraitre)
Artificial Paradises (Torn Apart, 2015)
Wish You Were Here (reprise de Pink Floyd )
The Angel, chanté par Mary
Solo de Léa
Torn Apart (Torn Apart, 2015)
Alice's Eerie Dream (Oddity, 2011)
Love or Survive.
RAPPEL :
On the Road to Nowhere  (The Answer, 2019) (a capella par tous les membres).

Après son concert, je me rapproche de Franck et de son échoppe pour le féliciter pour cette belle prestation, et pour me procurer l'enregistrement en concert de son spectacle. Je sais qu'il fait partie de ces artistes particulièrement sensibles au soutien de ses admirateurs, qui d'ailleurs auraient pu/dû être un peu plus nombreux ce soir ; les absents avaient torts, et ce n'est pas seulement un vieil adage….