Ce rendez-vous traditionnel fixé à chaque mi-décembre par
MOSTLY AUTUMN au Spirit of 66, est désormais inscrit à notre calendrier, qu'il
vente ou qu'il pleuve. Contrairement aux précédentes fois (pluie, neige, verglas), notamment à l'approche des Ardennes, les
conditions météorologiques furent cette fois satisfaisantes.
Au-delà de ce motif musical, notre décision pour ce
déplacement est facilitée par l'assurance d'un accueil confortable à l'hôtel des Ardennes où Maguy, la
patronne, personnifie la convivialité belge par excellence. D'ailleurs, nous
nous inquiétons désormais de la mise en vente de l'établissement ; l'avenir
nous dira ce que deviendra l'accueil.
De surcroit, la
Fringale est la friterie devenue incontournable, je dirais même rituelle
pour nous restaurer dès notre arrivée à Verviers. Elle a ouvert ces portes fin
2022 et offre de succulentes spécialités belges ; des frites délicieuses, les
viandes assorties de milles sauces possibles et surtout … des bières à la
pression issues de la {C}, une
brasserie locale, dont la plus récente est la Curtius, un régal aux saveurs florales étourdissantes !
Et puis surtout, le dévouement de Francis pour gérer cette
salle, devenue mythique au fil du temps, est admirable. Une programmation
éclectique tente d'attirer les mélomanes des pays environnants ; outre les
Belges bien sûr, dans le public on a pu discerner aussi des Français, des Allemands,
des Anglais, des Luxembourgeois, des Suisses, et des Néerlandais. Pourtant, ces
derniers ne sont pas les plus à plaindre s'agissant des étapes de tournées…
Nombreux sont, comme nous, près à parcourir des
centaines de kilomètres pour assister aux concerts de nos artistes favoris au Spirit of 66 ! En ce qui nous concerne,
cela représente quatre cents kilomètres, heureusement desservis en grand partie
par autoroutes, en un peu moins de quatre heures. Peu d'artistes sont de nature
à nous faire déplacer ainsi ; STEVEN WILSON (& Co), CAMEL, LAZULI,
THE WINDMILL sans doute. Mais aussi assurément MOSTLY AUTUMN, désormais.
En effet, même tardif, notre intérêt pour ces Anglais
ne fait que croitre à chacune de leurs prestations. Ce jour, nous nous
déplaçons pour la quatrième fois, et ce avec toujours le même engouement,
jamais déçu.
Pour éventuellement comprendre notre passion, j'invite
mon lecteur à se rapporter à mon précédent récit [ici] pour un reflet de leur
biographie. Je rappelle simplement ici que ce groupe originaire de York, (North Yorkshire) s’est formé en 1995 autour de Bryan Josh,
chanteur et guitariste et de la chanteuse Heather Findlay (qui mène maintenant une carrière solo depuis 2010).
A la base, leurs prestations consistaient
principalement à rendre hommage aux Pink Floyd. Mais, au fil du temps et des
changements d'effectifs, leur musique s'est forgé une identité, en fusionnant
diverses influences, notamment Pink Floyd donc, mais aussi Fleetwood Mac,
Jethro Tull ou Camel. Les ingrédients subtilement dosés se composent de
superbes mélodies enveloppées de voix féminines sensuelles, envoutantes, et
transcendées de superbes soli de guitares. Cet enchantement musical mêle
brillamment du rock à la fois puissant et mélodique avec des thèmes
folkloriques, traditionnels, celtiques. Avec ma p'tite Fée, on se surprend
souvent à s'imaginer autour d'un feu de camp, en compagnie de ces saltimbanques
pour chanter, boire et danser nuits et jours sous les cieux de l'Albion (ou
ailleurs) …
Leur discographie est riche de compositions
magnifiques. Mais s'il me fallait en désigner un, l'opus "White Rainbow", paru fin 2018 (ou le 1er mars 2019, selon les sources…) constitue selon
moi leur chef d'œuvre ; cet album transpire une émotion tellement sincère qu'elle
en est à la fois indescriptible et presque palpable. Un opus indispensable dans
la discothèque de tout mélomane. Il rend un émouvant hommage à Liam Davison,
longtemps guitariste de MA et ami d’enfance de Brian Josh, disparu brutalement
fin 2017.
Toutefois, "Graveyard
Star" le quatorzième album paru le 24 septembre 2021, est également somptueux, bourré de mélodies
entêtantes et d'harmonie entre tous les pupitres.
Bref, en compagnie de nos amis helvètes, nous sommes
de nouveau parmi les premiers à nous présenter à l'entrée de ladite salle, ce
qui nous permet de bénéficier de notre emplacement favori, au premier rang
(légèrement excentré sur la droite, face à Chris) pour mieux partager les
émotions avec les sept musiciens.
Cet emplacement n'est pas vraiment le meilleur sur un
plan acoustique, mais nous n'avons pas eu à en souffrir beaucoup. La voix, un
peu en retrait au début, est rapidement devenue perceptible, comme les autres
pupitres. Le dispositif d'éclairage m'a semblé un peu trop insistant sur les
rouges et les bleus (ce qui est nuisible
aux clichés depuis nos portables) mais sans altérer toutefois les
atmosphères requises.
D'une stabilité remarquable, le groupe se présente de
nouveau composé de Bryan Josh (chant
et guitares), et Iain Jennings
(claviers, depuis 1997), entourés d'Olivia Sparnenn-Josh
(chant, percussions, flûte à bec, depuis 2005), Angela Gordon (flûtes, claviers, percussions, et chœurs, 1997-2007, et
depuis 2016), Chris Johnson
(guitares rythmiques et acoustiques, chant, claviers, 2006-2007, et depuis
2014), Andy Smith (basse, depuis
2000) et de Henry Rogers (batterie, depuis
2018).
LE CONCERT
[20h30/21h20 – 21h45/23h30]
Pour décrire mes émotions dans mes récits, j'ai
toujours des scrupules à user de superlatifs qui pourraient être de nature à
décrédibiliser mes propos. Et pourtant. Il s'agit bien de magie. Du septuor se dégage
un état d'esprit positif, collectif, généreux ; et ce, avant, pendant et après
leurs concerts. Je l'ai déjà ainsi relaté et je le répète volontiers ; ces sept
ne font qu'un sur scène. Aucun ne semble tirer les couvertures à lui, pas même
Bryan dont les soli pourtant brillants semblent couler de source dans ce flot
de mélodies. Personnellement, Bryan Josh
m'émeut autant que David Gilmour, Andrew Latimer, Nick Barett, Steve Rothery ou
John Mitchell (pour ne citer qu'eux…).
Chacun des pupitres conserve cependant l'opportunité de s'exprimer et de s'épanouir à tour de rôle, tout en étant complémentaires. Tout est dans le collectif. Chris vient en support de Bryan dans les soli. Angela vient en support d'Olivia dans ses chants. Ils sont visiblement heureux et contribuent ainsi à nous envelopper dans une bulle de bonheur. Ils assument leur rôle de troubadours des temps modernes. Leur Musique parle à notre âme avec poésie et lyrisme.
Je serais d'une mauvaise foi si je n'avouais pas mon
admiration béate pour Olivia qui
continue d'irradier la scène de son charisme, de son charme, de sa vivacité et
de sa voix. Son timbre limpide, harmonieux et puissant est un surcroit
indéniable de qualité pour ce groupe, qui n'en manque pourtant pas ! Je ne peux
pas m'empêcher de me réjouir de la complémentarité du couple qu'elle forme avec
Bryan. On les sent complices, sans exubérances mais avec des regards et des
signes qui ne trompent pas l'observateur.
Discret, concentré et appliqué Iain permet d'accentuer toute la sensibilité musicale des morceaux
; les accords riches et puissants de son synthétiseur ont souvent détourné mon
attention.
Autre duo dont la complicité est au service du groupe,
celui que forment Chris et Angela habitués à jouer ensemble aux
seins d'autres formations folkloriques du Yorkshire. Ce sont deux remarquables multi-instrumentistes
qui alternent leurs talents aux flûtes et au clavier (Angela), aux guitares et
au clavier (Chris) ou encore au chant (pour les deux). Leur expérience et leur
complémentarité constitue un apport incontestablement de nature à magnifier les
compositions. Je suis particulièrement sensible à la voix douce et expressive
de Chris, notamment lorsque qu'il chante "Changing Lives" et "Silver Glass".
Andy lève rarement les yeux au-dessus de sa basse mais dispute
souvent l'espace d'Olivia, avec vivacité. Ses lignes de basse sont expressives et
puissantes. Avec la batterie d'Henry,
ils constituent un plateau puissant et rythmé qui contribue largement à remuer
les corps et les esprits !
Cette soirée en deux actes n'a jamais baissé en intensité
d'émotions, alternant des morceaux plus folk, d'autres plus bluesy, ou plus
rock. Le public ne peut qu'être pleinement emporté dans ce flot d'harmonies. Je
pourrais citer tel ou tel titre particulièrement touchants mais il me semble
vain vouloir distinguer la qualité dans la qualité ! Comme d'habitude, le
mélomane présent pourrait être animé d'une frustration à l'égard de tel titre
qui n'aura pas été interprété, mais franchement ce sentiment ne se ressent pas
durant le concert ; chaque séquence étant un émerveillement auditif.
Dans un louable souci de renouveler leur programme, davantage
de titres anciens ont été joués ce soir. Huit titres diffèrent ainsi de l'an
dernier. Nous avons voyagé sur vingt-deux
titres, dont deux de leur superbe
premier opus "For All We Shared..."
(1998), un de "The Spirit of Autumn Past" (1999), un titre de "The Last Bright Light" (2001), un titre de "Passengers"
(2003), un titre de "Storms over Still Water" (2005), un titre de "Heart Full of Sky" (2006), un titre de "Dressed in
Voices" (2014), trois de
"Sight of Day" (2017), trois de issus de "White Rainbow" (2019), quatre du dernier opus "Graveyard Star" (2021), ainsi qu'une reprise issu de l'album de Josh
& Co. Limited "Transylvania -
Part 1 - The Count Demands It "(2016). Le final étant composé de trois reprises spéciales pour fêter
Noël.
PROGRAMME
ACTE 1:
- In for the Bite (Limited, Transylvania - Part 1 - The
Count Demands It, reprise de Josh
& Co, 2016)
- Into the Stars (White Rainbow, 2019)
- Spirit of Mankind (Graveyard Star, 2021)
- Western Skies (White Rainbow,
2019)
- Skin
of Mankind (Graveyard Star, 2021)
- Passengers (Passengers , 2003)
- Heart, Body and Soul (Sight of Day, 2017)
- Silver
Glass (Heart Full of Sky, 2006)
- The
Night Sky (For All We Shared…, 1998).
ACTE 2:
- Tomorrow Dies (Sight of Day, 2017)
- Winter
Mountain (The Spirit of Autumn Past,
1999)
- Broken
Glass (Storms over Still Water,
2005)
- Changing Lives (Sight of Day, 2017)
- Half
the Mountain (The Last
Bright Light, 2001)
- Dressed
in Voices (Dressed in Voices, 2014)
- This Endless War (Graveyard Star, 2021)
- Back in These Arms (Graveyard Star, 2021)
- White Rainbow (White Rainbow,
2019).
RAPPEL
- Heroes Never Die (For All We Shared…, 1998)
- I Believe in Father
Christmas (reprise de Greg Lake)
- A Spaceman Came Travelling (reprise de Chris de Burgh)
- Fairytale of New York (reprise de The Pogues).
Comme à leur habitude, les musiciens descendent parmi
nous pour discuter, partager, échanger. Bryan toujours aussi modeste,
sympathique et chaleureux a pris ma P'tite Fée dans ses bras. Puis il m'a confié
que la réédition des premiers albums était bien prévue, mais sans préciser
toutefois les délais … Un nouvel album devrait paraitre d'ici l'été prochain.
Nous avons pu également clamer à Olivia toute l'admiration que nous lui vouons.
Le timide Ian a également pu écouter nos compliments. Tout ce beau monde a accepté
volontiers les portraits visant à fixer ces mémorables moments. C'est compliqué
de pouvoir discuter avec les sept ; j'ai renoncé à aborder Chris, et Angela avec
lesquels j'avais déjà parlé les précédentes fois. Et j'ai dû abandonner mon
objectif d'approcher Andy. Mais je ne doute pas y parvenir une prochaine fois.
A l'échoppe, nous nous procurons le DVD récemment paru
ainsi que le CD "Live in Abbey
Road's Studio 2" qui est paru ce 13 octobre 2023.
Quitter cette agréable compagnie est toujours
difficile, mais il faut bien se ménager en vue de reprendre la route le
lendemain. D'ailleurs, il en est de même pour eux qui rejouent aux Pays-Bas.
Nous les reverrons dans dix mois, ce sera pour
l'apothéose du Prog en Beauce en octobre 2024.
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