Depuis notre découverte hallucinée de PATRÓN en première partie du concert de KLONE le samedi 11 février 2023 au Trabendo, nous guettions avec envie l'occasion de revoir ce phénomène musical ! De manière fortuite, je lis qu'un groupe appelé SOUTHALL a malheureusement dû annuler son concert au Supersonic… au bénéfice donc, de PATRÓN.
Cette bonne nouvelle se double du plaisir de retourner
dans cette salle que nous avions beaucoup apprécié lors d'une soirée mémorable
en février 2022. Pour rappel, le Supersonic, situé dans une ancienne fabrique, a
ouvert en janvier 2016, mais en fait c'était déjà un lieu de soirées musicales
depuis de nombreuses années sous le nom d'OPA-Bastille. Cet espace s'inscrit
sur la cartographie de la vie nocturne parisienne, alternant ses fonctions pour
répondre aux besoins des fêtards parisiens. Il se métamorphose en club électro
après 23 heures, le vendredi et le samedi jusqu’à l’aube. Mais c'est dans
sa version bar-concert que je le trouve très intéressant. Dans un cadre
atypique, avec sa grande baie vitrée, ses murs en briques et sa mezzanine, son
espace permet au public de profiter d'une bonne acoustique à tous les niveaux. Il
s'est donné pour vocation de révéler les
nouveaux talents de la scène pop indépendante et rock française avec des concerts gratuits. Les concerts sont
généralement courts mais le principe est assumé et compris des auditeurs. Cette
politique nous permettra encore ce soir de faire une découverte inattendue parmi
les autres artistes prévus avant notre tête d'affiche.
Le prix des consommations compense sans doute en
partie l'entrée gratuite pour assister à des concerts, ce qui me convient. Mais
nous avons bénéficié du segment "Happy Hour de 19h à 20h" en payant
notre bière (une excellente IPA), 6 €.
Ouverture des portes à 19h00, le temps donc de se
détendre avant le début de soirée. Et même de discuter avec "Lo Patrón",
qui confirme sa simplicité, son amabilité et sa modestie. Nous en profitons
bien évidemment pour lui faire part de notre admiration non démentie depuis le
Trabendo et pour lui soutirer quelques précieuses informations sur lui et ses
projets. Il accepte volontiers le portrait avec ma P'tite Fée en pleine extase …Nous
le laissons ensuite à sa conversation avec un photographe anglophone.
Au début de la soirée la foule était encore clairsemée.
Sans doute un peu trop naïfs, nous avons laissé, au fil de minutes, quelques
rangs s'installer devant nous. Mais sans nuire à notre perception, fort heureusement.
La sonorisation, s'est avérée excellente pendant toute la soirée. Le dispositif d'éclairage est proportionné à la taille de la scène qui est de taille modeste.
ZUN ALAK [20h30-21h15]
Je ne connaissais pas ce musicien. Il semble que ce garçon
soit pourtant déjà reconnu dans le milieu musical, notamment outre atlantique.
Son curriculum vitae nous indique ainsi qu' "Après une vingtaine d’années à tourner aux USA, à participer à la scène
New-yorkaise, et 25 albums solo sous la ceinture, Zun Alak est de retour en
France pour continuer à écrire son journal de bord pour notre plus grand
plaisir. Zun Alak va de la chanson folk, à la musique ambiante contemporaine,
en passant par le psychédélique, entre Neil Young et Grouper". J'ai
peiné à trouver l'identité cachée derrière ce pseudonyme, avant de la découvrir
: Benoît Cougoulat Guerroué.
Vingt-quatrième album depuis 2002, "Plein Soleil" est paru
le 12 juillet 2023. Un album de neuf
morceaux, qui dure 32 minutes. Après 23 albums, c'est son premier entièrement
chanté en français.
Zun Alak qui a donc la redoutable mission de
"chauffer la salle" nous suggère toutefois aujourd'hui une prestation
"acoustique expérimentale". La démarche est audacieuse, d'autant que
l'artiste semble d'humeur morose. Soutenu à ses pieds par de multiples outils (pédales
d'effets sonores, notamment pour les boucles), le guitariste nous montre des
mélodies sympathiques et de beaux accords. Mais, honnêtement, ce n'est pas ce
que j'étais venu écouter et je n'ai pas été particulièrement emballé.
La partie de l'auditoire qui était plus respectueuse
lui accorde les applaudissements convenus.
J'imagine qu'il a probablement promu des titres de son
récent album.
PROGRAMME
(à determiner).
DANCERS
IN RED [21h30-22h15].
J'aime ce genre de découverte inattendue : voilà un
groupe, toulousain mais qui a choisi la langue anglaise, que je ne connaissais absolument
pas et qui pourtant mériterait à mon sens, une bien plus ample notoriété ! Sa
prestation nous a tous sidéré, par la musique bien sûr mais aussi par le
charisme époustouflant de Mathieu Serres.
Celui-ci, après avoir débuté sur scène avec "CARBONE 14" un
groupe de reprises, a fondé, à l'âge
de 18 ans en 2009 DANCERS IN RED. Puis
entouré à l’époque de Marion Estivalelez (basse) et de Guillaume Soucasse (batterie)
il a pu produire trois mini-albums : "Let’s
stay awake" (2011), "I’d
rather be Red" (2014), et " Move
and Sting" (2016) et assurer
plusieurs concerts.
La biographie promotionnelle nous indique "
Estampillé
depuis toujours maximum rock n’roll, le trio débarque en ville avec un nouveau
mini-album, "And they tore each other part", montrant une voix
indémodable, un son qui sent toujours bon les 70’s, véritable marque de
fabrique du groupe ".
Il semble que DANCERS IN RED réapparaisse sur scène après
deux années qui ont abouti à un changement d'équipe. Le trio se compose
désormais de Matthieu Ronfard (basse,
depuis 2018), Vincent Fauvet (batterie,
depuis 2020) et donc Mathieu Serres (guitare
chant).
Nous percevons immédiatement les influences (Led zeppelin,
The Who, Deep Purple, Black Sabbath, AC/DC) dans cette musique trépidante et énergique à souhait, plus souvent
hard que blues ! Les nuques et les jambes ne cesseront de remuer aux rythmes
endiablés. J'ai adoré l'abnégation, l'engagement total de Mathieu Serres qui n'a
pas hésité à fendre la foule à deux reprises. Certes, cette démarche peut
sembler stéréotypée, mais elle démontre à mes yeux un enthousiasme sincère et
toujours entrainant ! Une voix rock mais juste, des accords puissants et
harmoniques, un rock basique mais d'une redoutable efficacité. C'est clair je
vais suivre et promouvoir cette bande d'énervés.
L'auditoire s'est considérablement étoffé au fil de la
prestation. L'ovation finale fut particulièrement bruyante, ce qui démontrait
un enthousiasme collectif garanti !
PROGRAMME
Onze titres ont laissé peu de répit :
- Combat
- Colorblind
- Dying Next To You
- Watch Me Burn
- Desperate Men
- Velours
- Clb
- Write a Song About Me
- Mandoline
- Why Are You Calling Me Love?
- Fantastic 5.
J'aurais volontiers apporté mon soutien en achetant un
disque à l'échoppe en fin de soirée ; hélas le vendeur n'était pas à son poste.
Les disques restant sont demeurés sur la table, tant pis…
PATRÓN [22h30-23h25]
https://www.youtube.com/@PATRONBAND
PATRÓN est désormais davantage qu'un projet parallèle
de Suave Chavez, alias "Lo Patrón", meneur, depuis 1999, du groupe de
rock stoner LOADING DATA. Mais PATRÓN est un quatuor qui tient la route, même si
le batteur est nouveau ce soir. Il se compose de Suave Chavez, alias Patrón (voix et guitare :), Aurélien Barbolosi (guitare), Guillaume Theoden (basse) et Sacha Viken Poulain (batterie).
L'album éponyme, intitulé "Patrón", contenant onze pistes, est paru le 29 mai 2020, sous le label Klonosphere.
Il a été produit par ALAIN JOHANNES (Queens of the stone age, Them Crooked
Vultures, Mark Lanegan, Chris Cornell Band) et se trouve aussi être le dernier
disque jamais enregistré dans son mythique studio 11AD, à Los Angeles. "Sur cet album Lo fait appel à des amis, on
trouve ainsi entre autres Barrett MARTIN (Mad Season, Screaming Trees) et Joey CASTILLO
(Danzig, Queens of the Stone Age, The Bronx…) à la batterie, Nick OLIVERI
(Queens of the Stone Age, Kyuss…) à la basse, Aurélien BARBOLOSI (Aston Villa,
Elliott Murphy) à la guitare, ainsi qu’Alain Johannes à la guitare, la basse".
Cet opus lui a permis déjà une belle reconnaissance
parmi les chroniqueurs mais aussi les auditeurs de ses trop rares concerts. Le
prochain est en préparation ; il est prévu pour 2025. D'ici là, le PATRON nous
promet une poignée de concerts ; il est permis d'en espérer un à Paris très
prochainement….
Lo dispose d'un charisme énorme, surtout par le timbre
de sa voix suave, chaude, et puissante mais
aussi son allure, et son sourire dénonçant un réel plaisir de scène ! Sourire à
peine crispé au début de concert par un souci technique au niveau de la
batterie, heureusement de courte durée. Quoiqu'il en soit, il suffit de poser
un regard sur le public pour observer ce charme indicible qui s'opère, entre
lui et la partie féminine de l'auditoire, en particulier. Même si je ne
m'interdis pas d'être troublé par ce chant envoutant.
Ses deux fidèles complices lui apportent le confort d'un
soutien d'une redoutable efficacité ; leurs chœurs mais aussi les soli d'Aurélien
et les accords et ostinati de Guillaume, le tout rythmé par Sacha qui assume parfaitement
son rôle de remplacement. J'ai perçu par moment une fugace bande son synthé qui
m'a semblé dispensable, mais je suppose que c'est agréable à d'autres oreilles.
En tout état de cause, il me semble que Lo a su reconstruire avec PATRÓN une bonne
cohésion de groupe. Je profite de cette période où nous pouvons encore
l'approcher dans de si petites salles ; égoïste je redoute un succès qui nous
éloignerait de cette délicieuse proximité…
Côté nostalgie, Lo nous rappelle qu'il n'était plus revenu
au Supersonic depuis 2018, alors qu'il jouait avec LOADING DATA.
Le public est carrément en ébullition ! De l'avis de
tous, ce fut bon mais trop court !!
Chacun des dix titres sont un régal auditif, source de
bonheur constant et renouvelé. Tantôt plus rock, tantôt plus bluesy mais
toujours entrainant, magnifiquement interprété, avec parfois une relative liberté
avec la version studio ! Citons le moment d'émotion pour Lo lorsqu'il ne
manquera pas de rappeler l'hommage à son amie Lorelei (qui fut chroniqueuse à
Rock & Folk) que constitue "The
Maker". Ce créneau horaire étroit n'a pas permis d'aller plus loin
dans le répertoire, notamment avec ce "Seventeen"
attendu de bon nombre d'entre nous, mais ce n'est que partie remise !
A la fin de "Vegas",
Lo quitte la scène et laisser ses complices assumer les quelques dernières
mesures.
Deux titres ne figurent pas sur l'album édité en
Europe ; le très énergique "Next Stop"
et "Vegas".
PROGRAMME
- Room with a View (Patrón, 2020)
- Jump in the Fire (Patrón,
2020)
- Hold Me Tight (Patrón, 2020)
- Who Do You Dance For? (Patrón,
2020)
- She Devil (Patrón, 2020)
- Very Bad Boy (Patrón, 2020)
- Leave It All Behind (Patrón,
2020)
- Next Stop
- The Maker (Patrón, 2020)
- Vegas.
Ayant
déjà acquis et fait dédicacé le disque au Trabendo, nous avons tenu à acheter
ici un t-shirt afin de promouvoir un peu plus le phénomène.
En
sortant nous sommes éberlués de voir une file interminable de fêtards du samedi
soir espérant pénétrer dans ce qui va se muer en discothèque. Les pauvres, ils
ne peuvent même pas se rendre compte de ce qu'ils viennent de manquer ! Chacun
sa notion de la fête…
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