Voilà encore une salle que je ne connaissais pas. Les quelques concerts attractifs annoncés jusque-là ne m'avaient pas assez motivé pour venir dans une salle encore une fois située dans le Nord de la capitale…
Cette scène parisienne, bâtie sur les ruines de l’ancien MCM Café, voisine du mythique Moulin Rouge, se situe au fond du pub/restaurant O’Sullivans. Elle affiche une capacité de 400 places.
Je visais cet évènement depuis sa publication, mais
sans certitude ; j'ai tardé jusqu'à l'avant-veille pour me procurer le Sésame, car je n'étais pas sûr de me remettre rapidement de mes émotions d'une Convention de
Marillion qui fut en, tous points, mémorable… Pourtant, j'y retrouve Axel et
Marie-Antoinette, et Hervé ; nous serons donc au moins quatre à témoigner d'un
éclectisme musical capable d'affronter des sonorités autrement plus metalliques
!
Cette soirée s'inscrit dans une tournée commune
RENDEZVOUS POINT / TEMIC qui comprend onze date du 19 au 30 mars. Elle est
astucieusement intitulée "Theory of Dreams 2025 Tour", un
montage des deux titres des albums respectifs en promotion.
Comme prévu les portes ouvrent à 18h. Je découvre une
salle confortable et spacieuse. La soirée n'affiche pas complet, mais
l'affluence semble garantir la rentabilité de l'évènement.
TEMIC [19h30-20h35].
TEMIC est considéré comme un groupe norvégien. Cependant, si le chanteur Fredrik
Bergersen Klemp (Maraton) et le batteur Simen Sandness (Shining et Arkentype) représentent une petite moitié de l'effectif,
le reste est international. Le duo fondateur est constitué du claviériste
mexicain Diego Tejeida (ex-Haken, vivant au Royaume-Uni), et du
guitariste et multi-instrumentiste américain Eric Gilette (Neal Morse Band).
En outre, TEMIC a annoncé sur son mur, le 31 août 2024, que le bassiste
portugais Miguel Pereira est
"officiellement bassiste permanent" ! (notons pourtant qu'à ce jour celui-ci n'est toujours pas nommé sur le site
officiel).
Fondé en 2021, les origines de TEMIC remontent à 2017, lorsque
Tejeida et Gillette ont parcouru le monde en tant que membres du groupe SHATTERED
FORTRESS de Mike Portnoy. (…). Le duo s'est fixé pour objectif de créer un son "prog rock/métal moderne mélangé à de la
musique électronique énergique". Le premier à rejoindre Tejeida et
Gillette est le batteur Simen Sandness. C'est celui-ci qui a suggéré de
recruter le chanteur de MARATON, Fredrik Bergersen Klemp, capable de délivrer des lignes vocales expressives et intenses requises pour l'orientation voulue par le groupe. Leur musique est clairement orientée métal progressif, tirant
délibérément ses influences d'augustes prédécesseurs tels que HAKEN, LEPROUS,
THRESHOLD ou DREAM THEATER.
Le premier album, "Terror Management Theory", est paru le 17 novembre 2023.
Je les ai vus à l'occasion de leur première
prestation scénique, le samedi 3
février 2024, lors du Midwinter Festival d'Utrecht. Il faut dire que le producteur de TEMIC n'est autre que Rob Palmen, qui est aussi le coorganisateur
du festival ; ça aide, forcément… Leur musique m'avait intéressé mais sans franchement m'enthousiasmer. Une deuxième prestation au Midsummer Festival le 29 juin 2024,
ne m'avait pas davantage convaincu. Certes, les talents individuels sont
indéniables, mais il ne ressortait pas vraiment d'originalité susceptible
d'aiguiser mon attention ; les influences de Haken, et Sons of Appolo me
semblaient trop flagrante.
Ce n'était pas un rejet, juste un intérêt relatif et
modéré. "Jamais deux sans trois"
dit-on ; Je les revois ainsi pour la troisième fois.
L'acoustique de la salle me semble très bonne et la sonorisation bien équilibrée. Un dispositif d'éclairage lumineux et coloré, a
proportion de la petite scène, permet une bonne mise en valeur des artistes.
Quant au chanteur, Fredrik Bergersen Klemp use de son
timbre éloquent pour exprimer avec justesse une partition joliment
complémentaire aux instrumentistes. D'un charisme charmant, il n'hésite pas à descendre
en fosse (sur "Mothallah"),
pour haranguer le public. La redoutable frappe de Simen Sandness contribue à
remuer nos muscles et à maintenir notre tension. Les accords du bassiste Miguel
Pereira sont efficacement rythmés pour accentuer le metal énergique délivré par
le groupe ; l'homme semble investi pour continuer à officier parmi cet effectif
de haut niveau. Une fugace bande-son aurait pu perturber ma perception, mais
elle fut suffisamment discrète pour ne pas gêner ma susceptibilité de principe
sur cet usage superflu.
Visiblement, une bonne part du public était venue pour
vérifier la compétence de TEMIC dont c'est la première apparition en France. Des
paroles sont scandées et la fosse est agitée de nuques martyrisées. Une belle
ovation finale a permis aux musiciens de quitter la scène avec un franc
sourire.
Le groupe nous déroule l'intégralité des dix titres de leur album "Terror Management Theory". Ce
programme se termine ainsi fort opportunément sur "Mothallah" dont les harmonies et les soli constituent un point
d'orgue très efficace pour leur soirée réussie. Klemp excelle une dernière fois
pour faire chanter le refrain au public ravi !
PROGRAMME
- TMT (Terror Management
Theory, 2023)
- Through the Sands of Time (Terror
Management Theory, 2023)
- Falling Away (Terror
Management Theory, 2023)
- Count Your Losses (Terror
Management Theory, 2023)
- Skeletons (Terror Management
Theory, 2023)
- Acts of Violence (Terror
Management Theory, 2023)
- Friendly Fire (Terror
Management Theory, 2023)
- Paradigm (Terror Management
Theory, 2023)
- Once More (Terror Management
Theory, 2023)
- Mothallah (Terror Management Theory, 2023).
RENDEZVOUS
POINT [21h-22h15]
Ce quintuor
norvégien fut fondé à Kristiansand, en 2010. Les musiciens se sont
rencontrés lorsqu'ils étudiaient la musique rythmique à l'université d'Agder. RENDEZVOUS
POINT se définit comme "une bombe d'énergie féroce et percutante dans le
domaine du métal progressif". On ressent fréquemment leurs influences
énergiques et mélodiques scandinaves ; on pense bien sûr à LEPROUS surtout, et
pas seulement en raison de son batteur.
RENDEZVOUS POINT est actuellement composé de Petter
Walter Hallaråker (guitar), Nicolay Tangen Svennæs (claviers), Gunn-Hilde Erstad Haugen (basse), Baard Hvesser Kolstad (batterie, LEPROUS) et
Geirmund Hansen (chant).
Le troisième
album, "Dream Chaser", est
paru le 21 juin 2024.
Je les ai découverts le lundi 5 octobre 2015 au Divan du Monde, alors qu'ils étaient les invités de LEPROUS, et qu'ils assuraient la promotion de leur premier album "Solar Storm". Puis, je les ai revus lors de leur promotion de "Universal Chaos", le dimanche 8 mars 2020 au Trianon, alors qu'ils étaient les invités d'ANATHEMA ; c'était d'ailleurs l'avant-dernier concert avant la
Pandémie ! Et enfin ce samedi 25 janvier 2025, à l'occasion du récent Midwinter
festival. Je les revois ainsi pour la quatrième fois.
Le titre "Don’t
Look Up" débute puissamment le concert. La sonorisation et l'éclairage
sont similaires au dispositif du précèdent groupe avec lequel la logistique semble
mutualisée sur la tournée.
Pour distinguer la particularité de ces Vikings il
faut absolument faire abstraction de leur filiation martelée par leur batteur
Baard Hvesser Kolstad. La tentation est d'autant plus grande, que le personnage
est très expressif lors de ses frappes vigoureuses et puissantes. Les rythmes
sont syncopés et convulsifs avec la même énergie qu'au sein de Leprous. Cette filiation
me parait particulièrement flagrante sur le titre "Apollo".
Cependant, il serait injuste de limiter notre
appréciation à cet aspect, car le brave Geirmund Hansen chante avec conviction et justesse, sans trop chercher à
imiter un certain Einar... Juste quelques intonations légitimes et sans
prétention.
Le guitariste Petter Walter Hallaråker intervient opportunément pour relever les lignes mélodiques par des soli sensibles et emportés. La (très belle) bassiste Gunn-Hilde Erstad Haugen contribue efficacement à toutes les atmosphères percutantes des compositions ; son rôle partage même une fonction prépondérante avec celui de la batterie. Ses slaps martèlent vigoureusement le manche et accentuent cette base rythmique qui caractérise tant la musique de RVP. L'espace scénique laisse peu d'opportunité pour bouger ; la chorégraphie des deux guitaristes se limite à un échange méthodique et épisodique de leur place. Le claviériste Nicolay Tangen Svennæs est sans doute le plus discret physiquement, mais ses nappes n'en demeurent pas moins essentielles. Je souligne son interprétation remarquable de "Still Water" dont les sons d'un orchestre sont subtilement substitués.
Le public a manifestement était subjugué par la
prestation. La puissance des chœurs remontant de la fosse en disaient longs sur
la satisfaction générale.
Treize titres, sept issus "Dream Chaser" quatre de "Universal Chaos" et deux de "Solar Storm". Le titre "Still Water" m'a particulièrement ému. L'entrainant "Mirrors" a achevé de remuer l'auditoire
qui a (h)ardemment contribué à entretenir l'ambiance festive jusqu'à la
dernière note. Harangué il est vrai par Geirmund
Hansen qui est brièvement descendu dans la fosse, avant (courageux mais pas téméraire !) de laisser le public se libérer
dans un pogo énergisant !
Le salut final montre des sourires qui illustrent
parfaitement cette soirée réussie.
PROGRAMME
- Don’t Look Up (Dream Chaser, 2024)
- Utopia (Dream Chaser, 2024)
- Digital Waste (Universal
Chaos, 2019)
- Pressure (Universal Chaos,
2019)
- Fireflies (Dream Chaser,
2024)
- Oslo Syndrome (Dream Chaser,
2024)
- Universal Chaos (Universal
Chaos, 2019)
- Presence (Dream Chaser, 2024)
- The Tormented (Dream Chaser,
2024)
- Still Water (Dream Chaser,
2024)
- Wasteland (Solar Storm, 2015)
- Apollo (Universal Chaos,
2019).
RAPPEL :
- Mirrors (Solar Storm, 2015).
A l'échoppe, je me procure le CD de TEMIC (20€) ; eh non, je ne l'avais pas encore… Il est prédédicacé, ce qui m'agace ; par principe je préfère obtenir la dédicace par moi-même ! Quant à celui de RENDEZVOUS POINT, je l'ai acquis en janvier à leur échoppe lors du Midwinter.
Comme à leur habitude, tous les musiciens des deux
groupes se montrent disponibles et accessibles, dès la fin du concert, afin de
discuter, signer des autographes et poser pour des autoportraits. Mais, je ne
reste pas car je prévois au moins quatre-vingt minutes de trajets dans les
transports en commun, pour rentrer chez moi. Dommage.
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