samedi 24 mai 2025

Steven WILSON – The Overview Tour 2025

Cet auteur, interprète, multi-instrumentiste, né le 3 novembre 1967, est reconnu également pour sa compétence dans l'optimisation les sons. Il a même revalorisé les enregistrements des artistes qui l'ont influencé ! Sa propension à l'aventure artistique déstabilise ses auditeurs ; son éclectisme peut parfois surprendre. Il prospecte les sphères aussi variées que le psychédélisme avant-gardiste, le rock progressif, il s’autorise des incursions dans le post-punk, l'électro ou le metal, il ose même (ô sacrilège !) la pop ! Et pourtant, c'est toujours le même homme qui s'investit dans des projets aussi divers que PORCUPINE TREE, BLACKFIELD, NO-MAN, I.E.M., BASS COMMUNION, STORM CORROSION, celui qui prodigue son expertise auprès de MARILLION, OPETH, Anja GARBAREK,… celui qui remixe des œuvres légendaires de KING CRIMSON, YES, RUSH, THE WHO, GENTLE GIANT, … Bref, il revendique et assume un choix délibéré pour sa Liberté artistique. Cet autodidacte touche-à-tout, formé par un papa ingénieur en électronique et bricolo du son, a été maintes fois récompensé par des prix, mais surtout par la reconnaissance d'un nombre croissant de sagaces mélophiles. Il continue ainsi de mener une brillante carrière solo depuis plus de quinze ans, en affutant sans cesse son talent entretenu par la Curiosité.

Depuis une dizaine d'année, cette notoriété grandissante et méritée l'éloigne hélas de sa base d'admirateurs, et il perd désormais de son accessibilité. Mais il demeure dans mon Panthéon des artistes contemporains. Je confesse volontiers avoir trop tardé à m'accrocher aux wagons de ses admirateurs, puisque je n'ai entamé cette addiction que vers 2003/04… Le pire, c'est qu'avant la Révélation, il passait en concert dans des petites salles, parfois juste à côté de chez moi !


La dernière prestation parisienne de sa formation en solo date du 7 juillet 2018, à l'Olympia. Un concours de circonstances a entretenu ces sept années d'attente. D'abord, la Pandémie avait empêché la promotion de son album "Future Bites", paru le 29 janvier 2021. Puis, Steven avait estimé opportun de reconstituer, après douze années d'abandon,  une nouvelle mouture de PORCUPINE TREE. Le onzième album studio "Closure / Continuation", est ainsi paru le 24 juin 2022. Ensuite, la tournée ad hoc s'est étalée sur 2022 et 2023. Cependant, il avait prévenu que cette reconstitution ne constituerait qu'une parenthèse. D'ailleurs, il semble avoir recentré ses activités ; PORCUPINE TREE, BLACKFIELD et NO-MAN ainsi que STORM CORROSION, pourtant très appréciés, semblent mis de côté, sinon enterrés…

Le revoilà donc avec un appétit redoublé, puisqu'après un septième album "The Harmony Codex" paru le 29 septembre 2023 sans tournée promotionnelle, le huitième "The Overview", est paru ce 14 mars 2025. Sa tournée printanière prévoit trente-et-une dates et visite ainsi onze pays européens ; elle a débuté le 1er mai à Stockholm (Suède) et s'arrêtera le 13 juin à Madrid. La France peut se flatter de l'intérêt de l'artiste anglais. Parmi les heureuses cités élues, notons que si Londres accueillera quatre dates, Paris en accueillera trois ! Ensuite, une tournée d'automne débutera le 10 septembre à San Francisco (Etats-Unis) et se terminera le 17 novembre à Brisbane (Australie).

Pour établir notre plan de campagne, nous demeurons d'humbles et raisonnables mélomanes ; nous limitons les étapes ; ce sera donc un treizième concert à Bruxelles, avant ceux de Paris. Pourtant, Lyon et Londres nous auraient bien tentés aussi, mais bon, je l'ai dit, nous sommes sages…


Steven Wilson est déjà venu fréquemment en Belgique ; Ancienne Belgique en 2012, 2016 et 2018, Cirque Royal en 2019. Mais aussi à Anvers en 2013 et 2015, ou encore au festival Rock Werchter en 2018.

La logistique pour nous rendre à Bruxelles (trajet en Flixbus, hôtel) représente un coût relativement négligeable, ce qui nous porte à regretter de ne pas le faire plus souvent…

CIRQUE ROYAL (BRUXELLES, BELGIQUE) – LE MERCREDI 7 MAI 2025.

Cette salle constitue une belle découverte pour nous. Nous apprenons que le Cirque Royal de Bruxelles a été inauguré en 1878. Ce site était alors l'unique cirque permanent de Bruxelles. Depuis les années 1950, il accueille des concerts et des ballets. La salle, propriété de la ville de Bruxelles, a subi en 2018 une profonde rénovation. D'une capacité d'accueil de 2 000 places (debout en fosse et rangées de fauteuils), sa gestion est confiée à Denis Gérardy.
Pour davantage de précisions : https://www.cirque-royal-bruxelles.be/les-salles

Nous avions acquis nos tickets dès le 8 juillet 2024, pour ce soir moyennant 45,78 € avec accès en fosse. A titre de comparaison, les tickets pour le concert du 24 mai prochain qui se tiendra à la Salle Pleyel, oscillent dans une fourchette entre 57 €, pour les moins bien lotis, et 140 € pour les plus fortunés.

Les portes s'ouvrent à 19h, comme prévu.

LE CONCERT [19h45-20h30 / 20h50-22h15].

Avec ma P'tite Fée et nos deux amis bruxellois, nous prenons place à proximité de la scène sur son côté gauche (en la regardant), dans les tout premiers rangs. Nous sommes ainsi face aux pupitres de la batterie et de la basse.

Sur la scène, qui baigne encore dans la pénombre bleutée, l'apparition des ombres des musiciens annoncent le début des émotions. On retrouve ainsi les fidèles de la première heure, Nick Beggs à la basse, et Adam Holzmann aux claviers, mais aussi Craig Blundell à la batterie. Le p'tit nouveau, c'est Randy Mcstine à la guitare ; pas si nouveau que cela puisqu'il avait déjà été recruté par Steven pour la récente tournée (2022/23) de PORCUPINE TREE.

Le concert débute avec ponctualité et dans un silence respectueux général. Le programme s'ouvre par l'interprétation intégrale du récent album, c’est-à-dire les deux titres de "The Overview". Le silence attentif du public permet dès les premières notes musicales de jauger l'excellente qualité acoustique de la salle.

Le chant en fausset de Steven introduit une expérience audiovisuelle basée sur le thème de l'Espace qui est initié sur son album "The Overview". Le surdoué est réputé pour son habileté à emporter le bienheureux auditeur dans une autre dimension que celle de son quotidien. Avec les deux titres de son opus, l'acte I n'a aucun mal à confirmer cette capacité. Durant quelques minutes l'éclairage demeure sombre mais il s'éclaire avec subtilité pour mettre en valeur les différents intervenants. Difficile cependant d'en saisir une mémoire photographique, mais de toutes façons nous avions été avertis de nous abstenir de l'usage d'appareils.

En fond de scène, un large écran entretient cette atmosphère par des images captivantes qui illustrent, dans une douce folie psychédélique, les tourments chantés. "The Overview" est en effet accompagné d’un long-métrage, réalisé par Miles Skarin, une expérience audiovisuelle de quarante-deux minutes dans l'obscurité infinie de l'espace. Pour mémoire, Miles Skarin est un réalisateur et producteur de vidéos musicales et de films, au sein du studio de créations Crystal Spotlight (GAZPACHO, HAKEN, DREAM THEATER, LEPROUS, PAIN of SALVATION, …) qu'il a cofondé avec son frère Rob Skarin. Il y combine sa passion pour la musique et les effets visuels, afin de créer des mondes numériques entiers et d'y raconter des histoires. Il en fait une captivante démonstration de son activité ce soir.
Pour davantage de précisions : https://crystalspotlight.com/clients/

L'auditeur est donc ici en immersion complète, en conditions optimales pour apprécier cette œuvre en deux volets, d'une grande densité émotionnelle. Dans cette salle obscure et parfaitement sonorisée, elle prend toute sa dimension, ce qui nous permettra d'encore mieux appréhender l'album ultérieurement. Fidèle à sa démarche musicale, l'ensemble audiovisuel emmène son auditoire dans un univers contrasté, alternant rythmes variés, mélodies enjouées ou angoissantes. Pour ma part, j'apprécie ce mariage de l'image et du son ; ma P'tite Fée estime que l'image à trop tendance à accaparer le regard et l'attention, aux dépens des musiciens. Il s'agit d'une perception personnelle que chacun vit à sa manière… Le concept "The Overview" démontre en deux phases une magistrale synthèse des styles musicaux, dont Steven s'est déjà montré capable ; on y entend du prog jazzy, de l'atmosphérique éthéré, du metal et de l'électro. Les musiciens se placent et se retirent en fonction de leur utilité ; Nick et Craig ont quelques segments en retrait, au profit des boites à rythmes électroniques et des synthétiseurs.

On ne peut rester insensible aux messages transmis par les images de ce diptyque ; un premier volet de 23 minutes exprime avec poésie et réalisme la surexploitation des richesses de la planète, le mépris de la vie terrestre, la vulnérabilité de notre Terre dans cette immensité cosmique. Un second volet de 18 minutes insiste davantage sur l'insignifiance de notre planète dans ce cosmos infini. Au passage, j'aurai pris conscience de quelque notions de mesures vertigineuses de distances intergalactiques : le mégamètre (106), le gigamètre (109), le téramètre (1012), le pétamètre (1018), le zéttamètre (1021), le yottamètre (1027), ect… On traverse les constellations tels que Polaris, Sirius, Altair, Vega, Andromède, … des noms qui effraient et font rêver tout à la fois … Puis, en final, dans un monde dévasté en noir et blanc, une brindille d'espoir… Il me semble compliqué de capter tous ces messages en même temps que l'écoute et le regard de la scène ; en tous cas, moi je redécouvre le film chez moi.

L'acte II décline également ces variations d'atmosphères, mais en évoquant sa discographie ; il y propose onze autres titres issus de ses sept autres albums parus en solo entre 2008 et 2023, ainsi qu'un titre issu de son mini album " 4 ½ " et un autre de "The Sky Moves Sideways", Porcupine Tree (1995). Steven l'admettra lors d'un de ses commentaires, le choix de titres peut faire débat, comme d'habitude. Mais c'est le sien. Soulignons toutefois que le surprenant album "The Future Bites" aura fait définitivement les frais de la Pandémie, puisque peu évoqué ce soir…

Personnellement, ce programme me convient très bien ; la reprise de "Luminol" est une divine surprise. Allons, je me laisse cependant aller à une petite frustration par rapport au public de Stockholm ; il a eu droit à "Remainder the Black Dog" qui a finalement été remplacé ici par le non moins magnifique "Impossible Tightrope". Les deux titres sont excellents, mais j'aurais apprécié les deux, en fait … Toutefois, la cuvée 2011 n'a pas été manquée puisque "No Part of Me" a été superbement interprété. J'adore ce titre avec sa première phase calme avant de se durcir puissamment.

Le professionnalisme, l'efficacité des musiciens qui entourent Steven n'est pas une surprise, car on connait l'exigence du Monsieur. Nonobstant, j'étais bien placé pour observer les regards de Steven sur Craig dont les frappes subtiles et millimétrées m'ont semblé particulièrement surveillées. Nick me semble plus sobre, moins farfelu que durant la précédente décennie, mais son jeu est toujours aussi sensible et perspicace. Adam demeure discret derrière son clavier mais on le devine studieux et concentré sur ses partitions souvent complexes. Quant à l'Américain du groupe, Randy semble à l'aise sur un pupitre qui fut pourtant occupé de très augustes prédécesseurs tel que Monsieur Guthrie Govan. A cet égard, je m'inquiétais en particulier de l'interprétation de "Ancestral" avec des sublimes soli, mais l'ensemble n'a pas été maltraité ; Randy exécute sa partition et ses soli avec conformité et application.

"Vermillioncore" permet à Steven d'exprimer une pointe de metal lourd, propice à un déboitement des nuques (en particulier la mienne !).

Le public belge, musicophile avisé, ovationne ardemment Monsieur Wilson comme il le mérite. Les marques de reconnaissances sont relativement rapides ; pas d'effusion excessive, l'Anglais se montre conforme à sa retenue habituelle, mais on lit toutefois sur son visage la satisfaction d'une mission bien accomplie.

Je m'attarde peu à l'échoppe, avec une réelle déception ; le prétendu t-shirt de la tournée présente un recto plutôt joli, mais un dos d'une neutralité navrante, sans aucune date de la tournée. C'est pour moi rédhibitoire et donc l'occasion d'économiser quarante euros.

Les treize titres de ce programme sont extraits de dix albums, dont deux issus de "The Overview", trois de "The Harmony Codex", un de "The Raven That Refused to Sing", un de "The Future Bites", un de "To the Bone", un de "Hand. Cannot. Erase.", un de "Grace for Drowning", un de "Insurgentes", un de "4 ½" et une reprise de Porcupine Tree, "The Sky Moves Sideways".

PROGRAMME DE BRUXELLES, 7/5

ACTE 1 : The Overview (2025)

  1. Objects Outlive Us : No Monkey’s Paw ; The Buddha of the Modern Age ; Objects: Meanwhile ; The Cicerones ; Ark ; Cosmic Sons of Toil ; No Ghost on the Moor ; Heat Death of the Universe ;
  2. The Overview : Perspective ; A Beautiful Infinity I ; Borrowed Atoms ; A Beautiful Infinity II ; Infinity Measured In Moments ; Permanence.

ACTE 2:

  1. The Harmony Codex (The Harmony Codex, 2023)
  2. King Ghost (The Future Bites, 2021)
  3. Luminol (The Raven That Refused to Sing, 2013)
  4. What Life Brings (The Harmony Codex, 2023)
  5. No Part of Me (Grace for Drowning, 2011)
  6. Dislocated Day (The Sky Moves Sideways, Porcupine Tree, 1995)
  7. Impossible Tightrope (The Harmony Codex, 2023)
  8. Harmony Korine (Insurgentes, 2008)
  9. Vermillioncore (4 ½, 2016).

RAPPEL :

  1. Pariah (To the Bone, 2017)
  2. Ancestral (Hand. Cannot. Erase., 2015).

 


SALLE PLEYEL (PARIS, 8EME) – LE SAMEDI 24 MAI 2025.

La capacité d'accueil de la salle Pleyel en configuration intégralement fauteuils, est de deux mille trente. Premier pari gagné ; très peu de fauteuil sont demeurés vides, ce premier soir. Parmi le public, je retrouve, outre mes deux fils et ma P'tite Fée, des amis de notre microcosme ainsi que quelques coforumeurs de Chemical Harvest (un site qui a largement contribué à m'instruire de l'Univers de Wilson).

LE CONCERT [20h10-20h50 / 21h13-22h28 / 22h30-22h54].

Le 8 juillet 2024, nous avions estimé astucieux d'opter pour des fauteuils situés en "parterre haut pair/ZB04", notamment afin d'étaler les dépenses sur deux jours avec Bruxelles. Un emplacement jugé raisonnable puisque facturés 74 € la place ; nous étions bien en dessous des maximums (140, 107, 90 €) et au-dessus du minimum (57 €). Pourtant, nous voilà assis dos au mur et sous le balcon, ce qui est loin d'une position idéale.

Mais, alors que nous prenions cet emplacement avec philosophie (après tout, nous étions aux premiers rangs à Bruxelles !), nous allions subir une de nos pires expériences auditives en concert !! Dès le début, j'ai ressenti avec réserve cette frustrante sensation d'entendre un son comme sorti d'une boite, un son clair et distinct, mais sans cette immersion que je recherche en concert. Pourtant, même cette impression mitigée, qui résultait de l'encaissement de notre emplacement, aurait pu encore me satisfaire. Le pire, c'est cette maudite enceinte acoustique, placée sur la droite de notre rangée, qui était censée nous délivrer les effets spatiaux (échos, chœur). Celle-ci a en fait fréquemment hurlé par intermittence des sons hyperpuissants, et parfois même décalés et donc insupportables. Avec nos voisins d'infortune nous sursautions à chaque dérive sonore. Un calvaire qui nous a pourri le plaisir durant une grande partie du concert. Nous avons bien signalé cet inconfort (doux euphémisme) au personnel de salle, qui a prétendu faire le nécessaire. Mais après l'entracte, nous retrouvions le même supplice ! Il aura fallu toute ma bienveillance pour pouvoir me recadrer durant les (trop courtes) séquences de sonorisation apaisée.

Cette déconvenue fut d'autant plus désespérante qu'elle était forcément incomprise des autres auditeurs placés ailleurs et que nous avons consultés ensuite. Certains auront souffert de leur position, d'autres non. Fort heureusement, mes deux fils étaient bien mieux placés que nous, à proximité de la scène, et m'ont assuré avoir pleinement apprécié le concert… Toujours cette question d'emplacement lié surtout aux moyens de son acquéreur ; malheur aux grouillots !

Mais bon, il serait injuste de résumer mes sensations à ce malheureux concours de circonstances, car je veux croire que Steven, cet authentique maniaque notoire du son, n'y est pour rien. Son ingénieur du son quant à lui, a probablement dû gérer le matériel du site, manifestement défaillant.

Notre emplacement nous a au moins permis d'apprécier le ballet d'images et de sons, avec un recul qui aurait pu être pleinement satisfaisant car tout était harmonieusement pesé.

J'avais consulté les programmes des concerts du début de la tournée, et je m'attendais assister à une soirée sans grande surprise. Mais, bon quand même ; je ne pouvais m'empêcher d'espérer un p'tit effort, à la hauteur de celui dont a bénéficié Londres il y a quelques jours… D'ailleurs, durant l'entracte nous échangions encore sur ce sujet entre mélomanes. Mon espoir a soudainement pris forme lorsque le Steven s'est mis à parler des débuts de PORCUPINE TREE, remontant à plus de trente-cinq années.

Je crois halluciner lorsque les premières notes de "Voyage 34" retentissent ; ce titre n'avait plus été joué depuis plus de deux décennies. De mémoire de vieux admirateurs, il semblerait même que Paris n'ait plus résonné avec, depuis le 16 octobre 1999 à Paris, Club Dunois (13e ardt). Délicieux mouvements floydiens, avec ses soli stratosphériques et ses étourdissants ostinati à la basse. Fort heureusement, "Voyage 34", enchaîné avec "Dislocated Day" ne sont pas soumis au dictat d'une interprétation minutée par la diffusion du film sur l'écran mural. Quelques lenteurs et facéties bienvenues ont redonné aux auditeurs ces délicieuses sensations de Liberté qui ont trop tendances à disparaitre sur les scènes modernes.

Le public ne s'y est pas trompé ; une ovation debout, longue et bruyante, impose à Steven d'attendre avant de poursuivre son programme !

Faisant (plus ou moins) fi du désagrément majeur sus évoqué, j'ai néanmoins décidé de conserver un souvenir positif de cette soirée. Ne fut-ce que pour le principe de revoir cette formation à Paris, mais aussi pour l'interprétation du titre de 1992, tant espéré. Et puis c'est toujours un bonheur de retrouver une partie de notre microcosme et d'échanger nos impressions passionnées. Ça change du milieu professionnel, qui demeure hélas bien trop hermétique à nos plaisirs.

Steven indique que ceux qui participeront aux trois dates parisiennes auront droit à quelques évolutions du programme. Très judicieuse décision.

Les treize titres sont extraits de neuf albums, dont deux issus de "The Overview", trois de "The Harmony Codex", deux de "The Raven That Refused to Sing", un de "Hand. Cannot. Erase.", un de "The Future Bites", un de "Insurgentes", un de "4 ½" et deux reprises de Porcupine Tree "The Sky Moves Sideways" et "Voyage 34".

PROGRAMME DE PLEYEL, 24/5

ACTE 1 : The Overview (2025)

  1. Objects Outlive Us : No Monkey’s Paw ; The Buddha of the Modern Age ; Objects: Meanwhile ; The Cicerones ; Ark ; Cosmic Sons of Toil ; No Ghost on the Moor ; Heat Death of the Universe ;
  2. The Overview : Perspective ; A Beautiful Infinity I ; Borrowed Atoms ; A Beautiful Infinity II ; Infinity Measured In Moments ; Permanence.

ACTE 2:

  1. The Harmony Codex (The Harmony Codex, 2023)
  2. King Ghost (The Future Bites, 2021)
  3. Luminol (The Raven That Refused to Sing, 2013)
  4. What Life Brings (The Harmony Codex, 2023)
  5. Voyage 34 - Phase I (Porcupine Tree, 1992)
  6. Dislocated Day (The Sky Moves Sideways, Porcupine Tree, 1995)
  7. Impossible Tightrope (The Harmony Codex, 2023)
  8. Harmony Korine (Insurgentes, 2008)
  9. Vermillioncore (4 ½, 2016).

RAPPEL :

  1. Ancestral (Hand. Cannot. Erase., 2015)
  2. The Raven That Refused to Sing (The Raven That Refused to Sing, 2013).
 
L'échoppe ne me séduit pas davantage qu'à Bruxelles, et c'est tant mieux.


DROIT DE REPONSE DE LA SALLE PLEYEL. Tout d’abord, merci d’avoir pris le temps de nous écrire, et veuillez nous excuser pour ce délai de réponse.
Nous sommes sincèrement désolés d’apprendre que votre expérience à la Salle Pleyel ait été compromise par des problèmes de sonorisation. Nous comprenons pleinement votre déception, d’autant plus lorsque l’on connaît l’exigence artistique et technique d’un artiste tel que Steven Wilson.
Concernant les enceintes situées en haut du parterre pair, elles ont effectivement été installées de manière exceptionnelle, à la demande du producteur et de l’artiste lui-même, dans le cadre de la scénographie spécifique à ce concert. Ces choix techniques ne relèvent donc pas de notre initiative, mais bien de celle de l’équipe de production, à laquelle l’entière régie son et lumière est confiée.
En tant que salle d’accueil, nous ne prenons pas de décisions sur les aspects artistiques ou techniques du spectacle (setlist, scénographie, installation sonore...), mais nous faisons systématiquement remonter ce type de retour aux équipes concernées, afin qu’ils puissent en tenir compte pour les futures représentations.
Nous vous remercions malgré tout pour votre fidélité à notre auditorium, et espérons avoir le plaisir de vous accueillir prochainement dans de meilleures conditions.
Bien cordialement,
L’équipe de la Salle Pleyel

SALLE PLEYEL (PARIS, 8EME) – LE DIMANCHE 25 MAI 2025.

Cet évènement m'apporte une nouvelle preuve qu'être père apporte souvent son lot de bonheurs. Mon fils ainé a le don pour trouver des opportunités de rachats de tickets auprès des mélophiles malheureux. Le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres ; la perspicacité de Samuel a soulagé l'embarras d'un acquéreur vendéen, qui avait été abandonné par un complice empêché, et il m'a ravi par la même occasion !

Alors que j'ai renoncé à une soirée calme intermédiaire (avant celle de demain), mon seul regret aura été de ne pas être accompagné de ma Douce, qui est empêchée par d'augustes obligations…

Me voilà ainsi, de manière tout à fait inattendue, installé en catégorie diamant (parterre bas, pair/AA02), moyennant 80 € eu lieu de 140 ! Je me retrouve donc assis au pied de Maître, en tout premier rang, tel un roi avec son ménestrel. Je suis comme dans mon salon, jambes étendues, le confort visuel et auditif s'avèrera absolument parfait ! Chaque pupitre est audible et toutes les nuances perceptibles. C'est tout simplement le jour et la nuit en comparaison avec la veille !!!

Cependant, même nageant dans ce bonheur privilégié, je n'oublie pas qu'ainsi je soutiens indirectement la regrettable politique de discrimination entre les mélophiles. Mais je ne pense pas que mon abstention changerait le cours des choses …

LE CONCERT [19h10-19h50 / 20h10-21h25 / 21h30-21h50].

En ce dimanche, le concert commençait une heure plus tôt que la veille (et que le lendemain). Tant mieux, cela me permettra de recharger les batteries au plus tôt, pour mieux supporter la trilogie. Ce concert n'est pas à guichet fermé, mais seuls quelques fauteuils restèrent vacants.

Mes impressions générales étant conformes aux concerts précédents, je m'abstiens de toute redondance ; bien évidemment elles sont juste accentuées par un confort exceptionnel en tous points. J'ai eu tout loisir d'observer l'expression des regards complices, la concentration des musiciens.

Deux faits notables, cependant. Comme prévu, des titres diffèrent de la veille et, plus anecdotique, l'intervention d'une femme mystère (je m'en explique).

Durant "The Harmony Codex", une voix narrative accompagne la musique, c'est celle de Rotem Wilson. Mais habituellement, c'est une voix enregistrée qui est diffusée pendant le concert. Ce soir, c'est l'épouse de Monsieur qui est présente en personne. Leur complicité et le respect des mesures (j'ai remarqué le top lancé de la tête pour le couplet de retour) garantissent une interprétation parfaite. Je trouve surprenant que la Dame n'ait pas été présentée du tout ; ni à cette occasion, ni à la fin. Mettons cela sur le compte d'un excès de pudeur… Etonnant également son discours récurrent comme pour s'excuser de jouer du prog auprès des non-initiés ; oui c'est long, mais c'est teeeeellement bon !!

Steven avait prévenu hier, les trois jours parisiens proposent quelques nuances de programme. Evidemment, à ce jeu, on crée des frustrations et autant de satisfactions. Trois titres sont substitués, "Voyage 34 - Phase I", "King Ghost", "Luminol", au profit de "Home Invasion + Regret #9", "Pariah" et "Economies of Scale". Pour ma part, je suis ravi de la référence à l'opus HRE (2015) qui constitue un chef d'œuvre absolu. Le style metal qui se dégage de "Home Invasion" a tout pour me séduire !

Les quatorze titres sont extraits de huit albums, dont deux issus de "The Overview", quatre de "The Harmony Codex", quatre de "Hand. Cannot. Erase.", un de "To the Bone", un de "The Raven That Refused to Sing", un de "Insurgentes", un de "4 ½" et une reprise de Porcupine Tree, de "The Sky Moves Sideways".

PROGRAMME DE PLEYEL, 25/5

ACTE 1 : The Overview (2025)

  1. Objects Outlive Us : No Monkey’s Paw ; The Buddha of the Modern Age ; Objects: Meanwhile ; The Cicerones ; Ark ; Cosmic Sons of Toil ; No Ghost on the Moor ; Heat Death of the Universe ;
  2. The Overview : Perspective ; A Beautiful Infinity I ; Borrowed Atoms ; A Beautiful Infinity II ; Infinity Measured In Moments ; Permanence.

ACTE 2 :

  1. The Harmony Codex (The Harmony Codex, 2023)
  2. Home Invasion (Hand. Cannot. Erase., 2015)
  3. Regret #9 (Hand. Cannot. Erase., 2015)
  4. What Life Brings (The Harmony Codex, 2023)
  5. Dislocated Day (The Sky Moves Sideways, Porcupine Tree 1995)
  6. Pariah (To the Bone, 2017)
  7. Impossible Tightrope (The Harmony Codex, 2023)
  8. Economies of Scale (The Harmony Codex, 2023)
  9. Harmony Korine (Insurgentes, 2008)
  10. Vermillioncore (4 ½, 2016).

RAPPEL :

  1. Ancestral (Hand. Cannot. Erase., 2015)
  2. The Raven That Refused to Sing (The Raven That Refused to Sing, 2013).

Je suis d'autant moins susceptible d'oublier cette soirée que j'ai pu ramasser deux médiators que Steven avait nonchalamment jetés à ses pieds (un au pied de son micro, et l'autre au pied de la scène) !

Ancestral


SALLE PLEYEL (PARIS, 8EME) – LE LUNDI 26 MAI 2025.

Avec ma p'tite Fée, nous avions acquis le 13 octobre 2024, moyennant 74€, ces fauteuils situés en "balcon 1, latéral pair/A266", dans la branche à droite de la scène (en la regardant). La salle n'affiche pas complet, et le balcon 2 est fermé, mais si quelques fauteuils sont bien vacants, le parterre est bien garni.

Dans cet auditorium d'exception, l'acoustique s'est révélée absolument époustouflante, répartissant équitablement puissance et clarté !

Cet emplacement atypique m'a permis un regard différent sur la scène, avec ses avantages et ses inconvénients. Il ne donnait pas un angle de vue optimal sur la scène, car il fallait se pencher un peu pour voir le pupitre d'Adam. En revanche, ce regard plongeant était très intéressant. Paradoxalement, je n'avais jamais aussi bien vu le jeu de claviers d'Adam ; ce fut un régal la plupart du temps, mais aussi l'occasion de m'interpeller sur l'usage des séquenceurs que je n'avais pas autant remarqué jusqu'alors. Qui aime bien, châtie bien et à chacun son ressenti, mais moi je reste de la vieille école de musique, et je peine à admettre que la musique soit confiée à un outil qui sert à automatiser l’exécution d'une séquence musicale. Cette gêne m'a troublé particulièrement durant les titres "The Harmony Codex", "Pariah" (de longues plages synthétiques, sur lesquels les musiciens brodent quelques accords) et "The Raven That Refused to Sing" (le son mélancolique du violon). Mais je pardonne à Steven, l'autodidacte qui a toujours pris plaisir à jouer avec les sons… Et le résultat est si beau et pertinent dans son ensemble, que je lui maintiens toute mon admiration.

La particularité du programme de ce lundi est la présence de titres relativement anciens, deux issus de "Grace for Drowning" (2011) et deux autres de "Insurgentes" (2008), ce qui confère à cette soirée un intérêt nostalgique d'autant plus appréciable que j'attendais ardemment "Abandoner" et "Remainder the Black Dog". Anecdote amusante, Steven a reconnu s'être trompé lorsqu'il a exposé cette période, en inversant ces deux opus. Ca me rassure, je ne suis pas le seul à perdre la boule !!

Les treize titres sont extraits de neuf albums, dont deux issus de "The Overview", deux de "Insurgentes", deux de "Grace for Drowning", deux de "The Raven That Refused to Sing", un de "The Harmony Codex", un de "Hand. Cannot. Erase.", un de "To the Bone", un de "4 ½" et une reprise de Porcupine Tree, de "The Sky Moves Sideways".

PROGRAMME DE PLEYEL 26/5

ACTE 1 : The Overview (2025)

  1. Objects Outlive Us : No Monkey’s Paw ; The Buddha of the Modern Age ; Objects: Meanwhile ; The Cicerones ; Ark ; Cosmic Sons of Toil ; No Ghost on the Moor ; Heat Death of the Universe ;
  2. The Overview : Perspective ; A Beautiful Infinity I ; Borrowed Atoms ; A Beautiful Infinity II ; Infinity Measured In Moments ; Permanence.

ACTE 2:

  1. The Harmony Codex (The Harmony Codex, 2023)
  2. Luminol (The Raven That Refused to Sing, 2013)
  3. No Part of Me (Grace for Drowning, 2011)
  4. Dislocated Day (The Sky Moves Sideways, Porcupine Tree 1995)
  5. Pariah (To the Bone, 2017)
  6. Abandoner (Insurgentes, 2008)
  7. Remainder the Black Dog (Grace for Drowning, 2011)
  8. Harmony Korine (Insurgentes, 2008)
  9. Vermillioncore (4 ½, 2016).

RAPPEL :

  1. Ancestral (Hand. Cannot. Erase., 2015).
  2. The Raven That Refused to Sing (The Raven That Refused to Sing, 2013).

 

Etonnamment, en ce lundi soir, nous ne rencontrons personne ; aucun ami n'est venu ce soir. Nous rentrons donc d'autant plus rapidement pour nous reposer de toutes ces belles émotions !

vendredi 16 mai 2025

MAGMA – Le Grand Rex (Paris 2ème ) – le vendredi 16 Mai 2025.

Le groupe passe à notre portée en moyenne tous les deux ans. Nous avions assisté en dernier lieu à leur formidable prestation du 29 juin 2023 à Manchester (récit ici). Notre calendrier en cette mi-mai est déjà très chargé et nous n'étions donc pas particulièrement impatients de le revoir. Mais cette illustre salle a contribué heureusement à nous décider d'acquérir le précieux Sésame, le 19 décembre 2024.

Je me rappelle avoir assisté à des concerts dans des lieux remarquables tels que La Philharmonie de Paris, Les Folies Bergères de Paris, Le Poble Espagnol de Barcelone, le Parc du Château de Villersexel, Le Bascala de Bruguière, Castelfield Bowl de Manchester, sans oublier leur Antre historique du Triton des Lilas ! Et ce soir donc pour un huitième concert dans ce prestigieux temple parisien !!

Ce concert s'inscrit dans une tournée de quatorze dates, qui a débuté à Bruxelles (Le Cirque Royal) le 5 mars et se terminera à Carhaix (Motocultor Festival) le 14 aout.

LE SITE. https://www.legrandrex.com/grandesalle

Inaugurée le 8 décembre 1932, cette salle sise au 1 Bd Poissonnière, 75002 Paris, avait été conçue pour accueillir plus de 5 000 spectateurs sur une superficie de 2 000 m². Son plafond culmine à plus de 30 m, représentant une voûte étoilée lumineuse. La tour du toit culmine à 35 mètres de hauteur. Ce patrimoine de Paris a connu de nombreux usages, surtout cinématographiques. Aujourd'hui subdivisé en huit salles, la principale peut accueillir de 2 700 à 2 800 spectateurs. C'est là que j'ai eu le privilège d'assister à un des derniers concerts de BB KING le 9 juillet 2012 (décédé le 14 mai 2015).

Le spectateur est impressionné par le décor authentiquement beau, garanti d'époque avec ses fresques mosaïques, ses lustres, son décor. De surcroit l'acoustique s'avèrera excellente.

Notre emplacement est excentré sur la droite (en regardant la scène) mais le confort visuel est excellent, ainsi que le confort des fauteuils.

Nous n'avions pas pris le temps de prendre connaissance du contexte de la tournée. Tout juste nous avait-on rapporté de très bonnes impressions relevées des récents concerts, par des amis notamment de Belgique. Nous découvrons ainsi que la prestation parisienne présente la particularité d'être écourtée pour accueillir une première partie…


Pierre-Michel SIVADIER [20h05-20h 30].

Nous ne sommes pas de fins connaisseurs de la (très longue) liste des participants  à l'aventure MAGMA. Et donc je me renseigne après coup sur le personnage invité. Pierre-Michel SIVADIER est pianiste, compositeur, chanteur, auteur. Il "a rejoint Offering en début 1988, à l'occasion de trois longs concerts à Londres présentés comme Magma avec une version de Zëss. Dès lors, et ce jusqu'en 1998, il a fait partie de nombres des aventures musicales de Christian Vander : Offering donc jusqu'à la fin en 1995, les quelques concerts solos de Stella au Passage du Nord-Ouest en 1991, Les Voix de Magma à partir de 1992, A Tous les Enfants en 1995 avec cette formidable improvisation lors du tour de magie de Christian Vander... Et puis Magma en 1997 et 1998. Auteur de trois albums de chansons, il présentera son univers, au piano et au chant, pendant une trentaine de minutes en ouverture du concert de Magma sous le regard admiratif de Christian Vander qui est très sensible à son art"

Le talent de cet artiste semble apprécié dans la salle et il recueille des applaudissements qui cependant s'intensifient après l'invitation sur la scène d'un auguste renfort vocal. Isabelle Feuillebois, Sylvie Fisichella, et Caroline Indjein, soutenue par le clavier de Thierry Eliez, rendent le récital plus attractif pour l'ensemble de l'auditoire.

Christian Vander nous indiquera en fin de soirée, que ce jour est celui de l'anniversaire de son invité. Gageons que ce récital aura marqué sa mémoire.

PROGRAMME
(à déterminer, quelques chansons)
 

La fin de cette amicale parenthèse fusionne doucement avec le début du concert de Magma. La transition musicale est astucieusement entretenue par un mur d'accords en crescendo, le temps que le piano soit réaménagé pour son nouvel occupant.


MAGMA [20h35/21h 05-21h30/22h40].

BIO RELEVEE POUR UN GROUPE RECONNU. "Fondé en 1969 par le batteur Christian Vander, MAGMA s'est imposé, sur plusieurs décennies et sur plusieurs générations, comme un groupe culte de la scène musicale française. L'influence du groupe s'étend à travers le monde, surprenant aussi bien le public chinois que celui du HELLFEST, jouant dans tous les festivals de jazz et de rock mondiaux, comme à l'Opéra de Monaco avec l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo. Des dizaines d'albums, des centaines de concerts, à l'origine d'un courant musical inspirant une multitude de jeunes musiciens, la musique de MAGMA est universelle, unique et éternellement d'avant-garde. Cet Objet Musical Non Identifié depuis plus de cinquante ans, s’apprête à envoûter le public avec son univers unique, entre rock progressif, jazz fusion et opéra galactique Née d'influences et de confluences, de pulsions et d'impulsions, hors des modes et des courants, la musique de Magma se démarque très vite de ses contemporains et nous pénètre avec l'énergie purificatrice."

LE CONCERT. Actuellement, le réputé démiurge musical Christian "Zebëhn Straïn Dë Geustaah" Vander (né le 21 Février 1948 à Nogent S/Marne, batterie, chant, percussions) demeure entouré des voix de Isabelle "Enör Zanhka" Feuillebois (depuis 1987), et Hervé Aknin (depuis mars 2008), ainsi que de Sylvie Fisichella (depuis 2019), Laura Guarrato (depuis 2019) et Caroline Indjein (depuis 2021). Nous retrouvons également Rudy Blas (guitare, depuis juin 2016), Jimmy Top (basse, depuis 2020, fils de Jannick bassiste historique), Thierry Eliez (claviers, voix, depuis 2020) et Simon Goubert (claviers ; Magma en 1982, 1996, 2019, 2020, et depuis 2022 ; Offering de 1983 à 1987).

Il convient de souligner l'absence de Stella Vander pour cette tournée, elle est hélas souffrante.

Est-ce la transition atypique qui nous aurait déstabilisés ? Toujours est-il que le premier quart d'heure nous semble poussif, voire soporifique… Fort heureusement, le second quart d'heure de ce premier acte est salvateur et nous sauve in extremis d'un sommeil latent en cette fin de vendredi (très) laborieuse ! Nous retrouvons enfin avec soulagement ces fameuses pulsions et impulsions que nous attendons de la musique de MAGMA. La sonorisation est parfaitement équilibrée, ce qui contribue à maintenir l'auditeur en lévitation.

Le zeuhl, ce langage et cette musique étranges, reste un mystère pour le commun des mortels. Et pourtant, son énergie pénètre les adeptes de cette messe électrique d'un flot d'émotions qui transcende les courants.

Cette sensation sera suspendue par un entracte arrivé trop vite. La petite demi-heure nous permettra de reprendre notre souffle avant un acte II qui confirmera la lancée.

Le programme, bien qu'écourté par rapport à celui interprété durant le reste de la tournée, permet de satisfaire l'auditoire avec des œuvres de différentes époques. En dépit de ses 76 ans, le Maître Christian Vander continue de prodiguer ses soins musicaux avec une cadence et une fougue sans cesse renouvelée, comme mystique. C'est indéniablement le moteur du groupe ; ses frappes toujours subtiles emportent et maitrisent les élans de chaque pupitre.

Hervé Aknin est un porte-parole kobaïen plus que convaincant. Peu comprennent ses propos, mais son chant surmonte ce maelström sonore avec élégance, même si la sonorisation ce soir ne l'a pas favorisé. Les quatre choristes féminines apportent un surcroît d'onirisme à cette exaltante odyssée musicale. Le tout, forme un ensemble vocal dont la grande complexité se confond parmi celle non moins enivrante des instruments.

Chaque titulaire de pupitre exprime son talent collectivement au service d'une cérémonie musicale dense, et intense. Les contretemps et autres syncopes ne peuvent que maintenir l'esprit des mélomanes en éveil curieux, et ébahi par tant de virtuosité.

Le second acte passera trop vite et laissera une sensation de trop peu, en dépit de toute l'énergie développée !

En rappel, Christian s'avance au-devant de la scène pour prendre la fonction de chanteur principal et chanter "Ehn deiss".

Pour peu qu'il se laisse emporter, l'auditoire ne peut pas rester indemne de cette expérience maitrisée, forte de cinq décennies de pratique. Le public de connaisseurs (la moyenne d'âge est élevée) se dresse pour ovationner bruyamment le collectif.

Je mentirais en prétendant que MAGMA serait mon groupe favori ; je vais à leurs concerts comme je m'embarquerais à bord d'un vaisseau interstellaire, vers l'inconnu et l'incertitude. Il y a des phases inquiétantes et déroutantes, il y a des phases d'émerveillement et d'admiration. MAGMA ne s'adresse pas aux mélomanes à la recherche de mélodies évidentes, il revendique une esthétique plus expérimentale.

Cette démarche provocatrice de sensations contradictoires me séduit par son insolence. Ma participation à leurs grand-messes extra-terrestres relève d'un intérêt salutaire ; elle entretient un effet intellectuel et moral bienfaisant sur ma modeste condition d'humble mélomane en quête d'évasion.

PROGRAMME
Félicité Thösz ; K.A.
RAPPEL :
Kobaïa ; Ehn deiss (Offering).

mercredi 14 mai 2025

ARENA – Le Petit Bain (Paris 13e) – le mercredi 14 mai 2025.

Le Petit Bain est une péniche, amarrée au 7 Port de la Gare, 75013 Paris, au pied de la Très Grande Bibliothèque. Depuis son ouverture en 2011, le Petit Bain s'enorgueillit d'une programmation variée, et d'une politique tarifaire accessible. Elle est tellement "variée" qu'elle laisse finalement peu de place à notre Musique favorite, mais je reconnais que les deux seules fois où je m'y suis rendu, c'étaient pour GAZPACHO (neoprog norvégien) et pour AUDREY HORNE (hardrock norvégien), et toujours à des prix raisonnables.

Son auditorium dispose d'une capacité d'accueil de 450 places.

En dépit d'un calendrier encombré, avec ma P'tite Fée nous nous sommes tardivement procuré nos tickets, le 24 avril dernier. En une dizaine de jours, il fallait caser les concerts de Steven Wilson, Magma, Haunt the Wood et donc Arena… Les admirables Haunt the Wood, victimes des circonstances, sont évincés, car ils passaient ce même jour et nous les avions vus trois fois en moins d'un an.

RAPPEL DE SITUATION. ARENA est un groupe britannique apparenté au style dit "néo-progressif". Il fut fondé en 1995 par le claviériste Clive Nolan (Pendragon, Shadowland), et le batteur Mick Pointer (ex-Marillion de 1979 à 1983).

Actuellement, outre ses fondateurs, Clive Nolan (claviers et chœurs, depuis 1995), et Mick Pointer (batterie, depuis 1995), il se compose désormais de John Mitchell (guitares chœurs, depuis 1997), Kylan Amos (basse, depuis 2014), et Damian Wilson (chant, depuis 2020). Soulignons le retour de John Mitchell, après sa temporaire participation à la tournée d'Asia, qui nous avait imposé son absence en été 2024 (festivals Midsummer et NOTP).

ARENA n'a pas de nouvel album à promouvoir. Aucune parution depuis le dixième opus, "The Theory of Molecular Inheritance", qui était sorti le 21 octobre 2022. Le groupe fêtera son 30ème anniversaire, ainsi que celui de son premier album "Songs From The Lions Cage", qui est paru le 25 juillet 1995.

Ce concert s'inscrit dans une tournée européenne qui prévoit vingt-huit dates ; celle-ci a débuté le 27 avril à Chepstow (Winter's End) au Pays de Galles, et se terminera le 31 mai à Zoertermer (Boederij) aux Pays Bas. Ce sera ainsi pour moi l'occasion de les revoir pour la huitième fois, dont trois en France, depuis leur concert du 24 avril 2015 au Divan de Monde.

Bonne surprise en arrivant sur place, le microcosme réunit beaucoup de nos amis, même en ce jour de semaine ; mon fils, mais aussi Xavier et Véronique, Eric et Muriel, Chantal, Ludovic et bien d'autres… La soirée n'est pas annoncée "complet" et pourtant la fosse me parait bien pleine. Tant mieux pour eux, ils le méritent bien.

Fidèle à son habitude, Damian Wilson ne manque pas de venir saluer chaleureusement CHACUN des mélomanes de la file d'attente. Cette amabilité (doux euphémisme !) est tellement sincère qu'elle en est déstabilisante, surtout lorsqu'on ne maitrise pas la langue anglaise pour lui répondre intelligemment (c'est-à-dire autrement que par des "yeah-yeah, thank you"). On sent bien qu'il a besoin d'échanger, de parler, de s'émouvoir, de s'intéresser… C'est juste un personnage atypique, authentiquement gentil, tout simplement.

Passé ces effusions et une fois à bord, nous sommes dans les premiers rangs, et même si la scène me semble un peu trop basse, le confort de visuel est, ma foi, assez bon.

LE CONCERT [20h00/21h05 – 21h20/22h20]

L'acoustique de l'espace nous parait très bonne, et la sonorisation restera parfaitement équilibrée pour entendre distinctement chaque pupitre. Je ne ressens pas la nécessité de protéger mes oreilles. En ce qui concerne l'éclairage, j'ai craint longtemps un minimalisme navrant. Les musiciens étaient peu visibles, soit dans la pénombre soit sous des feux bleutés obscures. Puis, cette frustration s'est estompée, comme s'il s'agissait de lampes nécessitant un temps de chauffe…

Les deux premières chansons ne figurent pas dans mes favorites, et j'ai un peu peiné à m'immerger dans l'ambiance. Mais la qualité des compositions et de leurs interprètes ont tôt fait de m'emporter. Car en effet, aucun des musiciens de manque de talent pour emmener l'auditoire dans une tempête de sensations. Clive Nolan est Maître en la matière, ses claviers expriment toutes les palettes attendues pour accentuer les atmosphères. Ce faisant, il supervise discrètement mais efficacement l'ensemble des pupitres.

La mine renfrognée de John Mitchell n'est pas de nature à attirer la sympathie, et pourtant on devine une vraie sensibilité grâce à son jeu de guitare. Je serai prêt à parier qu'il gagnerait à être connu. Sa musique est son meilleur atout. A l'instar de grands guitaristes de rock progressif, il s'exprime moins dans la technique exubérante que dans recherche du son le plus pur possible. Il est pourtant à l'aise lorsqu'il se lance dans ses soli étourdissants. Il est à mon sens un atout majeur dans le groupe… Un atout qu'il partage désormais avec le Grand Damian Wilson récemment intégré au groupe. Ce chanteur est selon moi un des meilleurs de la scène actuelle. Il n'est pas du tout dans le même registre qu'Einar Solberg (un autre chanteur d'exception) mais pourtant son timbre et sa tessiture sont impressionnants ; il serait vain de tenter de le suivre en chantant. De surcroit son charisme est tout simplement hors norme, exceptionnel ; c'est clair, cet Artiste a le sens du spectacle et du contact direct avec le public. Il nous a une fois de plus tous épaté. Il fend la foule avant, pendant et après le concert, et même pendant l'entracte !! A croire qu'il vient recharger ses batteries à notre contact ! On ne peut qu'être animé de sympathie et d'admiration pour ce grand Monsieur. ARENA serait bien inspiré de le ménager pour le maintenir…

L'horloger Mick Pointer s'est assuré du bon rythme de ses camarades ; ma nuque s'en souvient encore, plusieurs heures après. Il nous a dévoilé un autre talent, il se dresse durant "How did it come to This ?" pour jouer quelques notes de sa flûte traversière, ma foi fort opportunes. La conception du  néoprog par ARENA est davantage musclée que d'autres. Cette douce énergie rythmique est bien sûr savamment entretenue par Kylan Amos, la force tranquille.

Bref, tout ce beau monde nous a fait passer une belle soirée anniversaire. Clive s'est montré bien plus bavard et jovial que de coutume ; il nous a raconté moult anecdotes historique sur l'évolution de son groupe. Hélas en anglais bien sûr, et je me garderai donc bien d'interpréter trop ce qui a été dit. Mais il semblerait que les recrutements de John et de Damian furent des moments épiques. Damian en a profité pour mimer certaines étapes à l'hilarité générale. Et fait notable, même John s'est mis à parler et … sourire ! si, si ; véridique !!

Dans une telle atmosphère bienveillante, l'ambiance ne pouvait qu'être magnifique. Damian n'a eu aucune difficulté à soulever le public à volonté.

En deux actes séparés d'un gros quart d'heure, ARENA a interprété quinze titres, issus de neuf albums des dix albums studio de leur discographie. Dommage pour l'album "Contagion" (2003), qui est passé à la trappe… Quatre sont extraits de "The Theory of Molecular Inheritance" (2022), deux de "Songs From the Lion’s Cage" (1995), deux de "The Seventh Degree of Separation" (2011), un de "The Unquiet Sky" (2015), un de "Double Vision" (2018) un de "Immortal ?" (2000), un de "Pepper's Ghost" (2005), deux de "The Visitor" (1998), et un de "Pride" (1996). Autre observation sur le programme, ces musiciens ne simulent pas de rappel ; le dernier titre "Crying for Help VII" fut opportunément placé pour quitter le public sur une belle communion. "Heeeeeeeeeeeeeelp me !...". Après le salut final du quintuor accompagnée de l'ovation exaltée du public ravi, le chant résonne encore comme un cri au secours "Help me !" En Maître de cérémonie, Damian dirige notre chœur en decrescendo ; les lumières se rallument, c'est fini.

PROGRAMME

ACTE I

  1. Valley of the Kings (Songs From the Lion’s Cage, 1995)
  2. Paradise of Thieves (Double Vision, 2018)
  3. Bedlam Fayre (Pepper's Ghost, 2005)
  4. How Did It Come to This ? (The Unquiet Sky, 2015)
  5. 21 Grams (The Theory of Molecular Inheritance, 2022)
  6. Moviedrome (Immortal ?, 2000).

ACTE II

  1. Time Capsule (The Theory of Molecular Inheritance, 2022)
  2. The Equation (The Science of Magic) (The Theory of Molecular Inheritance, 2022)
  3. What If ? (The Seventh Degree of Separation, 2011)
  4. Serenity (The Visitor, 1998)
  5. (Don't Forget to) Breathe (The Visitor, 1998)
  6. The Tinder Box (The Seventh Degree of Separation, 2011)
  7. Life Goes On (The Theory of Molecular Inheritance, 2022)
  8. Solomon (Songs From the Lion’s Cage, 1995)
  9. Crying for Help VII (Pride, 1996).

Je me rends à l'échoppe et me procure pour 15€ le CD "Immortal ?" (eh non, je ne l'avais pas encore. Je me contentais juste de son mp3).

Nous terminons cette agréable soirée de printemps par un verre à la terrasse de la péniche. Elle est pas belle, la Vie ?