Cet évènement n'était pas inscrit à notre calendrier
2023, celui-ci était d'ailleurs déjà bien chargé à cette époque de l'année ! Mais
l'annonce d'une série de concerts organisée du 28 juin au 8 juillet par Sounds
of the City, à Manchester, a immédiatement enflammé notre esprit, avec une date
qui a particulièrement retenu notre attention, le 29.
Dès le 17 avril, nous avons acquis le précieux sésame. Il me semble opportun de préciser que cette fantaisie imprévue ampute certes notre budget, mais tout est relatif. Le ticket du concert est de 73 € chacun. Le voyage s'est avéré de surcroit peu onéreux ; l'aller et retour avec Ryanair Beauvais/Manchester/Beauvais a coûté 28,22 € chacun, ce à quoi il convient toutefois d'ajouter 29,90 € chacun pour la navette Paris/Beauvais/Paris et deux nuits avec Easy-Hotel ont couté 150 €.
Nous en profitons donc pour visiter la cité. Moins
laide que je pouvais l'imaginer, et même plutôt agréable pour flâner.
Impatients comme des gamins, ma p'tite Fée et moi
avons bien tenté d'errer de manière aléatoire dans les rues mancuniennes mais
une force d'attraction mystérieuse nous a rapprochés du Castlefield Bowl, où
nous arrivons vers 11h. Nous prenons une bière à la terrasse de l'hôtel des
artistes, ce qui nous permet de surplomber l'arrière du site et d'assister
ainsi aux balances de PORCUPINE TREE. Franchement, il y a pire situation, hein
!? L'excitation grandit encore lorsque parmi les essais on entend "Index" ; le répertoire de Steven
serait ainsi repris avec Porcupine Tree ?!! hmm… nous verrons bien.
Le temps passe, la météo est sympa, le soleil brille,
l'air est frais. Les mélomanes arrivent peu à peu.
Tiens, Hervé Aknin
vient nous saluer amicalement. Puis c'est Christian Vander qui frôle notre
table, ce qui me permet de lui souhaiter un bon concert, histoire de lui
signaler la présence de français bienveillants. Il a l'air détendu, ça tombe
bien, nous aussi !
On aurait pu s'accrocher dès notre arrivée à la
barrière d'accès, mais nous sommes magnanimes et laissons une poignée d'anglais
se placer devant nous dans la file. Les portes s'ouvrent à 17h30. C'est la ruée
dans les escaliers qui descendent dans l'arène en plein air. Nous parvenons à
nous placer à la barrière, au premier rang centre droit, pile-poil devant la
batterie de Gavin ! Il sera vain de tenter de nous en déloger. Bon, on n'est
pas au Hellfest, mais quand même ; une pression discrète, mais continue, a
persisté (vainement) à nous pousser
vers notre droite de la scène.
L'attente des concerts s'avèrera pénible avec une
première partie de soirée, qu'un hurluberlu pas très inspiré a cru opportun de
confier à un bruyant personnage, qu'il est convenu d'appeler "DJ",
qui nous a saoulés et abrutis dès 17h30. Un calvaire d'autant moins évitable
que nous étions à ses pieds. Il avait l'air content de lui, le bougre. Mais
bon, nous savions que la délivrance serait puissante.
MAGMA [18h30 >après 19h15]. https://www.magmamusic.org/fr/biographie/
Christian Vander est né le 21 février 1948 (il a donc désormais 75 ans), il a fondé MAGMA en 1969. Même si j'ai suivi de (très loin) la carrière du groupe je ne
peux absolument pas me prétendre faire partie de la Zeuhl. D'ailleurs, j'ai
attendu le samedi 15 novembre 2014
pour assister à un premier concert dans leur Antre du Triton. Cette expérience
m'a donné l'envie de continuer de les suivre de plus près. J'ai encore du mal à
écouter leurs disques, mais pourtant j'assiste aujourd'hui avec appétit à un huitième concert, car je peux raisonnablement
espérer passer un bon moment.
Christian Vander
demeure actuellement entouré des voix de Stella Vander, Isabelle Feuillebois,
et Hervé Aknin (depuis 2008), avec
le renfort si justement apprécié de Sylvie Fisichella
(depuis 2019), Laura Guarrato
(depuis 2019) et Caroline Indjein
(depuis 2021). Aux instruments nous retrouvons Rudy Blas (guitare, depuis 2016), Jimmy Top (basse, depuis 2020), Thierry Eliez (claviers, voix, depuis 2020) et l'éternel Simon Goubert (claviers, complice de longue date de Christian notamment au sein d'Offering
en1983 et 2014 et de Magma en 1982, de retour pour le concert à la Philharmonie
le 26 juin 2019 puis à nouveau dans Magma depuis 2020). Cette valse des
contributeurs peut paraitre déstabilisante a priori (je déplore le départ de Bubu (basse)), mais elle s'inscrit dans la
longue histoire de MAGMA ; c'est comme ça épicétou.
Le quatorzième album studio, "Zëss" (sous-titré "Le jour du néant") est paru le 14
juin 2019 (sur le label Seventh Records). "Kãrtëhl" le quinzième
est paru le 7 octobre 2022.
Nous étions donc particulièrement bien placés pour regarder
et entendre le groupe français. Face au trio de choristes placés notre droite
de Christian. La sonorisation s'est avérée excellente, laissant entendre tous
les pupitres pourtant nombreux. Le chasseur d'image est habituellement gêné par
un éclairage plutôt sombre, mais ce concert de Magma est atypique puisque la
lumière du jour nous a permis de mieux observer chaque musicien dans ses
œuvres. La scène est spacieuse et permet de placer les musiciens de manière parfaitement
symétrique avec trois choristes et un clavier de chaque côté de la batterie, la
basse et la guitare entourent Christian.
On peut préférer le placement à la console pour
garantir l'audition, mais de là où nous étions, le son était pourtant parfait
et nous pouvions en outre distinguer les regards, les gestes, les implications.
Les choristes à cet égard nous ont paru particulièrement investies dans leur
partition, de même que Hervé. Je voyais un peu moins bien le nouveau bassiste,
mais fort est de constater que la fusion s'opère entre eux. Complicité,
énergie, engagement collectif au bénéfice d'un univers inclassable, aux confins
du jazz-rock.
Cette énième composition de MAGMA permet une évolution dans l'interprétation des titres. Le dernier concert auquel nous avions assisté, au Folies Bergères le samedi 8 octobre 2022, m'avait un peu déçu. Mais cette fois, avec ma p'tite Fée nous avons trouvé la Porte immédiatement. Le groupe s'est montré d'une efficacité redoutable emmenant l'assemblée de mélomanes dans leur tourbillon incessant.
Le public conquis ovationne intensément nos p'tits
Français, et c'est franchement mérité !
PROGRAMME
- Hhaï
- KA part 1
- Mekanïk Destruktïẁ Kommandöh.
PORCUPINE
TREE [20h00-22h00] https://porcupinetree.com/
Steven Wilson a conçu PORCUPINE TREE depuis 1987, mais il ne s'est entouré
d'un vrai groupe qu'à la fin de l'année
1993 en faisant appel au claviériste Richard Barbieri, au bassiste Colin Edwin et au batteur Chris Maitland. Le
groupe s'est d'abord ancré dans le sillage d'influences rock plutôt
psychédélique, spatial et expérimental. Puis il a évolué vers une direction
davantage rock progressif, tout en se défendant farouchement de toute
allégeance à ce mouvement.
Je dois confesser avoir tardé aussi à découvrir ce
groupe puisque j'ai attendu le samedi 30 avril 2005 pour assister à un premier concert, après avoir commencé mon
initiation en 2003. Ma frustration est d'autant plus vive que, dès le début des
années 2000, PT était passé dans de petites salles notamment très proches de
chez moi. Mea maxima culpa. Dans le cadre de leur actuelle tournée
promotionnelle j'ai assisté à leur inoubliable concert du mercredi 2 novembre
2022 au Zénith de Paris. J'étais également présent le samedi 29 juin 2023 au
Hellfest, lorsque PT a démontré sa maitrise musicale aux métallos captivés. C'est
ainsi mon douzième concert aujourd'hui.
Le onzième
album studio "Closure/Continuation"
est paru le 24 juin 2022.
A ce jour Steven Wilson
(chant, guitare, de 1987 à 2010, et depuis 2021) est entouré de Richard Barbieri (claviers, de 1993 à 2010, et
depuis 2021), et de Gavin Harrison (batterie,
percussions, de 2002 à 2010, et depuis 2021). Mais aussi de Randy Mcstine (guitare, pour la tournée
actuelle). Nate Navarro (bassiste, pour la tournée actuelle) est absent
aujourd'hui pour des impératifs familiaux. Steven a décidé de maintenir sa
tournée d'été en activant une bande son de remplacement. Ce point me tracassait
a priori, car je suis allergique à tout ce qui porte atteinte à l'authenticité
de l'interprétation musicale sur une scène. Mais cette réticence s'est vite
dissipée, au gré d'une interprétation convaincante.
Avec Steven aux commandes, on est rarement déçu par le
son ! Seul son concert à l'Olympia du mardi 13 octobre 2009 m'avait paru
excessivement puissant. Ici, point d'excès, tout est dans la finesse, dans la
subtilité, même pour les titres les plus durs ! Bien que placé à proximité de
Gavin, tous les pupitres sont perceptibles.
L'éclairage prendra tout son intérêt au fil de la
soirée en cette longue journée de fin juin. En fond de scène, on retrouve le
classique grand écran, sur lequel sont diffusées les images déjà vues au Zénith
de Paris en novembre dernier. La scène est d'autant plus large et spacieuse que
l'emplacement du bassiste est marqué d'un pied de micro vacant.
A l'instar du reste de la tournée, la bande son introductive, diffusant la tonalité continue du thème d' "Even Less", annonce la proximité de l'entrée en scène. L'effet recherché reste efficace et l'excitation est ainsi à son comble lorsque les artistes arrivent et abordent le concert sur le très puissant "Blackest Eyes" ! Le programme diffère peu du reste de la tournée ; nous bénéficions toutefois de "Mellotron Scratch", "I Drive the Hearse", qui n'avaient pas été joué l'automne dernier et d' "Open Car" qui venait d'être ressorti, pour la première fois depuis 2010, lors du Hellfest.
Je retrouve mes émotions intactes, telles que je les
vis à chaque concert de Steven Wilson en général et de Porcupine Tree en
particulier. Cette maitrise instrumentale et sonore est de nature à sidérer son
auditoire. A cet égard, le titre "Anesthetize"
transcende systématiquement mon émotion par sa structure musicale composée en
mouvements distincts et complémentaires à la fois, une véritable expérience immersive.
Une des chansons les plus longues du répertoire, une des plus enthousiasmantes.
Cette fois encore, ma nuque fut mise à rude épreuve ! Elle n'eût d'ailleurs
qu'un titre pour un relatif repos avant d'enchainer avec "Sleep Together" qui constitue un
autre exercice redoutable !!
Steven est un créateur innovant et exigent, ses musiciens doivent être en capacité de transcrire ses concepts dans toutes leurs technicités mais aussi dans leurs harmonies. La compétence de Richard et de Gavin ne sont plus à démontrer, mais le p'tit jeune Randy montre des qualités d'adaptation remarquables ; il remplace John Wesley avec talent, tant au niveau des soli et accords complexes de guitares que des chœurs.
L'impact de l'absence du bassiste m'a paru peu préjudiciable,
sauf sur le principe. Je craignais surtout que tout fut programmé, chronométré,
aboutissant à interdire toute fantaisie en restant assujetti à une vulgaire
bande pré-enregistrée. Mais, au risque de paraitre naïf et bon public, j'ai
d'autant moins ressenti de gêne qu'à l'occasion du final, Steven a démontré une
relative liberté d'action…
Pour comprendre l'émotion qui s'est encore intensifiée en fin de soirée, il faut savoir que le présent espace en plein air jouxte une voie ferrée, pour des trains de banlieue. Ô, rien de pénalisant pour l'acoustique, lesdits trains, à proximité d'une station, passaient au ralenti et en ligne droite, et nous n'avons aucunement été gêné par leurs passages. Connaissant le titre final habituellement interprété, nous étions nombreux sans doute à espérer une convergence des faits. Cela n'a pas échappé à l'adulescent Steven, qui a fait part de son vœu de voir passer un train pour le début de son "Trains". Aucun train ne daignant passer pour le début du titre, il se résigne à débuter sa chanson, après avoir vainement attendu. Je le sens à cet instant libre de toute contrainte de programmation et cela me soulage énormément. En tant que français, mon premier moment d'émotion sur ce titre est d'entendre le public anglais chanter les paroles ! Hallelujah, au bout de trois minutes, un train passe enfin, puis un autre en sens inverse ! L'auditoire exulte, l'ivresse du bonheur collectif se ressent à tel point qu'encore aujourd'hui mes poils se dressent sur l'avant-bras en visionnant la vidéo, que j'ai eu la bonne et insolente idée de filmer ! Trois minutes plus tard, un autre train passe, nouvelle ovation spontanée, le groupe ralenti le rythme pour le saluer. Une intensité pareille n'est pas commune. Je crois que chacun s'en souviendra, Steven y compris. Voilà c'est sans doute ingénu et puéril, mais cela contribue à mon bonheur et à ma fierté d'y avoir participé, avec ma p'tite Fée, qui fut d'ailleurs aux limites d'une rupture de ses cordes vocales (en atteste ladite vidéo !).
Ce concert magique a duré moins longtemps qu'au Zénith
en octobre dernier (2h25 hors entracte,
pour 25 titres en deux actes),
mais davantage qu'au Hellfest ce mois-ci, (1h10,
pour 9 titres), nous avons eu
droit ici à 2h pour seize titres
mais dont trois n'avaient pas été joués durant la tournée d'automne.
PROGRAMME
Bande-son introductive la tonalité continue du thème
d'Even Less
- Blackest Eyes (In Absentia,
2002)
- Harridan (Closure /
Continuation, 2022)
- Of the New Day (Closure /
Continuation, 2022)
- Mellotron Scratch (Deadwing,
2005)
- Open Car (Deadwing,
2005)
- Dignity (Closure /
Continuation, 2022)
- The Sound of Muzak (In
Absentia, 2002)
- Chimera's Wreck (Closure /
Continuation, 2022).
- Last Chance to Evacuate Planet Earth Before It Is Recycled (Lightbulb Sun, 2000)
- Herd Culling (Closure /
Continuation, 2022)
- Anesthetize (Fear of a Blank
Planet, 2007)
- I Drive the Hearse (Deadwing,
2005)
- Sleep Together (Fear of a
Blank Planet, 2007).
RAPPEL :
- Collapse the Light Into Earth (In
Absentia, 2002)
- Halo (Deadwing, 2005)
- Trains (In Absentia, 2002).
Je
n'avais pas prévu l'achat d'un énième t-shirt. Mais, tellement ému par
l'événement, et compte tenu de la particularité du t-shirt de la tournée d'été
(avec deux dates de participation ; Clisson et Manchester) je ne pouvais que m'exécuter. Pour 30 £ (soit 35 €
environ).
Nous
rentrons à pied dans la nuit mancunienne, non sans faire une halte au pub
"Old Monkey" pour se
désaltérer d'une IPA bien méritée après tant de belles émotions !
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