Je reviens contre mon gré dans cette arène sportive. J'ai hélas déjà eu l'occasion de confirmer qu'elle est davantage adaptée pour brailler un soutien lors d'une compétition que pour écouter notre Musique. Mes expériences pour RAMMSTEIN et GENESIS, certes à des degrés divers, ne m'avaient pas donné l'envie d'y revenir a priori… Mais pour assister aux concerts d'IRON MAIDEN, j'ai vécu pires aventures ! (…)
Une fois de plus et sans surprise, durant les deux
soirées, la réverbération du son a nui à l'acoustique, en dépit des efforts
d'équilibrage des pupitres par l'ingénieur du son. L'ampleur du son fut perçue
différemment selon l'emplacement du spectateur, sa perception fut plus ou moins
décalée. Je rapporte cette sensation à la fois de mon expérience personnelle
sur les deux jours, mais aussi des témoignages recueillis. En secteur prestige,
le samedi cela restait correct. Mais le lendemain, en secteur tribune basse, davantage
éloigné de la scène, le décalage systématique entre la cadence et les pupitres fut
parfois à la limite du supportable.
Pour apprécier les deux concerts, il fallait avant
tout admettre cette pénalité. Avec un minimum de bonne volonté, mes oreilles
ont fini par s'y faire bon gré, mal gré. Heureusement,
car par ailleurs, cet évènement aura été mémorable !
LEUR HISTOIRE DANS MON HISTOIRE. Steve Harris
avait dix-neuf ans lorsqu'il a fondé IRON
MAIDEN en 1975, à Leyton, dans l'est de Londres ; il n'imaginait
probablement pas le développement de son projet. Alors que son groupe débutait
dans le pub "Cart and Horses" à Stratford, pouvait-il concevoir la
perspective de cinq décennies
passées à sillonner la planète, pour promouvoir dix-sept albums enregistrés en studio, relayés par moult
enregistrements audio et vidéo. Comme souvent, un engrenage de circonstances et
de rencontres a contribué à construire un univers musical et visuel. Parmi
celles-ci, Derek Riggs avec qui il a conçu dès 1979, la mascotte légendaire,
Eddie, dont l'iconographie exploitée sur scène et dans les médias, a participé
à la notoriété du groupe.
A l'instar de beaucoup, je fus emporté dans cette
enivrante spirale. Mes aînés m'avaient pourtant prévenu ; les années passent à
une vitesse vertigineuse. Cela fait déjà près de quarante-cinq années que ces maudits Anglais ont contribué à
m'ouvrir un univers obsédant, dans un sillage déjà creusé par d'autres énervés.
N'oublions pas qu'IRON MAIDEN est un des vecteurs de la très fameuse NWOBHM, autrement
dit, la "nouvelle vague de heavy metal britanique".
Chacun grandit avec ses icônes contemporaines. Moi, c'est
notamment avec IRON MAIDEN, qui m'évoque
MES années 80, celles de mon adolescence. Avec davantage de constance qu'AC/DC
(et ce n'est pas rien de le dire !), IRON
MAIDEN a accompagné et soutenu lors de nombreuses étapes dans ma vie, comme une
médecine alternative, une musicothérapie. La plupart des concerts de la Vierge
de Fer me rappellent des souvenirs particuliers, et cela dépasse largement le
strict cadre musical (…).
Passons sur le choc subi lorsque Didier F. cet ami
bien inspiré de l'époque posa sur la platine de sa chaine hi-fi, dans le salon
de ses parents, le vinyle du tout premier opus de la Dame de Fer (…). Je me
contente ici de rappeler le cataclysme culturel que j'ai vécu en ce jour
printanier du samedi 21 mars 1981
au Bataclan, à l'occasion de leur tournée "Killers". Certes, dans les quelques semaines qui avaient
précédé, je venais d'assister au dantesque concert d'AC/DC le 29 novembre 1980 au Bourget, qui m'avait déjà ouvert
les Portes de la Perdition ; puis je m'étais exalté avec TELEPHONE le 17 février 1981
au Palais des Sports. Mais là, avec ce concert survolté d'IRON MAIDEN, … clairement
je pénétrais dans une autre dimension !
Visiblement, je ne m'en suis toujours pas remis. Je guette
chaque tournée et chaque occasion festivalière de les revoir. Les nombreuses
aventures liées à mes participations à leurs concerts seraient trop longues à
relater ici ! L'après-midi sur 21 mars 1981 passée dans les locaux du Quai des Orfèvres,
la nuit du 24 mars 1982 amené en panier à salades au commissariat du 12e
arrondissement de Paris, les deux Monsters of Rock de Castle Donington, les
onze concerts étourdissants vus à Bercy, les deux Zénith de Paris …ect.
En dernier lieu, le samedi 17 juin 2023, j'ai bravé, à mes risques et
périls, la folie de dizaines de milliers de festivaliers hystérisés au
Hellfest, en m'obstinant à m'accrocher au deuxième rang. J'étais ressorti de
cette expérience littéralement vidé, exténué. Ce guet ne fut toutefois pas
infaillible puisque, le 30 juin 2023, j'ai stupidement manqué
l'occasion de les revoir à Manchester ; avec un peu plus de perspicacité, nous
aurions dû/pu rester une journée de plus, après d'autres émotions musicales (…).
Bref, quoi qu'il en soit, ce 19 juillet me permettra d'assister une vingt-quatrième
fois à un de leurs concerts (dont six en
festival) ; une nouvelle étape qui anime une charge émotive que je ne cache
pas…
J'avais hâte de les revoir dans des conditions moins …éreintantes.
De surcroit, une fois n'est pas coutume (…), IRON
MAIDEN sera précédé d'un groupe qui nous semble digne d'intérêt. En effet, nous
revoyons AVATAR pour la quatrième
fois ; jusqu'à présent ces Vikings ne nous ont pas déçu en concert.
Je ressens toujours le même plaisir de participer à
ces grand-messes, vers lesquelles convergent des milliers de mélophiles vêtus
de t-shirts, et de vestes à patch ; cela me rassure. Pour la présente occasion,
force est de constater la grande diversité d'imagerie à la gloire d'IRON
MAIDEN. Impressionnant ! Pour ma part, j'avais enfilé le t-shirt spécialement
édité pour leur prestation du HellFest 2023, mon concert le plus récent avec
eux.
Arrivé sur le site de La Défense, on doit s'insérer
dans une dantesque file d'attente ; Elle débute bien avant le parvis de l'arène
!! Mais bon, elle a le mérite d'avancer relativement vite. Les contrôles s'avèrent
pragmatiques et rapides. Le concert, réputé complet (aujourd'hui et demain),
est censé se produire devant plus de quarante
mille personnes, d'après la capacité officiellement affichée par la salle.
Dès le 23 septembre 2024, moi et ma P'tite
Fée avions délégué à un couple d'amis, la mission d'acquérir nos tickets pour
le samedi 19. Pour une fois, nous avons opté pour un placement de prestige
(E60/P116/R23/P21 & 22), afin de nous accorder la moins mauvaise place
possible… Le fait est que nous sommes excellemment positionnés, compte tenu de
la configuration de l'ovale ; la diagonale vers la scène n'est pas trop écrasée
et nous permet une très bonne visibilité de l'ensemble de la scène. En outre,
notre rangée de sièges surplombe la cage d'escalier ; ce qui dégage totalement
notre point de vue, sans crainte subir des gaillards relevés devant nous (ce qui
est la spécialité de ma P'tite Fée) ! Détails confortable, un rebord de
balcon nous permet de déposer nos gobelets ; parfait ! Ces places numérotées
ont également l'avantage d'autoriser, sans crainte de replacement aléatoire, d'aller
chercher nos boissons. Les gobelets sont à collectionner ; magnifiquement
illustrés à l'effigie d'Eddie, sur trois modèles différents ; Acte de bravoure
indéniable en toute modestie, il m'aura fallu siffler trois bières pour les
collecter.
Les conditions sont donc quasi idéales, dans ce
contexte, même si l'oreille devra bien évidemment s'adapter à l'acoustique de
cette arène… Il reste donc à évaluer les balances pour des pupitres audibles.
BREVE BIO : Le
quintuor suédois, originaire de Göteborg, a été fondé en 2001 par le
batteur John Alfredsson et le
guitariste Jonas "Kungen" Jarlsby. Après une phase toujours un
peu pénible de chaises musicales inhérente à la genèse, le groupe se stabilise
en décembre 2011, lorsque Tim Ohrstrom
remplace le guitariste Simon Andresson. Puis le groupe évolue, visuellement et
musicalement. Le chanteur Johannes Eckerström
se grime alors en clown, à l'occasion du tournage du clip de "Black Waltz" (sur le thème d'une
troupe d'artistes de cirque qui montrent leurs étonnants talents).
Leur neuvième
album "Dance Devil Dance"
est paru le 17 février 2023. Toujours
sur un rythme effréné, un dixième est déjà en gestation, puisqu'ils sont
rentrés en studio en janvier 2025. Mais sa tournée promotionnelle est déjà bien
engagée. Depuis ce 5 juillet à Madrid, AVATAR a accroché son wagon au train fou d'IRON MAIDEN. A l'instar
de la précédente tournée, je suis impressionné par la longueur de son
calendrier, qui sera interrompu seulement en septembre 2025 et en janvier 2026
; il s'étend à ce jour avec plus de soixante-douze dates déjà prévues jusqu'au 5
juillet 2026 à Londres ! Quelle santé !!
AVATAR se compose actuellement de Jonas "Kungen" Jarlsby (guitares, 2001), John Alfredsson
(batterie, depuis 2001), Johannes Eckerström
(chant, trombone et claviers, depuis 2002), Henrik Sandelin (basse, chœurs, depuis 2003) et Tim Öhrström (guitares, chœurs, depuis 2011).
A priori, je n'étais pas enclin à apprécier ce groupe,
car le chant n'est pas de nature à me séduire, en tant qu'amateur de belles
voix. Mais de bonnes âmes ont tellement insisté pour que j'y prête une oreille
plus attentive que j'ai fini par apprécier leur conception d'un "death metal" mélodique, agrémenté d'un
heavy metal puissant et ciselé. En outre, les vidéos promotionnelles de Johan Carlén sont très soignées, avec
beaucoup d'humour et de dérision. Enfin, c'est
leur prestation à la fois dantesque, loufoque et captivante du dimanche 26 juin 2022 au
Hellfest, qui a achevé de nous magnétiser. Le quintuor démontre sur scène son
efficacité, par une maitrise technique, une réelle harmonie entre les pupitres
et de surcroit une mise en scène fantaisiste. Leur son lourd et puissant
provoque irrésistiblement l'ébullition du public. Le charisme des musiciens, en
particulier celui du facétieux et extravagant Johannes Eckerström, est
fascinant. Ce dernier trahit de nouveau un de mes paradoxes ; sa voix peut
rebuter par sa rugosité, par l'expression d'une folie inquiétante et pourtant je
retiens une réelle cohérence avec l'univers développé.
La sonorisation de cette maudite enceinte s'avère
acceptable depuis notre point de perception. Certes, le son résonne fatalement
mais les pupitres sont distinctement audibles et c'est le principal, après tout
! Mon appréciation sur leur prestation de ce jour est heureusement conforme aux
précédentes.
Un manutentionnaire dépose un carton (sans fond) au pied de la batterie.
Johannes semble sortir de la boite, (du dessous
de la sous-scène), l'illusion est jouissive ! Tu veux un ballon ? Puis, la
machine est enclenchée ; nous retrouvons cette puissance dévastatrice ponctuée
de séquences circassiennes déstabilisantes. Derrière une brutalité musicale se
dévoilent de magnifiques segments mélodiques joués aux guitares. Ces contrastes
de puissance mélodique continuent de me rappeler d'autres Suédois ; ARCH ENEMY et
(les débuts de) TIAMAT.
Des deux nouveaux titres, je préfère "Captain Goat", plus mélodique que
"In the Airwaves".
Manifestement, une bonne part du public découvre ces
Suédois, et finit par acclamer bruyamment la prestation. Je suppose qu'ils ont
su séduire de nouveau métallos ce soir.
Ce puissant maelström musical nous a proposé huit titres dont deux nouveaux et six issus de quatre de leurs neuf albums antérieurs. Deux titres sont
issus de "Dance Devil Dance",
deux de "Hail the Apocalypse",
un de "Black Waltz",
un de "Feathers & Flesh".
PROGRAMME
Bande-son introductive : "Beware of the
Clown" (The Damned)
- Dance Devil Dance (Dance
Devil Dance, 2023)
- The Eagle Has Landed (Feathers & Flesh, 2016)
- In the Airwaves (à paraitre,
2025)
- Bloody Angel (Hail the Apocalypse, 2014)
- The Dirt I'm Buried In (Dance Devil Dance, 2023)
- Captain Goat (à paraitre,
2025)
- Smells Like a Freakshow (Black Waltz, 2012)
- Hail the Apocalypse (Hail the Apocalyps, 2014).
Notre calendrier est d'ores et déjà coché à la date du samedi 7 mars 2026 ; ils sont prévus au Zénith de Paris - La Villette.
L'entracte me permet de revoir des amis de longue date,
dans les coursives. Beau moment de convivialité dans un état d'exaltation
générale.
IRON
MAIDEN [21h-23h].
La présente tournée mondiale est intitulée "Run
for Your Lives World Tour". Sa partie européenne comprend à ce
jour trente-deux dates ; elle a
débuté le 27 mai 2025 à Budapest, en Hongrie, et se terminera le 2 aout 2025 à
Varsovie. Il s'agit là de commémorer le demi-siècle de carrière du groupe. Ce
qui exclut leur dix-septième opus,
"Senjutsu " qui est paru le
3 Septembre 2021.
Alors que la bande son introductive clame puissamment
l'hymne "Doctor, Doctor" de
UFO, je sens l'émotion me prendre à la gorge. Les cinq décennies passées remontent
en mémoire. Ce sont un peu des grands frères ; même s'ils sont légèrement plus
âgés que moi, je me considère un peu de leur génération. Le fondateur, le
bassiste Stephen Percy Harris, est
né le 12 mars 1956 (69 ans).
Il demeure fidèlement accompagné depuis 1976 par le guitariste David
Michael Murray, né le 23 décembre
1956 (68 ans). Un peu moins
fidèles mais finalement toujours au poste, nous retrouvons Adrian Frederick Smith, né le 27 février 1957
(68 ans), guitariste de 1980 à 1990 et depuis 1999, et Paul
Bruce Dickinson, né le 7 août 1958 (66 ans),
chanteur de 1981 à 1993, et depuis 1999.
Selon moi, le groupe aurait dû rester en quintuor,
l'essence même de son existence. Le son de cette époque me parait plus incisif
et moins confus. Mais, en 1990, le départ d'Adrian avait nécessité le
recrutement de Janick Robert Gers,
né le 27 janvier 1957 (68 ans).
Au retour d'Adrian en 1999, on peut supposer qu'humainement il aurait semblé ingrat
de débarquer Janick. C'est ainsi qu'est apparu un sixième pupitre.
La nouveauté sur cette tournée c'est l'absence de
Nicko McBrain, qui était le batteur d'Iron Maiden depuis 1982 ; il avait
succédé au déjà excellent Clive Burr. On a beau se persuader qu'il est
préférable arrêter avant de défaillir ; il n'en demeure pas moins que revoir
Maiden sans lui, c'est un peu dur… Nicko a sagement préféré déposer ses
baguettes, à 72 ans ; son
ultime concert a eu lieu le 7 décembre 2024 à São Paulo. Dès le
lendemain, Steve Harris a désigné officiellement son remplaçant ; c'est Simon Dawson, (66 ans), le batteur de son groupe parallèle, BRITISH LION.
L'hommage à UFO se termine, une autre bande
introductive recadre la période qui va être évoquée, c'est celle qui ouvre
l'album "Killers". Les
premières images diffusées évoquent astucieusement les débuts de l'aventure du
groupe. Tels que le pub Cart and Horses de leurs premiers
concerts, les allusions aux titres emblématiques des premiers opus…
La sonorisation ne me décevra pas, (hormis encore une
fois l'acoustique résonnante du lieu) les musiciens expriment leur art avec un
équilibre subtil de clarté et de puissance. Avec l'esprit bienveillant d'un
admirateur de ladite Musique, l'oreille s'adapte autant que possible et parvient
à estomper la démesure du lieu.
La mise en scène des concerts d'IRON MAIDEN a toujours
fait l'objet d'un soin particulier, d'un esthétisme recherché, avec beaucoup
d'audace. Ce soir encore, l'organisation s'est surpassée. C'est tout simplement
excellent. Un écran géant central surplombe la scène et diffusera les
illustrations des titres. Deux autres plus petits, de chaque côté, montreront principalement
les plans rapprochés des musiciens filmés en direct, mais seront parfois aussi
un complément du grand écran. Les images diffusées sur le central illustrent
somptueusement les chansons ; en concert, j'ai rarement vu d'aussi belles
images en termes de couleurs, de jeu d'ombres et lumières, d'hologrammes et
autres trompe l'œil. Je pourrais disserter longuement sur la scénographie très soignée de chaque
séquence sans tarir d'éloges. Les proportions étaient savamment calculées pour
y fondre les interventions de Bruce, acteur malicieux.
L'éclairage est subtilement dosé pour produire les meilleurs effets. Il permet souvent de créer l'illusion de décors. Sans oublier les effets pyrotechniques, notamment durant "The Number of the Beast".
Mais les deux moments qui m'ont paru les plus esthétiquement
remarquables furent "Powerslave",
"Rime of the Ancient Mariner"
et "Hallowed Be Thy Name".
Durant "Powerslave"
de somptueuses images faisaient
évoluer la pyramide au gré des éclairages d'une journée avec des couleurs
chaudes et chatoyantes. Bruce semblait vraiment agir au pied des marches du
monument ! En contrebas, un jeu de lumières produisait l'illusion de blocs
sculptés (sans doute un gain de place
précieux pour le transport du matériel de tournée !)
Le sommet de l'esthétisme et de la poésie fut atteint
durant "Hallowed Be Thy Name"
dans un décor et un jeu de lumières et d'images absolument saisissant et
oniriques. La silhouette de Bruce qui se confond astucieusement avec son
hologramme alors qu'il est poursuivi par l'esprit est un pur moment
d'anthologie scénique du hardrock. Sa chute après une pendaison ratée, puis sa
réapparition dans un fumigène flamboyant et superbement mis en scène.
Quant à "Rime
of the Ancient Mariner", qui est de toute façon un de mes titres (si
ce n'est mon titre) préféré(s) de toute la discographie, on erre dans le comte
fantastique avec ses décors maritimes digne des meilleurs films du genre ! L'image
d'Eddie y apparait de manière effrayante et belle à la fois !
Si l'avion Spitfire n'est plus suspendu comme lors de
la précédente tournée, le mannequin d'Eddie intervient traditionnellement ;
cette fois durant les titres "Killers"
et "The Trooper" (mais pas
durant "Iron Maiden").
Et bien entendu, nous sommes censés commenter avant
tout un concert de musique ; les musiciens ne sont pas en reste ! Le sextuor
émerveille les sens des mélophiles les plus exigeants. Steve demeure fougueux et évidemment très impliqué, le son des
cordes tricotées de sa basse est omniprésent, sans pour autant masquer celui de
ses petits camarades.
Bruce conserve son timbre distinctif, et il délecte sur des
tonalités mineures fleuretant avec la justesse. Sa tessiture en concert est
parfois surprenante. Son souffle m'a particulièrement sidéré sur le final de
"Seventh Son…". D'un
charisme évident, capable de soulever les foules à sa volonté, il fait partie
de ces chanteurs qui adorent jouer la comédie, se déguiser et s'imprégner de
ses personnages. Les chansons du répertoire lui en donnent d'excellentes occasions.
Sur "Powerslave" il se
coiffe toujours de ce mystérieux masque (plutôt incas en fait !). Sur "Rime of the Ancient Mariner", il
est vêtu de guenille de marin fatigué. Sur "The Trooper" il est habillé en soldat, il agite fièrement le
drapeau britannique et exacerbe un patriotisme assumé (dont une simple fraction équivalente ne serait pas pardonné à un
Français, mais bon passons …!). Bondissant et pleinement engagé dans ses
rôles, l'agilité et la fougue du sportif reconnu ne semble pas faiblir à
l'approche de sa septième décennie. Et puis, sa francophonie accroit encore la sympathie
du public français ; il ose des blagues et des allusions à nos us et coutumes !
Mon propos peut paraitre excessivement dithyrambique et pourtant j'estime que
ce n'est pas le cas, car je maintiens ma préférence pour le personnage de son
prédécesseur, Paul Di'Anno. Les deux ont leurs qualités et leurs défauts, mais
j'appréciais beaucoup le côté rocker assumé de Paul, le timbre à la fois
rugueux et mélodique, ainsi que sa tessiture impressionnante…
Dave le fidèle guitariste assume légitimement la majorité
des soli avec perspicacité. Adrian
est un excellent lieutenant assumant son pupitre et ses de soli à la perfection,
mais aussi pour des duos splendides à pleurer.
Alors le cas Janick…
Désolé mais je n'arrive pas à m'y faire. Oui je sais il compose et exécute
quelques jolis soli. Je respecte l'artiste, ce n'est pas lui que je mets en
cause, c'est juste sa présence. La plupart du temps je le sens en trop.
Lui-même peut-être aussi d'ailleurs, quand on le voit faire le pantin
désarticulé en maltraitant le harnais de sa guitare virevoltante. Et encore une
fois, même quand il vient étoffer les harmonies avec sa troisième guitare, ce surcroît
de corde me semble inutile, voire néfaste à la vigueur des interprétations.
Simon, le nouveau venu, doit assumer la redoutable fonction
de remplacer Nicko. Je me dois par respect de modérer mon sentiment mais quand
même… il me semble que son jeu manque des roulements de caisses et de cymbales
que Niko étaient capable de produire avec fougue et bonne humeur. Pour le
reste, honnêtement j'ai peiné à distinguer ce qui relève de sa responsabilité
ou de l'acoustique résonnante, dans quelques pertes de rythme… Bref, une page
est tournée avec le départ de Nicko.
Et le public… ahlalalaaa… quel enthousiasme encore et
toujours... Les années passent mais la passion demeure, même si là aussi j'ai
connu des concerts de Maiden encore bien plus telluriques ; les 21 mars 81 au
Bataclan, 24 mars 82 au Pavillon Baltard. Et que dire de celui du 17 novembre 1983 à Balard durant lequel la
sueur se mélangeait à l'eau de condensation qui coulait du toit de la tente !
Bref, j'arrête là mes souvenirs de vieux con. Disons que ce soir encore le
public chante, s'époumone, exulte de joie. Ces chœurs de quarante mille gorges
déployées sur "Fear of the Dark",
par exemple, ça laisse des traces.
Je ne peux pas évoquer le public en général, sans évoquer
ceux qui sont venus malgré leur handicap. Je les voyais heureux durant cette
parenthèse de cent vingt minutes, sans béquilles ni chaise roulante, juste un esprit
léger et empli de bonheur, dans la communion avec tous les autres.
Parmi leur discographie de dix-sept albums de
studio, huit opus parus entre
1980 et 1992 ont été choisi pour évoquer cette période de leur prestigieuse
carrière. A l'exclusion de "No
Prayer for the Dying" (qui, même
si ce n'est pas leur chef d'œuvre (…), aurait cependant mérité une mention).
Nous écouterons ainsi dix-sept titres, dont quatre issus de "Powerslave" (1984), trois de "Killers"
(1981), trois de "The Number of the Beast" (1982), deux de "Iron Maiden" (1980), deux de "Seventh
Son of a Seventh Son" (1988),
une de " Fear of the Dark" (1992), une de
"Piece of Mind" (1983), une de "Somewhere in Time" (1986).
PROGRAMME
Bande-son introductive : Doctor,
Doctor (UFO)
Bande-son introductive : The Ides of March (Killers,
1981)
- Murders in the Rue Morgue
(Killers, 1981)
- Wrathchild (Killers, 1981)
- Killers (Killers, 1981)
- Phantom of the Opera (Iron Maiden, 1980)
- The Number of the Beast (The Number of the Beast, 1982)
- The Clairvoyant (Seventh Son of a Seventh Son, 1988)
- Powerslave (Powerslave, 1984)
- 2 Minutes to Midnight (Powerslave,
1984)
- Rime of the Ancient
Mariner (Powerslave, 1984)
- Run to the Hills (The Number of the Beast, 1982)
- Seventh Son of a Seventh
Son (Seventh Son of a Seventh Son,
1988)
- The Trooper (Piece of Mind, 1983)
- Hallowed Be Thy Name (The Number of the Beast, 1982)
- Iron Maiden (Iron Maiden,
1980).
- Aces High (Powerslave, 1984)
- Fear of the Dark (Fear of the Dark, 1992)
- Wasted Years (Somewhere in Time, 1986).
Bande-son finale :
thème des Monty Python, "Always Look on the Bright Side of Life".
Mon ami Philippe, originaire du Sud-Ouest, m'avait
lancé quelques jours auparavant un arrogant "Belote !" en me narguant
de ses deux soirées réservées… Grâce à l'astuce de mon fils qui m'a dégoté un
ticket à 40 € en tribune basse (au lieu de 112 !), j'ai pu répondre " et
rebelote ! ". J'ai ainsi fait fi de ma fatigue de la veille et je
me suis repointé à la grand-messe du dimanche. Ce 20 juillet me permettra
d'assister une vingt-cinquième fois à un de leurs concerts, cette fois revêtu
de mon t-shirt de leur prestation au Monters of Rok 1988, à Castle Donington ;
beaucoup de connaisseurs, dans toutes les langues, ont loué ce tissu de
collection, et surtout ce fut l'occasion d'échanger nos souvenirs, ce qui est la
principale vocation d'un t-shirt
évocateur...
Avec un point de vue différent, un peu plus en retrait
que la veille, j'ai pu revoir tout le spectacle, ajuster mes impressions, et
mesurer le bonheur collectif de cette belle communauté d'admirateurs de la
Vierge de Fer !
UP THE IRONS !
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