samedi 20 août 2016

CRESCENDO FESTIVAL à Saint-Palais sur Mer (17) - 20/08/2016

Voici donc la 18ème édition de l'honorable festival, qui perdure depuis 1999 sous l'impulsion de bénévoles passionnés ! Cet évènement m'est apparu au fil des dernières années comme un mythe auquel je me devais d'aller ; je m'en suis successivement voulu d'avoir déjà raté la prestation de Wobbler en 2015, de Leprous et de Special Providence en 2013, de Haken en 2012, … en remontant dans le temps j'aurais pu/dû voir Lazuli en 2007 et Änglagård en 2003. Bref, cette année je tenais à y aller, même si personnellement les circonstances ne me semblaient pas idéales ! Je tenais tout particulièrement à assister à la seule prestation d'ANEKDOTEN en France cette année, et à découvrir le groupe allemand SEVEN STEPS TO THE GREEN DOOR dont on me disait du bien. 

Depuis 2008, le festival se déroule en trois jours, mais pour ma première visite, je n'ai pu m'y rendre que pour le samedi (soit le troisième jour) durant lequel quatre groupes, que je n'avais encore jamais vus sur scène, sont programmés.

J'arrive sur le site après 13 heures, assez tôt donc pour admirer le site touristique aux alentours.

Le cadre est simplement splendide ; une vaste prairie (l'esplanade du Concié) à proximité du site de la Grande-Côte, est divisée en deux parties. Un espace est laissé au stationnement des véhicules, l'autre est dédié à la scène qui est plantée face à l'océan Atlantique ! La vue sur le large est saisissante, accentuée par un ciel bleu, le bord de mer étant ponctué d'installations de pêche au carrelet, typiques de la région.
 (https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%AAche_au_carrelet)

L'espace musical, de taille relativement modeste, est bordé par un périmètre de baraques de restauration et de petites échoppes spécialisées, devant lesquelles les premières discussions entre passionnés ne manquent pas d'être alimentées par les objets proposés (CD, DVD, vinyles, t-shirts, badges, …) !

L'atmosphère décontractée et enthousiaste est déjà palpable en ce début d'après-midi ; les bénévoles s'affairent scrupuleusement à leurs tâches avec une belle énergie et dans la bonne humeur.

Après une petite collation un peu plus loin, je reviens sur le site vers dans l'après-midi. J'ai alors l'immense plaisir d'assister aux réglages de scène d'ANEKDOTEN ! Seuls quelques petits veinards comme moi assistons à l'évènement (ils jouent très proprement "Get Out Alive") qui promet de belles émotions au soir !!!

Cette première émotion passée je ne résiste pas à me désaltérer avec une bonne Blanche de Namur que le festival a eu l'excellente idée de servir à la pression, pour 3€ seulement ! D'ailleurs, la barquette merguez/frites à 3 € confirment mon enclin à consommer afin de soutenir cette belle entreprise !

Les spectateurs finissent par converger vers le festival sensé débuter à 17 heures. En fait, le premier groupe débute une grosse demi-heure en retard.

 

ANAÏD : 17h40env. – 18h25env. C'est un groupe local (mais originaire du Nord, ce qui me les rend plus sympathiques encore !) qui ouvre les festivités puisqu'il est implanté en Charente-Maritime, près de Saintes. Je découvre complétement l'existence de ces musiciens et c'est avec l'esprit évidement curieux que je me place devant la scène, assez facilement compte tenu d'un public encore relativement clairsemé. Rapidement, leur musique issue d'une fusion de jazz et de rock progressif me rappelle les atmosphères exprimées par Magma.

Il s'agit d'une affaire familiale puisque Jean-Max Delva (batterie, percussions, claviers), compositeur, et co-fondateur (en 1981) est accompagné de sa compagne Emmanuelle Delva-Lionet (voix, claviers) également compositrice et co-fondatrice, mais aussi du fils, Alexis Delva (guitares) depuis 2014 ! Quant à Laurie Delva, la fille, elle est chargée de l'intendance et de la promotion ! Le bassiste Ludovic Metayer assure également parfois les parties de clavier.

Pour ma part, je débute depuis quelques années mon initiation à l'univers Zeuhl et mes oreilles ne sont pas encore complètement réceptives aux dissonances apparentes. Mais, à l'instar de mes impressions à l'écoute des concerts de Magma, je parviens à apprécier la technique des musiciens et leur approche audacieuse des harmonies.

Notons qu'un hommage musical sera rendu Hugh Hopper, bassiste de Soft Machine, qui a contribué à l'aventure Anaïd.

Ce groupe français original mérite indéniablement de sortir de sa confidentialité ; mais au regard de la notoriété affligeante de Magma en France, Anaïd a encore du souci à se faire … Gageons que leur dernier opus "Libertad" paru cette année puisse leur ouvrir des portes médiatiques …

PROGRAMME
La Louve
Barcelona
Libertad
Mr Hooper
Ikebana
La Libanaise
Heart break.

 

HERBA D'HAMELI : 19h env. – 19h40env. Ce sextuor, créé en 2001, chante en catalan revendiquant ainsi leur origine de Barcelone. Leur compositions puisent leur inspiration des grands groupes progressifs des 70's, par ses changements d'harmonies, de rythmes et de tempi repoussant toujours les limites du rock.

Personnellement, je n'ai pas vraiment accroché ; comme dirait mon ami Robert "je n'ai sans doute pas su trouver la porte !". Je reconnais pourtant que les musiciens paraissent talentueux mais la musique ne m'a pas émue.

Composé de Carles Pinós (clavier et chant), Claudio Trullén (chant et guitare acoustique), Dani Fabré (basse et chant), Guillem Roma (batterie), Josep Tardío (flute traversière et claviers), et Valentí Pinós (guitare électrique), le sextuor évoluerait dans le sillage de ladite "scène de Canterburry" que je n'ai pas su percevoir pour ma part. En tant qu'admirateur de Caravan et de Camel et toujours réjouis d'écouter plusieurs pupitres sur scène, il m'a cependant semblé que les membres manquent singulièrement de charisme, et tout particulièrement son chanteur.

Mais bon, rien de rédhibitoire, le moment passé en leur compagnie fut toutefois agréable et je ne manquerai pas de leur accorder une nouvelle chance de séduction, notamment en écoutant leur dernier opus "Interiors" (2015) !

PROGRAMME

(à déterminer)


SEVEN STEPS TO THE GREEN DOOR : 20h10 env – 21h15 env. Le présentateur nous indique que le groupe allemand a roulé plus de14 heures (j'ai vérifié et c'est probable !) pour venir de la Saxe à St-Palais. (Autant me taire avec mes "modestes" 5 heures de route !)

J'étais prévenu, ce groupe allait me surprendre par son style aux multiples facettes, variant tantôt pop, tantôt pur rock progressif, tantôt jazz, tantôt metal déjanté, … bref tout ce qu'il me faut, a priori, pour être séduit ! … et bien je n’ai pas été déçu !!!

Marek Arnold (clavier, saxophone, flûte), co-fondateur (en 2005), Ulf Reinhardt (batterie), co-fondateur, et Heiko Rehm (basse) avec Stephan Pankow (qui remplaçait temporairement semble-t-il Martin Schnella à la guitare), m'ont sidéré par leur talent. Leur virtuosité a scotché mon attention et toute mon admiration, surtout sur les segments les plus jazzy.

Une autre originalité du groupe est de présenter au chant, un duo ; Lars Köhler et Anne Trautmann, qui semblent autant à l'aise sur n'importe quel style !

L'éclectisme musical, la bonne humeur et le talent de ces allemands m'ont juste enivré. Leur démarche me rappelle celle de Haken (et donc Gentle Giant) mais dans une approche peut-être moins dense (une seule guitare) et sans doute davantage jazzy. Un régal auditif, en tous cas ! Ça balance, ça chante et ça entraine dans une envie irrépressible de se dandiner, bref ça sourit à la vie !

C'est donc une excellente découverte, donc qui a évidemment imposé l'achat de deux CD, The?Book (2011) et leur dernier opus Fetish (2015) que j'ai fait dédicacé par le groupe dans leur échoppe ! Très accessibles je leur ai demandé et obtenu (via facebook) leur programme de la soirée.

J'attends déjà avec impatience leur passage à Paris !

PROGRAMME
The ? Book Pt1: Prologue/The Empty Room (The ? Book)
Porn! (Fetish)
Paid for glance (Step in 2 my World)
My lovely mr. singing club (Step in 2 my World)
Last Lullaby (Fetish)
The?Book Pt2: The dividing water (The ? Book)
Last supper (The ? Book)
The green door - looking for the last solution (The ? Book)
Still searching (Fetish)
 
RAPPEL :
Closer (Step in 2 my World).


ANEKDOTEN : 22h15 env.– 00h10 env. Alors que la nuit est tombée, le groupe suédois arrive enfin sous l'ovation fournie d'un public plus nombreux qu'en début de journée. La présence de quelques vacanciers, venus en curieux, y est pour beaucoup.

"Monolith" sonne à mes oreilles comme la délivrance d'une longue attente de les écouter enfin sur scène. Mais Anna Sofi Dahlberg (dans le groupe depuis 1991) se plaint de la mauvaise sonorisation de son Mellotron. Ce qui finit par agacer également le co-fondateur (en 1990) Nicklas Barker (guitare, chant). Au bout de deux titres, un technicien vient enfin apporter une pièce qui rétablit heureusement la situation.

Très vite, la sérénité étant installée sur scène, la magie opère! Je retrouve en grande partie mes sensations d'écoute des opus, le tout étant magnifié par le cadre exceptionnel de ce concert, le dos à l'océan et illuminé par un clair de pleine lune … juste somptueuse sensation !!! eh oui il m'arrive d'être romantique ! Je dis "en grande partie" car la sonorisation ne m'a pas semblé toujours aussi limpide que je l'aurais souhaité (est-ce l'exigence née des prestations parfaites de Steven Wilson ? ou simplement ma proximité de la scène ? je rechigne toujours à me placer à la console centrale, réputée la meilleurs place, afin de distinguer au plus près les mines des musiciens). Rien de rédhibitoire cependant, car l'atmosphère dégagée par leur musique effroyablement mélancolique opère toujours la même empreinte sur mes émotions !

Les titres sont chantés alternativement par Nicklas et le bassiste (et co-fondateur) Jan Erik Liljeström ; ce dernier m'a semblé plus performant ce soir. Peter Nordins, co-fondateur, (batterie et percussions) martèle ses futs pour imposer les rythmes sabbatiens, accablant encore un peu plus ma pauvre nuque !

Un guitariste additionnel anglais, Marty Willson-Piper, est également présent sur scène. Il assure quelques solos en alternance avec Nicklas et pose parfois sa guitare pour quelques éléments de percussion. Parlant un tant soit peu le français, et un poil plus jovial que ces amis, il était un peu le chargé de communication avec le public.

Toute la discographie est représentée ce soir dans le programme ; alors évidemment on pourra toujours se plaindre l'absence de tel ou tel titre (seulement trois titres du dernier opus "Until All the Ghosts Are Gone" !), mais il faut admettre que le programme fut équilibré.

Alors que les titres se succèdent, le temps passe évidemment trop vite. J'ai savouré toute la soirée cette succession d'atmosphères mélancoliques, voire dépressive, qui rappellent parfois Anathema et d'autres grandes figures (King Crimson, Magma, Black Sabbath), mais Anekdoten m'a démontré ce soir sa propre identité. Et puis, comme l'a lancé Marty : "Anekdoten sans son mellotron, ce ne serait pas Anekdoten" !

Le concert se termine sur une apothéose du genre ; une version longue de "Gravity" et son long final tourmenté ! 

Là encore, direction l'échoppe du groupe pour me procurer un des CD qui me manquaient ("A Time of Day", 12€), pour le faire dédicacer par les membres (Anna s'étant fait désirée ; elle avait peut-être des comptes à régler avec l'ingénieur du son qui a bien failli lui pourrir la soirée !). Une fois rentré à la maison j'ai également commandé sur leur site le live in Japan qui m'a été chaudement recommandé par les connaisseurs …

PROGRAMME
Monolith (Gravity)
From Within (From Within)
Get Out Alive (Until All the Ghosts Are Gone)
The Great Unknown (A Time of Day)
Writing on the Wall (Until All the Ghosts Are Gone)
Shooting Star (Until All the Ghosts Are Gone)
The Old Man and the Sea (Vemod)
Ricochet (Gravity)
Nucleus (Nucleus)
Sad Rain (Vemod)
 
RAPPEL :
Gravity (Gravity)

La soirée se clôt en discussions et en échanges d'impressions ravies !

Mais c'est pas le tout, je dois reprendre le volant pour me lancer au cœur de la nuit sur l'autoroute afin d'éviter les bouchons du dimanche de retour des congés. Une fois chez moi, je peux enfin réaliser la chance d'avoir vécu cette parenthèse ensoleillée et musicale en compagnie d'amis et de groupes rares sur une scène française …

samedi 16 juillet 2016

David GILMOUR – Château de CHANTILLY – 16/07/2016 [21h45-00h50]



Alors que je commence à rédiger, après une journée de travail, un redoutable récit de ce concert, je ne peux pas éviter de faire état de ma consternation au contact de mes collègues.
Encore sur mon nuage floydien 48 heures après, je tente de leur faire partager mon émotion. "Je suis allé voir David, samedi à Chantilly" - "qui ca ?" – "bah, David Gilmour quoi, vous n'avez pas entendu parler de sa tournée !" – "c ki lui ?" – (…) Interloqué, je n'en crois pas mes oreilles, mais je tente de garder un flegme apparent pour leur demander "Pink Floyd, vous connaissez ?" – "bah oui !" – "eh bien c'est son guitariste !" – "ah ?" – (…) abasourdi, je me résigne à tourner les talons et je vais voir ailleurs si j'y suis …
De nature obstinée, je persiste avec trois interlocuteurs différents ; trois bides … Complément affligé et abattu par le désespoir, je me suis finalement réfugié dans mon bureau. Heureusement seul en cette période estivale, je préfère rester sur mon nuage et les laisser disserter sur leurs petits soucis quotidiens.

Pink Floyd a bercé une bonne partie de mon adolescence, leur musique m'ayant touché bien au-delà du succès planétaire généré par "The Wall". Mais ce n'est que lors de la tournée "A Momentary Lapse of Reason" que j'ai pu enfin les voir (Gilmour, Mason, Wright) sur la scène de Bercy le 28 juin 1989. Ce fut une première claque monumentale, puis une deuxième sur la tournée "The Division Bell" le 30 juillet 1994, déjà au Château de Chantilly.
J'ai toujours rêvé du retour de Roger Waters au sein du groupe mais en attendant, je me suis rué sur ses mémorables tournées ("The Pros and the Cons", le 6 juillet 1984 – "the Wall", les 30 mai 2011 et 21 septembre 2013).
En revanche, je n'ai pas su, pu ou voulu aller voir David Gilmour seul. J'ignore la raison profonde ; il me semble que je l'ai soupçonné longtemps d'avoir causé la brouille avec Roger Waters, si bien que j'avais pris parti pour ce dernier. C'est sans doute regrettable, mais c'est ainsi.
Cette tournée "Rattle That Lock" est donc une excellente occasion de me replonger dans cet univers délicieux. D'autant plus que la petite Fée qui a eu la bonne idée de m'accompagner n'a jamais vu le Floyd et encore moins David, ce qui, même si elle a déjà vu Roger, est une lacune à combler de toute urgence ! Et il est grand temps, au regard des années qui passent ; le Monsieur vient quand même de fêter ses 70 ans le 6 mars dernier. Sans cynisme excessif, il est permis d'imaginer que cette tournée pourrait être la dernière.

Evidemment un talent de ce calibre se doit d'être bien entouré et on peut ainsi souligner la présence de deux claviers très talentueux ; Chuck Leavell (ex-Allman Brothers Band, qui a également tourné avec les Rolling Stones), et Greg Phillinganes, qui a participé aux activités de Toto ou de Clapton. A la basse (et contrebasse), c'est Guy Pratt, qui a déjà remplacé le grand Roger au sein du Floyd. Pour compléter le tableau de scène le guitariste Chester Kamen est en soutien, Steve DiStanislao est à la batterie et João Mello est au saxophone et clarinette. Enfin, trois choristes excellents Bryan Chambers (qui se chargera en particulier d'un large passage sur "In Any Tongue"), Lucita Jules (impressionnante notamment sur "The Great Gig in the Sky"), et Louise Clare Marshall.

Voilà pour les présentations des protagonistes (nous et eux, Us and Them … et oui, vous y aurez eu droit !) ; tout est en place pour le début du concert prévu à 21h.

Nous sommes arrivés sur site vers 17 heures, après une marche d'environ 2000 mètres qui nous séparent des parkings (…). Une heure d'attente sous une chaleur torride, et les grilles du Château s'ouvrent enfin peu après 18 heures. Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines puisque des chicanes et des fouilles minutieuses nous attendent ; nous devons prendre le temps de laisser notre perche d'auto-portraits à la consigne (ça tombe bien, on n'avait que ça à faire ! grrr).
Mais par un bonheur inattendu nous constatons que nous sommes finalement parmi les premiers et nous nous plaçons donc pas très loin de la scène, en face des choristes. Commence alors une attente qui sera bien plus longue que prévue. Les fouilles à l'entrée se sont avérées fastidieuses et David a voulu attendre que son public ait pu entrer avant de commencer : c'est tout à son honneur.
Mais cependant, à 21h45 nous avions déjà les jambes lourdes et la gorge bien sèche, lorsqu'une voix nous invite à respecter une minute de silence en mémoire des victimes de l'attentat à Nice. Un impressionnant silence est effectivement respecté.

Trêve de lamentations, nous sommes ici pour nous réjouir que Diable ! Et lorsque le Monsieur et son équipe déboulent sur scène nous oublions très vite notre longue attente !

Dès les premières notes de "5AM/RTL" notre peau fait la chair de poule et les poils s'hérissent irrésistiblement, le son est d'une limpidité et d'une puissance saisissante. Pas besoin de protection auditive, la pureté du son s'impose pour entendre David pester contre son matériel qui le trahit et l'oblige à abandonner sa Stratocaster après avoir dû terminer le premier titre sans instrument ! Il s'excuse dans un très bon français "La guitare, c'est tout vieux, comme moi" !
Le désagrément est vite oublié car il enchaine avec le titre suivant de l'opus RTL, ca tombe bien c'est celui que nous préférons ; "Faces of stone" !

Splendide, que de délicatesse et que de virtuosité !! Nous ne pouvons que savourer notre plaisir en écoutant celui dont tant de nos virtuoses préférés se sont inspirés, tels que Andrew Latimer (Camel), Steve Rothery (Marillion), Nick Barrett (Pendragon) et tant d'autres ! Aussi talentueux à la guitare acoustique qu'électrique, en bandoulière ou sur une table pour jouer en slide. Il fait corps avec sa vieille guitare toute usée par les innombrables sollicitations, et il parvient à pousser les cordes pour en extraire des sons si caractéristiques de son jeu ; souvent dans les aigus, parfois dans les graves mais toujours avec une force qui tranche avec son calme, sa sérénité.
Et, pour ne rien gâcher, il communique aisément en français (il s'applique bien sur les "r" !) avec son public, notamment pour plaider davantage de fraternité dans notre société. Je pense profondément que le choix de la musique générique de la SNCF pour introduire "Rattle That Lock" n'est pas anodin. Il est probablement plus francophile que la plupart de ses compatriotes.
Autre petit détail : J'ignore ce qu'il pense du Brexit mais en tous cas il a laissé son bassiste arborer un t-shirt aux couleurs du drapeau européen…

Le sentiment de plénitude est accru avec un gigantesque écran sphérique qui diffuse les images en gros plans du jeu du Maître, celles de ses complices, ainsi que celles des vidéos illustrant les chansons. L'éclairage, encore timide tant que le jour n'est pas encore tombé, s'est révélé somptueux et adapté aux différentes atmosphères.

Le spectacle est parfaitement en place, tous les musiciens sont impliqués dans leur partition mais également dans les chœurs et contre-chants, ce qui me touche tout particulièrement.
La voix de David peut parfois laisser penser à une légère faiblesse mais rien de bien gênant en fait ; d'ailleurs durant la soirée son intonation m'a parfois fait penser à Joe Cocker.

J'insiste particulièrement sur les trois choristes, non pas parce qu'ils étaient en face de moi, mais parce que je les ai trouvés excellents, vraiment. Tant pour leur virtuosité vocale sur les titres phares qui requiert un vrai talent, que sur leur gestuelle. Inlassablement ils contribuèrent à donner du mouvement à la grande scène sur laquelle les autres musiciens étaient relativement statiques, excepté peut-être Chester. Leur bonheur de mettre en valeur l'œuvre de David faisait réellement plaisir à voir. J'ai déploré d'ailleurs qu'au moment des présentations David, après un hommage appuyé pour ces comparses, était passé un peu rapidement sur leur identité, mais ils ne semblent pas s'en être offusqués.

Je pourrais disserter ainsi sur chaque titre, mais à quoi bon. Je ne me sens pas capable de détailler la palette des émotions vécues dans ce cadre royal.
Ce fut juste un moment inoubliable pour moi, un modeste mélomane, ainsi que pour les quelques 24000 personnes présentes (seule évaluation relevée dans le journal "le Parisien", ce dont nous devrons nous contenter faute de transparence, attitude aussi habituelle qu'exaspérante de la part de GDP). Notre positionnement était quasi-idéal pour déguster cette soirée puisque d'autres admirateurs placés dans les premiers rangs s'en sont écartés pour fuir la violence des tonalités basses et que d'autres encore étaient trop loin devant ainsi se contenter des écrans comme à la maison …

Le premier acte de la soirée se clôt vers 23 heures ; un premier bilan s'impose et les discussions sont animées entre mélomanes déjà émerveillés. Et pourtant à mon avis, avec le recul, le meilleur allait venir en seconde partie. Mais déjà à ce stade, le quart d'heure de pause n'a pas suffi pour échanger nos sentiments. En ce qui me concerne je fus ravi des choix de titres de Pink Floyd, même si j'ai été un peu frustré de les entendre ainsi tiré de leur contexte conceptuel. Excellente idée cette vraie cloche que le batteur fait tinter sur "High Hopes". Quant à son répertoire personnel je retiendrai les titres particulièrement merveilleux "Faces of Stone" et "In Any Tongue" (magnifique vidéo).

Vers 23h15, David revient nous asséner l'acte fatal, à coup de titres auxquels je ne m'attendais pas ; en particulier "One of These Days" et surtout "Fat Old Sun" que je n'aurais jamais imaginé écouter un jour sur scène avec (au moins) un des membres du Floyd. Tout juste imaginais-je vaguement écouter un jour un hommage interprété par un "Britfloyd" ou un autre ! Là, je peux dire que je me suis pris un pied inouï ! Les quatre premiers titres étourdissants étant passés, on se calme avec un retour à son répertoire plus récent et personnel.
Mais jamais l'émerveillement ne baisse totalement et surtout pas pendant le délicieux bluesy-jazzy "The Girl in the Yellow Dress"
Remarquable interprétation de "Sorrow" que personnellement j'adore car ce titre me rappelle une période de relative insouciance. Le temps passe très, trop vite et déjà "Run like Hell" est sensé clore la soirée.
David feint de nous abandonner mais, évidemment, le rappel s'impose peu après minuit et demi. Les trois titres qui suivent nous transportent de joie et, cerise sur le gâteau, c'est un somptueux "Comfortably Numb" qui termine définitivement la soirée, dans un jeu de fumigènes et d'éclairages en faisceaux absolument étourdissants !

C'est fini, il nous faut redescendre sur Terre. La foule tente de sortir dans un des deux goulots de sortie (le nôtre est particulièrement étroit), la sonorisation aurait pu (dû) diffuser l'opus "Animals" et ses bêlements pour coller à l'ambiance.
Après une longue et épuisante (après cette journée) marche dans la pénombre nous retrouvons notre titine pour la noyer dans une interminable guirlande rouge de voitures impatientes …Mais là encore nous ne pouvons pas nous plaindre car, en arrivant avant 17 heures, nous avons bénéficié d'une place proche de la sortie. La majorité des automobilistes a sans doute perdu de nombreuses demi-heures avant de pouvoir sortir !...
Nonobstant, avec le temps je suis persuadé que tous nous ne conserverons de cette soirée que les souvenirs radieux de cette parenthèse magique dans le monde post-floydien. Tant pis pour les hermétiques à ces sensations, ils ne savent pas ce qu'ils perdent …

PROGRAMME :

Acte 1:
5 A.M. (Rattle That Lock)
Rattle That Lock (Rattle That Lock)
Faces of Stone (Rattle That Lock)
What Do You Want From Me (reprise de Pink Floyd-The Division Bell)
The Blue (On an Island)
The Great Gig in the Sky (reprise de Pink Floyd-The Dark Side of the Moon)
A Boat Lies Waiting (Rattle That Lock)
Wish You Were Here (reprise de Pink Floyd)
Money (reprise de Pink Floyd-The Dark Side of the Moon)
In Any Tongue (Rattle That Lock)
High Hopes (reprise de Pink Floyd-The Division Bell).

Acte 2:
One of These Days (reprise de Pink Floyd-Meddle)
Shine On You Crazy Diamond (Parts I-V) (reprise de Pink Floyd-Wish You Were Here)
Fat Old Sun (reprise de Pink Floyd-Atom Heart Mother)
Coming Back to Life (reprise de Pink Floyd-The Division Bell)
On an Island (On an Island)
The Girl in the Yellow Dress (Rattle That Lock)
Today (Rattle That Lock)
Sorrow (reprise de Pink Floyd-A Momentary Lapse of Reason)
Run Like Hell (reprise de Pink Floyd-The Wall).

Rappel :
Time (reprise de Pink Floyd-Dark Side of the Moon)
Breathe (reprise de Pink Floyd-Dark Side of the Moon)

Comfortably Numb (reprise de Pink Floyd-The Wall).

vendredi 1 juillet 2016

BE PROG MY FRIEND FESTIVAL à BARCELONE - Poble Espagnol – 01 et 02/07/2016



"Imagine que Steven Wilson soit à l'affiche l'année prochaine !" Cette réflexion nous est venue en quittant l'édition 2015.
L'affiche de cette troisième édition est au-delà de ce que nous aurions imaginé, car non seulement Steven est bien prévu mais de surcroit il est en tête d'affiche ! Opeth, Magma et Pineapple Thief sont pour nous un bonus incroyable ; impossible de rater l'évènement qui se tient désormais sur deux jours.

Ravis de retrouver Barcelone, son soleil, sa chaleur, son cadre. La ville est belle et propre, ses transports pratiques et efficaces (des métros qui circulent tard, voire toute la nuit le samedi !). On s'y sent bien. Ravis de retrouver également le Poble Espagnol qui surplombe la cité.
Et puis ravis surtout de retrouver cette splendide cour qui contribue à animer une atmosphère de fête estivale entre mélomanes de tous pays, et facilite les rencontres, une mousse bien fraiche à la main ! Dans ce cadre superbe, nous retrouvons quelques amis, faisons connaissances avec d'autres, mais nous savons que nous sommes des privilégiés et que beaucoup d'autres amis absents aimeraient nous accompagner.
La restauration n'est pas excessive ; 3€ pour une petite bière, 5€ le hot-dog amélioré (hmmmmm quelle bonne idée d'ajouter ces copeaux de bacon !)
Pour ajouter à notre bonne humeur, l'organisation a pris de bonnes décisions. L'usage du kiosque étriqué l'an dernier par les groupes moins connus était ridicule et mal adapté pour les artistes. Cette fois, seule la grande scène est utilisée les deux jours, les groupes moins connus s'expriment désormais la veille, vendredi ; tous les groupes, quel que soit leur notoriété, bénéficient tous ainsi du même espace d'expression. Une mesure de bon-sens.
Autre bienfait : Le passage des artistes est entrecoupé de pauses bienvenues d'une vingtaine de minutes : RIEN A VOIR, DONC, AVEC LA MOULINETTE DES FASTFOOD hélas trop fréquents dans les festivals !!!
Le kiosque est désormais réservé à la vente des produits dérivés. Et cette bonne idée permet en outre à la file d'attente de ne rien perdre du spectacle !
La sonorisation des artistes m'a paru quasi excellente durant tout le festival. Parfois, nous avons pu déplorer un petit excès de basse (surtout lors de Pineapple Thief), mais on s'accommode plus ou moins de ce problème récurrent en fonction des groupes. L'excellence des équilibres sonores fut atteinte par le concert de Wilson !
On a toutefois souvent regretté qu'entre les groupes une musique assourdissante empêche les mélomanes d'échanger sereinement leurs impressions, surtout le vendredi car le niveau sonore fut notoirement baissé le lendemain !

VENDREDI 1er JUILLET

EXXASENS : 17h30 – 18h20. Nous sommes arrivés décontractés, un peu trop peut-être car nous n'assistons qu'aux cinq dernières minutes. Pourtant suffisantes pour ressentir une impression positive et nourrir le regret de ne pas avoir pressé notre allure. Ce "Back to Earth" fait bigrement penser à du Mogwai, et c'est vraiment très bon !
Le public est encore clairsemé en ce début d'édition mais il semble globalement satisfait de ce premier groupe barcelonais.

PROGRAMME
Supernova
My Hands Are Planets
Hugeness
Bright Side of the Moon
Rocket to the Sky
Your Dreams Are My Dreams
Eleven Miles
Saturn
Back to Earth.

OBSIDIAN KINGDOM : 18h40 – 19h40. Eux aussi sont barcelonais. De nombreux passages intéressants aux sonorités surprenantes, alternent avec d'autres un peu plus pénibles, notamment lors de l'usage de voix rugueuses. Ils ne m'auront pas laissé un souvenir impérissable ; en fait, j'aurais préféré qu'ils passent avant leur compatriote …

PROGRAMME
The Kandinsky Group
Darkness
Last of the Light
10th April
Haunts of the Underworld
Endless Wall
The Polyarnik
A Year With No Summer
Black Swan
Away / Absent.


Le public s'étoffe, sans doute à la faveur de la fin des horaires de travail.


IAMTHEMORNING : 20h00 – 21h00. Voilà le premier groupe que j'attendais avec une vraie curiosité alimentée par quelques visionnages sur youtube. (J'avais ainsi appris que pour leur dernier opus "Lighthouse", ils ont été accompagnés de pointures telles que Mariusz Duda et Colin Edwin.) Ces russes, la chanteuse Marjana Semkina et le pianiste Gleb Kolyadin, sont accompagnés sur scène d'un violoncelliste et d'un violoniste.
A priori surpris en découvrant ces airs calmes, mélodiques et envoutants. La voix douce de Marjana est assurément l'attrait principal de leur musique mélancolique. Mais son élégance, son expressivité et sa fausse naïveté contribuent aussi à son charme. Pas laide du tout, ce qui ne gâche rien !
Elle parait bouleversée par l'accueil du public pour son premier concert en Espagne. Elle s'excuse de ne pas chanter l'amour et les jolies fleurs mais plutôt la mélancolie qui semble hanter son esprit, prétextant qu'il "n'y a pas souvent l'occasion de se réjouir en Russie" (et pan dans les dents de Vladimir).
Je ne peux m'empêcher de penser à Kate Bush par moment.
Bref, avec mon entourage nous sommes séduits. Ovation méritée.

PROGRAMME
Clear Clearer
Too Many Years
5/4
KOS
Chalk And Coal.


AGENT FRESCO : 21h25– 22h25. Ces islandais animaient également une forte curiosité de ma part, après avoir testé leur musique sur youtube.
C'est bien pêchu et je retrouve ces passages à la fois mélodiques et énergiques qui me rappellent agréablement les norvégiens Leprous. Mais bon, est-ce dû à cette comparaison, finalement je ne peux pas dire que j'aurai été emporté par un irrésistible élan d'enthousiasme débordant. Le titre "Dark Water" reste toutefois un moment fort du concert.
Le public leur accorde la première véritable grande ovation de la journée.

PROGRAMME
Anemoi
He Is Listening
Howls
Destrier
Pyre
Implosions
A Long Time Listening
See Hell
Angst
Dark Water
Eyes of a Cloud Catcher
The Autumn Red.


THE PINEAPPLE THIEF : 22h50 – 00h00. Parmi les quatre groupes qui ont motivé notre venue en Catalogne, figure bien entendu ces sympathiques voleurs d'ananas ! Je les avais déjà vus trois fois depuis 2012 mais toujours dans des petites salles. Cette fois ils nous semblent en peu perdus sur la grande scène et en tête d'affiche du premier jour. Ils paraissent avoir du mal à occuper l'espace.
Leur musique est toujours aussi envoutante, très mélodique et mélancolique mais je ne parviens pas à ressentir l'intimité qui se dégageait de leurs précédents concerts…
Un manque de complicité a été ressenti pendant tout le concert (peu d'échange), jusqu'au salut final qu'ils envoient vite-fait-bien-fait au public dans la foulée de la dernière note.
Que le lecteur ne se méprenne pas ; ce fut un très bon concert. Il manquait juste une âme.
Le public les a applaudit mais sans enthousiasme débordant. Pas de rappel, donc.
Et puis un peu déçu par l'absence de Gavin Harrission à la batterie que j'avais eu la naïveté d'espérer voir compte tenu de sa contribution au prochain opus du groupe… Pas d'invité surprise non plus pour clore cette première soirée.

PROGRAMME
What Have We Sown? (Intro)
Wake Up the Dead (Someone Here Is Missing)
Alone at Sea (Magnolia)
The One You Left to Die (Magnolia)
All the Wars (All the Wars)
Magnolia (Magnolia)
Simple as That (Magnolia)
Sense of Fear (Magnolia)
Remember Us (Variations on a Dream)
Reaching Out (All the Wars)
Snowdrops (Little Man)
Nothing at Best (Someone Here Is Missing).
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SAMEDI 2 JUILLET

Cette fois nous sommes dans l'enceinte avant le début des concerts ; tant mieux ça nous laisse le temps de savourer une bonne mousse, bienvenue après cette maudite montée vers le Poble.

ANNEKE VAN GIERSBERGEN : 16h30 – 17h20. Mon intérêt pour les belles voix m'incite à prêter une attention toute particulière au passage d'Anneke sur la scène du BeProg, même si je n'ai jamais vraiment complètement été séduit par son répertoire.
Effectivement la Belle a une superbe voix, à la fois douce, chaude et énergique. Son charisme est très fort et elle se permet même de se plaindre, en tant que batave, de la chaleur barcelonaise ; il est vrai que le soleil la tape en pleine face !
La musique nous étonne par sa force à laquelle elle m'avait peu habitué. Autre bonne surprise, c'est l'apport d'une seconde très bonne chanteuse (ce qui évite mon agacement d'entendre une bande sons dont trop d'artistes ont tendance à abuser).
Elle emprunte au répertoire de ses précédentes expériences musicales, dont Ayreon et The Gathering. Bref c'est bon, carré, efficace … Mais la malheureuse souffre de ma comparaison avec sa compatriote Floor Jansen à laquelle je ne peux m'empêcher de penser dès que j'entends une voix féminine dans le métal (non, pas taper !).
Belle ovation du public, en tous cas et c'est mérité !

PROGRAMME

Endless Sea
Heart of Amsterdam
Brightest Light
The Storm
Isis and Osiris (reprise de Ayreon)
Witnesses (reprise de Agua de Annique)
Strange Machines (reprise de The Gathering)
Fallout (reprise de Devin Townsend Project)
Shores of India.


BETWEEN THE BURIED AND ME : 17h50 – 18h50. Alors eux, j'avais déjà été contraint de les subir en septembre dernier car ils accompagnaient Haken en tournée. Mais il se trouve que je n'accroche pas du tout aux vociférations gratuites du hurleur.
C'est très dommage car leur musique est très souvent séduisante. Mais désolé la voix m'insupporte. C'est juste rédhibitoire.

PROGRAMME
The Coma Machine
Informal Gluttony
Extremophile Elite
The Ectopic Stroll
Telos
Bloom
Selkies: The Endless Obsession.


MAGMA : 19h20 – 20h20. Le groupe tarde à débuter le programme, sans doute pour satisfaire leur exigence sur la sonorisation ; le son s'avère pourtant excellent.
Je savoure tout particulièrement la virtuosité de Philippe Bussonnet à la basse !
Tout est exécuté impeccablement, cadré par l'implacable frappe de Christian Vander, accompagnée des percussions de Benoit Alziary.
Comme d'habitude, la spirale musicale des instruments et des voix envoute la large partie du public qui a su trouver "la porte" comme dirait l'ami Robert.
Faute d'avoir tardé à débuter, Magma se voit contraint à modifier la fin du programme pour respecter le temps imparti. Mais, en ce qui me concerne, ce petit désagrément me permet d'écouter des airs moins connus.
Pas peu fier de voir ce groupe français défendre sa légende devant un public très cosmopolite, pour la première fois sur la scène barcelonaise.
Très belle ovation d'un public conquis par cette musique si atypique ! Cocorico !

PROGRAMME
THEUSZ HAMTAAHK
ZOMBIES
KOBAÏA.


OPETH : 20h50 – 22h50. A l'instar d'autres paradoxes qui façonnent mon personnage complexe, j'en conviens aisément, ma dévotion pour Opeth est encore une source de perplexité. En tant que grand défenseur de l'art vocal, du chant mélodique clair et lumineux, c'est pourtant ainsi, au fil de mes découvertes initiées par la production de Steven Wilson, j'ai commencé par admirer les titres aux chants clairs et puis, petit à petit, j'ai fini par comprendre et apprécier (non sans peine, je le souligne) les voix gutturales. Ou plutôt celle de Michael en particulier. Car il me semble (impression subjective sans doute) qu'il n'abuse pas de l'exercice. Je ne cesse de m'étonner de sa maitrise des tonalités.

Ce soir ne fait pas exception, je préfère toujours la partie du répertoire favorisant les voix claires, d'autant plus que Michael chante merveilleusement bien. Pourtant, la plupart des titres comportent de larges plages de ses grognements. Cela ne m'a pas empêché de me délecter de ces alternances musicales, tantôt d'une violence inouïe et tantôt d'une délicatesse étourdissante ! Favorisé par un son puissant mais précis, mes muscles n'ont cessé de fonctionner tout seuls, tels ceux d'un épileptique !

Et puis, comment ne pas s'amuser de son humour ! Parfois aux dépends de son techniciens, parfois aux dépends de son guitariste solo Fredrik Åkesson, voire de lui-même !! Il est particulièrement à l'aise avec son public avec lequel le respect est réciproque. En l'occurrence, il pousse ce soir Martin Mendez, son bassiste né en Uruguay, à venir bredouiller quelques mots face au public catalan qui apprécie quand même le geste (mais je ne suis pas certain que Mickael ait saisi la particularité catalane).
Le batteur Martin Axenrot s'est montré parfait pour cadrer l'ensemble, pendant que le clavier Joakim Svalberg nappait les atmosphères avec bonheur.

Autant dire que je n'ai pas vu passer les deux heures avec ces suédois ! Ces mecs ont la classe et le talent ! J'ai adoré leur septième concert depuis 2008, et j'en redemande !!!

PROGRAMME
Cusp of Eternity (Pale Communion)
The Devil's Orchard (Heritage)
The Leper Affinity (Blackwater Park)
Godhead's Lament (Still Life)
To Rid the Disease (Damnation)
I Feel the Dark (Heritage)
Heir Apparent (Watershed)
Demon of the Fall (My Arms, Your Hearse)
The Grand Conjuration (Ghost Reveries)
Deliverance (Deliverance).

STEVEN WILSON : 23h20– 01h20. Je le relatais en préambule du récit, la venue du maître s'imposait, d'autant plus que HCE et 4,5 ont fait l'objet d'une large tournée promotionnelle à l'issue de laquelle il a encore acquis de l'assurance.
Pour ma part, je me surprends à constater que j'assiste à son cinquième concert de cette tournée ! Je n'ai jamais suivi un artiste de cette façon ! Il m'a poussé à sillonner la France, la Belgique et l'Espagne. Cerise sur le gâteau, en dépit d'un public nombreux, (la cour est pleine comme un œuf) nous parvenons à nous placer dans les premiers rangs ; si bien que même ma petite Fée pouvait tout voir de la scène !
Le va-nu-pied est donc venu une nouvelle fois fouler le sol catalan et accroitre encore sa notoriété grâce à ce festival qui est en passe de devenir légendaire. Au regard du nombre de t-shirts à la gloire de ses œuvres, on peut estimer sans risque que la majorité lui est acquise, et pourtant beaucoup semblent avoir découvert ce soir la force de séduction de cette musiques enivrante ! Plusieurs interlocuteurs me confessaient le découvrir ce soir, tous ont reçu une claque magistrale ; sans cynisme aucun je m'en réjouis !
Que dire ou répéter d'un tel spectacle ? Certes le programme aura peu différé sur ces cinq concerts mais, si cet apparent immobilisme m'aurait profondément agacé de la part d'autres musiciens, en revanche avec Steven on ne peut pas s'ennuyer. D'abord parce Steven accorde toujours une part (plus ou moins importante selon son humeur) à l'improvisation, à la sienne, ou à celle de ses partenaires.
Le bassiste Nick Beggs est décidément beaucoup moins extravagant qu'à ses débuts dans le groupe, mais il assure toujours sa part de base rythmique et de chœurs aigus très justes. Paradoxe toujours amusant entre la tonalité de ses cordes vocales et celle des cordes de sa basse !! Quel talent !
Aux claviers, Adam Holzman très humble et discret et pourtant si essentiel ! Ses interventions musicales sont toujours délicates et idéalement délivrées ! Il est celui qui me semble le plus en osmose avec Steven (mais ce n'est que mon impression), qui d'ailleurs le laisse errer dans de belles improvisations, sans que jamais il n'en abuse. Juste exquis.
Au risque de choquer et d'agacer certains de mes lecteurs, je persiste à déplorer le départ du batteur Marco Minnemann et du prodigieux guitariste Guthrie Govan, car Craig Blundell et Dave Kilminster assurent leur fonction mais sans le talent et l'âme des deux précédents. Voilà, c'est mon ressenti, je fais peut-être une fixation. Dave c'est planté sur le premier solo important qu'il avait à produire ; ça peut arriver bien sûr, mais cela conforte mon impression qu'il récite une partie qui n'est pas la sienne et qu'il a bien du mal à réaliser aussi bien que son créateur Guthrie. Néanmoins, le reste du concert il a su nous faire vibrer avec ses chants de guitare et ma foi je lui reconnais toutefois un talent certain.
Steven quant à lui prend encore et toujours davantage d'aisance avec son public. Je le disais déjà au fil de mes précédents récits, mais ce soir il m'a encore semblé monter d'un cran. Une somme de petits détails qui montrent son épanouissement personnel ; il parle davantage de choses et d'autres (ce soir il raillait les supporteurs de football, il rend un hommage appuyé à David Bowie et Prince, il feint l'homme modeste en tentant de dévaloriser son répertoire, ect…). Sa gestuelle est moins crispée qu'à ses débuts et il invite désormais le public à battre des mains sur une cadence qu'il sait lui imposer …
Comme d'habitude, au fil du concert il montre l'étendue de ses talents : il exécute beaucoup de solos de guitare (d'ailleurs j'avais souvent l'impression qu'il soutenait les solos incertains de Dave), va s'asseoir à son instrument préféré le mellotron ou prend la basse.
Ajoutez à cette soirée délicieuse une sonorisation souvent surprenante ; certains sons venant dans notre dos ! L'espace était un écrin sonore pour notre Maître de cérémonie.
Hormis HCE, nous avons eu droit à quatre reprises de feu Porcupine Tree (je vous ferai grâce de mes états d'âmes sur cette disparition prématurée, ce n'est pas le sujet).
Allez un petit regret tout de même ; Ninet Tayeb n'étant pas présente, nous avons dû subir une bande son à sa place.
Voilà, après un rappel évident, les deux derniers titres achèvent de réjouir un public conquis ; une ovation impressionnante et interminable s'en est suivie !

PROGRAMME
First Regret
3 Years Older
Hand Cannot Erase
Routine
Home Invasion
Regret #9
Lazarus (reprise de Porcupine Tree)
Ancestral
Happy Returns
Ascendant Here On...
Index
Harmony Korine
Don't Hate Me (reprise de Porcupine Tree)
Vermillioncore
Sleep Together (reprise de Porcupine Tree)

RAPPEL :
The Sound of Muzak (reprise de Porcupine Tree)
The Raven That Refused to Sing


TEXTURE : 01h50– 03h00. Après une telle journée, gavée d'émotions authentiques, nous restons pour cet énigmatique groupe sensé nous emmener dans la nuit. Ce que je craignais arriva : les vociférations de ses excités du bulbe n'avaient aucune chance de me faire rester davantage que pour un titre.

PROGRAMME
One Eye for a Thousand
New Horizons
Shaping a Single Grain of Sand
Singularity
Illuminate the Trail
Zman
Timeless
RAPPEL :
Reaching Home
Regenesis
Awake
Laments of an Icarus

La cour s'est vidée des deux tiers en cette heure tardive. Après avoir tenté vainement de récupérer une version collector de mon ticket d'entrée,  nous partons donc aussi, épuisés mais HEUREUX.
L'esprit encombré de séquences innombrables de sons et images, nous redescendons du Poble en imaginant une nouvelle affiche pour la quatrième édition. Allez osons ; ce sera MARILLION qui viendra de sortir son nouvel opus ! On verrait bien IQ qui aurait envie d'effacer la déprogrammation de l'an dernier, ou bien ANATHEMA ? ou PENDRAGON ? Et pourquoi pas un retour de HAKEN ou de LEPROUS qui méritent bien mieux que le minuscule kiosque de la deuxième édition ?
La période des vœux est désormais ouverte ! Nous on économise déjà. A défaut d'une belle affiche à Barcelone on pourra toujours se rabattre sur Lorelei (dont l'affiche cette année était bien moins séduisante) !


lundi 1 février 2016

STEVEN WILSON – Palais des Congrès - 01/02/2016




Une fois de plus, une légère angoisse m'étreint avant de rédiger un petit relevé de mes impressions ressenties lors d'un concert de Steven Wilson. Ce récit je le rédige avant tout pour moi et je ne fais qu'une confiance relative en ma mémoire à moyen terme ; du coup je me dois de relater les détails qui ont contribué à exalter mon plaisir. Mais finalement est-ce dans les détails que les émotions d'un tel concert se reflètent ? Pas sûr.

En tous cas, ce qui me vient de suite à l'esprit c'est la satisfaction d'avoir assisté à un autre concert hors norme qui a répondu à beaucoup d'espoirs : en acte un, l'intégrale de HCE. Puis, en acte deux plusieurs reprises de Porcupine Tree et, de surcroit, une reprise de Storm Corrosion. Ninet Tayeb dont la présence est indéterminée sur la tournée était bien là ce soir. Et enfin, cerise sur le gâteau une magnifique reprise de "Space Odditty" en hommage à David Bowie.
Petit regret, car il faut bien en avoir un, histoire de relativiser la chose ; ce soir le groupe n'était pas encore (à mon humble avis) dans sa configuration idéale puisque Marco Minnemann, Theo Travis, et Guthrie Govan n'étaient pas là. Leur talent et leur fantaisie m'ont parfois manqué mais pas au point toutefois de gâcher mon plaisir. Craig Blundell et Dave Kilminster assurent cependant correctement leur partie.
Nick Beggs et Adam Holzmann ont pleinement donné satisfaction par leur sensibilité, leur efficacité et leur engagement pour accompagner un Steven Wilson plus radieux et accompli que jamais.

Pratiquement rien à reprocher à l'interprétation de "Hand Cannot Erase" intégralement repris pour l'acte un. Juste cette pointe de sensibilité en moins en raison de l'absence des protagonistes sus cités. Je souligne l'interprétation de "Transience" dont on regrettait l’absence des concerts précédents, durant laquelle Nick délaisse sa basse pour la guitare.
Cet acte un fut un grand moment de bonheur accentué avec l'interprétation des somptueux "Routine" et "Ancestral" par Ninet Tayeb.

Cette chanteuse israélienne, que je ne connaissais pas avant sas participation à HCE, m'a ce soir totalement convaincu de son talent. Son timbre est magnifique et sa présence humble, délicate et sans excès a ravi mon ouïe et ma vue. Pourtant, si j'avais adoré sa prestation du HCE, j'étais en revanche plus critique sur son interprétation de "Don't Hate Me" sur 4 ½ avec cette voix excessivement implorante. Mais ce soir elle a gommé cette imperfection sur ce titre, excellemment interprété dans la seconde partie de soirée. On se prend à rêver d'une collaboration renouvelée dans l'avenir …

L'acte 2 m'a également réjoui par l'équilibre de la programmation : cinq titres du prestigieux passé avec Porcupine Tree, deux titres du très bon mini opus 4 ½ (dont mon préféré " Vermillioncore", et deux titres de son répertoire personnel. Deux moments délicieusement surprenants : la reprise du lugubre "Drag Ropes" de Storm Corrosion fut un pur régal de mélodie mélancolique accentué par le délicieux passage de chœur à trois voix (Nick, Steven et Dave), puis bien sûr, à l'occasion du rappel, l'interprétation émouvante de "Space Odditty" de David Bowie.
Cet hommage appuyé a encore accru mon respect pour le talent énorme et pourtant humble de Steven. En le regardant s'exprimer accompagné de Ninet avec ce fond de scène à l'effigie de l'un de ses principaux inspirateur, on ne pouvait que comprendre et être ému avec eux. En tous cas, pour une fois Paris aura été favorisé car ce titre n'a pas été repris sur toutes les dates depuis le décès du chanteur, même en Angleterre !

Hormis son voilage (aussi agaçant qu'inutile, puisque malencontreusement soulevé par un courant d'air mal venu) installé devant la scène pour deux titres on s'est réjoui d'une belle mise en scène avec cet écran de fond de scène illustrant la plupart des titres. La soirée se clôt avec " The Raven", le temps est passé trop vite et pourtant lorsque le groupe salue son public il est 23h15, ce qui signifie que nous venons de passer trois heures et quart (certes, en comptant l'entracte) sur un nuage.

Bref, un mot s'impose : MERCI ! Merci Steven, continue à nous émerveiller ainsi et à nous donner l'impression de voyager dans un espace étrange et magique, a space oddity.

PROGRAMME

ACTE 1:
First Regret
3 Years Older
Hand Cannot Erase
Perfect Life
Routine (chanté par Ninet Tayeb)
Home Invasion
Regret #9
Transience
Ancestral (chanté par Ninet Tayeb)
Happy Returns
Ascendant Here On...

ACTE 2:
Drag Ropes (reprise de Storm Corrosion)
Open Car (reprise de Porcupine Tree)
My Book of Regrets (4 ½)
Index
Lazarus (reprise de Porcupine Tree)
Don't Hate Me (reprise de Porcupine Tree) (chanté par Ninet Tayeb)
Vermillioncore (4 ½)
Sleep Together (reprise de Porcupine Tree)

RAPPEL:
Space Oddity (reprise de David Bowie) (chanté par Ninet Tayeb)
The Sound of Muzak (reprise de Porcupine Tree)

The Raven That Refused to Sing.

vendredi 30 octobre 2015

ARCHIVE – Zénith de Paris – 31/10/2015


BRNS [20H00/20H30]. Énigmatique nom a priori, mais il semble qu'il faille prononcer "Brains". J'ignorais l'existence de ce groupe bruxellois jusqu'au 16 octobre dernier, date à laquelle une petite Fée m'a rapporté les avoir découverts et beaucoup appréciés à Toulouse.
Suite à cet avis, j'ai tenté de m'en faire une idée à l'aide des vidéos disponibles sur YouTube mais ce que je visionnais me laissait perplexe. C'est donc inquiet que j'assiste à l'arrivée de ces petits belges sur scène.
Tim "Clijsters" Philippe, Antoine Meersseman, Diego Leyder, et César Laloux sont multiinstrumentistes, dans un style dont les sonorités électriques et les percussions s'orientent vers une expérimentation rock et electro très attrayante et festive. Point de morosité, ici !
Pas très enclin a priori à apprécier ce style, j'ai pourtant été positivement impressionné par l'entrain et le talent de ces garçons. Rares sont les groupes alliant si bien pop, rock et electro. Tous assurent des chœurs mais c'est le batteur qui assure le chant et qui semble le meneur ; c'est lui qui parle au public.
Le titulaire du clavier, debout et très agité, comme branché sur batteries, assure également les percussions ; il dispose notamment d'un étonnant jeu de petites cloches dont les tintements contribuent agréablement aux sonorités légères et entraînantes. Le bassiste dispose également de claviers.
Juste une demie heure de prestation, le public ravit et conquit aurait espéré davantage.
Fait notable, le batteur m'a fait sourire notamment lors de ses propos dans le plus pur état d'esprit belge : "merci d'être restés !" Typiquement belge ; ils disent "s'il vous plait" quand nous disons "merci" ! Surprenants de modestie et de gentillesse, ces quatre garçons devraient faire encore parler d'eux un bout de temps je pense. A suivre, donc …

PROGRAMME: à définir


ARCHIVE : [21H00/22H55]. Pour vous placer dans le contexte de mon appréciation, je dois souligner que j'ai connu Archive au printemps 2009, à l'occasion de discussions sur un forum musical. J'avais alors téléchargé "Londinium" que je n'ai pas beaucoup aimé ; ses sonorités trop marquées rap et trip hop ont eu le don de m'agacer. J'ai cependant ensuite écouté d'autres titres plus intéressant avec "Controlling Crowds", "With Us Until You're Dead", "Lights", et "Noise". Leur vidéos "Bullets" et "Axiom" m'ont vraiment beaucoup plus. Ils ne se contentent pas de faire du trip hop, ils errent entre la musique électronique et les rives du rock progressif avec plus ou moins de séduction.
Depuis tout ce temps, quelques amis m'ont relaté des émotions fortes ressenties en concert ; je me suis dit qu'un jour où l'autre il faudrait que je creuse la question. M'y voilà donc à l'occasion de la tournée 2015 visant à promouvoir leur dernier opus "Restriction" qui ne m'a pas emballé plus que ça, mais bon …
J'ai consacré les jours précédents le concert à parfaire mes connaissances sur ce "collectif sud-londonien" dont l'ossature demeure le duo formé autour de Darius Keeler et Danny Griffiths, tous deux aux claviers et échantillonneurs.
Au terme de ce préliminaire, j'étais parvenu à me convaincre de l'attrait de leur création à hauteur de 70%, ce qui était largement suffisant pour que j'assume le déplacement.

Pour faire patienter son public, avant le début de la soirée, le groupe avait déployé un grand écran sur lequel a été diffusé le court métrage "Axiom". Excellente idée !
Je me positionne idéalement à 5 m environ de la scène juste en face de son milieu. Pas de trop de bousculade à part les éternels resquilleurs de dernière minute.
  

Le concert débute logiquement avec le premier titre de "Restriction", l'énergique "Feel it", que je n'apprécie guère mais il enchaîne sur "Fuck U" beaucoup mieux construit à mon goût. Mais très vite ensuite j'ai ressenti une certaine lassitude de cette rythmique trop cyclique, cette surdose de nappe de claviers et ces textes qui m'ont souvent paru légers et répétitifs également.
L'apparition de la ravissante Holly Martin pour "Violently" apporte un brin de fraicheur bienvenu notamment pour interpréter le magnifique "End of Our Days".
Mais l'enchainement avec le très électro "Kid Corner" remet les travers en évidence … J'ai peu à peu perdu pied dans ce bain de foule conquise pour des impressions que je ne partageais pas ; sans doute que le parfum de plantes exotiques pouvaient expliquer leur enthousiasme, allez savoir.

Hélas, je ressors donc de cette aventure musicale avec un sentiment mitigé, mais ce n'est pas l'enthousiasme qui prédomine. De très bons moments certes, mais plutôt rares. De trop nombreux passages bourrins, binaires, voire tribaux ("Conflict" est à cet égard un paroxysme) m'ont souvent agacé. Pour illustrer mon impression je souligne ma frustration lors d'un de mes titres préférés, "Bullet", survitaminé, gavé de synthés surpuissant, loin de l'atmosphère enivrante que je ressens en visionnant la vidéo.


N'étant pas en parfaite communion (euphémisme), je me suis alors appliqué à observer/écouter attentivement les différents pupitres afin de m'expliquer ce manque d'harmonie.
Très éloignés des lignes complexes que j'apprécie dans le rock progressif, le progmetal et dans le metal, on subit ici des sons linéaires de synthé à l'excès, une batterie qui pourrait se passer de son batteur tant les rythmes sont téléphonés, des guitares présentes juste pour donner un peu d'électricité dans cet univers souvent plat et insipide. Trip-flop !
J’ajoute que pendant tout le concert j’ai dû constamment garder les protections auditives ! (à titre d’indication pendant Opeth et Riverside, j'avais pu m'en passer).

J'ai souvent eu la désagréable impression de me trouver dans une de ces boites de nuit aux sons très "dance", avec ses lasers crépitant qui viennent te fouetter la gueule, histoire de masquer la pauvreté musicale. Je me suis ainsi senti étranger à l'enthousiasme ambiant ; le public n'étant manifestement pas branché "rock progressif" (je peux me tromper mais je serais prêt à parier, à leur mine ravie, qu'ils n'en connaissent que les légendes passées et qu'ils estiment avoir là les seuls dignes descendants !).

Pour ne pas terminer sur une note négative je précise objectivement que les éclairages étaient magnifiques, en parfaite adéquation avec les phases musicales successives.
Le rappel "Lights" fut un régal à la fois auditif et visuel ; consterné, je me dis sur cette note finale que ces gens là pourraient faire mieux, beaucoup mieux …

PROGRAMME:
Feel It (Restriction)
Fuck U (Noise)
Dangervisit (Controlling Crowds)
Finding It So Hard (You All Look the Same to Me)
Crushed (Restriction)
Conflict (With Us Until You’re Dead)
Violently (With Us Until You’re Dead)
Black and Blue (Restriction)
End of Our Days (Restriction)
Kid Corner (Restriction)
You Make Me Feel (Take My Head)
Bullets (Controlling Crowds)
Distorted Angels (Axiom)
Baptism (Axiom)
Ladders (Restriction)
Numb (You All Look the Same to Me)

Rappel : [22h00]
Lights (Lights)