vendredi 8 juillet 2022

RAMMSTEIN – Stade Groupama (Lyon-Décines-Charpieu) – vendredi 8 juillet 2022.

Ce stade, d'une capacité théorique de 59 186 places en configuration football, est situé à Décines-Charpieu, dans l'est de l'agglomération lyonnaise. En projet depuis 2007, il a nécessité l'expropriation d'une quarantaine d'agriculteurs pour des montants très faibles (un euro le m²). Il a été construit de 2012 à 2015, puis inauguré en 2016.

La tournée Europe Stadium Tour en 2019 se déroulant parfaitement, le groupe avait annoncé dès le 24 juin 2019 une seconde partie de sa tournée pour 2020, et une vente des billets avait débuté dès le 5 juillet 2019. Mais, la Pandémie a interrompu le processus et le 19 mai 2020, Rammstein annonçait sur son site officiel que leurs concerts seraient reprogrammés les 9 et 10 juillet 2021. Puis la tournée européenne du groupe fut de nouveau reprogrammée en 2022, les dates des concerts français sont désormais les 8 et 9 juillet 2022 à Lyon. Ce sera ainsi mon quatrième concert de Rammstein après les 7 mars 2012 à Paris, 12 juin 2016 à Paris et 28 juin 2019 à Nanterre.

C'est donc avec une impatience non dissimulée que tout ce beau monde s'est donné rendez-vous à Lyon, dont les rues sont envahies de gros malades venus des quatre coins de la France, et au-delà... Notre microcosme réuni dans le vieux Lyon a quelque chose de rassurant. Il reste encore des gens qui aiment la bonne musique. Malgré tout.

Pour nous mener de Paris à Lyon, Flixbus nous a facturé la modique somme de 24 € A/R ! L'accès au Stade a nécessité la réquisition de la ligne T3 pour assurer les navettes de liaison depuis la gare Pare-Dieu. Moyennant un forfait de 5 €. Mais sa capacité demeure bien inférieure à celle d'un métro et la file d'attente au terminus fut impressionnante au départ, et pénible au retour.

Avant le concert, nous passons par l'échoppe officielle. J'opte pour le t-shirt (35€) floqué spécialement à la date du jour, même si sa couleur rose me déplait. Avec ma p'tite Fée et mon fils, nous parvenons ensuite à réunir des amis Daniel, Viviane, Michel, Carine, Patrick, … tous venus de divers horizons, avant de nous disperser sur nos secteurs respectifs. Nous faisons une halte à un bar de l'étage pour siroter une mousse dans un gobelet de collection estampillé Rammstein, confortablement installés dans un fauteuil du salon.

DUO ABELARD [20h?-20h30?]

Comme en 2019, Rammstein a choisi de débuter sa soirée par la prestation d'un duo de pianistes. Mais les concertistes françaises de 2019, JATEKOK, avait réservé d'autres spectacles avant d'être invité par Rammstein. C'est donc le duo de lyonnaises ABELARD qui assure les premières parties des allemands sur cette tournée. On imagine aisément la fierté des deux dames, Héloïse Hervouët et Katherine Nikitine, d'exécuter leurs interprétations dans leur agglomération d'origine ! Et d'ailleurs elles ne s'en cachent aucunement, à l'occasion de leurs remerciements.

La part du public venue seulement pour l'agitation et le bruit a pu s'agacer de cette séquence, mais pour les mélomanes avertis (dont je suis) ce fut un bien bel hommage à la musique de Rammstein. Preuve, s'il en fallait, que Rammstein c'est aussi de la poésie dans les mots et dans les notes.

Ces deux artistes ont su transmettre toutes les émotions, les nuances et les harmonies qui m'ont toujours ému personnellement. Un peu de tendresse dans un monde de brutes ! Je salue leur courage de présenter leurs interprétations dans un cadre a priori peu favorable.

PROGRAMME
Sonne
Mutter
Diamant
Mein Herz brennt
Zeit
Frühling in Paris
Ohne dich
Deutschland
Du hast.

RAMMSTEIN [21h06-23h25]

Formé en 1994 à Berlin, le groupe demeure composé des six membres originaires d'Allemagne de l'Est ; Till Lindemann (chant), Richard Zven Kruspe (guitare, chœurs), Paul H. Landers (guitare, chœurs), Oliver Riedel (basse), Doktor Christian "Flake" Lorenz, claviers, Christoph "Doom" Schneider (batterie).

La scène est une structure monumentale, industrielle, grandiose et massive. Ce décor est particulièrement impressionnant, surplombé d'une large tour au centre de laquelle apparaitra un dispositif ascensionnel ; elle est elle-même surmontée d'une sorte de vasque olympique qui s'enflammera durant le concert. Le reste de cette colossale construction est constellé de projecteurs et d'enceintes prêts à déverser feux et décibels. A chaque extrémité latérale sont dressés des écrans géants pour les spectateurs privés de vision en profondeur (faible compensation à mon avis), et un (trop petit) écran est posé au centre de la structure. Dans la fosse, une scène secondaire a été installée sur le côté gauche en regardant la scène. Toujours dans la fosse le fond du stade est surplombé de deux derricks métalliques prêts à cracher les flammes de l'Enfer ! De mes jumelles, je distingue nettement les bombonnes de carburant à leur sommet. Enorme travail, surtout quand on sait que tout ce dispositif est en double sur la tournée afin de garantir la succession des dates.

On s'attend à du lourd, on sait déjà que nous ne serons pas déçus à ce niveau là… En attendant l'heure fatidique, sont diffusées dans le stade vidéos et musiques de …Rammstein ; on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même !

Le public s'impatiente logiquement et passe ses nerfs en déclenchant de belles vagues humaines (ola) depuis les gradins vers la fosse ; Tous ces bras qui se lèvent ensemble constituent un magnifique spectacle de ferveur partagée !

Lorsqu'enfin une bande-son baroque annonce le début des hostilités, le sigle de RAMMSTEIN s'élève sur l'écran, aux couleurs de la France. L'excitation est à son comble lorsque les premières notes retentissent dans le stade. Hélas, l'ingénieur du son s'est avéré incompétent pour garantir une sonorisation digne de l'événement. Selon leur positionnement, j'ai su que des spectateurs furent satisfaits de l'acoustique, mais je peux garantir que des blocs N212, 213 et 214 nous n'avons perçu qu'une bouillie sonore infâme, au moins pendant les cinquante premières minutes.

En fait, ce n'est que passé l'introduction de "Deutschland" (dont les sonorités électro m'agacent profondément), j'ai commencé à percevoir un son audible. Sans rancune et pressé d'en profiter, j'ai alors participé pleinement à la grand'messe.

Je passerai donc rapidement sur les neuf premiers titres dont je n'ai pratiquement rien perçu hormis le visuel. C'est d'ailleurs par les jeux de scène que j'ai parfois pu reconnaitre les chansons ; Ah, Till a le cœur qui brûle, c'est donc probablement "Mein Herz brennt" … Ah, le landau brûle, c'est donc probablement "Puppe" ! Frustrant. Très frustrant…

Je n'ai toutefois pas à me plaindre de mon positionnement, aucun des derricks ne gêne ma vision de la scène, que je vois dans toute sa profondeur ; ce qui ne fut pas le cas de tout le monde. Les lésés furent ceux assis sur les côtés et ceux dans la perspective desdits derricks. Mauvaise loterie, y compris pour certains qui avaient investis en carré "or" supposés offrir un confort supérieur.

L'éclairage est logiquement sobre au début puisque la nuit n'est pas tombée. Mais au fil de la soirée les dispositifs ont accompagné les effets pyrotechniques avec une belle efficacité.

Avec une bonne sono ça change vraiment tout ; "Deutschland" suivi de "Radio" fut un pur moment de bonheur auditif.

Puis, sur "Mein Teil", le martyre traditionnel de Flake amuse toujours autant ; le pauvre doit se cacher dans sa marmite et subir le feu craché depuis des lance-flammes de toutes tailles, parfaitement maîtrisés par Till à l'acmé de son art pyrotechnique.

Le paroxysme incendiaire est atteint sur "Du hast" et surtout "Sonne" ! Le feu passe de la scène aux derricks avant d'enflammer le stade d'une luminosité incandescente ! Enorme impression. A ce niveau du concert, l'amélioration de la sonorisation alliée au spectacle parfaitement orchestré me comble de joie. Mais c'est déjà la fin annoncée…

Bien évidemment le public réclame et obtient vite le rappel mérité.

RAMMSTEIN a tenu à assumer son soutien aux deux pianistes en les faisant participer à leur rappel du concert ; et ce, pour interpréter "Engel" de surcroit ! Un titre emblématique qu'attendent habituellement les admirateurs notamment à cause de la panoplie incendiaire qu'arborait Till. Cette fois, c'est une version a capella et sans artifice ; les cinq membres occupent le périmètre de la scène secondaire et entourent les deux pianistes comme pour les protéger de mauvaises ondes ! Magnifiques instants de grâce !

Pour quitter cette mini-scène et rejoindre la scène principale, cinq musiciens (Till est parti se préparer pour la suite) survolent la foule à bord de trois bateaux gonflables. Ils avancent tant bien que mal, portés par les bras bienveillants. Belle communion entre les artistes et leur public.

A peine réinstallés, que le très dansant "Ausländer" remet le turbo ! Je m'époumone sur "Du riechst so gut", un de mes titres préférés. Puis je distingue l'érotique canon qui prédit le titre suivant, "Pussy", qui permet à Till d'arroser le public… de ce que j'identifie comme de la mousse. C'est la fête totale ! Dans ces moments-là, le lieu idéal est la fosse, assurément. A condition de disposer de la taille requise…

Les musiciens quittent la scène et reviennent pour un second rappel avec trois titres. Le concert se clôt opportunément avec l'émouvant titre "Adieu". Logique.

L'atmosphère festive retombe et la mélancolie s'installe déjà sur fond de bandes-son finales. Le souvenir d'un public remuant comme des diables dans un bénitier, fut un bonheur à regarder. Son plaisir était palpable, visible, évident. Une fête comme celle-là on en redemande toujours ! Dommage qu'elle fut gâchée au début par une sonorisation démotivante.

Près de deux heures et quart pour 21 titres dont cinq titres issus de "Rammstein" (2019), quatre de "Mutter"  (2001), quatre de "Zeit" (2022), trois de "Herzeleid" (1995), trois de "Sehnsucht" (1997), un de "Reise, Reise" (2004) et un de "Liebe ist für alle da" (2009).

PROGRAMME
Bande-sons : Music for the Royal Fireworks (Georg Friedrich Haendel)

  1. Armee der Tristen (Zeit, 2022)
  2. Zick Zack (Zeit, 2022)
  3. Links 2-3-4 (Mutter, 2001)
  4. Sehnsucht (Sehnsucht, 1997)
  5. Zeig dich (Rammstein, 2019)
  6. Mein Herz brennt (Mutter, 2001)
  7. Puppe (Rammstein, 2019)
  8. Heirate mich (Herzeleid, 1995)
  9. Zeit (Zeit, 2022)

Intro électro : Deutschland (Remix by Richard Z. Kruspe)

  1. Deutschland (Rammstein, 2019)
  2. Radio (Rammstein, 2019)
  3. Mein Teil (Reise, Reise, 2004)
  4. Du hast (Sehnsucht, 1997)
  5. Sonne (Mutter, 2001).

RAPPEL :

  1. Engel (en acoustique avec le Duo Abélard a piano, sur la scène annexe) (Sehnsucht, 1997)
  2. Ausländer (Rammstein, 2019)
  3. Du riechst so gut (Herzeleid, 1995)
  4. Pussy (Liebe ist für alle da, 2009).

RAPPEL : 2:

  1. Rammstein (Herzeleid, 1995)
  2. Ich will (Mutter, 2001)
  3. Adieu (Zeit, 2022).

Bande-sons : Sonne (Piano-Version), Haifisch, (Haiswing Remix by Olsen Involtini), Ohne dich, (Piano-Version)

Le stade a accueilli 49 124 personnes ce 8 juillet et en aura accueilli 49 560 le lendemain. En comparaison, les 28 et 29 juin 2019, 73 223 personnes avaient assisté aux concerts à Paris La Défense Arena.

Une telle foule pour trop de peu de navette décline fatalement un temps d'attente relativement pénible mais heureusement tout se fait dans la bonne humeur et à température estivale.

En conclusion, ce fut un concert qui aurait pu être excellent avec une meilleure sonorisation. Le spectacle fut dantesque et le choix des titres parfait. Mais à mon avis, le prix d'entrée comprenait autre chose que des flammes et du bruit ; c'était avant tout un concert. Or, pour écouter la musique il faut du son de qualité, je ne dis pas "parfait", je dis juste "de qualité", audible, quoi, tout simplement ! Il ne figurera donc pas comme mon meilleur souvenir de leurs concerts. Pour moi, cela restera celui du Palais Omnisport de Paris-Bercy le 7 mars 2012, qui a d'ailleurs fait l'objet d'un DVD. Là le son et le spectacle n'avait laissé aucune amertume.

mercredi 6 juillet 2022

DEEP PURPLE – La Seine Musicale (Boulogne-Billancourt) le mercredi 06 juillet 2022.

C'est toujours un bonheur de se rendre dans ce magnifique auditorium à Boulogne-Billancourt. Déjà son accès est relativement aisé grâce à la ligne T2, un tramway qui traverse les beaux quartiers de la banlieue Sud, très verdoyants et sillonnés par la Seine. Outre son cadre architectural impressionnant, la sonorisation est toujours excellente. La Grande Seine peut, selon sa configuration, accueillir jusque 6 800 personnes. Ce soir j'estime l'affluence à plus de 5 000.

Passé une longue attente dans une file accablée par le soleil, nous pénétrons enfin le bâtiment, où sont installées les échoppes, puis la salle avec ses gradins et sa fosse. Nous nous précipitons au premier rang sur le centre gauche, qui nous placera ainsi face aux deux Ian et à Roger.

STENGAH [20h00-20h45].

Stengah est un groupe de metal français (il parait qu'il est étiqueté "postmetal, metal moderne, groove metal" et que sais-je encore) fondé en 2013 à Lille, composé de Nicolas QUESTE (Chant/Vociférations !), Maxime DELASSUS (Guitare), Alex ORTA (Guitare), Benoit CRETEUR (Basse), Eliott Williame (Batterie). Paul Zoot Steen venu tout spécialement avec son saxophone pour interpréter une version inédite de "The Overman" à leurs côtés.

Leur premier album, intitulé "Soma Sema" est paru le 18 mars 2022.
 https://www.musicwaves.fr/frmReview.aspx?ID=20266&REF=STENGAH_Soma-Sema.

STENGAH a profité d'une sonorisation relativement bonne mais sans doute utilisée à l'excès, car les protections auditives se sont avérées impératives ! Sans compter qu'au micro, le vociféraptor de service n'était pas venu conter fleurette !

L'éclairage modeste, mais suffisant pour leur statut, a permis quelque bons clichés aux chasseurs d'images. Hormis les équipements, deux tentures frappés d'un logo rappelant le "N" de leur nom sur l'album.

Pas de mobilier particulier outre les équipements nécessaires aux pupitres, pédales, pieds de micro, …)

Mais pourquoi avoir programmé ces enragés en première partie de Deep Purple ?? J'ai pourtant bien tenté de détecter quelque intérêt aux autres pupitres, mais le hurleur m'a vite saoulé. Le bassiste m'a semblé disposer d'une bonne technicité mais trop peu audible dans cette amalgame métallique et très bruyant…Idem dans une moindre mesure pour les guitaristes, peu incisifs.

Une partie du public dont mon fils, y compris parmi les premiers rangs sensés attendre le pourpre profond, a semblé accrocher à cette séquence particulièrement brutale. Je dois avouer ne pas avoir partagé cet étonnant enthousiasme.

Titres à déterminer……..


DEEP PURPLE [21h15-22h45]

Trois de ses membres issus de la Grande Epoque continuent de perpétuer la légende depuis 1968 : Ian PAICE (batterie, 1968-1976, et depuis 1984 né le 29 juin 1948, 74 ans), Ian GILLAN (chant, harmonica, 1969-1973, 1984-1988, et depuis 1992 né le 19 août 1945, 76 ans), Roger GLOVER (basse 1969-1973, et depuis 1984 né le 30 novembre 1945, 76 ans). Le claviériste Jon Lord a cédé son pupitre à Don AIREY (claviers, du 9 août au 8 septembre 2001, et depuis 2002, né le 21 juin 1948, 74 ans). Quant à Steve Morse (guitare depuis 1994), qui est resté aux côtés de son épouse, atteinte d'un cancer, c'est Simon McBRIDE (irlandais, né en 1978) qui a pris la relève. Il a joué son premier concert avec les anglais le dimanche 22 mai.

Puisque je ne connaissais pas le monsieur, je me suis renseigné sur son pedigree pour découvrir qu'il a joué dans un groupe de métal SWEET SAVAGE, qui s'est formé en 1994 à Belfast.  Après avoir quitté Sweet Savage en 1998, il a opté pour un registre différent, soul, R&B et pop en rejoignant son compatriote irlandais Andrew STRONG. En 2008, il a sorti son premier album "Rich Man Falling" sur Nugene Records. Son deuxième album, "Since Then", parait en 2010. En 2012, parait "Crossing The Line". En 2016, il a rejoint le groupe de rock classique "SNAKECHARMER" (en remplacement de Micky Moody, ex-Whitesnake) et pour enregistrer un album "Second Skin" paru en mai 2017, avant de partir en tournée avec eux. Voilà son parcours, reste à montrer sa compétence à remplacer Richie BLACKMORE et Steve MORSE, pas une mince affaire tout de même !

Comme beaucoup de marginaux de ma génération, un concert de DEEP PURPLE est l'occasion de rendre hommage à une légende de notre microcosme musical encore vivante. Leur musique a nourri tellement d'émotions en nous et généré tellement d'inspiration chez nos artistes favoris que nous préférons davantage retenir d'eux la part de lumière que celle de l'ombre. Retenir les talents individuels de ce quintet magique. Il m'est cependant difficile d'oublier le caractère insupportable de Richie Blackmore, pourtant génial guitariste historique du groupe qu'il a bien failli faire sombrer prématurément. Mais, dans une période où beaucoup d'institutions perdent leurs valeurs, c'est encore plus pénible et décevant d'apprendre très récemment que ces musiciens, que j'imaginais artistiquement intègres, ont eux aussi commis quelques "emprunts indélicats" (doux euphémisme pour plagiat) pour réécrire des textes sur des airs de musiques antérieurs, sans aucun scrupules, et surtout sans mention sur les livrets. Je tiens à citer courageusement :

·      "Lazy" largement inspiré de "Steppin'out", (1966) du britannique John Mayall,
·      "Child in Time" (1970) largement calqué de "Bombay Calling" (1969) des californiens It's a Beautiful Day,
·      "Smoke on the Water" (1972) largement inspiré de "Maria Quiet", (1965) de la brésilienne Astrud Gilberto,
·      "Black Night" (1970) largement inspiré de "Summertime" (1962) de l'américain Nick Nelson (lui-même plagié par les Blues Magoos en 1966 avec "We ain't got nothing yet"),
·      "Burn" (1974) très inspiré de "Fascinating Rythm" (1924) Georges Gershwinn,
·      "Fireball" (1971) inspiré de "Rock Star" (1970) des canadiens Warpig.

(source : https://www.telerama.fr/musique/it-s-a-beautiful-day-bombay-pour-la-transe,161564.php )

Bien évidemment, je leur garde toujours une estime globale, mais l'image est fatalement ternie. Disons qu'ils ont su, avec talent, populariser, valoriser et transcender des harmonies qui seraient probablement oubliées s'ils n'avaient pas ajouté ce zest de génie. Et puis, s'ils ont bâti leur notoriété sur ce procédé, n'oublions pas qu'ils se sont émancipés de cette démarche au fil des albums, grâce à leurs talents indéniables.

"Whoosh!" est leur vingt-et-unième album studio, dont la sortie initialement prévue le 12 juin 2020 a été repoussée au 7 août 2020 en raison de la pandémie de Coronavirus. Comme leurs deux précédents albums, "Now What?" et "Infinite", il est produit par Bob Ezrin. Ensuite, "Turning to Crime", un album entièrement constitué de reprises a été publié le 26 Novembre 2021.

Ce soir, je vais assister à mon sixième concert de Deep Purple depuis le 8 juillet 1985. Ce concert était très attendu puisqu'il survient enfin après deux reports dus à cette maudite pandémie. La tournée d'adieu annoncée devait déjà passer par La Seine Musicale le 30 juin 2020, puis le 29 juin 2021. Cet incident aura au moins eu le mérite de démontrer qu'il n'était pas encore temps de poser les instruments…

Dans cet auditorium luxueux, la sonorisation s'est avérée de nouveau excellente, l'éclairage lumineux et coloré. La scène est dépouillée de tout élément décoratif, laissant un bel espace aux artistes. En fond de scène l'écran géant diffuse les images.

Le premier titre est aussi inattendu que jouissif "Highway Star", d'autant plus qu'il est enchainé avec "Pictures of Home" ! A l'instar de Leprous le 25 juin et de Metallica le 26 juin, DEEP PURPLE nous délivre un programme époustouflant. Compte tenu de l'âge de ces vétérans, je considère que nous avons été gâtés. Ian Gillan sait ne plus pouvoir retrouver sa tessiture d'antan ; il ne se hasardera plus sur "Child in Time" et cependant les titres sont chantés correctement. Depuis notre emplacement idéal, entre Ian Gillan et Roger Glover et face à Ian Paice, nous avons pu constater que ces virtuoses assurent encore, malgré les rides. Roger, toujours souriant et manifestement heureux de continuer l'aventure pourpre, est appliqué sur sa Vigier et redoutablement efficace de technique et de sensibilité. Ian Paice demeure consciencieusement ponctuel et sa frappe toujours aussi nerveuse. Ces trois-là continuent à nous ravir les sens, et à tenir la baraque !

Je prends toujours beaucoup de plaisir à entendre/voir Don Airey à ses claviers. J'ai eu la chance d'assister à ses prestations le 22 décembre 1983 puis le 29 aout 1984 au sein d'Ozzy, le 1er juin 1990 au sein de Gary Moore Band, puis les 20 octobre 2013 et 03 juin 2017 au sein de Deep Purple. Tant de subtilités dans son jeu et tellement à l'aise dans tous les registres ; rock, bluesy et classique. Son solo est un régal !

Simon McBride est incontestablement MA révélation de la soirée ! Son talent ne souffre absolument pas d'une comparaison avec ses prédécesseurs à ce poste. Sa technique et sa sensibilité sont époustouflantes. J'ai adoré toutes ses interventions, son charisme et son efficacité lors des soli ou des accompagnements. C'est tout simplement une excellente découverte, une pépite à suivre, si tant est qu'il n'y ait pas de suite avec Deep Purple…

Le public ne pouvait qu'être ravi de ce concert excellent en tous points ; l'ovation venait du cœur et cela se ressentait pleinement de la fosse.  

Quinze titres, dont six issus de "Machine Head" (1972), dont trois issus de "Whoosh !" (2020), un issu de "Deep Purple in Rock" (1970), un issu de "Now What?!" (2013), un issu de "Perfect Strangers" (1984), un issu de "Shades of Deep Purple" (1968), un issu de "The Book of Taliesyn" (1969), un issu de "Turning to Crime" (1968).

PROGRAMME
Bande sons : Mars, the Bringer of War (Gustav Holst)
 
Highway Star (Machine Head, 1972)
Pictures of Home (incluant quelques accords de guitare "Child in Time") (Machine Head, 1972)
No Need to Shout (Whoosh !, 2020)
Nothing at All (Whoosh !, 2020)
Uncommon Man (dédié à Jon Lord) (Now What?!, 2013)
Lazy (introduction à l'orgue) (Machine Head, 1972)
When a Blind Man Cries (Machine Head, 1972)
Throw My Bones (Whoosh !, 2020).
Solo claviers
Perfect Strangers (Perfect Strangers, 1984)
Space Truckin' (Machine Head, 1972)
Smoke on the Water (Machine Head, 1972).
RAPPEL :
Caught in the Act (sans "Gimme Some Lovin'") (Turning to Crime, 2021)
Wring That Neck (extrait) (The Book of Taliesyn, 1969)
Hush (reprise de Joe South) (Shades of Deep Purple, 1968).
Solo de basse
Black Night (Deep Purple in Rock, 1970).

Un détour à l'échoppe au cas où le t-shirt me séduirait pour commémorer cette belle soirée. Mais tous ces reports de date on pousser le concepteur à renoncer à mentionner toute date de la tournée. Tant pis cela me fera une économie.

dimanche 26 juin 2022

UNE COURTE VISITE EN ENFER : Hellfest XV, le dimanche 26 juin 2022

 
HELLFEST 2022 – Clisson, Val de Moine (44) – DIMANCHE 26 JUIN 2022

Voilà enfin la quinzième édition de cet admirable événement, toujours très attendu, organisé par d'authentiques mélomanes et pour des mélomanes. BEN BARBAUD, le cofondateur du Hellfest, est entouré d'une équipe de 17 personnes épaulées par 7.200 bénévoles au service du festival. Pour beaucoup, l'objectif c'est autant l'occasion d'assister à des concerts que de participer à un moment extraordinaire de convivialité, au sein d'un microcosme qui donne cependant l'illusion de la multitude. De surcroît, après deux reports causés par la Pandémie, le festival est cette année exceptionnellement étendu sur deux weekends, du 17 au 26 juin ; trois jours de concerts suivis de trois jours de repos, puis de quatre jours de concerts.

Quelques chiffres éloquents pour illustrer ce colossal événement… Seul festival à avoir son parc à l'année, le site du festival occupe environ 14 hectares, cinq étant dédiés à l'accueil du public. En outre, 21 hectares sont réservés au camping et 22 aux parkings ! Le Hellfest ne fait généralement pas dans la demi-mesure et l'affiche est très attractive, comme d'habitude. Cette année, 362 groupes de 29 nationalités différentes se produisent sur six scènes (sources : Les Echos, https://www.lesechos.fr/industrie-services/services-conseils/hellfest-les-chiffres-dantesques-du-celebre-festival-de-metal-1413781 ). La plupart des groupes sont européens (195 groupes, dont 55 groupes français) et on peut saluer la présence de JINJER, le groupe ukrainien, qui a été autorisé par son ministère de la Culture à quitter le pays malgré la guerre. Le budget 2019 était de 26 millions d'euros, cette année il s'élève à 53 millions d'euros !! (Vieilles Charrues, 17 millions ; Eurockéennes, 9,7 millions). Avec des retombées économiques pour les partenaires et soutiens logistiques estimées à 40 millions d'euros pour la région ! Sur le site, les pipelines reliant les réservoirs aux tireuses s'étendent sur 4 km et permettent ainsi d'écluser quelques litres de bières (445 000 en 2019), sans compter le muscadet local (plus de 21 000 litres en 2019) !

Les ventes de tickets affichent 60.000 pass par jour, sur sept jours, ce sont ainsi au moins 420.000 personnes que les organisateurs du Hellfest auront dû gérer cette année !!! (180.000 accueillies en 2019). Le pass pour les trois premiers jours coûte 215 euros, tandis que le passe quatre jours pour le deuxième week-end (du 23 au 26 juin) est à 295 euros. La passion est telle que les ventes sont toujours rapidement conclues…

Les plus valeureux et motivés festivaliers auront opté pour la totale. En ce qui me concerne, la raison tente de maitriser la passion, avec plus ou moins d'efficacité. Après immatures réflexions, j'ai opté pour le dimanche 26 juillet, car je tiens prioritairement à assister à la prestation de METALLICA. Pourtant, ce choix aura impliqué le renoncement douloureux au concert d'Iron Maiden qui est prévu le même jour à Nanterre, après deux reports dus à la Pandémie. Mon calendrier n'en finit pas de souffrir des répercussions de ce calvaire collectif.

La date étant fixée, il me restait à choisir mes centres d'intérêts … Le nombre d'artistes et de styles musicaux proposés est énorme… Trop énorme, à mon sens. L'auditeur mélomane, curieux et éclectique est constamment tourmenté par des dilemmes insolubles ; plusieurs scènes proposent concomitamment des artistes susceptibles de m'intéresser. En conséquence, chaque pèlerin se rend dans sa chapelle. Les convertis sont relativement rares. Les scènes annexes (Temple, Valley, Altar ou War Zone) prétendent accorder une chance aux groupes de faible notoriété, alors que les deux scènes principales retiennent une masse importante de spectateurs fidèles à leur objectif. Je conçois que certains puissent s'en satisfaire, moi pas. Cette année encore, par exemple, afin de me garantir une bonne place en fosse pour Metallica, mon principal objectif de la journée, j'ai dû me résigner à ne pas revoir les danois Mercyful Fate. C'est franchement très frustrant.

Nonobstant mes réticences récurrentes, j'avais assisté à une journée de la troisième édition le samedi 21 juin 2008 (18h25), principalement motivé par la prestation de Porcupine Tree. Puis j'y étais retourné pour une journée de la treizième édition, le dimanche 24 juin 2018 (21h30), principalement motivé par la prestation d'Iron Maiden. Je conserve de très bons souvenirs de ces deux incursions qui m'ont permis aussi de découvrir d'autres artistes, même si j'ai toujours eu le sentiment d'en manquer d'autres.

Bref, pour en revenir à cette édition 2022, un écueil supplémentaire s'imposait à nous. Le Midsummer Festival constitue en effet un autre rendez-vous annuel incontournable (cette année, la tête d'affiche est LEPROUS qui était passé quelques jours avant ici au Hellfest). Cet événement se tenait la veille, soit le samedi 25, à Valkenburg (Pays-Bas) à 800 km de Clisson ! Nous avons ainsi été plus ou moins contraints à nous engager sur un périple aventureux de 1 600 km sur trois jours.

Parti très tôt dans la matinée de ce dimanche, nous ne pouvons pas arriver avant le début de l'après-midi, soit bien après le passage de Molybaron que nous aurions pourtant soutenu volontiers. Guidés vers le parking Ouest, nous nous empressons de garer la voiture parmi la multitude avant de marcher ensuite une petite dizaine de minutes vers la station des navettes. Ce sont des bus magnifiquement décorés aux couleurs du Hellfest qui ne tardent pas à nous emmener. Encore une petite dizaine de minutes et nous voilà débarqués à l'entrée de l'Enfer. Tel un Cerbère vigilant, mon fils nous tombe dessus, sans chercher ! Ce tympan-fêlé est là depuis le 16. Nous filons retrouver une bande de potes au pied de la nouvelle et saisissante statue de Lemmy, avant de boire un p'tit Muscadet. Puis nous visitons le camping où dort (peu) mon fiston et hop, direction la fosse, non pas septiques mais convaincus (ok, je sors) !

Pendant ces premiers moments sur le site, j'entendais la prestation de Tagada Jones, que j'ai plus ou moins volontairement manqué, c'est partie remise… Lorsque nous nous approchons des scènes principales, BULLET FOR MY VALENTINE avait déjà débuté son concert.

Guidés par mon fils, rusé comme un Sioux, nous nous sommes faufilés dans la fosse de la scène principale 1, assez proche de l'avancée de scène pour garantir une relative proximité avec les groupes.

Le soleil brille, un p'tit vent nous permet de respirer ; tout va bien !

BULLET FOR MY VALENTINE [17h25-18h25].

Bullet for My Valentine est un groupe de heavy metal gallois de Bridgend, formé en 1998 par Matthew "Matt" TUCK (chant, guitare rythmique, depuis 1998), et Michael "Padge" PAGET (guitares, chœur, depuis 1998). A la base ils s'étaient donnés vocation à jouer des reprises de Nirvana et de Metallica. Ils sont désormais entourés de Jamie MATHIAS (basse, chœur, depuis 2015) et Jason BOWLD (batterie, percussion, depuis 2017 après avoir été membre de tournées 2016–2017).

"Bullet for My Valentine" est le septième album studio éponyme du groupe, il est sorti le 5 novembre 2021.

Ils occupent la scène principale 2, et bénéficient à mon sens d'une sonorisation adéquate, puissante et audible.

En mode découverte, j'avais déjà entendu parler d'eux mais sans jamais vraiment prendre le temps d'écouter. En dépit de notre arrivée tardive et de notre positionnement à l'opposé de la scène 2, leur musique m'a semblé plutôt énergique et entrainante. De bons passages de guitares. Toutefois, j'ai beaucoup moins apprécié la voix qui alternait le timbre clair et, plus souvent, le timbre éraillé. Je veux bien imaginer que dans d'autres circonstances je pourrai davantage accrocher. A suivre, donc.

Un public relativement nombreux leur accorde une ovation respectable (comme souvent au Hellfest, il est vrai).

Onze titres, dont trois issus de "The Poison" (2005), deux issus de "Scream Aim Fire" (2008), deux issus de "Fever" (2010), deux issus de "Gravity" (2018), et deux issus de "Bullet for My Valentine" (2021).

PROGRAMME
Your Betrayal (Fever, 2010)
Waking the Demon (Scream Aim Fire, 2008)
Piece of Me (Gravity, 2018)
Knives (Bullet for My Valentine, 2021)
The Last Fight (Fever, 2010)
All These Things I Hate (Revolve Around Me) (The Poison, 2005)
4 Words (To Choke Upon) (The Poison, 2005)
Shatter (Bullet for My Valentine, 2021)
Over It (Gravity, 2018)
Tears Don't Fall (The Poison, 2005)
Scream Aim Fire (Scream Aim Fire, 2008).

 

AVATAR [18h30-19h30]

Avatar est un groupe de heavy metal suédois, formé en 2001 à Göteborg, par John ALFREDSSON (batterie depuis 2001) et Jonas "Kungen" JARLSBY (guitares, depuis 2001). Ils sont désormais entourés du très charismatique Johannes ECKERSTRÖM (chant, depuis 2002), Henrik SANDELIN (basse, chœur, depuis 2003), et Tim ÖHRSTRÖM (guitares, chœur depuis 2011).

Leur huitième album, "Hunter Gatherer" est paru le 7 août 2020.

Ils occupent la scène principale 1, et bénéficient d'une sonorisation excellente.

J'avais manqué Avatar de peu lors du Download Festival, le 10 juin 2016 ; là encore ils avaient été victimes (et nous avec !) de plusieurs scènes simultanées. Depuis, cela fait un bout de temps qu'un de mes amis (coucou, Xav' !) me rabat les oreilles avec ce groupe scandinave. Mais je n'étais pas parvenu à trouver une Porte, en dépit de tentatives bienveillantes. J'étais resté sur ma réserve, même après avoir visionné sur Arte leur concert à l'Alcatraz Festival.

Je me suis donc placé en mode découverte, avant le début du concert alors que John ALFREDSSON, personnage inquiétant qui n'est pas sans me rappeler Floki (série "Vikings"), vient sur l'avancée de scène pour distribuer des roses bleues, blanches et rouges.

Entourés d'admirateurs souvent grimés et impatients, je m'attendais au pire. Mais cette fois c'est bon ; allelujah, j'ai trouvé La Porte ! Certes la voix souvent éraillée de Johannes ECKERSTRÖM continue de me gêner, mais son charisme est saisissant. Son allure, son apparence, son extravagance me rappellent celles du Joker de Batman. La musique à la fois puissante et mélodique me permet très rapidement d'oublier le léger écueil vocal, qui n'en est pas un en fait. Je finis par admettre volontiers que cette voix colle parfaitement aux atmosphères burlesques, brutales ou malsaines que développent ces vikings. De nombreux superbes soli (exécutés avec de non moins belles guitares ornées) achèvent très vite de me convaincre de l'intérêt que je devrai porter à l'avenir sur eux.

L'ambiance est montée nettement d'un cran durant cette prestation, on ressentait une véritable ferveur ; les saucisses humaines ont commencé à nous survoler avec plus ou moins de bonheur. (mode grognon enclenché : Plutôt moins que plus en ce qui me concerne ; ces exercices nous sont imposés quel que soit notre désir d'écouter ou voir quelque chose…). Détail attendrissant, je n'étais pas très éloigné de cette petite fille, Alina, très mimi, que tout le monde a sans doute remarqué sur les écrans ; déguisée et maquillée aux couleurs du chanteur, elle est restée tout le concert sur les épaules de son papa. La voir scander la musique et éviter les agités qui s'approchaient d'elle par le haut, faisait partie du spectacle !

Onze titres, dont trois issus de "Black Waltz" (2012), trois issus de "Hail the Apocalypse" (2014), deux issus de "Feathers & Flesh" (2016), deux issus de "Hunter Gatherer" (2020), et un issu de "Avatar Country," (2018).

PROGRAMME
Hail the Apocalypse (Hail the Apocalypse, 2014)
Get in Line (Hail the Apocalypse, 2014)
Colossus (Hunter Gatherer, 2020)
Paint Me Red (Black Waltz, 2012)
Bloody Angel (Hail the Apocalypse, 2014)
The Eagle Has Landed (Feathers & Flesh, 2016)
For the Swarm (Feathers & Flesh, 2016)
Let It Burn (Black Waltz, 2012)
A Statue of the King (Avatar Country, 2018)
Silence in the Age of Apes (Hunter Gatherer, 2020)
Smells Like a Freakshow (Black Waltz, 2012).
 
Bande son finale : The Belgian Circus Episode (chanson de John Morris).

 

BRING ME THE HORIZON [19h35-20h35]

Bring Me the Horizon est un groupe britannique de metalcore, metal alternatif, formé en 2004 à Sheffield, Yorkshire. Composé d' Oliver SYKES (chant, depuis 2004), Matt KEAN (basse, depuis 2004), Lee MALIA (guitares depuis, 2004), Matt NICHOLLS (batterie depuis 2004) et Jordan FISH (claviers, chœur, depuis 2012).

"Amo" est le sixième album studio du groupe, paru le 25 janvier 2019.

Ils occupent la scène principale 2, et bénéficient d'une sonorisation adéquate.

Franchement, ce fut une découverte dont je me serais volontiers passé ; je n'étais manifestement pas d'humeur à supporter leur musique autant que leur attitude. J'ai attendu péniblement que la fin soulage mon esprit. Le chanteur a certes pas mal de charisme et je peux imaginer qu'il puisse entretenir une certaine excitation notamment dans la frange la plus jeune du public mais globalement leur musique m'a paru insipide, sans intérêt. Des filles viennent de temps en temps gesticuler, sans que l'on puisse définir leur intervention comme une quelconque chorégraphie. Bref, juste beaucoup d'agitation et de bruit pour pas grand-chose musicalement.

Douze titres ont enthousiasmé une bonne part du public. Tant mieux pour eux… Au suivant !

PROGRAMME
Can You Feel My Heart (Sempiternal)
Happy Song (That’s the Spirit)
Teardrops (Post Human: Survival Horror)
Mantra (amo)
Dear Diary, (Post Human: Survival Horror)
Parasite Eve (Post Human: Survival Horror)
Shadow Moses (Sempiternal)
Bande-son "Itch for the Cure (When Will We Be Free?)"
Kingslayer (Post Human: Survival Horror)
DiE4u (monoplage de 2021)
Drown (That’s the Spirit)
Obey (Post Human: Survival Horror)
Throne (That’s the Spirit).

 

BLACK LABEL SOCIETY [20h40-21h40]

Black Label Society est un groupe de heavy metal américain formé en 1998 à Los Angeles, Californie, par Zakk WYLDE (guitares, chant, piano, depuis 1998), John DESERVIO (basse, chœur en 1999, puis depuis 2005), Dario LORINA (guitare rythmique, chœur depuis 2014) et Jeff FABB (batterie, 2012–2013, puis depuis 2014).

À ce jour, le groupe a sorti onze albums studio, deux albums live, deux albums de compilation, un EP et trois albums vidéo Le onzième album studio "Doom Crew Inc." est paru le 26 novembre 2021.

Je me situe en mode découverte partielle, car si je n'avais encore jamais eu l'occasion de le voir avec son BLS, en revanche j'ai eu la chance de voir Zakk trois fois sur scène. Le 10 avril 1989 au Zénith de Paris au sein d'Ozzy, puis le 4 juin 1994 à Castle Donington Park (Monster of Rock festival) au sein de son groupe Pride & Glory, puis le 15 juin 2018 à Brétigny sur Orge, BA217 (Download festival) au sein d'Ozzy. Je connais donc les qualités du musicien multi-instrumentiste.

Ils occupent la scène principale 1, et bénéficient d'une très bonne sonorisation. La scène est décorée aux codes biker (même s'il se défend d'en faire partie), et le micro est planté sur un tas de crânes surplombés d'un crucifix.

Physiquement, il m'a paru bien changé depuis ses débuts ; le beau gosse agile et énergique est devenu l'hybride d'un gras bûcheron et d'un biker, aux traits et au regard marqués par des excès très probables. Vêtu d'un kilt jaune, le visage partiellement caché pour une crinière épaisse et une barbe hirsute, le guitariste n'a heureusement rien perdu de son talent. Ses soli, parfois en duo dans la tradition du rock-sudiste, avec Dario Lorina, furent de réelles séquences de bonheur. Idem pour sa prestation au piano qui fut un moment de grâce dans ce cadre pourtant peu propice au romantisme.

Le public est parsemé de quelques bikers, et de quelques jeunes curieux, mais surtout composé d'anciens hardos grisonnants (comme moi), qui tenaient à ovationner le groupe avec une reconnaissance appuyée.

Dix titres, dont trois issus de "Mafia" (2005), deux issus de "1919 Eternal" (2002), deux issus de "Doom Crew Inc." (2021), un issu de "Catacombs of the Black Vatican" (2014), un issu de " Grimmest Hits" (2018), un issu de "The Blessed Hellride" (2003).

PROGRAMME
Bleed for Me (1919 Eternal, 2002)
Demise of Sanity (1919 Eternal, 2002)
Destroy & Conquer (Doom Crew Inc., 2021)
Heart of Darkness (Catacombs of the Black Vatican, 2014)
A Love Unreal (Grimmest Hits, 2018)
In This River (Mafia, 2005) Zakk au piano
Set You Free (Doom Crew Inc., 2021)
Fire It Up (Mafia, 2005)
Suicide Messiah (Mafia, 2005)
Stillborn (The Blessed Hellride, 2003).

 

SABATON [21h45-23h00]

Sabaton est un groupe de heavy metal suédois originaire de Falun, en Suède, formé en décembre 1999. Les thèmes de la plupart de leurs albums relatent des événements historiques, principalement des guerres et des batailles importantes. Toutefois, si on s'attarde sur les textes ; on peut y trouver aussi des chansons sur d'autres formes de combats, tels que le divorce ou le cancer. Il est composé de Joakim BRODEN (chant, clavier guitare depuis 1999), Pär SUNDSTRÖM (basse, depuis 1999), Chris RÖRLAND (depuis 2012 guitares, chœur), Hannes Van DAHL (batterie, choeur depuis 2014) et Tommy JOHANSSON (guitares, choeur depuis 2016).

"The War to End All Wars" est le dixième album studio de Sabaton, sorti le 4 mars 2022.

Je les revois aujourd'hui pour la cinquième fois, après une première le 23 janvier 2007, à l'Elysée Montmartre, alors qu'ils étaient invités de Therion. J'apprécie leur powermetal dont un régiment de cavalerie sabres au clair ne renierait pas les rythmes ni les mélodies entêtantes. Si je disposais d'une mémoire un peu plus performante, je chanterais volontiers (au moins) les refrains, la corne levée ! Je n'écouterais pas cette musique tous les jours, mais je reconnais que c'est bien fait, c'est festif, c'est de nature à faire réagir un public avide d'exaltation. Même si je persiste à considérer que Sabaton souffre d'une comparaison avec le groupe allemand Powerwolf qui, dans un style similaire, assume pleinement son pupitre de claviers sur scène. Certes, Sabaton dispose bien d'un clavier (en forme de triplan), mais si peu utilisé … Tant qu'à se priver d'un titulaire dudit pupitre, j'estime que leurs quelques bandes-sons me paraissent parfaitement dispensables. Ce trompe-l'oreille est tout juste acceptable en studio, mais leur musique ne requiert certainement pas cet artifice pour créer l'ambiance. C'est donc toujours avec cette appréhension que j'aborde leur concert…

Ils occupent la scène principale 2, et bénéficient d'une très bonne sonorisation. La scène reste constituée de décors guerriers, de supports d'artifices tels que flammes, étincelles et fumigènes.

Alors qu'en salle je ne manque jamais d'être rapidement entrainé dans leur sillon, cette fois je demeure un temps hermétique à l'ambiance qui grandit dans la fosse d'à côté. Cet éloignement du feu de l'action et l'entourage d'admirateurs de Metallica, qui commencent à venir s'incruster parmi nous, expliquent peut-être ma relative apathie temporaire. Cependant, je ne tarde pas trop à retrouver mon intérêt pour ce rock jouissif. Les jambes et la nuque finissent par marquer ostensiblement les rythmes endiablés. Joakim BRODEN évoque légitiment l'épopée de SABATON à l'occasion de la dernière édition du Hellfest 2019 (pour rappel, le groupe avait déjà joué le jeudi 20 lors du Knotfest lorsqu'il avait accepté de remplacer Manowar le lendemain vendredi 21 pour un second concert. Cet effort louable causait une extinction de voix à Joakim, à laquelle palliaient volontiers le public reconnaissant et les deux guitaristes de Sabaton Tommy Johansson et Chris Rörland !). Ce genre d'incident aura encore renforcé la fidélité de son public … L'apothéose du concert sera le final "To Hell and Back" chanté à tue-tête ! L'ambiance est à son comble lorsque le groupe quitte la scène sous les ovations.

Quatorze titres, dont trois issus de "The Great War" (2019), trois issus de "The War to End All Wars" (2022),  deux issus de "Heroes" (2014), deux issus de "The Art of War" (2008), un issu de "Primo Victoria" (2005), un issu de "Carolus Rex" (2012),  un monoplage de 2019, et un monoplage de 2021.

PROGRAMME
Bande-son introductive : Sarajevo / Dreadnought / Christmas Truce / Soldier of Heaven
Ghost Division (The Art of War, 2008)
Stormtroopers (The War to End All Wars, 2022)
Great War (The Great War, 2019)
The Red Baron (The Great War, 2019)
Bismarck (monoplage, 2019)
The Attack of the Dead Men (The Great War, 2019)
Soldier of Heaven (The War to End All Wars, 2022)
Steel Commanders (monoplage, 2021)
Carolus Rex (Carolus Rex, 2012)
Night Witches (Heroes, 2014)
Christmas Truce (The War to End All Wars, 2022)
Primo Victoria (Primo Victoria, 2005)
Swedish Pagans (The Art of War, 2008)
To Hell and Back (Heroes, 2014).
Bande-son finale : Dead Soldier's Waltz, Masters of the World.


METALLICA [23h05-01h00]

Metallica est un groupe de heavy metal formé en 1981 à Los Angeles en Californie (USA) par James HETFIELD (chanteur/guitariste depuis 1981, né en 1963) et Lars ULRICH (batteur depuis 1981, né en 1963). Ils sont désormais entourés de Kirk HAMMETT (guitares, chœur, depuis 1983, né en 1962) et de Robert TRUJILLO (basse, chœur depuis 2003, né en 1964). C'est MA génération. Leur parcours ne fut pas exempt d'embuches, comme beaucoup d'artistes ayant connus un succès aussi phénoménal. La plus violente fut sans doute le décès du bassiste Cliff Burton le 27 septembre 1986 à Dörarp, dans la commune de Ljungby en Suède qui est survenu à l'occasion d'un malheureux accident de leur bus de tournée, lors de la partie européenne du Damage Inc. Tour pour promouvoir l’album "Master of Puppets". Les trois autres potes ont tous été psychologiquement marqués. Je tenais à rappeler ce funeste évènement car à l'époque on ne misait pas gros sur leur avenir. De fait, les crises n'ont pas manqué et pourtant ils sont toujours là, après trente-neuf années à sillonner la planète, de studios en scènes. Respect.

Leur dixième album studio "Hardwired... to Self-Destruct" est paru le 18 novembre 2016, sous leur propre label Blackened Recordings. Que de chemin parcouru depuis leur premier opus paru sous un label indépendant le 25 juillet 1983 !!

Je ne voudrais pas jouer les pathétiques anciens combattants de pacotille, mais quand même… Je me souviens avec une certaine émotion les avoir écoutés une première fois dans un car qui nous emmenait vers un festival en septembre 1983. J'avoue ne pas avoir été immédiatement séduit, mais je fus toutefois impacté par un virus durable. Si bien que lorsque j'ai pris le risque d'assister à un concert de Venom le 9 février 1984, à l'Espace Balard (Paris 15e) c'était avant tout pour assister au premier concert de Metallica en FRANCE ! De concerts en festivals, c'est ainsi la dix-neuvième fois que les revois ce soir ! Dans l'échelle des groupes que j'ai vus en concerts, c'est le deuxième, derrière IRON MAIDEN (ironie de l'histoire, je devais assister aujourd'hui à leur vingt-troisième concert, à l'arène de Nanterre !).

Les Mets occupent la scène principale 1, et bénéficient d'une excellente sonorisation. La scène est impressionnante, aménagée de cubes sur lesquels se projettent de saisissantes images, photos, sons ou couleurs. Les musiciens disposent de toute la largeur d'une scène qui déborde largement le cadre habituel, au-delà des écrans géants latéraux. Elle s'avance dans la fosse sur une profondeur de quelques mètres. Suffisamment en tous cas pour me permettre de voir enfin mes idoles à proximité comme rarement. Elle serpente et encercle ainsi une partie du public.

Un dense éclairage achève d'accroitre le sentiment d'assister à un spectacle extraordinaire. Et il l'est de toute façon. Car Metallica était attendu au Hellfest depuis toujours. James en a bien conscience et affirme son soulagement d'être enfin parmi nous. Depuis l'annonce de leur présence, j'ai coché en rouge cette date sur mon calendrier. A l'instar de Maiden en 2018, je tenais absolument à voir les Mets sur ce site mythique.

J'ai dû puiser dans mes forces pour rester présent en bonne place dans cette fosse aux lions. J'ai beau être un vieux brisquard à qui on ne la fait pas, j'ai peiné à contrarier les velléités de certains intrus insolents et irrespectueux. D'autant plus que je tenais à conserver ma p'tite Fée à mes côtés pour vivre ce moment qui s'est révélé intense pour moi, et pour elle aussi. Des coudes et des pieds, nous avons bravé moult vagues humaines et survol de saucisses humaines pendant pratiquement tout le concert. Mais, en dépit de notre volonté tenace, à la fin de "Damage Inc." nous avons lâché l'affaire en nous résignant à reculer de quelques mètres, tout en restant à proximité de l'excroissance scénique. Voilà pour mon contexte, qui n'a toutefois aucunement altéré mon plaisir d'assister à ce concert dantesque et mémorable.

Déjà d'amblée le groupe attaque (le mot n'est pas galvaudé !) avec "Whiplash" un de mes titres préférés et auquel je ne m'attendais d'autant moins qu'il avait été souvent interprétés entre 1983 et 1997, mais beaucoup moins depuis ! Et à l'instar de Leprous vu la veille au Midsummer, les Mets semblent nous livrer un répertoire des meilleurs morceaux de leur parcours ; les titres présentés ci-dessous montrent le soin apporté à la satisfaction des admirateurs. Choix que j'estime excellent, en mettant de côté de mesquines et vaines frustrations. Ils nous ont livré un concert digne de l'événement en faisant fi de la promotion de leur dernier opus (que j'ai pourtant adoré, au demeurant).

Paradoxalement, mon respect pour ces artistes s'est accru à la perception de quelques loupés dans l'exécution de certains morceaux. Rien de plus grave que un ou deux contretemps de Lars (devenus relativement fréquents hélas), et un ou deux soli coincés de Kirk (beaucoup plus rares). Mais j'ai immédiatement relativisé considérant le contexte exceptionnel, en me disant qu'après tout je préfère encore entendre des couacs que d'entendre une bande-son protectrice dont certains sont trop souvent coutumiers (non, je ne citerai personne)...

J'ai lu sur les réseaux sociaux qu'une partie du public en retrait aurait semblé apathique… Nonobstant, je peux affirmer ici haut et fort qu'au contraire l'auditoire fut chaud-bouillant autour de nous. Mes crampes ultérieures en ont témoigné ! J'aurais voulu maitriser davantage les paroles afin d'accompagner la ferveur de beaucoup autour de nous (souvent anglophones sans doute).

Seize titres, dont quatre issus de "Metallica" (1991), trois issus de "Ride the Lightning" (1984), deux issus de "...And Justice for All" (1988), deux issus de "Kill ’Em All" (1983), deux issus de "Master of Puppets" (1986), un issu de "Hardwired... to Self-Destruct" (2016), un issu de " S&M" (1999), un issu de "St. Anger" (2003).

PROGRAMME
Bandes-son 1 :  It's a Long Way to the Top (If You Wanna Rock 'n' Roll), (AC/DC song)
Bandes-son 2 :  The Ecstasy of Gold, (Ennio Morricone song)
Whiplash (Kill ’Em All, 1983)
Creeping Death (Ride the Lightning, 1984)
Enter Sandman (Metallica, 1991)
Harvester of Sorrow (...And Justice for All, 1988)
Wherever I May Roam (Metallica, 1991)
No Leaf Clover (S&M, 1999) précédé d'une bande son orchestrale.
Sad but True (Metallica, 1991)
Dirty Window (St. Anger, 2003)
Nothing Else Matters (Metallica, 1991)
For Whom the Bell Tolls (Ride the Lightning, 1984)
Moth Into Flame (Hardwired... to Self-Destruct, 2016)
Fade to Black (Ride the Lightning, 1984)
Seek & Destroy (Kill ’Em All, 1983).
RAPPEL :
Damage, Inc. (Master of Puppets, 1986)
One (...And Justice for All, 1988)
Master of Puppets (Master of Puppets, 1986).

Pour clore ce spectacle époustouflant, les dernières notes de "Master of Puppets" sont ponctuées d'un feu d'artifices auquel assistent les musiciens manifestement aussi sensibles que son public à ce spectacle que je trouvais déjà superbe à ce stade de la soirée… Cette prestation mémorable se termine par des remerciements réciproques et la distribution de médiators pour les valeureux premiers rangs, dont mon guerrier de fiston faisait partie.

Mais nous n'avions pas encore vu le final que nous réservait l'organisation du Hellfest !

En effet, alors que la foule encore abasourdie commence à se disperser, "666, the Number of the Beast" (Iron Maiden) résonne en écho avec de nouveaux feux d'artifices particulièrement fournis et rythmés durant deux minutes, suivies de "War Pig" (Black Sabbath) durant deux minutes quarante ! Déjà émerveillé, le public est comblé par quatre autres minutes de ce spectacle de sons et lumières avec le titre "For those about to Rock" (AC/DC) en apothéose !

Décidément, cette 15ème édition attendue à répondu à tous nos espoirs, ce fut une vraie fête.

Evidemment, une telle foule qui se rend vers la sortie ne manque pas de créer un engorgement mais toujours dans la bonne humeur. La fatigue se ressent toutefois, d'autant plus que le dispositif de navettes n'a pas su répondre à l'afflux. Nous avons dû attendre jusque plus de trois heures du matin avant de monter dans un des cars pour rejoindre notre véhicule garé profondément dans le parking… Un moment assez pénible mais qui se dissipera avec le recul. Notre retour ne s'achèvera que le lendemain en fin de matinée.