Voilà un de ces groupes que j'avais vaguement écouté
au gré de signalements sur les réseaux sociaux. Mais, faute de temps, on passe
à autre chose. Pourtant, ce rock puissant et énergique n'est pas sans me
rappeler d'autres groupes déjà vus/écoutés au cours des quatre dernières
décennies ; j'y retrouve des sonorités sudistes, mais aussi celles encore plus
rugueuses exprimées par THE ALMIGHTY, BIOHAZARD durant les années 90, ou plus
récemment MOLYBARON…
C'est l'évocation de leur dernier concert à Toulouse
qui m'a remis la puce à l'oreille. Au point d'acquérir le sésame ce 3 décembre,
alors que la mise en vente avait débuté le vendredi 25 mars 2022 à 10h. Et
pourtant, il n'était pas évident de m'investir pour ce concert prévisiblement
agité et prévu de surcroit le lendemain de celui de Saxon. Ma p'tite Fée n'a
d'ailleurs pas eu l'énergie de me suivre, c'est donc mon fiston qui
m'accompagnera.
Je n'étais pas retourné au Bataclan depuis le 8 novembre 2017, date où se tenait l'un des
trois concerts parisiens de TRUST. Ce lieu est chargé d'émotions ; nous sommes
nombreux à le rattacher désormais à la barbarie depuis novembre 2015, mais
j'essaie cependant de maintenir le souvenir plus heureux de Grands concerts. A
commencer par mon premier concert d'IRON MAIDEN le samedi 21 mars 1981. J'y ai ainsi
assisté à trente-neuf concerts (21 soirées), en quarante-et-une années ! Petite
salle sympathique dont l'acoustique était médiocre, sa réhabilitation en 2017
l'a transformée en un magnifique auditorium. On apprécierait davantage de
programmations convergentes avec les goûts de notre microcosme … Mais bon.
Après une file d'attente étonnement courte, nous
allons nous positionner très aisément au premier rang, face au centre de la
scène, très légèrement sur sa gauche ; nous y resterons fermement ancrés
pendant toute la soirée ! Nous sommes très surpris par le peu de monde une
petite heure avant le début annoncé ; l'actualité sportive aura probablement
contribué à cette lenteur. Le public ne viendra s'amasser que plus tard dans la
soirée, jusqu'à remplir la salle heureusement.
TIGERCUB [19h15-19h45].
Ce trio venu de Brighton
a été formé en 2011 par Jamie
Stephen Hall et James Allix qui se sont rencontrés dans une
université de Brighton. En 2012, Jimi Wheelwright
les rejoint. Après avoir fait paraitre trois monoplages étendus, ils ont
enregistrés deux albums ; "Abstract
Figures in the Dark" (2016) et "As Blue as Indigo" (2021).
Le groupe se compose ainsi actuellement de Jamie
Stephen Hall (chant, guitare), James
Allix (batterie), Jimi Wheelwright, (basse). Leur second album
"As Blue as Indigo" est
paru chez Blame Recordings, le 18 juin 2021.
La sonorisation aurait pu être meilleure avec
seulement trois pupitres à équilibrer ; le chant ne fut pas toujours très
audible. Le son trop puissant nécessitait des protections auditives. Un éclairage
minimaliste et blafard laissait toutefois l'auditoire observer ces jeunes loups
à l'aspect atypique, assez british. Le chanteur/guitariste androgyne aux ongles
vernis, vêtu d'un pardessus kitchissime, le batteur en marcel avec une coupe "à la Blade Runner" et le bassiste
avec un bonnet à pompon. La partie avant de la scène qui leur est concédée est
dépouillée de tout artifice. La batterie présente un aspect également atypique,
elle est totalement transparente ; on peut ainsi notamment distinguer le
mécanisme de la grosse caisse.
Leur concert débute devant un parterre encore
clairsemé, mais bienveillant. Je ne relève pas d'intérêt particulier de cette
prestation, sympathique pour chauffer la salle mais sans plus. Une découverte
qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.
Les anglais quittent la scène au bout d'une petite
demi-heure, ovationnés poliment (Ils
pourront ainsi assister à la défaite de leur équipe de football, hihi… mais là
je m'égare).
Parmi les huit
titres interprétés, quatre sont
issus de "As Blue as Indigo"
(2021).
PROGRAMME (photo de la
liste)
Favourite Song (?, ?)
Blue Mist in My Head (As Blue as
Indigo, 2021)
Memory Glands (??, ??)
The Perfume of Decay (à paraitre,
2022)
Stop Beating on My Heart (Like a Bass Drum) (As Blue as Indigo, 2021)
Beauty (As Blue as Indigo, 2021)
GREEN LUNG [20h00-20h25]
https://greenlung.co.uk/
Dans le vaste éventail des styles de hard rock,
j'affectionne particulièrement le "doom", qui décline à l'infini l'univers
défini par BLACK SABBATH. A l'annonce de cette première partie, je fus donc
satisfait et impatient de découvrir GREEN LUNG, dont je n'avais jamais entendu
parler auparavant. Il faut reconnaitre que moult artistes se sont engouffrés avec
plus ou moins de bonheur dans ce style sombre et enivrant. Fondé en 2017 à Londres (Angleterre) en quatuor, il se fit
connaitre avec son rock influencé par les mouvements psychédéliques/stoner/doom.
Il s'inspire de thèmes occultes et païens, ainsi que du folklore, des mythes et
des légendes de Grande-Bretagne.
Tom "Templar"
Killingbeck (34 ans, chant depuis
2017), Matt Wiseman (batterie depuis
2017), et Scott "Black" Masson (guitares depuis 2017), sont actuellement entourés de John Wright (claviers et percussions depuis
2018), Joe Murgatroyd, alias Joseph Ghast (basse et chœur depuis
2020), formant désormais un quintuor atypique pour un groupe de doom, genre peu
enclin à la présence d'un clavier.
Après
un premier album "Woodland Rites"
paru le 20 mars 2019, leur second opus "Black Harvest" est paru chez le label Svart Records le 22 octobre
2021.
De chaque côté de la scène, deux tentures montrent chacune un bélier maléfique debout, en écho à la tête d'animal affichée sur la grosse caisse de la batterie. Aucun autre artifice ne sera déployé, sur cet espace qui s'est élargi avec le débarras du matériel précédent.
La sonorisation est puissante et il me semble prudent
de garder les protections auditives. Cependant la musique est audible, malgré
une balance qui m'a semblé parfois défavoriser le chant (depuis mon point d'écoute en tous cas). Rien de rédhibitoire
puisque j'ai adoré ce son qui nous a ramené à l'âge d'or du rock sombre et
lugubre des premières années du grand Sabbath. Les puissants accords de Scott "Black" Masson, chaloupés
par les frappes redoutables de Matt Wiseman,
soutenus des basses de Joe Murgatroyd,
sont accompagnés d'un chant plaintif de Tom "Templar" Killingbeck
qui nous rappelle plus souvent Ozzy Osbourne que R.J. Dio ou I. Gillan. Les
lignes de clavier de John Wright ajoutent
une très agréable touche 70's.
Bref, voilà encore un nouveau groupe à suivre ! Je
suis conquis par cette prestation très convaincante qui m'a paru bien trop
courte ; une petite demi-heure qui appelle un retour à Paris dans les meilleurs
délais !
Le public s'est heureusement étoffé pour acclamer
fortement cette révélation très, très prometteuse !
Parmi six titres,
quatre sont issus de "Black Harvest" (2021), et deux de "Woodland Rites" (2019).
PROGRAMME (photo de la
liste)
Woodland Rites (Woodland Rites,
2019)
Leaders of the Blind (Black
Harvest, 2021)
Old Gods (Black Harvest, 2021)
Graveyard Sun (Black Harvest, 2021)
Reaper's Scythe (Black Harvest,
2021)
Let the Devil In (Woodland Rites,
2019).
CLUTCH [21h00-22h30]
https://www.pro-rock.com/
Fait notable dans le monde artistique ; depuis sa
formation en 1991, à Germantown (Maryland/USA), le groupe a conservé une
formation constante composée de Neil Fallon
(voix principale, guitare rythmique, Thérémine), Tim Sult (guitare principale, chœurs), Dan Maines (basse, chœurs) et Jean-Paul Gaster (batterie, percussions).
Clutch s'est forgé le succès dans les années 2000
grâce à ses tournées incessantes démontrant sa réputation de groupe de rock surpuissant,
mêlant blues, rock sudiste, et hardrock. Le monoplage "Passive Restraints", sorti sur le
label Earache, a été la première
sortie commerciale de CLUTCH, attirant l'attention d'autres labels. Leur premier
album, "Transnational Speedway
League", est paru le 17 aout 1993. Autre particularité, depuis 2008,
le groupe est signé sur son propre label,
Weathermaker Music.
Pour la petite histoire, avant de se fixer sur le nom CLUTCH,
le groupe a utilisé les premiers noms GLUT TRIP et MORAL MINORITY. J'aurais
bien aimé qu'ils gardent ce deuxième ! Le
nom du groupe a finalement été choisi en raison de l'intérêt du groupe pour les
voitures à l'époque, et du fait qu'il s'agit d'un nom à une syllabe comme
beaucoup de groupes de l'époque, y compris Prong, dont le groupe était fan.
Le treizième
album studio, "Sunrise on Slaughter
Beach" est paru le 16 septembre
2022.
Le mur du fond de scène est entièrement couvert du
tableau représentant le dernier opus. La batterie est traditionnellement
installée au fond cernée des lignes d'amplificateurs (Orange et Marshall).
Aucune autre fioriture pour exprimer un rock brut de décoffrage.
Très puissante mais audible, la sonorisation m'a toutefois
semblé minorer un peu trop le chant. Mais cette impression est probablement causée
par ma proximité des enceintes.
En tant que novice dans ce public-là, j'avais pris la
précaution de visionner quelques vidéos de concerts en préalable, ce qui
m'avait averti de la santé nécessaire pour demeurer dans la fosse… Solidement
accroché à ma barrière, j'ai pu mesurer le poids d'une horde en folie harcelant
mon pauvre dos de quinqua, durant quatre-vingt-dix minutes. Mais j'ai tenu,
vaillamment. Et cela en valait la peine, pour observer l'éloquence de Neil Fallon, qui tranche avec la sobriété de
ses comparses. Très expressif, il sillonne la scène pour raconter ses histoires
à son auditoire, semblant persuadé que nous comprenons son américain accentué (ce qui n'est pas mon cas). Hormis le
chant, il assume souvent la guitare rythmique, parfois l'harmonica ou des
percussions durant "D.C. Sound
Attack !" et même le Thérémine durant "Skeletons on Mars".
Tim Sult
est très appliqué sur ses accords au point de rester planté toute la soirée à
bidouiller son matériel, obsédé notamment par sa pédale wah-wah dont il use à volonté. Dan Maines assume efficacement toutes les lignes de basse, mais reste discrètement
dans son coin au fond et n'en bouge que pour se rendre de temps à autre sur sa
console de réglages. Jean-Paul Gaster
est l'imperturbable métronome de service, dont j'ai cependant apprécié les
frappes subtilement chaloupées et redoutables.
Je suis ainsi globalement emballé par cet univers
torride et terriblement puissant. J'avais conservé un souvenir lointain de ces
concerts musclés (THE ALMIGHTY le 22 aout 1992, ou BIOHAZARD le 4 juin 1994 par
exemple) ; cette soirée aura au moins eu le mérite de décrasser les cages à
miel !
Le souci pour continuer à assister à ce type de
soirée, c'est qu'il faut conserver la forme de ses jeunes années, car si ne je n'avais
pas eu cette opportune barrière devant moi, je n'aurais sans doute pas tenu
longtemps dans ce bénitier endiablé ! Je me suis retourné deux ou trois fois
pour observer la frénésie dont s'emparaient les fous furieux venus faire la
fête ! Ça faisait quand même plaisir à voir. Tous les jeunes n'écoutent donc
pas que de la mièvrerie médiatisée, fort heureusement ! Non, le rock n'est pas
mort !!
C'est assez rare pour être souligné, durant sa
tournée, le programme de CLUTCH diffère souvent d'un concert
à l'autre. Aujourd'hui, parmi les vingt
titres, quatre sont issus de "Sunrise on Slaughter Beach" (2022),
trois de "Blast Tyrant, 2004",
trois de "Earth Rocker, 2013",
trois de "Psychic Warfare, 2015",
deux de "Clutch, 1995", un de "Book of Bad Decisions, 2018", un de "From Beale Street to Oblivion, 2007", un de "Robot Hive/Exodus, 2005", un de "Transnational Speedway League, 1993",
et un de "Passive Restraints, 1992".
PROGRAMME (photo de la
liste)
The Mob Goes Wild (Blast Tyrant,
2004)
Earthrocker (Earth Rocker, 2013)
Red Alert (Boss Metal Zone) (Sunrise
on Slaughter Beach, 2022)
Nosferatu Madre (Sunrise on
Slaughter Beach, 2022)
Walking in the Great Shining Path of Monster Trucks (Transnational Speedway League, 1993)
(Notes from the Trial Of) La Curandera (Blast Tyrant, 2004)
The House That Peterbilt (Clutch,
1995)
Sucker for the Witch (Psychic
Warfare, 2015)
Skeletons on Mars (Sunrise on
Slaughter Beach, 2022)
X-Ray Visions (Psychic Warfare,
2015)
Firebirds! (Psychic Warfare, 2015)
Slaughter Beach (Sunrise on
Slaughter Beach, 2022)
Burning Beard (Robot Hive/Exodus,
2005)
The Regulator (Blast Tyrant, 2004)
D.C. Sound Attack ! (Earth Rocker,
2013)
Spacegrass (Clutch, 1995).
RAPPEL :
Electric Worry (From Beale Street
to Oblivion, 2007)
The Face (Earth Rocker, 2013).
Je
sors de la fosse épuisé mais content. Je regarde l'échoppe, sans être tenté
outre mesure. Je reste sage pour ma dernière soirée metal de l'année 2022. On
la terminera plus en douceur dans une semaine, au mythique Spirit of 66 …
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