samedi 10 décembre 2022

CLUTCH – Bataclan (Paris 11e) – Samedi 10 Décembre 2022 à 19h30

Voilà un de ces groupes que j'avais vaguement écouté au gré de signalements sur les réseaux sociaux. Mais, faute de temps, on passe à autre chose. Pourtant, ce rock puissant et énergique n'est pas sans me rappeler d'autres groupes déjà vus/écoutés au cours des quatre dernières décennies ; j'y retrouve des sonorités sudistes, mais aussi celles encore plus rugueuses exprimées par THE ALMIGHTY, BIOHAZARD durant les années 90, ou plus récemment MOLYBARON…

C'est l'évocation de leur dernier concert à Toulouse qui m'a remis la puce à l'oreille. Au point d'acquérir le sésame ce 3 décembre, alors que la mise en vente avait débuté le vendredi 25 mars 2022 à 10h. Et pourtant, il n'était pas évident de m'investir pour ce concert prévisiblement agité et prévu de surcroit le lendemain de celui de Saxon. Ma p'tite Fée n'a d'ailleurs pas eu l'énergie de me suivre, c'est donc mon fiston qui m'accompagnera.

Je n'étais pas retourné au Bataclan depuis le 8 novembre 2017, date où se tenait l'un des trois concerts parisiens de TRUST. Ce lieu est chargé d'émotions ; nous sommes nombreux à le rattacher désormais à la barbarie depuis novembre 2015, mais j'essaie cependant de maintenir le souvenir plus heureux de Grands concerts. A commencer par mon premier concert d'IRON MAIDEN le samedi 21 mars 1981. J'y ai ainsi assisté à trente-neuf concerts (21 soirées), en quarante-et-une années ! Petite salle sympathique dont l'acoustique était médiocre, sa réhabilitation en 2017 l'a transformée en un magnifique auditorium. On apprécierait davantage de programmations convergentes avec les goûts de notre microcosme … Mais bon.

Après une file d'attente étonnement courte, nous allons nous positionner très aisément au premier rang, face au centre de la scène, très légèrement sur sa gauche ; nous y resterons fermement ancrés pendant toute la soirée ! Nous sommes très surpris par le peu de monde une petite heure avant le début annoncé ; l'actualité sportive aura probablement contribué à cette lenteur. Le public ne viendra s'amasser que plus tard dans la soirée, jusqu'à remplir la salle heureusement.

TIGERCUB [19h15-19h45].

Ce trio venu de Brighton a été formé en 2011 par Jamie Stephen Hall et James Allix qui se sont rencontrés dans une université de Brighton. En 2012, Jimi Wheelwright les rejoint. Après avoir fait paraitre trois monoplages étendus, ils ont enregistrés deux albums ; "Abstract Figures in the Dark" (2016) et "As Blue as Indigo" (2021).

Le groupe se compose ainsi actuellement de Jamie Stephen Hall (chant, guitare), James Allix (batterie), Jimi Wheelwright, (basse). Leur second album "As Blue as Indigo" est paru chez Blame Recordings, le 18 juin 2021.

La sonorisation aurait pu être meilleure avec seulement trois pupitres à équilibrer ; le chant ne fut pas toujours très audible. Le son trop puissant nécessitait des protections auditives. Un éclairage minimaliste et blafard laissait toutefois l'auditoire observer ces jeunes loups à l'aspect atypique, assez british. Le chanteur/guitariste androgyne aux ongles vernis, vêtu d'un pardessus kitchissime, le batteur en marcel avec une coupe "à la Blade Runner" et le bassiste avec un bonnet à pompon. La partie avant de la scène qui leur est concédée est dépouillée de tout artifice. La batterie présente un aspect également atypique, elle est totalement transparente ; on peut ainsi notamment distinguer le mécanisme de la grosse caisse.

Leur concert débute devant un parterre encore clairsemé, mais bienveillant. Je ne relève pas d'intérêt particulier de cette prestation, sympathique pour chauffer la salle mais sans plus. Une découverte qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.

Les anglais quittent la scène au bout d'une petite demi-heure, ovationnés poliment (Ils pourront ainsi assister à la défaite de leur équipe de football, hihi… mais là je m'égare).

Parmi les huit titres interprétés, quatre sont issus de "As Blue as Indigo" (2021).

PROGRAMME (photo de la liste)
Favourite Song (?, ?)
Sleepwalker (As Blue as Indigo, 2021)
Blue Mist in My Head (As Blue as Indigo, 2021)
Memory Glands (??, ??)
The Perfume of Decay (à paraitre, 2022)
Stop Beating on My Heart (Like a Bass Drum) (As Blue as Indigo, 2021)
Beauty (As Blue as Indigo, 2021)

GREEN LUNG [20h00-20h25]
https://greenlung.co.uk/

Dans le vaste éventail des styles de hard rock, j'affectionne particulièrement le "doom", qui décline à l'infini l'univers défini par BLACK SABBATH. A l'annonce de cette première partie, je fus donc satisfait et impatient de découvrir GREEN LUNG, dont je n'avais jamais entendu parler auparavant. Il faut reconnaitre que moult artistes se sont engouffrés avec plus ou moins de bonheur dans ce style sombre et enivrant. Fondé en 2017 à Londres (Angleterre) en quatuor, il se fit connaitre avec son rock influencé par les mouvements psychédéliques/stoner/doom. Il s'inspire de thèmes occultes et païens, ainsi que du folklore, des mythes et des légendes de Grande-Bretagne.

Tom "Templar" Killingbeck (34 ans, chant depuis 2017), Matt Wiseman (batterie depuis 2017), et Scott "Black" Masson (guitares depuis 2017), sont actuellement entourés de John Wright (claviers et percussions depuis 2018), Joe Murgatroyd, alias Joseph Ghast (basse et chœur depuis 2020), formant désormais un quintuor atypique pour un groupe de doom, genre peu enclin à la présence d'un clavier.

Après un premier album "Woodland Rites" paru le 20 mars 2019, leur second opus "Black Harvest" est paru chez le label Svart Records le 22 octobre 2021.

De chaque côté de la scène, deux tentures montrent chacune un bélier maléfique debout, en écho à la tête d'animal affichée sur la grosse caisse de la batterie. Aucun autre artifice ne sera déployé, sur cet espace qui s'est élargi avec le débarras du matériel précédent.


La sonorisation est puissante et il me semble prudent de garder les protections auditives. Cependant la musique est audible, malgré une balance qui m'a semblé parfois défavoriser le chant (depuis mon point d'écoute en tous cas). Rien de rédhibitoire puisque j'ai adoré ce son qui nous a ramené à l'âge d'or du rock sombre et lugubre des premières années du grand Sabbath. Les puissants accords de Scott "Black" Masson, chaloupés par les frappes redoutables de Matt Wiseman, soutenus des basses de Joe Murgatroyd, sont accompagnés d'un chant plaintif de Tom "Templar" Killingbeck qui nous rappelle plus souvent Ozzy Osbourne que R.J. Dio ou I. Gillan. Les lignes de clavier de John Wright ajoutent une très agréable touche 70's.

Bref, voilà encore un nouveau groupe à suivre ! Je suis conquis par cette prestation très convaincante qui m'a paru bien trop courte ; une petite demi-heure qui appelle un retour à Paris dans les meilleurs délais !

Le public s'est heureusement étoffé pour acclamer fortement cette révélation très, très prometteuse !

Parmi six titres, quatre sont issus de "Black Harvest" (2021), et deux de "Woodland Rites" (2019).

PROGRAMME (photo de la liste)
Woodland Rites (Woodland Rites, 2019)
Leaders of the Blind (Black Harvest, 2021)
Old Gods (Black Harvest, 2021)
Graveyard Sun (Black Harvest, 2021)
Reaper's Scythe (Black Harvest, 2021)
Let the Devil In (Woodland Rites, 2019).

CLUTCH [21h00-22h30]
https://www.pro-rock.com/

Fait notable dans le monde artistique ; depuis sa formation en 1991, à Germantown (Maryland/USA), le groupe a conservé une formation constante composée de Neil Fallon (voix principale, guitare rythmique, Thérémine), Tim Sult (guitare principale, chœurs), Dan Maines (basse, chœurs) et Jean-Paul Gaster (batterie, percussions).

Clutch s'est forgé le succès dans les années 2000 grâce à ses tournées incessantes démontrant sa réputation de groupe de rock surpuissant, mêlant blues, rock sudiste, et hardrock. Le monoplage "Passive Restraints", sorti sur le label Earache, a été la première sortie commerciale de CLUTCH, attirant l'attention d'autres labels. Leur premier album, "Transnational Speedway League", est paru le 17 aout 1993. Autre particularité, depuis 2008, le groupe est signé sur son propre label, Weathermaker Music.

Pour la petite histoire, avant de se fixer sur le nom CLUTCH, le groupe a utilisé les premiers noms GLUT TRIP et MORAL MINORITY. J'aurais bien aimé qu'ils gardent ce deuxième ! Le nom du groupe a finalement été choisi en raison de l'intérêt du groupe pour les voitures à l'époque, et du fait qu'il s'agit d'un nom à une syllabe comme beaucoup de groupes de l'époque, y compris Prong, dont le groupe était fan.

Le treizième album studio, "Sunrise on Slaughter Beach" est paru le 16 septembre 2022.

Le mur du fond de scène est entièrement couvert du tableau représentant le dernier opus. La batterie est traditionnellement installée au fond cernée des lignes d'amplificateurs (Orange et Marshall). Aucune autre fioriture pour exprimer un rock brut de décoffrage.

Très puissante mais audible, la sonorisation m'a toutefois semblé minorer un peu trop le chant. Mais cette impression est probablement causée par ma proximité des enceintes.

En tant que novice dans ce public-là, j'avais pris la précaution de visionner quelques vidéos de concerts en préalable, ce qui m'avait averti de la santé nécessaire pour demeurer dans la fosse… Solidement accroché à ma barrière, j'ai pu mesurer le poids d'une horde en folie harcelant mon pauvre dos de quinqua, durant quatre-vingt-dix minutes. Mais j'ai tenu, vaillamment. Et cela en valait la peine, pour observer l'éloquence de Neil Fallon, qui tranche avec la sobriété de ses comparses. Très expressif, il sillonne la scène pour raconter ses histoires à son auditoire, semblant persuadé que nous comprenons son américain accentué (ce qui n'est pas mon cas). Hormis le chant, il assume souvent la guitare rythmique, parfois l'harmonica ou des percussions durant "D.C. Sound Attack !" et même le Thérémine durant "Skeletons on Mars".

Tim Sult est très appliqué sur ses accords au point de rester planté toute la soirée à bidouiller son matériel, obsédé notamment par sa pédale wah-wah dont il use à volonté. Dan Maines assume efficacement toutes les lignes de basse, mais reste discrètement dans son coin au fond et n'en bouge que pour se rendre de temps à autre sur sa console de réglages. Jean-Paul Gaster est l'imperturbable métronome de service, dont j'ai cependant apprécié les frappes subtilement chaloupées et redoutables.

Je suis ainsi globalement emballé par cet univers torride et terriblement puissant. J'avais conservé un souvenir lointain de ces concerts musclés (THE ALMIGHTY le 22 aout 1992, ou BIOHAZARD le 4 juin 1994 par exemple) ; cette soirée aura au moins eu le mérite de décrasser les cages à miel !

Le souci pour continuer à assister à ce type de soirée, c'est qu'il faut conserver la forme de ses jeunes années, car si ne je n'avais pas eu cette opportune barrière devant moi, je n'aurais sans doute pas tenu longtemps dans ce bénitier endiablé ! Je me suis retourné deux ou trois fois pour observer la frénésie dont s'emparaient les fous furieux venus faire la fête ! Ça faisait quand même plaisir à voir. Tous les jeunes n'écoutent donc pas que de la mièvrerie médiatisée, fort heureusement ! Non, le rock n'est pas mort !!

C'est assez rare pour être souligné, durant sa tournée, le programme de CLUTCH diffère souvent d'un concert
à l'autre. Aujourd'hui, parmi les vingt titres, quatre sont issus de "Sunrise on Slaughter Beach" (2022), trois de "Blast Tyrant, 2004", trois de "Earth Rocker, 2013", trois de "Psychic Warfare, 2015", deux de "Clutch, 1995", un de "Book of Bad Decisions, 2018", un de "From Beale Street to Oblivion, 2007", un de "Robot Hive/Exodus, 2005", un de "Transnational Speedway League, 1993", et un de "Passive Restraints, 1992".

PROGRAMME (photo de la liste)
Passive Restraints (Passive Restraints, 1992)
The Mob Goes Wild (Blast Tyrant, 2004)
Earthrocker (Earth Rocker, 2013)
Red Alert (Boss Metal Zone) (Sunrise on Slaughter Beach, 2022)
Nosferatu Madre (Sunrise on Slaughter Beach, 2022)
Walking in the Great Shining Path of Monster Trucks (Transnational Speedway League, 1993)
(Notes from the Trial Of) La Curandera (Blast Tyrant, 2004)
The House That Peterbilt (Clutch, 1995)
Sucker for the Witch (Psychic Warfare, 2015)
Skeletons on Mars (Sunrise on Slaughter Beach, 2022)
X-Ray Visions (Psychic Warfare, 2015)
Firebirds! (Psychic Warfare, 2015)
Slaughter Beach (Sunrise on Slaughter Beach, 2022)
Burning Beard (Robot Hive/Exodus, 2005)
The Regulator (Blast Tyrant, 2004)
D.C. Sound Attack ! (Earth Rocker, 2013)
Spacegrass (Clutch, 1995).
RAPPEL :
Ghoul Wrangler (Book of Bad Decisions, 2018)
Electric Worry (From Beale Street to Oblivion, 2007)
The Face (Earth Rocker, 2013).

Je sors de la fosse épuisé mais content. Je regarde l'échoppe, sans être tenté outre mesure. Je reste sage pour ma dernière soirée metal de l'année 2022. On la terminera plus en douceur dans une semaine, au mythique Spirit of 66 …



 

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