La France se distingue toujours par son mépris pour
notre microcosme, néanmoins RIVERSIDE est accueilli dans une salle un peu plus
grande que précédemment. Autre preuve de son succès grandissant, RIVERSIDE a
débuté une très grande tournée le 17 février 2023, aux Etats-Unis. Après 22
dates américaines, ils ont débarqués le 16 avril aux Pays-Bas pour une première
tournée européenne jalonnée de 23 concerts et festivals, suivie d'une pause de
deux mois (ils ont osé !); avant de reprendre ladite tournée le 24 septembre en
Hongrie… Cette course ne s'arrêtera que le 6 avril 2024 en Amérique latine ! Et
pour faire bonne mesure, encore un dernier festival à Helsinki le 28 juin 2024
!! ouf !
Paris se situe donc au beau milieu de leur épopée ! Cette
soirée m'offre deux découvertes ; le lieu, l'Alhambra, et le groupe qui ouvrira
les festivités, LESOIR.
L’Alhambra est un site relativement récent qui a
ouvert le 15 avril 2008. (à ne pas
confondre avec le music-hall voisin disparu dans les années 60). Ce
complexe événementiel entièrement modulable, est capable d’accueillir selon sa
configuration de 600 à 800 spectateurs assis/debout, à l’orchestre et au balcon,
lors de concert, spectacle, conférence, salon ou cocktail dinatoire. Situé au 21
rue Yves Toudic dans le 10ème arrondissement de Paris, l'endroit est
assez facile d'accès, entre les stations de métro République et Jacques
Bonsergent. C'est ma première visite en ce lieu, et mon impression s'avèrera
positive. Spacieux et doté d'une excellente acoustique.
Avec ma P'tite Fée et mon fils, nous parvenons à nous
placer au deuxième rang, sur la gauche en regardant la scène, soit au pied du
pupitre du guitariste de Riverside. Et, fait notable, dans un premier temps, au
pied de la Belle Eleen.
LESOIR [19h00-19h40]. https://lesoirmusic.com/
LESOIR est un quintet néerlandais, fondé en 2009 par Maartje
MEESSEN (claviers, flûte, voix) et Ingo DASSEN (guitares). La musique est
définie en tant que "artrock". Ils ne cachent pas leurs influences ; Gazpacho,
The Pineapple Thief, Anathema, Steven Wilson, Porcupine Tree, Pain Of Salvation.
Leur premier album éponyme est sorti en 2011.
Le cinquième album, "Mosaic" est paru le 1er
mai 2020. Un sixième, déjà intitulé "Push Back the Horizon" est prévu prochainement. A part cela,
signalons la parution d'un court-métrage, le 16 février 2022, intitulé "Babel",
qui a fait l'objet d'un mini-album dans la foulée. Sur ce dernier ouvrage, Maartje
Meessen (chant, piano, flûte), et Ingo Dassen
(guitare, synthé, Co-Fondateur du
Midsummer Prog Festival) étaient entourés d'Eleen Bartholomeus (guitare, chant,
synthé), Bob Van Heumen (batterie et percussions), et d'Ingo Jetten (basse). Impossible de savoir si
le groupe qui se présente à nous est dans cette composition ce soir, car étonnement,
à ce jour, leur site ne le renseigne pas ; On voit juste la photo du quintet…
Par ailleurs, signalons que le groupe semble engagé dans l'humanitaire,
puisqu'ils prétendent reverser une partie de leurs bénéfices à des associations
de victimes de catastrophes naturelles.
Les discussions au sein de notre microcosme de mélomanes progueux abordent certains artistes ; ils font l'objet d'alertes de la part de ceux qui ont été enthousiasmés par leurs prestations. LESOIR fait partie de ceux-là. En tant que mélomane curieux et insatiable, je m'efforce de prêter plus ou moins une oreille. C'est a priori en explorateur bienveillant que j'aborde ce concert. Au regard du matériel sur scène puis des premières mesures je pressens de bonnes sensations.
A l'issue de cette prestation, je suis relativement
intéressé pour creuser la question. A suivre, donc.
En tout état de cause, la réaction du public est très
positive, l'ovation est bruyante et permet au quintet de sortir de scène avec
le sourire. D'ailleurs en parlant de sourire, je me permets de souligner le
charme d'Eleen et de Maartje qui aura laissé peu d'auditeurs indifférents.
Parmi huit titres interprétés ce soir, LESOIR a promu quatre
titres issus de "Mosaic",
un titre de "Babel" et un
du futur opus "Push Back the Horizon".
PROGRAMME
- Push Back the Horizon (Push Back the Horizon, 2023)
- Mosaic (Mosaic, 2020)
- You Are the World
- Somebody Like You (Mosaic, 2020)
- Babel (le segment "The Warning") (mini album, 2022)
- Dystopia (Mosaic, 2020)
- The Drawer
- Two Faces (Mosaic, 2020).
RIVERSIDE [21h15-22h15] https://riversideband.pl/en/
Ce quintet polonais créé fin 2001 est désormais considéré
comme un des groupes majeurs dans le microcosme progressif. RIVERSIDE parvient
désormais à surmonter son immense tristesse qui a suivi le brutal décès de leur
guitariste Piotr Grudziński en 2016. A force de talent et de persévérance, ils
parviennent à perdurer et à rayonner sans cesse davantage, grâce à une discographie
frisant l'excellence et des tournées triomphales.
En ce qui me concerne, c'est par le biais de réseaux sociaux
que je me suis intéressé à eux vers la fin des années 2000, avant de pouvoir
assister à un premier concert, à la Locomotive le samedi 14 novembre 2009, lors de leur tournée "Anno Domini High Definition" ; un
événement dont je ne me suis toujours pas remis. Je les revois ce soir pour une
dixième fois (dont trois fois cette année !).
La formation
actuelle comprend Mariusz Duda (chant, guitare
basse, guitare acoustique, depuis 2001), Piotr Kozieradzki (batterie, percussions, depuis 2001), Michał Łapaj (claviers, chœurs, depuis 2003)
et Maciej Meller (guitare solo,
depuis 2017).
Leur huitième album studio, "ID.Entity" est paru le 20 janvier 2023. Je maintiens encore à ce jour qu'il aura été probablement l'un des meilleurs albums de l'année (et pourtant la "concurrence" est déjà rude !).
Dès l'introduction à la basse de "#Addicted", nous percevons une sonorisation
parfaitement équilibrée. La musique continue d'emporter notre enthousiasme même
après les avoir vus auparavant cette année ! Le son de la basse de Mariusz claque distinctement et
laisse entendre la voix, le clavier et la guitare que même la puissance des
frappes de Piotr ne parvient
pas à couvrir. C'est Michał qui
maitrise le lancement des rares pistes préenregistrées. Mieux ; j'aurais
volontiers admis que l'intro de "Big
Tech Brother" fut sur bande, mais non ; c'est bien Mariusz qui s'exprime au micro ! Bref
une sonorisation excellente, puissante mais pas trop. Audible, sans protection
auditive.
Le dispositif d'éclairage m'a semblé subtil et
lumineux, un peu plus clair qu'au Midsummer. En tant que chasseur d'images je
suis satisfait. La logistique ne s'est pas encombrée d'écran, et en fond de
scène se dressent cinq heptagones lumineux.
Dans mes récits de leurs concerts les plus récents,
j'ai déjà relaté l'aisance acquise par Mariusz
au fil des tournées. Un peu à l'image de Steven Wilson, les deux
énergumènes souffraient de complexes qui ne sont désormais que du passé ! Il
dialogue et plaisante avec son public, entretenant ainsi une atmosphère
complice et bienveillante. Devant le public du Hellfest, il n'a pas hésité à
taquiner les metallos. Ici, il taquine les progueux, en narguant ceux qui les
cataloguent dans la catégorie du prog metal, avec Dream Theater. Cela étant,
quoi qu'il en dise, la musique entendue ce soir nous a paru plus proche du
metal que du rock progressif, et leur tournée de 2007 avec Dream Theater a
durablement marqué les esprits. Humour toujours, j'ai cru percevoir une
moquerie de son ami Steven lorsqu'il annonce avec parodie une parution : "un pack collector très lourd de l’un des
albums sorties précédemment il y a dix ans avec dix CD et un pensum de 330
pages". Il s'amuse à lancer des défis au public pour chanter avec lui
ou alors pour distinguer tel segment musical inséré dans le morceau suivant. Il
se dit réjouit de jouer devant des mélomanes de toutes les tranches d'âges, pas
seulement la sienne ! Bref, les anglophones ont sans doute perçu davantage d'allusions
que moi, les rires n'étaient pas rares.
Mais le Monsieur, sait ne pas trop perdre de temps en
bavardages, ses accords de basse et son chant priment heureusement. Le sourire
et le talent de Michał Łapaj son complice au clavier
est un pur bonheur ; son engouement est visible. De son clavier émanent souvent
des sonorités "Purple".
Soulignons que ce dernier conserve toujours sa petite mascotte plumée sur le
coin de son clavier, mais curieusement le thérémine a disparu depuis quelques
années déjà. J'aime beaucoup regarder le jeu de Piotr Kozieradzki à la fois
sobre et efficace. Quant à Maciej Meller,
son intégration semble acquise au regard de la complicité scénique avec Mariusz.
Humble et pourtant talentueux, ses accords viennent souvent ajouter fantaisie
et poésie aux compositions du groupe.
Personnellement, si j'apprécie les aspects metal de
leur musique, accentuée à mon sens par la puissance qui ressort des accords
omniprésents de basse, j'aime aussi ses allusions aux sonorités des années 80
nettement évoquées dans "ID.Entity".
Un peu comme l'ont fait Steven WILSON ou HAKEN, d'ailleurs. En concert,
l'impact sur l'ambiance dans le public s'en ressent forcément. Au moins parmi
les quinquas, mais pas seulement…
Après un concert fabuleux, le rappel s'impose. A
l'instar de la prestation du Midsummer, le "Self-Aware", festif est suivi de "Conceiving You". L'effet de surprise s'est estompé en ce qui
me concerne, mais c'est toujours avec régal que nous participons volontiers à
l'échange chuchoté proposé par Mariusz
sur la fin du titre ! J'adore ce moment faussement apaisé, bercé par les
accords obsédants de claviers et de guitare, battu par une batterie sourde et
puissante, qui montent crescendo jusqu'à une explosion sonore étourdissante,
libérant toutes les énergies retenues pendant trois minutes par le public !
Enorme sensation.
Douze titres en deux heures, soit deux titres de plus qu'au
Midsummer. Programme légitimement axé autour d'opus promu. Six sont issus de "ID.Entity",
deux de "Anno Domini High Definition" (ça tombe bien c'est mon album
favori !), un de "Love, Fear and the Time Machine", un de "Shrine of New Generation Slaves", un de "Rapid Eye
Movement", un de "Second Life Syndrome".
PROGRAMME
- #Addicted (Love, Fear and the Time Machine, 2015)
- 02 Panic Room (Rapid Eye Movement, 2007)
- Landmine Blast (ID.Entity, 2023)
- Big Tech Brother (ID.Entity, 2023)
- Left Out (Anno Domini High Definition, 2009)
- Post-Truth (ID.Entity, 2023)
- The Place Where I Belong
()
- We Got Used to Us (Shrine of New Generation Slaves, 2013) (dedicated to all of
humanity)
- Egoist Hedonist (Anno Domini High Definition, 2009)
- Friend or Foe? (ID.Entity, 2023).
RAPPEL :
- Self-Aware (ID.Entity, 2023) (segments de “Friend or Foe?” et “Driven to
Destruction”)
- Conceiving You (Second Life Syndrome, 2005).
Bande son finale : "Riverside", une musique de Sidney Samson
Absolument ravi par cette splendide prestation, nous faisons
halte à leur échoppe, histoire de se laisser tenter par le t-shirt. Déjà en
2009, je n'avais pas résisté à acquérir le très joli modèle aux couleurs
écarlates de la tournée, agrémenté d'un liseré noir. Cette fois encore, nous
cédons à la tentation, moyennant 35€ pour acquérir une magnifique
représentation du dernier opus sur un maillot orné de liserés rouges au col et
aux manches.
Un tel concert ne pouvait qu'animer les échanges enthousiastes. Nos discussions passionnées nous ont permis de trainer suffisamment pour rencontrer Michał, toujours aussi aimable, disponible et souriant. J'ai pu lui confier toute notre admiration pour leur musique et par l'ampleur de leur tournée. Il accepte un portrait avec ma p'tite Fée ravie !
J'aurais apprécié approcher de nouveau le reste du
groupe, mais comme le rappelait Mariusz
ce soir, nous sommes lundi et nous ne pouvons guère trop tarder… J'imagine que
nous ne sommes pas près de les revoir. A moins que…On fantasme déjà sur juillet
2024 pour l'affiche du Loreley, actuellement en construction. Qui sait…
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