Ce concert était absolument imprévu, six jours auparavant. Cette fin de semaine avait vocation à faire une pause bien méritée, après un Raismesfest qui fut …disons agité (...). Mais décidément, cette fin d'été nous impose une succession de jours fastes et furieux… Et puis, carpe diem, rien n'est éternel, pas même la fatigue !
Parmi les découvertes inhérentes habituellement à un
festival, le Raismesfest nous a permis d'être particulièrement séduits (doux
euphémisme) par les Bretons KOMODRAG & THE MOUNODOR. Des artistes qui, par
leur talent, leur charisme, leur engagement, portent la Futilité au rang de
l'Essentiel. A la fin de leur prestation, je leur criais un "kenavo", sous-entendant ainsi une impatience
"jusqu'à ce qu'il y ait"
une nouvelle occasion de refaire la fête ensemble.
Or, à peine remis de nos émotions, des informations
démoniques me parviennent ; ils sont en concert gratuit, dès le samedi suivant,
au Nord de la banlieue parisienne, à trente et un kilomètres de chez nous. Voilà
une piqûre de rappel inespérée qui, en dépit d'une relative fatigue de rentrée,
ne pouvait pas décemment être méprisée !
Mais que diable venait faire les Bretons dans cette
ville, située au fin fond de la Seine-Saint-Denis ? En fait, ils sont invités dans
le cadre de l'engagement culturel de la municipalité de Tremblay-en-France (93290),
qui ouvre sa nouvelle saison, avec le Festival MAAD’IN 93.
Allons-y gaiement, ma P'tite Fée! En route pour remonter le temps ! Nous aurions pu opter écologiquement pour une aléatoire excursion de quatre-vingt-dix minutes de transports en commun via notamment le RER B (arrêt gare du Vert-Galant), mais l'option voiture (via l'A3), certes soumises à la circulation, nous accorde davantage de liberté. La rareté des espaces de stationnement fut un supplice (…), dans ce dédale de rues encombrées aux alentours de l'Odéon. C'est un bel édifice certes, mais qui est dénué d'aire appropriée pour se garer. Mais finalement, nous ne nous en sortons pas trop mal…
Une publicité ambiguë sur les horaires du concert
visé, nous a incités à arriver sur les lieux vers 16h45.
17h00. Un p'tit groupe local de rock, CAIT SIT donne un concert sur le parvis de la place du Bicentenaire
de la Révolution Française, à proximité de l'Odéon. Quelques petites reprises
bien jouées, dont "Riff-Raff"
d'AC/DC aident à faire passer le temps. Puis, nous sommes invités à monter dans
une des salles de concert à l'étage du bâtiment de l'Odéon, pour assister à un
concert du VARIETY ORCHESTRA,
dont les musiciens sont issus du conservatoire de Tremblay-en-France. Comme son
nom l'indique, quelques airs de variété sont interprétés avec bonheur.
20h25. Après ce sympathique intermède, nous descendons au
rez-de-chaussée, pour entrer dans un bel auditorium, dans lequel se produira le
concert attendu. En première partie, la municipalité a invité Juan de MARIA. La
présentation nous indique qu'il s'agit d'un
"groupe fusionnant musique
tropicale psychédélique et styles variés tels que cumbia, blues, chicha, chachacha,
et rock, inspiré par la tradition musicale de Mexico. Leur son évoque les
guitares psychédéliques des années 60 et 70, mêlant influences de Santana et
Celso Piña. Avec des batteries puissantes, des percussions cubaines envoûtantes
et des claviers psychédéliques, le groupe invite à la danse et à la transe
tropicale, soutenu par des solos de guitare et des percussions débridées."
Personnellement, je ne suis pas allergique à ce style
(j'ai même assisté à deux concerts de SANTANA en 1983 et en 1992, puis à ADALBERTO
ALVAREZ Y SU SON, et COMPAY SEGUNDO en 2002). Mais j'ai quand même tendance à
me méfier du côté insistant que peuvent prendre les percussions.
Cette crainte s'est avérée justifiée, assez
rapidement. L'ensemble n'avait pas grand-chose d'exceptionnel à exprimer
musicalement, sauf à assister à un discours politique un peu appuyé du militant
ostensiblement très sensible à la cause migratoire aux Etats-Unis. On peut le
comprendre, le meneur d'origine mexicaine gère cinq autres musiciens venus de
Cuba et d'autres pays d'Amérique latine. Ce prosélytisme vient me rappeler que
nous sommes dans la Ceinture Rouge de la banlieue ; je ne m'oppose pas
forcément aux actions militantes, mais ce soir je ne suis pas venu pour cela,
en fait. Et surtout, si les harmonies et les rythmes rappellent bien le Grand
Carlos, en revanche je ne perçois pas le même talent, tant à la guitare qu'aux
percussions. Quant au claviériste et au bassiste, ils sont transparents. Passé
quelques minutes à me balancer aux sonorités exotiques, j'ai rapidement fini
par attendre la fin, avec une certaine impatience… D'autant plus agacé, que
j'estime que leur attitude m'a semblé un peu trop méprisante à l'égard de nos
idoles du soir…
Il avait été convenu pendant les répétitions d'un
échange de bons procédés ; Slyde Barnett
et Organ Fury intervenaient pendant
le concert du groupe latino et, à l'inverse, les Latinos intervenaient pendant
le concert de KOMODRAG & THE MOUNODOR. J'adore la démarche, sauf que Juan
de MARIA, prétendant avoir été emporté dans son action, a omis d'inviter Slyde Barnett, qui trépignait pourtant
visiblement au bord de la scène (on le voyait depuis la fosse !). Puis
lorsqu'il a fini par s'en souvenir, il le fait venir pour un autre morceau,
durant lequel Slyde Barnett est
réduit à un rôle de figurant en mode guitare rythmique ! Peu après c'est au
tour d' Organ Fury de prendre la
place du clavier, mais là encore, il ne lui a été accordé aucune plage
d'intervention (alors que je connaissais
ce titre de Santana qui, en concert, permet notamment au clavier de s'exprimer bien
davantage ! ).
21h20. Bref, on profite de l'entracte pour échanger nos
impressions qui s'avèrent convergentes… Avec quelques autres festivaliers
arborant le t-shirt du Raimesfest, nous revenons sur la prestation mémorable
des Bretons, la semaine dernière. La brasserie Gallia établie à Pantin n'est
pas loin, soutenons le local ; son IPA
nous accompagne volontiers !
A l'échoppe, nous nous procurons le t-shirt
indispensable pour marquer notre admiration. Un choix de plusieurs t-shirts est
proposé. Ma p'tite et Fée et moi option pour deux jolis modèles, de belle
qualité. Déjà on peut rencontrer et discuter avec des musiciens de K&M,
Gaëtan, Melin et Yves-Marie. Leur amabilité et leur modestie me touchent.
PETIT
RAPPEL DE LA GENESE…
https://komodragantthemounodor.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/komodragandthemounodor/
KOMODOR a
pris forme en mars 2017. Il est composé
de musiciens originaires de Douarnenez, Yves-Marie
"Slyde Barnett" Cariou, Ronnie Calva, Elrik "Monroe" Morvan, et Melin Le Bigot, et de "Goudzou", qui vient de Brest. C'est
leur concitoyen Dorian Soriaux (ex-Blues Pills) qui les a mis en relation pour
aller en Suède, en février 2018, où ils ont enregistré leur premier mini-album
(quatre titres). Parmi plusieurs concerts, notons qu'ils ont joué au Supersonic
de Paris le samedi 22 septembre 2018.
De leur côté, les deux frères de Paimpol
(Côtes-d’Armor), Colin (né en 1999) et Camille Goellan-Duvivier (né en 1995) faisaient partie SMOOTH MOTION, un quatuor de Paimpol, depuis 2011. Ils ont profité d’une pause de ce premier groupe,
pour fonder le duo MOUNDRAG en 2018, avant de réaliser un mini-album
en 2019, qui mêle rock progressif, sonorités psychédéliques et hard rock. Pour
l'anecdote le nom est constitué de l'anagramme de "organ" [orgue] et "drum"
[batterie]).
Dénués de prétention, mais pas de saines ambitions, une
passion commune pour la fin des années 60 va rassembler ces jeunes loups… Contraints
au repos forcé par la Pandémie causée par le Covid, les deux frères paimpolais
de MOUNDRAG et les copains douarnenistes de KOMODOR racontent qu'un soir, à la
fin d’un concert, les membres de MOUNDRAG rejoignent KOMODOR sur leur scène,
pour interpréter quelques reprises. Une alchimie parait évidente, le courant
passe et ils décident donc de fusionner leurs forces pour créer un groupe
ensemble, à l'image de nombreux autres ayant sévi durant les années septante. Ainsi
est né, en 2021, KOMODRAG & THE MOUNODOR, de la fusion de deux groupes de rock progressif et psychédélique
déjà bien établis.
Slyde (Komodor) raconte : "En fait, avant la Pandémie, on tournait séparément avec nos groupes
mais sur les mêmes concerts. Et on se retrouvait à la fin pour des jams.
Pendant la pandémie, on a pas mal écrit et on a réalisé une session en mode
concert d’un festival qui n’avait pas eu lieu, mais qui avait quand même fait
une petite captation vidéo. On a envoyé cette vidéo à Jean-Louis Brossard des
Transmusicales, qui nous a donné carte blanche. On pensait que ce serait pour
l’édition de l’année suivante… et en fait, on devait jouer moins de quatre mois
plus tard. On a dû composer un set entier alors qu’on avait à peine trois
morceaux au départ. Bon, c’était un peu tendu mais on a mis les bouchées
doubles mais on a réussi, alors on s’est dit qu’on pousserait l’aventure un peu
plus loin. Notre première vraie date était aux Trans de 2021."
Aujourd'hui, le septuor est composé de Camille "Organ Fury" Goellaen-Duvivier (Orgue), Colin "Dr Mad Drum" Goellaen-Duvivier
(batterie, chant), Gaëtan "Goudzou"
Convert (basse, chant), Yves-Marie
"Slyde Barnett" Cariou (guitare, chant), Ronnie Calva (guitare), et Elrik "Monroe"
Morvan (batterie), et Melin Le Bigot (guitares, chant,
percussions).
Pour l'anecdote signalons que la réalisation de la
plupart des vidéos a été confiée à Gaby Le Bigot, le frère de Melin…
Avec deux batteurs, trois guitaristes et quatre
chanteurs, tous très motivés et bourrés d'énergie, leur réputation scénique précède
leurs participations à de nombreux festivals et concerts ! Leur apparence
vestimentaire et capillaire est concordante avec la calligraphie de leur logo,
et leur musique ; le tout rappelle bigrement les années 70. Ils expriment des
sonorités empruntées notamment au glam, blues, et heavy-rock psychédélique. Ils ont leur propre identité, mais
on peut capter des influences de SLADE, MC5, STATUS QUO, LYNYRD SKYNYRD,
JEFFERSON AIRPLANE et autres GRAND FUNK RAILROAD...
Leur premier album, "Green Fields of Armorica", est paru le 20 octobre 2023. Plus récemment, deux nouveaux monoplages "Stone In The Field " et "Ready For The Boogie " sont parus
en 2024.
LE CONCERT.
[21h45-23h15].
La probabilité d'une
déception était très faible, compte tenu de la sincérité démontrée dimanche
dernier chez les Ch'tis ! Et en effet, nous ne serons pas déçus ce soir encore
; cette prestation valait vraiment le déplacement !
D'abord, parce que le programme de dimanche dernier,
qui avait été rétréci en mode festival, est cette fois étendu à
quatre-vingt-dix minutes, soit quelques titres en plus !
Ensuite, parce qu'une surprise musicale avait été
annoncée sur Facebook. Il était donc permis d'imaginer un partage de scène des
deux groupes … Ce qui est devenu hélas bien trop rare.
Nous reconnaissons la bande son introductive qui annonce le début des festivités. Puis Organ Fury accompagné de son orgue Hammond souhaite la bienvenue dans l'univers des Bretons. Avec l'entrée des premiers musiciens, en particulier la course effrénée de Goudzou, c'est reparti pour une séance de folie collective ! Le septuor se reconstitue peu à peu, dans une astucieuse mise en scène qui permet ainsi démontrer les contributions de chacun.
A mon sens, la musique est avant tout une source de
divertissement, c'est ma fameuse musicothérapie. Une passion qui nourrit mon
instinct de survie dans ce monde de brutes, avec d'autant plus d'efficacité
lorsque elle est motivée dans une humeur festive par des musiciens aussi
fougueux que talentueux ! En langue bretonne, "gouelañ" signifie pleurer ; tout le contraire de l'attitude
des frères Goellaen, dont les
sourires trahissent un authentique plaisir de conjuguer leur talent avec celui des
potes. Une complicité qui se reflète dans les regards, en particulier celui du fougueusement
espiègle Goudzou, qui rivalise de gesticulations avec Slyde
Barnett !
Quelle énergie ! Quelle souplesse ! Cette impression
de vivacité permanente est sans doute accrue par le nombre de musiciens sur la
scène. De fait, l'attention de l'auditeur est constamment attirée d'un pupitre
à l'autre. Leur sincérité évidente ne m'interdit pas d'imaginer qu'ils ont
peut-être réfléchi à leur chorégraphie. Spontanées ou pas, les attitudes, les
postures montrent formidablement une référence aux meilleures prestations vues
dans les années 70 ! L'effet produit sur le public est logiquement exaltant ;
la musique autant que l'engagement des musiciens transmet une transe collective
purement jouissive ! Les descentes en fosse de Slyde Barnett, de Goudzou et de Monroe stimulent encore
un peu plus l'enthousiasme de l'auditoire, qui dans sa grande majorité
découvrait le groupe. Une saine adrénaline entretient les rythmes cardiaques et
soutient une folle ambiance !
Sur un plan musical, grâce à une sonorisation
parfaitement équilibrée, j'ai de nouveau apprécié tout particulièrement les
harmonies produites par une heureuse conjugaison des pupitres. Les trois
guitaristes Ronnie Calva, Melin Le Bigot, et Slyde Barnett interviennent,
par de magnifiques soli en alternance, en duo ou en trio, ce qui me rappelle
parfois les moments épiques produits par LYNYRD SKYRNYRD. La basse de Gouzou
contribue à accentuer le maelström rythmique qui est produit par le duo de
batterie, Dr Mad Drum et Monroe, étourdissant de complicité !
Le tout, sans empiéter sur le son des camarades. Les mélodies sont d'autant
plus enivrantes que la plupart des musiciens, Camille, Colin, Yves-Marie, Gaëtan,
Melin chantent ou participent aux chœurs avec un timbre, une tessiture, une fougue,
une personnalité particulière contribuant ainsi à entretenir une atmosphère collaborative
des plus festives.
Comme attendu, les musiciens de Juan de Maria sont
invités cordialement à participer à une démonstration collective dans la joie
et la bonne humeur, sensation accentuée bien sûr par une section de percussion
particulièrement dense … et dansante ! C'est la teuf !!!
J'ai relevé trois ajouts notables par rapport au
programme du Raismesfest.
·
En complément à leur
album "Green Fields of Armorica"
qui est bien entendu à l'honneur, le titre "If I Were a King"
est inséré.
En apothéose,
le rappel comprend trois titres dont les deux reprises devenues emblématiques
du groupe !
PROGRAMME
Bande son introductive hawaïenne
1.
Ready to Boogie (monoplage, 2024)
10.
If I Were
a King (Green Fields of Armorica, 2023)
Après le concert, on retrouve quelques-uns des musiciens à l'échoppe. Toujours très accessibles et aimables, ils échangent volontiers des impressions, des satisfactions, mais aussi des autoportraits pour immortaliser l'instant.
Nous les laissons à leurs nouveaux admirateurs, car ça
se bouscule à l'échoppe !!
Je prie pour que leur jeunesse les aide à surmonter
cet afflux de sollicitations, sans préjudice de leur fraicheur d'esprit actuel.
En parfaits Bretons, ils ont hissé haut les voiles, et le vent de la Gloire
pourrait bien les pousser loin, très loin… Pas trop quand même hein, l'excès
nuit en toute chose ; on les préfèrera les pieds sur nos territoires !
Je coche à mon calendrier les prochaines dates, à
toutes fins utiles (KOMODRAG & THE
MOUNODOR le samedi 15 novembre au
Réacteur d'Issy les Moulineaux, MOUNDRAG
au Petit Bain, le jeudi 5 mars 2026 et
KOMODOR à La Maroquinerie de Paris
le jeudi 26 mars 2026).
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