CONTEXTE & CONTRAINTES. Cette année, le MENNECYMETALFEST organise sa treizième édition, et pourtant, je
n'avais encore assisté à aucune des précédentes. D'une part l'évènement vient
systématiquement contrarier celui du RAISMESFEST qui demeure ma priorité, et
d'autre part sa programmation habituelle ne correspond pas à mes prédilections
(en gros leur style est souvent d'une inspiration similaire à la scène WarZone du Hellfest) … Sauf que, cette
année, WALTARI alias "je-me-fais-désirer" est prévu le samedi.
Tant qu'à faire, nous aurions pu assister aux trente
concerts prévus sur trois jours. Mais, dans la Grande Sagesse légendaire qui me
caractérise, je bride ma curiosité et nous faisons délibérément l'impasse sur
le vendredi et le dimanche. Il s'agit avant tout de nous économiser, en
perspective d'une autre source de dépense d'énergie à la fin de semaine
suivante. Dans ce cadre, nous allégeons de moitié cette journée du samedi,
durant laquelle douze groupes sont pourtant affichés.
MOTIVÉS, MOTIVÉS … En février 2012, alors qu'un forum de discussion attirait mon
attention sur un étrange groupe finlandais nommé WALTARI, je suis alerté de leur prochain passage à Paris. Ce nom m'évoquait
davantage un jeu vidéo (les jeux Atari),
une série télévisée (Daktari) ou un
dessin animé (Walt…), qu'un groupe de
musique ; et pourtant, le prosélytisme fut assez convaincant pour m'intriguer et
tenter quelques écoutes… A priori, je fus plutôt séduit. A tel point que, sous
l'impulsion de Sylvain, l'un des lanceurs d'alerte, je me suis décidé à tester
l'aventure… Après tout, nous sommes en 2012, et comme le proclamait le candidat
à la présidentielle à l'époque, "le
changement c'est maintenant" !
C'est ainsi que, le vendredi 2 mars 2012 au Divan du Monde, j'ai pris
une claque monumentale ! Dans une
ambiance de feu, j'ai immédiatement été emporté par cette fusion hallucinante
de metal-funk-punk- trash-industriel-techno-hiphop- reggae-folk (et j'en oublie !), une musique hybride,
survoltée et déjantée qui déstabilise et ne respecte aucune règle. On y perçoit
des sonorités débridées, aux influences tentaculaires allant d'INFECTIOUS
GROOVE, à ANTHRAX en passant par OZZY. Le genre de musique qui vous garantit un
bon moment, qui vous galvanise et vous procure une énergie de fou, un remède
radical à la déprime.
Je ne m'en suis toujours pas remis ; d'autant moins
que depuis maintenant TREIZE ANNÉES j'entretiens une frustration de ne pas les
revoir. Et puis, j'ai refilé le redoutable virus à ma p'tite Fée ; ce fut même
un des vecteurs de notre Union !
Autant dire que la présence de WALTARI à ce festival a placé notre esprit en ébullition
incontrôlable, en dépit d'un calendrier bien chargé, soit une semaine avant
notre incontournable RAISMESFEST.
FESTIVAAAAL, NOUS VOILÀAAA. A moins de quarante kilomètres de chez nous, soit
une cinquantaine de minutes en voiture, on arrive tranquillement vers 16h45.
Avec ma P'tite Fée et mon fiston, nous découvrons le Parc de Villeroy de la mairie
de Mennecy dans lequel deux scènes ont été installées ; la scène principale,
appelée astucieusement "Menn'Stage", et la scène
secondaire, la "Eye Stage". Le site réservé au
festival est très joli et très bien organisé avec de longues allées d'échoppes
spécialisées et des arbres qui apportent une fraicheur et une ombre opportune.
Le cadre est donc agréable et à taille humaine. La bière (50 cl) est à 7 € ce
qui me parait raisonnable. Les gobelets sont consignés à 2€, mais la version estampillée
du festival est déjà épuisée ; il nous faudra toute la pugnace diplomatie de ma
P'tite Fée pour en trouver un malgré tout.
Longtemps incertaine, la météo est finalement plutôt
douce et ensoleillée.
Nous approchons de la scène annexe où un concert vient
de débuter.
PARALLYX [Eye Stage, 16h45-17h20]
https://www.youtube.com/@ParallyxOfficial
https://parallyx.bandcamp.com/album/the-cult
Je ne connaissais absolument pas ce groupe. En
recherchant, je découvre que PARALLYX a été fondé en 2023 par la chanteuse marocaine Lina Benabdesslem, mais est basé en France. Le style
" metalcore " est revendiqué. Il semblerait que les textes,
en anglais ou en arabe ("Glass
Throat"), abordent notamment les cultes, sur des rythmes puissants et
énergiques chantés d'une voix au timbre guttural le plus souvent mais parfois
clair, qui accentuent un sentiment de résistance. Leur message est ainsi
revendiqué : "Parallyx ne se
contentera pas de suivre la vague, ils la brisent et la redéfinissent".
Voilà qui a le mérite de clarifier le débat…
Le premier album studio, " The Cult " comprend neuf titres, il est paru le 4 octobre 2024.
Le quintuor se compose de Lina Benabdesslem (chant), Robin Cabaret (Batterie), Corentin Miara (Basse), Adrien Gottis (Guitares), et Mathis Megrier (Guitares).
La sonorisation est très bien équilibrée et nous
accorde de bonnes conditions pour cette découverte. A priori, le style n'est
pas ma prédilection. Pourtant, la prestation me parait convaincante, grâce au
charisme et l'élégance de Lina, et à sa voix juste et puissante qui est
exprimée alternativement en timbre clair ou guttural. Ses complices se montrent
impliqués pour produire en harmonie de beaux accords, parfois segmentés de soli
opportuns.
Bon, même si je n'écouterai pas cela tous les jours,
je considère cette belle découverte. Bien qu'agressive par nature, la musique
me semble assez mélodique pour emporter l'enthousiasme. L'agitation dans la
fosse en témoigne.
L'auditoire ovationne (h)ardemment ce concert
ensoleillé.
Six titres pour présenter leur début de parcours déjà très
prometteur.
PROGRAMME
- Walk Away (The Cult, 2024)
- Matriochka (The Cult, 2024)
- The Remedy (The Cult, 2024)
- Vices of Men (The Cult, 2024)
- Glass Throat (à paraitre, 2025)
- Pandemonium (The Cult, 2024).
Mais je n'oublie pas qu'à la base, mon premier
objectif du jour était de revoir LES SHERRIFS, raison pour laquelle j'avais
prévu une marge (ce qui m'a permis de
faire une première découverte)… On se déplace donc une première fois d'un
espace vers l'autre, sans prendre encore le temps de nous détendre un peu.
LES SHERIFF [Menn'Stage,
17h30-18h25]
https://www.rockmadeinfrance.com/encyclo/les-sheriff/3003/
Voilà un groupe qui fera opportunément le lien avec
Drulhe en fête, le dernier festival auquel j'ai participé fin aout, dont
l'affiche était délibérément à tendance punk-rock …
Lors de la treizième édition du Hellfest, le dimanche 24 juin 2018, le
groupe occitan LES SHERIFF m'avait
franchement séduit. On est loin des pisse-vinaigre assez courant dans ce milieu
(…) ; quoiqu'ils pensent, ils ne nous saoulent pas avec des discours politiques
manichéens et démagogiques. Il s'agit d'une musique avant tout festive, avec
les limites du genre mais d'une redoutable efficacité.
Ils sont francophones, originaires de Montpellier,
dans l'Hérault (Occitanie). Leur lente gestion, et leur existence un peu
chaotique, aurait débuté avant 1984 (…) pour s'arrêter en 1999. Ils ont
cependant contribué à entretenir une tradition de la scène punk rock française.
Des retrouvailles, en 2012 puis en 2014, leur ont donné envie de continuer…
Bref, une histoire agitée faite de ruptures, de portes qui claquent et de coup
de gueules, genre je-t'aime-moi-non-plus.
C'est ainsi que je les ai découvert en 2018.
Actuellement, Olivier Téna (chant), est toujours accompagné d'Emmanuel "Manu" Larnaud qui a toutefois changé de pupitre (basse -ex batteur-). Ils sont désormais
entourés de Patrice XX? (guitare, depuis 1996), Sébastien "Seb Lulu le Cévenol" Benoit (batterie, arrivé en 1998), et Ritchie
"Buzz" XX? (guitare, depuis 2021).
Leur huitième
album, "Grand Bombardement Tardif"
est paru le 10 décembre 2021.
Bénéficiant d'une excellente sonorisation, ils m'ont
confirmé encore aujourd'hui tout le bien que j'avais ressenti il y a déjà… sept
ans à Clisson. Eh oui, d'ailleurs, ces gaillards, oubliant les parenthèses,
affichent en fond de scène un valeureux gâteau d'anniversaire affichant leurs
quarante ans d'existence, quand même !
Les textes parlent de quotidien, de distraction ; ils
donnent envie de sourire. Ils sont exprimés avec une musique certes relativement
binaire, qui pourrait paraitre un peu bourrin à mes oreilles formatées
désormais aux sonorités plus complexes et subtiles du rock progressif ….
Cependant, au moins à l'occasion de ce festival je prends avec plaisir la bonne
humeur distillée par ces fanfarons occitans. "He, ho, let's go ! " comme dirait les Ramones !
Le public ne s'y trompe pas et en fosse ca pogote
énergiquement mais avec bienveillance!
PROGRAMME
Titres à déterminer, mais entendu "Du Rock'n'Roll dans ma Bagnole", " A Montpellier ", "Soleil de Plomb", (Grand Bombardement Tardif, 2021), "Jouer Avec Le Feu " (3, 2, 1... Zero !, 1988), " Arrête d'aboyer" (Du goudron et des plumes, 1991), ….
Que DIRTY FONZY [Eye Stage, 18h35] nous pardonne, nous nous accordons un temps de répit ; nous
avons dû patienter en file d'attente pour acheter des jetons de consommation,
avant de nous procurer une bonne bière désaltérante et impérative. En fond
sonore, nous entendons sans autre regret qu'une curiosité non assouvie, ce
groupe de punk rock français, mais anglophone. Nous savourons donc tranquillement
notre bière, assis aux abords de la scène principale en vue de tenter
l’aventure franco-espagnole.
IMPUREZA
[Menn'Stage, 19h30-20h25]
https://impureza.bandcamp.com/album/alc-zares
Je ne connaissais absolument pas ce groupe.
BIO OFFICIELLE
: "Fondé en 2004 à Orléans, né de l'idée de Lionel et Laurent, qui ont
décidé de faire couler le sang espagnol avec la violence du death metal sur scène, Impureza a
commencé à travailler sur son projet inhabituel mêlant guitares flamenco et fureur
brutale. Influencé par Nile,
Behemoth, Origin et la grande star du flamenco Paco De Lucia, Impureza
s'inspire des événements de l'histoire espagnole, des conquêtes et des
massacres. Préparez-vous à des chansons épiques, des riffs disciplinés et des
rythmes explosifs dans une atmosphère sombre et suffocante."
À ce jour, trois démos ont été publiées : "Y Correra La Sangre" (2004), "Ruina De La Penitencia" (2006) et "En El Desierto De La Carencia"
(2008). Son premier album complet, intitulé "La Iglesia Del Odio" est paru le 14 avril 2010. A l'occasion de l'arrivée d'Esteban
(ex-Como Muertos) au chant guttural et de Florian à la basse, le groupe sortira
un tout mini-album deux titres, " El
Nuevo Reino de los Ahorcados" le 11 novembre 2013. Bien qu'ils soient
français, les textes d'Impureza sont en espagnol.
Le troisième
album studio "Alcázares"
paru le 11 juillet 2025.
Le groupe est officiellement présenté comme un
quatuor, et pourtant c'est un quintuor qui se présente sur la scène. Il y a
donc un second guitariste mystère… Bref, je ne peux donc identifier que
Lionel Cano Muñoz (guitares),
Esteban Martín (tous les chants
gutturaux), Florian Saillard
(basses), Guillermo Auge (batterie).
La sonorisation est puissante, mais il m'est difficile
de la qualifier d'audible car, dans ce déluge de violences vocales et sonores,
mes sens peinent à discerner ce qui relève de la basse ou de la batterie. La scène
est joliment décorée pour donner des impressions hispanisantes, notamment avec des plantes vertes, un châle brodé, et
des guitares espagnoles posées sur leur support de crânes entassés. D'emblée,
lorsque Esteban Martín, l'homme de
Cro-Magnon vient nous haranguer du bord de sa scène, on comprend qu'ils ne sont
pas venus cueillir des pâquerettes. On est loin d'une promenade champêtre et
reposante ; "vous allez voir ce que vous allez voir, on est en
colère", épicétou.
Bon, mon esprit abruti par tant d'agitation, parvient
toutefois à surmonter ce maelström lorsqu'à deux occasions, une danseuse
andalouse somptueusement vêtue, exécute une chorégraphie typique, en agitant
avec fureur son emblématique éventail flamenco et sa robe.
Pour le reste, hormis quelques passages intéressants, je
goute peu à cette atmosphère plutôt pesante. Bref, je m'astreins par principe à
rester une bonne demi-heure pour tenter une immersion. Mais décidément, je ne
trouve pas la Porte. Ma compagnie pas davantage. Sans attendre la fin, nous
partons nous positionner à la scène annexe pour la suite très attendue des
évènements… olé !
Issus de leurs trois
albums, les cinq titres ont
déferlé puissamment.
PROGRAMME
Bande son introductive : Verdiales
1.
Bajo las tizonas
de Toledo (Alcázares, 2025)
WALTARI [Eye Stage, 20h35-21h25].
https://www.youtube.com/@waltariofficial
https://www.facebook.com/waltariofficial
https://kartsy.net/waltari/
BIO OFFICIELLE
: Waltari est la preuve vivante qu'un
groupe de rock peut être inspiré indéfiniment sans pour autant stagner. Jusqu'à
son dernier album studio, le groupe a toujours proposé une approche fraîche et
variée du metal moderne.
Le chanteur
et cerveau du groupe, Kärtsy Hatakka,
résume ainsi la philosophie de Waltari : "Le rock est une attitude, une
soif inextinguible de rester enjoué face à la vie, jusqu'à la fin ! C'est le
monde dans lequel Waltari est né. Je trouve toujours cool de me maquiller et
d'être un marginal. Notre objectif est de créer une musique qui épatera nos
auditeurs."
Ainsi soit-il.
WALTARI est inclassable, certains voudraient les
déterminer comme un groupe de "heavy metal" finlandais, formé en 1986 à Helsinki, par Kärtsy Hatakka. Mais en fait, c'est bien
davantage ! C'est une surprenante combinaison de
metal-funk-punk-reggae-trash-industriel-techno-hiphop-folk, avec un zeste de
musique classique (Ecoutez donc le
déstabilisant Yeah! Yeah! Die! Die!
Death Metal Symphony In Deep C paru en 1996 ! ). Un univers recomposé, à partir de musiques apparemment
hétérogènes mais qui devient une évidence jouissive sous la direction de ce
farfelu Kärtsy Hatakka ! La voix de
ce chanteur me rappelle souvent celle d'Ozzy ; la folie et l'irrévérence ainsi
que le timbre de la voix des deux hommes sont similaires ! Une diversité
musicale qui peut s'apprécier dans tous
les albums, même certains tels que "Big
Bang" (1995) ou "So Fine !"
(1994), en sont la parfaite illustration. Après l'écoute de ces deux pépites,
il faut aussi écouter trois chefs d'œuvres que sont "Rare Species" (2004), "Blood Sample" (2005), et "Below Zero" (2009) ! Bref, TOUS les opus constituent une
source de perturbation mentale, qui secoue les neurones autant que les jambes.
Les textes écrits par Kärtsy Hatakka évoquent
l'isolement, l'angoisse, le cynisme politique mais sont exprimés avec ironie et
insolence… A cet égard, il convient de souligner que le nom du groupe fait
référence à l'écrivain finlandais Mika Waltari, réputé pour l'éclectisme de ses
thèmes. Notons enfin que "waltari"
en finlandais signifie "homme fort"
; tout un programme, en fait !
Leur premier album, "Monk Punk" paru en 1991, montre déjà les prémices de leur
carrière. Après quelques dix-huit albums, sans compter les éditions
particulières produites aux cours des décennies (notamment les "Decade" 1, 2 et 3), l'album "Nations' Neurosis" est paru le 16 mai 2025.
Actuellement, Kärtsy Hatakka (57 ans, chant principal, basse, depuis 1986) est entouré
de Ville Vehviläinen (batterie,
depuis 2004), Jani Hölli (claviers,
depuis 2014), Eero Nykänen (guitare,
depuis 2024), et Jakke Setarä
(guitare, depuis 2024). (Notons que les fidèles
guitaristes Jariot Lehtinen (complice depuis 1986), et Sami Yli-Sirniö (depuis
1989) semblent avoir jeté l'éponge récemment.)
Ce groupe étant notre objectif principal, nous nous
positionnons au deuxième rang, puisque des plus malins que nous sont déjà
accrochés à la barrière… Car en effet, nous nous réjouissons déjà de constater
de nombreux admirateurs arborant fièrement leur t-shirt. En discutant avec eux,
je réalise que WALTARI est venu promouvoir ses meilleurs albums dans les années
90 tout près de mon domicile de l'époque ; à l'Arapaho le 13 mai 1994 et le 22
octobre 1995 à la salle Dunois, et encore à l'Arapaho le 13 mars 1996 ! Je
connaissais ces salles, mais pas le groupe. Je fais pâle figure en attendant le
début du concert…
Toujours farouchement épris de liberté artistique, Kärtsy
déstabilise son auditeur d'emblée en choisissant d'introduire sa prestation
avec "Murder Plot", un
titre "indus" écrit par un musicien britannique Michael Kenney, dit Kordhell.
Personnellement, je ne m'attendais pas à une telle audace, même connaissant le
personnage ! J'ai été plus rassuré avec un rock franc et massif… Fort
heureusement, immédiatement après résonnent les premiers accords d'une titre
que je n'osais pas espérer ; "One
Day" ! A partir de là la soirée décolle pour moi, ma p'tite Fée mon
fils et d'ailleurs toute la fosse qui entre en ébullition totale !
La sonorisation s'avéra raisonnablement puissante,
audible, même si certaines parties de guitare me parurent peu perceptibles.
Kärtsy demeure fidèle à son attitude excentrique et
délurée, ce qui ne l'empêche pas de soigner les interprétations, tantôt au
pupitre de la basse, tantôt au seul micro. La frappe déjantée et redoutable de Ville
Vehviläinen garantit un rythme impitoyable. Jani Hölli s'implique dans la
gestion de ses claviers et au-delà en venant au-devant de la scène pour se
confronter physiquement à ses complices, dans la joie et la bonne humeur !
Quant aux deux nouveaux guitaristes, ils semblent bien intégrés et ne laissent
paraitre aucune difficulté à reproduire les accords de leurs prédécesseurs.
Tout est réjouissant, survolté, festif, et audacieux !
Kärtsy revendique et répète entre les titres sa volonté d'entretenir sa liberté
artistique ; il assume pleinement ses transgressions.
Et de fait, les metallos se retrouvent à danser sur
des rythmes improbables et délirants. Même ma P'tite Fée, d'habitude si sage (quoique), s'est laissée bousculer dans
une pagaille indescriptible, puis s'est essayée au survol de la fosse !! Portée
par des bras bienveillants, elle survola depuis le fond vers les autres bras
des vaillants agents de sécurité… On est prêt à suivre Kärtsy dans toutes ses
extravagances, tant il est sincèrement investi dans sa musique, dans sa mission
de produire la fête. Lorsque WALTARI exprime du trash metal, les cheveux se
balancent et les corps se contorsionnent. Lorsque WALTARI exprime du rock
urbain, Kärtsy mime le corps raidi et désarticulé ad hoc. Comme en 2012 au
Divan du Monde, il se fait porter en survol de la fosse, souriant et heureux
comme un gosse ! Bref, il se donne à fond !
Parmi les audaces notables, j'en souligne deux.
La large reprise du très surprenant " Yeah! Yeah! Die !... " créé en
1996, qui a pu démontrer ce soir la complexité de l'œuvre, même si l'orchestre
symphonique est remplacé par le synthétiseur (A noter aussi le saisissant "Evangelicum" (1999) pour lequel
la chanteuse soprano d’opéra et de metal finlandaise Tarja Turunen, est invitée
à chanter un solo dans le ballet rock de Waltari : Elle participe à dix
représentations à guichets fermés dans le rôle d'un ange gardien à l'opéra
national de Finlande).
Notons aussi l'interprétation "So Fine ! " qui était dépouillée de
tout artifice sonore ; ce qui produit mon admiration, alors que d'autres
auraient imposé une bande-son avec les voix folkloriques samis. J'ai toujours
soutenu une production sincère des seuls musiciens sur scène. Me voilà donc
satisfait. Cela dit, je conviens que ces voix résonnaient de mémoire dans ma
tête, entretenant une légère frustration que seul un chœur sami aurait pu
combler… Mais pour cela il nous faudra aller en Finlande pour assister à une
telle représentation.
Les titres "Helsinki"
et "Atmosfear" furent aussi
de grands moments d'exaltation.
La fosse exulte et l'ovation finale est démonstratrice
d'une énorme satisfaction.
Compte tenu du faible temps imparti, nous devrons nous
contenter de dix titres extraits de sept albums parmi leur dense
discographie, dont deux issus de "Nations' Neurosis" (2025), un de "So Fine ! " (1994), un de
"Big Bang" (1995), un
de "Blood Sample" (2009), un
de "Global Rock" (2020), un
de "Rare Species" (2004), un
de "Yeah! Yeah! Die! Die! Death
Metal Symphony in Deep C " (1996), et deux reprises (1980 et
2023). Hélas, aucun de "Below Zero"
(2009).
PROGRAMME
- Murder Plot (Nations'
Neurosis, 2025, reprise de Kordhell, 2023)
- One Day (Rare Species, 2004)
- Major Mistake (Nations' Neurosis, 2025)
- A Sign (Yeah! Yeah! Die! Die! Death Metal
Symphony in Deep C, (1996)
- Helsinki (Blood Sample, 2009)
- Nature Rules (So Fine !, 1994)
- Atmosfear (Big Bang, 1995)
- Postrock (Global Rock, 2020)
- So Fine (So Fine !, 1994)
- A Forest (So Fine !, 1994, reprise de The
Cure, 1980).
Après cette prestation étourdissante, nous sommes
lessivés, épuisés, desséchés. Nous devons impérativement nous désaltérer d'une
bonne bière et nous remettre de nos émotions et les partager avec d'autres
festivaliers heureux. Nous nous plantons devant l'échoppe du groupe dans
l'espoir de les rencontrer.
Nous nous procurons pour 15 € chacun, le CD du récent
album " Nations' Neurosis
", ainsi que, plus surprenant, celui de " Torcha ! " ! Etonné de constater sa réédition, ce dernier
était réputé épuisé depuis longtemps. Nous optons également pour le t-shirt à
l'image de l'album promu (25 €).
Puis, l'attente est récompensée, la totalité du groupe
apparait ! Tous accessibles et souriants ! Discussions, dédicaces et portraits
s'imposent dans la bonne humeur. Des instants qui marqueront nos mémoires,
assurément !
Le problème, après une prestation d'une telle densité
émotive et physique, c'est que le reste risque fort de paraitre fade, insipide.
Nous n'avons pas la force, ni la volonté d'assister au concert de ENSIFERUM
(21h30) un groupe finlandais de folk métal, qu'en d'autres circonstances
j'aurais volontiers apprécié.
Toutefois, un autre concert débute sur la scène annexe
; nous nous y rendons par curiosité…
NIGHTMARE [Eye Stage, 22h35-23h25].
Ce groupe français fait partie de ces quelques
artistes dont j'avais toujours entendu parler dans la mouvance du hardrock
hexagonal des années 80. Mais le fait est que les circonstances n'avaient pas
abouti à me focaliser sur lui. NIGHTMARE s'est pourtant formé dès 1979 à Grenoble. Influencé par la vague NWOBHM (New wave
of British heavy metal), ils auraient pourtant été de nature à me séduire, à
l'époque. Mais les aléas de leur existence (soutient financier inadéquat,
tensions internes, soucis de santé…) ne leur ont pas permis de s'épanouir…
Un premier album, "Waiting for the Twilight" est paru en 1984. Les dissensions internes finissent par entraîner la
dissolution du groupe en 1987. En 1999, une nouvelle mouture prend une nouvelle
forme déjà bien différente de l'origine… Bref, je n'ai jamais eu l'occasion de
voir, ni en concert, ni en festival… Ce soir cette lacune est comblée… Mais un
peu tard…
NIGHTMARE semble tenu à bouts de bras par l'unique
survivant de l'aventure, Yves Campion
(basse, de 1979 à 1988, et depuis 1999). Il est désormais entouré de Franck Milleliri (guitare, depuis 2004), Matt Asselberghs (guitare, depuis 2012), Niels
Quiais (batterie, depuis 2018), et
enfin Barbara Mogore (chant, depuis
2022).
Un douzième
album "Encrypted" est paru
le 7 juin
2024.
La sonorisation demeure excellente, comme le reste de
la journée. Le système d'éclairage permet de mettre en valeur les musiciens.
Très bonne condition d'audition donc. Je patiente avec bienveillance et
nostalgie. Pourtant, je ne trouverai jamais la Porte de cet univers un peu
daté, malheureusement. Pourtant les musiciens sont appliqués et impliqués, ils
ménagent leur chorégraphie et soignent leur partition. La chanteuse a beau y
mettre toute sa bonne volonté et sa voix en alternance claire ou gutturale, je
ne parviens pas à m'enthousiasmer. Il me manque une aspérité pour m'accrocher.
Un relief que même les quelques rares soli ne révèlent pas. Dans les années 80,
je pense que j'aurais trouvé cela fabuleux, mais maintenant tout cela me semble
déjà entendu maintes fois. Honnêtement, je me suis m'ennuyé pendant cinquante
minutes. Je leur souhaite de réussir à continuer de séduire, mais pour ma part,
je suis passé à autre chose, tout simplement.
Fort heureusement, une bonne partie du public est là
pour faire la fête quoi qu'il en soit et contribue à créer une belle ambiance. ……..
Titres à déterminer.
PROGRAMME
CARPENTER BRUT [Menn'Stage, 23h30-00h30]
https://www.youtube.com/@EnsiferumTV
Complètement méconnu de mon répertoire, Franck Hueso produit pourtant de la musique
depuis 2012. Le style de sa production est étiqueté de mile qualificatifs dans
lesquels je m'y perds, mais ce que j'entends ce soir, je le résume à de la
techno. Il affiche deux albums à son répertoire, dont le deuxième " Leather Terror "
est paru le 31 mars 2022. Le
personnage semble médiatisé et reconnu, mais visiblement hors de mon cercle…
La sonorisation s'avère relativement puissante et
prend aux tripes, comme il se doit.
Le monsieur se tient derrière un pupitre amovible
contenant des synthétiseurs. Sur celle-ci, face au public se trouve un "Brutagram"
le mystérieux logo de l'artiste, rouge et lumineux ("constitué de cinq nonagones irréguliers entrelacés, insérés dans un
pentagone régulier convexe global").
De sa console, il extrait la majorité des sons. Il est
pourtant entouré d'un guitariste et d'un batteur, dont je peine à distinguer le
caractère indispensable. On entend certes le guitariste exprimer quelques
accords… Dans une nébuleuse scénique, alternativement blafarde ou rougeâtre on
distingue à peine les protagonistes, mais j'ai cru comprendre qu'il est
accompagné par Adrien Grousset à la
guitare (membre du groupe de metal Hacride) et Florent Marcadet à la batterie (également membre de Hacride et du groupe de
rock progressif Klone).
En dépit de ma perplexité, je peux comprendre la
fascination festive pour cette musique souvent hypnotique. Et moi-même je me
suis surpris à me laisser emporter dans certaines séquences, qui me rappelaient
celles que j'avais ressenties avec davantage d'entrain lors un concert de
ULVER, un groupe de musique expérimentale norvégien.
Bon, je ne chercherai pas à me cacher derrière mon
petit doigt, cet univers a eu vite fait de me saouler. J'ai patienté une bonne
demi-heure avant de lever le camp avec le reste de notre équipage, qui n'en
pensait pas moins finalement, même si chacun a pris sa part de plaisir plus ou
moins intense.
Titres à déterminer.
PROGRAMME
Parmi quelques autres festivaliers également
désabusés, nous retrouvons notre véhicule, avant de reprendre une route du
retour de trois quart d'heures nocturnes. Grâce à ce festival, qui n'était pas
prévu sur notre prévisionnel annuel, nous avons assisté à un concert de WALTARI, tout va bien !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire