mardi 5 avril 2022

HANS ZIMMER – Palais Omnisport Paris Bercy (Paris 12e) – 05/04/2022.

 

Lorsque je regarde un film, mon attention se porte fortement sur la musique, aussi ; je ne prétends pas qu'elle pourrait sauver un navet, mais une bonne orchestration, de belles mélodies, des envolées cuivrées contribuent le plus souvent à m'emporter au moins autant que la narration. La Musique m'accompagne depuis toujours dans toutes les étapes de ma vie ; celles des autres m'intéresseront d'autant mieux, contée en musique.

Certains compositeurs de musiques de film ont ce don de transcender une réalisation. Hans ZIMMER est de ceux-là ; en témoignent les nombreuses récompenses et nominations décernées depuis plusieurs décennies. Pourtant, au début des années 80, l'allemand a bien failli se limiter à la pop avec les Buggles. Si cette aventure avait perduré, il n'aurait sans doute jamais mis le pied à l'étrier en tant qu'assistant de compositeur, puis en tant que compositeur en titre. Naturalisé américain, son talent est assez vite reconnu. Ridley Scott, Tony Scott, Ron Howard, notamment, lui confient la musique de leur film. Son ascension aboutit au succès internationalement reconnu avec sa composition pour le "Roi Lion", commandée par les studios Disney en 1994.

Pour ma part, j'avais apprécié particulièrement les thèmes écrits pour "Thelma et Louise" (1991), "USS Alabama" (1995), "Armageddon" (1998), "La Ligne rouge" (1999), "Gladiator" (2000), "Pearl Harbor" (2001), "Interstellar" (2014), sans oublier les "Batman", "Iron Man" et bien d'autres encore… Il a composé deux cents partitions, en trente années à Hollywood !

Curieusement, je n'avais encore jamais osé me rendre dans un auditorium pour un concert en hommage ou dirigé par un compositeur de musique de film. Je me souviens avoir manqué celui d'Ennio Morricone par exemple. Je m'apprêtais également à manquer cet évènement-là ; omission due en partie au contexte des multiples spectacles annulés, reportés, incertains, …

Heureusement, mon fils aura profité de mon anniversaire pour m'offrir cette invitation inattendue. Je n'avais absolument pas noté cet événement et ce n'est qu'en pénétrant dans le POP Bercy que j'ai réalisé ma chance et la valeur de ce cadeau ! Oui, Hans ZIMMER sera là en personne pour diriger une trentaine de musiciens dont Guthrie GOVAN, l'ancien guitariste de Steven Wilson !! Rien que pour ce double motif je suis déjà ravi et excité ! Le p'tit malin nous a dégoté des places assises en orchestre, excentrées sur la droite, assez proches de la scène pour bien voir les artistes, et pas trop pour garder le recul nécessaire à ce spectacle qui s'avèrera grandiose. Guthrie Govan officiera de notre côté ; que demander d'autre ?!

Pendant que le public s'installe, une image filmée en direct le montre dans la salle, sur un écran géant étendu à toute la largeur de la scène, teinté aux couleurs de l'Ukraine durement martyrisée en ce moment.

[20h15/(entracte de 25 mn)/23h20].

Le compositeur n'a pas lésiné sur le recrutement. Une bonne trentaine de musiciens (difficile de tous les compter exactement). Sur la scène, les cuivres surplombent l'ensemble ; à gauche, au moins quatre cors d'harmonie, à droite, se trouvent une trompette, trois trombones à coulisses et une contrebasse. Au centre, à la même hauteur, trône un synthétiseur. Plus bas, toujours au centre sont positionnés deux batteries (occupées par Aicha DjidJelli et Holly Madge). Sur la gauche une section de six violons (tous ukrainiens, auxquels Hans n'a pas manqué de rendre hommage, bien sûr), sur la droite une section de cinq violoncelles. Puis disséminés au niveau de la scène, on trouve les percussionnistes particulièrement actifs sur les extraits trépidants tels que "Inception" (timbales, grosses caisses, djembés, …), mais aussi les nombreux solistes.

Je ne les citerai pas tous, mais ils sont tous dignes d'intérêt, et démontrant une solide expérience dans ce type de musique. Parmi ceux-ci, évidemment Guthrie Govan, longuement et chaleureusement présenté par Hans qui semble sincèrement subjugué par le talent du guitariste. Ils semblent avoir développé une réelle complicité, notamment durant la création de "Dune" (2021). Hans manifeste son admiration en soulignant la fantaisie dans ses soli. Pour l'avoir vu trois fois sur scène (2013-2015) je ne peux qu'applaudir ce compliment amplement justifié. Cette reconnaissance du Maître de cérémonie lui a permis de s'exprimer pleinement (guitare électrique/sèche, banjo), notamment sur deux soli particulièrement notables (durant "Dune" et un autre titre). Un autre guitariste, Nile Marr, assurait quelques parties en soutien.

Je dois souligner le talent de deux bassistes exceptionnels au pédigrée aussi éloquent que leur talentueuse prestation ce soir. Andy Pask a travaillé pour le cinéma, la télévision mais a aussi collaboré pour plusieurs artistes tels que Freddie Mercury, Madonna, Tom Jones, Debbie Harry, Véronique Sanson, … Il a aussi participé à trois tournées mondiales avec Hans Zimmer. Quant à Juan Garcia-Herreros, il collabore aux tournées de Hans depuis 2018, mais aussi lors de la création de la partition de "Dune" ; c'est un spécialiste colombien de la basse électrique, de renommée mondiale, sous le nom de scène "Snow Owl" (Je suggère de consulter ses vidéo).

Avec son violoncelle électrique Tina Guo démontre à la fois un talent et une énergie étonnante. Native de Shanghaï, naturalisée américaine, on peut constater son éclectisme dans son très long CV. Plusieurs fois impliquée dans les partitions de Hans, elle n'hésite pas à partager la scène aux côtés de Peter Gabriel, Steven Tyler, Steve Wonder, … mais aussi le groupe de power metal suédois SABATON au festival de Wacken en 2019 !

Aux flûtes, c'est le vénézuélien Pedro Eustache. Au chant, Loire Cotler, Lebohang “Lebo M” Morake, et sa fille Refilwe “Refi Sings” Morake. D'autres solistes aux violons, à l'accordéon, et des choristes permirent de magnifier encore ce bel ensemble.

Inspiré par l'exemple probant d'autres confrères, Hans s'est lancé à son tour dans une première tournée européenne au printemps 2016. C'est une réussite qui culmine avec l'enregistrement d'un DVD à Prague en novembre 2017. (Ce film, déjà offert en son temps par mon fils, m'avait déjà fait rêver d'assister à ce genre de spectacle !) Fort de ce succès, l'opération se renouvelle mondialement jusqu'à ce jour. La musique de Zimmer sera interprétée ici-même lors d'un autre concert en septembre mais sans son Maître.

La sonorisation est puissante, profonde et audible. En dépit d'une section percutions particulièrement fournie, les pupitres sont pour la plupart distinctement perçus. Les cuivres et les cordes se répondent d'une harmonie magnifique ! Un vrai régal auditif !

L'éclairage est tout simplement somptueux, constitué de plusieurs rampes mobiles pour éclairer une très large scène avec les nuances requises.

Hans Zimmer est charismatique, impliqué, enthousiaste souriant et chaleureux avec tous ses musiciens. Il ne tient en place que pour ces segments aux claviers (alternant piano ou synthétiseurs). Multi-instrumentiste, il est le troisième bassiste pour un trio de basses énorme. Il n'hésite pas à saisir une guitare ou un banjo pour partager des soli de guitare avec Guthrie. A 64 ans, sa bonne humeur et sa performance m'ont paru formidable. Pour l'anecdote, il ne renie pas son origine puisqu'il n'a pas hésité à se vêtir du costume traditionnel allemand pour interpréter un titre !

Le public m'a paru un peu trop poli, en tant qu'habitué des concerts rock, mais il n'a pas manqué de montrer sa satisfaction, notamment avec une ovation debout pour le salut final.

Dix-sept titres ont permis à l'auditoire de voyager dans le parcours cinématographique des vingt-deux dernières années du Maître. Seul le titre du Roi Lion a été déterré de la période antérieure. Ce qui pourrait être à déplorer mais pendant deux heures et demie nous n'avons pas ressenti le temps passer, et l'émerveillement est total ; merci Monsieur.

ACTE 1 :
House Atreides (“Dune” -2021)
Mombasa (“Inception” -2010)
Themyscira / Games / Open Road (“Wonder Woman 1984” -2020)
What Are You Going to Do When You Are Not Saving the World? / If You Love These People (Man of Steel-2013)
Duduk of the North / The Battle / Earth / Honor Him / Now We Are Free (extraits de “Gladiator”-2000)
Jack Sparrow / Davy Jones / At Wit's End / He's a Pirate (extraits de “Pirates Of The Caribbean”-2003)
ACTE 2 :
Rango Suite (“Rango”-2011)
Discombobulate (“Sherlock Holmes”-2011)
A Way of Life (“The Last Samurai”-2003)
I'm Not a Hero / Like a Dog Chasing Cars / Why So Serious? (extraits de “The Dark Knight” -2008)
X-MDP (“X-Men: Dark Phoenix”-2019)
Supermarine (extraits de“Dunkirk”-2017)
Paul's Dream (“Dune”-2021)
Dust / Detach / Coward / Stay (extraits de “Interstellar”-2014)
Circle of Life / He Lives in You / This Land / King of Pride Rock (extraits de “The Lion King”-1994).

RAPPEL :
Gun Barrel / Cuba Chase / Back to MI6 (extraits de “No Time To Die”-2021)
Time (“Inception” -2010).


mercredi 16 mars 2022

GENESIS – Paris La Défense Arena le 16 mars 2022.

Ce que je recherche avant tout dans la Musique, c'est l'émotion. Certes, elle permet aussi de s'amuser, de picoler, de bavarder entre amis, ou encore de faire le ménage, pousser un panier de supermarché, courir en forêt, ou pisser dans les toilettes publiques. Moi, j'y vois l'occasion de m'émouvoir, de m'évader du monde réel, d'oublier les râleurs, les rabat-joie, et de partager des instants de grâce avec les musiciens et des mélomanes. Ce soir, j'ai été servi.

CONTEXTE.

L'arène de La Défense, située sur le territoire de Nanterre (contrairement à ce que prétend son intitulé), peut accueillir jusque 40 000 personnes en configuration concert, depuis octobre 2017. Un précédent concert dans cette salle ne m'avait pas laissé un bon souvenir. Etait-ce dû à l'acoustique inadaptée, était-ce dû à la sonorisation inadéquate ; toujours est-il que je n'avais guère apprécié le son. De surcroit, en étant placé en balcon opposé à la scène, l'éloignement était tel que j'en étais réduit à souvent regarder les écrans. Au point de me demander si je n'aurais pas mieux fait d'attendre une parution DVD pour la savourer dans mon canapé. En fin de cette soirée, je m'étais promis de ne plus revenir…

Mais évidemment il y a toujours un fait contrariant à toute intention, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Les promoteurs ont décrété que GENESIS devait s'y produire. S'agissant sans doute de la dernière occasion de revoir cette vénérable institution du rock progressif britannique, je m'interdis de mépriser ce rendez-vous, en dépit de l'inquiétant état de santé de Phil Collins. En dépit aussi des prix exorbitants et inadmissibles des places qui semblent s'adresser à une élite de quinquagénaires assez mélancoliques et fortunés pour s'offrir les meilleurs emplacements.

Selon sa génération, selon ses émotions, ses coups et ses douleurs ressentis au fil de la carrière de ces artistes britanniques atypiques, chaque admirateur aura sa période préférée. Pour ma part, comme beaucoup, je considère que l'âge d'Or se situe entre 1971 et 1977, lorsque le trio actuellement en place était accompagné de Peter Gabriel (1967–1975) et de Steve Hackett (1971–1977). Je pourrais même débuter ladite période à octobre 70 avec "Tresspass" qui constituait déjà la genèse (désolé, je n'ai pas résisté !) de leur succès. Cependant, j'apprécie globalement l'ensemble de l'œuvre de ces pionniers du rock progressif.

Mais, hélas je n'ai pas été sensibilisé à leur talent avant le début des années 80, durant lesquelles les radios émettaient inlassablement "That's All" et "Mama". Ce n'est que le 3 juin 1987 que j'ai pu voir Genesis sur la scène de l'Hippodrome de Vincennes à PARIS (12ème) moyennant la somme (déjà considérable à l'époque) de 150 francs. Aux pupitres claviers, basse, percussions, chant et guitare c'était le même quatuor qu'aujourd'hui qui promouvait "Invisible Touch" (1986), leur treizième album depuis dix-huit années.

La discographie de Genesis présente désormais quinze albums studio enregistrés entre 1969 et 1997. Ce concert ne s'inscrit donc pas dans une tournée promotionnelle ; aucun nouvel album n'est paru depuis des décennies. Il s'agit plutôt de l'émouvant adieu de ces musiciens légendaires à son public qui attendait ce retour depuis trop longtemps. Je ne les aurai vus que deux fois en cinquante-cinq années, mais j'ai pu emmener ma compagne et mon fils pour qu'ils réalisent ce qu'est le talent maitrisé. Voilà qui est fait, amen.

Je me rends ainsi à ce concert comme à un complément de celui de Steve Hackett, leur ancien comparse, auquel j'ai assisté à la salle Pleyel à l'automne dernier.

Pour l''accès à cette grosse baleine qu'est l'arène, il faut beaucoup marcher, beaucoup patienter pour les fouilles, un peu moins pour valider les codes-barres, mais surtout avoir une forme athlétique pour accéder aux balcons. Car les gueux pas assez aisés pour bénéficier de places assises en fosses, quel que soit leur âge, doivent affronter quatre séries d'escaliers, sans doute pour les inciter, une fois parvenu au pigeonnier, à payer une boisson à la première échoppe venue… Ces enfoirés n'ont pas eu ce plaisir en ce qui me concerne. Non mais dites donc …

Je dois cependant confesser avoir céder à la tentation d'un 90ème t-shirt pour ma collection. Le montant (40 €) pouvait pourtant paraitre rédhibitoire, mais l'évènement ultime me semble pouvoir justifier ce nouvel écart de conduite.

GENESIS [20h00-22h30].

Aujourd'hui, nous retrouvons ainsi deux membres fondateurs Tony Banks (claviers, guitare-12-cordes, chœurs ; 1967–2000, 2006–2007, et depuis 2020), et Mike Rutherford (basses, guitare, chœurs ; 1967–2000, 2006–2007, et depuis 2020). Monsieur Phil Collins (batteur de 1970 à 1996 et de 2006 à 2007) est présent aussi, mais diminué physiquement au point qu'il a dû renoncer aux fûts depuis 2007. Sa participation se limitera donc au chant (1975–1996, 2006–2007, et depuis 2020), assis sur un tabouret.

Deux musiciens, pas tout à fait étrangers au trio légendaire, apportent leur précieux soutien à l'occasion de la tournée actuelle, "The Last Domino ?". Daryl Stuermer (guitare, basse, chœurs ; 1977/8–1992, 2006–2007, et depuis 2020), et le fils à son papa, Nic Collins (drums, percussion ; depuis 2020). Il a été jugé opportun (…) de soutenir les parties vocales avec Daniel Pearce (chœurs ; depuis 2020), Patrick Smyth (chœurs ; depuis 2020).

Immanquablement, je me doutais bien que j'allais assister à une soirée chargée en émotions. Le handicap de Phil Collins s'est avéré d'autant plus émouvant qu'il nous renvoie en pleine figure la dure réalité du temps qui passe inexorablement. Il convient de rappeler qu'il a été diminué par une pancréatite, par deux opérations du dos, en 2009 et en 2015, ainsi que par son diabète ; tout cela laisse forcément des traces.

Lui qui était si dynamique et puissant, il nous est apparu avec une canne pour accéder à son fauteuil, dont il n'a plus bougé. Mais passé cette douloureuse étape, le concert fut un éblouissement permanent ; les musiciens demeurent talentueux, l'éclairage fut somptueux, la sonorisation puissante et audible a permis de savourer les musiques pleines d’harmonie, de poésie et d'énergie. Les années 80, largement représentées, auraient pu nous frustrer en tant que progueux axés sur les 70's, mais j'ai pris un immense plaisir immersif. Durant près de deux heures et demie, (20h30-22h55) nous avons voyagé dans le temps avec cette vénérable institution du rock progressif britannique qui rentre désormais dans la légende.

L'amplification sonore est astucieusement répartie dans l'espace et l'ingénieur a su doser la puissance et la qualité pour le plaisir des auditeurs quelle que soit son emplacement. Même si la frappe du p'tit Nic m'a parfois paru un peu surexposée, sans jamais être nuisible au reste.

L'éclairage constitué de cinq blocs mobiles de quatre rampes de projecteurs multicolores surplombe la scène et un dispositif au-dessus de la fosse vient parfaire les ambiances lumineuses. Le tout crée des atmosphères extraordinaires de subtilités et de nuances de couleurs.

En fond de scène, plusieurs panneaux écrans verticaux peuvent selon l'ambiance créer des images multiples ou constituer un écran géant. Ce jeu d'images montre en alternance les artistes sur scène et ou des illustrations de titres. De chaque côté de la scène, un écran intermédiaire et un écran plus grand permet au public éloigné de profiter de plans rapprochés. Ces cinq écrans sont les bienvenus dans cette immense salle.

Quant à la scène elle-même, pas de décor particulier. Chaque pupitre jouit bien évidemment de tout l'espace requis. Vu mon emplacement, je ne suis pas en mesure de détailler le matériel déployé, mais à quoi bon chacun peut aisément imaginer que Monsieur Tony Banks ne se contente pas de matériel Bontempi.

Dès les premières minutes de cette "Turn It On Again", des frissons m'ont envahi depuis la colonne vertébrale jusqu'à mes bras, des larmes d'émotions ont embués ma vue. Je sais, je suis un grand émotif et je ne m'en soigne même pas. Quel doux sentiment que de pouvoir s'abandonner à un tel enivrement, sans retenue ! Une spirale de sensations visuelles et sonores m'emporte dans un espace intemporel ; elles sont à la fois délicieuses et douloureuses. Certes le Phil a pris un sacré coup de vieux et ça fait mal. Mais son obstination à vouloir communier une dernière fois avec son fidèle public impose notre respect et relève de l'abnégation. Car il l'a dit lui-même, il n'a plus besoin de cette tournée pour subvenir à ses besoins, il le fait pour nous faire plaisir une dernière fois, tout simplement. J'aurais aimé un tel volontarisme de la part de Peter et de Steve, mais bon c'est comme ça épicétou.

Ma crainte en venant ce soir portait légitiment sur la crédibilité de la prestation de Phil. Sa voix n'a certes plus la prestance, ni la justesse, ni la tessiture assurée des 80's, mais elle reste identifiable et satisfaisante. En tout cas, sa prestation m'a paru honorable. Le soutien des choristes est le bienvenu, mais son rôle est juste de magnifier l'interprétation des titres emblématiques. Par ailleurs, il conserve son esprit espiègle et aime toujours communiquer, parfois avec un français hésitant, avec son public qui n'attend que cela.

Juste après "Duchess", il présente ses complices. Son émotion est visible lorsque Mike le présente à son tour et qu'il reçoit une ovation décuplée. En préambule à "Domino", il invite alternativement le public à sa gauche, à sa droite ou au centre, à répondre à ses invectives ! Une belle communion.

Mike et Tony ont pour leur part assuré leur pupitre à la fois stoïques et concentrés. Les images montraient parfois un rictus dénonçant un réel plaisir d'être là, mais pas d'exubérance ; ce n'est pas le genre de la maison. Leur talent est démontré sur toutes les séquences et c'est bien l'essentiel. Mike assure de bien belles partitions à la guitare ; je souligne tout particulièrement le final de "No Son of Mine".

Nic assure sa partie avec fougue et une redoutable efficacité qui peut rendre fier son papa.

Daryl n'a pas à rougir de sa prestation ; son style est certes différent de Steve mais à mon sens il mérite son pupitre dans ce groupe. Personnellement, je déplore même ce strapontin dont il doit se contenter depuis maintenant plus de quarante-huit années. Ce statut me rappelle celui de John Wesley au sein de Porcupine Tree.

En deuxième acte, les musiciens se sont regroupés au-devant de la scène pour interpréter quelques titres en semi-acoustique. Magnifique moment également.

Dans un espace aussi vaste, il est souvent difficile de créer une atmosphère festive et fusionnelle, d'autant plus que la fosse était constituée de rangées de sièges destinés à des admirateurs au moins aussi âgés que les artistes sur scène. La réaction du public fut à la fois chaleureuse et respectueuse. Les ovations n'étaient pas déchainées mais elles montraient cependant une réelle satisfaction de connaisseurs passionnés. L'auditoire n'a cessé de répondre aux incantations de Phil.

Quant au programme, comme d'habitude chacun pourra émettre un regret pour tel titre omis ou tel album insuffisamment visité, mais il faut reconnaitre que cent quarante-cinq minutes ont permis de sélectionner une belle brochette de titres magnifiques. Néanmoins, puisque c'est mon récit, je me permets de déplorer la surexposition de l'opus "We Can’t Dance" avec trois titres, alors que "Wind & Wuthering" mon opus favoris n'aura été évoqué qu'une seule fois. Plus globalement, les 70's n'ont été évoqué que sept fois.

Vingt-trois titres interprétés plus ou moins complètement ; cinq titres de "Invisible Touch" (1986), quatre titres issus de  "Genesis" (1983), quatre titres issus de  "Selling England by the Pound" (1973), trois titres issus de  Duke (1980), trois titres issus de  "We Can’t Dance" (1991), deux titres issus de  "The Lamb Lies Down on Broadway" (1974), un titre issu de  "And Then There Were Three…" (1978), un titre issu de "Wind & Wuthering" (1976).

PROGRAMME
Intro : Dead Already (titre de Tom Newman)
Behind the Lines / Duke's End (Duke, 1980)
Turn It On Again (Duke, 1980)
Mama (Genesis, 1983)
Land of Confusion (Invisible Touch, 1986)
Home by the Sea (Genesis, 1983)
Second Home by the Sea (Genesis, 1983)
Fading Lights (deux premier couplets) (We Can’t Dance, 1991)
The Cinema Show (deuxième moitié ; avec extraits de "Riding The Scree" & "In That Quiet Earth") (Selling England by the Pound, 1973)
Afterglow (Wind & Wuthering, 1976)
Partie acoustique
That's All (Genesis, 1983)
The Lamb Lies Down on Broadway (The Lamb Lies Down on Broadway, 1974)
Follow You Follow Me (…And Then There Were Three…, 1978)
Duchess (Duke, 1980)
(présentation du groupe)
No Son of Mine (We Can’t Dance, 1991)
Firth of Fifth (extrait instrumental) (Selling England by the Pound, 1973)
I Know What I Like (In Your Wardrobe) (extrait "Stagnation") (Selling England by the Pound, 1973)
Domino (Invisible Touch, 1986)
Throwing It All Away (Invisible Touch, 1986)
Tonight, Tonight, Tonight (deux premier couplets) (Invisible Touch, 1986)
Invisible Touch (Invisible Touch, 1986)
RAPPEL :
I Can't Dance (We Can’t Dance, 1991)
Dancing With the Moonlit Knight (Selling England by the Pound, 1973) (intro & premier couplet seulement)
The Carpet Crawlers (The Lamb Lies Down on Broadway, 1974)

.

 

dimanche 5 décembre 2021

LEPROUS - (...) – Elysée Montmatre (Paris 18) – 05/12/2021

Lorsque j'ai vu LEPROUS pour la première fois en concert, à l'occasion de la tournée promotionnelle de "Tall Poppy Syndrome", je ne connaissais d'eux que leur réputation, un peu de musique téléchargée et quelques vidéos. Suffisamment pour être positivement intrigué. Cependant, le 3 novembre 2010, j'allais à l'Elysée Montmartre surtout pour assister au concert de THERION. C'était donc une soirée cent pour cent Vikings ! Attisé par les discussions sur les réseaux spécialisés, j'avais hâte de vérifier la réputation de Leprous sur scène. A l'issue de leur prestation, je fus subjugué, autant par leur musique que par leur stature scandinave. La voix d'Einar plus souvent agressive que maintenant laissait déjà paraitre cette tessiture si étourdissante. Son charisme était encore accentué par  une apparence particulièrement impressionnante avec sa crinière sauvage. Je sentais bien qu'un virus venait de m'être inoculé. Onze années et un mois plus tard, quasiment jour pour jour, je les retrouve pour la neuvième fois avec mon admiration décuplée par un parcours musical toujours plus surprenant et inattendu.

Pour l'anecdote, le dernier concert de Leprous (25/02/20) auquel j'ai assisté fut l'un des trois derniers avant le début du confinement imposé par la Pandémie mondiale.

Fin mai, en achetant les tickets du concert je me disais bien qu'une part de risque n'était pas à négliger en cette période de pandémie décidément persistante. Mais je n'imaginais cependant pas un tel scenario. Ayant joué la veille à Londres, le groupe devait passer notre frontière pour rejoindre Paris. Mais les mesures sanitaires se sont durcies précipitamment au point de bloquer l'équipage, mettant en péril notre soirée. Le Brexit n'aura sans doute rien arrangé. L'heure approche et l'angoisse grandit, lorsque le groupe fait savoir qu'il jouera tout son programme ou pas du tout ; ce que j'approuve totalement sur le fond. Quelques minutes s'égrainent encore, avant de savoir que la soirée aura bien finalement lieu. Mais amputée de sa première partie, aux dépends donc des deux groupes malchanceux qui auront investi en vain dans cette affaire… De notre point de vue, c'était cela ou risquer de ne pas revoir Leprous avant un bout de temps. Par ces temps incertains, mieux vaut tenir que courir…

Sous la pluie, le vent et le froid, nous rejoignons une file d'attente déjà impressionnante ; il est vrai que le concert était annoncé complet. De toute évidence, il aurait fallu davantage d'adversité pour décourager les mélomanes présents devant le bel édifice !

LE SITE.

Comme souvent au 19ème siècle, c'est en tant que salle de bal que l'Élysée-Montmartre fut inaugurée en 1807. C'est même là qu'on y lancera de nouvelles modes : le fameux cancan ou encore le quadrille naturaliste. Puis beaucoup plus tard, dans les années 50, on y organise des combats de boxe et de catch. Sa façade, ainsi que le décor de la salle ont fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques le 4 mars 1988. Je me souviens encore des beaux ornements sculptés au plafond. Mais l'incendie du 22 mars 2011 a ravagé ses murs. Il aura fallu attendre 2016 pour sa réouverture, le 10 décembre avec Marillion, en ce qui me concerne. Elle est désormais en capacité d'accueillir 1 380 personnes.

Mais au-delà de cet historique, c'est un lieu qui compte pour moi puisque j'y ai assisté à 29 évènements, dont 60 concerts depuis le 18 mai 1988… J'y ai laissé beaucoup d'énergie et de sueur, vous pouvez me croire !

LA SOIREE.

Par respect pour ces malheureux musiciens qui auront été sans doute frustrés et pénalisés de ne pas pouvoir s'exprimer ce soir, je considère devoir évoquer au moins leur existence et leur présence physique (ils me faisaient pitié à leur échoppe, oubliés de tous ou presque).

WHEEL [XXhXX-XXhXX].

Wheel est un quatuor prog-metal finnois, originaire d'Helsinki, comprenant James Lascelles (chant et guitare), Jussi Turunen (guitare), Santeri Saksala (batterie), et Aki ‘Conan’ Virta (basse).

De ce que j'ai pu écouter sur les réseaux, ils me paraissent comparables à TOOL. On me parle aussi de Karnivool que je ne connais pas.

Après un premier album "Moving Backwards" paru en février 2019, ils viennent de sortir leur deuxième album "Resident Human" le 26 mars 2021. Ils étaient en vente à leur échoppe mais je me suis abstenu, faute d'avoir pu vérifier mes (bonnes) impressions…

AIMING FOR ENRIKE [XXhXX-XXhXX].

Aiming For Enrike est un duo norvégien, originaire d'Oslo, composé de Tobias Ørnes Andersen (batterie) et Simen Følstad Nilsen (guitare).

C'est également en consultant les réseaux que j'ai pu découvrir leurs titres aux sonorités électroniques qui peuvent paraître un peu répétitifs : l'usage d'effets de boucles et de séquences diverses entretient cette impression. Cela dit ce n'est pas désagréable à entendre et il est permis d'imaginer que ce duo aurait pu meubler une première partie de soirée…

Un quatrième album intitulé "Music For Working Out" est paru le 10 janvier 2020. Un monoplage "Steam Yoga City" est paru en 2021.

LEPROUS [21h00-22h50]

LEPROUS avait mis la barre très haute lors des deux concerts de leur tournée "Pitfalls", tout particulièrement au Cabaret Sauvage, le 12 novembre 2019 ; on pouvait légitiment se demander s'il serait à nouveau capable d'atteindre une telle intensité.

Pour rappel, le groupe norvégien a été fondé en 2001 par Einar Solberg (chant, claviers, depuis 2001) et Tor Oddmund Suhrke (guitares, chœur, depuis 2001), est actuellement composé de Baard Kolstad (batterie, depuis 2014), Simen Børven (basse, chœur, claviers occasionnel, depuis 2015) et Robin Ognedal (guitares, chœur, depuis 2017). Pour marquer le caractère exceptionnel de cette tournée ils ont invité Tobias Ørnes Andersen, batteur pour Leprous sur le "Tall Poppy Syndrome" (2009), "Bileteral" (2011) and "Coal" (2013)".

Cette tournée d'automne, intitulée "From Early Demos to Aphelion" a vocation à célébrer le 20ème anniversaire du groupe. Mais chaque date est soumise à une pression particulière en cette période de pandémie persistante. Les risques financiers sont importants et nous leur savons gré de maintenir cette tournée. Gageons cependant que la promotion de leur septième opus "Aphelion", paru ce 28 Aout 2021, fera l'objet d'une autre tournée. Si Leprous est notre soleil, alors nous scruterons les cieux pour ne pas demeurer à leur aphélie (rhôôlàlààà ca y'est je sors ma science !).

Je m'estime plutôt bien placé dans la fosse, à distance raisonnable de la scène, au centre.

Les premières minutes m'ont fait craindre le pire ; la sonorisation me parut excessivement puissante et brouillonne au point de m'empêcher de reconnaitre " Silent Waters" titre auquel je m'étais pourtant préparé depuis deux jours (j'avais consulté le programme des dates précédentes, histoire de me rassurer). J'ai même peiné à reconnaitre "Passing" qui, il est vrai, a été remodelé. Fort heureusement, le son fut ensuite équilibré par la console qui, circonstance atténuante, avait eu peu de temps pour préparer la soirée. Einar remerciera, entre deux chansons, l'ensemble des techniciens pour leur travail admirablement effectué en une demi-heure.

L'éclairage m'a paru somptueux ; les chasseurs d'images auront pu s'en donner à cœur-joie ! Même moi avec mon simple S9 ! Le fond de scène est garni d'un écran géant diffusant des beaux plans fixes et mobiles en rapport avec les différentes couvertures d'album.

Cela fait plaisir de voir enfin Leprous sur une scène large et profonde, digne de leur rang et qui répond au besoin d'espace de ces gaillards nordiques.

Ce n'est donc qu'avec le titre "Passing" que j'ai commencé vraiment à ressentir du plaisir. Plaisir tempéré en réalisant que le programme serait écourté en raison du retard. C'est donc avec une certaine frustration que le public parisien aura dû se passer de "Eye of the Storm" et de "Disclosure" (Aeolia) ainsi que de "Painful Detour" (Bilateral). Mais dès le troisième titre, on assiste aux surprises ; les deux batteurs amplifient les rythmes trépidants de "Dare You" et final laissant paraitre un trompettiste dont les sonorités m'ont semblé bienvenues. Musicien dûment présenté par Einar mais dont je n'ai pas capté le nom hélas (si quelqu'un pouvait me renseigné sur ce point ce serait constructif !).

Car en effet, encore une petite déception, le violoncelliste canadien Raphael Weinroth-Brown, qui  participait aux activités du groupe depuis 2017, est absent. C'est très dommage sur le principe, surtout pour une tournée sensée honorer l'histoire du groupe, mais on ne peut pas dire que cela ait beaucoup nui aux interprétations qui ont été adaptées en conséquence. Un trompettiste le remplace cette fois, la prochaine nous aurons peut-être un trombone à coulisse, un accordéon et pourquoi pas un biniou…Mais là je m'égare, j'en conviens. Quoique. Bref, le cuivre interviendra sur plusieurs titres (détail ci-dessous), le plus souvent audible en dépit du déluge ambiant.

Je détaille dans le programme ci-dessous l'alternance des interventions des deux batteurs, mais je peux dire que leur présence simultanée était toujours particulièrement impressionnante ! Einar se charge le plus souvent des claviers mais il cède volontiers ce pupitre à Tor, Robin et Simen lorsqu' il souhaite se concentrer sur son chant. Preuve, si nécessaire, que nous avons à faire à d'excellents musiciens multi-instrumentistes.

Je ne peux pas relater ce concert sans souligner une nouvelle fois mon admiration pour la voix d'Einar, dont le timbre et la tessiture sont simplement exceptionnels. Il maitrise parfaitement l'usage de ses cordes vocales pour faire ressortir toutes les nuances nécessaires, distillant opportunément les voix gutturales et les voix claires. J'ai encore prêté une attention toute particulière à ses interventions sans jamais déceler d'erreur ni d'excès, sauf à considérer les passages les plus rugueux du répertoire.

Baard était d'une exubérance sans doute attisée par la présence de son prédécesseur à ses côté, mais quelle frappe, quelle énergie ! Quant à Tor, Robin et Simen, à la fois appliqués et impliqués, ont largement contribué à exacerber l'exaltation des mélomanes par leurs interventions millimétrées. Et physiquement leur stature imposante est accentuée lorsqu'ils montent sur les cubes pour haranguer le public.

Enorme prestation, acclamée comme il se doit par un auditoire d'autant plus enthousiaste qu'il a conscience que le concert aurait pu ne pas avoir lieu, tout simplement… Public plus hétéroclite que de coutume, remuant et exubérant mais respectueux, pas chahuteur, laissant chacun vivre la musique à sa guise. Une belle communion avec les artistes qui saluent en manifestant leur soulagement avec des sourires évidents. Pour ma part, ma satisfaction est un peu ternie par ces incidents certes indépendant de leur fait. Mon meilleur souvenir restera la parfaite prestation du Cabaret Sauvage.

A la base, le programme prévu m'avait paru très judicieux avec dix-huit titres survolant ces vingt années. Mais les circonstances nous ayant hélas couté trois titres, il me restera la satisfaction d'entendre trois titres du magnifique "Pitfalls" dont mon préféré absolu ; le sublime et renversant "Distant Bells" !

"Distant Bells"
Le groupe, pressé par le délai de fermeture de la salle, ne s'attarde pas à attendre le rappel du public, conquis de toute façon. Il enchaine assez vite avec le titre final "The Sky Is Red", toujours aussi enivrant. S'il y a bien moment durant lequel le violoncelliste manqua particulièrement, c'est bien celui-là. Nonobstant, j'aurais bien vu le trompettiste reprendre le thème lancinant sur la partition finale ; mais non, il est seulement revenu partager la scène à la toute fin, pour émettre quelques sons à peine audible pour le coup… Pas grave, c'était l'occasion de retrouver tous les musiciens pour un dernier salut ! Vu les circonstances, 1h50 de concert ce n'est déjà pas si mal, mais on en redemande !

PROGRAMME : Retardé et écourté en raison de la tenue du groupe en Angleterre à cause des mesures sanitaires.
Silent Waters (Silent Waters, 2004)
Eye of the Storm (Aeolia, 2006)
Disclosure (Aeolia, 2006)
Passing (Tall Poppy Syndrome, 2009) (Tobias Ørnes Andersen seul à la batterie)
Dare You (Tall Poppy Syndrome, 2009) (avec Baard et Tobias aux batteries et trompette pendant le final)
Forced Entry (Bilateral, 2011) (avec Baard Kolstad ; Tobias durant le début)
Painful Detour (Bilateral, 2011)
Foe (Coal, 2013) (avec Baard Kolstad et Tobias)
The Valley (Coal, 2013) (Tobias Ørnes Andersen seul à la batterie)
The Price (The Congregation, 2015)
Slave (The Congregation, 2015) (avec Baard Kolstad et Tobias)
Bonneville (Malina, 2017)
From the Flame (Malina, 2017)
Below (Pitfalls, 2019) (Tor & Robin aux claviers pendant l'intro ; trompette dans la section médiane)
Distant Bells (Pitfalls, 2019) (avec trompette ; Simen aux claviers pendant l'intro et le pont)
Out of Here (Aphelion, 2021) (avec trompette ; Tor aux claviers)
Nighttime Disguise (Aphelion, 2021) (avec trompette).
RAPPEL :
The Sky Is Red (Pitfalls, 2019) (avec Baard & Tobias ; trompette pour le final).




mardi 30 novembre 2021

STEVE HACKETT– Salle Pleyel (Paris 8e) – 30/11/2021.

Ce concert revêt une saveur particulière puisqu'il s'agit du premier ticket acheté avant la pandémie, dont l'évènement avait été maintenu mais reporté. Mon côté parano me portait à m'inquiéter de l'accès, mais finalement un simple passeport vaccinal devait accompagner le sésame désignant des sièges maintenus.

LE CADRE

C'est toujours une grande satisfaction de se rendre à la salle Pleyel, car ce véritable auditorium, est confortable, accueillant et surtout doté d'une acoustique irréprochable. Inaugurée en 1927, dans un style art déco, elle est située dans le 8e arrondissement de Paris, au 252 rue du Faubourg-Saint-Honoré. Plusieurs fois rénovée, elle est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 3 septembre 2002. Depuis 2016, après onze mois de travaux, la salle Pleyel peut désormais accueillir deux mille personnes assises (voire cinq cents de plus en escamotant les sièges de sa fosse amovible).

L'ouverture des portes à 19h permet à la horde de laisser la fraicheur automnale à l'extérieur. Une moyenne d'âge élevée est trahie par beaucoup de calvities, de poils gris. Cet honorable entourage me rappelle d'ailleurs que je me raserais bien la barbe, histoire de dissiper cette fâcheuse marque du temps !

L'évènement est annoncé complet, mais les places sont numérotées donc aucun stress, nous pénétrons dans l'antre du bonheur, à la fois excités et calmes (si, c'est possible !). Nos sièges sont en fosse, à quelques rangs de la scène, excentrés sur notre droite, du côté de l'emplacement du bassiste. Donc relativement proches des enceintes acoustiques latérales, mais nos craintes à ce sujet seront vite dissipées.

Rappelons brièvement l'essentiel du parcours du Monsieur. En 1971, Steve Hackett remplace Anthony Phillips au sein de Genesis. Il accompagne alors l'âge d'or du groupe anglais. Cependant ses idées artistiques ne sont pas assez reconnues selon lui et les choix des autres l'agacent. Son premier album solo "Voyage of the Acolyte" paraît en 1975. Fin 1976, au terme de l'enregistrement de l'album "Wind and Wuthering" ses petits camarades s'opposent à y intégrer le titre "Inside and Out" qui sera relégué en face B du monoplage "Spot the Pigeon" (13:23) paru en mai 1977. La frustration de Steve s'accentue d'autant plus lorsque ce titre sera joué pendant la tournée suivante … et fera même l'objet d'un magnifique solo de Tony. Il finit par quitter Genesis au terme de la tournée de "Wind and Wuthering", alors que "Seconds Out", l'enregistrement du concert parisien, est en phase de mixage.

Il avait donc 27 ans, il en a maintenant 71 mais ne semble en souffrir en aucune manière. Nous, si. Je confesse ne pas avoir suivi cette carrière, mais j'observe que son 28ème opus, intitulé "Surrender of Silence", paru ce 10 septembre 2021, semble accueilli diversement par la Critique. Pour ma part, je n'ai écouté qu'un titre qui ne m'a pas emballé plus que cela… Mais bon, je ne pense pas être le seul ce soir à me déplacer pour le volet antérieur de sa carrière !

Après une vaine tentative de reformation de Genesis, avortée en 2007, il décide en octobre 2012 de réarranger quelques titres en faisant paraitre "Genesis Revisited II". Constatant le succès recueilli, il décide fort opportunément de continuer à rendre hommage à cette période sur les tournées suivantes. C'est ainsi que j'ai pu le voir en tête d'affiche du Be Prog My Friend festival le 30 juin 2018. Ses complices étaient déjà les même que ce soir, à l'exception du batteur Gary O'Toole.

LE CONCERT [21h10-23h].

Il a toujours su s'entourer de très bons (voire excellents) musiciens pour l'accompagner ; cinq d'entre eux sont avec nous ce soir sur scène : les deux Suédois Nad Sylvan (chant - Agent Of Mercy) et Jonas Reingold (basse – The Flower Kings) ainsi que Roger King (claviers - The Mute Gods), Rob Townsend (saxophone, clarinette, flute) et Craig Blundell (batterie - Steven Wilson, Pendragon, Frost…).

L'acoustique de la salle étant idéale, il restait à l'ingénieur du son à faire son boulot. Et sur ce point aussi la perfection fut au rendez-vous. La sonorisation fut parfaitement équilibrée. De notre place nous aurions pu souffrir du moindre excès, mais la puissance fut relative et chaque pupitre fut respecté.

Pas d'artifice particulier pour cette vaste scène ; aucun écran, ni fond de scène. Deux plateformes relèvent le pupitre des claviers à notre gauche et celui de la batterie à notre droite. L'éclairage m'a paru soigné, même s'il est clair que Steve ne peut rivaliser avec les moyens d'un groupe comme Genesis. En tous cas, il fut suffisant pour mettre en valeur ces artistes ainsi que toute la complexité des atmosphères.

Ce bel écrin nous a permis de participer pleinement à l'invitation aux voyages de ces musiciens talentueux. Steven entretient la communication avec son public ; parfois en français, plus souvent en franglais, ce dont il s'excuse volontiers. Personne ne lui en tiendra rigueur : les anglais faisant cet effort ne sont légions !

Durant une quarantaine de minutes, il nous interprète quelques titres choisis parmi ceux issus de son parcours solitaire. Choix qui écarte totalement quatre décennies (80's 90's 00's 10's). Je me régale sincèrement, même si je connais peu ces titres, exceptés l'immanquable, le sublime "Shadow of the Hierophant", dont il joue ici une version instrumentale et écourtée. L'effet crescendo du final est probablement astucieusement accentué par l’ingénieur de son, car les pédales de basses actionnées par Jonas nous fait vrombir les poumons ! Un pur bonheur auditif !!

On aurait apprécié une première partie de soirée un peu plus longue. Mais la frustration est tempérée par l'assurance d'une seconde partie plus dense encore.

Un entracte d'une demi-heure permet aux mélomanes d'échanger les premières impressions.

Ponctuel, les artistes reviennent pour la suite tant attendue.

Ce volet de la prestation de Monsieur Hackett était le plus attendu par l'auditoire. Et nous ne serons pas déçus. Quelle sensibilité émouvante (touchés mesurés, nuances et notes délicatement distillées), quelle technique remarquable ! On n'est pas dans la démonstration technique et pourtant le virtuose peut montrer toute l'étendue de son talent. Ses bases classiques se mêlent à ses influences de jazz et à ses humeurs éthérées. Evidemment, les mélomanes avertis observent les fameux tapotements -ou "taping" pour les anglicistes- exercice de jazz dont il peut légitiment revendiquer au moins la popularisation ! Un vrai régal pour nos sens … Pour le reste, quelles que soient les regrettables raisons de sa séparation du groupe légendaire, on peut apprécier la capacité de Steve Hackett à réarranger les titres qu'il a coécrits pour Genesis. De nombreux segments font l'objet d'improvisations admirables.

Mais le monsieur est suffisamment intelligent pour laisser ses complices scéniques s'exprimer dès que possible. A commencer par le plus exubérant Rob Townsend, dont les multiples compétences lui permettent d'alterner la clarinette soprano, le saxophone, les flûtes et parfois même des percussions. Ce multi-instrumentiste est issu de l'univers Jazz et cela s'entend. Nous aurons tout particulièrement apprécié le duo avec Steve Hackett lors de "Firth of Fifth".

L'autre duo notable avec Rob fut aussi celui avec le non moins talentueux Jonas Reingold. Ô bien sûr, on pourra prétendre que mon impression était causée par ma proximité visuelle, mais non. Honnêtement, ce son de basse, cette dextérité, cette complexité de jeu, se sont imposés à mes oreilles durant toute la soirée ! Parfois même au détriment du reste, je le confesse volontiers. Même en soutien six cordes, sa présence est perceptible. Impressionnant. Il fallait bien un tel niveau pour arriver au niveau de Mike Rutherford, titulaire du pupitre à la genèse de ces titres.

Quant à la lourde tâche de se substituer à Tony Banks aux claviers, elle incombe à ce brave Roger King qui ne démérite pas non plus. La multitude des accords, des mélodies est interprétée le plus souvent au plus près des originaux, même si quelques écarts n'ont pas échappé aux puristes. En tous cas, ma perception de relatif néophyte fut excellente.

Je revois aujourd'hui Craig Blundell pour la neuvième fois (sept fois au sein de Steven Wilson 2015-18, et une fois au sein de Pendragon, 2014). Il faut croire que son talent est reconnu, car ses recrutements ont toujours été motivés par le remplacement de hautes pointures ! Pourtant, son arrivée au sein de Pendragon avait peiné à me faire oublier la frappe de Scott Higham qui m'avait paru moins brutale et plus subtile. Son arrivée au sein du groupe de Steven Wilson avait peiné à me faire oublier la frappe de Marco Minnemann qui m'avait paru nettement plus inspirée, plus subtile et plus fouillée. Et, là pas d'bol, le voilà devant moi aujourd'hui une fois de plus en comparaison avec un autre illustre batteur, Phil Collins !! C'est franchement injuste, car il ne manque bien évidement pas de qualités à son pupitre ! A l'occasion de ses années Wilson, j'avais fini par l'admettre. Je lui dois donc bien des éloges pour sa prestation de ce soir. Car son style et sa technique semblent adaptés aux rythmes requis par Steve Hackett ; il a su me convaincre encore cette fois de son talent indéniable. Durant l'ensemble du concert il a parfaitement rythmé chacune des atmosphères voulues par le Patron, avec toute la rigueur et toutes les subtilités requises. Cette impression fut confirmée par un solo dantesque qui résuma toute l'étendue de son talent.

Quant à Nad Sylvan, à qui incombe la lourde responsabilité d'assumer les chants, succédant ainsi à Peter Gabriel et Phil Collins, il s'en sort plutôt bien. Son timbre colle parfaitement, en se situant entre les deux titulaires historiques. Cependant, sa tessiture me semble parfois relativement limitée, surtout dans les aigus. Habité par les textes, il est expressif. Mais campé dans sa zone, il me semble toutefois peu mobile et manquer de charisme ; il s'absente souvent pour laisser s'exprimer les segments instrumentaux.

Une belle complicité semble nouer les protagonistes, chacun peut s'épanouir dans son rôle, ce qui dégage une sensation de cohérence. Ce n'est pas une mince observation lorsqu'on mesure toute la densité harmonique des œuvres et son rendu sur scène !

Le public, manifestement constitué de connaisseurs, ne s'y est pas trompé ; les réactions furent à la fois enthousiastes et respectueuses. Les mines ravies des spectateurs répondent à celles des musiciens qui saluent longuement leur public. Indéniablement, nous venons de vivre une grande soirée musicale.

Le concert se sera donc déroulé en deux parties distinctes ; cinq titres tirés de ses opus hors Genesis, puis après l'entracte, les douze titres issus du mythique "Seconds Out" et un treizième inséré juste avant le rappel. Les puristes auront pu déplorer l'absence d'autres titres interprétés durant la tournée ; à l'instar de l'album, il manqua "One for the Vine", "Inside and Out", "In That Quiet Earth", "Eleventh Earl of Mar" et "Knife". Encore un choix artistique frustrant, mais bon, sachons raison garder, ce second acte aura tout de même duré 1h50 ! … et on n'a pas vu le temps passer !!

TITRES
ACTE 1 : hors Genesis.
Clocks - The Angel of Mons (Spectral Mornings, 1979)
Held in the Shadows (Surrender of Silence, 2021)
Every Day (Spectral Mornings, 1979)
The Devil's Cathedral (Surrender of Silence, 2021)
Shadow of the Hierophant (seulement la fin instrumentale, Voyage of the Acolyte, 1975).
ACTE 2 : Seconds Out.
Squonk (A Trick of the Tail, 1976)
The Carpet Crawlers (comprenant le premier couplet qui manquait sur, "Seconds Out") (The Lamb Lies Down on Broadway, 1975)
Robbery, Assault & Battery (A Trick of the Tail, 1976)
Afterglow (Wind and Wuthering, 1976)
Firth of Fifth (comprenant une intro piano, qui manquait sur "Seconds Out"; le pont à la flute traversière jouée au saxophone soprano) (Selling England by the Pound, 1973)
I Know What I Like (In Your Wardrobe)  (comprenant des solos et variations au saxophone, batterie et basse, avec une subtile allusion à "La Marseillaise" de Rouget de Lisle) (Selling England by the Pound, 1973)
The Lamb Lies Down on Broadway (Lamb Lies Down on Broadway, 1975)
The Musical Box (section finale debutant par "She's a Lady") (Nursery Cryme, 1971)
Supper's Ready (Foxtrot, 1972)
The Cinema Show (Selling England by the Pound, 1973)
Aisle of Plenty (Selling England by the Pound, 1973).
RAPPEL
Dance on a Volcano (A Trick of the Tail, 1976)
Solo de batterie de Craig
Los Endos / Slogans / Los Endos (A Trick of the Tail, 1976).

Les mélomanes passionnés s'attardent sur le trottoir, histoire d'atterrir en douceur par ce froid de canard. Allons, une petite descente de l'avenue des Champs Elysées illuminée nous aidera à entretenir une ambiance festive. Ma prochaine étape avec  ce maître de la guitare est déjà inscrite sur mon calendrier, ce sera au festival Night of the Prog de Loreley en juillet 2022. Si tout va bien.



lundi 15 novembre 2021

MOLYBARON – La Boule Noire (Paris 18) – 15/11/2021.

Dégât collatéral de cette maudite pandémie, l'année 2021 n'avait coché qu'un seul concert de metal ; celui de Welcome-X au Triton le 2 juillet dernier ! L'annonce de cet évènement constitue donc une piqûre de rappel bienvenue. La démarche promotionnelle nécessitait dans un premier temps de participer à un tirage au sort pour un nombre d'invitation limitée. N'étant pas particulièrement chanceux aux jeux, j'ai joué, j'ai perdu et renoncé à m'y rendre. Puis le compte Molybaron m'a finalement recontacté pour profiter des places restantes, le seuil ayant été relevé. Ouf, j'ai séché mes larmes et repris l'entrainement pour vivre de nouvelles émotions intenses !

Le seul bémol dans l'histoire, c'est de devoir remonter au Nord de Paris dans cette salle que je n'apprécie guère en termes de sonorisation.

La Boule Noire est une salle de spectacles jouxtant La Cigale, au sein du quartier Montmartre qui regroupe plusieurs autres salles de concert. Elle existe depuis 1822 et tire son nom d'une boule blanche qui surplombait son portique d'entrée ; devenue noire et encrassée, elle donna finalement le nom à l'établissement. D'abord une salle de bal, celle-ci est démolie en 1887 pour être remplacée par La Cigale. Cette dernière a été segmentée en 1905 avec un grand bar sur sa droite ; la Boule Noire n'a donc pas été conçue comme un auditorium. Cependant, d'une capacité d'accueil de 200 personnes, elle constitue désormais un site encore relativement accessible aux groupes en quête de notoriété.

A l'instar de la Maroquinerie, c'est loin d'être mon espace préféré, m'enfin son propriétaire a au moins le mérite de maintenir des concerts attractifs. Celui du Divan du Monde, tout proche, ne peut pas en dire autant.

MOLYBARON [20h55-22h05].

Ce quatuor irlando-français fut cofondé fin décembre 2014 à Paris par Gary Kelly (né à Dublin, guitare et chant, depuis 2014), et Steven Andre (guitare, depuis 2014). Ils sont entourés de Sébastien de Saint-Angel (basse, depuis 2015), et Camille Greneron (batterie, depuis 2019). Pour l'anecdote, l'origine du nom de groupe fut inspiré d’une chanson de Thin Lizzy (Whiskey in the Jar, "I like sleepin', 'specially in my Molly's chamber" et d’une chanson de Mastodon (The Last Baron).

Les textes sont anglophones, mais je ne peux pas en vouloir à ce groupe binational, puisque c'est la langue maternelle du chanteur. Leur premier album, auto-publié et éponyme, est paru en mai 2017. Positivement remarqué lors de nombreuses prestations, la notoriété de Molybaron est vite amplifiée par les réseaux sociaux. Tant et si bien que j'avais déjà hâte de les voir pour la première fois sur la scène du Raismesfest, ce 14 septembre 2019. Leur prestation énergique et convaincante fut pour moi la confirmation qu'il s'agissait d'un groupe à suivre… J'avais immédiatement acquis le premier opus à leur échoppe.

Leur deuxième album, intitulé "The Mutiny", est paru le 21 mai 2021. Leur potentiel semble enfin remarqué puisque le groupe a signé un contrat cette année avec le label Inside Out Music (Sony Music) ; ce qui a abouti à rééditer l'album ce 29 octobre 2021, et à relancer sa promotion. Notamment, donc, avec cette soirée promotionnelle, qui leur permet de remonter sur une scène pour la première fois depuis vingt mois. L'accès, limité aux invités, est matérialisé par un vrai beau ticket, à l'ancienne ! Le fétichiste, nostalgique des tickets traditionnels est absolument ravi !

L'affluence permettra de remplir la salle, mais auparavant nous avons pu nous placer au premier rang, face à l'emplacement du bassiste.

L'acoustique de la salle s'est révélée moins mauvaise que je le craignais. Mes deux précédentes venues ici m'avaient laissé un souvenir médiocre, cependant le son m'a semblé cette fois (un peu trop) puissant mais suffisamment audible pour distinguer les quatre pupitres, à l'exception peut-être du micro qui parut parfois sous-mixé de notre point d'écoute. Les protections auditives m'ont paru devoir s'imposer.

L'éclairage est réduit au périmètre de la scène, ce qui limite un peu la luminosité, mais sans trop d'incidence pour les chasseurs d'images. En conformité avec le thème de "The Mutiny", les teintes rouges sont dominantes. En fond de scène, le nom du groupe s'affiche multicolore sur toute la largeur.

La scène est un peu exiguë mais néanmoins les trois cordes ont pu se mouvoir et intervertir leur positionnement à leur gré.

Les musiciens semblent heureux et impliqués. On sent qu'il règne un climat serein et épanoui, soutenu il est vrai par une phase ascendante de notoriété. Ça aide.

La réaction du public s'en ressent fatalement et l'ambiance est festive. Pour ma part, je ressens particulièrement la puissance jouissive de leur section rythmique présente dans tous les titres. Le bassiste tricote sans cesse, quand le batteur martèle inlassablement un rythme effréné et particulièrement entrainant. Les deux guitares alternent les soli incisifs et nerveux. Le chanteur, qui ne voulait pas l'être au commencement du groupe, chante avec une voix claire, identifiable, éloquente, et rageuse. Les chasseurs d'images dans la fosse peinent à conserver leur cadre tant ça bouge frénétiquement. Faut avouer que cette atmosphère soulage les esprits frustrés de concerts alors que la pandémie perdure.

Comment définir la musique de Molybaron ? Difficile de poser une étiquette (et à quoi bon d'ailleurs) ; pour se faire une idée du cocktail, je pourrais remplir un récipient avec des extraits énergétique de The Almighty, de Audrey Horne, de Rammstein, de Metallica, puis des extraits mélodique de Rush, de Thin Lizzy, de Muse (mais survitaminé) ou encore de Radiohead (mais survitaminé aussi hein !), puis après avoir secoué le tout, on pourrait obtenir un effet équivalent. Mais, la comparaison est difficile car Molybaron a trouvé un son qui lui est bien particulier.

Les titres concis et nerveux s'enchainent avec peu de répit, si bien que la fin nous semble prématurée. Et elle l'est, puisque la prestation n'aura pas excédé 70 minutes. Certes, c'est un concert gratuit, mais quand même, on aurait apprécié davantage de titres, quitte à interpréter des reprises…

Douze titres ont été délivrés ce soir (davantage si on compte le rappel bonus) ; huit issus de "The Mutiny" et quatre de "Molybaron".

PROGRAMME
Animals (The Mutiny, 2021)
Twenty Four Hours (The Mutiny, 2021)
Fear Is Better Business Than Love (Molybaron, 2017)
Prosperity Gospel (The Mutiny, 2021)
Amongst The Boys And The Dead Flowers (The Mutiny, 2021)
Moly (Molybaron, 2017)
Let's Die Together (Molybaron, 2017)
Lighthouse (The Mutiny, 2021)
Something For The Pain (The Mutiny, 2021)
Slave To The Algorythm (The Mutiny, 2021)
RAPPEL :
Lucifer (The Mutiny, 2021)
Incognito (Molybaron, 2017)
RAPPEL :
Animals (The Mutiny, 2021) (bis)
…. (…)

Voilà une superbe soirée dont nous avions tous bien besoin ! Les musiciens se rendent disponibles à l'échoppe, dans une joyeuse pagaille dont je ne cherche pas à m'approcher ; j'ai déjà les deux CD et j'apprends que le t-shirt qui m'aurait intéressé est épuisé ! Tant mieux pour eux. De toute façon, j'aurais préféré qu'il soit floqué pour l'événement, à défaut de la tournée… Je me prends juste une mousse que je porte à leur santé ; ils le méritent bien.