vendredi 3 juin 2022

MOSTLY AUTUMN – Spirit of 66 (Verviers, Belgique) – vendredi 3 juin 2022

LE SITE

Relativement éloignée de Paris (environ 400km/4heures de routes), sise dans la province belge de Liège, place du Martyr, 16 à Verviers (4800), cette salle attirait mon attention depuis quelques années déjà, souvent inscrite dans les programmes de tournées de mes artistes favoris. La ville est arrosée par la Vesdre, ce dont ce serait bien passé le Spirit of 66 en juillet 2021, lorsque des inondations monstrueuses ont tout dévasté. J'ai bien cru alors que mon objectif tomberait aux oubliettes ...

Une petite recherche historique m'apprend que depuis juin 1995, cet emplacement d'un ancien cinéma a dans un premier temps cherché sa vocation, d'abord simple salle de spectacles locaux. Petit à petit, grâce à Francis Geron, son rayonnement déborde largement de la région de Liège.

Le Spirit of 66, dont la décoration se réfère logiquement à la célèbre route américaine, organise entre 15 et 20 concerts par mois, ce qui fait de cette salle une des plus actives de Belgique. D'une capacité d'accueil de 350 personnes, elle peut légitimement s'enorgueillir d'avoir accueilli de nombreux artistes, tels que Camel, Caravan, Glenn Hughes, Uli Jon Roth, Uriah Heep, Porcupine Tree, Saga, Status Quo, Steve Hackett, Steve Howe, Ten Years After, Tony Levin, …

Il m'aura fallu attendre ce concert pour enfin mettre les pieds dans ce lieu devenu mythique ! L'extérieur ne paie vraiment pas de mine ; la façade ferait davantage penser à ce qu'il était à l'origine ; un p'tit cinéma de quartier aujourd'hui délabré…  Mais en s'approchant, on tombe sur les affiches de programmation avec envie et admiration. Une fois à l'intérieur nous tombons sous le charme. Le bar est magnifique, la salle est fort bien agencée surplombée d'une mezzanine accessible par un escalier latéral, en bois. A l'image de la taille de l'auditorium, la scène n'est pas bien grande mais sa profondeur permettra quand même d'accueillir les sept musiciens sans inconfort !

LE GROUPE

MOSTLY AUTUMN, originaire de York, (North Yorkshire) s'est formé au milieu des années 1990, alors que ses membres fondateurs reprenaient principalement des titres de Pink Floyd. Au fil du temps et des changements d'effectifs, leur musique s'est forgé une identité, semblant fusionner Pink Floyd et Fleetwood Mac, mêlant avec brio des thèmes folkloriques traditionnels celtiques, du rock puissant et mélodique.

Ce soir, autour des deux cofondateurs Bryan Josh (chant et guitares, depuis 1995), et Iain Jennings (claviers, de 1995 à 2005, puis depuis 2010), nous retrouvons Olivia Sparnenn-Josh (chant principal depuis 2010, mais chœurs, percussions, flûte à bec, depuis 2004), Angela Gordon (flûtes, claviers, percussions, et chœurs, de 1999 à 2007, et depuis 2015), Chris Johnson (guitares rythmiques et acoustiques, chant, claviers, de 2006 à 2007, et depuis 2014), Andy Smith (basse, depuis 2000) et de Henry Rogers (batterie, depuis 2018).

Depuis 1998, MOSTLY AUTUMN a produit quatorze albums, le dernier étant le superbe "Graveyard Star" paru le 24 septembre 2021.

Et pourtant, j'ai tardé à connaître leur talent. Je voyais leur nom apparaitre plus souvent qu'à leur tour dans les débats de mes amis mélomanes sur les réseaux sociaux. Impardonnable, en octobre 2018, je n'étais pas allé à la sixième édition du festival prog en Beauce … Bref, il aura fallu toute la bienveillante insistance de Pascal (Il se reconnaitra ; merci !) pour que je tombe enfin sous le charme avant de me décider de partir à l'Aventure, avec ma P'tite Fée elle aussi séduite !

LE CONCERT

Nous parvenons sans difficulté à nous positionner au premier rang, toujours confronté au même dilemme entre cette place de choix pour observer les musiciens de près, et une place à proximité de la console de sons qui garantirait une acoustique idéale… Mais bon, nous sommes en phase découverte et nous restons en compagnie de nos amis pour partager nos émotions au plus près de l'action !

MOSTLY AUTUMN [20h30-21h30 – 21h53 -- 23h14].

La sonorisation s'avère satisfaisante, en dépit de notre (relative) proximité avec la batterie ; la voix d'Olivia peine à être perceptible au début de la prestation mais cette impression s'estompera heureusement au fil du concert. A l'instar de chaque pupitre, d'ailleurs ; Un pur régal auditif à la hauteur de leur exigence portée sur la qualité de leurs harmonies.

L'éclairage n'est pas bien riche mais suffit cependant à mettre en valeur les artistes dans les atmosphères requises. Suffisant en tous cas pour assurer de beaux clichés aux chasseurs d'images. Pas d'écran, ni de fond de scène ; The Spirit of 66 s'inscrit fièrement sur le mur.

J'hésite à me lancer dans une description de leur prestation, comme souvent lorsqu'il s'agit d'évoquer une telle densité d'atmosphères exprimées avec tant de talent. Comme toujours, rien ne vaut le vécu ; mon modeste récit ne peut que soutenir la mémoire de ceux qui l'auront vécu réellement, mais j'ambitionne qu'il donne envie aux curieux d'en savoir davantage sur ces anglais. Car leur faible notoriété à ce stade de leur existence est tout simplement scandaleuse.

Dès l'entrainant titre d'introduction (Tomorrow Dies), l'auditeur comprend que la voix d' Olivia Sparnenn tient une place prépondérante dans la sidération pour la musique du groupe. Quel timbre magnifique ! Quelle éloquence dans l'expression du chant, dans les nuances et vibratos émouvants !! Une puissance vocale maitrisée à merveille qui me surprend au regard de la femme que je n'imaginais pas aussi fine et frêle avant de l'avoir devant mes yeux. Sa beauté naturelle est pourtant peu mise en valeur ; sa séduction dépasse largement l'esthétique. Sa voix somptueuse ne faiblira jamais durant les deux heures vingt du concert. Il faut préciser qu'elle est admirablement suppléée par les voix d' Angela Gordon, de Bryan Josh et de Chris Johnson, qui interviennent alternativement ou en duo, ou ensemble. Pour moi qui attache une importance particulière aux voix, je suis aux anges !


Nous percevons dans la foulée toute la cohérence harmonique des sept musiciens, l'apport de chaque pupitre est savamment dosé sous l'autorité vigilante d' Iain Jennings qui semble surveiller chaque intervention d'un regard et d'une oreille implacable. Chaque musiciens aura suscité mon admiration à tour de rôles ; même le bassiste et le batteur à qui incombent le rôle ingrat mais essentiel d'assurer les rythmes tantôt chaloupés tantôt magiquement délicats. Angela Gordon, outre son soutien vocal, démontre également un admirable talent aux flutes (traversière, à bec, …) et aux claviers additionnels. Pieds nus, elle sort fréquemment de son retrait en fond de scène pour mettre légitimement en valeur ses interventions. Bien sûr, je ne peux pas minorer les splendides soli de Bryan Josh dont la sensibilité rappelle immanquablement celle de nos héros favoris tels que David Gilmour, Andy Latimer, Steve Rothery, Nick Barrett. Je ne peux minorer davantage le pupitre rythmique de Chris Johnson qui, outre ses interventions délicatement chantées, alterne sa guitare sèche (dont le coffre est troué par l'usure du passage énergique de son médiator !) et sa guitare électrique pour accompagner efficacement les titres. Ce personnage m'a particulièrement touché par la sensibilité exprimée dans son chant ; jamais exubérant mais toujours juste et essentiel.

Je pourrais décrire chaque titre et chaque musicien mais je crains de pouvoir communiquer toute l'émotion et l'admiration que suscitent ces maudits anglais, qui décidément maitrisent franchement notre art musical favori. Leur sens des harmonies font d'eux réellement les maîtres du rock progressif en général et, en l'occurrence, du néo-prog, quoiqu'il soit bien difficile de caser MOSTLY AUTUMN dans un style particulier. Car leur rayonnement déborde sur des horizons folkloriques, souvent celtiques, parfois à la limite de la country (Skin of Mankind). Leur musique produit d'infinies combinaisons de motifs auditifs qui emmènent l'auditeur dans des voyages étourdissants !

Bien évidement dans une telle vague d'émotions, la réaction du public ne peut qu'être enthousiaste. Les acclamations semblent toucher les artistes, nous sommes en communion. Plutôt modestes, ils ne saluent pas particulièrement le public en quittant la scène. Nous aurions sans doute pu leur accorder une longue ovation s'ils étaient restés un peu devant nous pour partager cet instant de bonheur. Mais bon, cette modestie est à leur honneur.

Vingt et un titres, dont cinq (sur les douze) du dernier opus "Graveyard Star" (2021), trois de issus de "White Rainbow" (2019), quatre issus de "Sight of Day" (2017), trois issus de leur superbe premier opus "For All We Shared..." (1998), deux issus de "Heart Full of Sky" (2006), un titre issu de "Passengers" (2003), un titre issu de "The Last Bright Light", un titre issu de "The Spirit of Autumn Past" (1999) et une reprise issu de l'album de Josh & Co. Limited "Transylvania - Part 1 - The Count Demands It "(2016).

PROGRAMME
 
ACTE 1:
Tomorrow Dies (Sight of Day, 2017)
Spirit of Mankind (Graveyard Star, 2021)
The Spirit of Autumn Past, Part 2 (The Spirit of Autumn Past, 1999)
The Last Climb (For All We Shared…, 1998)
Gaze (Heart Full of Sky, 2006)
This Endless War (Graveyard Star, 2021)
Back in These Arms (Graveyard Star, 2021)
Passengers (Passengers, 2003)
Mother Nature (The Last Bright Light, 2001)
ACTE 2:
In for the Bite (reprise de Josh & Co. Limited) (Transylvania - Part 1 - The Count Demands It, 2016)
Into the Stars (White Rainbow, 2019)
Western Skies (White Rainbow, 2019)
Skin of Mankind (Graveyard Star, 2021)
Nowhere to Hide (Close My Eyes) (For All We Shared…, 1998)
Changing Lives (Sight of Day, 2017)   Chris Johnson
Silver Glass (Heart Full of Sky, 2006)
Heart, Body and Soul (Sight of Day, 2017)
White Rainbow (White Rainbow, 2019)
RAPPEL :
The Harder That You Hurt (Graveyard Star, 2021)
Heroes Never Die (For All We Shared…, 1998)
Forever and Beyond (Sight of Day, 2017).

A leur échoppe je demande au vendeur si, à tout hasard, il ne disposerait pas d'un exemplaire de l'édition limitée de "Graveyard Star" que je n'avais pas su saisir avant son épuisement sur leur site. Il se penche sur moi, pour me chuchoter qu'il lui en resterait bien un exemplaire … il se retourne et me ressort une enveloppe contenant le précieux reliquat !!! Dans la série "qui ne demande rien, n'a rien …", voilà une regrettable lacune comblée pour 30 € (oui, quand même mais bon …) ! J'acquiers également l'avant dernier opus "White Rainbow" pour 15 €. Je m'abstiens de prendre le t-shirt qui ne montre malheureusement pas les dates de cette tournée.

Muni de l'objet convoité, je me suis mis en quête des musiciens pour leur faire dédicacer. Exercice auquel ils se sont volontiers prêtés après une petite attente après le concert. Adorables, tous sont venus discuter avec leurs admirateurs, excepté Bryan Josh qui a fait savoir qu'il se sentait souffrant (ce que personne n'avait remarqué durant la soirée). Tous furent affables et souriants, y compris Olivia, qui m'accorda un portrait avec ma  P'tite Fée. Angela, qui m'a semblée particulièrement simple et gentille, se chargea même de porter mon livret à Bryan pour lui faire dédicacer en arrière scène. J'ai pu vérifier l'amabilité de Chris en lui faisant part de mon intrique pour l'état de sa guitare !

Bref, le lecteur de ce p'tit récit l'aura compris, ces gens-là m'ont séduit, définitivement !

Une si belle soirée en ce royaume de Belgique ne pouvait pas s'arrêter là ; nous tombons dans une embuscade improbable ; "Le Chapuis", bistrot jouxtant la salle et tenu par un très exubérant Salah. Tel un Marius tunisien tout droit sorti d'un Pagnol, nous a retenus jusque bien au-delà de l'heure légale de fermeture ! Assis en terrasse par cette belle soirée printanière, nous (ma p'tite Fée, Marc et Michel) avons commencé à la bière avant de finir au rhum sorti d'on ne sait où ! La convivialité du monsieur finissait même par attirer tous les bois-sans-soif des environs, frustrés par les autres fermetures… Lorsque nous sommes rentrés à notre point de chute, l'hôtel des Ardennes il était plus de trois heures du matin… Le lever du corps sera pénible. C'est aussi cela, la Belgique !

dimanche 29 mai 2022

HEART LINE – La Boule Noire (Paris 18) – dimanche 29 mai 2022.

 

La direction de la Boule Noire boudait depuis quelques années notre style de musique, mais six mois et demi après MOLYBARON, je suis content d'y revenir pour soutenir un autre nouveau groupe français très prometteur !

La Pandémie et le confinement n'aura pas eu que des effets négatifs ; HEART LINE est un nouveau projet conçu par le guitariste lorientais Yvan Guillevic en 2020. Il a ainsi décidé de promouvoir un style de hard mélodique et puissant qui a séduit bon nombre de mélomanes de ma génération. C'est grâce au referendum de fin d'année 2021 organisé sur RockMeeting que j'ai découvert, intrigué, l'existence de ce groupe qui défiait avec insolence les plus grands dans le classement … Ce n'est qu'à ce moment que j'ai percuté qu'il s'agissait d'un nouveau groupe autour de Yvan, que j'avais déjà apprécié par ailleurs avec PYG (merci Lionel !). Cette fois, Yvan GUILLEVIC (YGAS, PYG, United Guitars) me semble être passé un cran au-dessus avec un album vraiment très séduisant, à la hauteur des grosses productions américaines. Il s'en est donné les moyens artistiques en s'entourant d'Emmanuel CREIS (Shadyo, Equinox ; chant), Jorris GUILBAUD (Devoid, Shadyon ; claviers), Dominique BRAUD (YGAS, EBH ; basse), et Walter FRANÇAIS (Shadyon ; batterie). Ensemble, ils ont écrit des compositions solides avec des arrangements et intros particulièrement soignés. Notons toutefois que Anne Sorgues* (YGAS-YvanGuillevicAnneSorgues), présente ce soir dans le public, a écrit les paroles de trois titres "Once In A Lifetime", "I Long To Rise", et "Back in the Game".

Le groupe est soutenu par le label allemand "Pride & Joy Music"(Soul Food Music / Europe), qui a permis la parution européenne du premier album "Back In The Game" le 19 novembre 2021. Mais comme d'habitude, l'élite culturelle de notre douce France a ignoré cette parution, pourtant digne d'intérêt à plus d'un titre ! En l'absence d'un soutien médiatique conséquent, la salle est cependant parvenue à attirer une petite assemblée, difficile à quantifier, mais composée assurément de vrais mélomanes avertis. C'était leur premier concert parisien et je compte bien le promouvoir à mon modeste niveau, pour tenter d'accroitre leur notoriété.

Afin de ne pas laisser ricaner le lecteur d'un prétendu paradoxe dans ma démarche de ce soir, je tiens à le rassurer dans un petit préambule au récit. Ceux qui me connaissent savent combien je porte haut l'étendard de l'ardent défenseur de la langue française dans le rock. Ceux-là pourraient légitiment s'étonner que je me rende à un concert célébrant le hard français … anglophone. Bah ouai, mais après quatre décennies à trainer mes semelles dans les salles de concerts, je n'en suis plus à une contradiction près, hein ! Et puis cette nouvelle production de Yvan GUILLEVIC me parait suffisamment convaincante pour justifier une exception qui confirme ma règle. Je m'estime assez tolérant pour admettre que la musique de HEART LINE est conforme à la qualité attendue pour ce style, et tant pis pour mes principes.

Mais bon, je continue à brandir ma petite pancarte revendicatrice ; je persiste à valoriser les exemples réussis du rock francophone qui ne manquent pas ; ni dans le passé (TRUST, TELEPHONE, VULCAIN, BANLIEUE EST, STOCKS, KLAXON notamment), ni dans le présent (LAZULI, MANIGANCE, …). Qu'on ne m'oppose pas l'argument commercial qui prétendrait que l'anglais serait LA langue du rock ; cela ne tient pas une seconde face au succès colossal de RAMMSTEIN (…entre autres). Je demeure convaincu que les lignes de chant d'Emmanuel sonneraient tout aussi bien en français. Cela aurait d'ailleurs au moins le mérite d'ajouter une touche d'originalité, une transgression des codes et des sons déjà entendus. Il suffit, pour s'en convaincre, de réécouter la récente réédition de l'album "Musique Dans La Peau" de KLAXON (paru initialement le 21 juin 1982). Tous les choix artistiques sont respectables certes, mais j'ai un avis en tant que modeste auditeur, que je tiens à revendiquer ici. Comme dirait l'autre, c'est mon avis et je le partage, voilà qui est fait n'en parlons plus (pour cette fois !).

Puisqu'ils le revendiquent eux-mêmes, je ne pense pas insulter HEART LINE en soulignant une influence marquée par la mouvance du hard mélodique et puissant des années 80. Chacun, en fonction de son vécu, trouvera des similitudes avec tel groupe ou tel autre. Personnellement, en écoutant le chant comme les guitares, l'ensemble m'évoque tantôt JOURNEY (Steve Perry), tantôt FOREIGNER, parfois BON JOVI. Honnêtement, je ne peux pas me vanter d'en être un grand spécialiste, puisque à l'âge d'or de ces groupes-là, j'étais davantage sensible à un rock plus explosif, tel que celui des anglais (Motörhead, Judas Priest, …) ou encore celui des américains hors normes (Metallica, …). Pour me détendre, mes références Nord-américaines étaient plutôt RUSH, BOSTON, BLUE OYSTER CULT, ou VAN HALEN.

Néanmoins, ces sonorités calibrées pour les radios en FM avaient fini par laisser des traces dans ma mémoire, ne fut-ce que par l'intermédiaire des programmations de Tonton Zézé sur Wango-Tango, mais également par mes participations à des festivals…

Tel est mon contexte psychologique qui justifie ma démarche de ce soir. C'est donc entretenu par une certaine nostalgie que j'emmène ma P'tite Fée à cette messe d'un autre temps.

HEART LINE [20h20-21h45] jouera seul ce soir, à l'instar de Molybaron ici même en dernier lieu.

L'auditorium ne m'a pourtant pas toujours laissé de bons souvenirs, mais ce soir la sonorisation m'a paru très bonne. Il faut croire que l'ingé-son était cette fois à la hauteur de l'enjeu. Certes, il y aura autant d'avis que de paires d'oreilles, les uns attendant davantage de puissance au micro, les autres à l'ampli ici ou là … mais franchement, le confort d'écoute était très agréable. Les protections auditives à peine nécessaires. Chaque pupitre fut perceptible, même depuis le premier rang, où nous étions calés avec mon fils et ma p'tite Fée.


En fond de scène était étendu le rideau estampillé au logo du groupe. L'éclairage lumineux et coloré m'a permis de bonnes prises de photo. La taille modeste de la scène n'a pas semblé pénaliser le jeu du groupe, le chanteur a pu exploiter l'espace pour exprimer un réel charisme.

Les musiciens montrent tous une belle maitrise de la scène, ainsi qu'une cohésion qui parvient à reproduire assez fidèlement les sons produits dans "Back in the Game". Nous nous sommes souvent échangés des regards ébahis dans le public. A tout seigneur, tout honneur, Yvan GUILLEVIC a démontré avec sa guitare tout son talent, par des soli bourrés de sensibilité et d'énergie et de conviction. Mais honnêtement ce n'était pas vraiment une surprise. En revanche, à l'écoute du disque, il était permis de s'interroger sur la capacité du chanteur à interpréter correctement les titres ambitieux sur scène. Eh bien, je ne ferai pas durer le suspense plus longtemps, j'ai été époustouflé par le timbre, la tessiture, le charisme de cet artiste exceptionnel ! Je n'en suis pourtant pas à mon premier concert, mais je pense sincèrement qu'Emmanuel est pour moi actuellement le meilleur chanteur français (mais pas francophone, je le concède). En dépit d'une remarquable éloquence, je n'ai pas pigé un traitre mot de ce qu'il chantait, et pourtant sa force de conviction et son interprétation auraient pu me convaincre de tout et son contraire !

Les autres musiciens ont assumé leur pupitre avec régularité et efficacité. J'ai apprécié l'absence de bandes-son, trop souvent inhérentes au genre. Exception notable ; pour l'introduction de "Fire Dance", avec le son d'une moto (rappelant celle de "Wheel of Steel" de Saxon !).

Soixante-quinze minutes de concert, c'est un peu court, surtout sans première partie de soirée. Mais la prestation n'en fut pas moins convaincante et réussie. Gageons qu'avec un deuxième album (en cours) ils pourront allonger un peu leur temps de passage. En tous cas, l'auditoire fut conquis avec seize titres, dont l'intégralité des onze titres issus de l'opus promu ce soir. Nous avons eu droit en outre à un titre inédit, qui sera probablement inclus dans l'album en préparation. De surcroît, HEART LINE a une la bonne idée d'interpréter quatre reprises. Personnellement, je n'avais reconnu que celle de JOURNEY, connaissant un peu moins TRIUMPH et pas du tout AVIATOR, ni Paul LAINE. Objectif atteint, puisque ces titres me donnent envie de réécouter ces groupes.

PROGRAMME

Fighting To Live (Back in the Game, 2021)
Hold On (Back in the Game, 2021)
Front Line (reprise de AVIATOR)
I’m In Heaven (Back in the Game, 2021)
Back in the Game (Back in the Game, 2021)*
I Long To Rise (Back in the Game, 2021)*
In The City (Back in the Game, 2021)
Never say never (reprise de TRIUMPH)
Stranger In The Night (Back in the Game, 2021)
Fire Dance (Back in the Game, 2021)
Once In A Lifetime (Back in the Game, 2021)*
Edge of the Blade (reprise de JOURNEY)
I am the Night (nouveau titre, inédit)
One Night In Paradise (Back in the Game, 2021).
RAPPEL :
We are the Young (reprise de PAUL LAINE)
On Fire (Back in the Game, 2021).


Après le concert, nous nous rendons à leur échoppe pour nous procurer le CD (16€), avant de le faire dédicacer par le quintet, qui s'est immédiatement rendu très disponible auprès du public. Au comptoir nous échangeons les impressions, et posons pour quelques portraits autour d'une bonne mousse pour clore une bien belle soirée !






samedi 21 mai 2022

WHERE MERMAIDS DROWN – HUBRIS - Supersonic (Paris 12e) – samedi 21 mai 2022

Loin de prévoir une soirée musicale, nous nous étions mis en goguette, avec mon fils et ma P'tite Fée. Notre tournée des bars était bien entamée (nous aussi d'ailleurs !) lorsque mon fils, nous présente le Supersonic où nous dit-il des groupes sympa peuvent se produire.

Le nom "Supersonic" ne m'était pas inconnu (non je n'évoque pas le Concorde !) ; durant la Pandémie son concept s'était déplacé astucieusement dans la cour extérieure du Trabendo, pour organiser une soirée promotionnelle du nouvel album de POGO CAR CRASH CONTROL, le 16septembre 2020.

Le Supersonic a ouvert en janvier 2016, mais en fait c'était déjà un lieu de soirées musicales depuis de nombreuses années sous le nom d'OPA-Bastille. Situé dans une ancienne fabrique, au 9 rue Biscornet, 75012 Paris, il est à moins de cinq minutes du métro Bastille). Cet espace s'inscrit sur la cartographie de la vie nocturne parisienne, alternant ses fonctions pour répondre aux besoins des fêtards parisiens. Il se métamorphose en club électro après 23 heures, le vendredi et le samedi jusqu’à l’aube. Mais c'est dans sa version bar-concert que je le trouve très intéressant. Dans un cadre atypique, avec sa grande baie vitrée, ses murs en briques et sa mezzanine, son espace permet au public de profiter d'une bonne acoustique à tous les niveaux. Toutefois, le point de vue plongeant depuis la mezzanine n'est réel que depuis les deux premiers rangs. Il s'est donné pour vocation de faire découvrir les nouveaux talents de la scène pop indépendante et rock française avec des concerts gratuits toute la semaine.

Seul point gênant, c'est le prix des consommations mais on peut considérer qu'il se justifie par l'entrée gratuite pour assister à des concerts, dès lors que la musique convient.

Nous atterrissons avant la prestation de deux groupes qui m'étaient totalement inconnus et qui ont su nous séduire, alors que nous n'étions pas prédisposés à écouter leur musique. Le genre de surprise qui est toujours agréable à vivre.

WHERE MERMAIDS DROWN [21h30-22h20].

Originaire de Lyon, Where Mermaids Drown ("où les sirènes se noient", quel joli nom !) est actuellement composé de Jean-Sébastien Mattant (batterie), entouré de valeureux mais anonymes collaborateurs ; la postérité pourra essayer de retenir "JP" (basse), "Nello" et "Pierrick" (guitares). Je ne trouve pas davantage d'information sur les sites les concernant.

Cette tournée européenne est l'occasion de promouvoir "And the raging winds do blow " un mini-CD/3 titres paru le 9 avril 2021, qui comprend trois titres "One Week", "My Driasis", et "Brine Pool".

Leur musique purement instrumentale pourrait être qualifiée de post-rock, mais j'estime que ce serait un peu réducteur, à mon sens. Je préfère évoquer un rock atmosphérique incorporant des rythmes, des harmonies, des mélodies, des progressions harmoniques épiques, dramatiques, et fortes qui m'ont envouté dans une sorte de transe émotionnelle pour peu que je ferme les yeux. Mais j'admets volontiers que mon ébriété du moment ne fut pas étrangère à cette sensation. Ma perception positive de cet univers m'étonne a posteriori car dans le même style j'étais resté hermétique au concert de MOGWAI le 25 mai 2018. Le contexte, sans doute…

La sonorisation fut excellente, et l'éclairage correct. Pas de décor particulier hormis un éclairage complémentaire (bienvenu pour distinguer les visages et faciliter quelques belles images). La seule bande-son perçue fut une courte séquence de voix masculine sensée entretenir une ambiance dispensable à mon avis.

L'espace scénique est fatalement réduit et impose aux musiciens un relatif immobilisme. Mais leur investissement évident ne pouvait qu'emmener le proche auditoire dans une franche communion.

Leur prestation fut donc réussie et provoqua immanquablement l'adhésion du public ravi. Ses acclamations appuyées ne seront pas parvenues à obtenir un rappel, en raison d'un créneau horaire restreint.

Sur Cinq titres interprétés deux sont issus du dernier EP que nous nous sommes procurés volontiers (7€) avant d'en obtenir une dédicace. J'aurais bien apprécié disposer d'un CD avec le superbe "Rio Plata" mais aussi "We grew up together" dont la version de ce soir m'a semblé différence de celle sur leur bandcamp.

PROGRAMME
Mydriasis (And the raging winds do blow, 2021)
Apophenia
Rio Plata
We grew up together (2021)
Brine Pool (And the raging winds do blow, 2021).


HUBRIS [22h30+? -23h35]

Le quatuor instrumental est un groupe suisse originaire de Fribourg, formé en 2014 par Jonathan Hohl (guitare) et Nathan Gros (batterie). Ils sont désormais entourés de Matthieu Grillet (guitare), qui a remplacé Corentin Wicht et de Lucien Leclerc (basse), qui a remplacé Julien Vonlanthen.

Le 2 mai 2015, HUBRIS sort son premier opus "Emersion", puis le deuxième "Apocryphal Gravity" parait en avril 2017. Le troisième opus "Metempsychosis" parait le 13 mars 2020 (label australien Art As Catharsis).

Leur musique reste dans un univers semblable à celui de WMD. C’est-à-dire un post-rock, avec des ambiances electro planantes et un zeste d'énergie metal. La longueur de leurs compositions permet une gamme d'émotions évolutives passant d'une relative douceur à une puissance étourdissante. Certains comparent leur musique à SIGUR ROS ou LONG DISTANCE CALLING.

Après quelques ajustements, les helvètes reprennent l'emplacement laissé par les lyonnais. La sonorisation demeure aussi excellente qu'en début de soirée. L'éclairage est quant à lui plus sombre puisqu'ils se contentent des rampes présentes teintées de bleu et de rouge.

Leur musique n'est pas dépaysante pour l'auditoire ; cela reste dans le même univers que précédemment. Les différences abstraites, s'agissant d'un style musical qui laisse briller peu d'individualité. A l'image de la pénombre dans lequel ils évoluent ce soir, les musiciens et leurs instruments sont au service d'une atmosphère bourrée d'harmonies et de rythmes lancinants. On plane délicieusement dans un tourment de notes obsédantes et finalement notre nuque ne peut que suivre les leurs, comme si notre désir était de la déboiter du reste, dans un geste désespéré.

Le public réagit d'ailleurs avec l'enthousiasme qui convient.

L'album "Emersion" est oublié ce soir, on a droit à six titres dont trois issus de "Metempsychosis" et trois autres issus de "Apocryphal Gravity".

PROGRAMME
Hepius (Metempsychosis, 2020)
Dedalus (Metempsychosis, 2020)
Dooms Mons (Apocryphal Gravity, 2017)
Heracles (Metempsychosis, 2020)
Deimos to Phobos pt.1 (Apocryphal Gravity, 2017)
RAPPEL
Beyond Styx pt1 et 2 (Apocryphal Gravity, 2017). 

Voilà. Lors de cette soirée inopinée, nous étions là bien loin de notre univers musical habituel ; pas de tournoi de pupitres, pas de puissance débridée, pas de contractes saisissants comme on aime tant dans le metal progressif. Mais ce fut la musique parfaitement adéquate dans l'instant en suspens. Une parenthèse musicale inattendue qui nous aura ravi les feuilles avant de continuer notre périple nocturne du côté de Beaubourg…

mardi 17 mai 2022

H.E.A.T. - REACH - TEMPLE BALLS - Le Nouveau Casino (Paris 11ème) - mardi 17 mai 2022.


Autant l'avouer franchement, je n'allais pas à cette soirée de bon gré.

Un petit rappel de contexte s'impose.

A l'occasion du Raismesfest, le 14 septembre 2019, H.E.A.T. m'avait séduit par leur prestation époustouflante alors qu'ils faisaient la promotion de leur opus "Into the Great Unknown". Leur musique m'a paru à la fois puissante et mélodique, exprimée par des musiciens efficaces et enthousiasmants, en particulier Erik Grönwall le chanteur depuis 2010. Cette belle découverte m'avait logiquement incité à m'engager à les voir sur leur tournée prévue en 2020. Hélas, la Pandémie nous a tous imposé ses contraintes ; le concert prévu le 19 mai 2020 fut reporté au 18 Octobre 2021. Mais en 2020, à ma grande surprise, Erik Grönwall quitte H.E.A.T., et est remplacé par le chanteur original du groupe Kenny Leckremo. A ce stade, je suis juste très déçu puisque Erik Grönwall constituait à mon sens le centre d'intérêt principal du groupe. De surcroit, en 2021, il annonce être atteint d'une leucémie aiguë lymphoblastique. Une bien triste information…

Mais tout se complique encore, avec un second report qui repousse la tournée à ce printemps 2022. Ce dernier report m'aurait moins porté préjudice sans se fixer sur la date prévue par SCORPIONS pour passer à Bercy. Il se trouve que je n'ai pas pour habitude de manquer les passages parisiens de ces attachants teutons ; en effet je les suis assidument depuis le 6 mars 1982. Me voilà ainsi très frustré de ne pas pouvoir les revoir une douzième fois (Des spectateurs rencontrés ce soir dans les couloirs du métro, ainsi que mon fils m'ont tous assurés avoir assisté à un grand concert de Scorpions).

Mais bon, on appelle cela un dégât collatéral. Nous avons bien envisagé un choix radical en rachetant de nouveaux tickets pour Bercy. Mais bon gré mal gré, avec ma P'tite Fée, nous choisissons la soumission à la fatalité en nous rendant sur un site plus modeste.

Le Nouveau Casino, situé au 109 rue Oberkampf dans le 11ème arrondissement de Paris, fut fondé en 1850 pour servir, sous différents noms, de café-concert. Transformé en cinéma puis en atelier au début du siècle dernier il n'a repris ses fonctions qu'en 1999. Mais le dirigeant semble avoir pris le parti de partager l'usage entre des (rares) concerts et des soirées discothèques électro ou "hiphop". Ce choix regrettable raréfie fatalement mon intérêt de s'y rendre, mais j'ai pu y assister toutefois à deux concerts mémorables ; ORPHENED LAND le 14 mai 2010 (The Never Ending Way of ORwarriOR), et RIVERSIDE le 13 mai 2011 (Memories in my Head).

Cette belle salle, d'une capacité de 380 personnes, devrait accueillir plus souvent nos artistes préférés car son acoustique m'a paru adaptée et, complètement insonorisée, elle peut même fonctionner après minuit.

Je réalise en m'insérant dans la longue file d'attente que notre microcosme a su maintenir deux hordes distinctes pour ce mardi. Cette attente s'éternise au-delà de 19 heures, qui était pourtant l'horaire prévu pour l'ouverture des portes. Au moment où j'écris mon récit j'ignore la cause de ce retard déplorable qui aura finalement porté préjudice à la durée des concerts…

Quoiqu'il en soit, nous parvenons à nous positionner au troisième rang face au micro, emplacement que nous ne quitterons pas.

TEMPLE BALLS [19h45-20h15].

Rock Meeting avait pourtant déjà évoqué l'existence de TEMPLE BALLS, notamment en décembre dernier pour la chronique de leur opus "Pyromide". Mais personnellement je ne connaissais absolument pas ces finlandais. Et finalement tant mieux, plus belle fut la surprise.

Car en effet la soirée ne pouvait pas mieux commencer vu les circonstances ! Alors que je m'attendais à une première partie de soirée pénible en attendant un hypothétique coup d'éclat de H.EA.T. …Biiiim dans la tronche, voilà des vikings plein d'énergie et de talent qui me ramènent à mes jeunes années ! Ca sent bon le gros son du hard américain des 80's, avec ses mélodies musclées, genre Motley Crue, Quiet Riot,… !

Fondé en 2010, TEMPLE BALLS est actuellement composé d' Arde Teronen (Chant), Jimi Välikangas (Basse), Jiri Paavonaho (Guitare), Niko Vuorela (Guitare), Antti Hissa (Batterie).

Ces finlandais ont profité de ces reports de tournées pour s'insérer et promouvoir leur dernier opus "Pyromide" paru le 16 avril 2021 (Label : Frontiers). Il se trouve qu'il est produit par un certain Jona TEE (oui, le clavier de H.E.A.T., tiens, tiens …).

La sonorisation s'est avérée assez efficace pour nous séduire, même si l'orientation des enceintes favorisait les rangs au-delà du notre. L'éclairage m'a paru lumineux (davantage que pour H.E.AT !), ce qui m'a permis quelques beaux clichés. Quant au fond de scène, il était constitué de leur logo sur un drap noir.

La scène relativement étroite n'a cependant pas empêché les fougueux musiciens de se déplacer et de se laisser aller à leur auto-excitation.

En mode totale découverte, je n'ai pas identifié leur programme mais leur prestation énergique nous aura permis de gommer immédiatement notre amertume du moment ! Les guitaristes nous ont accordé de belles plages de soli bien ciselés. Le chanteur a clamé ses paroles avec conviction, entrain et un charisme impressionnant, soutenu par les chœurs de son bassiste. Quant au redoutable batteur, il ne laissa guère de répit à nos pauvres nuques !

Belle et logique réactions du public dont une bonne partie savait manifestement à quoi s'attendre. 

Voilà une petite demi-heure qui est passée bien trop vite. Je ne m'abstiendrai pas à la fin du concert d'acquérir leur dernier opus (pour 15€), avant de le faire dédicacer.

Titres : à déterminer.

REACH [20h25-20h55].

Formé en 2012, le groupe de rock suédois se compose Ludvig Turner (chant, guitare), de Marcus Johansson (batterie). Soufian Ma'Aoui (basse) les accompagne (au moins) ce soir.

Leur premier album "Reach Out To Rock" est paru en 2015 et leur quatrième opus "The Promise Of A Life est paru le 23 avr. 2021 (Label : Icons Creating Evil Art).

Un éclairage sobre et plutôt sombre et un fond de scène doté d'un rideau estampillé au nom du groupe. La scène était largement assez grande pour les trois lascars relativement statiques.

La sonorisation aurait pu être suffisante pour exprimer leur pop rock léger et mélodique, mais REACH a fait le choix de s'appuyer sur une bande-sons. Ce n'est pas aujourd'hui que je changerai d'avis sur cet usage abusif en concert ! A mon sens, cette formation manque clairement de pupitres ; un clavier, une guitare et des chœurs auraient pu éviter ces malheureux enregistrements qui portaient atteinte à la crédibilité de l'ensemble. C'est vraiment dommage car leur prestation a cependant su captiver notre attention par des mélodies bien emballées. Les compositions m'ont paru agréables. En oubliant ces lacunes, nous nous laissions emporter. D'autant plus que le bassiste m'a semblé d'un bon niveau.

La réaction du public fut un peu plus mitigée que pour le groupe précédent mais une acclamation honorable les a accompagnés pour quitter la scène……..

Titres : à déterminer.

H.E.A.T. [21h35-22h30]

Fondé en 2007, le groupe suédois se compose depuis le début de Jimmy Jay (basse, chœurs, depuis 2007), Jona Tee (claviers, chœurs depuis 2007), Don Crash (batterie, chœurs depuis 2007), et Dave Dalone (guitares, chœurs de 2007 à 2013, et depuis 2016). Kenny Leckremo (chant, guitare de 2007 à 2010, et depuis 2020) a repris sa place, rétablissant ainsi une honorable stabilité.

Les circonstances de la période ont contraint les suédois à conjuguer la promotion de "H.E.A.T. II" (2020) et celle de "Force Majeure" (à paraitre le 5 août 2022, via earMUSIC) lors de cette tournée intitulée "Sign in the Northern Sky Tour 2022".

De mon emplacement, la sonorisation ne m'a pas semblé satisfaisante. Les enceintes étant délibérément orientées au-delà des premiers rangs, nous ne percevions que trop peu les guitares et la voix. Ce qui, à mon avis, s'est avéré particulièrement pénalisant pour le chanteur.

L'éclairage manquait de densité et de luminosité, mettant peu en évidence les musiciens et d'une manière générale trop marqué dans les teintes bleutées. Pas idéal pour les chasseurs amateurs d'images. Le fond de scène était constitué d'un drap aux couleurs de l'opus paru en 2020.

La scène parait étroite pour le très bondissant (doux euphémisme) chanteur occupant un large espace, mais elle parvient toutefois à contenir le batteur, le clavier au fond (à droite des spectateurs), le bassiste positionné devant lui, et le guitariste à gauche.

La réaction du public fut enthousiaste surtout dans les premiers rangs, occupés évidemment par les plus ardents soutiens du groupe. Parmi lesquels figurait Séréna, une petite fille de huit ans, positionnée en bord de scène avec sa sœur ainée, par ses parents placés en retrait mais d'une vigilance bienveillante. Remarquée par les musiciens elle fut invitée par Kenny à monter sur la scène pour contribuer à émouvoir le public.

Ces scandinaves maitrisent leur style délibérément inspirés par les groupes américains que nous pouvions entendre dans les années 80 et 90, tels que Bon Jovi, White Lion, Ratt, et autres Dokken. C'est pro, c'est carré, c'est mélodique et puissant. De jolis soli de guitares, une base rythmique basse/batterie vrombissante d'efficacité, contribuèrent aux belles harmonies inhérentes au genre. J'ai retrouvé aujourd'hui presque tout mon enthousiasme ressenti au Raismesfest en 2019. Je dis presque car, de mon point d'écoute, la prestation m'a semblé un peu en dessous de la précédente. Impression sans doute en grande partie causée par la disparition d'Erik Grönwall. Car, à mon sens, Kenny Leckremo, en dépit de réelles qualités vocales et physiques ne parvient pas à atteindre la tessiture la présence d'Erik. Kenny est certes un très bon chanteur doté d'un timbre bien adapté au style du groupe dont il est cofondateur. Il est doté d'une énergie et d'un charisme éloquents. Son plaisir de retrouver ses camarades est évident. Mais au-delà de cela, il n'est pas parvenu à me faire oublier LA voix, en particulier évidemment sur les titres créés durant la décennie.

Toutefois, j'ai le sentiment d'avoir passé une excellente soirée avec H.E.A.T. dont l'enthousiasme et la bonne humeur furent communicatifs. Mais la durée nous a paru très frustrante avec seulement moins d'une heure soit à peine davantage que les premières parties …

A tout seigneur, tout honneur ; sur les douze titres, une large part a largement évoqué la première période du groupe avec deux titres issus de H.E.A.T paru en 2008, et le monoplage paru en 2009, ainsi qu'un titre issu de Freedom Rock paru en 2010. Mais la promotion du dernier opus en date n'est pas oubliée, trois titres sont issus de H.E.A.T II paru en 2020, et deux tirés de Force Majeure opus à paraitre. On a pu écouter en outre un issu de Tearing Down the Walls, un de Adress the Nation, et un de Into the Great Unknown.

Le spectacle, pour des raisons que j'ignore à ce jour, semble avoir été écourté de trois titres par rapport au reste de la tournée puisque n'apparaissent plus Emergency (Tearing Down the Walls, 2014) Late Night Lady (H.E.A.T, 2008) ni Come Clean (H.E.A.T II, 2020).

PROGRAMME
Bande son introductive "The Heat Is On" (Glenn Frey ex-Eagles)
 
One by One (H.E.A.T II, 2020)
Rock Your Body (H.E.A.T II, 2020)
Dangerous Ground (H.E.A.T II, 2020)
Redefined (Into the Great Unknown, 2017)
Straight for Your Heart (H.E.A.T, 2008)
Back to the Rhythm (Force Majeure, 2022)
Beg Beg Beg (Freedom Rock, 2010)
Cry (H.E.A.T, 2008)
1000 Miles (monoplage, 2009)
Living on the Run (Address the Nation, 2012)
Nationwide (Force Majeure, 2022)
A Shot at Redemption (Tearing Down the Walls, 2014).

Au salut final, j'avais bien remarqué que le bassiste avait lancé dans ma direction son médiator, mais je n'avais pas su suivre le parcours exact dans la pénombre, et j'avais laissé les plus excites se précipiter au sol… Ayant encore un minimum de suite dans mes idées, à la fin du concert je me dis que cela ne coute rien de jeter un coup d'œil à mes pieds (j'aime beaucoup mes pieds, je dois bien l'admettre). ôôôôooh mais je vois-je ? Le médiator estampillé H.E.A.T ! Ah, ces louveteaux n'ont pas encore acquis le regard du vieux loup avisé !




jeudi 28 avril 2022

ANAÏD – Péniche Antipode (Paris 19e) – JEUDI 28 AVRIL 2022

Cette péniche fut construite en 1942 dans les chantiers Boom en Belgique. Après soixante années de bons et loyaux services, c'est une compagnie théâtrale qui la récupère et l'amarre face au 55 quai de la Seine, dans le bassin de La Villette, à Paris (19ème). Son accès est ainsi très aisé car notamment très proche du métro, station Riquet. Petite précision géographique, ce bassin est le plus grand plan d’eau artificiel de Paris ; il permet de relier le canal de l’Ourcq au canal Saint-Martin.

L'espace spectacle de ce chaland peut accueillir quatre-vingt personnes en configuration concert ; ce soir j'estime que nous en occupions probablement la moitié. Dotée d'une cabine régie, et du matériel de sonorisation, son espace scénique modulable est d'une profondeur de 5,00 m, et son plateau légèrement surélevé permet une bonne visibilité.

Un bel écrin, idéal pour les groupes de faible notoriété comme ANAÏD. J'avais récemment appris que KARFAGEN s'y était produit, le mercredi 6 avril 2016. Hélas, je ne connaissais ni le groupe, ni le lieu !

Entre souvenirs et perspectives, les débats vont bon train sur la terrasse du pont supérieur, autour d'un verre ou d'une collation. Ces retrouvailles printanières au bord bassin de la Villette fleurent bon le retour des beaux jours. Et cela fait du bien par les temps qui courent. La pandémie n'est pas encore terminée, mais l'air de rien, je réalise que c'est déjà mon neuvième concert en six soirées. (Pour l'anecdote, sur toute l'année 2021 j'avais assisté à neuf concerts en sept soirées).

ANAÏD n'étant pas davantage valorisés que beaucoup d'autres de notre progosphère, on peut toujours se renseigner directement sur leur site pour mieux cerner leur univers. On peut y apprendre notamment qu' "Anaïd est un groupe créé dans le Nord de la France en 1981 par Jean-Max Delva, Emmanuelle Lionet et Christophe Delvallé (piano, claviers)." Mais aussi "Anaïd, c'est une alchimie familiale. (…) Tout est composition (…) l'improvisation joue son rôle à travers un langage inventé". Ils sont désormais installés à Annepont (17). (source : https://anaidgroup.wixsite.com/anaid/historique)

Leur discographie montre un premier essai de six titres paru en 1986, intitulé "Vêtue De Noir". Puis l'album "Belladonna", comprenant huit titres, parait en 1989. Pour ponctuer une première époque que se termine, une compilation intitulée "Four Years" parait en 1991. Il faudra attendre le 24 juillet 2016 pour la parution de "Libertad", suivi par la parution de "I Have a Dream" au printemps 2019". Enfin, un enregistrement du concert du 22 février 2020 au Triton, Les Lilas (93), intitulé "Live Ïn Parïs" parait en octobre de la même année.

Je n'avais pas su participer à cette soirée-là, mais je les avais vus le samedi 20 aout 2016 lors du festival Crescendo à Saint-Palais sur Mer (17). Plus récemment, le 22 aout 2021, encore à Saint-Palais, nous avions pu simplement vérifier l'amabilité d'Emmanuelle et Jean-Max à l'occasion d'un délicieux moment de convivialité.

Voilà les présentations étant faites, c'est donc entouré d'une tribu d'amis éclairés que nous prenons place, avec ma p'tite Fée, au ras de la Seine, assis confortablement dans des banquettes. Au troisième rang donc relativement proche de la scène.

A 21h00 le concert débute. Le quintet apparait sous les encouragements ; Jean-Max Delva (batterie vibraphone, claviers), Emmanuelle Lionet (chant), Alexis Delva (guitare, claviers), Enguerrand Dufour (basse, trompette) et Teo Ferrari (saxophones, claviers).

La scène est peu profonde mais les musiciens semblent ne pas souffrir de cet espace relativement restreint. Jean-Max est positionné dans le coin au fond à droite, au fond à gauche stationne Téo. Les trois autres se partagent le devant ; Alexis à gauche, Enguerrand à droite et Emmanuelle au centre. Toutefois, leurs compétences multiples justifieront quelques séquences de chaises musicales, histoire de se dégourdir quelque peu les jambes.

Très vite l'acoustique m'a paru très bonne, ainsi que le dispositif d'éclairage qui me semble être en place pour tous les spectacles qui s'y produisent. Pas de fond de scène particulier, seul la décoration de la grosse caisse de la batterie dénonce l'identité du groupe.

La prestation commence avec "Migration" qui me permet d'accrocher immédiatement à l'univers si particulier d'ANAÏD. On est moins dans les atmosphères rock-progressif que jazz-rock débridé. A l'instar de MAGMA, dont l'univers n'est pas éloigné, ANAÏD mélange des genres constamment.

La puissance de la voix d'Emmanuelle est saisissante ; son timbre laisse percevoir l'émotion, parfois accentués de vibratos opportuns. Après l'avoir lu quelque part, je constate en effet que cette expressivité pourrait rappeler celle de Tarja Turunen ; son phrasé est plus original, mais il est aussi lyrique, presque théâtral.

Je suis rapidement subjugué par le talent d'Alexis qui excelle à la guitare. Il me semble qu'il a progressé depuis sa dernière prestation en ma présence (2016) mais peut-être que ma mémoire me fait défaut. En tout cas, cette maitrise des arpèges et des harmonies, tout en nuances, est simplement époustouflante. Le papa et la maman peuvent être fiers de leur rejeton !

Quant à son père, Jean-Max, en maître du jeu, il gère le tout, tel un métronome implacable, tout en nuances là aussi, mais efficace pour cadrer les complices. Toutefois, le Multi-instrumentiste se lève tantôt pour frapper le vibraphone, tantôt pour caresser le clavier.

En alternance fréquente entre le pupitre du saxophone (ou autre bois) et celui du clavier, Téo s'avère émouvant dans ses interventions et contribue ainsi fortement aux harmonies jazzy. Autre soutien notable, Enguerrand est également omniprésent dans le traitement de fond des univers développés, son tricot de basses génère des sensations appuyées qui ont souvent justifié mon intérêt. En outre, il alterne son talent avec celui de trompettiste. De sa trompette de poche (une version compacte de la trompette standard en Si Bémol), il exprime des sonorités éclatantes et travaillées, grâce à une colonne d'air dûment maitrisée. Avec dextérité, il manipule agilement la mécanique des pistons laissant ainsi courir les notes les plus jazzy.

Le tout ravi le public qui ne manque de montrer sa satisfaction, notamment en rappelant le quintet après un premier salut. Le rappel transporte l'auditoire en 1986, ce qui ravit les plus anciens. Puis arrive 23h15, l'heure du salut final dans une communion de remerciements et de sourires.

Ce voyage nous aura permis de ne pas voir passer deux heures et quart, en écoutant quatorze de leurs titres issus de trois albums mais aussi issus d'un autre en cours.

PROGRAMME
Migration (I Have a Dream, 2019)
Libertad (Libertad, 2016)
White Nature (I Have a Dream, 2019)
I have a Dream (I Have a Dream, 2019)
Sweet Memories (I Have a Dream, 2019)
Ikebana (Belladonna, 1989 et I Have a Dream, 2019)
Sophia
Happy
Mister Hopper (Libertad, 2016)
Blue Moon
Kate (Libertad, 2016)
Imbahe (I Have a Dream, 2019)
Papaye (I Have a Dream, 2019).

RAPPEL :
Vêtue de Noir (Vêtue de Noir, 1986).