mercredi 16 novembre 2022

OPETH – LA SALLE PLEYEL (Paris 8e) – le mercredi 16 novembre 2022.

Certains jours, surtout avec la survenue de l'automne, je me pose des questions existentielles. Alors que le monde part en vrilles, est-ce bien raisonnable de sillonner l'Europe pour assister à des concerts, d'idolâtrer des artistes, d'attendre impatiemment leur nouvelle création, leur nouvelle apparition ? Alors que beaucoup peinent à subvenir à leurs besoins essentiels, est-ce bien raisonnable de dépenser le peu que je gagne dans des albums, des concerts, des t-shirts ? Cette frivolité d'adulescents dans laquelle baigne notre microcosme de mélomanes n'est-elle pas indécente ? Certes, Antony Kalugin continue son œuvre avec estimable passion pendant que ses compatriotes ukrainiens souffrent, certes l'art et la Musique, ont souvent sauvé bien des malheureux du désespoir, certes mes enfants et ma p'tite Fée m'accompagnent sur ces chemins de perdition … Et pourtant les Autres, cette immense majorité qui ignore tout de nos plaisirs, n'ont-ils pas raison, finalement ? Alors je pose mon casque, je regarde, j'écoute et je tente de participer…

Mais je me lasse assez vite des conversations des collègues de travail, de covoyageurs dans les transports, qui tournent le plus souvent autour de leur Travail, de leur Famille, de leur Patrie (tiens, mais où ai-je donc bien pu entendre ce triptyque ?...). Leur confort professionnel, l'assurance que leurs enfants seront les meilleurs dans tout, la garantie que leur pays subviendra à leurs besoins… tout cela semble être le moteur de leur vie. Finalement, hormis ma bulle familiale, les endroits où je me sens le mieux (en dehors de chez moi bien sûr), ce sont les festivals, les files d'attentes de concert, et leur sortie, où notre microcosme protéiforme débat sur cette futilité indispensable qu'est notre musique favorite ! Homme ou femme, marié ou célibataire, jeune ou plus âgé, gauchiste ou nationaliste, croyant ou athée, que c'est agréable de partager ce sujet qui nous rassemble, la Musique. Alors oui, j'assume me soigner des maux de notre existence terrestre par prescriptions renouvelées dans le cadre d'une musicothérapie assidue.

Une journée chargée au travail se termine par une soirée pluvieuse d'automne. Les gens courent dans le métro, les uns pour retrouver leur bulle, les autres pour gagner de quoi l'entretenir… Moi, ce soir je vais dans les plus beaux quartiers de Paris, pour retrouver ma P'tite Fée et quelques-uns de nos amis qui partagent la même passion.

Encore une des conséquences de la Pandémie ; ce concert était initialement prévu le vendredi 15 octobre 2021 avant d'être reporté à ce mercredi 16 novembre 2022. Mais cette fois, j'avais attendu le 6 juin 2022 pour nous procurer le sésame. Nonobstant un calendrier d'automne déjà par ailleurs bien chargé, je vais pouvoir ainsi assister à mon onzième concert d'OPETH. Les Québécois VOIVOD sont invités à ouvrir la soirée.

Après l'avoir déjà relaté dans mes précédents récits sur les concerts d'OPETH, je passerai rapidement sur mon parcours initiatique vers leur univers qui me paraissait a priori rédhibitoire. Certes, mon cheminement vers La Porte avait débuté dès 1995 via l'écoute de TIAMAT (encore des suédois, tiens !). Alors que la voix gutturale continuait à agir comme un répulsif à mes oreilles de choriste, c'est l'intérêt montré par Monsieur Wilson (encore lui !!) qui m'a enclin à réellement apprécier toutes les subtilités harmoniques et techniques qui me paraissent désormais tellement évidentes. L'adaptation de mes paramètres d'audition m'a permis de réaliser que Mikael Åkerfeldt dispose non seulement d'un timbre travaillé alternant étonnamment le chant clair et le chant guttural, mais aussi d'un admirable talent de compositeur harmoniste et mélodiste. OPETH illustre parfaitement en fait ce que je recherche dans la musique ; un voyage surprenant au pays des émotions rythmées par des atmosphères alternant la violence à peine contenue, l'harmonie et la poésie.

Quant à VOIVOD, depuis quatre décennies ce nom revient fréquemment dans les discussions et sur les t-shirt, sans que j'aie eu l'occasion de me pencher vraiment sur le sujet. Les quelques séquences écoutées de leur musique ne m'ont jamais incité à aller plus loin. Je sais juste qu'après avoir quitté les Mets, le bassiste Jason Newsted a passé sept années en son sein. Je leur accorde donc le bénéfice du doute…

La Salle Pleyel, auditorium dont la capacité est de deux mille cinq cent places (deux mille personnes assises et cinq cent de plus grâce à sa fosse amovible), daigne ouvrir de nouveau ses prestigieuses portes à un de nos groupes favoris, et affiche complet ce soir ! Je suis ravi d'y revenir après y avoir assisté aux prestations de King Crimson, Marillion et Steve Hackett. Nous avons opté pour la catégorie 1, ce qui nous place assis en parterre haut impair ; nous surplombons ainsi légèrement la fosse. Un peu loin de la scène à mon gout, mais on s'en contentera…

VOIVOD [19h30-20h14].
https://www.voivod.com/

Ce groupe québécois a été formé en 1982 à Jonquière (aujourd'hui Saguenay). La formation originale était composée de Denis "Snake" Bélanger, Denis "Piggy" d'Amour, Michel "Away" Langevin et Jean-Yves "Blacky" Thériault. . Sa musique est influencée notamment par la nouvelle vague de heavy metal britannique, la scène punk hardcore et le rock progressif des années 1970... Il fait partie des rares groupes ayant survécu à quatre décennies. Leurs orientations musicales ont parfois dérouté les mélomanes de tous bords, ils revendiquent un anticonformisme depuis près de 40 ans, passant du speed metal, au thrash-metal, au prog-thrash-psychédéliques ; beaucoup d'autres que moi ne sont jamais parvenus à le suivre… Sorti en 2018, "The Wake" semble être le meilleur album de Voïvod depuis l'apogée du groupe à la fin des années 80. Cet opus lui a permis notamment d'être invité au Festival de Jazz de Montréal.

Actuellement, Michel "Away" Langevin (batterie depuis 1982), et Denis "Snake" Bélanger (chant de 1982 à 1994, puis depuis 2001), sont entourés de Daniel "Chewy" Mongrain (guitare, depuis 2008) et Dominic "Rocky" Laroche (basse (depuis 2014). Je ne suis pas enclin d'habitude à évoquer les passages des anciens membres mais je note quand même qu'un certain Jason "Jasonic" Newsted (bassiste de 2001 à 2008) y a passé sept années après avoir quitté les Mets. Notons également leur perte de Denis "Piggy" d'Amour (guitare, de 1982 à 2005, décédé d'un cancer du côlon à Montréal le 26 août 2005).

Leur quinzième album studio "Synchro Anarchy" est, sorti le 11 février 2022. C'est leur dixième passage à Paris depuis 1987. Curieusement, je n'ai jamais eu l'occasion d'assister à une de leurs prestations, ni en invité ni en festival…

Doté d'une excellente sonorisation et d'un éclairage correct et de leur logo en fond de scène, le quartet dispose de très bons moyens pour tenter de séduire le public de Pleyel. En outre, une vaste part de la scène leur est cédée.

J'aurais entendu ce concert dans les années 80, la prestation aurait peut-être pu me plaire. Ce metal brut, énergique, déjanté aux interventions agressives de guitare me rappelle bigrement ce que je pouvais écouter à l'époque ; Witchfinder General, Raven, Tank, Holocaust... Mais là, non. Je suis bon public et j'applaudis mais sans conviction. Le chanteur parle au public en français, ce qui me le rend sympathique. Nonobstant, son échelle musicale m'a semblé limitée. Quelques séquences (The Prow), quelques audaces rythmiques m'ont parfois entretenu dans l'espoir de trouver une originalité susceptible de m'emporter. Mais en vain. Le concert se clôt avec une audacieuse reprise de "Astronomy Domine", un titre de Pink Floyd. Les puristes du genre auront sans doute hurlé au sacrilège tant cette interprétation manque de subtilité et de sensibilité, mais pour ma part c'est sans doute le seul moment du concert où j'ai trouvé mon intérêt !

Heureusement pour les québécois, la réaction du public est polie. Une bonne partie ovationne ces pourvoyeurs en électricité.

En une demi-heure, le groupe nous aura proposé sept de ses titres, très axés sur leurs débuts puisqu'hormis trois issus titres de "Synchro Anarchy" (2022), on trouve un de "Dimension Hatröss" (1988), un de "Nothingface" (1989), un de "Angel Rat" (1991), et un de "The Outer Limits" (1993). Il finit par une reprise de Pink Floyd.

PROGRAMME
Experiment (Dimension Hatröss, 1988)
The Unknown Knows (Nothingface, 1989)
Synchro Anarchy (Synchro Anarchy, 2022)
Holographic Thinking (Synchro Anarchy, 2022)
The Prow (Angel Rat, 1991)
Planet Eaters (Synchro Anarchy (2022)
Fix My Heart (The Outer Limits, 1993)
Astronomy Domine (The Piper at the Gates of Dawn, Pink Floyd, 1967).


OPETH [20h45-23h]
http://opeth.com/

A Huddinge, une petite ville au sud de Stockholm, David Isberg (chant) et Mikael Åkerfeldt (guitares) ont fondé, en 1990, " le groupe le plus maléfique du monde". Pour donner corps à ce projet, le duo fait appel aux anciens membres du groupe Eruption d'Åkerfeldt, Anders Nordin (batterie) et Nick Döring (basse).

La consultation de leur biographie officielle nous apprend que peu de temps après, un deuxième guitariste, Andreas Dimeo, est ajouté à la formation, qui se présente ainsi désormais en quintuor. Mais après quelques concerts, le groupe se sépare, Dimeo et Döring quittant le groupe pour des raisons personnelles. Au cours des deux années suivantes, les membres partent aussi vite qu'ils arrivent, mais c'est avec l'arrivée de Peter Lindgren à la basse, puis à la guitare, que les choses deviennent sérieuses. Même le départ d'Isberg en 1992 n'a pas vraiment affecté le noyau nouvellement établi d'Åkerfeldt, Nordin et Lindgren. Ils ont juré de continuer en tant que trio et en tant qu'Opeth. Pendant les quelques années qui suivent, Opeth, qui en est encore à ses débuts, écrit et répète religieusement. L'arrivée du bassiste Johan De Farfalla qu'Opeth semble stabiliser l'effectif. Mais aujourd'hui, après treize albums et quelques changements, Mikael Åkerfeldt demeure le seul membre d'origine.

Le groupe a fait le tour du monde, vendu plus de deux millions de disques et contribué ainsi à donner des lettres de noblesse au progmetal. La plus récente parution "In Cauda Venenum" est un chef d'œuvre, mais on pourrait citer aussi "Heritage", "Watershed", "Blackwater Park"…

Actuellement, Mikael Åkerfeldt (guitare, depuis 1990, puis guitare et chant, depuis 1992) a su maintenir une relative stabilité depuis une dizaine d'année, puisqu'il est entouré désormais de Martín Méndez (guitare basse, depuis 1997), Fredrik Åkesson (guitare, chœurs, depuis 2007) Joakim Svalberg (clavier, synthétiseur, chœurs, percussions, depuis 2011). Waltteri Väyrynen (batterie, percussion, depuis 2022) vient de quitter Paradise Lost) pour remplacer Martin Axenrot.

Leur treizième album "In Cauda Venenum" (Poison dans la queue) est paru le 27 Septembre 2019 ; sa promotion fit l'objet du concert du lundi 11 novembre 2019 à l'Olympia. La nouvelle tournée commémore les trente années d'OPETH et s'intitule opportunément "Evolution XXX". J'apprécie cette démarche qui nous garantit une belle rétrospective de la carrière. Je me rappelle avec émotion de leur énorme et mémorable prestation au Bataclan le samedi 3 avril 2010 pour "Evolution XX". Après les avoir vus trois fois dans le cadre de festivals (ProgNation, BeProg My Friend, et Download), je souligne que tel un bijou, ce groupe a besoin d'un écrin pour exprimer pleinement sa valeur ; cela peut être notre salon, mais cela peut être aussi un auditorium. Tel que celui où nous sommes ce soir !

Dans ce cadre idéal pour l'acoustique, l'ingénieur du son nous a livré ce soir une sonorisation parfaite. Les instruments et les micros furent tous audibles et équilibrés. A tel point que je n'ai pas jugé bon de porter mes protections auditives de la soirée ! J'ai ainsi pu percevoir encore davantage toutes les finesses et les subtilités du sujet !

L'éclairage s'est avéré somptueusement dense et astucieusement coloré. Ici la logique n'est pas l'éblouissement du spectateur, ni même la simple mise en valeur des musiciens, mais dans l'entretien d'un précieux univers.

Un écran géant couvre la totalité du fond de scène. Il diffusera de somptueuses images, la plupart dessinées, illustrant les thèmes évoqués, avec beaucoup de poésie.

La scène répartit les pupitres de manière originale ; le clavier surplombe ses complices au centre gauche, le batteur est légèrement en contrebas. Ils sont séparés par des écrans secondaires qui montrent des barrières ou la continuité des images de l'écran principal, ce qui accentue encore les effets visuels. Un décor absolument somptueux ! Les trois autres musiciens se tiennent devant le public ; Mikael Åkerfeldt et Fredrik Åkesson étant les plus mobiles.

Dans ces conditions, il restait plus à Mikael Åkerfeldt de démontrer son sens de la perfection. D'abord en étant accompagné de musiciens d'un niveau requis pour exprimer toute les richesses harmoniques. Leur grande maîtrise de la technique musicale est nécessaire pour exprimer toute les nuances du répertoire d'Opeth. L'auditeur passe du metal progressif, au death mélodique avec des subtiles teintes jazzy et bluesy. Si on tente de distinguer les influences de cette musique, elle peut évoquer notamment Black Sabbath (souvent), Deep Purple (parfois). Mais le fait est qu'Opeth délivre une musique atypique et originale, même si on ressent que son auteur puise son inspiration dans la littérature fantastique et la musique rock progressif, metal et classique.

Je reste impressionné par la capacité de Mikael à alterner avec une telle aisance sa voix claire et sa voix gutturale. Il y parvient sans obérer l'une ou l'autre des expressions. Sa voix claire est douce et expressive, dotée d'une belle tessiture. Sa voix gutturale est brutale, rauque et profonde ; son timbre évoque immanquablement la mort ou la terreur absolue. Cette dualité permet aux textes d'évoquer la beauté et la souffrance avec encore plus de pertinence ! J'aimerais bien connaitre la technique, en attendant j'en suis réduit à imiter les figurants de Walking Dead.

Loin de se limiter à ce talent, Mikael Åkerfeldt ne se contente pas de suppléer à Fredrik Åkesson, son guitariste soliste. Il intervient constamment aux guitares avec grande technicité et sensibilité. Rappelons de manière plus anecdotique que l'humour de Mikael est sans doute plus compréhensible pour les anglophones ; il a souvent interpellé son public, les rires francs furent le privilège de ceux-ci.

Quant à Fredrik Åkesson, ses soli sont simplement excellents et opportuns pour sublimer les harmonies. Je n'ai pas connu son prédécesseur (avant 2007 si vous avez bien suivi), mais en tous cas il assume parfaitement sa fonction et y excelle pour le plus grand bonheur des mélomanes ! Cette complicité entre les deux guitaristes permet des duos absolument magnifiques qui ne sont pas sans rappeler Michael Schenker. Il assume également quelques chœurs, même si cette fonction est principalement assumée par le claviériste Joakim Svalberg. Encore un personnage essentiel aux sublimes ambiances lugubres, éthérées ou psychédéliques avec ses nappes et ses accords aux sonorités de piano, synthé, mellotron et orgue. Je me remémore encore sa prestation notamment sur "Burden" avec un passage purplien. Le bassiste uruguyen, Martín Méndez, est plus statique que ces complices mais n'en demeure pas moins d'une redoutable efficacité. J'ai pris beaucoup de plaisir à le regarder jouer, dans tous les sens du terme, de son instrument. Ça tapote, ça caresse, ça glisse, ça frappe. Quant au p'tit nouveau, le batteur Waltteri Väyrynen, âgé de 28 ans, sa capacité à reproduire toute la complexité des frappes avec la même technicité de son prédécesseur m'a impressionné. Je lisais dans un entretien que Mikael avait été frappé par son aisance à interpréter des titres pourtant parfois écrits à sa naissance ("Il est né la même année où nous avons enregistré notre premier album, "Orchid" ! ").

Cette rétrospective m'a par ailleurs permis de découvrir des titres que je ne connaissais pas (encore). J'ai particulièrement apprécié/découvert "Black Rose Immortal" (Morningrise, 1996), qui pendant plus de vingt minutes nous emmène en voyage dans un univers toujours aussi surprenant, avec ses multiples ruptures d'atmosphères ; c'est encore un album à me procurer !!

Au passage j'en profite pour souligner une nouvelle fois la qualité du son sans laquelle je n'aurais pas su évaluer la qualité des nouveaux titres

Voilà, en résumé, je connais des absents qui avaient, une fois de plus, bien torts de ne pas être là !

Est-ce la configuration de la salle, avec sa fosse de petite taille, alors qu'une grande partie est constellée de fauteuils, mais il m'a semblé que la réaction du public a tardé à se montrer aussi exubérante que d'habitude. Mais mon impression est toute relative ; les titres les plus anciens rivalisaient d'ambiance avec les plus récents, difficile de discerner ceux qui eurent la préférence de l'auditoire ! En tout état de cause, il me semble que d'asseoir le public d'Opeth n'est pas de nature à entretenir la plus folle ambiance. Moi-même je piaffais d'envie de me lever et d'aller en fosse. "Deliverance" fut en tous cas une apothéose, tout le monde est debout pour une ovation débridée !

Deux heures et quart de concert auront permis d'évoquer chacun des treize opus studios d'Opeth avec un titre : un de "Orchid (1995)", un de "Morningrise (1996)", un de "My Arms, Your Hearse (1998)", un de "Still Life (1999)", un de "Blackwater Park (2001)", un de "Deliverance (2002)", un de "Damnation (2003)", un de "Ghost Reveries (2005)", un de "Watershed (2008)", un de "Heritage (2011)", un de "Pale Communion (2014)", un de "Sorceress (2016)", un de " In Cauda Venenum (2019)". Je ne compte évidemment pas la plaisanterie de Mikael ("You Suffer").

PROGRAMME
Ghost of Perdition (Ghost Reveries, 2005)
Demon of the Fall (My Arms, Your Hearse, 1998)
Eternal Rains Will Come (Pale Communion, 2014)
Under the Weeping Moon (Orchid, 1995)
Windowpane (Damnation, 2003)
Harvest (Blackwater Park, 2001)
Black Rose Immortal (Morningrise, 1996)
Burden (Watershed, 2008)
The Moor (Still Life, 1999)
The Devil's Orchard (Heritage, 2011)
Allting tar slut (In Cauda Venenum, 2019)
RAPPEL : (pas vraiment d'attente, juste une extinction temporaire des feux)
Sorceress (Sorceress, 2016)
You Suffer (Napalm Death cover)
Deliverance (Deliverance, 2002).

Le passage à l'échoppe m'impose un choix entre plusieurs modèles de t-shirts plutôt jolis, mais je reste dans mon principe en me procurant, pour 30€, l'officiel de la tournée "Evolution XXX", qui montre devant la couverture du dernier opus et derrière les fameuses dates des villes européennes visitées. Je le trouve magnifique.

Le calendrier d'automne nous aura finalement procuré énormément de plaisir avec SOEN, MAGMA, THE WINDMILL, ARENA, MARILLION, BLUE ÖYSTER CULT, PORCUPINE TREE et ce soir OPETH !…

Le lendemain JETHRO TULL me tentait bien, ainsi que HEILUNG le surlendemain, nous renonçons. On va cibler le 16 décembre au Spirit of 66 pour revoir d'autres pourvoyeurs de rêves, MOSTLY AUTUMN.





mercredi 2 novembre 2022

PORCUPINE TREE – LE ZENITH DE PARIS – le mercredi 2 novembre 2022

https://porcupinetree.com/

ETATS D'ÂME

QUATRE MILLE QUATRE CENT DEUX jours que j'attendais ce moment ! 4402 jours depuis ce prestigieux concert du jeudi 14 octobre 2010 au Royal Albert Hall, à l'issue duquel je n'imaginais pas que ce devait être le dernier avant longtemps ! Attente interminable, attente désespérée d'un mélomane passionné par ce groupe devenu légendaire, reconnu comme une référence par beaucoup d'artistes.

J'exempte d'intervention ceux de mes amis qui moqueront mon engouement tardif pour PORCUPINE TREE, même si en effet je confesse volontiers avoir attendu le samedi 30 avril 2005 pour assister à un premier concert ! Je m'en veux tellement d'avoir ignoré son existence au moins dès le 24 avril 1998, date où le groupe était en concert à deux pas de chez moi au Théâtre Dunois dans le XIIIème arrondissement de Paris. D'avoir ignoré aussi son passage au Divan du Monde (12/6/99), au Trabendo (11/3/03) ou encore à la Maroquinerie (29/11/03) ! C'est une faute d'autant plus impardonnable, que si je n'avais pas méprisé à cette époque deux autres vecteurs de curiosités, à savoir Marillion et Dream Theater, j'aurais pu/dû découvrir Steven Wilson bien avant 2003 !!! bouhouhouhou… je me hais ! Cela étant le Môssieur est tellement actif, qu'il ne nous laisse que peu de temps aux lamentations ; en comptant ses prestations avec PORCUPINE TREE, BLACKFIELD, et son propre groupe, je pourrais me satisfaire de l'avoir vu, jusqu'à ce jour, vingt-cinq fois, dont neuf avec PORCUPINE TREE. Ma seule lacune au tableau est de ne pas avoir encore pu assister à un concert de NO-MAN.

BREF HISTORIQUE

Créant seul le concept PORCUPINE TREE dès 1987, Steven Wilson ne s'est entouré d'un vrai groupe qu'à la fin de l'année 1993 en faisant appel au claviériste Richard Barbieri, au bassiste Colin Edwin et au batteur Chris Maitland. Le groupe s'est d'abord ancré dans le sillage d'influences plutôt psychédéliques, rock spatial et rock expérimental. Puis il a évolué vers une direction davantage rock progressif, avec zeste de pop …parcours un peu similaire à celui de Pink Floyd. Il a ainsi peu à peu gagné en notoriété dans la sphère prog, notamment en Italie et aux Pays-Bas. Sa composition est restée stable jusqu'en février 2002, lors du départ de Chris, qui est remplacé par Gavin Harrison. Ce changement, concomitant aux expériences parallèles de Steven, marque une nouvelle évolution musicale vers des sonorités plus dure. L'album "In Absentia" (2002) en est une éblouissante démonstration. C'est précisément à cette époque que j'ai connu et admiré le groupe ; sa musique réunit tous les styles chers à mon âme, il crée une alchimie magique entre le metal, le prog, le folk, le spatial psyché, voire même le classique. Le titre "Gravity Eyelids" me semble une sublime synthèse.

Mais Steven est un personnage hyperactif, multiinstrumentiste, expert ès sons instruit depuis l'âge de 10 ans par son auguste papa. Il entretient plusieurs collaborations en parallèle, à commencer par NO-MAN (sa collaboration ambiante et hip-hop avec Tim Bowness), mais aussi IEM (un délire électro), Bass Communion (un délire expérimental, drone ambiant), BLACKFIELD (sa collaboration pop-rock avec Aviv Geffen), et STORM COROSION (sa collaboration ambiante lugubre avec Mike Äkerfeld). Sa compétence dans le domaine du son est reconnue à un tel point que les plus grands lui confient le remixage de leurs albums ; King Crimson, Yes, Jethro Tull, Caravan, notamment… Il accompagne des artistes dans leur production : MARILLION, OPETH, ANATHEMA, EPHRAT, Anja GARBAREK.

Infatigable et insatiable, Steven lance, dès 2008, un nouveau projet en solo avec la parution de son premier album "Insurgentes". Ses opus suivants accroissent constamment sa notoriété "Grace For Drowning" (2011), "The Raven that Refused To Sing" (2013), le chef d'œuvre "Hand. Cannot. Erase" (2015), "To the Bone" (2017) et "The Future Bites" (2021). En contrepartie de ce succès il abandonne, dès 2010, son beau jouet PORCUPINE TREE qui, à mon sens en tous cas, était pourtant en plein essor.

Au fil des entretiens avec les journalistes et des tournées triomphales, les admirateurs nostalgiques de l'Arbre au Porc-épic ont erré péniblement entre espoirs déçus et désespoir relatif. Nous étions nombreux, partagés entre la satisfaction de voir son talent reconnu et l'amertume de l'abandon de l'aventure PORCUPINE TREE. Mon espoir était cependant nourri par l'observation du nombre croissant de titres de PORCUPINE TREE que Steven reprenait au fil des tournées ; aucun en 2012, un en 2013, puis deux en 2015, puis quatre,… pour atteindre cinq titres durant les concerts des années 2016 à 2018 ! Preuve que cela devait le travailler quand même !!

Nonobstant ce bel élan, la Pandémie a contrarié la tournée promotionnelle de "The Future Bites", qui était prévue pour l'automne 2021 ; elle est reportée à …2024.

Puisque le Monsieur n'aime pas rester inactif, il a eu une la bonne idée de répondre ENFIN à ses admirateurs… Nous n'osions plus l'espérer, mais à la surprise générale, il a ressuscité notre Arbre favori et a annoncé dans la foulée un nouvel opus, suivi d'une tournée ! Hallelujah !!!

C'est ainsi qu'un onzième album studio "Closure/Continuation" est paru le 24 juin 2022. Encore une grosse réussite à mon sens, cet opus me semble se placer dans la continuité de son prédécesseur "The Incident". Les nostalgiques de la première période (1993/03) restent frustrés, mais en ce qui me concerne cette orientation me convient parfaitement.

Les tickets sont réservés dès le 2 novembre 2021. Je ne cache pas que mon impatience teinté d'inquiétude n'a cessé de croitre depuis cette date !!

Nous revenons au Zénith de Paris, dix jours après le concert de Marillion qui fut déjà un très Grand moment d'émotions. Nonobstant, je subodore que ce soir sera un cran encore au-dessus, ne fut-ce que pour l'aspect historique d'un retour inespéré ! De surcroit, je suis accompagné de mes deux fils, Samuel et Julien, et de ma p'tite Fée !!! Seul Samuel les a déjà vus, en 2009. Je me remémore avec une tendre nostalgie ces déplacements en voiture dès 2003, durant lesquels mes deux crapules étaient contraintes de subir mes écoutes répétées d'In Absentia ! Il faut croire que ce bourrage de crânes a dû les marquer durablement… père indigne (?). Mon aîné attendait l'ouverture des barrières dès 15h30, il est logiquement au premier rang en fosse, face à son idole. Son frère ne restera avec nous que durant le premier acte avant de mieux partager les émotions de la fosse ! Je ne peux pas lui en vouloir …

Trèves de discussions apéritives entre mélomanes passionnés, nous pénétrons l'auditorium pour nous asseoir à nos places réservées en carré or. Pour comprendre ce qui suit, je dois rappeler ma nostalgie d'une époque où les placements étaient libres, quelle que fut la salle. Pas de numéro, pas de carré or, pas de placeuses… Cette règle favorisait les mélomanes les plus passionnés ; ceux qui arrivaient le plus tôt étaient les mieux placés, épicétou. Mais ça, c'était avant. Depuis plusieurs années, c'est le règne du pognon. Les gueux au pigeonnier. Même la fosse est désormais parfois (pas aujourd'hui) subdivisée pour privilégier les plus fortunés. Un scandale, auquel certains s'opposent courageusement ; pour les concerts des Dropkick Murphys, le placement est libre.

A priori, je m'agace donc d'être accueilli par une armée de placeuses dont je pressens la main tendue, comme si le prix des places (et des consommations) n'étaient pas déjà assez chères ! Mais de surcroit, la demoiselle nous explique que nos trois places ont été réquisitionnées au profit de personnes handicapées. Mon sang commence à bouillir, mais c'est ma p'tite Fée qui se rebelle à juste titre. Non pas contre le principe de réserver un emplacement à cet effet, bien entendu, mais pour le simple principe du respect de notre contrat de réservation. En outre, un coup d'œil rapide et discret sur les bénéficiaires nous fait fortement douter du motif … De fait, après moult négociations et déplacement adéquates, (…) nous parvenons finalement à récupérer Nos trois sièges. (du reste nous observons que les occupants se sont levés sans aucune difficulté !). La pagaille de leur mercantile organisation a ainsi touché toute la rangée, d'autres spectateurs ont eu la même exigence que nous.

Notre combat légitime nous a permis de jouir d'un emplacement idéal pour lequel nous avions payé, premier rang du gradin central face à la scène, légèrement sur la gauche.

LE CONCERT [20:15-21:25 / 21:45-22:50 / 22:52-23:12]

Alors que les lumières de la salle sont encore allumées, nous percevons en bande son introductive la tonalité continue du thème d'Even Less. L'excitation est ainsi à son comble lorsque l'extinction des feux est immédiatement suivie de l'entrée des artistes qui attaquent sur l'énergique "Blackest Eyes" ! Je vous fais grâce du détail de mon excitation totale …

Steven WILSON (chant, guitare, de 1987 à 2010, puis depuis 2021) est entouré de Richard BARBIERI (claviers, de 1993 à 2010, puis depuis 2021), et de Gavin HARRISON (batterie, percussions, de 2002 à 2010, puis depuis 2021). Mais aussi de Randy McSTINE (guitare, pour la tournée actuelle) et Nate NAVARRO (bassiste, pour la tournée actuelle).

Dès les premières séquences on savoure la qualité inouïe de la sonorisation ! Le concert sera un pur régal auditif, tel que Steven est capable d'en fournir dans notre salon !

La scène est éclairée par un dispositif faussement discret ; un arc de projecteurs surplombe le tout. Il est lumineux, et contribuera merveilleusement par ses teintes et ses nuances, aux atmosphères requises.


En fond de scène, un écran géant diffuse les images et mini-films illustrant les thèmes abordés.

L'espace scénique est large et permet à chaque pupitre de disposer de son espace vital. Cela étant, le seul à bouger sera Steven.

Partant de ce cadre, on pourra toujours me soupçonner de subjectivité, mais le fait est que de l'avis général cette prestation s'avèrera vite être LE concert de l'année, tout simplement. La maitrise est totale de bout en bout, le visuel, le son, le choix des titres tout relève de la perfection. Et que l'on ne vienne pas m'opposer que seul Dieu serait parfait ; n'est-il pas là devant nous, sur la scène ?!

Sur l’écran, on voit s'animer, sous différentes formes et couleurs, le personnage de la couverture d'In Absentia. La suite ravit nos sens avec une succession de titres étourdissants principalement issus de "Closure / Continuation", produisant des émotions indescriptibles. Je souligne la version magnifique d'"Even Less" de 7 minutes version. "Last Chance to Evacuate Planet Earth Before It Is Recycled", dont les accords de banjo sont joués sur des guitares acoustiques. Steven soigne particulièrement le titre "Chimera's Wreck", dont l'intro lui permet de bidouiller le son de sa guitare comme il le faisait à ses débuts, et durant lequel l'alternance étourdissante des ambiances est magnifiée par un film d'illustration somptueux ! J'ai ainsi appris ici à apprécier ce titre, alors qu'il était loin d'être mon favori sur le CD ! Bref, le programme ne laisse aucun répit à nos esprits bousculés mais je souligne encore la puissance mélodique et émotionnelle de "Dignity".

Force est de constater que Steven est au sommet de son art, sa voix est posée et juste et je rassure les inquiets (sa récente orientation en solo in quiète certains observateurs) il sait toujours jouer de la guitare, et très bien ! Il semble détendu ; il dialogue avec son public, s'amuse des t-shirts qu'il remarque dans la fosse, s'excuse de nous avoir fait attendre tant d'années (il peut !…). Son épanouissement personnel (professionnel et sentimental) ne semble pas nuire à son talent, ni à son envie, ni à sa créativité. Richard reste le discret enchanteur créateur d'ambiances ; et que Gavin confirme une fois de plus son immense talent, sa force tranquille, sa haute technicité et sa sensibilité de frappes. Même si je déplore, par principe l'absence de Colin Edwin et celle de John Welsey, j'admets volontiers que Nate (moment de bravoure de la basse sur "Dignity") et Randy (ses soli et ses chœurs sont toujours opportuns et de qualité) les remplacent dignement.

Un p'tit entracte est bienvenu pour un premier partage d'émotions et pour se ressourcer avant de profiter d'un second acte qui nous fera grimper très, très haut !

Une bande son introductive évoquant le titre "Sentimental" annonce un bel hommage à l'album "Fear of a Blank Planet" qui sera effectivement dignement honoré durant l'acte II. Notons cependant le puissant "Herd Culling" couronné par un "Happy Birthday" entonné par les admirateurs les plus avertis, à l'attention de Steven né le 3 novembre 1967. L'époustouflant "Anesthetize" est joué dans son intégralité, avec des belles interventions de McStine. Et que dire du redoutable "Sleep Together" qui une fois de plus a littéralement désarticulé mon pauvre cou et dévasté ma crinière.


L'ivresse du public est à son comble, bien évidemment.

L'attente pour le rappel est bien trop longue à mon goût. Dans ce cadre, l'éthéré "Collapse the Light Into Earth" vient calmer un peu les esprits ; seuls sont présents Steven et Richard. Magique !

Avant de clore cette soirée mémorable, Steven plaisante avec son public. Les plus anciens admirateurs auront au passage mesuré combien le monsieur a pris de l'assurance. Elle est loin l'époque où l'introverti se cachait derrière sa frange de cheveux longs ! Revendicatif, il annonce ; Oui, le titre de clôture sera un morceau emblématique de son choix, non soumis aux diktats médiatiques auxquels sont soumis tant d'autres artistes. Non, ce ne sera pas un "Free Bird". C'est "Trains" qui fait chavirer finalement un public absolument comblé. C'est au moins la septième fois qu'il me ressort ce titre en concert, mais je ne m'en lasse pas !

En un peu plus de deux heures et trente-cinq minutes, nous avons écouté vingt titres, dont les sept issus de Closure / Continuation (2022), cinq issus d'In Absentia (2002), quatre issus de Fear of a Blank Planet (2007), un issu de Deadwing (2005), un issu de Lightbulb Sun (2000), un issu de Recordings (2001) et un issu de Stupid Dream (1999). Monsieur "plus" aurait volontiers apprécié des titres plus anciens ; en plaçant le curseur sur les années 2000, Steven a oublié délibérément sa période la plus éthérée. Choix artistique, donc respectable.

PROGRAMME
ACTE 1
Bande son introductive : Tonalité longue tirée d'Even Less
Blackest Eyes (In Absentia, 2002)
Harridan (Closure / Continuation, 2022)
Of the New Day (Closure / Continuation, 2022)
Rats Return (Closure / Continuation, 2022)
Even Less (Stupid Dream, 1999)
Drown With Me (In Absentia, 2002)
Dignity (Closure / Continuation, 2022)
The Sound of Muzak (In Absentia, 2002)
Last Chance to Evacuate Planet Earth Before It Is Recycled (Lightbulb Sun, 2000)
Chimera's Wreck (Closure / Continuation, 2022).
Bande son finale : Turiya (Alice Coltrane).
ACTE 2
Bande son introductive : Sentimental
Fear of a Blank Planet (Fear of a Blank Planet, 2007)
Buying New Soul (Recordings, 2001)
Walk the Plank (Closure / Continuation, 2022)
Sentimental (Fear of a Blank Planet, 2007)
Herd Culling (Closure / Continuation, 2022)
Anesthetize (Fear of a Blank Planet, 2007)
Sleep Together (Fear of a Blank Planet, 2007).
RAPPEL :
Collapse the Light Into Earth (In Absentia, 2002)
Halo (Deadwing, 2005)
Trains (In Absentia, 2002).

Pour marquer l'évènement, un arrêt à l'échoppe s'impose. En ce qui me concerne se sera un nouveau t-shirt.

Le bonheur est dans la salle...          ©Marco

Je m'étais abstenu de boire quoique ce soit ce soir de peur de manquer un tant soit peu de ce concert, car je fais partie du redoutable GPV (Gang des P'tites Vessies). La soif m'emporte donc avec quelques autres à trainer dans un bar au-delà des horaires de circulation des métros… Heureusement, les Noctiliens roulent encore pour nous rapprocher au mieux de chez nous !

Que du bonheur on vous dit !...

Nous avons déjà des scrupules de ne pas avoir opté pour d'autres dates de la présentes tournée... Lors de la rédaction du présent récit, nous savons déjà qu'une première date de festival est fixée ; ce sera le Sounds of the City à Castlefield Bowl Manchester, (UK) le 29 juin 2023. … Ça cogite déjà … Et si PORCUPINE TREE venait au Night of the Prog de Loreley ? hein ? Hein ? 

lundi 31 octobre 2022

BLUE ÖYSTER CULT – Le Trianon de Paris (Paris 18e) – lundi 31 octobre 2022.

Beaucoup de groupes du continent américain privilégient leurs tournées américaines, sans doute plus lucratives ou déjà assez éreintantes, sans avoir à aller plus loin. On peut ainsi déplorer ne jamais avoir vu des géants tels que Boston, Kansas, Triumph. On peut aussi se réjouir du parti-pris inverse de certains autres qui n'hésitent pas à sortir délibérément de leur cadre, tels que Dream Theater, Metallica. Reste les opportunistes, qui daignent en faire la démarche, mais avec parcimonie, tels que Aerosmith, Rush, Van Halen … BLUE ÖYSTER CULT fait partie de cette dernière catégorie. Autant dire qu'il ne faut pas manquer leurs (trop) rares visites !

Cependant, la trop longue litanie des concerts reportés à cause de la Pandémie continue ; ce concert était initialement prévu le mardi 2 juin 2020, il a d'abord été reporté au jeudi 20 mai 2021, puis au dimanche 17 octobre 2021 pour enfin être fixé à ce lundi 31 octobre 2022. Le concert étant complet, une seconde date a été ajoutée à Paris, mais la veille. Je m'en veux un peu de ne pas avoir opté pour celle-ci également…

Ces deux concerts parisiens s'inscrivent dans leur tournée pour leur 50ème anniversaire, mais aussi pour promouvoir leur quinzième album "The Symbol Remains" qui est paru le 09 octobre 2020, soit dix-neuf années après le précédent quand même ! Le 14 octobre, ils étaient encore aux USA et ils y retournent le 4 novembre ! Les douze dates européennes, dont deux parisiennes, ne sont donc qu'une parenthèse dans leurs incessantes tournées américaines. Par conséquent, une fois n'étant pas coutume, savourons notre privilège français !

Je pouvais d'autant moins me priver de ce concert que j'entretiens des scrupules d'avoir manqué parfois, trop souvent, leurs concerts. Je ne les ai vus que cinq fois ! J'ai tardé jusqu'au samedi 4 février1984 (Revölution by Night) pour me rendre à un premier concert. Puis, j'ai pu les revoir les jeudi 30 aout 1984, lundi 27 janvier 1986 (Club Ninja), et lundi 13 février 1989 (Imaginos). Mais il m'aura fallu attendre …plus de vingt-huit années plus tard, le samedi 24 juin 2017 pour les revoir à l'occasion du festival Retro C Trop. A ma décharge, ils semblent n'être passés à Paris que deux fois avant ma première (1975 et 1978), puis je les ne les ai manqués que trois fois ensuite (1992, 1995 et 2009).

BLUE ÖYSTER CULT, fondé en 1967 à New York, figure dans Mon Panthéon des groupes pionniers du Hard Rock. Donald "Buck Dharma" Roeser (guitare solo, chant), Eric Bloom (chant, guitare électrique), Allen Lanier (claviers, guitare) et la fratrie Bouchard à la section rythmique Joe (basse, voix) et Albert (batterie, voix) ont enregistré leur premier album éponyme dès 1972. Influencés notamment par Black Sabbath, The Stooges et bien d’autres, BÖC a construit sa notoriété en occupant les scènes inlassablement et composant des titres devenus indispensables en concert, tels que "(Don’t Fear) The Reaper" (1976), "Godzilla" (1977) et "Burnin’ for You" (1981).

Je ne m'étendrai pas sur la biographie du groupe, que tout mélomane curieux peut aisément consulter, mais il me parait intéressant de souligner qu'elle relate l'histoire d'une rencontre entre des étudiants new-yorkais et un poète Sandy Pearlman, devenu leur manager. Celui-ci serait à l'origine du nom "Blue Öyster Cult" tiré d'un de ses poèmes écrits dans les années 1960, intitulé "Imaginos". Thème d'ailleurs repris en 1988 pour l'opus éponyme. On comprend mieux le rapport avec l'enregistrement en concert intitulé "ETL, extraterrestrial Live", à l'aune de cette explication ; dans la poésie de Pearlman, le "Blue Öyster Cult" était un groupe d'extraterrestres qui s'étaient réunis secrètement pour guider l'histoire de la Terre. D'abord perplexe, le groupe avait fini par adopter cet intitulé pour préparer son premier album. On peut retenir aussi que le mystérieux logo résulte de diverses inspirations venant de la mythologie grecque (Chronos, Zeus, …), de symboles alchimiques (le plomb, le plus lourd des métaux), mais aussi de symboles astrologiques (Saturne).

Voilà pour mon contexte. C'est donc avec une certaine fébrilité que nous rejoignons la file d'attente qui ne tarde pas à être arrosée d'une copieuse pluie d'automne bien malvenue.

18:30 Ouverture des portes. Nous parvenons à nous positionner correctement en fosse, centré et relativement proche de la scène. Seules quelques têtes inopportunément hautes nous empêchèrent d'atteindre un confort de salon.

L'animation de la première partie de la soirée était dévolue à Gaëlle Buswel, comme celle de la veille, mais la Dame s'est déclarée indisponible, laissant ainsi à Sylvain Laforge, son complice de scène, le soin de la remplacer.

LUX [19:45-20:10].
https://lux-theband.com/

Ancien complice de Rita Mitsouko, le guitariste Sylvain Laforge, a fondé à Paris, en 2014, un duo avec la chanteuse new-yorkaise Angela Randall. "LUX the band" montre une affinité avec la tradition folk/rock anglo-saxonne.…

Un premier album, "Super 8", a été réédité avec des nouvelles chansons en juin 2019. Un second album était prévu cette année. Leur biographie revendique ainsi une étiquette "Velvet Rock" dont je ne comprends toujours pas très bien le sens à l'issue de leur prestation… Leur musique sonne tout ce qu'il y a de plus folk-rock dans les couloirs de nos métros parisiens.

Une prestation bien sympathique mais disons que les amateurs du BÖC ont par le passé été habitués à des invités d'un autre calibre. Je les ai vus avec le canadien Aldo Nova en 1984, Tokyo Blade en 86, et Patrick Rondat en 89, et surtout ils ont tourné avec Black Sabbath, Rush, Boston, Kiss, Uriah Heep et tant d'autres encore …

Mais notre microcosme musical est composé de gens bien élevés, le public applaudit respectueusement le binôme qui a au moins le mérite d'avoir relevé le défi inopiné de remplacer Gaëlle Buswel.

BLUE ÖYSTER CULT [20:30-22h20]
http://www.blueoystercult.com/

L'extinction des feux, accompagnée d'une évocation de "Blade Runner" (Vangelis) dans les enceintes, annonce l'imminence du concert tant attendu !

Le quintuor entre en scène et attaque avec "Tattoo Vampire" que je confesse ne pas avoir reconnu immédiatement. Je ne m'attendais pas à ce titre en introduction, et pourtant avec le recul il me semblait s'imposer en cette période d'halloween, importante pour les ricains.

Je retrouve ainsi avec plaisir la même formation qu'au Retro C Trop en 2017. Donald ROESER alias "Buck Dharma" (guitare, chant depuis 1967, né le 12 novembre 1947 ; 74 ans) reste le seul membre fondateur du groupe, mais Eric BLOOM (chant, guitare, claviers depuis 1969, né le 1er décembre 1944 ; 77 ans) était déjà intégré au groupe pour le premier album. Ils sont entourés de Danny MIRANDA (basse, chœur de 1995 à 2004, puis depuis 2017), Richie CASTELLANO (guitare, claviers, chœurs, depuis 2007 – après avoir été basse de 2004 à 2007) et Jules RADINO (batterie depuis 2004).

Cette salle dispose d'une acoustique excellente, l'ingénieur du son m'a semblé à la hauteur de l'enjeu, par conséquent la sonorisation nous a permis de vivre un excellent concert.

Un éclairage à la fois lumineux et coloré a parfaitement entretenu les atmosphères à l'attention des regards et des objectifs de chasseurs d'images. Aucun fond de scène ; ni symbole, ni écran. Aucun artifice ni décor de scène, juste des musiciens et leurs accessoires. Rock'n'roooooooooll !

La prestation est quasi irréprochable avec des titres piochés dans la longue discographie, parfois de manière surprenante (Tattoo Vampire, The Vigil, Teen Archer, I Love the Night) parfois de manière plus conventionnelle (Burnin' for You, Then Came the Last Days of May, Godzilla, Don't Fear The Reaper), mais le titre qui m'aura surpris avec bonheur fut Black Blade.

Fait notable, la séquence initialement jouée au saxo dans "Shooting Shark", titre coécrit par Buck Dharma et Patti Smith, est ici remplacée par les guitares de Ritchie puis de Buck.

Un des points culminant fut sans doute l'interprétation de "Then Came the Last Days of May" avec ses étourdissants solos des guitares de Ritchie, puis de Buck ! Ce dernier n'a d'ailleurs pas cessé de nous démontrer, avec sa fameuse guitare-gruyère, qu'il a de beaux restes, notamment après "Godzilla". Vraiment, voir ces deux grands guitaristes rivaliser de soli fut un réel bonheur. Richie Castellano est un multiinstrumentiste particulièrement doué, talentueux et charismatique. Buck demeure une Référence, toujours aussi technique et sensible sur ses cordes.

Eric quant à lui n'est certes plus aussi fringant qu'autrefois, et sa voix peut paraitre parfois hésitante, mais il inspire toujours le respect. Pour le côté esthétique, dommage qu'il ne joue plus avec sa légendaire guitare aux formes du logo.

Le public exulte avec moi, mais pouvait-il en être autrement ?! Les ovations permettent un juste retour du groupe pour un rappel amplement mérité.

Autre qualité du groupe, et non des moindres, l'auditeur peut s'engager à les suivre sur plusieurs dates, le programme varie le plus souvent. Ces musiciens exploitent leur répertoire en modifiant les titres interprétés durant leur tournée, quand d'autres (je ne nommerai personne, non !) se contentent d'un programme figé pendant toute leur tournée ! Par rapport à la veille, la loterie des programmes variables d'un soir à l'autre nous a ainsi privé de NEUF TITRES : "Transmaniacon MC", "Harvest Moon", "E.T.I. (Extra Terrestrial Intelligence)", "Train True (Lennie's Song)", "Tainted Blood", "Dancin' in the Ruins", "Perfect Water", "Harvester of Eyes",  et surtout de "Cities on Flame With Rock and Roll". Je considère être en droit d'être frustré, quand on se rappelle avoir acheté nos billets avant les spectateurs d'hier… mais bon, passons!

Dix-sept titres, dont (seulement) deux de The Symbol Remains (2020), trois issus de Blue Öyster Cult (1972), trois de Spectres (1977), deux de Agents of Fortune (1976), deux de Secret Treaties (1974), un de The Revölution by Night (1983), un de Cultösaurus Erectus (1980), un de Fire of Unknown Origin (1981), un de Mirrors (1979), et un de Tyranny and Mutation (1973). Un heure cinquante de plaisir auditif absolu.

PROGRAMME
Bande son introductive : Blade Runner (Vangelis)
Tattoo Vampire (Agents of Fortune, 1976)
That Was Me (The Symbol Remains, 2020)
Golden Age of Leather (Spectres, 1977)
Burnin' for You (Fire of Unknown Origin, 1981)
Shooting Shark (The Revölution by Night, 1983)
The Vigil (Mirrors, 1979)
Cagey Cretins (Secret Treaties, 1974)
Box in My Head (The Symbol Remains, 2020)
Screams (Blue Öyster Cult, 1972)
She's as Beautiful as a Foot (Blue Öyster Cult, 1972)
Black Blade (Cultösaurus Erectus, 1980)
Then Came the Last Days of May (Blue Öyster Cult, 1972)
Godzilla (Spectres, 1977)
(Don't Fear) The Reaper (Agents of Fortune, 1976).
RAPPEL :
Teen Archer (Tyranny and Mutation, 1973)
I Love the Night (Spectres, 1972)
Dominance and Submission (Secret Treaties, 1974).

Il est permis de craindre de pas de ne pas les revoir de sitôt, le passage à l'échoppe s'imposait. J'ai été bien inspiré de m'y précipiter car, la tournée européenne touchant à sa fin, il ne restait que très peu de t-shirts. J'ai même dû me contenter d'une taille inférieure à mon habitude, et je m'estime heureux, car j'avais à peine le dos tourné que le stock fut épuisé !! ouf !






dimanche 23 octobre 2022

MARILLION – Zénith de Paris – dimanche 23 octobre 2022.

 

Encore un reliquat de la pandémie, cet événement était prévu le dimanche 17 octobre 2021, et la Convention bisannuelle était prévue en mars 2022 ; tous les deux ont été reportés d'un an, mettant ainsi notre patience à rude épreuve. Autant dire qu'avec la parution du splendide album "An Hour Before It's Dark", notre fébrilité avait encore monté d'un cran, cette date automnale était particulièrement attendue !

Rédiger un récit sur mes impressions à l'issue d'un concert de MARILLION demeure un exercice redoutable pour moi. Je crains toujours de me vautrer dans le pathétique au dépends d'un partage d'impressions le plus factuel, à défaut d'objectif possible. Le fait est que ce groupe, à l'instar de quelques autres, est capable de provoquer en moi des vagues émotives irrépressibles. Leur Musique est l'une des prescriptions qui soulage le mieux mes tracas du quotidien. Elle illustre parfaitement le concept de musicothérapie que je prône depuis toujours.

Ô, je sais bien que ceux qui me connaissent de longue date pourront m'opposer mon dédain initial durant les années 80 pour ce groupe avec lequel je ne me suis finalement réconcilié que dans les années 2000 (eh oui…), par la grâce de Monsieur Steven Wilson. Vieux motard que jamais, ce soir n'est ainsi que la quinzième fois que j'assiste pieusement à leur concert.

Avec ma p'tite Fée et mon fils, nous parvenons à nous positionner très correctement en fosse, en centre gauche, à une dizaine de rangs de la scène. Nous remarquons la présence du guitariste d'OVERHEAD, Jaakko Kettunen et de sa ravissante épouse que nous avions quitté moins de vingt-quatre heure auparavant. Une nouvelle occasion pour lui renouveler notre respect admiratif !

Le Zénith est dans son format réduit et pourtant il est à peine rempli. Certes, les admirateurs français ont eu cette fois l'opportunité de se répartir sur six dates réparties dans l'Hexagone. Mais quand même, il est bien navrant de devoir compter sur le renfort d'une brigade d'admirateurs allemands (arborant fièrement leur t-shirt "Web Germany, Die offizielle deutsche Marillion Gemeinschaft") pour tenter de combler les trous. On peine alors à se souvenir de l'époque où MARILLION remplissait le POP-Bercy … Mais on va estimer que la plupart des plus sincères dévots franciliens sont ici… Pauvre, pôôôôvre france.

18h30 : UN DUO IDYLLIQUE

Cette fois, mon "angoisse de la feuille blanche" est soulagée avec l'opportunité de débuter mon récit par un conte de Fée des temps modernes. Dans le cadre très particulier du microcosme MARILLION, le romantisme à toute sa place, car il est favorisé par leur musique et l'émotion qu'elle procure. Et ce soir, nous en aurons de nouveau une belle démonstration.

Il était une fois, une jolie violoniste bruxelloise qui faisait partie d'IN PRAISE OF FOLLY, un quatuor de cordes recruté par MARILLION pour les accompagner en concert. Maia Frankowski s'épanouit pleinement en accompagnant les anglais lorsqu'elle rencontre son prince charmant, l'artiste folk britannique Harry Pane… Ils ont été réunis par un beau coup du sort ; le couple s'est rencontré sur scène lors d'une tournée européenne. Leur première collaboration, le monoplage "Time", est sorti en 2020 sous le nom de "Harry Pane feat. Maïa Frankowski". Ils créent ainsi le duo JUNE ROAD, un mélange indie folk exprimant de riches harmonies vocales, à la guitare et au violon. Leur biographie nous décrit "une alchimie entretenue par une passion commune pour les voyages". Le duo est désormais basé à Bruxelles où leur écriture et leur relation s'épanouissent. Bref, dans la pure tradition de sincérité, limite candeur, typiquement belge, la jolie princesse a même clamé à notre assemblée que leur Amour sera sacré par le mariage ! C'est bô, l'Amoûr !

Les parrains de cette belle union ont eu la bonne idée de recruter le couple de tourtereaux pour ouvrir leurs soirées du 16 octobre au 9 novembre.

Nous avons déjà eu l'occasion d'assister à deux concert d'Harry Pane, à chaque fois à l'invitation de MARILLION ; le premier lors de la Convention le 26 mars 2017, puis une deuxième fois à Pleyel le 9 décembre 2019. Prétendre qu'il m'avait laissé un souvenir impérissable serait un abus de langage, m'enfin son entrain et son grain de voix ont toujours permis de passer un bon moment. Quant à sa protégée, nous l'avons écoutée à chaque fois qu'IN PRAISE OF FOLLY accompagnait MARILLION ; depuis le 26 mars 2017, depuis que cette formation musicale nous était apparue déguisée en costumes (18e s) pour interpréter les titres de l'album ".com".

Bon, c'est pas le tout, mais ça donne quoi au final ?! Eh bien c'est ma foi très, très bien fait ! Le violon endiablé et les accords très rythmés à la guitare sèche forment une belle unité entrainante. Je ne connais pas leurs références, mais leur état d'esprit et leur expression musicale nous a plu. Des mélodies énergiques et/ou douces ont contribué agréablement à nous faire patienter avant la Grand' Messe. Je ne traverserais pas l'Europe pour aller les voir, mais disons que je passerais bien une soirée en leur compagnie (enfin, pour être honnête surtout celle de la belle Maia) dans un bar.

19h30 : UN QUINTETTE MAGIQUE

L'entrée sur scène de Steve Rothery (guitares, depuis 1979), Mark Kelly (claviers, depuis 1981), Pete Trewavas (basse, chœurs, depuis 1981), Ian Mosley (batterie, depuis 1984), et Steve Hogarth (chant, clavier, guitare et percussion, depuis 1988) restera toujours un moment d'intense émotion qui dénonce une réelle communion d'esprit entre les artistes et leur public. Ce soir, un sixième membre est présent sur scène ; le percussionniste Luis Jardine. Son pedigree montre sa participation aux enregistrements parallèles de H, ainsi qu'au dernier album de MARILLION.

"An Hour Before It's Dark" paru le 4 mars 2022 pourrait être considéré comme le vingtième opus, mais ce serait en considérant que l'acoustique "Less is More" et que l'orchestré "With Friends…" seraient des albums à part entière, et qu'en revanche les deux volumes "Happiness Is the Road" ne formeraient qu'un opus, ce qui me semble discutable… Bref, quoi qu'il en soit c'est par ce somptueux album que débute mon quinzième concert.

Nous avons pu sans difficulté conserver notre emplacement, nous sommes en présence d'un public respectueux et unanime pour communier (j'ignore volontairement l'intrusion d'un ou deux parasites discourtois qui sont en retard sans l'assumer ; ils sont fort heureusement bien moins nombreux ici qu'ailleurs, tel est le sens de mon propos !). De là, nous pourrons observer Pete, placé devant Ian, sur notre gauche, et H sur notre droite. Steve est positionné devant Mark, sur la droite. 

Une acoustique et une sonorisation excellentes nous permettent de retrouver immédiatement la Porte vers l'Univers magique !


L'intégralité de l'album défile et ne fait que confirmer tout le bien que nous en pensions depuis notre salon. Quelle magnifique Création ! Un recueil à la fois sombre, lumineux, poétique aérien, dynamique et émouvant. Toute une palette d'émotions exprimées avec conviction par ce grand comédien qu'est Steve Hogarth. Ce chanteur au timbre si sensible et expressif est vraiment doté d'un charisme exceptionnel.

"The Crow and the Nightingale" était et restera je pense mon titre préféré de l'album. Il a su une nouvelle fois tirer les larmes de mes yeux, déjà embués par ce qui précédait ! L'usage de bandes-son a habituellement le don de m'agacer, néanmoins cette fois j'admets volontiers que les sonorités bouleversantes du Choir Noir aurait manqué à l'ambiance du titre… La ferveur de l'auditoire a encore monté d'un cran !

Steve Rothery, l'immense guitariste, digne fils spirituel des D. Gilmour, A. Latimer et autre M. Knopfler, reste une source d'admiration infinie. Son inquiétant embonpoint ne semble pas gêner ses sensibles touchers qui transcendent les harmonies du groupe. Ces soli admirables accentuent les sentiments déjà puissamment exprimés par la musique.

Pete Trewavas, m'a semblé bénéficier d'un son particulièrement efficace qui m'a permis d'admirer une nouvelle fois son jeu, ses accords comme cet ostinato introductif entêtant sur "Murder Machines". Ces chœurs généreux en soutien à H accentuent son statut de pilier fiable.

Mark Kelly, le garant des ambiances aérées et des atmosphères somptueuses nous faire vivre ses superbes progressions de textures sonores, notamment sur "The Crow and the Nightingale" (eh oui, encore ce titre !).

Ian Mosley ne revendique ni originalité, ni exubérance ; il met à profit toute sa longue expérience pour garantir les rythmes requis et il le fait avec tact et précision.

 


Ces cinq artistes conjuguent leurs talents avec une force, une authenticité et une sincérité qui leur confère le rang de maîtres de la scène néoprog. Le chant habité de H, la délicatesse des interventions de Steve Rothery alliée à celle de Mark Kelly, et la base basse/batterie astucieusement dosée mais suffisamment puissante pour assurer le voyage de l'auditeur ; tout est équilibre, source de plaisir auditif et d'évasion spirituelle. L'apport des percussions de Luis Jardine a encore ajouté une touche d'épices très agréable à l'ensemble. Agréable, mais pas indispensable à mon sens ; s'il devait y avoir un choix à faire, j'opterais pour le retour de l'orchestre. Mais je concède volontiers que le coût de revient n'est pas le même !

Faire plaisir, rendre les gens heureux semble l'objectif absolu de MARILLION ; très attentionnés pour leurs admirateurs (je peux en témoigner avec une certaine émotion, depuis les Conventions !), ils le sont aussi pour leur proches. Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Nial HOGARTH, fils de Steve et accessoirement assistant technique ; il est prié de venir, une fois n'est pas coutume, sur le devant de la scène pour accepter un opportun gâteau piqué de ses bougies. Evidemment, le public toujours aussi spontané, solidaire et émotif entonne LA chanson adéquate !

Il n'y a pas d'entracte avant une deuxième partie de soirée durant laquelle MARILLION interprète cinq titres d'une période comprise entre de 1994 à 2007, dont trois sont issus de "Brave" (1994), un de "Somewhere Else" (2007) et un de "Afraid of Sunlight" (1995). Le poignant "The Great Escape" clôt le concert avant les rappels évidemment attendus.

L'enthousiasme du public est total, bien évidement. Il est vrai qu'il serait difficile de trouver un titre qui déçoive l'auditeur en concert…

Le groupe ne tarde pas à revenir pour nous accorder les quatre séquences du fabuleux "The New Kings", titre issu de "F E A R" (2016). Alors que depuis le début il était engoncé dans un costume oppressant, H revient vêtu d'autre costume… qui nous parait toujours aussi inadapté à sa mobilité et à la température scénique !

Un second rappel achève d'exalter les plus anciens adeptes avec "Sugar Mice" ! H est vêtu d'une veste plus légère cette fois !! Je suis toujours ému/frustré de voir mes co-mélomanes chanter les paroles, en particulier le refrain, à l'invitation de H qui leur tend son micro. Je ne devrais plus me contenter de lire (et d'essayer) de comprendre les textes, il me faudrait aussi les retenir (hypocrite vœu pieu !) …

21h30 : Les musiciens, souriants et reconnaissants, quittent la scène avec une intense ovation, après avoir délivré deux heures de bonheur intense. Les lumières se rallument pour nous ramener brutalement à la réalité de cette fin de soirée.

A peine le temps de partager nos émotions que déjà les videurs nous indiquent la sortie.

PROGRAMME :
ACTE I : An Hour Before It's Dark (2022)
Be Hard On Yourself (I) The Tear in the Big Picture
Be Hard On Yourself (II) Lust for Luxury
Be Hard On Yourself (III) You Can Learn
Reprogram the Gene (I) Invincible
Reprogram the Gene (II) Trouble-Free Life
Reprogram the Gene (III) A Cure for Us?
Only a Kiss
Murder Machines
The Crow and the Nightingale (Choir Noir, choeur enregistré)
Sierra Leone (I) Chance in a Million
Sierra Leone (II) The White Sand
Sierra Leone (III) The Diamond
Sierra Leone (IV) The Blue Warm Air
Sierra Leone (V) More Than Treasure
Care (I) Maintenance Drugs (h on cowbell)
Care (II) An Hour Before It's Dark
Care (III) Every Cell
Care (IV) Angels on Earth.
ACTE II :
Somewhere Else (Somewhere Else, 2007)
Wave (Brave, 1994)
Mad (Brave, 1994)
Afraid of Sunlight (Afraid of Sunlight, 1995)
The Great Escape (Brave, 1994).
RAPPEL :
The New Kings: I. Fuck Everyone and Run (Fuck Everyone and Run (F E A R), 2016)
The New Kings: II. Russia's Locked Doors
The New Kings: III. A Scary Sky
The New Kings: IV. Why Is Nothing Ever True ?
RAPPEL 2:
Sugar Mice (Clutching at Straws, 1987).


Je jette un coup d'œil à l'échoppe, mais je reste sage. Dans environ 150 jours, nous aurons l'occasion de nous ruiner à l'échoppe de la Convention !

L'atterrissage est lent. Nous sommes une quinzaine à convenir de nous retrouver autour d'une table de bistrot, histoire de prolonger cette parenthèse de bonheur dans un monde de brutes.