Immanquablement, lorsque je me rends à un concert de
Magma des images me reviennent en mémoire. Dans les années 70, lorsque je
prenais le métro, (j'avais une douzaine
d'années) j'étais toujours intrigué par les affiches publicitaires qui en annonçaient
les concerts : je me souviens du regard troublant de Christian Vander, des
images évoquant l'incandescence des spectacles ou encore l'emblème inquiétant
du groupe. Les rares apparitions à la télévision ne faisaient qu'entretenir une
impression de mystères.
Impression délibérément entretenue par un style de
musique indéfinissable et une langue kobaïenne hermétique aux non-initiés.
Ajoutons pour faire bonne mesure que pas moins de 170 musiciens ont apporté
leur contribution depuis ses débuts ! On peut relever les passages de Didier
Lockwood, Michel Graillier, Jannick Top ou Simon Goubert entre autres. Le Magma
sembla s'éteindre à partir de 1984 pour nous proposer Offering, mais Vulcain en
décida autrement puisque depuis 1996 avec une nouvelle formation, la lave
incandescente continue de se déverser dans les auditoriums du monde entier.
Magma fête ainsi ses cinquante ans cette année !
L'annonce de ce concert, surtout dans cet écrin musical, ne pouvait donc que
m'inciter à les revoir une sixième fois. Je ne peux qu'afficher cinq autres
concerts depuis 2014 car j'ai longtemps mis de côté l'étude de la Zeuhl, ce bien étrange et atypique
univers. Il me fallut rencontrer une Fée (Sandrine) en 2012 puis le passionné (Robert)
un peu plus tard, pour enfin me lancer à la découverte…
Prétendre que j'ai trouvé la Porte immédiatement
serait inexact. Mais, à défaut de voyager complètement, je suis cependant
toujours parvenu à distinguer les talents individuels lors des prestations. Chaque
pupitre étant tenu par des musiciens qui m'ont toujours semblé investis et
admirables. Cet intérêt croissant m'a permis de tenir jusqu'à ce soir, durant
lequel je suis enfin parvenu à trouver une Porte ; l'alignement des planètes,
sans doute.
Pour cet accès à Kobaïa, j'étais ravi de pouvoir me
positionner au premier rang, appuyé à la scène, face au pupitre de la basse, car
il me plait de suivre les regards et les sentiments sur les visages, pour les
conjuguer à la musique. Mais j'imagine aisément que dans ce magnifique
auditorium il n'y avait pas de mauvais emplacement ! Les trois mille six cents
spectateurs auront tous eu leur part de bonheurs.
Ce choix d'emplacement devait être assumé pour une soirée de 3h30 prévue en trois actes et cinq pièces, soit pour 2h25 de musique !
Ce choix d'emplacement devait être assumé pour une soirée de 3h30 prévue en trois actes et cinq pièces, soit pour 2h25 de musique !
Nous retrouvons donc Christian Vander (batterie et chant), entouré de sa garde fidèle : Stella Vander (chant), Isabelle Feuillebois (chant), Hervé Aknin (chant), Philippe Bussonnet (basse), Benoit Alziary (percussions, vibraphone),
ainsi que Jérôme Martineau (clavier)
et Rudy Blas (guitare).
L'évènement se devait d'être marqué par un soutien
musical particulier ; plusieurs musiciens (souvent issus de la scène jazz)
viendront participer. Bruno Ruder
(piano), Simon Goubert (piano),
Morgan Agren (batterie). Un chœur
pour soutenir les trois titulaires : Julie Vander,
Sylvie Fisichella, Sandrine Destefanis, et Laura Guarrato. Ainsi qu'un orchestre composé
de Rémi Dumoulin, (saxophone,
clarinette, flûte) Yannick Soccal,
(flûte, saxophone soprano, saxophone ténor), Jean-Baptiste Réhault (saxophones), Sylvan Bardiau,
Sébastien Mitterand (trompettes) et William
Becuwe (trombone).
Voilà pour les protagonistes, qui se sont investis
corps et âmes pour produire un concert qui marquera indéniablement les esprits
des musiciens et de l'auditoire. Car manifestement l'émotion fut à son comble à
la fin du concert ; les musiciens se sont congratulés avec une énergie qui
trahissait un fort soulagement après de longues répétitions mais aussi une
grande satisfaction, partagée par le public ravi et particulièrement enthousiaste.
Chacun aura retenu tel aspect, ou tel musicien selon
sa sensibilité ; pour ma part je me permets juste de confirmer toute mon admiration
pour le bassiste Philippe Buissonnet
qui n'en finit pas de me subjuguer par son talent, sa constance, sa modestie et
son efficacité.
Je me garderai bien de détailler l'exécution des
morceaux, car la musique de Magma, plus que toute autre, se vit davantage
qu'elle ne se lit et davantage aussi qu'elle ne s'écoute dans son salon. C'est
une expérience musicale, un moment intense que je suis heureux d'avoir pu
vivre, comme beaucoup de mes amis présents.
Il convient juste de souligner l’événement majeur de cette
soirée que constitue l'interprétation de Zëss.
Cet opus de près de quarante minutes vient d'être enregistré dans sa version
définitive, en 2018 en compagnie de l'orchestre Philharmonique de Prague. La
création de cette œuvre débuta en 1977 et les premières interprétations
partielles furent exécutées sur scène à partir de 1979, puis sous une forme
plus développée en 1981. Pour ma part, c'est une découverte ; son introduction
instrumentale, me parait assez surprenante. Sur une base au piano et chœurs, la
partie déclarative est en français et exprimée par Christian Vander, qui avait
cédé sa batterie au suédois Morgan Agren.
Cette phase étonnante laisse ensuite s'exprimer une orchestration qui m'a vite
enthousiasmé ; même Rudy Blas a pu
s'exprimer lors d'un long solo bien rock.
Ce troisième acte de la soirée ne pouvait qu'enflammer
un public qui attendait tout particulièrement ce moment.
Le rappel s'impose avec évidence. Le choix du groupe
se porte sur "Ehn Deïss",
un titre plus apaisé et mélancolique introduit par Stella Vander.
On me dit qu'à l'Olympia en février 2017, avec
notamment la présence de Didier Lockwood, le groupe s'était également
surpassé... Mais de l'avis unanime ce soir, ce concert du cinquantenaire
restera mémorable aussi.
1er acte :
Félicité
Thösz
Hhaï.
2ème acte :
Extraits
de ces 3 pièces, enchainées :
Theusz
Hamtaahk (extrait),
Wurdah
Ïtah (extrait),
Mekanïk
Destruktïw Kommandöh (extrait).
3ème acte :
Zëss.
RAPPEL :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire