mercredi 26 juin 2019

MAGMA à la Philarmonie de Paris, Cité de la Musique (19e) - Mercredi 26 juin 2019.

Immanquablement, lorsque je me rends à un concert de Magma des images me reviennent en mémoire. Dans les années 70, lorsque je prenais le métro, (j'avais une douzaine d'années) j'étais toujours intrigué par les affiches publicitaires qui en annonçaient les concerts : je me souviens du regard troublant de Christian Vander, des images évoquant l'incandescence des spectacles ou encore l'emblème inquiétant du groupe. Les rares apparitions à la télévision ne faisaient qu'entretenir une impression de mystères.
Impression délibérément entretenue par un style de musique indéfinissable et une langue kobaïenne hermétique aux non-initiés. Ajoutons pour faire bonne mesure que pas moins de 170 musiciens ont apporté leur contribution depuis ses débuts ! On peut relever les passages de Didier Lockwood, Michel Graillier, Jannick Top ou Simon Goubert entre autres. Le Magma sembla s'éteindre à partir de 1984 pour nous proposer Offering, mais Vulcain en décida autrement puisque depuis 1996 avec une nouvelle formation, la lave incandescente continue de se déverser dans les auditoriums du monde entier.
Magma fête ainsi ses cinquante ans cette année ! L'annonce de ce concert, surtout dans cet écrin musical, ne pouvait donc que m'inciter à les revoir une sixième fois. Je ne peux qu'afficher cinq autres concerts depuis 2014 car j'ai longtemps mis de côté l'étude de la Zeuhl, ce bien étrange et atypique univers. Il me fallut rencontrer une Fée (Sandrine) en 2012 puis le passionné (Robert) un peu plus tard, pour enfin me lancer à la découverte…
Prétendre que j'ai trouvé la Porte immédiatement serait inexact. Mais, à défaut de voyager complètement, je suis cependant toujours parvenu à distinguer les talents individuels lors des prestations. Chaque pupitre étant tenu par des musiciens qui m'ont toujours semblé investis et admirables. Cet intérêt croissant m'a permis de tenir jusqu'à ce soir, durant lequel je suis enfin parvenu à trouver une Porte ; l'alignement des planètes, sans doute.
Pour cet accès à Kobaïa, j'étais ravi de pouvoir me positionner au premier rang, appuyé à la scène, face au pupitre de la basse, car il me plait de suivre les regards et les sentiments sur les visages, pour les conjuguer à la musique. Mais j'imagine aisément que dans ce magnifique auditorium il n'y avait pas de mauvais emplacement ! Les trois mille six cents spectateurs auront tous eu leur part de bonheurs.
Ce choix d'emplacement devait être assumé pour une soirée de 3h30 prévue en trois actes et cinq pièces, soit pour 2h25 de musique !
Nous retrouvons donc Christian Vander (batterie et chant), entouré de sa garde fidèle : Stella Vander (chant), Isabelle Feuillebois (chant), Hervé Aknin (chant), Philippe Bussonnet (basse), Benoit Alziary (percussions, vibraphone), ainsi que Jérôme Martineau (clavier) et Rudy Blas (guitare).
L'évènement se devait d'être marqué par un soutien musical particulier ; plusieurs musiciens (souvent issus de la scène jazz) viendront participer. Bruno Ruder (piano), Simon Goubert (piano), Morgan Agren (batterie). Un chœur pour soutenir les trois titulaires : Julie Vander, Sylvie Fisichella, Sandrine Destefanis, et Laura Guarrato. Ainsi qu'un orchestre composé de Rémi Dumoulin, (saxophone, clarinette, flûte) Yannick Soccal, (flûte, saxophone soprano, saxophone ténor), Jean-Baptiste Réhault (saxophones), Sylvan Bardiau, Sébastien Mitterand (trompettes) et William Becuwe (trombone).
Voilà pour les protagonistes, qui se sont investis corps et âmes pour produire un concert qui marquera indéniablement les esprits des musiciens et de l'auditoire. Car manifestement l'émotion fut à son comble à la fin du concert ; les musiciens se sont congratulés avec une énergie qui trahissait un fort soulagement après de longues répétitions mais aussi une grande satisfaction, partagée par le public ravi et particulièrement enthousiaste.
Chacun aura retenu tel aspect, ou tel musicien selon sa sensibilité ; pour ma part je me permets juste de confirmer toute mon admiration pour le bassiste Philippe Buissonnet qui n'en finit pas de me subjuguer par son talent, sa constance, sa modestie et son efficacité.
Je me garderai bien de détailler l'exécution des morceaux, car la musique de Magma, plus que toute autre, se vit davantage qu'elle ne se lit et davantage aussi qu'elle ne s'écoute dans son salon. C'est une expérience musicale, un moment intense que je suis heureux d'avoir pu vivre, comme beaucoup de mes amis présents.
Il convient juste de souligner l’événement majeur de cette soirée que constitue l'interprétation de Zëss. Cet opus de près de quarante minutes vient d'être enregistré dans sa version définitive, en 2018 en compagnie de l'orchestre Philharmonique de Prague. La création de cette œuvre débuta en 1977 et les premières interprétations partielles furent exécutées sur scène à partir de 1979, puis sous une forme plus développée en 1981. Pour ma part, c'est une découverte ; son introduction instrumentale, me parait assez surprenante. Sur une base au piano et chœurs, la partie déclarative est en français et exprimée par Christian Vander, qui avait cédé sa batterie au suédois Morgan Agren. Cette phase étonnante laisse ensuite s'exprimer une orchestration qui m'a vite enthousiasmé ; même Rudy Blas a pu s'exprimer lors d'un long solo bien rock.
Ce troisième acte de la soirée ne pouvait qu'enflammer un public qui attendait tout particulièrement ce moment.
Le rappel s'impose avec évidence. Le choix du groupe se porte sur "Ehn Deïss", un titre plus apaisé et mélancolique introduit par Stella Vander.
On me dit qu'à l'Olympia en février 2017, avec notamment la présence de Didier Lockwood, le groupe s'était également surpassé... Mais de l'avis unanime ce soir, ce concert du cinquantenaire restera mémorable aussi.




PROGRAMME :
1er acte :
Félicité Thösz
Hhaï.

2ème acte :
Extraits de ces 3 pièces, enchainées :
Theusz Hamtaahk (extrait),
Wurdah Ïtah (extrait),
Mekanïk Destruktïw Kommandöh (extrait).

3ème acte :
Zëss.

RAPPEL :
Ehn Deiss.





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