dimanche 2 juin 2019

Roger HODGSON – Olympia – 02/06/2019

Sans doute à l'instar des autres mélomanes de ma génération, l'évocation de SUPERTRAMP me renvoie à la mémoire de douces sensations adolescentes, à la fois lumineuses et tourmentées. Je me revois à la campagne ou dans ma chambre, allongé sur mon lit, rêvassant à tout et à rien, emporté par ces mélodies entêtantes, inoubliables. A cette époque, je n'imaginais pas l'importance artistique de ces œuvres qui passaient à la radio entre un titre des Bee Gees et un autre d'Olivia Newton John. Le temps est passé, les paillettes sont tombées et seules les étoiles continuent de briller. SUPERTRAMP est l'une d'entre elles. Comme beaucoup d'autres étoiles, elle est hélas morte, mais continue à briller et à faire rêver les éternels adulescents dont je fais partie. Cette illusion est vaillamment entretenue par Roger Hodgson, l'âme historique du groupe défunt qu'il a quitté en 1983.
Il est permis, en tous cas je me permets, de déplorer ce départ qui fut justifié par le tourbillon d'un succès difficile à gérer à l'époque. A l'instar des admirateurs des Beatles, de Pink Floyd, d'ABBA et de bien d'autres groupes prometteurs, nous avons été condamnés aux regrets éternels et à une frustration jamais consolée. Dans nos rêves, nous espérions un Phœnix, alors qu'en réalité Supertramp était composé d'hommes ordinaires avec leurs forces mais aussi leurs faiblesses.
Mais ce soir, il s'agit davantage que d'une illusion, car le Roger revient à Paris qui l'accueille pour cinq dates (31 mai, 1er, 2, 3 et 4 juin) à l'Olympia, à guichets fermés. C'est donc en privilégiés que nous prenons places au troisième rang, juste en face du Monsieur pour assister à ce qui restera à n'en point douter un des moments forts de l'année. Car en effet, inutile de tourner autour du sujet, le Roger nous a ravi à tous points de vue.
D'abord parce qu'il a eu la judicieuse idée de s'accompagner de musiciens très talentueux afin de se rapprocher au mieux de l'univers de SUPERTRAMP : les californiens David J Carpenter (basse, chœurs), et Bryan Head (batterie), l'américain Michael Ghegan (saxophone, clarinette, flûtes, Harmonica, claviers, chœurs et percussions), et le canadien Ray Coburn (ex-Honeymoon Suite) (claviers, chœurs). Alors que Roger vient de fêter ses 69 ans ce 21 mars, son talent sa vigueur et son sens artistique me paraissent heureusement intacts. Sa voix continue à nous ravir les esprits, le poids des ans me semble n'altérer que très peu son timbre. Si peu que personnellement je n'ai rien perçu de fâcheux ; je n'évoque cette légère réserve qu'en écho à une conversation post-concert.
L'éclairage est lumineux, le son excellemment réglé, la scène relativement sobre est décorée de palmiers. Les musiciens ont leur espace respectif dont aucun ne sortira. Seul Roger alterne entre son piano et le micro placé au centre de la scène. Ray Coburn semble "remisé", au fond à gauche de la scène ; Roger le surveille dans ses rétroviseurs astucieusement vissés sur son propre clavier ! Cependant le soutien le plus remarqué est indéniablement Michael Ghegan, un artiste complet aussi à l'aise avec un saxo qu'avec le reste de ses nombreux instruments. Un pur régal à chacune de ses interventions.
Autre motif de réjouissance, la communication de Roger. Juste après le titre d'introduction, il s'adresse au public pour l'inviter à laisser les soucis du quotidien à l'extérieur et de se laisser bercer afin de ressortir de son concert avec le sourire. Il n'hésitera pas à réitérer ce souhait, signe de la bienveillance et de la sensibilité de cet honorable artiste.
Bref, le climat est parfait pour passer une soirée mémorable. Ce compositeur exceptionnel dispose d'un répertoire suffisamment étendu et méritoire pour satisfaire sans lasser. Toutefois, l'absence de certains titres serait une source de frustration ; l'artiste l'a bien compris.
PROGRAMME :
Nous aurons eu droit à 20 titres (au RAH en 2013 ce fut 22), choisis judicieusement dans son répertoire le plus populaire, sans pour autant favoriser "Breakfast in America" dont il était pourtant supposé commémorer le quarantième anniversaire ; nous nous contenterons donc de 5 titres. "Supertramp/Crisis? What Crisis?" (1975) aura été évoqué avec 3 titres, "Crime of the Century" (1974) : avec 3 titres, "Even in the Quietest Moments" (1977) avec 3 titres et "Famous Last Words", (1982) avec 2 titres. Par ailleurs, quatre titres de ses opus solo auront été disséminés ici est là, dont j'aurai particulièrement remarqué "Death and a Zoo".


Acte 1
Take the Long Way Home (Supertramp/Breakfast in America, 1979)
School (Supertramp/Crime of the Century, 1974)
Breakfast in America (Supertramp/Breakfast in America, 1979)
Easy Does It (Supertramp/Crisis? What Crisis? 1975)
Sister Moonshine (Supertramp/Crisis? What Crisis? 1975)
Lovers in the Wind (In the Eye of the Storm, 1984)
A Soapbox Opera (Supertramp/Crisis? What Crisis? 1975)
Along Came Mary (Open the Door, 2000)
Lord Is It Mine (Supertramp/Breakfast in America, 1979)
The Logical Song (Supertramp/Breakfast in America, 1979)
Acte 2
Child of Vision (Supertramp/Breakfast in America, 1979)
Death and a Zoo (Open the Door, 2000)
If everyone was listening (Supertramp/Crime of the Century, 1974)
Even in the Quietest Moments (Supertramp/ Even in the Quietest Moments, 1977)
Had a Dream (In the Eye of the Storm, 1984)
Don't Leave Me Now (Supertramp/ Famous Last Words, 1982)
Dreamer (Supertramp/Crime of the Century, 1974)
Fool's Overture (Supertramp/ Even in the Quietest Moments, 1977).

RAPPEL
Give a Little Bit (Supertramp/ Even in the Quietest Moments, 1977)
It's Raining Again (Supertramp/ Famous Last Words, 1982).

C'est sur cette chanson optimiste que l'artiste et ses complices nous quittent ; "Il n'y a que le temps qui guérit la peine, Et fait que le soleil se relève de nouveau" …Moui, c'est une forme d'obstination positive à laquelle on peut faire mine de croire, au moins tant qu'on est ici et ensemble…
Les discussions entre auditeurs ravis vont bon train. Les minutes s'égrainent tant et si bien que nous restons une quinzaine, à attendre Roger à la sortie des artistes, tard dans la nuit, au risque de manquer le dernier métro. Les autres musiciens sortent les uns après les autres ; David J Carpenter est particulièrement disponible. Roger finit par sortir à son tour, visiblement fatigué et pressé de partir, mais souriant. Avec un flegme tout britannique il refuse les autographes, mais consent à poser pour quelques portraits en compagnie de ses admirateurs les plus tenaces ... dont moi et ma p'tite Fée, très émus. Au bout de quelques minutes, nous le laissons s'éloigner dans la nuit parisienne, même si on a envie de lui chanter "Don't leave me now, All alone in this crazy world, When I'm old and cold and grey and time is gone" (Ne me laisse pas maintenant, Tout seul dans ce monde fou, Quand je suis vieux, froid et gris et que le temps s'est enfui).





4 commentaires:

  1. ♥♥♥
    Ultra fan HardCore du groupe jusqu'au départ de Roger.....
    Je n'oublierai jamais ses prestations à l'Olympia, je chialais comme un gosse d'entendre enfin les morceaux adorés si merveilleusement interprétés par Roger et son groupe... Ce type est une légende et tellement humble, humain et disponible.. Merci Patrice de ce compte rendu si brillant (comme dab... !)

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    1. Merci Marco ; je vois que l'émotion est partagée, ce qui est la vocation première de toute musique digne de ce nom.

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