Le NOTP est désormais le pèlerinage incontournable pour tout bon progueux qui se respecte. Il constitue un point de convergence
vers un cadre idyllique, pour que les adeptes du monde entier participent à des
aventures auditives extraordinaires, dans une atmosphère bienveillante. Au fil
des années, l'intérêt de ce festival du rock progressif ne se dément jamais ; les
affiches nous rappellent la richesse musicale de notre style favori.
Pour cette quatorzième édition, Winfried Völklein nous a de nouveau concocté une affiche composée
de Légendes (toujours) vivantes, mais
aussi d'artistes confirmés ou prometteurs. Dix-huit
groupes de onze nationalités (Pays-Bas, Hongrie, Allemagne,
Grande-Bretagne, Suisse, Finlande, Québec, France, Norvège, Italie et Suède !)
vont ainsi se succéder pour faire voyager les esprits de mélomanes. Seize
m'intéressent très fortement a priori, alors que douze se présenteront à moi
pour la première fois sur l'unique scène
! Car en effet, il y a une seule scène ; l'artiste est ainsi respecté.
L'auditeur qui n'est pas content peut toujours aller boire une bière mais son
oreille entend quand même ce qui s'y passe. Ce festival répond ainsi à l'une de
ses vocations qui, selon moi, est aussi d'entretenir la curiosité et de faire
découvrir des talents au public, tout en soutenant l'audace musicale des
artistes.
Afin de me préparer à ces découvertes et de mieux
cibler mes points d'intérêt, j'avais tenu à écouter en préalable des groupes
que je ne connaissais pas, afin de m'éviter tout mépris inopportun. A l'instar
de l'an dernier, plusieurs artistes m'ont ainsi d'ores et déjà séduit (doux euphémisme en ce qui concerne The
Windmill !). Ce qui sous-entend peu de moment de répit en perspective ! Mais
heureusement encore une fois, la scène unique impose un temps de
démontage/montage entre les groupes ! Je pourrais ainsi déguster les bières
allemandes bien fraîches à consommer sans modération et me conformer au tonneau
des Danaïdes…
D'ailleurs, en parlant de Nature, je suis ravi de
retrouver ce rocher de Loreley qui est un écrin absolument somptueux surplombant
la vallée du Rhin. L'amphithéâtre est tout simplement excellent pour voir et écouter
les artistes, mais aussi pour communier dans notre passion en toute
tranquillité et sans déranger qui que ce soit. C'est un Openluchttheater, mais en plus grand. Notre microcosme est ici vraiment
choyé !
Le festival est de surcroît un lieu où convergent
beaucoup de nos amis, ce qui décuple encore notre bonheur ! Ce qui permet aussi
de débattre des impressions avec ardeur, car bien sûr les avis divergent selon
les sensibilités musicales. Les progueux forment une grande famille turbulente
;il y a les papys attachés aux valeurs
essentielles (quoiqu'il en coute aux harmonies), les prog-metallos prompts à
s'exciter (dès que le tempo s'accélère), les néo-progueux à l'affut des plus
belles mélodies (quitte à risquer l'assoupissement), et bien d'autres
déclinaisons encore allant du jazzy à l'électro en passant par l'atmosphérique…
Le plus admirable, c'est que tous ces styles étaient peu ou prou représentés
sur cette fabuleuse édition ! Chacun avait donc au moins une bonne raison
d'être venu.
Restait la redoutable inconnue, par nature aléatoire
pour un festival de plein-air : la météo. Mais les Dieux du prog auront été
magnanimes, les bords du Rhin ont été plutôt ensoleillés (mes coups de soleil en témoignent) en dépit de quelques passages
nuageux faussement inquiétants… Nous avons pu assister à de beaux couchés de
soleil.
VENDREDI 19
JUILET 2019
Ouverture
des portes 13h30
14h10 - 15h30 : DILEMMA. Groupe fondé en 1993 (pause de 2002 à 2010) aux Pays-Bas. Composé de Robin Zuiderveld, (claviers, depuis 1993), Paul
Crezee, (guitares, depuis 1995), Collin
Leijenaarex-Neal Morse
(batterie, de 1995 à 2001, puis depuis 2010), Erik van der Vlis, (basse, depuis 1999), et Dec Burke (chant, guitare). Ces bataves ne sont pas stressés
par les cadences puisqu'après "Imbroccata" paru en 1995, il aura fallu attendre 2018 pour la
parution du deuxième opus, "Random Acts of Liberation". Toutefois,
son écoute m'a beaucoup plu ; il est revenu plus souvent qu'à son tour dans le
lecteur.
Dilemma a donc le
redoutable privilège d'ouvrir les festivités et c'est donc avec la
bienveillance requise que j'aborde leur prestation. Malheureusement desservis
par l'unique mauvaise sonorisation du festival, ils m'ont pourtant semblé à la
hauteur de ce nous pouvions attendre d'eux. Des morceaux convaincants, à la
fois puissants et mélodiques, ponctués de belles envolées lyriques. Leur
néo-prog peut rappeler des groupes comme Mystery.
Encore méfiant au début du
concert, je me suis senti suffisamment satisfait pour me rendre à l'échoppe
ensuite pour acquérir leur opus (15€).
Manifestement réceptifs à
notre reconnaissance, ils sont ensuite venus à la rencontre du public, sur le
côté de la scène. J'ai pu ainsi discuter avec eux m'apercevoir ainsi qu'ils
étaient déjà passés à Paris l'an dernier avec Sons of Apollo. (Dommage,
c'est un concert auquel j'avais dû renoncer, question de priorités,
ayant déjà vu SoA à deux reprises cet été là). Je serais bien tenté de me
rendre à Tilburg pour voir Flying Colors, concert dont Dilemma assure la
première partie. A suivre, donc…
PROGRAMME
Spiral
pt. II and pt. I
The
Space Between The Waves
All
That Matters
Aether
The
Inner Darkness
Dear
Brian
Prodigal
Son
Amsterdam
(This City)
Openly
Intervals
Play
With Sand
Wonder
(Not of My Own)
Pseudocomaphobia
The
Mist of Vale.
15h50 - 17h10 : SPECIAL PROVIDENCE. Je suis particulièrement excité de revoir ce quatuor
hongrois. Fondé en 2004par des étudiants du
département de jazz de l'Académie de musique Liszt Ferenc et des musiciens du
studio de musique Kőbánya, il est composé de Adam Markó (batterie), Alek Darson
(guitare), Zsolt Kaltenecker,
(claviers), et Attila Fehérvári (basse).
Ce groupe explore des univers musicaux à la fois énergique et mélodique, aux
confins du jazz fusion, du jazz-rock et du rock progressif. Depuis "Space
Café", leur premier opus paru en 2007 ils ont produit quatre albums ;
un cinquième intitulé "Will" est paru en 2017.
Ces magyars ont déjà
participé à ce festival en 2015. Pour ma part, ils m'avaient séduit lors de
leur prestation en première partie de HAKEN au Divan du Monde le 29 mai 2016 à
l'occasion de leur promotion de "Essence of Change".
Aujourd'hui encore, leur
prestation fut un pur
régal, en ce qui me concerne. Dans ce déluge de notes, harmonie ne rime pas
forcément avec mélodie, mais la richesse de leurs compositions, des accords,
est de nature à me sidérer totalement. Mes oreilles ont tout particulièrement
apprécié les parties de basse jouées par Attila Fehérvári. Mais les autres musiciens
ne furent pas en reste bien entendu, car ce sont tous des monstres de talent. Comme
pour démontrer que rien n'est jamais acquis, le groupe se plante sur "Northern
Lights" après une trentaine de secondes d'un titre pourtant ancien !
C'est du direct, ils reprennent le titre qui file droit cette fois ! Vu la
complexité de leur répertoire, on pourra leur tolérer ce genre d'imprévu qui
les rend d'autant plus humains.
Avec le recul, ce sera tout simplement ma plus grosse sensation de la
journée !
Je me rue bien sûr pour me procurer le CD "Will" (15€) que je
m'empresse de faire dédicacer en hongrois (merci à l'autre Zsolt qui se
reconnaitra !...)
PROGRAMME
Babel Confusion (Soul Alert) K2 (Soul Alert) Irrelevant Connotations Surprise Me (Essence of Change) Mos Eisley Asparagus (Soul Alert) Neptunian Pyramid Chill Will Awaiting the Semicentennial Tidal Wave (Essence of Change) Northern Lights (Essence of Change) Soul Alert (Soul Alert) Lazy Boy (Soul Alert)
17h35- 18h53 : CHANDELIER. Groupe allemand
de rock néo-progressif fondé en 1986, qui avait cessé leurs activités en 1998,
après avoir enregistré trois albums (Pure, 1990, Facing gravity, 1992 et Time Code, 1997). En
écoute préalable ces albums m'ont semblé plutôt intéressants même s'ils sonnent
franchement très "années 80" surtout au niveau du clavier. Nous
trouvons donc sur scène aujourd'hui et pour leur toute dernière prestation, Martin
Eden (chant), Udo Lang (guitares), Armin Riemer (claviers), Christoph Tiber (basse et guitares), Herry Rubarth (batterie).
Hormis l'attitude nonchalante du chanteur (ses mains
souvent dans ses poches, serait-il désabusé de cette ultime apparition ?),
l'ensemble du concert m'a plutôt bien accroché. De jolies mélodies, ponctuées
de soli mélodiques et émouvants, dans la pure tradition néoprog. Rien de
révolutionnaire donc, mais bien agréable. Fait notable, Toni Moff Mollo est venu chanter la chanson
"All My Ways" un titre
qu'il avait chanté sur l'album "Facing
Gravity".
On se demande juste comment ce groupe qui me semble si
rodé, ne trouve pas l'énergie de produire davantage ? Tensions internes ?
Impératifs personnels ? Je peux comprendre l'allure qui m'a paru un peu dépitée
de Martin Eden... Tschüss und Danke.
Je me procure le CD "Time Code", (15€) réédité cette année, doublé d'une réédition
d'inédits.
PROGRAMME
Start It (Facing Gravity) (xxx)
Timecode (Timecode)
Wash & Go (Facing Gravity)
Call for Life (Pure)
Half Empty, Half
Fool (Timecode)
Stay (xxx)
All My Ways (Facing Gravity) avec Toni Moff Mollo
Glimpse of Home /
Jericha (xxx)
Cuckoo (Facing Gravity)
Mountain High (Timecode).
19h30 - 21h30
: IQ. Ce quintet britannique de rock néo-progressif fut cofondé
en 1981 par Mike Holmes et Martin Orford. Le groupe montre une réelle
instabilité puisqu'autour de Mike Holmes
(guitares depuis 1981), les musiciens sont parfois partis pour revenir, parfois
non. Actuellement on retrouve cependant Peter Nicholls (chant de 1981 à 1985, puis depuis 1990), Paul Cook (batterie de 1982 à 2005, puis
depuis 2009), Neil Durant (claviers
depuis 2010). Quant à Tim Esau (basse de 1981 à 1989, puis depuis 2011), il est
hospitalisé temporairement ; il est remplacé fort opportunément par
l'ex-bassiste du groupe John Jowitt
(de 1991 à 2011) qui est présent par ailleurs pour assumer le lendemain son
pupitre avec Tim Bowness !
Un nouvel opus devrait paraitre très prochainement
(probablement en septembre), mais le dernier opus "The Road of Bones" (2014) est une pure merveille.
Ce festival ne leur est pas inconnu puisqu'IQ était déjà
présent en 2007, en 2011, puis en 2014.
Leur prestation m'a davantage convaincu que celle du
Midsummer (trois semaines auparavant). Peter Nicholls conserve un petit souci
de justesse mais il m'a semblé cette fois plus détendu et sympathique avec le
public. Je suppose que le succès d'estime accordé à Chandelier lui a paru moins
agaçant que l'émeute provoquée par Pure Reason Revolution, c'est clair ! Cette
impression a sans doute été entretenue de surcroît par la présence de John
Jowitt, dont le sourire et l'entrain trahissait un vrai plaisir à participer à
cet unique concert avec ses anciens complices.
Un programme densifié et différent par rapport à celui
du Midsummer, alors qu'ils y étaient en tête d'affiche (…), a permis notamment d'écouter
de nouveaux titres du prochain album.
PROGRAMME Alampandria (première scénique/ Resistance) Outer Limits (The Wake) From the Outside In
(The Road of Bones) The Seventh House (The Seventh House) The Wake (The Wake) For Another
Lifetime (nouvel opus ?) The Road of Bones (The Road of Bones) A Missile (nouvel opus) Until the End (The Road of Bones) Frequency (Frequency) Further Away (Ever)
RAPPEL
:
The Last Human
Gateway (The Lost Attic)
Subterranea (Subterranea).
22h - 0h30 : TANGERINE DREAM. Edgar Froese avait fondé, en
1967,ce groupe allemand atypique
d'une musique plutôt électronique mais rejetant toute étiquette. Sans
membre à part entière, il s'agit donc davantage d'un concept, un moulin musical
dont les gens entrent et sortent à volonté. Edgar Froese en fut le seul membre
constant, jusqu'à sa mort le 20 janvier 2015. L'usage quasi-exclusif des
synthétiseurs a eu tendance à rattacher la musique de Tangerine Dream au courant
de la musique électronique mais, au fil de ses époques, elle a pu séduire les
mélomanes de plusieurs publics, dont celui du rock progressif…
Ce nom en tête d'affiche peut
donc paraître a priori relativement incongru. D'autant plus que, sous
l'étiquette "Tangerine Dream", on trouve ce soir Thorsten Quaeshning (synthé et piano), Ulrich Schnauss (synthé) et de Hoshilo Yamane (violon électrique), ce qui me
semble être davantage une réunion de musiciens interprétant des reprises TD. Ce choix d'ordre de passage aurait pu être de
nature à vexer une nouvelle fois IQ, dont on connait la susceptibilité … (Réf.
juin 2015 au BeProg et juin 2019 au Midsummer).
Sur scène les deux
"centres opérationnels" dotés des synthés sont séparés d'une estrade
occupée par la violoniste. La scène est ainsi plutôt dépouillée mais les éclairages
très fournis.
Finalement, alors que je
pensais écourter ma première soirée ou, au mieux, aller me désaltérer au bar,
je suis resté à l'écoute durant pas moins de quatre-vingt-dix minutes. Non pas
que je sois tombé en extase, mais certaines harmonies m'en rappelaient d'autres,
telles que celles que j'écoutais avec Jean-Michel Jarre fin 70's début 80's,
son fils spirituel me dit-on. La référence actuelle qui me vient à l'esprit est
ULVER, dont j'avais adoré le concert à Barcelone le 30 juin 2017.
Cette musique clairement
électro me parait parfois planante, parfois entrainante, mais souvent
répétitive à l'excès. Bien que lassé assez rapidement, j'ai tenu à rester à
l'écoute jusqu'à la fin du concert. (Je n'ai pas su assister au rappel d'une
demi-heure qui a suivi). Au risque de choquer les puristes, les anciens, je
maintiens qu'ULVER produit désormais une musique électro bien plus envoutante
et bien plus variée. Voilà, c'est dit.
PROGRAMME
Kiev
Mission
(The Gate of Saturn)
White
Eagle
(White Eagle)
Betrayal
(Sorcerer Theme) (Cruise to Destiny)
Love
on a Real Train (Dream Sequence)
Identity
Proven Matrix (Quantum Gate)
It
Is Time to Leave When Everyone Is Dancing (Quantum Gate)
Rubycon (Particles)
Power
of the Rainbow Serpent (Mala Kunia)
Madagasmala (Mala Kunia)
Cloudburst
Flight
(Force Majeure)
Roll
the Seven Twice (Quantum Gate)
RAPPEL :
11.27pm Session - Amber (xxx).
SAMEDI 20
JUILET 2019
Ouverture
des portes 11h45
Cette journée aura la particularité d'avoir obtenu
la plus forte affluence des trois jours, surtout après l'arrivée de Karcius. Il
faut avouer que l'affiche en valait la peine !
12h30 - 13h15 : FORS. Ce groupe suisse fondé en 2016, dont le nom serait l'acronyme
de Famous Or Random Stars, est composé de Roland Hegi (guitares), Doro Wetter
(claviers), Harry Schärer (basse),
et Félix Waldispühl (batterie). Ils
promeuvent "Before", leur premier album, paru en 2018.
Ce n'est jamais aisé de
débuter une journée de festival et de surcroît, FORS doit probablement surmonter
une relative amertume de jouer devant un auditorium aux trois quarts vides…
Mais en valeureux gladiateurs, les helvètes affrontent l'arène avec l'ardeur
adéquate !
Sans être révolutionnaire
ni renversante de technicité, leur musique est cependant agréable à écouter, c'est
propre et bien fait.
Ils s'en sortent avec les
honneurs d'un public bienveillant et respectueux. A cette heure, les absents
soit prennent encore l'apéro, soit se restaurent, soit débutent une sieste…
PROGRAMME
Showdown
Happy Man
Specters
Privilege Of Fools
Room Number 6
Spectral Cave
Treasure
Magoria.
13h30 - 14h40 : OVERHEAD. Fondé en Finlande
en 1999, ce quintet se compose actuellement d'Alex Keskitalo (chant et flûte), Jaakko Kettunen (guitare), Ville Sjöblom
(batterie), Janne Katalkin (basse),
Jere Saarainen (claviers). Si leur
premier opus fut déjà réussi, c'est avec leur deuxième opus "Metaepitome"
paru en 2005, qu'Overhead a commencé gagner en notoriété dans le microcosme
progueux… Le cinquième et nouvel album "Haydenspark"paru
en 2018 confirme leur statut, même si "And We're Not Here After All"
paru en 2008 reste à mon avis leur chef d'œuvre. En tous cas, ils font partie
de ces groupes écoutés/découverts en préalables à ce festival, qui m'ont
rapidement séduit. Il leur restait à passer le cap de la scène pour me
convaincre définitivement.
Chose faite ; leur
prestation scénique s'est révélée à la hauteur de mes espoirs établis sur ce
que j'avais perçu en CD. La voix "à la Kurt Cobain" nourrissait ma
seule inquiétude pour l'interprétation du prog, mais en fait elle passe très
bien ! Leur musique est à la fois mélodique et énergique. Accords et soli de flûte,
de guitares ou de claviers créent une harmonie entrainante et enthousiasmante.
L'auditoire rapidement conquis,
notamment grâce à la douce folie qui anime Alex Keskitalo qui virevolte sans
cesse sur la scène. Très expressif, le pauvre garçon semble parfois se prendre
pour un oiseau et joue souvent au lasso avec le fil de son micro.
Overhead achève de faire
basculer l'amphithéâtre dans un bonheur total en terminant sur une version
audacieuse et délirante du fameux "21st Century Schizoid Man de
King Crimson ! Il fallait oser, ils l'ont fait.
Première grosse claque de la journée, donc.
J'accours à l'échoppe pour
me procurer le dernier opus "Haydenspark"(15€) ; il me manque
aussi le premier mais il n'a pas été réédité…
PROGRAMME
Mataepitome
(Mataepitome, 2005)
Butterfly's
Cry (Mataepitome, 2005)
...to
the Madness (And We're Not Here After All, 2008)
Haydenspark
(Haydenspark, 2018)
Last
Broadcast (Sun and Moon, 2012)
Gone
to Far (Haydenspark, 2018)
21st
Century Schizoid Man de King Crimson.
15h00 - 16h10 : TIM BOWNESS. En 1987, il fonda NO-MAN avec un sombre inconnu (…), Steven
Wilson. Mais son acolyte a peu à peu
laissé ses projets de côté (à l'instar de Porcupine Tree et Blackfield). Alors
Tim a vite pressenti la nécessité de se débrouiller tout seul. Dès 2004, il
sort "My Hotel Year", son premier album en solo, alors que No-Man
donnait encore de beaux espoirs. Mais il fut suivi de quatre autres entre 2014
et 2019. "Flowers at the Scene" étant le plus récent.
Pour ce concert l'anglais est entouré de Brian Hulse (claviers et guitares), Michael Bearpark (guitares), John Jowitt [ex-IQ] (basse), et Andrew Booker (batterie).
Le rapport de sa musique
avec le rock progressif me laissait a priori perplexe, mais sa prestation va
vite me convaincre de la pertinence de sa présence. En fait, même si les
quelques titres repris de No-Man n'y sont pas étrangers, cette musique
davantage portée sur le rock atmosphérique présente aussi un bel attrait.
Beaucoup de douces mélodies (soporifiques diront les mauvaises langues),
mais ponctuées de belles envolées lyriques aux guitares. Notamment à la guitare
basse qui est tenue par notre toujours jovial Jowitt (vu la veille avec IQ
pour ceux qui n'ont pas tout suivi).
Je n'irai pas jusqu'à
prétendre avoir grimpé aux rideaux, ni même sauté au plafond, j'ai cependant
pris un réel plaisir à assister à ce concert qui m'a semblé passer très vite.
Cette musique aux tonalités mélancoliques m'aura laissé songer plus d'une fois
à ce qu'aurait rendu la prestation en présence de Monsieur Wilson dont le
fantôme, à défaut de hanter la scène, hantait mon esprit. Non pas que le
guitariste présent fut mauvais ; mon envie était purement subjective, juste
pour le prestige et le plaisir de revoir notre cher Wilsoooooooooooooooooon.
En attendant, Tim remporte
un beau succès auprès du public. Il semble
content, moi aussi.
PROGRAMME
Only Rain (No-Man song) Time Travel in Texas (No-Man song) Wherever There Is Light (No-Man song) All the Blue Changes (No-Man song) Things Change (No-Man song) Mixtaped (No-Man song) Ghostlike The Warm-Up Man Forever Not Married Anymore Killing to Survive It's the World
16h30 -17h40:
T. Le multi-instrumentiste allemand Thomas Thielen sévissait
principalement dans les studios depuis une vingtaine d'années. Il vient de
créer un concept appelé "T" pour lequel il s'entoure pour la première
fois sur scène de Jan Steiger
(guitares), Dominik Hüttermann
(claviers), Yenz Strutz (basse) et
de Thomas Nussbaum (batterie).
L'écoute/découverte
préalable m'avait permis d'apprécier une musique agréable mais complexe et
sombre avec peu de mélodie mémorisable. La voix entretenant une troublante
ressemblance parfois avec celle de David Bowie mais plus souvent celle de Steve
Hogarth, à tel point que j'avais l'impression d'écouter du Marillion. Mais un
Marillion qui aurait été privé de ces envolées lyriques qui vous emportent
irrésistiblement.
Ce sentiment s'est confirmé
au fil du concert dont je ne suis pas parvenu à m'imprégner. Pourtant tout est
propre et bien fait. Nickel, même. Mais tristouille ; il aura manqué une étincelle,
une fougue, un zeste de folie que je n'ai jamais su percevoir. J'imagine que
cette musique s'apprécie davantage dans une petite salle qu'en plein-air.
PROGRAMME
The
Aftermath of Silence (Psychoanorexia)
Shades
of Silver (xxx)
The
Irrelevant Lovesong (Psychoanorexia)
Curtain
Call (Voices)
About
Us (Naive)
Forget
Me Now
(Voices).
18h10 - 19h20 : KARCIUS. Je suis tout particulièrement ravi de revoir ce groupe québécois que j'avais découvert sur la
scène du festival Rock au Château, le 4 aout 2018. Leur talent m'avait explosé
à la figure alors que je ne les connaissais absolument pas auparavant ! J'avais
été littéralement subjugué par la qualité des compositions, à la fois
mélodiques, techniques et énergiques. Ajoutons à cela leur gentillesse et leur
accessibilité à leur échoppe ; j'étais devenu un grand admirateur, et leur fervent
ambassadeur. L'acquisition instantanée de leur discographie intégrale n'a pu
que me confirmer tout l'intérêt à les soutenir.
Il convient de rappeler que
la fondation de Karcius remonte à 1997 lorsque Thomas Brodeur (batteur), rencontre
Mingan Sauriol (claviériste). Seul Thomas demeure. Le bien nommé Simon L'Espérance (guitares) le rejoint en
2000, sur les bancs du collège d’enseignement général et professionnel (CEGEP).
Les aléas de la vie d'artistes aboutissent au départ du premier bassiste puis à
son remplacement par Sylvain Auclair
(basse, chant) qui arrive en 2010. Enfin, Sébastien Cloutier (claviers, chœurs) assume la lourde tâche de remplacer le
cofondateur en 2017.
Le groupe assume la
promotion de "The Fold", cinquième opus paru l'été précédent.
Le quatuor exécute une
nouvelle fois un concert époustouflant à la fois de maitrise et de folie.
J'ai souvent un intérêt
appuyé sur les pupitres de basse ; en l'occurrence Sylvain Auclair
m'impressionne tout particulièrement par sa rigueur dans l'exécution. Mais
chacun apporte sa pierre à l'édifice et Simon, Thomas et Sébastien sont aussi
sources de régal auditif. On ressent la méthode et le travail individuel et
collectif qui a dû précéder une telle maitrise. Sur un plan visuel, Sébastien reste
assurément le plus démonstratif, son exubérance jouissive ne fait qu'ajouter de
la folie de la prestation scénique !
L'amphi' chavire de nouveau
et accorde une ovation bien méritée !
Deuxième grosse claque de la journée, donc. Mais de celle-ci je n'en doutais pas
un instant !
Bien évidemment je me rue à
l'échoppe pour me procurer le blu-ray filmé au Crescendo l'an dernier. Je
souligne la démarche honorable pour montrer, hors de nos frontières, l'intérêt
d'un public français (même microcosmique) pour le rock progressif… Si seulement
cette parution pouvait contribuer à inciter les promoteurs à un peu moins de
frilosité...
PROGRAMME
Hypnotic (The First Day, 2012)
Something (The Fold, 2018)
Hardwired (The Fold, 2018)
The Word (The First Day, 2012)
Burning My Dreams (The Fold, 2018)
The Fold (The Fold, 2018)
Purple King (Episodes, 2008)
Water (The First Day, 2012)
Goodbye (The Fold, 2018).
20h00 - 21h30 : LAZULI.
A l'instar d'Ange l'an dernier, et davantage en ce qui me concerne, notre petit
côté cocardier est flatté avec la présence de ces valeureux Occitans. Les deux
groupes ont en commun leur amour de notre langue et prouvent combien elle
s'écoute parfaitement dans le cadre de notre musique favorite ! Très appréciés
outre-Rhin, bien plus qu'en France, Lazuli
est invité à ce festival pour la quatrième fois ; déjà présent dès la quatrième
édition en 2009, puis de nouveau en 2012, puis encore en 2015.
Ce n'est que la troisième fois que je les revois sur
scène et pourtant je les place sans hésitation au Panthéon du rock français. Leurs textes éloquents et
leur musique entraînante méritent un bien plus grand respect et une bien plus
grande notoriété que ce qui leur est accordé actuellement par notre petite france
culturelle. Pauvre, pôôôvre france… Claude Leonetti
(léode, depuis 1998), Dominique Leonetti
(chant, guitare, depuis 1998), Gédéric Byar
(guitare, depuis 2007), Vincent Barnavol
(batterie, depuis 2010) et Romain Thorel
(claviers, cor d'harmonie, depuis 2010) semblent désormais constituer une
entité solide et cohérente. Avec huit albums à leur actif, Lazuli s'est
construit au fil des tournées en Europe une belle réputation. Si bien que
l'amphi' est plein comme un œuf, ce qui n'était pas le cas depuis le début du
festival.
Leur concert n'a pu que confirmer toute leur maitrise,
l'originalité et l'audace de leurs compositions. Nos amis allemands, mélomanes avertis, savent distinguer
les vrais talents musicaux ; ils leur accordent une ovation très marquée et émouvante, surtout pour
nous les p'tits français. Voir l'amphi comble, debout et enthousiaste, voir le
public étranger chanter les airs (à défaut des paroles, parfois) de notre
groupe favori, cela fait chaud au cœur…Enorme sensation, vraiment.
Il faut dire aussi que Dominique fait l'effort de
parler allemand, même en s'aidant d'anti-sèche, c'est remarquable et remarqué.
Il s'est passé quelque chose de particulier entre Lazuli et le public allemand.
Durant tout le concert, le public n'a cessé d'accompagner les rythmes
particulièrement entrainants, notamment sur les accents orientaux de "Le Miroir aux Alouettes".
Pour finir, le marimba (sorte de xylophone, avec résonateurs tubulaires accordés) est
déplacé au centre de la scène afin de permettre au groupe de s'exprimer avec
brio et entrain. Le second morceau fera chavirer complètement le public, c'est
un hommage à Nick Mason qui est sur le côté de la scène pour y assister avec
bienveillance : "Money"
magnifiquement et audacieusement interprété au xylo, fallait l'oser !
Troisième grosse claque de la journée, donc. Mais celle-ci est tout particulièrement
émouvante pour le clan français !
Les trois premiers opus recherchés ("Amnésie", "En Avant Doute" et "Réponse Incongrue À L'Inéluctable")
n'ayant pas été réédités, je me contente d'acheter un tshirt pour ma p'tite Fée.
Le quintet est toujours aussi disponible et convivial lorsque je leur fait
dédicacer le programme. Privé de la reconnaissance de la sphère pseudo-culturelle
française, LAZULI se prépare déjà à un neuvième album à paraitre en mars ;
Dominique nous a annoncé une surprise … Pourvu que leur son demeure aussi
original, pourvu que les textes restent francophones, alors je resterai
réceptif et gourmand de leurs belles surprises !
PROGRAMME
L'arbre
(En Avant Doute, 2006)
Mes amis, mes frères (Saison 8, 2018)
Déraille
(Tant Que L'Herbe Est Grasse, 2014)
Le miroir aux alouettes (4603
Battements, 2011)
Chronique canine (Saison 8, 2018)
Le lierre
(Nos Âmes Saoules, 2016)
Je te laisse ce monde (4603
Battements, 2011)
Homo Sapiens (Tant Que L'Herbe Est Grasse,
2014)
Les sutures (Nos Âmes Saoules, 2016)
Les malveillants (4603
Battements, 2011)
Les courants ascendants (Tant Que
L'Herbe Est Grasse, 2014)
J’attends un printemps (Saison 8, 2018).
RAPPEL
Neuf mains pour un marimba
Money (The Dark Side of the Moon, 1973 - reprise de Pink Floyd jouée sur Marimba)
22h30 - 00h05 : NICK MASON'S SAUCERFUL OF SECRETS. Le "Cœur de Pink Floyd"
nous suggère l'affiche de sa tournée. Si l'on s'en tient aux battements issus
de ses frappes on peut en effet considérer que Nick est le "cœur"
du groupe britannique légendaire par
excellence pour le Rock Progressif… Afin de se distinguer de la carrière en
solo de ses amis comparses (Roger Waters et David Gilmour, pour ceux qui
n'auraient pas tout suivi…), Nick a astucieusement choisi de se concentrer
sur la période Sid Barett, c’est-à-dire à la genèse du monstre sacré. Ce choix
lui permet au moins de ne pas souffrir de la comparaison sur des titres bien
plus populaires. Et pour les puristes, c'est un régal de pouvoir réécouter des
titres oubliés depuis quelques décennies, interprétés par des musiciens triés
sur le volet ! Nick s'est ainsi entouré de Guy Pratt [ex-Pink Floyd en tournées] (basse, chant), Gary Kemp (guitares, chant), Lee Harris (guitare, chœur), et Dom Beken (claviers et chœur).
J'attendais ce concert avec
une relative méfiance ; je connais le professionnalisme de Nick et je savais
qu'il s'était bien entouré. Mais était-il possible de faire revivre sur scène cette
époque légendaire ?
La réponse n'a pas tardé à
s'imposer avec évidence. Avant même l'introduction, l'auditoire observe la
scène astucieusement montée avec des éléments rappelant ladite période ;
amplis, décorations, …et la seule vue du gong de Pink Floyd suffit à surexciter
le cerveau déjà en ébullition ! Un fond sonore entretien le public dans
l'impatience. Puis les musiciens activent la machine à remonter le temps avec
brio : la sonorisation est excellente, l'éclairage adapté, les musiciens parfaits
! Les titres s'enchainent et notre esprit s'évade à l'évocation des moments
passés à les écouter dans nos chambres ou nos salons !... Un pur délire auditif
hallucinogène.
On sent bien que les
musiciens prennent leur pied autant que nous, à commencer bien sûr par Nick qui
ne cache pas sa satisfaction de jouir enfin de son heure de gloire. Debout
derrière ses fûts et face au public il évoque brièvement son point de vue sur
sa participation au sein de Pink Floyd.
Pour leur part, les autres
sont objectivement condamnés à jouer leur pupitre avec le fantôme des
titulaires historiques. Guy Pratt dont les accords sont encore dans ma tête n'a
pas à rougir de la comparaison avec le grand Roger. Gary Kemp et Lee Harris font
ce qu'ils peuvent pour dissiper l'absence de David qui reste dans les esprits,
mais ils s'en sortent très bien. Quant à Dom Beken, son respect pour le sillage
tracé par Richard ne fait aucun doute. Je ne peux m'empêcher de déplorer
l'absence d'invité(s)-surprise (désolé je n'ai pas pu m'empêcher d'en rêver),
ce qui aurait ajouté encore à l'émotion. Mais sans doute suis-je naïf…
Si la plupart des titres
résonnent dans ma mémoire, d'autres m'accusent d'une coupable méconnaissance
qu'il me reviendra de réparer rapidement. Il me faudra notamment m'intéresser à
"Obscured By Clouds" paru en 72. A ma décharge, Nick a choisi
de nombreux titres inédits pour les non-initiés, tels que "Arnold Layne" et "See Emily
Play"
qui n'avaient pas été intégrés dans un album.
Mais peu importe mes
faiblesses en la matière, l'instant est suffisamment magique pour me baigner
dans cet océan d'impressions délicieuses. Les titres sont exécutés avec soin et
respect, un vrai régal. Ceux reflétant une ambiance 60's m'ont beaucoup plus,
mais "Set the Controls for the Heart of the Sun" vraiment
ensorcelé alors que "One of These Days" m'a fait carrément
décollé du sol, absolument splendide et jouissif !
Cette
deuxième journée se clôt ainsi sur une quatrième grosse claque musicale ! C'est donc un peu sonné que je gravis péniblement les
marches de l'amphithéâtre, j'ai d'autant plus de mal à me poser.
PROGRAMME
Interstellar
Overdrive (The Piper at the Gates of
Dawn, 1967)
Astronomy Domine (The Piper at the Gates of Dawn, 1967)
Lucifer Sam (The Piper at the Gates of Dawn, 1967)
Fearless (Meddle, 1971)
Obscured by Clouds
(Obscured By Clouds, 1972)
When You're In (Obscured By Clouds, 1972)
Remember a Day (Saucerful of Secrets, 1968)
Arnold Layne (Relics, 1967>71)
Vegetable Man (A Tree Full of Secrets, 1967)
If (Atom Heart Mother, 1970)
Atom Heart Mother (Atom Heart Mother, 1970)
If (reprise) (Atom Heart Mother, 1970)
The Nile Song (More, 1969)
Green Is the Colour
(More, 1969)
Let There Be More
Light (Saucerful of Secrets, 1968)
Childhood's End (Obscured By Clouds, 1972)
Set the Controls
for the Heart of the Sun (Saucerful of
Secrets, 1968)
See Emily Play (Relics, 1967>71)
Bike (The Piper at the Gates of Dawn, 1967)
One of These Days (Meddle, 1971)
RAPPEL
A Saucerful of
Secrets (Saucerful of Secrets, 1968)
Point Me at the Sky
(1968).
DIMANCHE 21 JUILLET 2019
Ouverture
des portes 11h45
Un nouveau regard sur le
programme de cette troisième et dernière journée a encore de quoi me faire
rêver. De surcroit, mis à part Anathema, tous ces groupes seront des
découvertes sur scène ! Et ce que j'ai écouté en préalable me laisse espérer
que nous allons passer un moment de nouveau exquis et inoubliable …
Alors que nous patientons
aux grilles d'entrée, nous entendons les dernières balances de WINDMILL, ce qui
décuple notre excitation, car ce que nous percevons laisse imaginer une
excellente sonorisation…
12h10 -13h15: THE WINDMILL. Peut-être LE groupe que j'aurai
le plus attendu de tous. Sans doute parce qu'à l'annonce de l'affiche, ce sont
ces norvégiens que j'ai pu découvrir
en premier durant l'hiver. Leurs trois albums se sont tout simplement imposés
dans mon esprit dès que j'ai pu les écouter. Ce sont de pures merveilles de
mélodies, d'harmonies et d'accords instrumentaux tels que je les adore ; ils me
rappellent mes chères années 70 durant lesquels officiaient leurs influences
évidentes telles que Camel, Jethro Tull ou encore Genesis. De vraies chansons
entêtantes ; vous les entendez une fois et elles résonnent inlassablement durant
toute la journée … Les polyphonies, le son des claviers, de la flûte, des sax,
tout vous transporte dans un univers neo-prog dansant, fleuri et lumineux. A
tel point que je me suis vite interrogé sur leur capacité à retranscrire cela
sur scène ; la vidéo d'un concert d'une heure et demie m'a rassuré et a
accentué encore un peu plus mon envie de les voir aujourd'hui !
Formé à Oslo en 2001, le
groupe comprend Erik Borgen
(guitares, chants), Morten Clason
(sax, flute, guitares, chant, claviers), Jean Robert Viita (claviers, choeur), Stig André Clason (guitares), Arnfinn Isaksen
(basse), Kristoffer Utby (batterie).
Agrippés au premier rang,
avec ma p'tite Fée, nous assistons à l'entrée du sextuor avec l'impatience d'adulescent
qui nous caractérise dans ces circonstances ! Nous avions hâte de vérifier si
notre engouement était justifié. Grâce à la sonorisation encore excellente,
nous sommes vite rassurés ; les vingt premières minutes enchainent "Cinnamon", "Not Alone", et "The Masque"
que nous écoutons comme si le groupe jouait pour nous dans notre salon. Les rares imperfections de la scène sont
autant de raison de s'extasier devant tout le reste qui résonne impeccablement de
nos précédentes écoutes !
Les musiciens sont
manifestement à la fois heureux et concentrés sur leur sujet, ce qui produit une
musique conforme à notre attente ! Les pupitres de flutes/saxo et de claviers
rivalisent de mélodies somptueusement interprétées, pendant que les guitares
nous étourdissent les sens de leurs soli. La voix chaude et posée d'Erik,
parfois relayée par celle de Morten, est soutenue en polyphonie par les chœurs de
Jean. Vraiment magique !
Alors que nous craignions
que le format "festival" n'évince les titres les plus longs, nous
fûmes ravis d'assister à "The Tree" qui dure plus de vingt
minutes. Honorable audace et belle ovation méritée !
Cette troisième
journée débute ainsi sur une nouvelle grosse claque musicale !
Ma p'tite Fée se précipite à l'échoppe pour rafler les
deux premiers CD (2 x 10€) et deux t-shirt. Cette précipitation fut judicieuse
car tout le stock fut épuisé en quelques minutes, à la surprise du groupe
lui-même ! Malheur aux derniers ; j'en connais qui sont revenus bredouilles.
PROGRAMME
Cinnamon (To Be
Continued ...2010)
Not Alone (The Continuation, 2013)
The Masque (The Continuation, 2013)
Make me Feel (Tribus, 2018)
The Tree (Tribus, 2018)
Dendrophenia (Tribus, 2018)
Play with Fire (Tribus, 2018).
13h30 - 15h10 : OAK. Ce merveilleux festival m'offre une fois de plus l'occasion de
découvrir encore un groupe venu des terres scandinaves. Je ne connaissais
absolument pas avant l'annonce de l'affiche et pourtant j'ai l'impression de
connaitre leur musique parfaitement depuis que j'écoute en boucles leurs deux
albums magnifiques ("Lighthouse", 2013 et "False
Memory Archive", 2018). Ces norvégiens
produisent des atmosphères où les ténèbres alternent avec la lumière automnale,
le tout bercé de mélodies étourdissantes et de sons ciselés.
Réunis en 2013, Simen
Valldal Johannessen (piano et chant),
Øystein Sootholtet (basse,
claviers), Sigbjørn Reiakvam
(batterie et claviers) proviennent d'univers classique, rock (prog et hard), et
électro. Ce savoureux mélange produit une musique exquise et enivrante. Le
timbre de la voix de Simen, d'une mélancolie insondable, me fait souvent penser
celui à Mark Hollis (de Talk-Talk). L'ensemble des harmonies à la fois sombres
et entrainantes me rappelle celles d'Opeth, de Katatonia ou, dans une moindre
mesure, d'Anathema. Afin de développer leur univers sur scène, ce noyau est
complété par Stephan Hvinden et Ole
Michael Bjørndal aux guitares et aux
chœurs.
Toutes ces impressions de salon se sont bel et bien
confirmées sur la scène du Loreley. Leur passage juste après The Windmill
aurait pu leur porter préjudice, mais au contraire ils ont parfaitement su
assumer leur différence de style.
Resté installé au premier rang, j'ai pu
confortablement m'émouvoir de cette force tranquille qui ressort de ces
chansons ô combien mélancoliques et ensorcelantes, souvent enjolivées par des
polyphonies magnifiques et douces. A cet égard, des titres tels que "False Memory Archive" ou "Fire, Walk with me" vous donne le
choix entre pleurer ou vous extasier devant tant de beauté mélodique !
Le public les a justement ovationnés. Ils en avaient
l'air gêné, un comble !!
Pour ne rien gâcher je tombe sur le groupe au complet
à proximité des échoppes ; je ne me prive donc pas de leur dire combien leur
musique me transcende. Pas sûr qu'ils aient compris mon mauvais anglais, mais
j'imagine qu'à ma mine ils ont deviné que je ne les invectivais pas ! Revenu de
l'échoppe avec le CD "False Memory
Archive" (15€), je leur fais bien sûr dédicacer !
Deuxième grosse claque de la journée, décidément ces Vikings sont de vraies
brutes épaisses !
PROGRAMME
The Lights (False Memory Archive, 2018)
Fire, Walk with me (Lighthouse, 2013)
We, the Drowned (False Memory Archive, 2018)
Claire
de Lune (False Memory Archive, 2018)
False Memory Archive (False Memory Archive, 2018)
Psalm 51 (False Memory Archive, 2018)
Stars Under Water (Lighthouse, 2013)
Home (Lighthouse, 2013)
Perceiving Red (Lighthouse, 2013)
Munich (Lighthouse, 2013)
Lighthouse (Lighthouse, 2013)
The Sea (Lighthouse, 2013).
Après ces trois heures d'intenses émotions, je savais
devoir me calmer et reprendre mes esprits pour assister à autre concert que
j'attends depuis longtemps...
15h30 - 16h55 : RANESTRANE. RanestRane s'est
formé à Rome en 1998. Il comprend Daniele Pomo
(chant, batterie), Riccardo Romano
(claviers), Maurizio Meo (basse) et
Massimo Pomo (guitares). Proches de
Marillion à la fois humainement et musicalement, ils ont su toutefois
développer leur univers à part en ciblant l'opéra-rock et le cinéma pour structurer
leurs compositions.
Je dois confesser honteusement avoir longtemps méprisé
la musique italienne contemporaine, en dépit de leur tradition musicale séculaire
et glorieuse. Mais depuis quelques années je m'aperçois que l'Italie dispose d'un vivier de rock
progressif impressionnant. Je comprends mieux maintenant pourquoi tant de
groupes passaient souvent par leur péninsule ; il y avait un public de
connaisseurs bien plus important qu'en France (remarquez qu'ils n'ont pas eu de difficulté, vu ce qu'écoute le public
français…). Les plus connus étant PFM et Le Orme, voici maintenant
RanestRane qui chante le rock progressif en italien, ce qui donne un relief
tout particulier qui me séduit beaucoup (je
le dis et le répète je suis plus enclin à apprécier un groupe qui chante dans
sa langue).
Depuis quelques années déjà, j'attendais vivement l'occasion
de vérifier leur talent. J'avais cependant eu un aperçu en mars dernier lors de
la Convention biennale de Marillion durant laquelle Riccardo Romano était invité pour chanter
quelques-unes des chansons de son groupe solo.
Une des particularités du groupe est le chant assumé
le plus souvent par Daniele, le batteur mais aussi par Riccardo, le clavier. Les
parties de guitares sont souvent magnifiques et émouvantes.
Conformes à mes impressions issues de mes écoutes de
salon, leurs compositions me paraissent fouillées, audacieuses et mélodiques.
Il fallait oser extraire des séquences de leurs albums concepts qui, par
définitions sont liés à leur contexte.
Ces musiciens me semblent attachants car dotés d'un
charisme teinté d'une sensibilité, d'une exaltation toute italienne. Cependant,
je ne parviens pas m'enthousiasmer totalement. Je veux mettre cette réserve sur
le compte de leur positionnement sur l'affiche, entre deux groupes de "féroces"
Vikings, mais je conserve néanmoins l'envie de les revoir dans un cadre plus
adapté à leur expression.
PROGRAMME
A Space Odyssey, Part 1: Monolith (2013)
Semi
Fluttuerò
Materna Luna.
A Space Odyssey, Part 2: HAL (2015)
Computer Malfunction.
A Space Odyssey, Final Part: Starchild (2018)
L'insieme delle cose
Do You Read Me HAL
Ambasciatore delle
lacrime
Sognerò mai?
Stargate
Prometeo tra le
stelle.
17h30 - 18h50 : ALL TRAPS ON EARTH. Pourtant averti en amont par de bonnes âmes, j'ai
tardé à découvrir ce nom mystérieux sur l'affiche… (Il faut dire que cette
année encore la concurrence était rude). Pourtant ce sont une fois de plus
des scandinaves, ce qui est un motif suffisant pour m'incliner à davantage de
précipitation. Mieux vaut tard que jamais, je suis finalement tombé dans la
cuve de ces suédois en juin pour y
patauger plus souvent qu'à mon tour. Un régal de sons et d'atmosphères qui ne
peuvent que me rappeler les atmosphères développées par King Crimson et
Anekdoten. On me dit que leur musique évoque une parenté avec Änglagård, un
autre groupe que je ne connais pas. En tout état de cause, Johan Brand (basse, clavier et chant) a fondé
cette nouvelle source de plaisirs auditifs, avec Erik Hammarström (batterie, chant), Jonas Engdegård (guitares, claviers), et Linus Kåse (claviers, sax et chant), également issus de ce groupe, ainsi
que Daniel Borgegård Älgå (sax, clarinettes, flutes, claviers).
La petite sœur de Johan, Miranda Brand, est absente ; elle sera remplacée
par une bande-son. Fâcheux détail mais qui se révèlera anecdotique !
Pendant que certains autres
auditeurs que je ne nommerai pas cherchèrent un sens à cette musique atypique,
pour ma part je me suis régalé à entendre autant d'audace et de virtuosité.
Audace d'affronter un public festivalier avec des harmonies qui pourraient
sembler hermétiques aux non-initiés. Virtuosité indéniable de chacun des
protagonistes, à commencer par les deux intervenants que j'ai tout
particulièrement remarqué, Johan Brand et Daniel Borgegård Älgå.
Il est vrai que mes
oreilles étaient préparées à ces sons parfois surprenants depuis quelques
semaines, mais néanmoins leur talent me semble évident. Ils sont capables de maîtriser
leur pupitre dans les cadences requises pour obtenir une forme d'harmonie certes
complexe mais qui ne pouvait qu'attirer mon admiration sans faille ! Je
retrouve dans les critiques entendues a posteriori, les mêmes arguments que
ceux proférés à l'encontre d'autres virtuoses tels que Yes, Gentle Giant, ou plus
récemment de Liquid Tension Experiment, ou de Sons of Apollo. Non, ils ne font
pas "n'importe quoi", non ils ne jouent pas une partition
étrangère à l'ensemble ; tout est travaillé, calculé et exécuté avec une maîtrise
insolente. J'ose à peine imaginer les heures de travail pour réussir un tel
concert, surtout pour une toute première
prestation sur scène !!!
Pour ajouter à ma
satisfaction, un titre est interprété en suédois ; Johan s'en excuse et
pourtant j'aurais aimé lui dire mon attachement aux chants dans les langues
d'origine. Lazuli en français, Ranestrane en italien, Rammstein en allemand,
Baron Rojo en espagnol ; tout cela me va très bien. Sus à l'anglais !
Pour parachever leur
invasion, ces artistes interprètent un titre d'Änglagård datant de 1992, pour
un final en apothéose !! Enormissime décollage alors que je ne connaissais
absolument pas ! Davantage mélodique, une totale découverte, totale séduction. Je
me retourne vers ceux de mes amis qui ont partagé mon intérêt pour trouver dans leur regard ébahi la
même lueur de plaisir intense. Il va vraiment falloir que je me penche sur la
question !!
Troisième grosse claque de la journée, décidément ces Vikings n'en finissent plus
de me surprendre ! Le public est logiquement plus partagé ; c'est typiquement
le genre de musique qu'on aime ou qu'on rejette, pas de place pour la tiédeur.
Mais de nombreux mélomanes font part de leur satisfaction lors d'une ovation
honorable à laquelle j'ai bien entendu contribué.
Je me rue à l'échoppe pour
me procurer leur premier opus (15€), que je fais dédicacer dans la foulée.
PROGRAMME
All Traps on Earth
(A Drop Of Light, 2018)
Omen (A Drop Of Light, 2018)
Bortglömda gårdar (A Drop Of Light, 2018)
Jordrök (Hybris,
1992 - reprise de Änglagård).
19h30 - 21h00 : ANATHEMA. Le sextuor britannique
est toujours officiellement composé de Vincent Cavanagh (chant,guitares), Daniel Cavanagh (guitare, chant, clavier), Jamie Cavanagh (basse), Lee Douglas
(chant) et de Daniel Cardoso
(batteries, percussions), mais John Douglas est absent (allez savoir
pourquoi…) et sera remplacé par une bande-son. Décidément, …
C'est déjà leur troisième
prestation au Loreley puisqu'ils participèrent aux éditions 2011 et2014.
Les concerts d'Anathema
continuent de m'attirer, même après leurs quatorze concerts vus depuis ce 30
avril 2005 où Steven Wilson les avaient invités en première partie de concert
pour Porcupine Tree. C'est toujours un plaisir de participer à leurs voyages auditifs
mêlant habilement mélancolie, mélodies et énergie. Lee ne cesse de m'épater
surtout pour sa voix dont j'ai suivi l'évolution du timbre. Toutefois ils me
donnent l'impression d'être en roue libre depuis les deux derniers albums que
je trouve redondants voire insipides. Sans être mauvais, "The Optimist"
et "Distant Satellites" me paraissent lassants et les harmonies
me semblent déjà entendues. Ils insisteront pourtant lourdement ce soir en
interprétant six titres issus de ces opus.
Comme pour forcer, autant que faire se peut, la
séduction des deux derniers opus, Anathema nous inflige en première partie du
concert pas moins de six titres de cette période ! Hélas, ils me semblent aussi
ternes que l'écoute de leurs deux disques et donc je m'ennuie ferme avec la
crainte que cela ne gâche mon après-midi. Vincent a beau s'approcher au maximum du public, ça ne me touche pas…
Fort heureusement, "A simple Mistake" me redonne l'espoir d'un rebond. Et
effectivement la tension, et donc l'ambiance, ira crescendo ; avec l'ensemble
de l'amphithéâtre, je retrouve le plaisir de partager une émotion forte sur des
harmonies magnifiques et enthousiasmantes. J'accompagne volontiers les refrains
(en traditionnel yaourt mystificateur)
avec le même entrain que toujours.
C'est toujours un pur bonheur d'entendre le timbre de
la voix de Lee qui nous emmène dans ses contrées poétiques. De surcroit, elle
est toujours plus ravissante, cette fois dans sa longue robe blanche aux motifs
verts. Le summum étant atteint durant "Untouchable"
alors que le soleil se couche sur Loreley … "I had to let you go to the setting sun, I had to let you go and find a
way back home" ; (Il fallait que
je te laisse partir au soleil couchant, Il fallait que je te laisse t'en aller
et que je retrouve ma route), moment absolument divin !
L'amphi est moins plein que la veille en ce dimanche
soir, mais le public fidèle et assidu est en liesse. Ce concert a su rebondir
pour retrouver l'enthousiasme de son public ; j'aimerais qu'Anathema rebondisse
rapidement pour reprendre le cours d'une discographie admirable qui me semble
avoir été mis en suspens depuis déjà sept années.
PROGRAMME
San Francisco (The Optimist, 2017)
Can't Let Go (The Optimist, 2017)
Endless Ways (The Optimist, 2017)
Ariel (Distant Satellites, 2014)
Thin Air (We're Here Because We're Here, 2010)
Springfield (The Optimist, 2017)
A Simple Mistake (We're Here Because We're Here, 2010)
Closer
(A Natural Disaster, 2003)
Distant
Satellites (Distant Satellites, 2014)
A Natural Disaster (A Natural Disaster, 2003)
Untouchable, Part 1 (Weather Systems, 2012)
Untouchable, Part 2 (Weather Systems, 2012)
RAPPEL
Fragile Dreams (Alternative 4, 1998) (après quelques
notes introductive de "Shine on you
crazy Diamond")
21h30 -23h30: THE STEVE HILLAGE BAND. Stephen Simpson Hillage est
né le 2/8/51. Il aura donc bientôt 68 ans ; il était temps que Winfried
Völklein trouve les arguments pour le faire revenir sur scène, après une trop
longue période passée à bidouiller d'autres sons…
Avant d'entamer sa carrière
solo, il a fait partie des groupes Uriel, Arzachel, Khan. Mais c'est sans doute
avec Gong, qu'il a gagné sa notoriété
depuis 1973. Lorsque Daevid Allen quitte le groupe en avril 1975, Hillage est
promu leader du groupe, une position qu'il estime inconfortable pour lui. Avec
sa compagne Miquette Giraudy, il finit par quitter le navire à l'automne
suivant après avoir participé à l'album Shamal, pour lequel il ne joue que sur
deux titres. Son premier album solo très prometteur sort concomitamment : "Fish
Rising" ; suivent quelques autres albums qui ont encore accentué son
succès. Puis, il a de nouveau changé d'univers pour former System 7 en 1990 avec
sa compagneMiquette Giraudy, avec laquelle il se plonge
ainsi dans un univers techno-électro-machin dans lequel il se fait peu à peu
oublier.
Le revoilà toutefois ce
soir sur scène avec Miquette Giraudy
(pilotage des séquences sonores pré-enregistrées), accompagné de surcroit des
membres de Gong… Kavus Torabi
(guitares, Gong depuis 2014), Fabio Golfetti
(guitares, Gong depuis 2007), Dave Sturt
(basse, Gong depuis 2009), Ian East
(saxo et flûte, Gong depuis 2010), et Cheb Nettles
(batterie, Gong depuis 2014).
Ayant ignoré la carrière du
Monsieur, y compris celle de Gong, ce n'est que récemment que j'ai entamé une
étude discographique de son parcours, en perspective de ce festival décidément
très incitatif ! Conscient de ce retard coupable, je parviens toutefois à me
présenter ainsi avec de bons a priori !
Je ne tarde pas à prendre
le train de folie qui s'emballe dès les premières séquences d'un concert qui
restera dans les mémoires ! Enorme sensation d'assister à un moment
exceptionnel, une grand'messe du prog déjanté et hallucinogène !!!
En fond de scène, des
écrans diffusent des images psychédéliques qui, avec la musique adéquate,
contribuent à donner à ce concert un esprit très 70's qui m'enivre l'esprit ! En
outre, beaucoup de titres sont issus des opus "Green" et
"Fish Rising" que mon initiateur (Joël) avait ciblé dans
l'urgence de ma formation ! Je n'ai ainsi aucun mal à me laisser emporter dans
ce tourbillon de sons et d'images. Conscient du privilège de vivre un tel
concert en dehors de nos frontières je tente cependant de rester lucide et
attentif pour savourer l'atmosphère que dégagent l'ensemble de ces musiciens
qui manifestement se sentent bien ensemble ! Il ne s'agit certes pas du Gong
historique mais l'esprit me semble respectueux de l'origine. Etant placé proche
de la scène mais sur la gauche, je me trouvais ainsi à proximité de Steve et de
sa compagne Miquette pour pouvoir confirmer leur complicité.
Il est évident qu'après un
tel concert, il m'apparait impératif de me lancer dans une étude approfondie de
cet univers. Enorme sensation, énorme
claque ; une de plus, la dernière d'un festival qui ne déçoit pas.
PROGRAMME
Part 1
Talking to the Sun
(Aura, 1979)
It's All Too Much (Yellow Submarine, 1969 - reprise de The
Beatles)
The Golden Vibe (Fish Rising, 1975)
The Salmon Song (Fish Rising, 1975)
Part 2
Sea Nature (Green, 1978)
Ether Ships (Green, 1978)
Lunar Musick Suite
(L, 1976)
Palm Trees (Love
Guitar) (Green, 1978)
Part 3
The Fire Inside (Open, 1979)
Motivation (Motivation Radio, 1977)
Solar Musick Suite,
Part II Canterbury Sunrise (Fish Rising,
1975)
The Dervish Riff (1979)
Hurdy Gurdy Man (Hurdy Gurdy Man, 1968 - reprise de Donovan)
RAPPEL
Light in the Sky (Motivation Radio, 1977)
The Glorious Om
Riff (Green, 1978).
A l'instar de la veille, lorsque les
enceintes se taisent, nous mettons un peu de temps avant de réaliser où nous
sommes. C’est-à-dire au fond d'un amphithéâtre qu'il va nous falloir remonter
péniblement, d'autant plus que cette fois c'est pour ne plus revenir … avant
l'an prochain.
Lorsque j'assistais à leur concert du 6 mars 1982 à
l’Hippodrome de Pantin, à l'occasion de la tournée promotionnelle "Blackout Tour", le groupe n'avait
"que" dix-sept années
d'existence et pourtant SCORPIONS me semblait déjà être inscrit dans la légende
des groupes de hard-rock. Il animait alors les débats suite au départ de
Mickael Schenker en 1973 puis à celui peut-être plus douloureux d'Uli Jon Roth
en 1978. Certains jetaient déjà le groupe allemand aux gémonies, estimant qu'il
ne survivrait plus très longtemps au départ d'Uli. Quelques décennies plus
tard, ils sont pourtant toujours là et dans une belle forme…
Déjà satisfait de les avoir revus une dixième fois ce
27 juin 2018 à Bercy, je n'envisageais pas vraiment de les revoir avant
quelques temps. Mais un concours de circonstance m'a permis de saisir des
tickets pour le vendredi de l'American Tours Festival (ATF), dont je ne
connaissais même pas l'existence. Ce qui n'est pas vraiment étonnant puisque je
ne prétends pas cultiver d'américanophilie particulière…
SMOKY TONK
SMOKY TONK
L'ATF est un grand rassemblement d'admirateurs du
"rêve américain" ; on y trouve des Harley, des trucks, des bagnoles
datant des 50's aux 80's, des échoppes de vêtements, de vinyles et autres
plaques d'immatriculations en tous genres, des enclos pour le rodéo, mais aussi
des salles de danse ou de concerts. Des groupes se succèdent sur des scènes de plus
ou moins grandes taille ; leur style de musique est essentiellement country,
rockabilly, ou blues… Aux alentours de 20h30, j'ai assisté à quelques séquences
de la prestation énergique de SMOKY TONK, dont le chanteur et leader Big Mo
n'hésite pas à reprendre des standards de Johnny Cash ou d'Elvis notamment. Il
y avait aussi le Chris Slade Timeline que j'avais déjà vu à deux reprises ;
mais dans ces circonstances, je me suis permis de le zapper plus ou moins
sciemment. Je ne suis arrivé que pour la fin, nonchalamment avec ma Bud' ("Budweiser, the great (?) american lager beer", man ! cqfd) à la main. Un petit public
s'était amassé autour de leur scène pour leur accorder une écoute méritée. J'ai
applaudi sur un beau final reprenant le légendaire "Highway to Hell".
Tous les ans la scène principale accueille au moins un
groupe susceptible d'intéresser les mélomanes au-delà de ce cadre. Les affiches
précédentes, montrent des invités très intéressants, tels que les texans ZZ-Top
ou même les anglais Deep Purple ! A l'avenir il conviendra d'être donc vigilant
sur cet événement (aussi)… Cette année donc, la tête d'affiche du samedi est
offerte aux Stray Cats (que je manquerai
pour la seconde fois cette année, après le Rétro C Trop la semaine dernière)
et aux Rival Sons (que je verrai cet
automne à Paris) ; mais bon, il faut savoir être raisonnable. J'ai déjà de
la chance d'être présent ce vendredi pour les allemands SCORPIONS, dont le
rapport avec l'Amérique est peut-être à rapprocher de leur succès phénoménal qu'ils
y ont connu durant les années 80 …
Le torride soleil tourangeau m'a prédisposé à une
relative désinvolture qui m'a amené à errer trop longtemps entre les échoppes
avant de me rapprocher du site principal de concert… J'avais sous-estimé la
notoriété de Scorpions parmi ces amateurs de corn-flakes et de coca cola. J'ai dû
reconnaitre à mes dépends que parmi ceux-ci, des metallos s'étaient
spécialement déplacés pour la même raison que moi ; beaucoup de tshirt
trahissaient une appartenance à notre cher microcosme… Bref, arrivé dans
l'enceinte, je n'ai pu que subir une foule considérable (21 000 personnes, selon "Info-Tours.fr"). Impossible de
se rapprocher de la scène. Quant aux gradins réservés, je ne les jalousais pas
car ils étaient bien trop en retrait à mon gout ! Cependant, j'ai limité les
dégâts en fendant un peu la foule pour nous placer devant la console de mixage.
De ce point, nous avons bénéficié d'une sonorisation parfaitement réglée. Pour
les plus petits de mon entourage, deux écrans latéraux permettaient de suivre
ce qui se passait sur scène.
Les allemands sont ponctuels (pléonasme), ils débutent
comme prévu à 22h. Même intro, mêmes fonds de scène, même programme que l'an dernier à la même époque ; on pourra regretter que Scorpions ne renouvelle plus
son répertoire de concert. Certes, ce sont des titres demandés, efficaces et
quasi indispensables, mais il y en aurait tant d'autres … De surcroit, SCORPIONS
persiste à frustrer les puristes (dont j'assume faire partie) en interprétant
des mélanges de leurs titres ; ils ont ainsi passé à la moulinette l'ère
UJ-Roth, ainsi que des titres de 1984 à 1990. En outre, l'emblématique "Holiday " a été odieusement
écourté… Même dans un festival américain, ce fast-food musical me parait
indigeste. Appréciera qui pourra.
Hormis cette légère amertume, le concert fut
parfaitement exécuté. Les gars ont calibré leur répertoire de manière à la fois
à satisfaire l'attente du public et à ménager les cordes vocales de Klaus. Ce
dernier parvient habilement à masquer ses limites en jouant avec les octaves inférieures
et les partitions de ses complices. Mais ça ne me choque pas, c'est très bien
fait et sa bonne humeur porte le public bienveillant à le soutenir. Désormais,
il met sa voix en pause non plus sur un, mais sur deux titres ("Coast to Coast", "Delicate Dance"). L'essentiel est
que le groupe dégage toujours une énergie remarquable, les limites physiques
sont là mais elles sont compensées par une attitude positive et généreuse. En
fermant les yeux on pourrait parfois encore se croire dans les années 70-80-90,
surtout que 80% des seize morceaux du programme en sont tirés !
PROGRAMME
Going Out With a Bang (Return to Forever, 2015)
Make It Real (Animal Magnetism, 1980)
Is There Anybody There ? (Lovedrive, 1979)
The Zoo (Animal
Magnetism, 1980)
Coast to Coast (Lovedrive, 1979)
Top
of the Bill / Steamrock Fever / Speedy's Coming / Catch Your Train (extraits de l'ère UJ Roth, 1974-77)
We Built This House (Return to Forever, 2015)
Delicate Dance (MTV unplugged, live in Athens) avec Ingo Powitzer, technicien guitare pour Matthias.
Holiday
(Lovedrive, 1979) (extrait en
acoustique)
Send Me an Angel (en acoustique) (Crazy World, 1990)
Wind of Change (Crazy World, 1990)
Bad Boys Running Wild/I'm Leaving You (Love At First Sting, 1984) / Tease Me
Please Me (Crazy World, 1990) (extraits)
Solo
de Mikkey
Blackout (Blackout,
1982)
Big City Nights (Love at First Sting, 1984).
RAPPEL :
Still Loving You (Love at First Sting, 1984)
Rock You Like a Hurricane (Love at First Sting, 1984).
En 2020, Rudolf Schenker
(guitares, depuis 1965), qui fêtera ses 71 ans en aout prochain, pourrait
fêter également les 55 ans de son groupe (même
si, à mon sens, SCORPIONS n'a réellement pris consistance qu'en 1970 avec
l'arrivée de son frère et de Klaus). Pourtant, il me parait toujours aussi
fougueux et adulescent ! Klaus Meine
(chant, guitare, depuis 1970), qui a 71 ans depuis mai, prend manifestement toujours
autant de plaisir à partager des émotions avec son public ; ça tombe bien,
c'est réciproque ! Quant à Matthias Jabs
63 ans (guitares, chœurs, depuis 1979), s'il fut une époque où il souffrait (injustement)
de ma comparaison avec le Grand Uli, force est de constater qu'il constitue
avec ses deux complices un trio très efficace, depuis maintenant ...eh oui, 40
années … pfiouuuu… Le polonais Paweł Mąciwoda,
52 ans (basse, chœurs, depuis 2004) reste discret, il assure proprement mais
paisiblement sa partie. Le p'tit dernier arrivé, le suédois Mikkey Dee, 55 ans (batterie, depuis 2016) assume
son pedigree avec vaillance ! Rappelons qu'il a rejoint le groupe après la fin
tragique de Motörhead qui coïncidait avec l'épuisement de son valeureux
prédécesseur James Kottak.
Nous n'aurons toujours pas eu droit à voir apparaitre sur
scène Uli Jon Roth ; quelques dates avaient offert ce privilège dans un passé relativement
récent. Nous devrons nous contenter de la seule apparition désormais habituelle
de Ingo Powitzer, le
technicien-guitare de Matthias, durant "Delicate Dance".
Après deux heures de concert, SCORPIONS salue son
public qui, ravi, l'ovationne comme il se doit ! Musicalement on en voudrait
encore, mais honnêtement après cette journée, on a hâte de se détendre un peu
et je pense qu'ils sont dans le même cas !
Après une lente évacuation du public, nous retournons
errer dans les hangars d'exposition et je m'arrête devant une autre scène sur
laquelle SUGAR RAY FORD finit son concert. Cette musique jouissive alterne
rhythm'n'blues et rock and roll, conjuguant des saxos et guitares. Trop courte
sensation. Il est temps pour eux de plier bagage ; pour nous aussi.
Il me serait bien difficile d'argumenter mon attirance
pour Rammstein : comme quelques autres groupes que j'apprécie, je n'y décèle
pas de virtuosité particulière, ni de subtilité romantique dans les mélodies, ni
de cette complexité musicale que je recherche tant par ailleurs. On aime ou on
n'aime pas, point. J'ai moi-même tardé à tomber dans la marmite, car bien que
germanophile depuis toujours, je me méfiais de ces personnages plus
qu'inquiétants, a priori…
De prime abord, ils ne donnent pas le sentiment de
faire dans la fine dentelle. Et pourtant, il s'avère qu'en dépit de leur
attitude provocatrice, cynique et désinvolte ce sont de vrais artistes ; ils savent
jouer avec les images, les sons et les mots. Leurs vidéos sont réalisées avec
un soin cinématographique, le son et la production de leurs albums sont soignés,
et leurs textes germanophones sont souvent ambigus, à double sens. Ils savent
de surcroît s'entourer de vrais professionnels, tant pour l'élaboration des
vidéos, que pour les extraordinaires spectacles de scène, durant lesquels la
pyrotechnie est poussée à un paroxysme dont se souviennent toujours les
spectateurs, en particulier ceux des premiers rangs !
Pourtant pourfendeur des excès sonores, des voix sans
qualité, et des pré-enregistrements, j'ai commencé à me pencher au-dessus de
ladite marmite par le biais d'autres mélomanes vers les années 2000. C'est
lamentable, et je n'assume pas vraiment, en fait. Mes scrupules sont comparables
à ceux générés par Ghost. Me voilà maintenant en train de mijoter avec des
milliers de pauvres diables complètement écervelés, dès que des rythmes
binaires résonnent dans les stades…
Car en effet, pour promouvoir leur septième opus,
sobrement intitulé "Rammstein",
les allemands ont décidé de se lancer dans une tournée des stades. Ce fut pour
moi l'occasion d'inaugurer cette salle encore récente, (faute d'avoir pu assister aux concerts des Rolling Stones et de Roger
Waters).
L'intérieur de l'arène surprend, fatalement. C'est
juste énorme. On se doute déjà que ce sera une belle aire de jeux pour ces
pyromanes. … Me voilà donc placé au fond du U en gradin relativement haut situé
(putains d'escaliers pour y arriver, la
vache !!!), mais parfaitement en face de la scène. Puisque je suis dans le
prolongement de console du son, je peux prétendre à disposer d'une bonne
acoustique. Mais de cela, on en reparlera…
DUO JATEKOK[20h-20h35].
Admirable audace que d'imposer au public une première
partie aussi surprenante. Deux pianistes françaises, Adélaïde Panaget et Naïri Badal, qui ont fondé en 2007 Duo Játékok, ont le redoutable privilège
de devoir chauffer les stades durant toute la tournée des terrifiants teutons,
devant leur horde assoiffée de sons et de feux !!! Certes, leur baptême avait
déjà été accordé en 2017 aux Arènes de Nîmes, mais de là à oser une tournée à
travers toute l'Europe…
Elles baignent habituellement dans le milieu classique
et semblent cependant apprécier ce public de metallos turbulents. En tous cas
c'est ce qu'elles prétendent…Ceux qui ne sont pas réceptifs en profitent pour
se désaltérer, vider ce qui est déjà ingurgité, ou encore pianoter sur les
écrans. Mais globalement les filles s'adressent avec la franchise et avec l'aplomb
de leur talent à un auditoire respectueux (hormis
un imbécile pas loin de moi qui n'a pu s'empêcher de beugler un "à
poil" à la hauteur de son intellect).
Pour ma part, je suis heureusement surpris, je réalise
que le soutien des allemands à cette vraie gageure est parfaitement justifié. En
fait, elles reprennent huit des titres de RAMMSTEIN, extraits d'un album
intitulé "Klavier". Le plus
souvent interprétées à quatre mains sur un piano, les reprises sont crédibles et
même parfois émouvantes ("Frühling
in Paris" repris en chœur par le public).
Après ce moment de délicatesse, les lumières se
rallument pour laisser apparaitre une fosse qui peut sembler encore clairsemée
peu avant 21 heures. Impression accrue par l'évitement des trois estrades
techniques qui font obstacle à la vue sur la scène.
RAMMSTEIN [un peu plus de deux heures]
Il est 21 heures, les lumières sont éteintes, et les
dernières mesures d'une musique baroque laissent la place à une terrifiante
explosion qui réveillerait tous les morts du quartier.
Je retrouve ainsi un groupe fidèlement lié (rare qualité !) puisque depuis 1994, Till Lindemann (chant), Richard Zven Kruspe (guitare, chœurs), Christoph "doom" Schneider (batterie), et Oliver "Ollie" Riedel (basse) restent entourés de Paul Landers (guitare, chœurs) et Christian "Flake" Lorenz (claviers). Cela faisait sept années que je les avais vus à Bercy, trois années au Download Festival Paris.
Etonnant choix, c'est le lourdaud "Was ich liebe" qui débute le
spectacle. Très vite, je m'inquiète cependant pour la sonorisation. Alors que
durant mes derniers concerts je pouvais de nouveau me passer de protections
auditives, là c'est juste pas possible… La basse et la batterie sont juste
assourdissants ; cela s’avérera un calvaire quasi permanent. Le point culminant
de ce catastrophique déréglage des balances sonores sera "Mein Teil" qui fut tout simplement
une bouillie infâme ; il me fallut regarder la mise en scène (particulièrement
identifiable) pour reconnaître la chanson !
Le plaisir escompté ne pouvant venir de mes oreilles,
je me résous à miser sur mes yeux. Fort heureusement, je n'avais pas omis mes
lunettes, mais j'aurais toutefois été bien inspiré d'emmener mes jumelles.
L'éclairage permanent était relativement sombre. Ce qui, dans une aussi grande
salle peuplée de lilliputiens (autant sur
scène qu'en fosse) ne laissait pas beaucoup de chose à regarder, d'autant
moins qu'il manquait à mon humble avis deux écrans latéraux. Un seul minuscule
écran central diffusait des images, de temps en temps, et encore, rarement pour
montrer les musiciens… Pour le reste, la mise en scène est quand même assez
magnifique ; à la fois sobre et grandiose. Les jeux de lumières donnent parfois
du volume de fort belle manière.
Mais bien entendu c'est dans le domaine de la
pyrotechnie que ces gros malades restent champions, et le public aura ressenti
de nombreuses vagues de chaleur intenses ! Maitrisés et inspirés, ces jeux de
flammes contribuent indéniablement à impressionner l'auditoire. Lance-flammes,
bouches de feu, artifices en tous genres atteignent leur somment sur les titres
"Mein Teil" (la marmite
incendiée au lance-flammes), "Puppe"
(un gigantesque landau en flammes), et surtout sur le somptueux "Du hast". Durant ce titre, le
spectacle s'est encore étoffé par rapport à la dernière tournée ;
l'aller-retour de flamme est ponctué d'un puissant et énorme jet de flammes
au-dessus des deux estrades techniques sur les côtés arrières de la fosse, ce
qui n'aurait pas été possible dans un plus petit espace… Mais après ce déluge
de feu, les fumées peinent à s'évacuer. La scène s'en trouve désormais à peine
visible depuis nos gradins… Les deux titres qui suivent sont ainsi totalement
dans le brouillard, à la fois sonore et visuel. C'est le bouquet !
Après une pause dans cette descente aux enfers, le
rappel survient sur une estrade installée comme un ring en fosse, plus proche
de nos gradins, donc. Néanmoins, on peine encore à distinguer le Duo Játékok
qui les accompagne pour interpréter "Engel",
que le public reprend d'autant plus volontiers en chœur qu'il pouvait suivre
les paroles diffusées en fond de scène. Mais en revanche, dans cette
configuration, on se privera du fameux ange mécanique et flamboyant qui était
porté par Till durant les précédents concerts.
Ensuite, la fumée étant encore très dense, on peine
également à les distinguer flotter sur la foule à bord de leurs canots
gonflables pour rejoindre la scène.
Puis l'entrainant "Auslander" transforme une nouvelle fois l'arène en boite de
nuit. Un peu plus tôt dans la soirée, "Deutschland"
fut précédé d'un interlude dansant, remix du titre… Ils ont ce côté électro que
j'aime bien. "Du richst so gut"
fut un des rares moments très agréables et efficaces pour moi. "Pussy", en dépit de son canon à
mousse, retomba dans la bouillie sonore inaudible … Le second rappel fut dans
la même veine, et j'avais hâte de respirer l'air pur.
J'attendais avec envie ce concert mais, en dépit du
gigantisme, je suis moins enthousiaste qu'après celui de Bercy. Il faudra que
quelqu'un explique à l'usurpateur du poste d'ingénieur du son que sur les
quarante mille personnes présentes beaucoup n'auront pas apprécié sa notion des
équilibres… Après discussions je m'aperçois en effet que je ne fus pas le seul
à m'en plaindre, y compris parmi les spectateurs du second spectacle du
lendemain. Il faudra aussi que les pyrotechniciens se rappellent que s'il n'y a
pas de fumée sans feu, l'inverse est également à prendre en compte (keuf,
keuf…) !
Il n'en demeure pas moins que RAMMSTEIN reste un
groupe qui ne lésine pas sur les moyens déployés à grande échelle, avec une
rigueur et une efficacité typiquement germanique. Je leur conserve toute mon
estime, mais disons que ce soir les flammes étaient plus sur la scène que dans
mon esprit…