samedi 22 octobre 2022

PROG EN BEAUCE VIII – samedi 22 octobre 2022, salle Maurice Leblond de Pierres (28)

 

Grâce à la ténacité et la passion de Thomas, Jean-Michel et leurs compagnes respectives, ce beau festival continue d'exister en dépit de bien des désillusions, des renoncements et, heureusement, des espoirs maintenus. Sans cette maudite Pandémie, cette huitième édition aurait dû se tenir le 20 octobre 2020. Reportée au 23 octobre 2021, elle fut de nouveau reportée à ce 22 octobre 2022. De surcroît, j'ai bien failli manquer cette édition pour des raisons personnelles ; je n'ai pu m'y engager que le 2 octobre dernier ! A force de persévérance et de patience, le microcosme de fidèles mélomanes s'est ainsi à nouveau réuni pour notre culte commun. Ce sera mon cinquième et dernier festival de la belle année musicale 2022.

La biographie du site PROG EN BEAUCE nous indique que la première édition s'est jouée "à guichet fermé" le 26 octobre 2013 dans la petite salle "Rive Droite" de Nogent-Le-Roi. Les trois années suivantes, le festival a trouvé un lieu plus spacieux à Villemeux-sur-Eure. Depuis le 29 octobre 2017, il se tient désormais dans la salle Maurice Leblond de Pierres, en partenariat avec la municipalité.

C'est à cette occasion que j'ai assisté à ce festival pour la première fois ! Il s'agissait pour moi surtout de revoir LAZULI. Depuis, je réserve cette période du calendrier pour l'événement. Je n'ai toutefois pas été en mesure d'assister à l'édition 2018, ce qui m'a privé d'anticiper ma dévotion pour MOSTLY AUTUMN. La VIIème édition en 2019 a confirmé mon intérêt pour cet événement. Puis, dans un contexte encore pandémique, l'organisation du PeB a eu toutefois l'énergie de réunir les affamés de musique, le 23 octobre 2021, pour une soirée de concerts avec LAZULI en tête d'affiche ; ce fut encore une soirée très réussie !

La musicothérapie, c'est important. Les amis aussi. Ces rendez-vous constituent une belle occasion de les retrouver, parfois venus de loin. Pour parfaire ses retrouvailles, il est des traditions qui se respectent et s'inscrivent dans la durée ; pour la deuxième fois consécutive, un déjeuner au restaurant du coin (non, je ne dirai pas lequel ! la carte est un pur régal, mais l'endroit dispose de peu de places !) permet d'entamer l'après-midi dans les meilleures conditions ! Notre microsociété vient d'ouvrir une nouvelle parenthèse salvatrice dans ce monde de brutes, pour échanger avec passion nos découvertes, nos émotions musicales, nos objectifs de concerts et festivals… L'organisation tient à cet égard à rappeler qu'un des nôtres a disparu cet été ; un hommage à Eric Bouillette (Nine Skies) est brièvement rendu.

Cette VIIIème édition éveille la curiosité, elle reste internationale et attractive en présentant quatre groupes venus respectivement des Hauts-de-France, de Finlande, de Pologne, et de Grande-Bretagne. Trois groupes sont déjà montés sur les planches devant moi ;  ma découverte du jour viendra de l'Est !

Points communs à l'ensemble de la soirée, le fond de la scène est occupé d'un écran disponible pour tous les groupes pour présenter images et illustrations. Le dispositif d'éclairage leur a permis une équitable répartition des moyens.

(Ouverture des portes 14h30)

AMARTIA [15h40-16h25]
F  http://www.amartia.fr/

AMARTIA est un groupe de rock français (Lille), mais anglophone, d'abord fondé en tant que quatuor à l'aube du nouveau millénaire par Vincent Vercaigne (guitares, chœurs, claviers, programmation), Marielle Duroule (chant), Nicolas Sion (basse), et Vincent Duparcq (batterie, percussions). Leur premier album intitulé "Maïeutics" est sorti en 2002.

Leur discographie présentait quatre albums aux influences variant du rock progressif au métal atmosphérique, quand j'ai assisté à leur concert lors du Raismesfest, le 14 septembre 2008. J'étais encore laconique dans mes récits de l'époque, mais j'indiquais : "Ces chti jouent un rock progressif accrocheur. La chanteuse Britta a du coffre, les musiciens talentueux, et leur album "Délicately" est sans doute à découvrir. A suivre. http://www.myspace.com/amartia". Cyril Carrette accompagnait déjà Vincent Vercaigne. Ce troisième album "Delicately", est paru le 1er décembre 2008.

Avec son sixième opus empreint d'une ambiance plus apaisée et atmosphérique, AMARTIA semble s'ancrer dans la scène progressive ; "Daylight Beauty" est paru le 12 mars 2021. Vincent Vercaigne (guitares, chœurs), est actuellement entouré de Cyril Carrette (claviers), Amandine Duwooz (chant), Sébastien Descarpentries (basse, percussions), et Quentin Daumal (batterie, percussions).

Est-ce un réglage de sonorisation inadapté, ou est-ce le timbre de la chanteuse ; toujours est-il que j'ai peiné à percevoir le chant. Pour le reste, les musiciens m'ont convaincu de leur talent pour nous livrer une musique douce, sombre et envoûtante. Mon impression ressentie en 2008 semble globalement se confirmer ce soir, même si je n'ai pas retrouvé mon enthousiasme pour le chant. A mon humble avis, il gagnerait en originalité en français, mais AMARTIA demeure un groupe à suivre assurément.

Huit titres dont cinq issus de "Daylight Beauty" (2021), une de The Beast Within (2021), une de Marionette  (2021) et une de Delicately (2008).

PROGRAMME
Lose Control (Daylight Beauty, 2021)
Dancing Light (Daylight Beauty, 2021)
Fortunée (The Beast Within..., 2017)
Child's Eye (Daylight Beauty, 2021)
NDE (Marionette, 2006)
Please Tell Me (Daylight Beauty, 2021)
Old Man and the Sea (Daylight Beauty, 2021)
Rain's End (Delicately, 2008).

 

OVERHEAD [17h-18h25]
F http://www.overhead-band.com/
https://www.facebook.com/overheadband/
https://overheadband.bandcamp.com/music

Fondé en Finlande en 1999, ce quintet se compose actuellement d'Alex Keskitalo (chant et flûte), Jaakko Kettunen (guitare), Ville Sjöblom (batterie, choeurs), Janne Katalkin (basse), Jere Saarainen (claviers). Grâce à une fabuleuse trilogie d'albums studio : "Zumanthum" (2002), "Metaepitome" (2005) et "And We're Not Here After All" (2008), ils se sont vite bâtis une solide réputation dans le milieu prog. De clubs de rock, en festivals à travers l'Europe, en passant par des lieux prestigieux comme le palais du Roi Soleil à Versailles, ou le légendaire Spirit of 66 en Belgique, ils ont acquis une bonne maitrise de la scène.

Ils ne cachent pas leurs influences qui passent par des géants du prog classiques comme PINK FLOYD, GENESIS, JETHRO TULL et KING CRIMSON. Cette fusion aboutit à des mélodies bien construites, des voix claires parfois éraillées, des atmosphères calmes et contrastées, des arrangements raffinés, sophistiqués, mélangés à d'étranges séquences psychédéliques et électroniques. Sans oublier de superbes parties instrumentales, en particulier à la guitare avec Jaakko mais aussi à la flûte avec Alex.

Un sixième opus est attendu pour mars prochain ; le cinquième album "Haydenspark" est paru le 15 novembre 2018.

Pour ma part, je ne les ai découverts qu'en hiver 2019, alors que l'affiche du Festival à Loreley mentionnait ces finlandais à la date du 20 juillet 2019. Les écoutes préalables en boucles de leurs disques m'ont sans doute permis d'accrocher immédiatement à leur prestation scénique très efficace. Nous regrettions déjà de ne pas les avoir connus plus tôt ! Puis, nous avons eu grand plaisir à les revoir cet été lors du Festival Crescendo le 22 aout 2022. A chaque fois, nous avons pu constater de surcroit leur amabilité, leur accessibilité, ce qui les rend très attachants.

En étant positionné dans les premiers rangs, le premier titre m'a fortement inquiété pour la suite du concert car la sonorisation était manifestement très mal réglée. La voix et la flûte étaient inaudibles. Fort heureusement, le son a ensuite été amélioré, sans toutefois atteindre l'excellence. Ce regrettable incident aurait pu me gâcher le plaisir mais, plus grave encore, empêcher d'autres mélomanes de connaitre leur musique pourtant si entrainante et mélodique. Il faut croire que les astres n'étaient pas alignés en leur faveur aujourd'hui, car le titre "Dawn" a été interrompu par une coupure d'électricité bien inopportune. Mais il en fallait davantage pour démotiver les musiciens qui ont repris le cours du concert au fil du retour des éléments (d'abord le son, puis les lumières). L'éclairage quant à lui était correct, la luminosité a permis quelques beaux clichés pour les chasseurs d'images.

Comme à leur habitude, Jaakko Kettunen (guitare) et Alex Keskitalo (chant et flûte) inondent la scène de leur talent remarquable. Les soli époustouflants de Jaakko exécuté avec brio, générosité et sourire alternent et se conjuguent avec les mimiques, la gestuelle désarticulée et les accords de flûtes exprimés par Alex. Comment ne pas penser à Ian Anderson en regardant ce saltimbanque déjanté et touchant. Je n'oublie pas bien sûr le rôle important des soutiers sans lesquels l'entrain ne serait pas. Ville Sjöblom est le métronome imperturbable, même en regardant les facéties du chanteur, ses frappes sont approfondies par la basse inlassable de Janne Katalkin, alors que Jere Saarainen se charge des nappes déchainées et harmonieuses aux claviers.

J'avoue bien volontiers ne pas être objectif en parlant de ce groupe, j'aime leur musique à la fois mélodique, puissante, irrésistible et éclectique. Décidément, d'une manière plus générale, force est de constater que ces scandinaves persistent à nous séduire toujours davantage par leur magnifique diversité et leur talent ; je pense bien sûr notamment à THE WINDMILL, THE WOBBLER, OAK, THE FLOWER KINGS, LEPROUS, OPETH, GASPACHO, SOEN, ALL TRAP ON EARTH, PAIN OF SALVATION, ANEKDOTEN, … et je ne cite que le milieu du rock progressif (je pourrais citer aussi mes favoris dans le metal !).

En dépit des déplorables aléas techniques, OVERHEAD a obtenu une très enthousiaste ovation du public ; en écoutant çà et là les commentaires, bon nombre des spectateurs ne connaissaient pas ces vikings mais ils ont été conquis. Non plus de manière barbare comme leurs ancêtres mais avec poésie et harmonie !

Huit titres ont permis au groupe de présenter un extrait de leur discographie ; un titre de l'album à paraitre (mars 2023), deux titre de l'album le plus récent "Haydenspark" (2018), un de "And we're not here after all" (2008), et quatre du magnifique "Metaepitome" (2005).

PROGRAMME
Haydenspark (Haydenspark, 2018)
Metaepitome (Metaepitome, 2005)
Butterfly's Cry (Metaepitome, 2005)
Point Of View (Metaepitome, 2005)
Gone Too Far (Haydenspark, 2018)
Tuesday That Never Came (à venir, 2023)
To The Madness (and we're not here after all, 2008)
Dawn (Metaepitome, 2005).

Tuesday That Never Came

Montage du concert (sans le premier titre car la sono n'était pas au point)

Après avoir assistés à trois concerts en festival, nous aimerions bien les voir en concert, en tête d'affiche bien sûr. Mais pour cela il faudra peut-être nous rendre assez loin…

A l'échoppe nous retrouvons Jaakko accompagné de sa charmante et souriante compagne, déjà à ce poste au Crescendo il y a deux mois ; ils commencent à nous reconnaitre, à force. Il faut dire qu'il est très présent sur Facebook ; ça aide ! Nous lui achetons le dernier né ; l'enregistrement du concert de cet été au Crescendo. Nous lui exprimons notre vœu de les voir chez eux à Helsinki, mais pour l'instant il n'y a pas de date fixée… Avant cela, on se salue et nous donnons rendez-vous au lendemain, car lui et sa Belle seront également au concert de Marillion ! (note a posteriori : nous les approcherons de nouveau, spectateurs dans la fosse !)

 

MILLENIUM [19h-20h25]
F http://www.millenium.art.pl/strony/sklep_a.htm

FRAMAURO groupe précurseur de Millenium, fut fondé à Cracovie (Pologne) en 1996 par le multi-instrumentiste Ryszard Kramarski. Ce premier projet fut rebaptisée Millenium en 1999. Ryszard Kramarski (claviers, guitares) est actuellement entouré de Piotr Płonka (guitare), Krzysztof Wyrwa (basse), Grzegorz Bauer (batterie, percussion), et Dawid Lewandowski (chant). Ce dernier vient d'intégrer le groupe depuis peu.

Le dernier opus "Tales From Imaginary Movies" est paru le 5 septembre 2022. Une quinzaine d'autres albums studio l'ont précédé, mais il m'est difficile d'en distinguer le nombre parmi une discographie ponctuée de mini-albums, de récapitulatifs et d'enregistrement de concerts.

Je ne connaissais pas du tout ces polonais, ce festival me donne donc l'occasion de les découvrir. Ils sont apparentés au mouvement néo-progressif, mais je considère qu'ils ont abandonné leur véritable originalité en délaissant leur langue maternelle. Désormais anglophone, MILLENIUM accumule les albums en démontrant certes de belles ambiances mélodiques mais sans révolutionner le genre. C'est l'impression que je retiens de leur prestation qui, en quatorze titres, a permis de passer en revue sept albums de leur discographie de 2000 à 2022. Grâce à une sonorisation correcte, leur musique m'a semblé plutôt agréable à entendre, sans toutefois me paraitre bouleversante. Le chanteur, récemment intégré au groupe, a fait ce qu'il a pu avec l'aide d'un prompteur, mais fatalement cet outil n'était pas de nature à développer son charisme. Les soli de guitare et de clavier montrent parfois un bon niveau et tentent de briser une certaine monotonie. Sensation de monotonie peut-être en partie entretenue par des séquenceurs et boites à rythmes et peut-être aussi un manque d'unité… Bref l'ensemble ne m'a pas ému outre mesure.

Heureusement pour eux, une bonne partie du public semble les avoir suffisamment appréciés pour leur accorder une belle ovation. Belle récompense pour une groupe peu habitué à la scène ; une trentaine de concert en 22 ans. C'est leur première prestation en France, et même leur première prestation hors de Pologne, semble-t-il ! Accordons-leur des circonstances atténuantes, donc.

Des quatorze titres, trois sont issus du dernier opus "Tales From Imaginary Movies" (2022), deux de "The Sin" (2020), un de "The Web" (2019), un de "Ego" (2013), un de "Exist" (2008), deux de "Interdead" (2005), un de "Deja Vu" (2004), deux de "Reincarnations" (2002), et un de "Vocanda" (2000).

PROGRAMME
Higher than me (Reincarnations, 2002)
Visit in Hell (Vocanda, 2000)
When I fall (Ego, 2013)
A World full of Spies  (Tales From Imaginary Movies, 2022)
Light Your Cigar (Reincarnations, 2002)
Madman (Interdead, 2005)
A Comedy of Love (Tales From Imaginary Movies, 2022)
Name on the sand (The Web, 2019)
Gluttony (The Sin, 2020)
Demon (Interdead, 2005)
Envy (The Sin, 2020)
Drunken Angels (Deja Vu, 2004)
Embryo (Exist, 2008)
Tales from imaginary Movies (Tales From Imaginary Movies, 2022)


ARENA [21h35-23h20]
F https://www.arenaband.co.uk/

Arena a été fondé en 1995 à Virginia Water (Surrey, Royaume-Uni), par Clive Nolan, le claviériste de PENDRAGON et SHADOWLAND, et Mick Pointer, le batteur original de Marillion (de 1979 à 1983).

La plupart des paroles du groupe sont écrites par Nolan, bien que Pointer ait contribué aux paroles de Sirens et d'autres morceaux des deux premiers albums. Alors que les premiers albums s'inspirent du rock progressif traditionnel, la discographie montre une évolution qui les pousse à davantage de puissance, d'originalité et de musicalité, s'approchant ainsi du progmetal ; ce qui n'est pas pour me déplaire ! Avec "The Visitor" enregistré en 1998, le groupe confirme son statut de groupe majeur dans leur genre. D'ailleurs, aujourd'hui encore ses titres sont fréquemment repris en tournée !

Pour ma part, je ne me suis vraiment intéressé à ARENA qu'en 2015, soit bien longtemps après PENDRAGON que je persiste à préférer malgré tout.

Les deux cofondateurs Clive Nolan (claviers et chœurs, depuis 1995), et Mick Pointer (batterie, depuis 1995), sont désormais entourés de John Mitchell (guitares chœurs, depuis 1997), Kylan Amos (basse, depuis 2014), et Damian Wilson (chant, depuis 2020).

"The Theory of Molecular Inheritance" est paru officiellement ce 21 octobre 2022, mais je l'ai déjà écouté maintes fois avec un plaisir toujours renouvelé ; on retrouve les ingrédients traditionnels du groupe auxquels s'est ajoutée une voix que j'estime encore supérieure à celles de ses prédécesseurs (sans vouloir minorer leur réel talent). J'apprécie le timbre, la puissance, l'éloquence et on devine même en studio le charisme naturel du personnage.

Etant placé en fosse, à quelques rangs de la scène à laquelle je fais face en son centre, la sonorisation m'a semblé parfaite, chaque pupitre étant perceptible. Bel éclairage et fond de scène identiques au dispositif que j'ai pu observer à Oslo la semaine dernière.

The Equation

Je vais cette fois rester bref sur mes impressions issues de ce concert car elles seraient similaires à celles exprimées sur le concert d'Oslo. En effet, la seule différence notable c'est le remplacement, pour le rappel, du titre "Solomon" issu de "Songs From the Lion’s Cage" (1995) (durant lequel Damian était venu fendre le public), par "Enemy Without", un cinquième titre issu de "The Visitor" (1998). Damian s'est cette fois abstenu de se jeter sur la foule ; j'imagine qu'il a compris la leçon (même les vikings n'avait pas pu le soutenir !!).

Autre similarité, l'enthousiasme que suscite la musique d'ARENA sur son public. Les norvégiennes étant peut-être un peu plus démonstratives !

ARENA a interprété dix-sept titres, dont cinq de The Visitor, (1998), trois de The Theory of Molecular Inheritance, (2022), trois de The Seventh Degree of Separation, (2011), un de Pride, (1996), un de Immortal ?, (2000), un de Contagion, (2003), un de Pepper's Ghost, (2005), un de The Unquiet Sky, (2015), et un de Double Vision, (2018).

PROGRAMME
Time Capsule (The Theory of Molecular Inheritance, 2022)
Rapture (The Seventh Degree of Separation, 2011)
Bedlam Fayre (Pepper's Ghost, 2005)
How Did It Come to This? (The Unquiet Sky, 2015)
The Butterfly Man (Immortal ?, 2000)
Paradise of Thieves (Double Vision, 2018)
The Equation (The Science of Magic) (The Theory of Molecular Inheritance, 2022)
A Crack in the Ice (The Visitor, 1998)
Salamander (Contagion, 2003)
A State of Grace (The Visitor, 1998)
The Ghost Walks (The Seventh Degree of Separation, 2011) (Instrumental)
Life Goes On (The Theory of Molecular Inheritance, 2022)
(Don't Forget to) Breathe (The Visitor, 1998)
The Tinder Box (The Seventh Degree of Separation, 2011)
The Visitor (The Visitor, 1998).
RAPPEL
Enemy Without (The Visitor, 1998)
Crying for Help VII (Pride, 1996).

Cette belle 8ème édition du festival se termine avec les sourires des artistes (tous très disponibles) et des mélomanes, qui avaient eu la bonne idée d'être présents. Mais la route nous attend, et nous devons écourter nos discussions toujours aussi passionnées.

La 9ème édition est d'ores et déjà fixée au calendrier 2023. Mon petit doigt me dit qu'il y aura encore de belles annonces…

samedi 15 octobre 2022

ARENA – THE WINDMILL – Cosmopolite Scene (Oslo, Norvège) – samedi 15 octobre 2022

Hiver 2019, Winfried Völklein annonce les premiers groupes prévus au festival Night of the Prog de Loreley. Parmi ceux-ci, un groupe norvégien : THE WINDMILL. Totalement inconnu de mon répertoire, je me suis donc tourné vers notre microcosme de mélomanes passionnés pour assouvir ma curiosité habituelle. Ces recherches aboutirent très rapidement à me convaincre de l'intérêt d'assister à leur concert en juillet. Celui-ci a confirmé tout leur talent ; moi et ma p'tite Fée avions été totalement subjugué (le mot n'est pas excessif !) par ces vikings romantiques.

Cette remarquable prestation nous avait laissé une envie irrépressible de les revoir en concert. Hélas, ils font partie de ces artistes talentueux qui peinent à se faire connaitre.

Autant dire que l'annonce d'un concert de ces norvégiens chez eux, à Oslo, a immédiatement réactivé notre désir latent de visiter la Scandinavie, destination de rêve pour nous. De surcroit, THE WINDMILL partage l'affiche avec les britanniques ARENA, que nous affectionnons fortement. Le doute n'était plus possible. En dépit de l'éloignement, en dépit de la réputation onéreuse du pays, nous nous engageâmes ainsi pour un court séjour au pays des Vikings !

Mais c'était sans compter avec cette maudite pandémie. D'abord prévue le 17 octobre 2020, la soirée fut reportée en octobre 2021, puis à ce samedi 15 octobre 2022. Passons sur les tracas logistiques engendrés par ces reports successifs (…), mais pour sa part THE WINDMILL a eu la courtoisie de nous renvoyer deux nouveaux tickets par courrier postal ; aucun des autres concerts reportés n'ont fait l'objet d'autant d'égard ! A défaut de les voir sur scène, nous avions pu les rencontrer en spectateurs lors du NOTP auquel ils sont régulièrement présents. Nouvelle occasion d'apprécier leur humilité, leur accessibilité, leur amabilité ; c'est un vrai bonheur de leur offrir notre admiration. Ces traits de caractère seront une nouvelle fois confirmés ce soir.

Je ne m'étendrai pas ici sur le volet touristique du séjour, qui s'imposait de toute évidence. Je souligne juste la qualité de vie supérieure dans la capitale norvégienne, illustrée notamment par son réseau de transports en commun (RUTER) particulièrement pratique et fonctionnel. Avec un forfait journalier à 11,70 € (117 kr), nous avions accès à toutes les lignes de tramway, de bus et surtout de bateau-bus de la ville et du port ! Du jeudi 13 au dimanche 16 je n'ai observé aucun encombrement, ni de pollution ; la plupart des véhicules (bateaux, voitures, bus) sont à propulsion électrique. Je n'avais encore jamais vu autant de Tesla ! Même un mélomane américain (venu pour les mêmes raisons que nous) s'en est étonné ! Les rues sont calmes, rassurantes et propres à part quelques malheureux tags qui paraissent encore plus incongrus qu'ailleurs…

LE SITE

Après avoir déménagé entre plusieurs sites différents à Oslo, le choix de nouveaux locaux s'est porté depuis 2008 sur le vénérable cinéma de Soria Moria (construit en 1928), situé dans le quartier Torshov au Vogts gate, 64. Le bâtiment s'inscrit dans la plus pure tradition architecturale de la ville nordique avec sa façade relativement austère mais imposante. Ici, le Cosmopolite a eu l'opportunité de s'étendre sur trois étages et, après une période de rénovation, a rouvert le 24 octobre 2008. Depuis lors, plusieurs concerts sont organisés chaque semaine tant sur la grande scène du Cosmopolite, que sur la scène du club de Belleville.

L'accès au Cosmopolite Scene est d'autant plus aisé qu'il est situé à deux stations de tram et/ou de bus de notre lieu d'hébergement. Conforme à l'intitulé du lieu, les affiches lumineuse qui défilent sur l'écran publicitaire révèlent une programmation très … cosmopolite, voire exotique. Cette affichage délibérément orienté "multiculturel" m'aurait moins agacé sans l'absence de mention de NOTRE soirée … Ce n'est qu'en nous approchant, que nous remarquons une ridicule affichette, imprimée à la sauvette, scotchée sur la porte vitrée. Nul n'est prophète en son pays, pas même en Norvège ! Seule la présence du car de tournée d'ARENA trahit une présence réjouissante.

Au passage on aura noté une fois de plus le caractère pragmatique de l'organisation norvégienne ; un large espace de stationnement est réservé aux artistes. Clive Nolan aura pu comparer, non sans une certaine émotion, cet accessibilité à celle de La Maroquinerie (Cf. concert de Pendragon le 3 mars 2020)…

LE CONCERT

Arrivé avec une heure d'avance, nous ne sommes précédés que d'un mélomane. En l'abordant, je m'aperçois qu'il s'agit d'un plus gros malade que nous !! Certes, nous avons voyagé 1400 km pour assister à un concert de THE WINDMILL, mais lui c'est un américain qui vient de Chicago tout spécialement pour assister à la prestation de Damian Wilson ! Je suis toujours rassuré de trouver pire que moi dans la déraison ! Entre passionnés nous échangeons nos goûts ; il me conseille l'écoute de l'album récemment paru d'un groupe australien TOEHIDER, "I have little to no memory of these memories". (Enorme claque a posteriori).

Justement, voilà qu'apparait l'exubérant Damian Wilson, désireux d'ouvrir la porte vitrée qui nous sépare, pour venir discuter avec ses admirateurs. Particulièrement expansif, il réclame impatiemment la clé pour sortir et étreindre chaleureusement les volontaires. Une fois parmi nous, il se lâche en effusions et marques de gratitude puis il se lance dans un discours exalté démontrant son impatience de chanter ce soir.

La trentaine de spectateurs présents à ce moment-là s'amuse des facéties du personnage atypique, avant d'être autorisés à pénétrer dans le bâtiment. Dans le petit hall d'accueil sont installées les échoppes. Mais je m'y rendrai à la fin, nous ne tardons pas à nous engouffrer dans l'auditorium qui se révèle spacieux et doté d'un bar au fond, face à la scène. Après un petit doute sur le choix d'emplacement, nous optons pour la proximité avec les artistes, même si la console de sonorisation est peu éloignée de la scène. Nous n'avons aucun mal à nous positionner au premier rang, en plein centre. Pas de fosse aux photographes, nous sommes donc collés à la scène à hauteur de hanche. Juste parfait !

Lors des derniers préparatifs de la scène, Morten L. Clason et Arnfinn Isaksen nous repèrent et viennent immédiatement nous saluer chaleureusement ; notre dernière accolade remontait à juillet dernier au Loreley. Nous ne nous lassons pas de leur gentillesse.

THE WINDMILL [20h-21h].

The Windmill est un groupe norvégien apparenté à la catégorie rock progressif symphonique, créé à l'automne 2001. Leur Histoire raconte que le claviériste Jean Robert Viita en se promenant un jour en Allemagne dans les années 90, remarquait un parc éolien dont les rotors des moulins à vent semblaient tourner en cadence avec "Moonmadness" de Camel que diffusait son autoradio. C'est de là que serait née l'idée de baptiser son projet "THE WINDMILL". Projet occasionnel et marginal à la base, les premières années ont été caractérisées par des répétitions sporadiques, juste pour le plaisir. Mais, ses protagonistes, pourtant impliqués dans d'autres groupes à l'époque, ont fini par se convaincre de s'impliquer davantage … À l'automne 2005, il a été décidé de commencer l'enregistrement de ce qui allait devenir le premier album, délibérément intitulé "To be continued..." qui n'est paru qu'en… 2010. Les répétitions régulières se sont alors intensifiées, le groupe a commencé à prendre forme en tant que groupe à part entière. Un concert à Oslo en avril 2007, en première partie de Panzerpappa s'est avéré être un succès et a encouragé de nouveaux efforts, autant en salle de répétition et qu'en studio. L'Histoire était en route …

Le second opus "The Continuation" est paru le 3 mars 2013 ; très astucieusement le premier titre éponyme débute sur le même thème musical que le dernier titre "To be continued" de l'opus précédent. C'est ce qui s'appelle avoir de la suite dans les idées…

Un troisième album studio "Tribus" est paru le 15 novembre 2018. Acclamé par les chroniqueurs, cet opus permet au groupe de s'engager sur des concerts l'année suivante… Dont ce fameux festival Night of the Prog, Loreley, à Sankt Goarshausen en Allemagne, le dimanche 21 juillet 2019 à l'occasion duquel j'ai pu les voir pour la première fois. Ce fut une révélation, même si dès l'annonce de leur participation j'avais en préalable pris connaissance de leur discographie.

De nouvelles compositions sont en cours depuis début 2020 pour le quatrième album, mais la pandémie a pesé sur le processus.

THE WINDMILL se compose actuellement de Morten L. Clason (chant, flûtes, saxophones, guitare, claviers, depuis 2001), Jean Robert Viita (claviers, et chant, depuis 2001), Arnfinn Isaksen (basse, depuis 2001), Erik Borgen (chant, guitare, depuis 2003), Stig André Clason (guitare, depuis 2010) et Kristoffer Utby (batterie, percussions et choeur, depuis 2018).

Je devine déjà le lecteur doutant de mon objectivité sur mon évaluation, compte-tenu de ce qui précède. En effet, je confesse aborder la soirée avec un a priori favorable. Ces très talentueux musiciens n'ont pas une grande expérience de la scène et ils ne se cachent pas derrières des artifices sonores ou visuels ; pas de bande-sons, pas de fumigènes, pas de flammes infernales, juste des musiciens, leur(s) instrument(s) au service de la Musique. De ce fait, oui je leur accorde délibérément un droit à l'imperfection. Droit dont ils n'ont pas abusé, loin de là !

Mes récits demeurent purement subjectifs, ils n'ont jamais eu la prétention de faire une étude musicologique sur le niveau technique des artistes ; je me permets juste de souligner mon admiration pour tel ou tel, en fonction d'un talent qui me semble remarquable. Avec THE WINDMILL, je continue à me cadrer dans cet état d'esprit. Ces troubadours contemporains assument pleinement leur fonction de médecins de l'âme. Et Dieu sait combien la musicothérapie est plus que jamais nécessaire dans ce monde en folie ! Leur prestation nous a accordé la parenthèse poétique dont nous avions besoin. Nous retrouvons sur scène toutes les qualités mélodiques admirées sur les enregistrements, l'harmonie entre les pupitres, les accords de guitares, de basse, de claviers et les rythmes entrainants ; tout concorde pour emmener l'auditeur dans un monde enchanté. Comme me l'a récemment évoqué un ami, la formule de Beaudelaire "La musique creuse le ciel" a rarement été autant bien illustrée.

L'acoustique de la salle est excellente, et la sonorisation l'est tout autant. Les protections auditives ne sont pas vraiment nécessaires. L'éclairage est lumineux, excellent pour les prises de vues. Peu de nuances de couleurs ; elles seront davantage attribuées à ARENA. Un vaste écran fluorescent montre le logo THE WINDMILL. La scène reste relativement spacieuse pour le sextuor. Bref, les ingrédients matériels sont réunis pour passer une bonne soirée. Nous sommes confiants, mais impatients de vivre enfin l'événement tant attendu !!!

Le multi-instrumentiste Morten L. Clason a attiré tout particulièrement mon attention pour son aptitude à jouer de tant d'instruments avec sensibilité, émotion et talent ; flûtes, saxophones, guitares, sans omettre le chant pour suppléer Erik. Quant à Erik Borgen, avec son chant à la voix douce, chaude et calme, son jeu de guitare, il constitue un point d'ancrage essentiel du groupe. L'intonation de sa voix captive son auditeur, Erik nous raconte une histoire avec sensibilité. En alternance avec Erik, Stig André Clason intervient consciencieusement sur les soli, et les combinaisons d'accords de guitare. Positionné derrière lui, à la batterie, Kristoffer Utby (son complice au sein de The Infringement), martèle avec force et délicatesse les percussions et les rythmes balancés, tout en participant aux chœurs. L'imperturbable Arnfinn Isaksen assure solidement ses ostinatos et accords de basse avec la régularité et la justesse appropriée. Enfin et surtout, Jean Robert Viita en maître omniprésent de cérémonie, assure les bases mélodiques de l'ensemble, fort de nappes et d'accords aux sonorités 70's. L'ensemble produit un pur régal auditif.

THE WINDMILL aurait pu interpréter n'importe quels titres des trois opus parus à ce jour, cela nous aurait  ravis ; ils ont choisi de débuter avec deux titres issus de "The Continuation" ("Not Alone" et "The Masque"). Entre les deux, Jean-Robert a pris le temps de remercier le couple français venu les voir à Oslo. Cette marque d'empathie fait plaisir à entendre, quand même !

Puis à notre grande satisfaction, nous aurons eu le privilège de découvrir l'ébauche d'un nouveau titre d'une vingtaine de minutes. Intitulé "Fear", sa deuxième interprétation scénique reste en évolution mais est très prometteuse ; nous avons déjà hâte d'écouter sa version studio ! On y retrouve les ingrédients mélodiques et instrumentaux familiers, sans redondance.

Puis c'est le splendide "The Tree" la pièce maitresse issue de "Tribus". Un titre épique que j'affectionne particulièrement (je le porte en t-shirt ce soir !) car, à l'instar de "The Gamer", il me semble valoriser l'éclectisme musical de ce groupe lors de séquences jazzy et rock interprétées avec des interventions délicieuses aux saxophones, aux flûtes, notamment.

Bref, je pourrais me perdre dans de vaines descriptions de mon ressenti sans jamais convaincre, mais cette musique s'écoute, se perçoit, se vit. Ils auront ainsi opté pour des titres de longues durées, ce qui n'est pas pour me déplaire en tant qu'amateur de rock progressif…

Alors que se dessine la fin de cette première partie de soirée, avec seulement quatre titres, le concert nous a déjà paru bien trop court, et pourtant il aura duré une heure ! Quoiqu'il en soit, en dépit de notre vigoureuse et très enthousiaste acclamation, ils doivent céder la place aux anglais. Je réaliserai lors de la seconde partie de soirée qu'une grande partie du public était là pour ARENA. Mais la prestation de THE WINDMILL a cependant recueilli les belles ovations méritées.

Nous réalisons alors que nous devrons attendre longtemps avant de les revoir… Nous continuerons à mettre notre activisme au service de leur venue dans nos contrées, mais je nous sens prêt à bien d'autres excès pour aller les revoir ! En attendant, ils peuvent compter sur notre prosélytisme zélé, ce récit dithyrambique n'en est que le prolongement. Mes chers amis, vous n'avez pas fini de les entendre en notre compagnie ; dans notre voiture ou dans notre salon, vous n'y échapperez pas !

Les musiciens quittent la scène avec le sourire et le sentiment du devoir bien accompli.

PROGRAMME
Not Alone (The Continuation, 2013)
The Masque (The Continuation, 2013)
Fear (Opus en cours, 2023)
The Tree (Tribus, 2018).



ARENA [21h30-23h15]

Arena est un groupe de rock britannique apparenté au style néo-progressif. Il fut fondé en 1995 par le claviériste Clive Nolan (Pendragon, Shadowland), et le batteur Mick Pointer (Marillion de 1979 à 1983).

J'ai assisté à trois concert d'ARENA, durant l'ère du chanteur Paul Manzi ; le 24 avril 2015 au Divan du Monde (Paris 18), le 11 mai 2018 à La Maroquinerie (Paris 20), puis le 15 juillet 2018 au Loreley (Night of the Prog, Sankt Goarshausen, Allemagne). Manzi a estimé que ses projets personnels priment sur ceux d'ARENA et a donc annoncé son départ en pleine pandémie, le 13 juillet 2020, après dix années de collaboration. Dès le lendemain, son remplaçant était indiqué. Je ne connaissais Damian Wilson que vaguement, par ses participations au sein d'Ayreon.

ARENA se compose donc désormais de Clive Nolan (claviers et chœurs, depuis 1995), Mick Pointer (batterie, depuis 1995), John Mitchell (guitares chœurs, depuis 1997), Kylan Amos (basse, depuis 2014), et Damian Wilson (chant, depuis 2020).

A peine recruté le nouveau chanteur est entrée en studio pour enregistrer "The Theory of Molecular Inheritance" dont la date officielle de parution est prévue le 21 octobre 2022, mais qui est déjà en prévente ce soir. Déjà écouté deux ou trois fois en préalable, il me semble très réussi.

A l'instar de la première partie de soirée, la sonorisation m'a semblé excellente. L'éclairage (à tout seigneur tout honneur) dispose de davantage de densité et de couleurs, et a permis de belles nuances d'atmosphères. De beaux clichés, aussi. En fond de scène, l'écran diffuse des images illustrant les différentes chansons. Le quintette prend moins de place que leur prédécesseur et la scène parait ainsi plus spacieuse ; ce qui n'est pas un détail pour l'itinérant Damian Wilson !

Le groupe semble décidément très attaché à son opus "The Visitor" paru en 1998, car une grande part des chansons en sont issues (à l'instar des concerts de 2015 et 2018). En comparaison, le dernier opus "The Theory of Molecular Inheritance" se contente de trois espaces, tout comme "The Seventh Degree of Separation". Le reste de la programmation est un subtil équilibre revisitant le parcours musical du groupe depuis ses débuts.

La prestation d'ARENA m'a semblé accroitre la ferveur du public. Décontractés devant la scène pour savourer THE WINDMILL, il aura fallu batailler dur pour y rester. Et croyez-moi, chez les Vikings ce ne sont pas forcément les mâles les plus agités !!! Il faut dire que le comportement du nouveau chanteur est de nature à exciter les esprits de féminins. Elles sont d'autant plus exaltées qu'il est démonstratif, expansif. Pendant le titre de rappel "Solomon", il fend la foule pour venir chanter au milieu. Damian s'est durant le titre suivant jeté sur la foule du haut de la scène mais … même les vikings n'ont pas pu le soutenir !! Mais son charisme ne se limite pas à la gestuelle, le monsieur est aussi doté d'un organe impressionnant (calmez-vous mesdames, je parle de la voix), émettant un chant au timbre puissant et émouvant.

Mais John Mitchell, (avec l'aval d'un hochement de tête de Clive Nolan) a su maitriser l'enthousiasme débordant de Damian qui s'engageait dans des bavardages estimés un peu longuets à son goût ; il lance ainsi "et si on chantait ?". Il faut dire que le John n'est pas du genre à rire aux éclats, toujours austère et concentré sur son (magnifique) jeu de guitare. Le plus souvent perchés dans les aigus, ses soli puissants constituent une des marques de fabrique des compositions depuis 1997. J'ai redécouvert le talent de Kylan Amos, dont le travail à la basse m'a paru excellent, alternant accords chaloupés, et tricots de notes courantes. Le bassiste, toujours souriant, semble constamment s'éclater ; impliqué et efficace il n'a d'ailleurs pas manqué d'attirer l'admiration d'Arnfinn qui était venu se glisser parmi nous. Ici aussi le maître de cérémonie est le claviériste ; avec l'autre cofondateur le batteur Mick Pointer, Clive Nolan dirige et surveille l'exécution, depuis le fond de la scène. Choriste intermittent, ses nappes et accords de synthé accompagnent et articulent magnifiquement les compositions sans défaillir. On ressent bien qu'ARENA c'est son groupe, alors que dans PENDRAGON il semble davantage au service du guitariste Nick Barrett.




Très bon concert donc. Nous avons hâte de les revoir au festival Prog en Beauce ce 22 octobre ; nous aurons sans doute l'esprit davantage disponible à leur attention que ce soir. A l'issue d'un vol en haute altitude, la Terre parait toujours un peu trop basse ! La charge émotionnelle procurée par les norvégiens fut telle que nous avons un peu tardé à nous investir dans la seconde partie de soirée ! Objectivement et avec le recul nous avons conscience d'avoir vécu deux excellents concerts.

ARENA a interprété dix-sept titres, dont quatre de The Visitor, (1998), trois de The Theory of Molecular Inheritance, (2022), trois de The Seventh Degree of Separation, (2011), un de Songs From the Lion’s Cage, (1995), un de Pride, (1996), un de Immortal ?, (2000), un de Contagion, (2003), un de Pepper's Ghost, (2005), un de The Unquiet Sky, (2015), un de Double Vision, (2018).

A la semaine prochaine, les gars ! Bravo !!

PROGRAMME
Enigma Variations: Nimrod (Edward Elgar song)
Time Capsule (The Theory of Molecular Inheritance, 2022)
Rapture (The Seventh Degree of Separation, 2011)
Bedlam Fayre (Pepper's Ghost, 2005)
How Did It Come to This? (The Unquiet Sky, 2015)
The Butterfly Man (Immortal ?, 2000)
Paradise of Thieves (Double Vision, 2018)
The Equation (The Science of Magic) (The Theory of Molecular Inheritance, 2022)
A Crack in the Ice (The Visitor, 1998)
Salamander (Contagion, 2003)
A State of Grace (The Visitor, 1998)
The Ghost Walks (The Seventh Degree of Separation, 2011) (Instrumental)
Life Goes On (The Theory of Molecular Inheritance, 2022)
(Don't Forget to) Breathe (The Visitor, 1998)
The Tinder Box (The Seventh Degree of Separation, 2011)
The Visitor (The Visitor, 1998).
RAPPEL :
Solomon (Songs From the Lion’s Cage, 1995)
Crying for Help VII (Pride, 1996).

Mais où est donc Sandrine ?


Les lumières se rallument, la soirée touche à sa fin. Nous sommes encore abasourdis par tant d'émotions, lorsqu' Arnfinn Isaksen s'approche de nous, avec gentillesse et modestie. Il tenait à nous remercier chaleureusement d'avoir fait le déplacement pour venir les soutenir. Il semblait réellement étonné de notre démarche. Cette empathie exprimée avant tant de sincérité nous touche profondément. Pendant de longues minutes, nous échangeons nos amabilités, tant bien que mal exprimées avec mon anglais approximatif. Mais l'émotion réciproque facilite la compréhension mutuelle.

Nous nous rendons ensuite à l'échoppe où je me procure le CD "The Theory of Molecular Inheritance" d'Arena avant de le faire dédicacer par Mick Pointer, John Mitchell et Damian Wilson. Les autres (Clive et Kylan) n'étant pas disponible à cet instant. Rien de nouveau à l'échoppe de THE WINDMILL, je possède déjà la discographie et le tshirt !

Nous rencontrons de nouveau Arnfinn, Morten et Kristoffer pour de nouvelles effusions et portraits. Hélas, nous souhaitions également saluer Jean-Robert, Stig-André et Erik, mais en vain.

Il est temps de partir. Dehors, il pleut, il fait froid, c'est la nuit. Tout un symbole. Après une météo clémente durant le séjour, elle nous rappelle à la dure réalité du temps qui passe inexorablement. L'objectif accompli, un étrange mélange de joie et de mélancolie nous étreint dans le tramway (30) qui nous remmène à l'appartement.

samedi 8 octobre 2022

MAGMA – Folies Bergère (Paris 9e) – Le Samedi 8 Octobre 2022 à 20h00

LE SITE.

Le bâtiment, inscrit au titre des monuments historiques depuis le 7 novembre 1990, est situé 32 rue Richer dans le 9ème arrondissement de Paris, sur un ancien terrain qui appartenait à l'hôpital des Quinze-Vingts. Ce site accueillait, en 1860, un grand magasin de literie, qui décida d'ouvrir une salle de spectacle sous le nom de "Folies Bergère", inaugurée le 2 mai 1869. Situé non loin de la rue Bergère, ce qui justifie l'absence de "s" à Bergère (et, pour les superstitieux,  permet au passage d'avoir un nom comportant 13 lettres !), il fait référence aux folies, maisons de divertissement au XVIIIème siècle. Pour l'anecdote, le théâtre des Folies Bergère est notamment réputé pour avoir permis dès 1912 l'apparition sur scène d'une femme totalement dénudée.

Bref, de nos jours cette salle de spectacle peut aussi accueillir 1720 spectateurs pour les concerts, dont celui de Nina HAGEN le vendredi 15 janvier 1988, auquel j'ai eu la chance d'assister. Je n'y étais pas retourné depuis … Un peu surpris d'être sollicité par les malheureuses placeuses qui sont rémunérées aux pourboires, je n'ai plus de monnaies en poche depuis belle lurette …

LE GROUPE.

Depuis 1969, MAGMA entretient son concept musical, baptisé Zeuhl, croisant ses influences aux confins du jazz, du rock progressif, de la musique classique, des musiques folkloriques d'Europe de l'Est, du chant choral ou encore du chant lyrique. Son cofondateur, le compositeur-batteur-chanteur Christian Vander, perpétue cet univers atypique qui enivre ses auditeurs de rythmes puissants, et de textes dans une langue inventée et mystérieuse, le kobaïen. Ce groupe culte de la scène musicale française est capable de séduire le public à travers le monde, capable de surprendre des publics aussi variés qu'en Chine, qu'au Hellfest de Clisson (2016), ou qu'au BeProg My Friend de Barcelone (2016).

Pour ma part, si je me souviens très bien des intrigantes affiches observées vers la fin des années 70 sur les murs des stations de métro, puis de prestations télévisées (notamment aux Enfants du Rock), en revanche je n'étais pas parvenu à trouver la Porte de cet Univers mystérieux. Finalement, les rencontres providentielles d'adeptes convaincus et convaincants (je ne citerai que Robert, Marie, puis Marie-Emmanuelle, Marco, Joël, et ma p'tite Fée entre autres) m'ont permis une approche éclairée.

Ce n'est qu'en assistant à un premier concert le samedi 15 novembre 2014 dans leur antre du Triton, aux Lilas (93), que j'ai réellement commencé à percevoir la petite Lueur annonciatrice de révélations. Puis au fil des concerts suivants, j'ai peu à peu appris à capter toutes les subtilités ; le samedi 31 janvier 2015 (Le Bascala à Bruguière, 31), le vendredi 26 février 2016 (Le Triton, Les Lilas, 93), le samedi 2 juillet 2016 (Poble Espagnol, Barcelone, Espagne), et le samedi 5 aout 2017 (Château de Villersexel, 70).

Je ne les ai pas revus depuis leur fantastique concert du mercredi 26 juin 2019 à La Philharmonie de Paris (Paris 19e). Ce soir, ce n'est ainsi que mon septième concert.

Depuis cette date, trois membres éminents sont partis. On ne compte plus les artistes de talent qui se sont ainsi succédés au sein du groupe depuis cinq décennies…Mais cette fois Philippe Bussonnet (basse), Jérôme Martineau (clavier) et Benoit Alziary (percussions) sont à leur tour passés à la trappe. Dommage, moi j'aimais bien Bubu ; mais je le reverrai dans son autre groupe Welcome-X.

Actuellement, le démiurge musical Christian Vander demeure entouré des voix de Stella Vander, Isabelle Feuillebois, et Hervé Aknin (depuis 2008), avec le renfort si justement apprécié de Sylvie Fisichella (depuis 2019), Laura Guarrato (depuis 2019) et Caroline Indjein (depuis 2021). Aux instruments nous retrouvons Rudy Blas (guitare, depuis 2016), Jimmy Top (basse, depuis 2020), Thierry Eliez (claviers, voix, depuis 2020) et l'éternel Simon Goubert (claviers, complice de longue date de Christian notamment au sein d'Offering en1983 et 2014 et de Magma en 1982, de retour pour le concert à la Philharmonie le 26 juin 2019 puis à nouveau dans Magma depuis 2020).

Le quatorzième album studio, "Zëss" (sous-titré "Le jour du néant") est paru le 14 juin 2019 (sur le label Seventh Records). "Kãrtëhl" le quinzième est paru ce 7 octobre 2022.

LE CONCERT [20h15-21h15 ENTRACTE 21h37-22h48].

L'acoustique de cette salle n'est pas mauvaise mais elle varie selon l'emplacement. Les auditeurs installés au rez-de-chaussée semblèrent pleinement satisfaits, alors que nous, placés en mezzanine avec un plafond relativement bas, avons perçu un son imparfait, manquant de profondeur. Une puissance insuffisante sur le premier titre justifia des sommations d'auditeurs agacés. Le son s'est renforcé dès le deuxième titre, puis s'est progressivement amélioré jusqu'à la deuxième partie de soirée. Mais je veux bien admettre que cette sensation passagère trouvait sa source dans ma légère frustration de ne pas être plus près…

L'éclairage est sobre, relativement sombre, plutôt dans le rouge et le bleu. Pas de fond de scène, hormis l'apparition intermittente du logo rouge du groupe projeté sur le rideau. La scène est évidement plus spacieuse que celle du Triton, elle permet aux onze musiciens de s'exprimer dans un espace décent.

En préalable aux concerts de Magma, je dois toujours me préparer psychologiquement afin d'adapter mes paramètres d'évaluation. Je suis habituellement davantage attiré par les mélodies et les sons harmonieux, quitte à les percevoir dans le métal le plus brutal. Or, pour s'imprégner de l'univers Magma il faut savoir s'abandonner dans une chute vertigineuse, prévoir l'imprévu, se laisser séduire par les sonorités étranges, perturbantes, parfois dissonantes, mais toujours baignées de rythmes enivrants. Gare à celui qui ne conçoit la musique que dans un cadre préfabriqué, Magma invite son auditeur à voyager dans un chaos sonore dont lui seul maitrise les articulations, à force sans doute de longues répétitions. Ce soir ne fera pas exception à cette règle.

Après un "KA I" introductif, le premier acte m'a d'autant plus déstabilisé qu'il est consacré au nouvel opus que je n'avais pas encore entendu.

Très loin des connaissances encyclopédiques de certains adeptes qui m'entourent lors des concerts de Magma, je ne m'aventurerai pas dans un descriptif musical très hasardeux de ma part, les perceptions sont ici plus que jamais très personnelles. J'ai surtout perçu avec satisfaction les accords de la basse et de la guitare, d'une technicité admirable. Avec désormais six chanteurs, les atmosphères n'en sont que plus enivrantes. Les deux claviers enchantent le tout de nappes ou d'accords incisifs ; les deux semblent se répondre ou se compléter selon les séquences. Le tout est cadencé implacablement par les frappes chaloupées et puissantes du Maître de cérémonie. Il ne cède sa place à son clavier que l'espace d'un titre où il intervient au micro.

Cet enchevêtrement de partitions produit sur les adeptes les habituelles sensations étourdissantes ; l'enthousiasme du public s'exprime avec ferveur à l'issue des titres, et parfois aussi pour saluer une intervention remarquable. Là aussi la passion se ressent, les mélomanes commentent avec gourmandise et enthousiasme les différentes interprétations du soir.

En ce qui me concerne, j'ai bel et bien été emporté sur plusieurs séquences, mais ce concert-là de Magma ne me laissera pas le meilleur souvenir. Habituellement mieux placé, mon impression s'en est trouvée sans doute plus mitigée.


Les auditeurs du jour auront eu droit à neuf titres dont les six du nouvel opus.

PROGRAMME
ACTE 1
K.A. I [K.A, 2004]
Walomend Ëm warreï [Kãrtëhl, 2022]
Hakëhn Deïs [Kãrtëhl, 2022]
Do Rïn Ïlï Üss (première scène) [Kãrtëhl, 2022]
Irena Balladina [Kãrtëhl, 2022]
Wïï Mëlëhn Tü (première scène) [Kãrtëhl, 2022].
ACTE 2
Ëmëhntëhtt-ré (Parts I - IV) [Ëmëhntëhtt-Ré, 2009].
RAPPEL :
The Night We Died [Merci, 1984]
Dëhndë (première scène) [Kãrtëhl, 2022].
 

samedi 24 septembre 2022

SOEN + LIZZARD + OCEANHOARSE – La Maroquinerie (Paris 20) – samedi 24 septembre 2022.

 

Autre victime collatérale de la Pandémie, ce concert initialement prévu le samedi 27 novembre 2021 a été reporté à ce samedi 24 septembre 2022. SOEN, dont la musique suscite déjà par nature une forte mélancolie, semble maudit sur mon parcours… Contrairement à sa conclusion, cette soirée s'annonçait déplaisante.

Ce report, déjà déconcertant, tombe précisément le jour d'un autre concert auquel j'aurais voulu assister ; celui de PRIMUS qui annonce reprendre un album de RUSH. Je peinais déjà à me motiver pour maintenir ce rendez-vous, payé quoi qu'il en soit, lorsque je fus accablé par le deuil, le 8 septembre 2022. Incapable de surmonter ma peine, j'ai renoncé au Raismesfest (les 10 et 11 septembre, avec notamment la prestation très attendue de Lazuli). Ce concert de SOEN est resté en suspens dans mon calendrier, avant de choisir finalement de me soumettre à ma musicothérapie habituelle, celle qui m'a toujours sauvé de mes détresses. En tout état de cause, l'univers morose et sombre de SOEN me semble relativement adapté à ma reprise de calendrier musical…

De surcroit cet événement se tient à la Maroquinerie, une salle où je m'étais promis ne plus jamais remettre les pieds depuis leur odieux accueil de Pendragon le 3 mars 2020 (lire mon récit ad hoc).

En outre, le climat mondial, aussi bien politique, social que météorologique se dégrade partout. Poutine n'arrête pas d'emmerder le monde. Le froid automnal accompagne les averses.

Pour couronner le tout, ma p'tite Fée n'a pas envie de sortir… Bref, y'a plus rien qui va …

Mais il se trouve que SOEN demeure un groupe que j'avais envie de voir sur scène depuis que j'avais découvert leur existence avec "Lykaia" en 2017. Les parutions de "Lotus" en 2019, puis du magnifique "Imperial" en 2021 ont accentué cet objectif.

Je maintiens donc ma démarche, je prends ma p'tite Fée par la main pour nous rendre à cette soirée que je crains ennuyeuse mais qui s'avèrera délicieuse. Elle me rendra une bonne part de bonheur perdu ces derniers temps !

Ouverture des portes à 18h30. Nous nous engouffrons dans la cave, pour nous placer directement à la base de la console de sons, en surplomb de la fosse. Du haut de trois marches, avec ma p'tite fée nous n'aurons aucun mal à jouir d'une vue imprenable sur la scène devant son public et d'une acoustique absolument parfaite.

OCEANHOARSE [19h20-19h50].

Oceanhoarse est un groupe de heavy metal finlandais fondé en janvier 2018, fondé à Helsinki, Finlande, par Ben Varon, ex-guitariste et auteur-compositeur d'Amoral, après avoir mis fin à Amoral début 2017. Après un album enregistré en concert "The Damage Is Done -Live!" sorti le 5 juin 2020. Son premier album "Dead Reckoning" est paru le 20 août 2021.

Le groupe se compose actuellement de Ben Varon (guitares, depuis 2018), Jyri Helko, (basse, depuis 2018), Oskari Niemi (batterie, depuis 2018), Joonas Kosonen (chant, depuis 2018).

La sonorisation m'a semblé relativement équilibrée depuis mon point d'écoute, mais sa puissance m'a quand même contraint à poser mes protections auditives. L'éclairage fut minimaliste, correspondant au premier passage de trois groupes. L'espace qui leur est cédé est étroit mais semble toutefois leur suffire.

Leur prestation ne m'a pas convaincu. Pour surmonter ma morosité de base, il eut fallu davantage de mélodie et d'originalité. Au lieu de cela, j'ai perçu des vociférations d'un tenant du micro qui, dans ses rares moments de voix claire et posée, peinait parfois à chanter juste. Le bassiste et le guitariste ont montré du talent, mais au service d'accords, d'harmonies, et d'évocations déjà entendues.

Heureusement pour eux, la réaction du public encore clairsemé en ce début de soirée, fut cependant relativement enthousiaste. Leur départ de scène fut accompagné d'une ovation respectable. Mais je n'ai pas constaté de bousculade à leur échoppe.

PROGRAMME
(à déterminer)


LIZZARD [20h00-20h45].

Le trio est la plus ancienne formation de la soirée, puisqu'il naît début 2006 à Limoges ; il est composé de Mathieu Ricou (Guitar / Chant), de Katy Elwell (Batterie) et de William Knox (Basse / Chant). Il enregistre la même année sa première démo "La Criée". Son quatrième album "Eroded" est paru le 19 février 2021, chez Pelagic Record.

Je ne connaissais pas leur existence avant l'annonce de l'affiche. Des écoutes préalables m'ont paru favorables même si ces limougeaud ont (eux aussi) opté pour l'anglophonie, ce qui me semble toujours de nature à relativiser une originalité probablement revendiquée. Heureusement, leur musique résonne agréablement à mes oreilles, sans me lasser, preuve qu'elle dégage une identité inédite. S'il fallait définir la sphère d'influences musicales, je les comparerais à Anathema ou Klone. Détail notable, assez rare pour être souligné, la batterie est tenue par une femme qui ne semble pas démériter au regard des vidéo. Tout cela est donc à vérifier sur scène…

La sonorisation m'a semblé bien équilibrée depuis mon point d'écoute. Néanmoins, la puissance m'a paru suffisamment gênante pour conserver mes protections auditives. L'éclairage était amélioré par rapport à la prestation précédente, ce qui m'a permis de réussir quelques beaux clichés.

La scène reste assez exiguë mais suffisante pour un trio qui est resté statique ; la batterie est juste devant le public, les deux autres pupitres de chaque côté.

Assez rapidement, je réalise que ces musiciens maitrisent bien la scène, sans le fruit de leurs nombreuses prestations notamment hors de nos frontières. Leur musique plutôt sombre, puissante et lourde est convaincante et entrainante. Le titre instrumental "Shift" en est une belle synthèse. Mathieu est un bon communiquant et entretient une bonne relation avec le public, à la fois informative et enthousiaste. Son jeu est caractérisé par un usage fréquent des effets techniques comme l'effet en boucle (loop) ce qui étoffe la musique que rythment énergiquement la basse et la batterie. Katy rayonne par la qualité de sa frappe, à la fois énergique et subtile ; placée au centre de la scène, je confesse volontiers avoir placé mon regard sur elle la plupart du temps.

Le public est un peu plus nombreux qu'au début, et acclame allègrement ces honorables limougeaud. Leur sourire final montre une satisfaction réciproque.

Franchement, c'est une bien belle découverte, inattendue. Nouvelle preuve que la scène rock française n'est pas aussi insipide que ce que nous imposent nos médias nationaux…

Je me rendrai en fin de soirée à leur échoppe pour faire part à chacun des trois de mon intérêt et pour les soutenir en me procurant leur dernier CD, moyennant tout de même 20 €. Là aussi c'est l'inflation…

Huit titres ont été interprétés, dont trois issus de "Eroded" (2021), deux de "Shift" (2018), deux de "Out of Reach" (2012), et  un de "Majestic" (2014).

PROGRAMME (confirmé par Mathieu)
The Decline (Eroded, 2021)
Vigilent (Majestic, 2014)
Haywire (Eroded, 2021)
Blowdown (Eroded, 2021)
Shift (Shift, 2018)
Min(E)d (Shift, 2018)
The Orbiter (Out of Reach, 2012)
Tear Down The Sky (Out of Reach, 2012).


SOEN [21h05-22h40]

Martin Lopez fut le batteur du groupe suédois OPETH de 1997 à 2005. Alors que ses complices prenaient un essor de notoriété grâce au soutien Steven Wilson, des soucis de santé lui ont fait hélas renoncer. Il a cependant entrepris de fonder un nouveau groupe dès 2004, mais qui n'a pris vraiment forme qu'en mai 2010.

Un premier album, "Cognitive", est sorti le 15 février 2012. Leurs textes sociétaux fouillés, alliés à des musiques aux atmosphères pesantes et mélodiques en font un groupe atypique. Musicalement on peut trouver aux détours des chansons des influences d'Opeth, d'Anathema ou de Leprous.

Le quintet est actuellement composé outre Martin Lopez (batterie, percussion depuis 2010), de Joel Ekelöf (chant, depuis 2010), Lars Enok Åhlund (claviers guitare et chœurs, depuis 2014), Cody Lee Ford (guitare chœur, depuis 2018) et Oleksii "Zlatoyar" Kobel (basse, depuis 2020).

Le cinquième album, "Imperial" est paru le 29 janvier 2021 ; la présente tournée promotionnelle est intitulée "Soen Imperial European Tour".

Rapidement la sonorisation me parait parfaite ; on distingue nettement chaque pupitre. C'est du pur bonheur qui me dispense de protections auditives. Bien sûr l'éclairage est un cran au-dessus ; il distingue mieux les atmosphères requises, il nous permet de bien observer la concentration des musiciens mais aussi de percevoir les humeurs, les regards. Dans cet espace relativement réduit, SOEN ne s'est pas embarrassé d'écran ni de fond de scène. Et à dire vrai, on s'en est bien passé ; l'atmosphère créée par la musique suffisait largement à décorer notre imaginaire !

Enorme ambiance, le public se montre particulièrement enthousiaste. Les musiciens eux-mêmes n'ont pas caché leur satisfaction d'assister à cet engouement.

Mes craintes se sont très vite dissipées ; aucun ressenti de mélancolie excessive, ni de redondance musicale. Martin Lopez s'est entouré d'une équipe qui m'a semblé cohérente et soudée par une belle complicité. Je méconnaissais le talent des musiciens, notamment celui de l'impressionnant viking multi-instrumentiste Lars Enok Åhlund qui vaque du clavier aux guitares, en passant par le micro et des percussions. Le chant, que je craignais excessivement plaintif, s'est avéré en fait harmonieux et d'une beauté enivrante. Le canadien Cody Lee Ford nous a délivré de magnifiques et (pas assez) nombreux soli empreints de sensibilité gilmourienne. L'apport des chœurs délicats des deux guitaristes contribuaient largement à l'harmonie des chansons. La section basse/batterie fut à l'image des nuances voulues, alternant douceur et puissance.

Quatorze titres ont été interprétés, dont six issus de Imperial, 2021, cinq de Lotus, 2019, deux de Lykaia, 2017, et un Cognitive, 2012.

PROGRAMME
Monarch (Imperial, 2021)
Deceiver (Imperial, 2021)
Lunacy (Lotus, 2019)
Martyrs (Lotus, 2019)
Savia (Cognitive, 2012)
Lumerian (Imperial, 2021)
Covenant (Lotus, 2019)
Modesty (Imperial, 2021)
Lucidity (Lykaia, 2017)
Antagonist (Imperial, 2021)
Illusion (Imperial, 2021)
RAPPEL :
Lascivious (Lotus, 2019)
Jinn (Lykaia, 2017) [au lieu de Sectarian]
Lotus (Lotus, 2019).


Je regarde l'échoppe sans rien acquérir ; le t-shirt est sympa mais sans inscription des dates de tournées, et le CD "imperial" à 20€ sera moins cher ailleurs. On se rend plutôt au bar où les musiciens viennent se détendre également. 

tournée triomphale ; salles pleines ou agrandies