mercredi 16 septembre 2020

POGO CAR CRASH CONTROL –Trabendo de Paris - 16/09/2020

Six mois !... Six mois sans concert !! De surcroît, la pandémie m'avait imposé un dernier concert le 8 mars qui s'était révélé insipide, et le dernier concert musclé (j'entends "metal") datait du 9 février ! Pour le fervent adepte de musicothérapie que je suis, cette attente fut une torture psychologique à laquelle il me tardait de mettre fin d'une manière ou d'une autre. Les vaines tentatives d'organisateurs valeureux, mais bridés par les circonstances, furent autant de déceptions douloureuses.

Résigné, j'avais fini par ne plus consulter des calendriers, aussi hypothétiques que risqués. Mais c'est mon fiston qui a fini par me convaincre de l'existence d'un petit concert qui sembla miraculeusement se maintenir en dépit des restrictions. Il s'agit pour P3C de faire la promotion en avant-première de "Tête Blême", leur nouvel album sensé sortir le 18 septembre.

Je me rends donc à ce rendez vous, impatient de vivre de nouveau des émotions collectives, entendre, voir, ressentir, voire sentir (l’enivrant trio cuir, bière, sueur). L’entrée est gratuite dans la limite des places disponibles sur la terrasse.

Leur style stoner, grunge et garage-rock saturé n'est pas celui que j'écoute le plus, loin de là (je supporte désormais difficilement qu'on me gueule aux oreilles), mais je me souviens cependant que P3C était parvenu à me séduire sur la scène de la Warzone lors du Hellfest 2018. Ces jeunots ont la pêche ; leur énergie ne pourra que me paraitre positive dans le marasme actuel ! A défaut de prog, à défaut de metalprog, je me contenterai donc volontiers de metal…

La salle du Trabendo n'est pas accessible, un bar mobile en interdit l'accès ; je me retrouve donc sur la terrasse du Trabendo, un peu paumé parmi une horde de jeunes, fringants et tatoués… Encore marqué par ce semestre de privations, je me sens mal à l’aise ; hormis mon fils, pas de visage connu dans le public, j'ai le sentiment amer de vivre une scène dans "le monde d'après". Heureusement, cette mélancolie se dissipe quelque peu par la grâce d'une mousse bien fraîche, d'autant plus facilement que ledit nouvel opus, diffusé en primeur au public présent, me semble ma foi convaincant !

Le gel hydroalcoolique est à disposition, le port du masque est obligatoire et à ce stade de la soirée, on peut dire que les gestes barrières sont relativement respectés… Mais je n'ai pas la naïveté d'imaginer que cela va perdurer !

MSS FRNCE [20h00-20h40]. Les hostilités débutent avec un quatuor d'enragés originaires de Paris. Leur punk-hardcore pur et (très) dur, sur fond de larsens, de batterie frénétique et d'accords bruts et acérés, prétend accompagner des textes francophones engagés. Mais je parie que peu d'auditeur auront eu le loisir de comprendre ce qui est vociféré ; d'ailleurs, tout le monde s'en fout. Le but est clairement d'entretenir le chaos dans la fosse. J'ai juste pu capter que le brave garçon au micro en voulait à la police, ce qui est probablement politiquement correct ici … quoique…

Fondé en 2015, Mss Frnce en est déjà à avoir promu quatre mini-albums lors de concerts en France, en Espagne et même au Canada. Ces franciliens revendiquent une filiation punk davantage dans leur musique que leur apparence ; je me rappelle avec une certaine nostalgie des coupes "iroquois" multicolores, des clous sur les perfectos et dans le nez ! Mes recherches pour les identifier ont été compliquées. Doté sans doute d'un état d’esprit nihiliste par nature, ils se présentent anonymement sous des pseudonymes ; Miss Cambodge, Miss Moselle, Miss Troyes, Miss Vesoul. Mais, merci Discogs, j'y suis parvenu : Martin Sek (micro), Jérémie Maire (batterie), Jérôme Barberot (basse) et Thibault Dautrevaux (guitare), ce dernier étant par ailleurs connu pour sa collaboration à l'émission "Quotidien" avec Yann Barthès sur TMC. 

La sonorisation est plutôt bonne, quelques larsens assumés ne nuisent pas à la perception des rythmes et des cris furieux. L'éclairage de cette petite scène est basique mais suffisant pour l'événement alors que la nuit tombe lentement. En fond de scène, une petite pancarte accrochée à une tringle mentionne discrètement le nom du groupe.

Délibérément, leur prestation s'exprime dans la violence sonore et dans l'urgence ! Mss Frnce est manifestement spécialisé dans l'expédition de huit morceaux en moins de 12 minutes (chiffres à titre indicatifs, je n'ai pas su compter !). "Punk's not dead", quoi ! Curieux de nature, j'ai cru comprendre qu'ils se révoltent contre les "conditions de vie, sur le rêve amoureux, constamment pourri par les affres sexistes et criminels de la construction sociale". Bref, une rébellion de vingtenaires qui me rappelle de lointains souvenirs. Les chiens aboient la caravane passe, dit le dicton…

Quoiqu'il en soit, la réaction du public se révèle à la hauteur des frustrations provoquées par la pandémie et les mesures de confinement. La fosse s'agite frénétiquement. Personnellement, en observateur bienveillant, mon flegme l'a emporté, même si l'énergie de ce rock débridé fait du bien à réentendre en concert ! Oï !

PROGRAMME
Titres à déterminer

POGO CAR CRASH CONTROL [21h3x-22h25]. Fondé en juillet 2011, originaire de Lezigny (Seine-et-Marne), le quatuor se compose d’Olivier Pernot (chant, 28 ans), de Louis (batterie) et Simon (guitare) Péchinot, et de Lola Frichet (basse), tous âgés d'une vingtaine d'années. Après avoir vaillamment promu un mini-album (2016), puis leur premier opus, "Déprime hostile" en 2018 (165 dates, dont des passages au Hellfest, Download Festival et Zénith de Paris), les revoilà pour une nouvelle campagne, bien décidés à braver les éléments. Comme je l’indiquais ci-haut, leur nouvel album "Tête Blême" parait ce 18 septembre ; sa promotion s'annonce contrariée par des restrictions sanitaires qui n'en finissent pas.

La petite scène demeure bien sûr dans ses dimensions, avec des éclairages principalement rouges, cette fois mis en valeur par la nuit qui est désormais tombée. En guise de fond de scène, un rideau affiche le logo du groupe.

La sonorisation reste d'assez bonne qualité, puissante mais relativement audible ; je ne parviens toutefois pas à percevoir ce que braille le titulaire du micro. Mais sur ce point, je ne suis pas sûr que ce soit une grosse perte ; les textes francophones scandent et hurlent avec un humour dérangeant une révolte irrévérencieuse, mais sans génie particulier, me semble-t-il (mais je peux me tromper, n'ayant pas encore pris le temps d'étudier les paroles). Il est vrai que manifestement le public n'est pas venu pour philosopher, mais plutôt pour se défouler collectivement.

Les sonorités de P3C me rappellent des groupes metal issus de la frange la plus dure, tels que Slayer ou Vulcain mais parfois aussi Nirvana ou Noir Désir. Dans leur style, je leur reconnais une vraie efficience.

Très vite les sons et rythmes endiablés emportent l'auditoire, la fosse bascule dans la folie furieuse. Je dois dire que mon corps n'est pas resté inerte non plus ; les coups redoutables du batteur et les accords sensuels de la belle bassiste font leur effet ! A l'instar de mon impression ressentie en juin 2018, je m'étonne toujours du contraste issu du physique si attendrissant de Lola avec sa fougue dés que sa basse accompagne ses complices. Je dois confesser que ce paradoxe vivant focalise mon attention plus que de raison, même si je remarque ici et là quelques accords sympa du côté du guitariste.

Dense, et efficace, ce concert peut paraitre court sur la durée, mais cependant avec dix-sept titres expédiés, il faut souligner que la plupart des titres ne dépasse guère les trois minutes. Comme je l'avais prévu, l'auditoire en a perdu sa sagesse à bien des égards. Quelques masques n'ont pas résisté et la promiscuité fut un doux euphémisme. Moi-même j'ai tenu à m'approcher de la scène pour capter quelques images et vous les montrer.

Pour cette soirée spéciale, nous aurons eu droit à la quasi intégralité du nouvel album avec onze des douze titres, seul "Ce monde humiliant" (2:22) aura été écarté. Pour compléter dignement le programme, trois titres issus de "Déprime hostile" et trois autres issus de leur mini album éponyme, sont intercalés.

PROGRAMME
Intro : Thème d'Halloween (reprise de John Carpenter)
L'odeur de la mort (Tête Blême, 2020)
Déprime hostile, 2018 (Déprime hostile, 2018)
Seul à tomber (Tête Blême, 2020)
Pourquoi tu pleures (Tête Blême, 2020)
Le ciel est couvert (Tête Blême, 2020)
L'histoire se répète (Tête Blême, 2020)
Mirroir (Tête Blême, 2020)
Paroles/M'assomment (P3C, 2016)
Comment lui en vouloir (Déprime hostile, 2018)
Rancunier (Déprime hostile, 2018)
L'intérieur de ton corps (Tête Blême, 2020)
Qu'est-ce qui va pas ? (Tête Blême, 2020)
Tête Blême, 2020 (Tête Blême, 2020)
Trop défoncé (Tête Blême, 2020)
Crève (P3C, 2016).

RAPPEL:
L'ego dans les chiottes (Tête Blême, 2020)
Conseil (P3C, 2016).

Finalement, je ne regrette pas le déplacement. Comme l'a observé Olivier, il valait mieux être ici que dans son canapé ! Si ces p'tits jeunes arrivent à équilibrer leur vie personnelle avec la musique, ils pourraient aller loin.