Pour clore une fin de semaine de folie(s) nous
tenions à soutenir cette cinquième édition du festival, qui se tenait sur deux
journées, en venant au moins le dimanche dans
ce patelin d'Eure-et-Loir. Et pourtant
notre fatigue aurait légitiment pu être le prétexte pour nous abstenir, après une
escapade déraisonnable de deux journées ; un vendredi en compagnie de Pendragon
chez Paulette en Meurthe-et-Moselle et un samedi en compagnie de Saga à
Pratteln en Suisse.
Ce concours de circonstances pouvait à la rigueur
altérer mon sens critique, mais pas me contraindre à renoncer à assister au
concert des trois groupes affichés pour cette seconde journée. Ils
m'intéressaient vivement et nous n'avons pas regretté notre effort.
Une salle de fête communale aménagée tant bien que
mal a permis au festival de se tenir en dépit de difficultés que les bénévoles
sont parvenus à surmonter. Le résultat était honorable et aura permis aux
mélomanes de passer un agréable moment en compagnie de musiciens qui ont trop
rarement l'occasion de s'exprimer en France.
DIMANCHE 29
KARNATAKA
Après
les avoir vus une première fois cet été au Crescendo, je suis heureux de revoir
ce groupe gallois. Je rappelle donc qu'Ian Jones
(basse, depuis 1997) est le seul cofondateur restant du groupe formé en 1997. Il
est désormais est entouré d'Enrico Pinna
(guitares, depuis 2006), Hayley Griffiths
(chant, depuis 2011) et Jimmy Pallagrosi
(batterie et percussions, depuis 2014). Cagri Tozluoglu (claviers, depuis 2011) est absent aujourd'hui.
Ils
assurent la promotion de "Secrets of
Angels", leur cinquième opus paru en 2015.
Cette
nouvelle prestation me confirme la bonne impression ressentie cet été sur les
plages charentaises. Leur pop-rock progressif est particulièrement mélodique et
entrainant.
La
sémillante chanteuse Hayley Griffiths parvient par sa gestuelle et son
expression à captiver son auditoire qu'il soit anglophone ou non. Le batteur
Jimmy Pallagrosi rythme les sauts de la Belle avec perspicacité. Son statut de
seul français fait de lui l'interlocuteur privilégié pour la soirée, laissant
ainsi découvrir un type modeste, simple et bien sympathique. Le guitariste
Enrico Pinna fait chanter sa guitare avec une émotion qui semble parfois un peu
retenue (impression peut-être injustement entretenue par les accords entendus
l'avant-veille avec Nick Barett). Le bassiste, même paré de son statut de
cofondateur, a beau être le compositeur de la plupart des titres, il me parait
insignifiant et insipide, à peine esquisse-t-il quelques paroles. Le clavier,
déjà absent lors de la prestation au Crescendo, serait dit-on une nouvelle fois
pris par sa nouvelle paternité.
Gageons
que cette formation maintiendra sa stabilité car ce faisant elle pourrait bien
émerveiller son public encore quelque temps ! (note a posteriori : Plus qu'une gageure, c'était plutôt un vœu pieux
puisque le groupe explose quelques semaines plus tard dans la plus totale
confusion ; Pinna claque la porte, Griffiths et Pallagrosi virés sans préavis, tout
cela sans que Tozluoglu n'ait jamais refait surface. Beau gâchis …).
Franck CARDUCCI
Depuis longtemps, les réseaux sociaux résonnent des
échos positifs perçus après les prestations de Franck et ses musiciens. Il faut
dire aussi que lui-même est très présent dans ces discussions virtuelles, mais présent
aussi en marge des concerts et festivals auxquels son groupe participe, ou pas.
Pugnace et modeste à la fois on le sent très
sensible aux observations du public. Cet état d'esprit le rend attachant et donne
envie de le soutenir.
Ce concert est donc ma première occasion de
vérifier les talents du groupe. Toutefois, cet été j'avais déjà observé avec intérêt
et admiration sa participation à quelques improvisations
musicales collectives sur la scène estivale
du Crescendo à Saint-Palais-sur Mer. Ses goûts éclectiques transparaissent avec
bonheur dans ce qu'il y avait interprété.
Cette fois c'est avec son groupe que Franck démontre
son charisme remarquable. Il tente constamment de nourrir des échanges avec le
public, entretenant ainsi une vraie complicité.
Musicalement, les rythmes chaloupés et entrainants,
ainsi que les mélodies entêtantes emmènent le public vers un univers
étourdissant. Atmosphère que la Belle Mary Raynaud
(chant, Theremin) n'a aucun mal à accentuer par sa voix magnifique, par son
élégance et sa fantaisie.
Les autres musiciens contribuent efficacement à
cette expression musicale ; Olivier Castan
(claviers), Christophe Obadia
(guitare, Theremin), Antoine 'Nino' Reina
(batterie) et Steve Marsala (guitare
gauche).
Je parie volontiers qu'à l'occasion d'une soirée
entièrement consacrée à son concert je me sentirai complètement enthousiasmé. A
suivre, donc…
LAZULI
Je
suis tout particulièrement ravi de revoir cet admirable groupe français, après
les avoir enfin vus pour la première fois sur scène cet été au Festival Rock au
Château. Après de trop longues années à les écouter, je les aurais enfin vus
deux fois en deux mois !
Je
rappelle donc ici que Dominique Leonetti (chant, guitare) et Claude Leonetti (Léode) tiennent la maison
depuis 1998 et qu'ils sont désormais entourés de Gédéric Byar (guitare, depuis 2004), Romain Thorel (claviers, cor d'harmonie, depuis 2010) et de Vincent Barnavol (batterie, marimba,
percussions, depuis 2010).
Depuis 2016, le groupe promeut le superbe opus
"Nos âmes saoules". Un nouvel opus étant prévu au printemps prochain,
si leurs finances leur permettent !
Des problèmes techniques ont retardé le début du
concert et ont même fait craindre le pire à l'organisation. Grâce à la
solidarité entre musiciens et à un échange de matériel, Claude pourra
s'exprimer avec sa léode, au prix de quelques pannes stressantes pour tout le
monde durant le concert. Grâce à leur esprit persévérant et surtout très
respectueux du public les musiciens parviennent à entretenir une complicité
avec le public bienveillant. Les pannes récurrentes offrent l'occasion à Dominique
de confier quelques anecdotes savoureuses sur les aventures du groupe.
Heureusement, de larges plages musicales sont
préservées et permettent une fois de plus au public de partager les textes
français et les mélodies si particulières de ce groupe hors normes !
Impossible de résister à la séduction de ses sons
et rythmes entêtants. Je ne peux m'empêcher en les écoutant de pester contre
l'ignorance, la culture bornée de la France alors que les publics allemands,
néerlandais et anglais ont su reconnaitre leur talent bien avant nous !
Quand pourrons-nous bénéficier d'une vraie tournée
française pour ce groupe français ? Trust et Téléphone viennent de prouver
qu'il existe encore un public pour un rock francophone ! … Peut-être pas pour
un rock progressif, c'est vrai…