Ces Vikings font désormais partie de ces groupes
capables de nous faire bouger et bloquer une date à longue échéance. A
l'annonce de cette tournée, nous avons décidé de prendre nos dispositions ; dès
le 9 aout 2022 nous avons ainsi réservé nos places pour les revoir une ...
onzième fois ! Nous avons d'autant moins hésité que le concert se passe à la
salle Pleyel, auditorium par excellence. Je suis particulièrement heureux car nous
y serons à quatre, avec ma p'tite Fée, et mes deux fils !
Beaucoup de dates de cette tournée affichent complet ;
pas Paris. Nouvelle ingratitude bien française alors que le groupe a inscrit
pas moins de sept étapes en France ! Seules deux villes affichent complet (à ce
jour) : Nîmes et Toulouse. On retrouve ici le même dilemme qui se posait pour
Marillion encore en octobre dernier : la demande de proximité des admirateurs
est parfaitement légitime, et cependant si les artistes ne remplissent pas leur
salle chèrement louée ils risquent de ne plus venir pour personne… Fort
heureusement je ne suis qu'un modeste commentateur, il ne me revient pas
d'arbitrer le débat.
Notre option pour des fauteuils numérotés n'était
finalement pas une mauvaise idée compte tenu de notre concert la veille ! …
Même si nôtre âge nous autorise encore à préférer vivre ces émotions debout
dans la fosse.
Ce qui reste surprenant et agréable, c'est de pouvoir
encore et toujours découvrir de nouveaux artistes lorsqu'ils sont invités sur
des tournées ou lors des festivals. En l'occurrence, ce soir nous découvrirons
KALANDRA et MONUMENTS.
KALANDRA [19h-19h30].
Peu de traces biographiques sur la Toile. Je finis par
trouver quelques éléments, notamment sur le site Rockmeeting. KALANDRA est un
trio norvégien fondé en 2012 à Olso,
autour de Jogeir Daae Mæland (guitare),
Katrine Ødegård Stenbekk (chant) et
Florian Bernhard Döderlein Winter (guitare) auquel s'est ajouté
Oskar Johnsen Rydh (batterie). Leur
musique peut être apparentée à de la pop alternative nordique aux mélodies
éthérées. Les influences revendiquées et ressenties sont des artistes connus
tels que Pink Floyd, Tool, Mastodon, Radiohead, TesseracT, Wardruna, Gåte, IRAH
et Sigur Rós, mais aussi des chanteuses folkloriques de Norvège, de Suède,
d'Islande, des îles Féroé et du Danemark, expérimentant des techniques vocales
du monde entier (y compris les cris de
vache norvégiens comme le kauking, et les styles vocaux traditionnels mongols,
arabes et indiens).
Un premier mini album, "Beneath The Breaking Waves" est paru le 27 mars 2017. Il y a
trois ans, leur reprise de "Helvegen"
(de Wardruna, donc) a été vue plus de quatre millions de fois sur YouTube ; cet
intérêt leur a permis de signer avec le label By Norse Music.
Ils ont été remarqués dans nos contrées notamment en
étant invités sur la tournée de WARDRUNA en mars 2022.
Leur premier album "The Line" est ainsi paru le 23 octobre 2020.
KALANDRA dispose d'un bel et vaste espace de scène,
d'une très bonne sonorisation et d'un éclairage très correct. Ils ont ainsi
bénéficié d'excellentes conditions pendant trente minutes pour séduire
l'auditoire.
Instantanément c'est bien sûr la voix cristalline et
envoutante de la très séduisante Katrine Ødegård Stenbekk qui attire l'oreille du mélomane. J'apprécie cette
recherche mélodique aussi dans l'usage de sonorités traditionnelles et
étranges. Leur prestation aurait pu emporter totalement mon enthousiasme sans
l'apport que j'estime excessif de bandes préenregistrées. La Belle disposait bien
d'un petit clavier ; mais elle ne s'en servait que pour des commandes qu'elle
actionnait à sa volonté, selon les séquences désirées. On m'explique qu'elle
peut aussi jouer des touches, parfois ... Au risque de paraitre intransigeant,
je persiste à considérer que je paie un concert pour voir des artistes
musiciens jouer d'un instrument ; pas pour assister à un usage de substituts. Pour
écouter des enregistrements j'aime autant rester dans mon salon, sur mon canapé
en sirotant une bonne bière.
Le public le moins exigeant ovationne bruyamment la
prestation ; les autres comme moi applaudissent poliment avec un peu de
frustration. Avec juste un pupitre clavier synthétiseur supplémentaire, cette
prestation me séduisait sans retenue.
Leur concert m'a cependant assez intrigué pour
conserver une impression plutôt positive. Une musique franchement originale et
agréable à écouter.
Cette trop petite demi-heure Parmi sept titres, six sont issus de "The Line".
Apparemment, nous avons eu droit à un inédit.
PROGRAMME
Borders (The Line, 2020)
Slow Motion (The Line, 2020)
Naive (The Line, 2020)
Virkelighetens Etterklang (The Line, 2020)
(à determiner) (nouvelle chanson, 2023)
Ensom (The Line, 2020)
Brave New World (The Line, 2020).
MONUMENTS
[19h50-20h30].
A l'instar du groupe précédent, faute de connaitre ce
groupe, je glane des informations sur la Toile, notamment au site Rockmeeting,
pour connaitre quelques éléments biographiques. MONUMENTS est un groupe de
metal britannique, originaire de Milton Keynes, en Angleterre. Il est formé en 2007 par les deux guitaristes
John Browne (ex-Fellsilent) et Josh
Travis (ex-The Tony Danza Tapdance Extravaganza). Le groupe joue alors sous le
nom de Elements. En 2010, le groupe publie son premier EP intitulé We Are the
Foundation.
Faisant suite à l'album "Phronesis" paru en 2018, le quatrième album "In Stasis" est paru le 15 avril 2022. C'est le premier album de MONUMENTS avec le chanteur
Andy Cizek.
L'ensemble semble s'être stabilisé autour de John Browne (guitare, depuis 2007), avec Adam
Swan (basse, depuis 2010), Andy Cizek (chant, depuis 2019), Mike Malyan (batterie, depuis 2019).
MONUMENTS prétend s'imposer comme un groupe "repoussant les limites du metal technique (?
Ah parce que le metal peut être "technique" ! Heureusement, que cela
est précisé je l'ignorais encore -je blague hein !-) pour les années à venir".
Ambitieux programme, dites-moi ! …
En fond de scène, s'affiche l'impressionnant logotype
du groupe. On s'attend à du lourd. Je me protège les oreilles, on ne sait
jamais !
Pour ma part, je n'aurai pas été convaincu de cette
prétention à l'issue de leur désespérante et très bruyante prestation, c'est un
doux euphémisme ! Pourtant, l'espace scénique, la sonorisation et l'éclairage
mis à leur disposition étaient de nature à séduire mes veilles oreilles de
métallo endurci. Mais que nenni !
Je n'aurai retenu que vociférations, hurlements et étranglements
divers. Les autres pupitres sont insipides. Pas d'originalité dans le genre ;
ils ne me paraissent repousser aucune autre limite que celles de ma tolérance aux bruits inutiles. Bref, je n'ai pas su apprécier, voilà.
Question de génération, probablement ; une bonne part
du public en fosse semble enthousiaste. J'en suis ravi pour lui, mais ce sera
sans moi ; au suivant !
Durant une quarantaine de minutes, ils auront eu le
temps de nous asséner huit titres, dont cinq issus de "In Stasis", un de "Gnosis", un de "Phronesis", un de "The Amanuensis".
PROGRAMME
I, the Creator (The Amanuensis, 2014)
Opiate (In Stasis, 2022)
Leviathan (Phronesis, 2018)
Empty Vessels Make the Most Noise (Gnosis, 2012)
Cardinal Red (In Stasis, 2022)
False Providence (In Stasis, 2022)
Lavos (In Stasis, 2022)
The Cimmerian (In Stasis, 2022).
LEPROUS [21h-22h35]
https://www.leprous.net/
Ce groupe norvégien, de métal progressif originaire de Notodden, a été fondé en 2001 par Einar Solberg (chant, claviers depuis 2001) et Tor Oddmund Suhrke (guitares, chœurs depuis 2001).
Ils demeurent à ce jour entourés de Baard Kolstad
(batterie depuis 2014), Simen Børven
(basse, chœurs depuis 2015), et Robin Ognedal
(guitares, chœurs depuis 2017). Sur cette tournée Raphael Weinroth-Browne (violoncelle) est de nouveau présent ; à l'occasion
du Midsummer il n'avait pas pu venir malheureusement.
Le groupe s'est consolidé courant 2008 alors qu'ils
enregistraient leur album, "Tall
Poppy Syndrome", paru le 5 mai 2009. Ils ont commencé à tourner en tant
qu'invité de d'Ihsahn (le beau-frère de
Solberg), qui, à son tour, a participé à plusieurs albums de LEPROUS en
tant que chanteur invité ou producteur. C'est d'ailleurs à cette époque que
j'entends parler d'eux avec insistance, sur les réseaux sociaux. Dès les premières écoutes, je fus séduit !!!
Le coup fatal, je l'ai reçu en assistant à leur concert du mercredi 3 novembre 2010 à l'Elysée Montmartre, alors qu'il était
invité par THERION. Je fus subjugué par leur prestation phénoménale ; détail
esthétique, c'est l'époque ou Einar était encore chevelu de dreadlocks et vêtu
baroque, la clâââsse quoi ! A partir de ce moment, je ne manquerai plus une
occasion de me déplacer pour les voir ; que ce fut à Paris, Barcelone, Raismes, Savigny, ou Valkenburg ! Je ne suis pas encore allé les voir jouer chez eux en
Norvège, mais je n'en attends que l'occasion !
C'est avec leur album "Bilateral", très acclamé en 2011, que leur notoriété s'accroit.
Mon admiration s'accentue encore lorsque LEPROUS expérimente de nouvelles
sonorités avec le somptueux album "Pitfalls"
paru le 25 octobre 2019.
Comme son nom l'indique, l'Aphelion European tour 2023 a vocation à promouvoir leur septième
album "Aphelion" paru le 27 aout 2021. Sa promotion avait
été reportée à la faveur d'une tournée du 20ème anniversaire ; dans
la mesure où les deux se suivent mais ne s'annulent pas, qui s'en plaindrait ?
Que les âmes sensibles ne s'offusquent pas des lignes
qui suivent : mes propos peuvent sembler dithyrambiques aux profanes ou à ceux
qui n'ont pas vécu l'expérience. Mais ils me semblent cependant à la juste
mesure de ce que nous avons vécu ce soir.
Dans cet écrin à l'acoustique absolument parfaite, la
sonorisation était à la hauteur de l'événement. Je n'ai même pas ressenti le
besoin de protéger mes oreilles. La puissance sonore fut juste excellemment
dosée, laissant les pupitres s'exprimer de façon audible et opportune. Ajoutons
à cela un dispositif d'éclairage saisissant et somptueux.
Comment relater la prestation de LEPROUS sans
s'émerveiller d'abord de la qualité du timbre exceptionnel de la voix d'Einar. A la fois puissant, juste et
émouvant, ce timbre développe en outre une tessiture impressionnante. Il a
acquis une maitrise de ses cordes vocales qui expriment avec émotion toute les
nuances de sa sensibilité. Combien sommes-nous à nous être hasardé à l'imiter (à
risques et périls) dans notre salle de bain (le ridicule ne tue pas, parait-il !) ? Moi, je le confesse
volontiers ; cela me permet toujours de mesurer ce qui me sépare du personnage.
Quant aux complices, coupables d'incitation à
l'ivresse en public, ils valent autant de louanges, par leur capacité à
distiller les notes avec une précision chirurgicale, cadencées par les rythmes
fous et implacables d'un batteur à la frappe originale et énergique. J'adore
ces rythmes syncopés qui signent une des particularités de la musique de
LEPROUS. Ceux-ci sont encore alourdis par les accords de basse profonds et
aiguisés d'autant plus perceptible que (je
me répète, mais bon…) la sonorisation est parfaitement équilibrée. Autre
talent de ces artistes ; leur omnipotence. Ils sont guitaristes, claviéristes
et échangent tous leurs compétences au gré des mesures et des atmosphères
requises. Ils n'abusent pas de bandes préenregistrées ; ils ont le potentiel
pour assumer toutes les portées les plus denses.
Et que dire encore sur la présence du violoncelliste canadien
Raphael Weinroth-Browne !? Rappelons
qu'il participe désormais à la plupart des activités du groupe ; son
intégration ne dépendrait que de son attachement géographique, ce qui est
compréhensible. En tous cas ce soir encore, sa prestation est à mes oreilles
aussi essentielles que celle du bassiste. Le son de ses cordes est incomparable
avec celui d'un synthétiseur ; nos sens vibrent à chaque mouvement de l'archet
ou chacun des pizzicati ! On comprend la nuance entre les deux instruments notamment
lors du dantesque titre "The Sky Is
Red" qui débute au synthé et finit au violoncelle. Son violoncelle
accompagne quasiment tous les titres, il en introduit deux ; "Out of Here" et "Below". Mais, à l'instar des cinq
autres musiciens, Raphaël n'hésite pas à poser son instrument pour prêter main
forte aux claviers.
L'ensemble de ces talents individuels produit un
sentiment de puissance maitrisée et de cohésion. Ces redoutables Vikings ont
une nouvelle fois remporté une belle victoire ; leur Musique a contribué à
détourner nos esprit des problèmes qui nous préoccupent tous au quotidien.
Einar n'a cependant pas manqué de dédier un de leurs titres, "Castaway Angels", aux valeureux
combattants ukrainiens.
Le public, quel que soit son âge et son statut, est
aux anges. L'ovation debout est bruyante, exaltée et longue ; personne ne veut
quitter son siège. A l'issue de quatre-vingt-quinze minutes de bonheur pur,
tout le monde en redemande. A la sortie, des couloirs au trottoir, tous les
commentaires convergent, quel que soit le positionnement de l'auditeur, l'Expérience
restera dans les mémoires !
Sans aucune prétention, j'ai envie d'adapter la
définition encyclopédique à mon compte : Ce n'était pas l'aphélie mais plutôt
le périhélie ; nous étions aujourd'hui à l'opposé de ce point de l'orbite où la
distance de nos corps au Soleil est maximale.
Parmi quatorze
titres, six sont issus de "Aphelion", trois de "Pitfalls",
deux de "Malina", deux de "The Congregation", et un de "Coal". Nous sommes loin de l'exhaustivité du programme de leur
tournée du 20ème anniversaire ; la période ici évoquée porte
davantage sur la dernière décennie. Mais je ne m'en plaindrai pas car les six plages
dédiées aux deux derniers opus me semblent indispensables. Le programme diffère
tous les jours (au regard des
publications sur setlist.fm) ; du coup on peut se réjouir par exemple
d'avoir eu droit à "Alleviate"
quand d'autres villes ont eu la chance de "Distant Bells". On ne peut pas tout avoir hein …
PROGRAMME
Have
You Ever? (Aphelion, 2021)
The
Price (The Congregation, 2015)
Illuminate
(Malina, 2017)
Running
Low (Aphelion, 2021)
On
Hold (Aphelion, 2021)
Castaway
Angels (Aphelion, 2021)
From
the Flame (Malina, 2017)
Alleviate
(Pitfalls, 2019)
Out of Here (intro au
violoncelle) (Aphelion, 2021)
Slave
(The Congregation, 2015)
The
Cloak (Coal, 2013)
Below
(intro
au violoncelle) (Pitfalls, 2019)
RAPPEL :
Un
concert d'une telle intensité ne pouvait pas rester sans souvenir matériel. Je
ne peux que me ranger dans la file d'attente pour l'échoppe et me procurer
trois exemplaires du t-shirt de la tournée ; un pour moi et mes deux fils, qui
sont aussi ravis que moi ! A 30€ l'unité, ça pique un peu, mais quand on aime …