vendredi 14 février 2025

ARCHIVE - Le Zénith (Paris 19) – les vendredi 14 et samedi 15 février 2025.

C'est assez rare pour être souligné, voilà des artistes anglais francophiles. En tous cas assez reconnaissant envers notre public pour le dire, le répéter et le prouver par des tournées qui n'omettent jamais de passer par nos villes provinciales françaises, ainsi que Paris. La comparaison peut paraitre mesquine et non appropriée, mais au regard des tournées européennes précédentes, ils semblent plus populaires chez nous que chez eux ; décidément nul n'est prophète en son pays…

Bref, "Classic Albums Live Tour 2025" proposent plusieurs villes étapes mais certaines ont le privilège d'accueillir le groupe pour deux dates ! Pour notre bonheur, Paris en fait partie ; le premier jour est consacré à l'évocation de "You All Look the Same to Me" (paru le 12 mars 2002) et de "Noise" (paru le 23 mars 2004). Puis le samedi, dédié à "Controlling Crowds I-IV" (paru en deux volets les 30 mars et 19 octobre 2009).

Le groupe fait savoir : "Ce sera une expérience unique pour nous, jouer les quatre albums en concert sera une joie et un voyage extraordinaire. Nous avons tellement évolué en tant que groupe depuis que nous avons enregistré ces albums, c'est une opportunité de revisiter les chansons que tant de nos admirateurs aiment, et de les présenter en concert d'une manière que nous n'aurions pas pu faire auparavant. Ce seront des concert très spéciaux, dans une salle que nous aimons et dans une ville que nous portons dans nos cœurs". Le site nous informe que le collectif, originaire du Sud de Londres, interprétera les quatre albums classiques dans leur intégralité pour la toute première fois lors de deux concerts à Paris, au Zénith.

Dès le 18 avril 2024, compte tenu de ma récente conversion (novembre 2023), nous nous sommes procurés nos Sésames pour les deux jours parisiens, option fosse. Mais dans un élan généreusement prosélyte, ma P'tite Fée a flanqué le virus à Julien, mon fils cadet.

Nous nous présentons ainsi tous trois à cette première soirée, dans un Zénith plein comme un œuf (La fosse était réputée au complet depuis quelques semaines, des places assises ont encore été récemment vendues).

MON CONTEXTE. Ces Anglais occupent une place un peu particulière dans mon univers musical. Je les ai connus un peu tardivement, par le biais de conversations sur un forum musical, vers la fin des années deux mille, sans avoir été réellement séduit (doux euphémisme). Histoire de ne pas mourir idiot, un peu obligé donc, je suis allé les voir une première fois en concert au Zénith de Paris, le 30 octobre 2015. Cette première expérience ne m'avait pas convaincu du tout ; j'aurais volontiers abandonné l'affaire. Mais, c'était sans compter avec l'obstination de la ma P'tite Fée qui ne comprenait pas mon étanchéité au phénomène. Dans une démarche de bienveillance et de don de soi, j'ai donc postulé de nouveau en me rendant à la Seine Musicale le 16 mai 2019, mais hélas sans que mon sentiment n'ait davantage évolué. Toujours aussi dévoué corps et âme, par courtoisie j'accompagne cependant Madame une troisième fois au Palais Omnisport de Bercy le 24 novembre 2023, et là… Halleluja ! (ici) La Porte s'ouvra enfin. Il faut dire que nous étions idéalement placés, dans un confort visuel et auditif absolu.

Le Bélier que je suis a ensuite dû accomplir quelques efforts d'introspection active, pour reconnaitre que ces musiciens possèdent un certain don pour emporter leur auditoire, tout au moins en concert. Attention hein, l'écoute de leurs disques me semble encore aléatoire. Si je me suis plus ou moins adapté aux sons électro-technoïdes, je demeure très allergiques aux sonorités dites "trip-hop", rappeuses, qui demeurent quoi qu'il en soit inscrit dans leur gène, c'est leur ADN. A l'inverse, beaucoup de titres m'emportent très haut ; en gros, tout ceux qui se rapprochent de l'univers du rock progressif qui me rappellent PINK FLOYD ou ANATHEMA. A cet égard, leur récent opus "Call to Arms & Angels" paru le 29 avril 2022 me parait vraiment très réussi.


BREF RAPPEL BIO. ARCHIVE fut fondé en 1994 par Darius Keeler (53 ans, claviers, effets sonores, échantillonnages) et Danny Griffiths (54 ans, claviers, effets sonores, échantillonnages). Depuis que Darius Keeler et Danny Griffiths ont rencontré Dave Pen, puis Pollard Berrier, puis Maria Q, ARCHIVE se définit comme un "collectif" et non comme un groupe ; cette définition sémantique de leur collaboration vise sans doute à ménager les susceptibilités entre les artistes, mais quoiqu'il en soit nous avons bel et bien devant nous un authentique groupe de rock composé de huit musiciens, recrutés au fil de ses tournées et enregistrements.

Autour de ce duo, nous trouvons ce soir Steve Barnard (57 ans, batterie depuis 2001), Dave Pen (47 ans, guitare, chant depuis 2004), Pollard Berrier (46 ans, chant, guitare depuis 2005), Jonathan Noyce (53 ans, basse, claviers depuis 2007 ex-JethroTull et ex-GaryMoore), Mike Hurcombe (guitare depuis 2014).

Les voix féminines font l'objet de mouvement d'effectifs que certains parmi les anciens admirateurs déplorent. Maria Q (chant, chœurs depuis 2001) et Holly Martin (chant depuis 2015), qui étaient encore présentes en 2019, disposaient en effet d'un charisme et d'une voix différente. Pour ma part, je retrouve avec plaisir Lisa Mottram (chant, depuis 2022) ; sa grâce, la fragilité exprimée par son timbre de voix me séduisent.


JOUR 1 : vendredi 14 février.

Nous présentons dans une des files d'attentes (la moins longue, en petits futés) quelques minutes avant l'ouverture.

Ouverture des portes à 18h30

Nous parvenons à nous placer dans les premiers rangs. Situation satisfaisante moins pour mon confort que pour celui de ma P'tite Fée qui évitera la présence de géants pour obstruer son champs de vision ! Nous sommes ainsi casés au pied du pupitre de Pollard, au centre gauche, donc. Il restera à patienter jusqu'au début de la prestation d'un premier groupe, ce qui est notre première surprise du soir.

Je pensais à tort que la soirée serait exclusivement consacrée à un programme a priori déjà bien chargé…

BLACK DOLDRUMS [20h00-20h30]. https://blackdoldrums.bandcamp.com/

Méconnaissant totalement l'existence de ce trio, je consulte a posteriori leur biographie. J'apprends ainsi que BLACK DOLDRUMS est, à la base, un duo originaire de la banlieue Nord de Londres, composé de Kevin Gibbard (chant, Guitare) et Sophia Landers (batterie). Ils évoluent dans le registre "shoegaze". Mais qu'est-ce donc ? Renseignement pris, "la musique shoegazing est caractérisée par l'usage significatif d'effets de guitare, et de mélodies vocales indiscernables se mêlant à un son créatif (?) de guitare". D'autres qualificatifs fleurissent à propos de leur univers, comme " psychwave " ou encore "une forme contemporaine de post-punk gothique, à la psychologie sombre" …Toujours est-il que pour ce soir au moins, le duo s'est adjoint un bassiste, sans doute Matt Holt.

Un premier album, "Dead Awake" est paru le 11 mars 2022. Un récent album "In Limerence" est paru le 18 octobre 2024.

Bon, les présentations étant faites, je ne vais pas tourner autour du pot ; leur musique m'a semblé dépressive mais supportable tant que l'auditeur n'y cherche pas de valeur technique particulière, rien de "créatif". Or, mes oreilles formées à une certaines exigence de complexité mélodique n'ont pas trouvé là de quoi satisfaire mes envies, et je me suis donc assez vite ennuyé ; des accords basiques à tous les niveaux, basse, batterie, guitare. Ce n'est pas insupportable, juste …lassant. Heureusement pour ces joyeux drilles (pas un sourire, les pauvres semblent vraiment proches du suicide), ils auront bénéficié d'une bonne sonorisation, d'un éclairage correct et aussi d'un public bienveillant. Heureusement pour nous, la prestation n'aura duré qu'une demi-heure.

PROGRAMME
(à déterminer)


ARCHIVE [21h00-23h10]

En dépit de la réelle révélation que m'a apporté leur concert de novembre 2023, je ne peux cependant pas prétendre me ranger parmi les admirateurs inconditionnels d'ARCHIVE. Ainsi, le programme rétrospectif de cette soirée, et donc la mise à l'écart notamment du dernier opus, pouvait me laisser craindre quelques retours d'impressions mitigées.

Cette prestation m'a pourtant bel et bien séduit. Bien davantage que les premières auxquelles j'avais assistées, mais toutefois un peu moins que celle de Bercy (novembre 23). En effet, les voluptés familières à ma progosphère ont, cette fois, logiquement laissé davantage de place aux aspects plus électro ; ce qui a créé quelques séquences de nature à me laisser perplexe. Heureusement, nous avons évité le pire, qu'aurait constitué une évocation trop appuyées de ce qui est convenu d'appeler la "musique (?) urbaine". Non, au lieu de cela, nous avons eu droit à un amalgame désordonné des titres les plus légitimes selon moi, issus des années 2002 à 2004.

Mon emplacement m'a cette fois permis de bien observer la partition du guitariste, Mike Hurcombe positionné discrètement au fond de la scène. J'ai ainsi pu davantage mesurer son talent, réaliser l'importance de ses interventions, dans un univers il est vrai submergé de sons synthétiques.

Les deux claviers, maitres du jeu, ne semblent pas se regarder, mais supervisent l'ensemble, chacun avec sa personnalité. A notre gauche, Darius Keeler est le plus exubérant et agité, outre sa partition dont il s'acquitte avec maitrise, il sort fréquemment de son périmètre pour gesticuler aux rythmes du batteur comme pour accentuer sa frappe, tel un chef d'orchestre ! A notre droite, Danny Griffiths est plus introspectif, concentré et statique.

Si les claviers constituent une pièce maitresse à cette musique, le chant est un élément déterminant. Dave Pen le personnage écorché vif, révolté, et Pollard Berrier le personnage apaisant, mélancolique, se partagent magnifiquement l'essentiel du répertoire. Cependant, je reste séduit par le chant plaintif, mélancolique, puéril de Lisa Mottram qui apporte sa fausse fragilité dans cet univers tourmenté. Je dis "fausse" fragilité car durant le refrain de "Pulse", comme un cri de détresse, son phrasé a été réellement répété de très nombreuses fois, et non pas mis en écho ; ce qui nous a tous impressionné ; le public en a ovationné la performance.

Le batteur et le bassiste s'acquittent efficacement de la redoutable mais essentielle responsabilité de garantir la ponctualité de cet ensemble tumultueux.






La sonorisation m'a semblé parfaitement équilibrée, chacun des huit pupitres furent constamment audibles, et elle fut cependant suffisamment puissante pour entretenir une humeur festive. L'éclairage est savamment ordonné pour les atmosphères alternativement festives, sombres ou mélancoliques ; les illuminations par le bas et par le fond de scène ont largement contribué aux ambiances inquiétantes et/ou oniriques, en ciblant les pupitres ou au contraire en créant des ombres.

Sans surprise, les chansons qui m'ont le plus emporté furent "Again" et "Fuck U", mais bien d'autres tels que "Waste" furent d'irrépressibles tourbillons, dont mes muscles endoloris se souviennent encore au moment de la présente rédaction. Sans oublier les moments de grâce et apaisés.

Ma P'tite Fée fut inaccessible durant tout le concert, sur son nuage ; agitée, désarticulée, hors sol. Son sourire béat masquait pourtant une frustration anecdotique, celle ne pas avoir entendu d'autres titres encore ; ceux des albums forcément exclus de la démarches annoncée. Sourire béat aussi sur le visage de mon Julien, pour qui le concert de ce soir fut exceptionnel en tous points. Voilà un fan assumé.

Nous étions entourés d'un public hétéroclite, heureux et volontairement abandonné aux mélodies ensorcelantes. Je fus impressionnés et humble de constater la connaissance des paroles souvent chantées par les admirateurs visiblement complices. Je ne pouvais cependant pas m'empêcher d'imaginer que la plupart d'entre eux ne réalisent certainement pas qu'au-delà de la notoriété de leur groupe favori, il existe un monde parallèle et pas si éloigné, dans lequel ils pourraient tout autant s'épanouir (je parle du rock progressif bien sûr, constitué de tellement de groupes talentueux mais méconnus). Mis à part un ou deux resquilleurs "pousse-toi-de-là-que-je-m'y mette" contre lesquels il fallait s'imposer d'office, aucune bousculade cependant.

ARCHIVE me semble avoir perçu ce soir encore combien il est manifestement admiré par le public parisien, dont les acclamations bruyantes semblaient réclamer encore davantage, même après un concert de cent trente minutes !

F Contrairement à l'annonce promotionnelle de la tournée, ce n'est pas l'intégralité des quatre albums qui sera interprétée.

PROGRAMME - JOUR 1 : Noise & You All Look the Same to Me

Des deux albums, sont présentés seize titres ; huit issus des onze de "Noise" et huit parmi les quatorze de "You All Look the Same to Me".

  1. Get Out (Noise, 2004)
  2. Numb (You All Look the Same to Me, 2002)
  3. Sleep (Noise, 2004)
  4. Noise (Noise, 2004)
  5. Love Song (Noise, 2004)
  6. Meon (You All Look the Same to Me, 2002)
  7. Now and Then (You All Look the Same to Me, 2002)
  8. Finding It So Hard (You All Look the Same to Me, 2002)
  9. Fool (You All Look the Same to Me, 2002)
  10. Conscience (Noise, 2004)
  11. Waste (Noise, 2004)
  12. Pulse (Noise, 2004).

RAPPEL :

  1. Goodbye (You All Look the Same to Me, 2002)
  2. Again (You All Look the Same to Me, 2002)
  3. Hate (You All Look the Same to Me, 2002)
  4. Fuck U (Noise, 2004).

 

Cette soirée ne pouvait pas tomber dans l'oubli, et je me rends à l'échoppe pour offrir à mon fils le (très joli) t-shirt (35€) de la tournée, ainsi qu'un patch (10€) pour ma P'tite Fée.


JOUR 2 : samedi 15 février.

Nous arrivons approximativement au même niveau que la veille dans une des files d'attentes quelques minutes avant l'ouverture.

Ouverture des portes à 18h30

Cependant, nous sommes placés un peu plus éloignés de scène (à cinq ou six rangs), mais dans le même secteur et un très bon confort de champs de champs de vision ! Nous sommes ainsi casés au pied du pupitre de Darius Keeler, à gauche, donc. Si la fosse est réputée pleine, les gradins sont moins remplis que la veille. Je ne comprends toujours pas cette politique de vente des emplacements…

On constate alors que la première partie sera identique à celle d'hier.

Anecdote amusante assez rare de la vie en fosse. Je l'ai déjà raconté, le public d'ARCHIVE est globalement respectueux et sympathique. Mais il y a toujours le resquilleur, l'impoli, le sans-gêne qui se permet d'arriver tard et qui pense malgré tout disposer du droit de s'incruster devant ceux, petits et grands, qui ont attendu patiemment avant lui. La plupart du temps, on se laisse faire, agacé mais résigné. Cette fois, un type assez baraqué vient se planter devant une fille de taille inférieure ; Elle ne se laisse pas faire, et assez rapidement un mouvement solidaire s'instaure en sa faveur. Le mec, qui feignait ne pas comprendre, est porté fermement vers l'arrière. En participant à cela on se dit que la société n'est pas totalement perdue !

BLACK DOLDRUMS [20h00-20h30]. https://blackdoldrums.bandcamp.com/

Serait-ce l'effet de répétition ? Le fait est qu'avec ma P'tite Fée nous apprécions mieux la prestation, cette fois. Non pas que les musiciens aient été touchés par la Grâce entre temps, car les éléments demeurent très basiques. Ce serait plutôt notre état d'esprit qui était sans doute plus ouvert et moins impatient que la veille. Oui ce trio délivre un rock sombre plutôt efficace et entrainant ; mais on l'imagerait mieux dans un club.

Petite anecdote ; les sourires qui faisaient tant défaut hier, étaient présent ce soir, les musiciens semblaient soulagés, en particulier la jolie Sophia.

ARCHIVE [21h00-23h05]

Une bonne première demi-heure m'a emporté avec un réel bonheur. L'album "Controlling Crowds" montraient ses meilleurs atouts. Le titre "Bullets" que j'attendais avec une impatience non dissimulée, n'a pas déçu, puissamment enivrant. Ensuite, les cadences entrainante et mélodies entêtantes m'ont convaincu de la pertinence de ma présence à cette seconde soirée. Petite anecdote, je n'ai pas reconnu Dave Pen immédiatement car, habituellement ébouriffé vers l'avant, il avait cette fois tiré ces cheveux en arrière. Mais sa voix et son allure ont rapidement confirmé le personnage !


Toutefois, la sélection des chansons prévues étaient de nature à me laisser craindre ce qui est arrivé ; de trop larges segments accordés à leurs influences urbaines. Lorsque le rappeur Jimmy Collins (24vision), un blond personnage de petite taille, apparait sur la scène pour "Quiet Time" je réalise que je vais passer un moment crispant. Je ne m'y ferais jamais ; cette façon méprisante de parler de manière saccadée exprimée avec des allures simiesques… Bien qu'accompagnée par des instruments, cela ne me semble pas correspondre à de la musique. Pis, tant qu'à être là, il enchaine avec "Bastardised Ink" qui me parait tout aussi navrant. Visiblement je devais être un des seuls de l'assemblée à me sentir mal à l'aise pendant ces périodes, car l'ambiance semble monter d'un cran. Je me sens seul.

Fort heureusement le monsieur finit par s'écarter pour laisser ARCHIVE exprimer une humeur plus poétique en présence de la belle et émouvante Lisa Mottram sur "Collapse/Collide". Il aura de nombreux moments de pure beauté, tels que notamment "Come On Get High" ou " Chaos ".

Le reste du concert sera pour moi une succession de moments absolument divins, interrompus par des segments urbains du plus mauvais gout. Décidément, ARCHIVE restera pour moi un groupe à part, que je saurai toujours apprécier … mais partiellement.

Nonobstant, calmé par ces ruptures malheureuses et inopportunes, j'ai pu ainsi me concentrer sur les talents individuels et confirmer leur maitrise de leurs jeux respectifs. Je n'oublie pas leurs supports ; l'ingénieur du son doit être d'un excellent niveau pour produire de tels sons avec un tel équilibre ! Je n'ai eu aucunement besoin de protection auditive et pourtant la puissance était là, mais juste maitrisée. Le chef éclairagiste dispose d'un talent remarquable également. Les couleurs, les nuances et les ombres, tout est parfaitement mis en valeur. C'est du grand Art !

Cet ensemble produit un rappel final toujours aussi chaotique que le reste, à savoir un début somptueux "Pills", avant une chute dans les méandres rappées "Lines", avant de revenir à la douceur avec "The Empty Bottle", "Remove", puis de s'engager en crescendo vers un maelström étourdissant "Dangervisit". Enorme sensation finale, vraiment.

Je me sens agacé et frustré car franchement le concert de ce soir aurait pu me paraitre encore supérieur à celui d'hier, qui était déjà d'un haut niveau, mais j'ai malheureusement été refroidi par le choix d'interprétations qui demeure bien entendu du ressort des artistes, mais qui ne me convient pas. A chacun sa came.

PROGRAMME - JOUR 2 : Controlling Crowds & Controlling Crowds IV

De ces albums, sont présentés vingt titres ; treize issus des dix-sept de "Controlling Crowds" et sept parmi les onze de "Controlling Crowds IV".

  1. Controlling Crowds (Controlling Crowds, 2009)
  2. Bullets (Controlling Crowds, 2009)
  3. Kings of Speed (Controlling Crowds, 2009)
  4. The Feeling of Losing Everything (Controlling Crowds IV, 2009)
  5. Blood in Numbers (Controlling Crowds IV, 2009)
  6. Quiet Time (Controlling Crowds, 2009)
  7. Bastardised Ink (Controlling Crowds, 2009)
  8. Collapse/Collide (Controlling Crowds, 2009)
  9. Clones (Controlling Crowds, 2009)
  10. Words on Signs (Controlling Crowds, 2009)
  11. Whore (Controlling Crowds, 2009)
  12. Come On Get High (Controlling Crowds IV, 2009)
  13. Chaos (Controlling Crowds, 2009)
  14. Razed to the Ground (Controlling Crowds, 2009)
  15. Funeral (Controlling Crowds, 2009).

RAPPEL :

  1. Pills (Controlling Crowds IV, 2009)
  2. Lines (Controlling Crowds IV, 2009)
  3. The Empty Bottle (Controlling Crowds IV, 2009)
  4. Remove (Controlling Crowds IV, 2009)
  5. Dangervisit (Controlling Crowds, 2009).


 


samedi 8 février 2025

MOONSHINE BLAST – LE ZÈBRE de Belleville (Paris 11) – le samedi 08 février 2025 à 20 h.

Soirée en quasi-totale découverte ! La salle comme ses occupants (locataires et visiteurs) m'étaient (presque) inconnus jusque cette  soirée promotionnelle d'un nouvel opus. Le plaisir n'en est que décuplé !

LE SITE. Son gérant prétend, de manière quelque peu chauvine, que le lieu est situé "au cœur du Paris qui bouge". Il est situé au 63 boulevard de Belleville, dans le 11ème arrondissement de Paris, à mi-chemin entre le Bataclan et les Buttes-Chaumont. En tous cas, pour ma part je découvre ce site… Il s'agit d'un ancien cinéma de quartier "Le Berry" qui s’est métamorphosé en un cabaret parisien et une salle de cirque/spectacle/concert. LE ZÈBRE DE BELLEVILLE a été inauguré le 1er mars 2002, vantant "Un espace accueillant, chaleureux et convivial se prêtant à toutes les envies, toutes les folies et bien entendu tous les arts. Un lieu qui a une âme !" Rien de moins …  Nous allons donc vérifier cela. Sa capacité d'accueil est de cent-quatre-vingt-dix-neuf personnes, pas une de plus !


LE CONTEXTE. En dépit d'un calendrier musical 2025, déjà bien rempli, les discussions passionnées entre mélomanes demeurent de nature à entretenir des envies nouvelles… Fut-t-il charitable de me signaler l'existence d'un groupe français, MOONSHINE BLAST, dont les influences seraient susceptibles de caresser mes sens ?

Toujours est-il qu'animé d'une curiosité bienveillante, j'ai ainsi pris le temps, entre deux autres nouveautés, d'écouter une copie du nouvel album "Realm of Possibilities". Même si les références sont effectivement relativement évidentes, j'ai été suffisamment séduit pour acquérir, moyennant 15 €, le ticket de ce concert dès le 12 décembre dernier. Autant accorder à de jeunes pousses une chance de broder sur d'honorables canevas ! Après tout, je n'oublie pas que beaucoup d'artistes de renom ont débuté, eux aussi, par des contributions en hommage à leurs propres références. J'estime ainsi que c'est une occasion peu onéreuse de sortir des sentiers battus (je parle du site) et de vérifier ce que ces franciliens (originaires de l'Essonne) ont dans les tripes.

En prospectant un peu, je découvre qu'un premier album, déjà prometteur, "Reality Fear" est paru le 20 mars 2018. Six années de maturation ont abouti à un second album, "Realm of Possibilities" paru le 6 décembre 2024, qui confirme les qualités du premier, tout en diversifiant les tendances musicales vers des sphères davantage susceptibles de me séduire. Fait notable, des personnages prestigieux de l'univers progueux ont collaboré pour ce nouvel ouvrage ; Bruce Soord, Steve Kitch, Colin Edwin (basse), Pat Mastelotto (batterie). Des harmonies familières bercent mes oreilles et me rappellent agréablement THE PINEAPPLE THIEF, MARILLION ou PORUCPINE TREE, et cependant je parviens à trouver mon plaisir ; n'est-ce pas là l'essentiel, après tout ?

Arrivés les premiers sur place avec ma p'tite Fée et mon fils, nous voyons rapidement la file d'attente s'étoffer. Les portes tardent à s'ouvrir ; les équilibrages de sonorisation de l'invité semblent prendre du temps. Mais Thomas Zecchinon vient en personne nous rassurer sur le trottoir. Manifestement, l'homme est excité à l'idée de nous faire partager son émotion…

A l'intérieur, nous parvenons aisément à nous placer à notre convenance ; je préfère me positionner avec mon fils et Christian, mon pote photographe, au premier rang, quand ma protégée se mets en retrait en confort, nous aurons ainsi un recueil d'impressions stéréophoniques !

Le lieu est très agréable, le décor et l'éclairage tamisé entretiennent un sentiment de confort douillet et tranquille. La fosse et le bar sont surplombés d'une mezzanine en fer à cheval. L'acoustique de la salle s'avérera excellente.


RAITH MRAD [20h30-21h10].

Méconnaissant le personnage, j'ai glané des informations : Raith est compositeur-auteur-interprète; qui s'est construit d'expériences scéniques autant en duo, qu'en solo, et qu'en groupe, en Ile-de-France, mais aussi dans d’autres pays européens. Un premier album "Live from Nowhere", un concert en acoustique, semble avoir recueilli un bel accueil.

Pour en savoir plus :
https://compositiondemao.com/raith-compositeur-de-mao/
https://indie-up.com/raith-mrad-prepare-sa-prochaine-sortie-avec-indie-up/ (entretien publié le 23 janvier 2020)

Raith et sa guitare acoustique se présente sur scène, d'abord pour une première partie, accompagné d'un choriste doté d'une caisse de percussion. Puis, pour une seconde partie, de prestation par un saxophoniste et un trompettiste. La sonorisation est confortable pour la configuration acoustique de la formation. L'éclairage est sobre mais toutefois suffisamment lumineux pour montrer ce qui se passe sur la scène.

Raith exprime avec sincérité et authenticité ses chansons aux sonorités chaleureuses folk et soul. Parfois francophone, parfois non. Les auditeurs peuvent cependant être touchés par le biais d'une voix au timbre émouvant. Son envie de communiquer des émotions complexes avec simplicité le rend attachant. D'autant plus lorsqu'il souligne sa reconnaissance pour Moonshine Blast qui l'a invité une nouvelle fois ! Il suggère à la part du public venu pour lui ce soir, de prêter attention à ce groupe qui l'a séduit. Malheureusement ceux-ci ne semblent pas assez curieux et respectueux pour capter quoi que ce soit au-delà de leur bulle, car ils n'auront pas cessé de la soirée de bavarder en tournant même le dos à la scène !! Je considère que Raith mérite un meilleur public que celui-là … Tant pis pour eux, leur brouhaha ne sera pas parvenu à couvrir le concert de MB.

Huit titres ont été interprétés :

PROGRAMME

  1. Tellement de si
  2. Si c'est flou
  3. From Nowhere
  4. Moi, je ris
  5. Summer Breeze
  6. Epiphénome
  7. How I love You
  8. Hey Ya.

MOONSHINE BLAST [21h20-23h00]
https://moonshineblast.bandcamp.com/album/reality-fear

Nous découvrons quatre musiciens sur la scène : Nicolas dit "Duke" (chant, claviers), Thomas Zecchinon (batterie, percussions), Jean-Baptiste David (basse) et Marius Marin (guitare / chœurs).

La sonorisation est parfaitement équilibrée, le son est profond mais sans puissance excessive, juste ce qui faut pour entrainer un auditoire qui se laisse volontiers bercer. L'éclairage nous a semblé aux couleurs bien dosées, lumineux et bien positionné (même si Duke se plaint de ne pas discerner le public en raison du faisceau éblouissant) permet aux chasseurs d'images ainsi qu'au public de percevoir les émotions et la concentration des musiciens. La batterie est placée au fond sur notre droite. Le pupitre du guitariste à notre gauche, celui du bassiste à notre droite. Le clavier de Duke est au centre mais légèrement en retrait, ce qui lui permet de passer devant pour mieux s'exprimer au chant.

Très rapidement l'auditoire ne peut qu'être happé par le charisme de Duke, charisme qui n'est pas sans rappeler celui d'un certain H. Sa gestuelle, son éloquence, son gout pour la comédie allant jusqu'à se munir d'un masque à gaz ou se draper. Son attrait pour le clavier comme pour le micro. On ressent l'artiste impliqué, investi et motivé pour convaincre son auditoire. Il surveille tout, jusqu'à poser la main sur le manche de son guitariste pour lui indiquer un accord attendu !

Thomas est un homme heureux. Son sourire transparait de son coin obscur. Sa frappe entraine efficacement ses complices ainsi que le public. Il a la redoutable responsabilité de lancer les séquenceurs et s'en acquitte bien en dépit des aléas techniques inhérents à cet exercice… Un ou deux incidents ne perturberont pas notre engouement. Comme l'a reconnu Duke, lui-même, à trop se confier à la technologie on prête le flanc à ce genre d'aléas. Je ne suis pas partisan (doux euphémisme) de l'usage de bandes-son, mais je dois reconnaitre que celles-ci n'étaient pas toutes superflues (je pense en particulier à celle pour "The Cell").

Quant au guitariste et au bassiste, j'ignore quel avenir leur est réservé dans le groupe, mais il est permis d'imaginer le travail accompli pour assurer ce concert. Ils s'en tirent ma foi honorablement, quelques accords et soli n'ont pas manqué de relever le plat à maintes reprises.

Ces talents conjugués ont permis de mettre en valeur ledit opus qui se veut aux confins du rock alternatif et du poprock ; l'auditeur aura perçu l'univers alternativement aérien, éthéré, envoutant et puissant.

Le public, à la moyenne d'âge très jeune, est enthousiaste et bruyant pour montrer sa satisfaction et soutenir ces brillants prétendants à un avenir radieux.


Les deux albums ont été représentés par treize titres ; huit issus des douze de "Realm Of Possibilities", et cinq des dix de "Reality Fear". En abordant le concert avec le dyptique "Realm Of Possibilities", puis "Strangled", l'auditoire s'est trouvé vite embarqué dans un tourbillon enivrant et d'autant plus réconfortant que toutes les chansons sont interprétées brillamment. La conclusion, avec un "The Cell" construit sur un exaltant et audacieux crescendo electro-prog d'une quinzaine de minutes, a achevé le sentiment d'avoir vécu une excellente soirée !

PROGRAMME

  1. Realm of Possibilities (Realm Of Possibilities, 2024)
  2. Strangled (Realm Of Possibilities, 2024)
  3. The Gate of Dawn (Reality Fear, 2018)
  4. Only you (Realm Of Possibilities, 2024)
  5. Mars (Reality Fear, 2018)
  6. Leaving the way Home (Reality Fear, 2018)
  7. Fractal (Realm Of Possibilities, 2024)
  8. Under. Control. (Realm Of Possibilities, 2024)
  9. Earthquake (Reality Fear, 2018)
  10. Burning out (Reality Fear, 2018)
  11. Liquid feels II (Realm Of Possibilities, 2024)
  12. Broken Arrow (Realm Of Possibilities, 2024).

RAPPEL :

  1. The Cell (Realm Of Possibilities, 2024).

Pour récompenser tant d'efforts efficaces, il eût été amplement mérité de pouvoir nous procurer le CD de l'album dûment promu. Hélas un souci de pressage ne nous permettra pas d'en disposer dès ce soir ; nous devrons nous contenter encore quelques semaines de sa copie. Au final, voilà une excellente soirée qui me sera revenu à 15€, soit un rapport qualité-prix bien supérieur à celui d'un de ces méga concerts dont les organisateurs se rassasient !


jeudi 6 février 2025

DEWOLFF + Tal Rasha – Le Trabendo (Paris 19) – le jeudi 6 février 2025.

 

C'est le 14 septembre 2019, lors du festival RAISMESFEST, que j'ai reçu la déflagration d'autant plus saisissante que j'ignorais tout de DeWOLFF. Ce trio assurait la promotion pour son septième album, "Thrust", paru le 4 mai 2018. Totalement subjugué par ces bataves, je m'étais juré depuis de les revoir en concert ; l'occasion m'en est enfin donnée ce soir.

J'ai cependant tardé jusque la veille pour me procurer le Sésame car le calendrier hivernal me paraissait un peu chargé. Une écoute de rappel de mes deux CD m'a rafraichi la mémoire et recadré le cerveau ! Mais je ne regretterai pas ma décision, ce concert fut en effet immanquable !!

Ouverture des portes 19:00

Avec mon fils, nous parvenons sans difficulté à nous placer en deuxième rangée au bord de la scène. La salle se remplira ensuite ; ce n'est pas complet, mais l'affluence est rassurante.

TAL RASHA [19h45-20h30].

BREF RAPPEL DE BIO : TAL RASHA est un quatuor international, basé dans le Nord de la France. Marty Zissel décide de fonder Tal Rasha en 2023 en rassemblant Baptiste-Gautier Lorenzo, qui est ami depuis plusieurs années avec Marty Zissel et Ben Geiser. Marty contacte alors son ami de longue date, Joshua Cook chanteur originaire de la Nouvelle-Orléans. Après un an d'existence et des concerts effectués dans plusieurs coins de la France et de la Suisse, Tal Rasha a su conquérir le public qui a croisé leur route.

Un premier mini-album, de cinq titres originaux, intitulé "Tal Rasha" est paru le 29 novembre 2024.

Le quatuor se compose donc actuellement de Joshua Cook (chant), Marty Zissel (guitare), Ben Geiser (basse) et un batteur (temporaire semble-t-il).

J'ai assisté un peu par hasard, le dimanche 1er décembre 2024 sur la Péniche Antipode – Abricadabra, à leur concert promotionnel pour la parution de leur premier album. A la base j'allais seulement assister au concert de RED CLOUD (ici).

Le son est bien équilibré et permet de percevoir les subtilités de chaque pupitre. L'éclairage est satisfaisant, les tons colorés sont suffisamment clairs pour distinguer correctement les échanges entre les musiciens. La scène n'est encombrée que par la batterie installée pour la seconde partie de soirée, ce qui laisse un bel espace d'expression.

Je retrouve les influences évidentes tirées des années 70, dans la veine des styles hard rock, et blues, que l'on peut écouter chez Aerosmith, Cactus et Led Zeppelin pour ne citer qu'eux. De nos jours, on retrouve cet univers avec Rival Sons. Ce rock classique mais efficace met en évidence le chanteur et le guitariste, même si le tout est soutenu par une base rythmique puissante et entrainante.

La palme du charisme est détenue par Joshua dont le chant expressif, éraillé ainsi que l'allure, sont dignes de ladite époque ! On est plus que proche du timbre de Rusty Day que de la tessiture de Steven Tyler.

Le jeu et l'apparence de Marty contribue fortement à rappeler les sonorités 70's. Son apparence, ses soli et accords de guitare, me rappellent souvent, de près ou de loin, des personnages illustres dont il s'est inspiré très probablement tels que Richie Blackmore, Joe Perry ou Jimmy Page.

Ce concert confirme ma première impression de décembre ; ce groupe a de quoi prétendre à perdurer.

L'auditoire se laisse emporter dès le début de cette prestation, ce qui ravit et rassure le jeune groupe. Nous aurons ainsi tous passé une première partie de soirée agréable et de nature à chauffer les corps et les esprits comme il se doit !

Huit titres ont été interprétés :

PROGRAMME

  1. Gypsy Eyes Take Me There
  2. Cactus Honey
  3. All (For You)
  4. Sorrow Creeping In
  5. No One Sees But Nola And Me
  6. Hands Of Time
  7. Nothing But Trouble
  8. Train kept a Rollin (reprise d'Aerosmith).

 

DeWOLFF [20h50-22h25]
https://dewolff.nu/#/home et https://dewolff.bandcamp.com/

BREF RAPPEL DE BIO : Le trio influencé par le rock psychédélique, rock 'n' soul des années 70, a été fondé à Geleen dans le sud profond des Pays-Bas, dans la province du Limbourg en 2007. Alors qu'ils étaient adolescents, Pablo van de Poel et Luka van de Poel ainsi que Robin Piso, se sont fait une place en tant qu'aventuriers insouciants, prolifiques en studio et habitués à prendre la route. Pablo déclare : "Cela ressemble à une histoire fantastique ! Il y a 17 ans, mon esprit n'aurait jamais osé aller là-bas pour penser à toutes les choses que nous avons faites et à tous les endroits que nous avons vus."

Le dixième album "Muscle Shoals" est paru le 6 décembre 2024, enregistré dans les légendaires FAME Studios et Muscle Shoals Sound Studios, en Alabama, via Mascot Records. Pour l'anecdote soulignons que, leur inspiration aura été confortée en jouant dans les Studios F.A.M.E. (Florence Alabama Music Enterprises), où sont passés notamment Aretha Franklin et Wilson Pickett. Puis en jouant à un peu plus de trois kilomètres de là, où se trouvent les Muscle Shoals Sound Studios, qui ont vu passer notamment Cher, les Rolling Stones, Lynyrd Skynyrd, Bob Dylan. Très fier de cette aventure, Pablo ne manquera pas de le rappeler ce soir !

Le trio se présente parfois avec d'autres musiciens sur scène tels que des choristes et/ou des cuivres, mais ce soir nous retrouvons de Pablo van de Poel (34 ans, guitare/ chant), son frère Luka van de Poel (31ans, batterie/ chant), et Robin Piso (34 ans, Hammond/Wurlitzer, chant). Ils ont donc tous passé la trentaine en dépit de leur aspect juvénile.

L'orgue imposant et les claviers annexes sont installés pendant l'entracte.

Une courte bande sonore fait patienter quelques instants le public plongé dans l'obscurité. Les ombres trahissent l'arrivée des musiciens, qui sont acclamés à la hauteur du niveau d'attente de l'auditoire ! Ceux-ci ne tardent pas à faire rugir les amplificateurs. Le son me parait bien équilibré, puissant mais pas assourdissant ; il permet de percevoir les subtilités de chaque pupitre, avec d'autant plus de limpidité qu'il n'y a pas d'autre son de basse, que celui exprimé par le clavier ! C'est une des particularités du groupe. L'éclairage est chaud et diversifié, les couleurs n'altèrent pas la visibilité des musiciens. La scène est bien entendue accaparée par le seul guitariste, le bouillonnant et hyperactif Pablo, qui ne qui ne cessera jamais de remuer. Il dispose de deux micro de chaque côté de la scène ; il le décrochera souvent de sa main gauche tout en continuant à jouer de la main droite.

Leur expédition américaine ne les a pourtant pas fondamentalement changés ; DeWolff sonne toujours comme DeWolff ! Ils sont parvenus à distinguer leur style, entretenu au carrefour du blues, de la soul, du psychédélique et du rock sudiste. Je retrouve sans surprise mes émotions perçues au RAISMESFEST en 2019 ; les trois artistes disposent d'un charisme attrayant et entrainant, ils maitrisent parfaitement les éléments essentiels à un bon concert dans le genre.

Pablo est particulièrement doué pour attiser l'admiration du public, et pas seulement par son réel talent de guitariste chanteur. Il alterne ou superpose les deux pupitres avec conviction et talent. Mais il se charge au passage d'haranguer sans cesse son public. Fait inhabituel, il distribue un t-shirt, une casquette, un jeu de cartes personnalisé (dont les cartes à figures sont à l'image du trio !)… Il n'hésite pas à descendre en fosse pour fendre le public en profondeur, il s'assoit sur le bord de la scène pour chanter nez à nez, ou pour jouer ses accords au plus près des auditeurs ébahis. Le personnage est tactile et spontané à l'égard des auditeurs du premier rang, n'hésitant pas par exemple à poser sa main sur les crânes ou à partager un verre de bière ! Etonnant de la part d'un Batave, j'aurais davantage imaginé cela de la part d'un italien par exemple ! Mais c'est tellement rassurant et rafraichissant sur la nature humaine, par les temps qui courent…

Bref, pour ne pas être impliqué dans ce tourbillon, il aurait fallu être très accablé par ses soucis !

Les deux autres artistes participent par séquences aux chants, ce qui accentue le sentiment de cohésion du groupe, ce qui est d'ailleurs illustré à maintes reprises par les sourires complices. On sent que ces gars-là s'éclatent sur scène comme à leurs débuts, c'est agréable à voir et à entendre. Je n'ai pas observé de privilège relationnel entre les deux frères ; ces deux-là sont de fait connectés. En revanche, Pablo se rapproche souvent de Robin comme pour communier encore plus intensément sur leurs accords. C'est un régal d'en entendre les sons ainsi exprimés ! De larges plages d'expression sont accordées à Robin qui ne se prive pas de nous faire vibrer aux sons bluesy de son Hammond. Il fait vivre son instrument, le bouscule parfois, se dresse devant lui. Par moment on perçoit assez logiquement des sonorités "purpliennes". Quant à Luka, son omniprésente frappe délicate ou percutante selon les thèmes est évidemment remarquable.

Les mines réjouies dans le public font plaisir à voir et à partager, les ovations sont bruyantes et éloquentes.

Quatre albums ont été présentés, avec huit titres (neuf si on distingue les deux titres mêlés au final). Dont quatre issus de "Muscle Shoals" et trois issus de "Love, Death & In Between". Autant de titres que la prestation du 1er février en Belgique mais beaucoup moins que celles pour le parties néerlandaise de la tournée…

PROGRAMME

  1. Night Train (Love, Death & In Between, 2023)
  2. In Love (Muscle Shoals, 2024)
  3. Natural Woman (Muscle Shoals, 2024)
  4. Will o' the Wisp (Love, Death & In Between, 2023)
  5. Out on the town (Muscle Shoals, 2024)
  6. Snowbird (Muscle Shoals, 2024)
  7. Rosita (Love, Death & In Between, 2023)

RAPPEL :

  1. Nothing's Changing / Freeway Flight (Tascam Tapes; 2020, Thrust, 2018).

 


Cette fois, je suis sage, certes aux dépends des artistes, je ne céderai à aucun achat. Le t-shirt était pourtant attrayant (30€), et les deux derniers albums en cd attirants mais bon.

C'est la onzième fois (depuis 2003) que le Trabendo me permet de voyager ! La dernière fois c'était pour des émotions similaires, avec un groupe de rock sudiste, Robert Jon. J'aime beaucoup cet auditorium, surtout pour son acoustique, mais aussi pour son cadre.