dimanche 1 décembre 2024

TAL RASHA + RED CLOUD – la Péniche Antipode (Paris 19e) – le dimanche 1er décembre 2024.

https://www.penicheantipode.fr/  :  La péniche est née le 10 avril 1942, aux chantiers Boom en Belgique. Pendant près de 60 ans, elle transporte du fret en tous genres sur tous les canaux d'Europe. Désormais amarrée face au 55, quai de la Seine, dans le 19ème arrondissement de Paris, elle offre une capacité d'accueil de 60 à 100 spectateurs, en fonction de la configuration, pour accueillir des spectacles en tous genres, sous la houlette de la Compagnie Abricadabra. J'étais déjà venu ici, le 28 avril 2022, pour assister à un concert d'Anaïd.

En dépit d'un calendrier surchargé, j'ai tenu à venir écouter RED CLOUD ; le groupe m'intéresse depuis quelques mois et le prix de l'entrée est modeste (8 €). Un p'tit concert à taille humaine, ça fait du bien aussi ! La soirée rassemble ainsi environ une cinquantaine de mélomanes, dont mon fils ainé avec lequel nous trinquons une bonne IPA artisanale.

RED CLOUD [20h30-21h20]. https://www.redcloudtheband.com/ et https://redcloud.bandcamp.com/album/red-cloud 

BIOGRAPHIE OFFICIELLE : "RED CLOUD est un groupe de "Heavy Rock’N’Roll" formé en 2020 à Paris. Parmi les influences assumées, on peut entendre DeWolff, Monster Truck ou Rival Sons. RED CLOUD propose un Rock à base de riffs incisifs teintés de blues et de chansons taillées pour la scène, le tout au service du chant puissant de Roxane Sigre, dont les variations évoquent les plus belles heures de Janis Joplin ou Grace Slick. Toutefois, si leurs inspirations vintage sont pleinement assumées, le quintet garde les pieds bien ancrés dans le présent, refusant de tomber dans le passéisme et veille à garder un regard moderne dans les sonorités et les thèmes abordés dans leurs chansons.

RED CLOUD a repris la route à l’été 2023, avec une nouvelle formation, trouvant en chemin une nouvelle identité plus rock, un son plus brut et livrant partout où il passe des concerts à haute intensité."

Un premier album éponyme est paru le 17 mars 2023.

En 2024, RED CLOUD ils se sont lancés le défi fou d'éditer une vidéo promotionnelle tous les mois ; un nouveau monoplage tous les mois, soit huit titres en huit mois !

Le groupe est composé de Roxane Sigré (Chant), Rémi Bottriaux (guitare), Maxime Mestres (basse, chœur), et Mano Cornet-Maltet (batterie). Laura Luiz (Orgue) a quitté l'aventure ; elle a été remplacée par Amy Prada (guitare, chœur, depuis le 28 juillet 2023).

Leur dernier concert de l'année se tient ainsi ce soir, profitant de l'invitation d'un autre groupe français.

L'acoustique de ce petit espace est correcte, et la sonorisation m'a semblé bien équilibrée. L'éclairage est assez limité bien sûr mais cependant suffisant pour créer de belles atmosphères pour une scène par essence un peu exiguë. Le bassiste est enclavé juste derrière la guitariste.



Je m'étais familiarisé avec leur musique en écoutant leur album, dont les sonorités me rappelaient celles RIVAL SONS et BLUES PILLS, notamment avec le son d'un orgue. Cette fois, une seconde guitare remplace l'orgue, ce qui rend l'ensemble plus brut et énergique. Leur musique m'a davantage rappelé celle de GIRLSCHOOL que celles de leurs influences affichées. Les interventions de Remi et Amy aux guitares animent la fougue et la vivacité de composition mordantes. Le chant clair et parfois déchiré de Roxane est indéniablement un marqueur fort du groupe. Maxime et Mano sont frustrés d'espace mais se vengent par une solide présence rythmique. Je ne suis donc pas déçu de la prestation, sauf peut-être par sa durée…

Le public est ravi et ovationne (h)ardemment le quintuor.

En cinquante minutes, RED CLOUD a joué neuf titres, dont quatre issus de leur premier album.

PROGRAMME

  1. Velvet Trap (Red Cloud, 2023)
  2. Naked Under My Breath
  3. The Pact
  4. Swallow Me (Red Cloud, 2023)
  5. Survivor
  6. Black Sunlight
  7. Hey Sugar! (Red Cloud, 2023)
  8. Skeleton Jigsaw (Red Cloud, 2023)
  9. Werewolf.

 

TAL RASHA [21h40-22h30]
https://www.mazik.info/2024/11/02/tal-rasha-le-nouveau-souffle-du-rock-hexagonal/

TAL RASHA est un quatuor de talents internationaux, basé dans le Nord de la France, composé de quatre musiciens aguerris. Marty Zissel décide de fonder Tal Rasha en 2023 en rassemblant quelques-uns de ses meilleurs amis et musiciens. Baptiste-Gautier Lorenzo, qui est ami depuis plusieurs années avec Marty Zissel et Ben Geiser, est le premier à rejoindre l’aventure Tal Rasha. Marty contacte son ami de longue date, Joshua Cook chanteur originaire de la Nouvelle-Orléans.

Partageant des influences communes telles que le blues, la folk, le hard rock et le progressif, le groupe exerce à la fois un son authentique et des performances live aiguisées promettant un voyage électrique dans le territoire du rock classique. Après un an d'existence et des concerts effectués dans plusieurs coins de la France et de la Suisse, Tal Rasha a su conquérir le public qui a croisé leur route.

Un premier mini-album, de cinq titres originaux, intitulé "Tal Rasha" est paru le 29 novembre 2024. Le concert de ce soir est à leur initiative afin de promouvoir cette parution.

Le quatuor se compose donc de Joshua Cook (chant), Marty Zissel (guitare), Ben Geiser (basse) et Baptiste Gautier Lorenzo (batterie, ex- Fange).

La sonorisation m'a semblé équilibrée, même si le guitariste réclamait des améliorations.


Méconnaissant totalement le groupe, je parviens pourtant assez rapidement à m'immerger dans leur univers dans lequel je perçois des influences sympathiques telles qu'AEROSMITH, CACTUS et RIVAL SONS. J'ai beaucoup apprécié le jeu de Marty qui contribue fortement à rappeler sonorités 70's. La palme du charisme revient à Joshua avec un chant expressif ainsi qu'une allure dignes de ladite époque ! Le tout est soutenu par une base rythmique puissante et entrainante. C'est franchement une belle découverte, pour moi !

L'auditoire est manifestement enthousiaste. Le groupe se retire trop vite, avant de revenir pour une reprise efficace d'un titre d'Aerosmith.

PROGRAMME
(à déterminer)
RAPPEL :
(une reprise d'Aerosmith)

Voilà une soirée bien agréable, au rapport qualité/prix exceptionnel. Réjouissante et rock'n'roll à souhait. Si on aurait apprécié que deux programmes soient plus longs, d'un autre côté j'étais bien content de ne pas rentrer trop tard ; une heure de transports en communs, avant une courte nuit et le boulot ensuite…

samedi 23 novembre 2024

DREAM THEATER – Adidas Arena (Paris 18) – le samedi 23 novembre 2024.

Cette soirée nous donne l'occasion d'assister à notre premier concert au sein de l’Arène de la Porte de la Chapelle, située dans le 18ème arrondissement de Paris. Elle a été intitulée au nom de son parraineur commanditaire ; Adidas Arena. C'est une salle polyvalente et modulable, inaugurée le 11 février 2024. Elle a été construite dans la perspective des Jeux olympiques d'été de 2024. La salle a une jauge de 8 000 places assises pour les événements sportifs et de 8 500 places pour les concerts-spectacles ; il n'est cependant pas précisé comment est évalué la capacité de la fosse, selon la configuration assise ou debout...

Hormis cette "première", la principale motivation pour cette participation, c'est le retour de DREAM THEATER avec son batteur cofondateur, Mike PORTNOY, après quatorze années (certains ont compté 5 177 jours) d'absence ! En attendant la parution d'un futur album, en cours de finitions, le quintuor s'est lancé sans attendre dans une tournée commémorant ses quarante années d'existence. De surcroit, parmi les nombreuses dates de cette longue tournée internationale, celle de Paris aurait été choisie pour enregistrer le film du concert qui ferait donc l'objet d'un bluray. Des séquences du premier concert de la formation réunie à Londres ont toutefois été filmées et serviront probablement de bonus.

Nous nous sommes abstenus de rentrer dans la logique inflationniste du cout des tickets de concert lorsque, dès le 17 avril dernier, nous avions réservés nos tickets modestement en catégorie 2 (85 €). Nous prenons ainsi places en balcon S, rang 86. Le confort de vue est correct, en dépit de la scène fatalement lointaine. Le site est encore neuf et beau, mais c'est une arène sportive avant tout ; certainement pas un auditorium…

Quoi qu'il en soit, peu à peu la salle se remplit quasi totalement ; ce qui me rassure, car cette date était la seule de la tournée à ne pas afficher complet. Pour parfaire ma soirée au Théâtre de Rêve, je suis accompagné de mes deux crapules et de ma P'tite Fée ; que demander d'autre ? Rien, sinon écouter, regarder, se divertir et jouir du temps présent. Carpe Diem !

BREF HISTORIQUE https://dreamtheater.net/  John Petrucci et John Myung ont grandi ensemble à Long Island, New York. Après le lycée, tous deux ont reçu des bourses d'études à la prestigieuse Berklee University of Music, à Boston (Massachusetts/USA). Ce sont les deux seuls membres constants du groupe qui allait se former. A Berklee, ils ont rencontré Mike Portnoy. Tous trois, passionnément admiratifs de la sophistication de YES, de la virtuosité de RUSH et la puissance d'IRON MAIDEN, se sont rapidement liés d'une réelle amitié, ils ont alors abandonné leurs études pour se concentrer sur l'objectif de créer leur propre musique. Ils s'engagent ainsi dans une constante recherche d'un son à la fois complexe, puissant et progressif. Il restait à recruter les complices ; ainsi a été fondé MAJESTY en 1985. Les claviéristes et les chanteurs se succéderont avant d'établir une certaine stabilité depuis vingt-cinq ans ; mais le trio historique demeurera le cœur de la machine !

Toutefois, juste avant la parution du premier album "When Dream and Day Unite", le nom MAJESTY doit être remplacé, sous la menace d'une action judiciaire d'un autre groupe ayant le même nom. Ils choisissent alors de s'appeler DREAM THEATER.

En octobre 1991, avant de débuter l'enregistrement d'un deuxième disque, "Images and Words", DREAM THEATER embauche le canadien Kevin LaBrie, (un ex-chanteur du groupe glam rock Winter Rose). Le quintuor comporte déjà deux John et un Kevin ; LaBrie change son nom en James, qui est son 2ième prénom. Le groupe rejoint le label Atco Records, dirigé par Derek Shulman, un ancien membre du légendaire groupe de rock progressif GENTLE GIANT.

L'Histoire débute là, le talent de ces artistes se révèle enfin.

Mike Portnoy est resté jusqu'en 2010, après avoir contribué à dix albums pendant les vingt premières années. Le reste du groupe ne souhaitant pas faire une pause, Mike a décidé de partir poursuivre d'autres projets musicaux notamment avec SONS OF APOLLO, TRANSATLANTIC, FLYING COLORS, SHATTERED FORTRESS, et THE WINERY DOGS. Il est alors remplacé par Mike Mangini. Après d'excellents et loyaux services, en octobre 2023 celui-ci rend les baguettes à Mike Portnoy, qui ne cachait plus son envie retrouver son groupe de cœur.

La parution du seizième album studio, intitulé "Parasomnia" est prévue le 7 février 2025. Il s'agit donc moins de promouvoir un nouvel album, que de fêter dignement le 40ième anniversaire du groupe, qui de surcroit est couronné par le retour du batteur prodigue, Mike Portnoy ! Ce concert se tient donc dans le cadre d'une tournée européenne comprenant vingt-trois escales, qui a débuté le 20 octobre à Londres et aboutira au 24 novembre à Amsterdam, après quoi ils s'envoleront vers les Amériques. Il s'agit plus globalement d'une longue tournée internationale intitulée "40th Anniversary Tour 2024-2025" qui est prévue à ce jour jusqu'au 27 juillet 2025, à Istanbul.

Le quintet est actuellement composé de John Petrucci (guitares, chœurs, depuis 1985), et John Myung (basse, depuis 1985), de Mike Portnoy (batteur de 1985 à 2010, et depuis 2023), de James LaBrie (chant, depuis 1991), et Jordan Rudess (claviers, lap steel guitar, continuum, depuis 1999).

Je ne revois ce soir DREAM THEATER que pour la quinzième fois, depuis ce 7 avril 2000 où je les découvrais à l'occasion de leur prestigieuse et mémorable tournée "Scenes from a Memory". Auparavant, je m'obstinais à les ignorer, au bénéfice du groupe brésilien ANGRA que je préférais à l'époque, notamment en raison d'Andre Matos, son chanteur de 1991 à 1998, dont la tessiture, le timbre et le charisme étaient tout simplement exceptionnels. Paix à son âme. La dislocation d'ANGRA, ainsi que le conseil insistant d'un ami, m'ont incité à me tourner avec bonheur vers DREAM THEATER… Je n'ai pas eu le sentiment d'y perdre, car à défaut de retrouver un chanteur d'exception, je découvrais des musiciens extraordinaires sortis de conservatoire ! (pour l'anecdote, c'est par ce biais que je découvrais aussi PORCUPINE TREE !).

LE CONCERT [20h00/21h15 - 21h40/23h15] Avec ponctualité, la lumière s'éteint et l'auditoire est plongé dans l'angoisse qu'évoque la bande son de Bernard Herrmann, tirée du film d'Alfred Hitchcock "Psychose" (1960). La pénombre est alors percée par l'éclairage ciblant le tableau qui illustre l'affiche de la tournée, les lettres de DREAM THEATER brillent comme des décharges électriques. Le tissu tombe pour laisse paraitre les musiciens qui débutent "Metropolis Pt. 1: The Miracle and the Sleeper" issu de l’album "Images and Words" (1992).

En dépit de l'excitation, je tente de maitriser mes émotions pour bien capter et analyser ces premiers instants. Le son de chaque pupitre me parait limpide mais puissant ; dans cette arène sportive la musique résonne et cela devient assez pénible pour m'imposer les protections auditives. L'éclairage est particulièrement lumineux ; c'est un pur bonheur ! Le fond est constitué d'un écran articulé en trois volets verticaux. La batterie de Mike Portnoy trône en surplomb au centre. Je remarque bien évidemment son évidente envie d'en découdre. Sur sa droite, légèrement en contrebas, sont positionnés les claviers de Jordan Rudess. Sur la scène on voit à notre gauche John Myung et à droite John Petrucci. Le chanteur James LaBrie rejoint la formation, une fois que la phase instrumentale introductive se termine.

Je passe rapidement sur le contenu du programme qui évoque astucieusement les quatre décennies. Inutile de chipoter sur les choix de titres qui seront toujours de nature à discuter inutilement. Le temps imparti nous a permis de nous réjouir des extraits de neuf albums sur seize, et tant pis pour les oubliés. L'essentiel est que les esprits s'évadent et se réjouissent ! Disons quand même que la fin de l'acte II fut une apothéose étourdissante avec deux purs chefs d'œuvre du rock progressif : l'instrumental "Stream of Consciousness" (déjà énormissime), suivi de "Octavarium" (que j'affectionne tout particulièrement). Ces morceaux sont bourrés d'alternances mélodiques, de ruptures rythmiques, d'harmonies oniriques, d'interventions individuelles et/ou collectives virtuoses ; bref, tout ce que j'attends du rock progressif. Rien que pour écouter ces deux morceaux d'anthologie, pendant environ trois quarts d'heure, il fallait être présent (même dans une arène sportive) ! Ajoutons à ce délicieux tourbillon de sonorités hallucinantes quelques improvisations du meilleur goût, distillées au cours de la prestation, et vous pourriez imaginer un tant soit peu le bonheur vécu durant ce concert !

Le programme débutant par une évocation des années 90, la relative faiblesse du groupe actuel est apparue cruellement. Un petit bémol que je me dois honnêtement d'évoquer, pour que le reste de mon récit dithyrambique conserve sa crédibilité. Chacun, selon son centre d'intérêt, trouve sa part à admirer au sein de DREAM THEATER ; En ce qui me concerne, j'admire tout particulièrement les parties instrumentales qui me paraissent constamment d'une richesse harmonique et technique extraordinaire. Cependant, je peine souvent à relativiser les limites de James LaBrie qui, rappelons-le, ont pour origine une intoxication alimentaire (29 décembre 1994, lors de vacances à Cuba) dont ses cordes vocales ne semblent que partiellement remises. La tessiture et parfois même la justesse de sa voix en concert, pâtissent de la comparaison avec les enregistrements en studio, surtout sur des titres antérieur à l'accident. Il n'en demeure pas moins que son timbre est lié au son du groupe et j'imagine mal écouter un autre chanteur, finalement. Il est le légitime chanteur depuis 1991, d'un groupe qui a marqué une génération, la mienne. Certes victime de circonstances fatales pour un chanteur, j'estime qu'il mérite le respect malgré tout.

Cette gêne relative est heureusement surmontée par l'univers onirique que m'inspirent globalement ces musiciens.

S'agissant du reste du groupe, l'art est affaire de sensibilités et d'appréciations personnelles. Certains préfèrent l'ombre à la lumière, les cuivres aux cordes, le romantisme à la fureur … Pour mon bonheur, je parviens souvent à adapter mon écoute selon mes humeurs et surtout selon les talents observés. En tant que mélomane, je me régale autant des douces et suaves subtilités d'Andy Latimer et de David Gilmour, que des performances techniques de Joe Satriani et de John Petrucci ; tous expriment avec leur propre sensibilité des harmonies qui me touchent au plus profond de l'âme. Un artiste exprime son talent qu'il a forgé par un travail admirable et qu'il perfectionne au fil de son expérience. Je me refuse à opposer cette conception de la Musique à d'autres prétendument plus sensibles parce qu'épurées. Ce soir encore, devant tant de virtuosité, comment ne pas être sidéré par la capacité de John Petrucci à maitriser son répertoire à la fois si complexe et si mélodique !!? On ne vénère que son Dieu, mais je ne suis pourtant pas loin de le faire ici…

Idem pour John Myung dont la réserve légendaire le porte à s'effacer le plus possible. Et pourtant, ses accords de basse continuent à m'impressionner. Avec une dextérité remarquable sur ces cordes basses, il accompagne souvent la partition de Petrucci, ce qui est déjà remarquable, mais ses interventions en solo montrent une classe que mes oreilles perçoivent avec admiration !

La partition de Jordan Rudess s'inscrit dans ce maelström harmonique avec nuance et subtilité. Son exubérance naturelle n'est pas nuisible, car il démontre une totale maitrise du potentiel de ses claviers ; notamment avec le continuum dont les sonorités me rappellent parfois celles de la Léode. Lui et les deux John alternent les soli avec adresse et inspiration.

Quant à l'infatigable et prodigieux Mike Portnoy, je ne me lasse pas d'assister à ses prestations ! Toujours fougueux, énergique et motivé comme un débutant, ce véritable passionné adulescent et facétieux reste d'une efficacité hors du commun. Il sait adapter sa frappe à son environnement avec une aisance surprenante ; je l'ai vu à sept reprises au sein de DT, deux fois au sein de SOA, une fois au sein de SHATTERED FORTRESS, et une fois au sein de TRANSATLANTIC, dans tous les cas avec un sourire constant et plaisir sincère ! Je n'ai aucune difficulté à imaginer son bonheur de s'épanouir à nouveau dans son cadre initial.

Une somme de talents individuels qui m'impressionne au plus haut point ! Cette capacité à fusionner autant de potentiel pour produire une œuvre collective d'une telle densité m'émeut ! DREAM THEATER SONT DES DIEUX ET JE SUIS UN APOTRE ! amen.

Le public, sagement aligné par les travées de ce vaste enclos peu propice encore une fois à apprécier de la Musique de cette qualité, a contribué autant que faire se peut à animer l'ambiance compte tenu de l'annonce de l'enregistrement de la soirée. Le concert se termine avec un plaisir qui se trahit par les mines réjouies; y compris celle de mon fils cadet qui découvrait le groupe ce soir !

Le concert d'une durée de (près de) trois heures a déroulé un programme en deux actes distincts.

Parmi les dix-huit titres interprétés, quatre de "Scenes from a Memory" (1999), trois sont issus de "Images and Words" (1992), trois de "Train of Thought" (2003), deux de "Octavarium" (2005), un de "Awake" (1994), un de "Falling into Infinity" (1997), un de "Systematic Chaos" (2007), et un de "Parasomnia" (2025). Comme indiqué plus haut dans mon récit, neuf albums ont ainsi été sollicités, ainsi que la prochaine parution.

Par ailleurs, fait notable, Mike Portnoy a joué pour la première fois deux titres qui avaient été initialement enregistrés avec son remplaçant, Mike Mangini : un de "A Dramatic Turn of Events" (2011), un de "Distance Over Time" (2019).

PROGRAMME

Acte I

  1. Metropolis Pt. 1: The Miracle And The Sleeper (Images and Words, 1992)
  2. Act I: Scene Two: I. Overture 1928 (Scenes from a Memory, 1999)
  3. Act I: Scene Two: II. Strange Déjà Vu (Scenes from a Memory, 1999)
  4. The Mirror (Awake, 1994)
  5. Panic Attack (Octavarium, 2005)
  6. Barstool Warrior (Distance Over Time, 2019)
  7. Hollow Years (Falling into Infinity, 1997)
  8. Constant Motion (Systematic Chaos, 2007)
  9. As I Am (Train of Thought, 2003).

Acte II

  1. Night Terror (Parasomnia, 2025)
  2. This Is The Life (A Dramatic Turn of Events, 2011)
  3. Under A Glass Moon (Images and Words, 1992)
  4. Vacant (Train of Thought, 2003)
  5. Stream Of Consciousness (Train of Thought, 2003)
  6. Octavarium (Octavarium, 2005).

RAPPEL : Bande image et son, "There's No Place Like Home", tirée du film "'The Wizard of Oz' "

  1. Act II: Scene Six: Home (Scenes from a Memory, 1999)
  2. Act II: Scene Eight: The Spirit Carries On (Scenes from a Memory, 1999)
  3. Pull Me Under (Images and Words, 1992).

En conclusion, ce concert, aussi monumental soit-il, ne sera pourtant pas mon préféré avec ce groupe, car nous étions éloignés en balcon, dans une salle davantage prédisposée à faire résonner les acclamations pour une équipe de basket, qu'à savourer les subtilités de notre Musique. Je ne retiendrai donc pas le cadre mais la toile. De toutes façon, ne doutons pas que le film (qui paraitra dans un prochain bluray) gommera les aspects finalement secondaires pour laisser l'essentiel ; une Musique dense et riche exprimée par des Maîtres ès guitares, claviers et percussions !

Je m'abstiens de l'achat du t-shirt (pourtant joli) en raison de son prix (45 €) que je trouve excessif en dépit de sa qualité. En revanche, mon fils ainé ne s'en prive pas et ma P'tite fée se procure un bonnet estampillé du logo et des 40 ans du groupe !

Dans la fraicheur d'une fin d'automne, nous ne tardons pas à rejoindre nos chemins de retour. D'autant que ce nouveau site nous éloigne encore un peu plus que de coutume (…) de chez nous ; pas moins de soixante-quinze minutes de  transports en commun.

samedi 16 novembre 2024

ROBERT JON & The Wreck – Le Trabendo (Paris 19e) – le samedi 16 novembre 2024.

LE CONTEXTE. Depuis quelques années, le rock sudiste me semblait en voie d'extinction, au fil de la disparition de ses plus éminents représentants. Pourtant, le XXXIIIème Raismesfest m'a permis de découvrir ROBERT JON & The Wreck, dont la vitalité revigorante, m'a donné le sentiment de revoir quelqu'un que je croyais mort depuis belle lurette !

J'attendais donc avec impatience de les revoir dans un cadre plus intime, persuadé que cette Musique prend encore davantage son ampleur dans un endroit plus confiné ; Le Trabendo me parait à cet égard idéal !

Nous étions arrivés dans la file d'attente peu avant l'ouverture des portes, et pourtant nous nous plaçons sans difficulté dans les premiers rangs, positionnés au centre droit. La scène est basse mais, pour une fois que ma P'tite Fée ne subit pas la présence d'un géant, on bravera la grosse caisse et l'ampli de la basse, qui sont situés en face de nous, au fond de la scène…

FAT JEFF [19h30-20h00]
https://fatjeff.bandcamp.com/album/get-back-to-boogie
https://www.facebook.com/fatbluesjeff?locale=fr_FR

Inconnu de mon répertoire, Jeff Duschek vient du département du Doubs, dans la région de Franche-Comté dans laquelle il s'est montré au sein de Wootz, Blend Of Stones, et Café Noir. Depuis 2017, il est FAT JEFF, un seul homme, doté de ses guitares et d'une grosse caisse. Son univers baigne délibérément dans les profondes racines du blues. Il a séduit de nombreux bars, de nombreuses salles, lors des concerts donnés en France, en Belgique ou encore au Luxembourg. Un premier album "Tales From The Road" est paru le 1 septembre 2018, suivi d'un deuxième, intitulé "Feelin' Wood" le 10 septembre 2020.

Son troisième album "Get Back to Boogie" est paru le 3 avril 2023. Alors qu'il est par ailleurs engagé pour accompagner STEVE'N'SEAGULLS durant trois dates, il vient d'apprendre ce 10 novembre qu'il est invité à assurer la présente première partie de soirée. C'est sa première prestation à Paris.

La sonorisation, parfaitement équilibrée pour les deux seuls instruments, lui a permis d'exprimer toute l'énergie et l'émotion qui se dégagent de ses compositions. Dans l'espace réduit qui lui était concédé, l'éclairage sobre mais efficace, nous a permis de distinguer correctement le personnage, et ses guitares parfois atypiques. Il débute sa prestation avec une "cigar box guitar" estampillée FAT JEFF, dont les sonorités placent l'imaginaire de l'auditeur dans les contrées américaines du Sud profond, en écoutant un blues, martelé par les coups de grosse caisse qu'il actionne nerveusement. Puis il utilise une guitare plus classique, avant de nous en présenter une autre, bidouillée avec deux jantes de roues d'une vieille Peugeot ! Le son de cette guitare résonne un peu comme celui  d'une Dobro. Et ma foi, le tout nous procure de bien belles sensations.

Franchement, nous avons beaucoup aimé cette prestation aussi étonnante qu'inattendue. Ce musicien exprime un authentique blues avec toute la sensibilité requise. Sa sincérité et sa joie manifeste de jouer sur cette scène nous le rend attachant. Pour clore la prestation, Jeff parvient sans difficulté à faire chanter le refrain "Goin' To The Radio" par le public.

Le public ovationne l'audacieux bluesman, dans le cadre de remerciements mutuels et sincères. Nous avons passé un moment bien agréable avec vous, merci monsieur.

Parmi six titres, quatre sont issus de "Get Back to Boogie" et deux de "Feelin' Wood".

PROGRAMME

  1. Clock Mornin’ (Get Back to Boogie, 2023)
  2. Cookie Box (Get Back to Boogie, 2023)
  3. Tarred and Feathered (Get Back to Boogie, 2023)
  4. I’m A Gipsy (Get Back to Boogie, 2023)
  5. Rust, Coffee and Cigarettes (Feelin' Wood, 2020)
  6. I’m Goin’ to the Radio (Feelin' Wood, 2020).

 

ROBERT JON & The Wreck [20h30-22h05]
https://robertjonandthewreck.com/

Ce quintuor américain de blues rock et de rock sudiste a été fondé en février 2011, non pas en Alabama, mais dans le comté d'Orange, en Californie, aux États-Unis. Un premier album autoproduit, intitulé "Fire Started" est paru le 2 Septembre 2011. Très vite, avec soixante dates à travers les Etats-Unis, leurs prestations sont remarquées. Tant et si bien que leur calendrier s'étoffe des tournées, ponctuées de dates en studio.

Avec un peu plus de perspicacités et d'opportunisme, j'aurais pu/dû les repérer plus tôt ; le groupe a ainsi joué dès le 8 avril 2015, au The Blue Devils, à Arras (un site fermé, depuis) ! Plus récemment, le 21 mai 2022 à Bully-les-Mines, puis à l'Empreinte le 30 juin 2022, puis le 5 février 2023 à la Maroquinerie. Mais j'aurai attendu ce 10 septembre 2023 pour découvrir ces américains, lors du Festival Raismesfest (ici), parmi un public abasourdi, sidéré par autant de talent !

Dans la continuité d'une abondante production, un neuvième album studio, intitulé "Red Moon Rising" est paru le 28 juin 2024. Réjouissons-nous de cette unique date française, puisqu'elle s'inscrit dans une tournée européenne débutée ce 30 octobre, et qui comprend dix dates en Allemagne et quatre aux Pays-Bas !... "pauvre, pôôoovre france" ?!

Nous retrouvons donc Robert Jon Burrison (chant, guitare), entouré d'Andrew Espantman (batterie, chœurs depuis 2011), Henry-James Schneekluth (guitare solo, chant, depuis 2017), Warren Murrel (basse, depuis 2017), et Jake Abernathie (claviers, depuis le 16 avril 2023).

L'éclairage m'a semblé satisfaisant, compte tenu de l'espace modeste dont le quintuor peut disposer. La sonorisation, après quelques petites minutes pour atteindre l'équilibre requis, a permis d'entendre distinctement les pupitres et en particulier, les sublimes soli de Henry-James.

D'entrée, l'exaltant "Hold On" nous plonge immédiatement dans l'univers du rock sudiste le plus étourdissant ! Les duos de guitares, ou de guitare et clavier, endiablés par une percutante base de basse/batterie, le chant et les chœurs américains, tout cela me permet de retrouver enfin mes sensations vécues lors des concerts de BLACKFOOT, MOLLY HATCHET, LYNYRD SKYNYRD. J'adooooooooore !

Robert Jon Burrison est manifestement le maître à bord, et pourtant il se place en retrait dès que l'un de ses musiciens s'exprime. Le regard obscurci par l'ombre de son chapeau de cow-boy, les traits de visage masqués par une barbe hirsute, il est concentré sur son chant, son jeu de guitare et celui de ses complices. Il apprécie de se frotter alternativement, comme par défi musical, à son bassiste et/ou à son guitariste. Il n'arborera ses sourires qu'une fois passée la première heure de concert, lorsqu'il aura estimé que le boulot est garanti, le public est emballé.

Les accords de basse de Warren Murrel sont intensément rythmés et finement tricotés. Il est manifestement heureux, épanoui, à voir son large sourire émaillé pendant la majeure partie du concert.

Jake Abernathie, intégré au groupe depuis dix-huit mois, apporte un indéniable surcroit de talent à ce groupe ; il agrémente excellemment les harmonies avec des accords d'une folie rock'n'roll aux claviers. Son duo avec le guitariste durant le rappel est le point d'orgue de son éminent rôle. Avec son apparence assumée de cowboy, le chapeau vissé sur une belle blonde crinière ondulée, il contribue aussi aux chœurs pour faire voyager nos esprits dans les vastes étendues d'Outre-Atlantique.

Le plus souvent dans l'ombre du fond de scène, Andrew Espantman n'en demeure pas moins bien sûr un des éléments moteur des rythmes effrénés ; sa frappe redoutable n'a laissé que bien peu de répit à nos nuques et nos jambes ! Il est le plus ancien membre avec Robert Jon, et en dépit de tournées répétitives, nous avons pourtant remarqué sa joie de jouer et de chanter les chœurs avec envie. Par exemple, son insistance à photographier et filmer ses complices et leur succès est d'une fraicheur réjouissante et communicative ! En voilà un autre qui ne semble pas se lasser de son statut de saltimbanque !

Bref, chacun contribue à perpétuer le style avec entrain et efficacité ! J'aborde délibérément à part le cas du guitariste Henry-James Schneekluth qui constitue une véritable pépite, que Robert a une chance inouïe d'avoir dégoté ! Il nous a une fois de plus totalement épatés par son talent, son inspiration, son implication dans chaque segment de jeu ! C'est un régal de regarder ses doigts courir sur l'instrument, et le bottleneck frotter très souvent le manche pour accentuer encore les atmosphères bluesy. L'intarissable guitariste ne pouvait pas s'arrêter de jouer, même lorsque le patron s'adressait à l'auditoire de son micro ; c'est à croire qu'il a une pile dans la main ! Incroyable. Il quitte souvent son espace pour se rapprocher du public et traverse la scène pour défier ses complices, notamment au clavier. Et, pourtant, l'homme me semble réservé, presque austère ; son charisme il le doit davantage à son jeu de guitare, qu'à sa communication. Par ailleurs, son allure se confond souvent avec celles de Jimi Hendrix (son maintien) et Phil Lynott (sa coupe afro ?). Vous l'aurez compris je suis totalement admiratif de ce musicien au jeu à la fois sobre dans l'attitude, et luxuriant dans la richesse des accords.

Ce genre de concert passe à une vitesse démesurée, on aimerait que cela continue encore… ROBERT JON & The Wreck constitue indéniablement un ardent hommage au Rock Sudiste, avec tout ce que l'on en attend ; sa Musique truffée de subtils arrangements met en valeur les guitares avec moult duos, intervention de clavier et de chœurs.

L'auditoire ovationne vivement ces américains avec un enthousiasme qui semble les toucher. Espérons qu'ils ne tarderont pas à revenir !

C'est assez rare et admirable pour être souligné ; en comparant les programmes du reste de la tournée, j'observe qu'un gros tiers des titres est renouvelé à chaque concert. A chaque fois, "Red Moon Rising", la plus récente parution est logiquement promue, ici avec cinq titres. Mais nous aurons droit à trois titres issus de "Glory Bound", trois de "Last Light on the Highway", un de "Ride into the Light" et un de "Robert Jon & The Wreck".

PROGRAMME

  1. Hold On (Red Moon Rising, 2024)
  2. Rager (Red Moon Rising, 2024)
  3. Blame It on the Whiskey (Glory Bound, 2015)
  4. Red Moon Rising (Red Moon Rising, 2024)
  5. High Time (Robert Jon & The Wreck, 2018)
  6. Life Between the Lines (Red Moon Rising, 2024)
  7. Ballad of a Broken Hearted Man (Red Moon Rising, 2024)
  8. Bring Me Back Home Again (Ride into the Light, 2020)
  9. Glory Bound (Glory Bound, 2015)
  10. Tired of Drinking Alone (Last Light on the Highway, 2020)
  11. Oh Miss Carolina (Last Light on the Highway, 2020)
  12. Do You Remember (Last Light on the Highway, 2020).

RAPPEL :

  1. Cold Night (Glory Bound, 2015).

Je me rue à l'échoppe pour me procurer trois autres albums pour compléter ma collection. Un t-shirt pour ma P'tite Fée compétera mon soutien au groupe. J'apprendrais plus tard que les musiciens étaient venus au bar sans que j'y sois, hélas… J'aurais pourtant apprécié discuter avec eux, histoire de vérifier leur bon état d'esprit, ce dont je ne doute pas vraiment, en fait.




vendredi 1 novembre 2024

DEEP PURPLE – Le Zénith (Paris 19e) le vendredi 1er novembre 2024.

LE CONTEXTE. Dans un contexte où les artistes sillonnent de plus en plus les routes au gré des organisateurs, à défaut de vivre de la vente de leurs albums, les dates des uns et des autres peuvent se chevaucher pour créer un dilemme pour les mélomanes les plus ouverts et éclectiques. Ce soir, deux options partageaient le milieu des hardos. Les Teutons ACCEPT, fers-de-lance du heavy-metal des 80's, étaient à l'Elysée Montmartre. C'est compliqué pour nous car avec ma P'tite Fée et mon fils, nous apprécions sincèrement la production de ce qui reste de ce groupe (un guitariste intégré huit après sa fondation) qui a marqué mon adolescence.

Mais nous n'avons cependant aucun scrupule à revoir une septième fois ces dinosaures pourpres, une véritable légende vivante et intergénérationnelle, qui a contribué à l'émergence du hard-rock traditionnel dès les 70's. Ma P'tite Fée est encore plus impatiente que moi. Mon fils aîné est également dans la fosse. Je me réjouis de voir Le Zénith aussi plein pour rendre hommage à nos anciens, c'est rassurant !

Sur notre ticket d'entrée, il n'était pas mentionné de première partie de soirée. Honnêtement, notre obsession était de revoir DEEP PURPLE et je ne m'étais même pas posé la question d'un potentiel invité ! Je réalise lorsque se déploie le fond de scène…

JEFFERSON STARSHIP https://www.jeffersonstarship.com/  La légende de JEFFERSON STARSHIP commence en 1970, lorsque Paul Kantner sort un album intitulé "Blows Against The Empire" sous le nom d'artiste "Paul Kantner/Jefferson Starship". Mais, l'histoire débute réellement en 1974, avec le projet de fusion du groupe Jefferson Starship lui-même, et de certains anciens membres de JEFFERSON AIRPLANE. A l'instar de nombreux groupes de cette époque, la confusion règne sur leur parcours, il est bien difficile de retracer un pedigree clair et définitif…

Bien que JEFFERSON STARSHIP continue de tourner aujourd'hui, sa fondation et son existence sont semées au fil des décennies de portes qui claquent, de bagarres de coulisses qui finissent à l'hôpital, et d'allers simples pour le cimetière…

Paul Lorin Kantner, fondateur des JEFFERSON AIRPLANE, avant de continuer avec JEFFERSON STARSHIP, était le dernier survivant qui aurait encore pu faire valoir sa légitimité, mais il est mort le 28 janvier 2016. Quant à David Freiberg il a bien collaboré avec JEFFERSON AIRPLANE, mais seulement sur leur dernier album de concert, "Thirty Seconds Over Winterland" (1972/73), avant de rejoindre JEFFERSON STARSHIP, né de la dissolution de l'Airplane en 1974. Puis, il quitte Jefferson Starship en 1984, …avant de le réintégrer en 2005.

Le groupe qui se présente à nous ce soir est composé de David Freiberg (chant guitare, de 1974 à 1984, et depuis 2005), Donny Baldwin (batterie, percussions, chœurs (de 1982 à 1984, et depuis 2008), Chris Smith (claviers, basse, depuis 1998), Cathy Richardson (chant, guitare rythmique, de 2008 à 2015, et depuis 2016), et Jude Gold (guitare solo, chœurs, depuis 2012).

Sans préjuger du talent des musiciens, ni de l'alchimie qu'ils prétendent entretenir, il est donc permis d'estimer cyniquement que la bande de potes devant nous ressemble bigrement à un groupe d'hommage à… ("tribute band" qu'ils disent en anglais !). Un peu comme MOLLY HATCHET, dont le patron actuel Bobby Ingram est un arrivé en 1987, soit seize années après sa fondation…

Mais c'est cependant en spectateur bienveillant que j'assiste à la prestation.

En fond de scène s'étend un gigantesque écran en trois volets.

LE CONCERT [19h55-20h40]. L'usage du volet central de l'écran du fond est cédé à JEFFERSON STARSHIP pour diffuser pendant le concert la publicité du cinquantième anniversaire de la formation.

Au début du concert, la sonorisation mal réglée ne permettait pas de distinguer correctement le chant, mais peu à peu cela s'est équilibré. Le dispositif d'éclairage m'a semblé correct et bien ciblé.

Sur le plan musical, je n'ai pas été totalement subjugué mais j'ai trouvé ce parfum hippy plutôt sympa. Un titre, "Jane" m'a intrigué un peu plus, tant cette chanson parue en 1979 me rappelait bigrement un air de TOTO (formé en 1976 par Jeff Porcaro (batterie) et David Paich !)… Qui a inspiré l'autre ?

Tout le monde a reconnu le mégatube "Somebody To Love", qui est en fait une chanson écrite par l'ancienne chanteuse Grace Slick, lorsqu'elle chantait avec THE GREAT SOCIETY, juste avant qu'elle rejoigne JEFFERSON AIRPLANE, avec arme et bagage…

Le programme aux parfums de patchouli et d'encens, dont la période couvrait 1967 à 1987, aura chauffé la salle de manière plutôt apaisante, doucement rythmé. Les clichés emblématiques de Woodstock m'ont paru toutefois bien éloignés.

PROGRAMME

  1. Find Your Way Back (Modern Times, 1981)
  2. Stranger (Modern Times, 1981)
  3. Sara (reprise de Starship : Knee Deep in the Hoopla, 1985)
  4. Nothing's Gonna Stop Us Now (reprise de Starship, 1987)
  5. Miracles (Red Octopus, 1975)
  6. White Rabbit (reprise de Jefferson Airplane : Surrealistic Pillow, 1967)
  7. We Built This City (reprise de Starship, 1985)
  8. Jane (Freedom at Point Zero, 1979)
  9. Somebody to Love (reprise de The Great Society/ Grace Slick, 1970).


DEEP PURPLE https://deeppurple.com/  Déjà sensibilisé à ces sonorités depuis décembre 1972, j'aurais pu suivre DEEP PURPLE à son apogée, mais disons que mon environnement n'était pas propice. Néanmoins, j'ai quand même eu la chance d'assister à un concert de la formation historique, le 8 juillet 1985 lors de leur tournée "Perfect Stranger".

Eux aussi ont eu à arbitrer des incompatibilités d'humeurs. Mais aujourd'hui, trois des membres issus de la Grande Epoque continuent de perpétuer la légende : Ian Paice (batterie de 1968 à 1976, et depuis 1984 - né le 29 juin 1948, 76 ans) et Roger Glover (basse de 1969 à 1973, et depuis 1984 - né le 30 novembre 1945, 78 ans), ainsi qu'Ian Gillan (chant, harmonica, de 1969 à 1973, de 1984 à 1988, et depuis 1992 - né le 19 août 1945, 79 ans).

Le claviériste Jon Lord (de 1968 à 1976, et de 1984 à 2002 - décédé le 16 juillet 2012) est désormais remplacé par Don Airey (claviers, du 9 août au 8 septembre 2001, et depuis 2002 - né le 21 juin 1948, 76 ans). Remplacer le guitariste Ritchie Blackmore (de 1968 à 1975, et de 1984 à 1993) fut compliqué et causa beaucoup de remous. Le talent et la personnalité de Steve Morse avait apporté la stabilité, jusqu'à ses soucis familiaux. C'est désormais Simon McBride (depuis septembre 2022 - né en 1978) qui occupe le poste.

Leur vingt-deuxième album studio, "=1" est paru 19 juillet 2024. Après quelques dates de festivals d'été, les infatigables  musiciens se sont lancés dans une tournée européenne de seize dates, "=1 more time tour" débutée le 17 octobre à Katowice (Pologne) et qui s'arrêtera à Glasgow le 10 novembre.

Nous parvenons à nous placer correctement, dans les premiers rangs. Bonne visibilité (y compris pour ma p'tite Fée !) car la scène est correctement surélevée.

LE CONCERT. [21h05-22h50]. A l'instar de la précédente tournée, le programme débute par le très jouissif et entrainant "Highway Star". Mais cette fois, il enchaine avec le tonitruant "A Bit on the Side" ! Quelle énergie !!

Le son est excellent, puissant et équilibré. L'éclairage est particulièrement lumineux et les trois écrans géants disposés en volets diffusent de magnifiques images d'une qualité inouïe sur les musiciens.

Je tente de capter la qualité des nouveaux titres, que je découvre, car je n'avais écouté qu'un seul titre "Lazy Sod", en promotion du nouvel album. Tout cela semble de nouveau constituer une nouvelle réussite…

Je constate avec bienveillance que les parties vocales évitent soigneusement désormais de défier la tessiture d'Ian Gillan. Chacun comprendra que celui-ci se contentera de chanter juste, mais ne fera plus les prouesses légendaires. En revanche, les p'tis copains sont là pour maintenir la baraque.

A ce titre, le p'tit nouveau Simon McBride excelle avec sa guitare ; dans un style certes différent du Grand Ritchie Blackmore, différent aussi de son émérite prédécesseur Steve Morse, mais Simon se montre indéniablement digne de ce poste. Certes, ce solo de plusieurs minutes, inhabituel dès le début du concert a pu déconcerter. Mais il a le talent, il le montre, cela ne me pose aucun souci. Ce n'est pas de la démonstration, c'est juste du rock'n'roll de Haute Qualité. Parmi la multitude des soli, on a remarqué l'intro de "Uncommon Man", qui fut dédié à Jon Lord.

Quant à Don Airey aux claviers, je me régale toujours de l'entendre/voir partir dans ses délires d'accords fabuleux, que j'admire depuis que je l'ai vu plusieurs fois depuis 1983 notamment lorsqu'il jouait avec Gary Moore, Ozzy Osbourne. Il est habile dans tous les styles ; classique, pop, blues, hard et le démontre sur un long solo qui lui est imparti. Dans sa fantaisie, on entend beaucoup d'allusions musicales, passant de Mozart (Alla turca) à Marguerite Monnot (Hymne à l'Amour), en passant par une marseillaise reprise en cœur par les mélomanes ravis !

Le talent ne s'estompe pas avec les rides et les cheveux blancs ; Roger Glover toujours souriant et manifestement heureux de continuer l'aventure pourpre, redoutablement efficace de technique et de sensibilité à la basse, notamment avec sa Vigier. (Une marque française qui va sans doute disparaitre hélas)

Et que dire de la remarquable efficacité d'Ian Paice qui maitrise une régularité de frappe jamais démentie. A 76 ans, après tant d'années passées sur les scènes du monde entier, le Monsieur démontre que la vieillesse, cela peut se gérer. En tous cas il y croit dur comme ses baguettes qu'il distribue à ses admirateurs à la fin du concert. Chapeau l'Artiste !

Parmi les seize titres, curieusement, des trois décennies 80, 90, 00, seul l'album "The Battle Rages On" (1993) est évoqué avec un morceau. Six titres sont issus de "=1" (2024), et un de " Now What?!," (2013), astucieusement répartis entre les classiques qui étaient bien sûr très attendus. Bonheur, Nostalgie, Ivresse avec les cinq titres issus de "Machine Head" (1972), et deux de l'époque "Deep Purple in Rock" (1970). Nous pouvons dire que nous avons été gâtés, car une très large plage a été accordée aux titres que tout le monde espérait écouter. Encore une fois (One More Time, titre la tournée !). Pas la dernière j'espère !

PROGRAMME

Bande sons : Mars, the Bringer of War (Gustav Holst)

  1. Highway Star (Machine Head, 1972)
  2. A Bit on the Side (=1, 2024)
  3. Into the Fire (Deep Purple in Rock, 1970)
  4. Uncommon Man (Now What?!, 2013) (précédé d'un solo guitare; dédié à Jon Lord)
  5. Lazy Sod (=1, 2024)
  6. Now You’re Talkin’ (=1, 2024)
  7. Lazy (intro emprunté à un accord d'orgue de d'Emerson, Lake & Palmer) (Machine Head, 1972)
  8. When a Blind Man Cries (Machine Head, 1972)
  9. Portable Door (=1, 2024)
  10. Anya (The Battle Rages On…, 1993)

Solo de claviers (évocation de Mozart's "Sonate N. 11 A-Dur KV 331, 3te Satz: Alla turca, L'Hymne à l'Amour & La Marseillaise)

  1. Bleeding Obvious (=1, 2024)
  2. Space Truckin' (Machine Head, 1972)
  3. Smoke on the Water (Machine Head, 1972)

RAPPEL :

  1. Old‐Fangled Thing (=1, 2024)
  2. Hush (reprise de Joe South) (comprenant un mix duo orgue guitare)
  3. Black Night (monoplage, paru en 1970, avant d'être inséré dans la réédition d'In Rock de 1995).