Des
âmes bienveillantes insistaient depuis quelques années pour que je me rende à
ce festival aveyronnais, cette fois les astres sont positionnés favorablement.
Ca tombe bien, compte tenu du succès qui ne se dément pas, un nouvel auditorium
est inauguré à l'occasion de cette 16ème édition.
Lax
est un lieu-dit de Baraqueville qui accueille une fois par an toute la faune de
mélomanes hétéroclites mais éclectiques des environs et d'au-delà. Sous la pluie,
heureusement guidé par ma p'tite Fée une autochtone notoire, dans cette
campagne profondément retirée, je finis par trouver l'antre réputée.
Très
vite, le second objectif de la soirée est atteint ; les amis se retrouvent (au
bar, principalement !) et discutent avec un accent aveyronnais qui oblige mes
oreilles parisiennes à se tendre tout particulièrement. Heureusement, pour me
soutenir dans cet effort, la bière est buvable et pas chère (2€). J'ai bien
remarqué le comptoir dédié à l'appétissante gastronomie locale, mais je n'aurai
pas eu le temps de m'y rendre ; l'alternance des bavardages, des concerts et
des tentatives redoutables d'accès au bar m'auront dissuadé de m'y restaurer.
Une
foule compacte de fêtards s'est donné rendez-vous ce soir et ne se clairsèmera que tard dans la soirée ! (la plus haute
densité étant atteinte après 21 heures)
Les
plus mélomanes se pressent dans la partie scène alors que les plus assoiffés
resteront dans la partie bar dans laquelle était judicieusement installé un
écran géant.
KATHY BOYE & THE DTG GANG.
Kathy Boyé (Chant, Piano & Harmonica) a déjà participé à ce
festival avec d'autres accompagnants mais cette fois ce sont Mister Tchang (Guitares & Chant), Daniel TBone Stec (Orgue, Piano et Chœurs),
Pascal Celma (Basse & Chœurs) et
Fabien Tournier (Batterie & Chœurs).
Son
retour sur ces planches me semble légitime, non seulement en raison de son
origine locale, mais aussi pour la qualité de sa prestation. Du bon blues, de
la soul, du rock, se mêlent avec un brio et entrain.
La
troublante ressemblance de Kathy avec une femme politique est immanquablement
observée par beaucoup, cependant c'est bel et bien son talent de chanteuse qui s'impose,
pour le plus grand plaisir du public. Le timbre viscéral et profond de sa voix alternant
avec les sons de son harmonica et celui de ses comparses produisent une chaude ambiance,
propice à l'entame de cette soirée.
Mister
Tchang fait pleurer sa guitare provoquant de belles émotions, pendant que la
rythmique délicate et les mélodies au clavier apportent un soutien non
négligeable.
Un
bel apéritif musical, en somme !
MOUNTAIN MEN
L'écoute de leur dernier
opus paru en 2016 "Black Market Flowers" m'avait séduit sans
toutefois m'emporter au septième ciel ; du blues, du rock, du folk chanté
parfois en anglais parfois en français avec force et conviction mais pas de
quoi grimper aux rideaux. C'est donc sans conviction que je me plaçais en
fosse.
Mais là, ce fut la claque
monumentale de la soirée !! Voilà donc l'exemple-type du groupe de scène par
excellence !
Mathieu Guillou (dit "Mr Mat", au
chant et à la guitare), et Ian Giddey
(dit "Barefoot Iano", à l'harmonica et au choeur) les deux
membres fondateurs (2005), déjà très talentueux, ont une la bonne idée de
s'entourer d'une rythmique d'enfer avec Denis
Barthe (batteur de Noir Désir) et d'Olivier Mathios (bassiste de The Hyènes) ! J'ignore si cette
collaboration perdurera mais à mon humble avis ce quartet ainsi formé est forgé
pour un succès garanti et en tous cas mérité !
Les deux insolents sont dotés de surcroît d'un
humour et d'un charisme saisissant.
Le chant de Mr Mat me fait parfois penser à Bernard
Bonvoisin ("passe dans cette vallée", notamment), parfois à Tom
Waits.
Mais le plus exubérant est assurément Barefoot Iano
; il s'agite comme un fou furieux sur la scène qui semble du coup trop petite
pour lui ! A tel point que, continuant à souffler dans son harmonica, il
descend dans la fosse et se fraye un chemin dans le public, jusqu'au fond pour
que tout le monde en profite ! Son accent australien ne l'empêche pas
d'échanger avec le public amusé par ses pitreries.
J'achète leur opus (15€), emporté par mon
enthousiasme et le fait dédicacé par Ian, très sympathique. (L'écoute a
posteriori ne fait que confirmer mon impression : à ce jour, MM est avant tout
un groupe de scène !) à suivre et revoir absolument !! (Déjà la date du
30 mars à Brétigny me tente bien…)
THE CHRIS
SLADE TIMELINE
Le pedigree du Gallois, né le 30 octobre 1946 (71
ans !) laisse songeur : batteur de Tom Jones de 1965 à 1968, Manfred Mann de
1971 à 1978, Uriah Heep en 1980, David Gilmour en 1984, The Firm (avec Jimmy
Page !) en 1985/86, Gary Moore en 1987/88, et aussi Asia pour deux opus en
2001 et 2004 ! Mais il est fort probable que ce sont principalement ses
prestations au sein d'AC/DC (1989-1994, 2014-2016) qui constituent le motif d'attraction
du public de ce soir ! D'ailleurs, c'est bien cet aspect qui est opportunément
mis en valeur sur l'affiche …
Manifestement toujours enthousiaste et peu enclin à
prendre sa retraite en dépit des errements de ses employeurs australiens, Chris
a décidé de s'entourer de cinq musiciens ; deux chanteurs, Paul 'Bun' Davis et Steve Glasscock, (un pour le registre AC/DC et un autre pour le reste)
ainsi que James Cornford à la
guitare, Michael J Clark au clavier +
guitare, et Andy Crosby à la basse. Il
nous présente ainsi son honorable parcours, en reprenant des titres qu'il a
interprété parfois en studio, parfois sur scène.
Je me suis rendu dans la fosse sans a priori,
notamment perplexe sur leur capacité de faire oublier Angus. La soirée en leur
compagnie s'avèrera ma foi plutôt sympathique avec des très bonnes reprises
("Back in Black", "Thunderstruck", et "Highway
to Hell" pour AC/DC mais aussi "July Morning" pour
Uriah Heep et "Davy's on the Road Again" et "Blinded
by the Light" pour Manfred Mann).
Hélas, le talent des musiciens, et particulièrement
celui du guitariste, a montré ses limites sur des titres cultes ; n'est pas
David Gilmour ou Gary Moore qui veut ! L'interprétation de "Parisienne
Walkways" a dû faire retourner le pauvre Gary dans sa tombe et celle
de "Comfortably Numb" a failli me provoquer une crise
cardiaque sur les solos respectifs … Je m'abstiens habituellement de descendre
en flammes les artistes que je respecte pour leur courage mais là, non. C'est
juste pas possible de toucher ainsi au sacré ! A l'inverse, il m'a pourtant
semblé que les parties d'Angus étaient valorisées …
M'enfin, je tiens à rester "bon public"
et globalement je veux retenir les bons moments ; et il y en a eu !
Je salue surtout la fougue de Chris qui continue à tourner
et à frapper avec l'énergie de ses 19 ans alors qu'il débutait avec Tom Jones !
Il nous présente fièrement et légitimement les titres qui évoquent sa longue
carrière, avec lui nous visitons une partie de l'Histoire du rock et je lui en
sais gré ! Je sens d'ailleurs que je vais me remettre à écouter du Manfred Mann
!!
PROGRAMME
Dirty Deeds Done Dirt Cheap (AC/DC)
Davy's on the Road Again (reprise de Manfred
Mann issue de "Watch" (1978)
High Voltage (AC/DC)
July Morning (reprise de Uriah Heep issue de
"Look at Yourself" (1971)
Hells Bells (AC/DC)
Parisienne Walkways (reprise de Gary Moore,
issue de "Back on the Streets" (1978)
Comfortably Numb (reprise de Pink Floyd)
You Shook Me All Night Long (AC/DC)
Drum Solo
The Razors Edge (AC/DC)
Back in Black (AC/DC)
Blinded by the Light (reprise de Manfred Mann issue
de "The Roaring Silence" (1976)
Thunderstruck (AC/DC).
Rappel :
Highway to Hell (AC/DC).
MISS
AMERICA
Je ne connaissais pas ce groupe, ni d'Ève ni d'Adam
! A la lecture de leur nom sur l'affiche je craignais le pire et je me disais
que leur prestation me donnerait sans doute l'occasion d'aller me désaltérer au
bar avec une bonne tisane de houblon. D'autant plus qu'ils sont arrivés sur
scène alors qu'une partie du public avait quitté les lieux après le départ de
CST ; il faut souligner qu'il était déjà bien tard (plus d'une heure et quart
du matin !) lorsque le quartet se décide à venir …
Les rangs de l'auditoire sont donc un peu éclaircis
mais l'ambiance monte vite d'un cran grâce à la hargne de ces jeunes sudistes
plein d'envie ! Tant pis pour les couche-tôt, ils auront manqué une très belle occasion
de se décrasser les cages à miel !
Fondé en 2012, ce groupe composé de Morgane Taylor (Batterie), Dimitri Walas (guitares, chœurs), et Mathilde Malaussena (Basse, chœurs) a véritablement
décollé à l'arrivée de Tommy Roves au
chant et guitares). Il faut dire que la voix rauque du monsieur a de quoi
décoiffer n'importe quel gominé !
Les quatre musiciens occupent la scène avec toute
la fougue qui sied à leur musique dont on sent les influences diverses et
variées : surtout The Rolling Stones, ZZ-Top, Led Zeppelin, Aerosmith, mais
aussi The Who, AC/DC, Oasis, et on en passe ! Cependant avec ma p'tite Fée nous
avons nettement ressenti une voix évoquant celle de Joe COCKER, alors que son
imposante carrure ne lui prête pas a priori ce timbre…
De surcroît, et cela ne gâche rien, ce sont tous de
"beaux gosses" comme on dit ! Personnellement, vous me permettrez
d'avoir craqué tout particulièrement pour les deux minettes ravissantes,
pleines d'enthousiasme et d'énergie accordant ainsi une place prépondérante à
la section rythmique !
Dans la foulée et en dépit de l'heure très tardive
de la fin de leur prestation, je me suis rendu à l'échoppe où leurs deux
mini-Cd étaient en vente (pour 5€ chaque) ; j'en ai pris un pour le faire
dédicacer aux quatre musiciens très volontaires et accessibles. Un petit
portrait s'imposait avec ces dames bien entendu …
Dans la nuit aveyronnaise il nous reste à rentrer
au son de cet enregistrement qui ne trahit pas notre enthousiasme ! Encore un
groupe à suivre !...