Ce festival en est à sa deuxième
édition : l'année dernière je n'avais pas prêté attention à son existence. Pourtant
il présentait notamment Opeth et Anathema, ce qui aurait pu suffire à me faire
venir, mais disons que les circonstances personnelles n'étaient pas aussi
propice que cette année.
Cette année encore le programme annonçait
une affiche très alléchante mais j'avais bien failli lui préférer le Loreley où
Camel, principale motivation de l'été, était aussi prévu ! Ce qui m'avait
décidé c'était la présence d' IQ, absent en Allemagne. C'est donc avec une
grande déception que j'appris quelques jours avant de venir qu'IQ était retiré
de l'affiche. Une sombre histoire de malentendus entre le manager et la
production en serait à l'origine… Il restait quand même au moins cinq artistes
qui justifient le déplacement, à quand même quelques mille kilomètres de mes
contrées … et puis, quand on est bien accompagné on peut aller (presque) partout
hein !
Le temps d'arriver sans encombre
jusqu'au camping au sud de la ville, de planter la tente et de filer au lieu-dit
"Poble Espagnol" et nous voilà arrivé dans ce site magnifique ; une
petite place fermée par des bâtiments stylés, doté d'un kiosque fixe (la
seconde scène) et d'une scène installée pour présenter les groupes (prétendument)
principaux. Je dis "prétendument" car à mon humble avis plusieurs
groupes avaient vocations à intervertir leurs scènes …
Mais bon, je suis en vacance sous
un soleil de plomb, en très agréable compagnie, il fait très chaud mais la San
Miguel est toujours aussi bonne : viva Espana ! (oups, pardon ; Catalonia !)
RIVERSIDE : 16h30 – 17h20. Le soleil n'est pas encore
couché, le groupe lui fait face sous une chaleur accablante, alors que son
public présente les nuques et les mollets à une cuisson probable. Mais la
musique de Riverside conserve son ascendant sur les esprits et le public eut
vite fait de s'imprégner de ces atmosphères si sombres, à la fois énergiques et
mélancoliques. Je ne suis pas déçu par la prestation de ces polonais que je
vois pour la troisième fois.
Ce groupe plutôt soudé (Mariusz
Duda, chanteur/bassiste, Piotr Grudziński, guitariste et Piotr Kozieradzki à la
batterie sont ensembles depuis 2001 ; ils ont été rejoints par Michał Łapaj,
clavier et chœurs depuis 2003) s'imposent désormais sur la scène progmetal avec
une atmosphère particulière. Les compositions sont accrocheuses par leurs mélodies entêtantes.
Leur place sur la scène
principale est méritée ; sans doute auraient-ils été avantagés en passant plus
tard dans la soirée.
PROGRAMME
Lost (Why Should I Be Frightened
By a Hat?) (Love, Fear and the Time)
Feel Like Falling (Shrine of New Generation Slaves)
Hyperactive (Anno Domini High Definition)
Conceiving (You Second Life Syndrome)
02 Panic Room (Rapid Eye Movement)
Egoist Hedonist (Anno Domini High Definition)
The Depth of Self-Delusion (Shrine
of New Generation Slaves)
Escalator Shrine Machine (Shrine
of New Generation Slaves)
MESSENGER : 17h20 – 17h50.
Le précédent concert est à peine fini que Messenger tente d'enchainer sur la
seconde scène que constitue ce kiosque sous lequel les musiciens sont à
l'étroit. Hélas, des problèmes de sonorisation vont vite casser leur élan. Pour
ma part, je n'ai pas su me concentrer sur leur prestation, écoutant d'une
oreille distraite tout en me désaltérant et en échangeant mes impressions sur
le premier groupe. Ce que j'entendais n'était pas franchement mauvais, mais je
n'ai pas été accroché par ces titres qui m'ont semblés plutôt ordinaires.
PROGRAMME
Midnight
Somniloquist
The Perpetual Glow Of A Setting
Sun
Dear Departure
IHSAHN : 17h50 – 18h40. Inconnu
de mes répertoires on me dit que ces gens sont dignes d'un certain intérêt. Cependant,
leur pédigrée me fait plus penser à celui de Messugah, l’autre groupe de
l'affiche à propos desquels je me demande bien ce qu'ils viennent faire à un
festival de progmetal. Fort de cet a priori, je m'efforce donc de rester à
bonne distance de la scène histoire d'avoir le recul nécessaire. Mais mes
craintes sont vite confirmées. Je me retire donc, ca tombe bien j'ai un tshirt
à acheter. Je me demande bien pourquoi ils occupent la scène principale …
PROGRAMME
Hiber
Pulse
Tacit
Frozen Lakes on Mars
A Grave Inversed
My Heart is of the North (nouveau titre, apparemment)
The Paranoid
The Grave
HAKEN : 18h40 – 19h30. Nous nous retournons la scène
secondaire pour voir le deuxième groupe de la journée que j'attendais avec impatience.
La précédente fois que je les voyais c'était à la Boule Noire où la
sonorisation n'était pas idéale. Cette fois, je m'agace déjà de leur relégation
sur ce minuscule espace alors qu'ils auraient amplement mérité de jouer à la
place des excités qui les ont précédés. Mon agacement se transforme vite en
révolte lorsque je constate que le groupe est au mieux de sa forme, bénéficie
d'un son excellent et soulève très logiquement un public vite acquis à sa cause
!
Ces types (Ross Jennings au chant
depuis 2007, Richard Henshall aux guitares et claviers depuis 2007, Raymond
Hearne à la batterie et chœurs depuis 2007, Charles Griffiths aux guitares
depuis 2008, Diego Tejeida aux claviers et chœurs depuis 2008 et Conner Green à
la basse depuis 2014) sont pétris de talents et de bonne humeur. Le chanteur
s'est montré particulièrement proches du public n'hésitant à sortir de leur
espace confiné. Ils respirent le plaisir et l'assurance de produire une musique
d'une grande qualité technique et mélodique.
Ils parviennent surtout à
renouveler le genre où excelle pourtant encore Dream Theater ; Petrucci, Myung,
et Portnoy ont encore une marge d'avance sur le plan technique mais ils
auraient bien tort de négliger la relève ! Les élèves pourraient bien remplacer
les maîtres par leur fantaisie. Car c'est bien là que HAKEN séduit les
mélomanes avertis ; les ambiances jazzy alternent avec le metal lourd et moi
personnellement j'adore ca ! C'est juste sublime.
Un grand groupe qui, à mon humble
avis, n'a pas fini d'attirer de nouveaux publics, d'autant plus qu'ils restent
encore souriants et disponibles après leur concert pour photos et dédicaces.
Charmants.
PROGRAMME
Premonition (Visions)
In Memoriam (The Mountain)
Insomnia (Visions)
Darkest Light (Restoration)
Cockroach King (The Mountain)
Crystallised (Restoration)
KATATONIA : 19h30 – 20h30. Nous sommes dans la file
d'attente pour rencontrer les membres de Haken lorsque Katatonia occupe la
scène principale. Pas trop grave puisque nous surplombons ainsi la place et ne
manquons pas grand-chose au spectacle. Le groupe s'exprime dans le registre
mélancolique, lourd et sombre. C'est souvent beau et prégnant mais un peu
lassant et répétitif, à force. Là encore, il me semble que Haken aurait
davantage mérité la grande scène, m'enfin …
PROGRAMME
Buildings
Increase
Forsaker
Dead Letters
Day and Then the Shade
The Longest Year
Ghost of the Sun
Soil's Song
My Twin
Lethean
July.
Vincent CAVANAGH : 20h30 – 21h20. Un peu surpris par sa
présence, seul qui plus est, le monsieur aurait été invité pour remplacer au
pied levé les malheureux IQ. Si j'aime beaucoup Anathema, je me demandais bien
ce qu'allait bien pouvoir produire Vincent tout seul ! Je salue le courage
nécessaire pour s'exposer ainsi, en acoustique, face à un public probablement
déçu de ne pas voir IQ.
Après des débuts hésitants,
Vincent parvient à capter l'attention du public en délivrant ses reprises
d'Anathema, dans une version dépouillée, à la guitare juste accompagnée d'une
boite à rythmes.
Le public espagnol accroche
d'autant plus que pour finir Vincent leur offre une version très personnelle
d'un titre en espagnol de Manu Chao. Moi je m'en fous je cause peu espagnol et
je n'apprécie guère ledit Manu, mais j'estime que le geste est honorable.
Je considère donc que Vincent
s'en tire bien, même si je doute qu'il ait recruté un nouveau public
aujourd'hui ; de toutes façons la plupart étaient certainement déjà là à
l'édition 2014.
PROGRAMME
Fragile Dreams (reprise d'Anathema)
Thin Air (reprise d'Anathema)
Flying (reprise d'Anathema)
Deep (reprise d'Anathema)
The Beginning and the End (reprise d'Anathema)
Distant Satellites (reprise d'Anathema)
Mentira (reprise de Manu Chao)
Sur ces douces émotions, on se
retire du centre de la place pour se restaurer dans l'une des boutiques bordant
le site. D'autant moins gênés que le suivant sur la scène principale ne
m'inspire guère.
DEVIN TOWNSEND PROJECT : 21h20
– 22h30. Là encore mes craintes se confirment très vite ; le monsieur vocifère,
braille, hurle et produit une musique bien éloignée de la thématique prog telle
que je la conçois. La musique est certes carrée, voire bien interprétée dans
son genre mais elle reste relativement classique (elle rappelle davantage
Ministry) et ne me touche tout simplement pas du tout. Je m'étonne de
l'engouement pour ce personnage que l'on dit "touche-à-tout" ; il
faudra que l'on m'explique en quoi le DTP serait aussi vénérable.
Je me suis tenu en retrait pour
une légère collation mais j'ai cependant tenté de prêter une certaine attention
… en vain.
PROGRAMME
Rejoice
Night
Namaste
Deadhead
Supercrush!
March of the Poozers
A New Reign
More!
Ziltoid Goes Home
Bastard
Kingdom
LEPROUS : 22h30 – 23h20. Encore un groupe qui a contribué à
me faire venir. Ces norvégiens m'ont toujours scotché par leur énergie
mélodique, leur rage maitrisée. C'est beau, ca chante c'est original. Bref, ça
me plait, quoi !
Le chanteur a coupé son épaisse
tignasse (un peu dommage à mon avis, mais bon …) mais n'a rien perdu de son
dynamisme. J'enrage une fois de plus de les voir entassés ainsi sur l'espace si
réduit de ce kiosque !
Un programme relativement
audacieux car sur les sept titres, quatre sont extraits du dernier opus à
paraître.
Pour les avoir déjà apprécié en
2010 et en 2012, je suis ravi qu'ils continuent à créer de bonnes émotions. La
composition du groupe a cependant évolué ; Einar Solberg au chant et claviers
depuis 2001, Tor Oddmund Suhrke aux guitares et chœurs depuis 2001, Øystein
Landsverk aux guitares et chœurs depuis 2004 mais c'est désormais Baard Kolstad
à la batterie depuis 2014, ainsi que Simen Daniel Børven à la basse sur cette
tournée.
PROGRAMME
The Flood (The Congregation)
The Price (The Congregation)
Chronic (Coal)
Rewind (The Congregation)
The Valley (Coal)
Slave (The Congregation)
Forced Entry (Bilateral)
Le cœur déchiré, on s'écarte une
bonne dizaine de minutes avant la fin de Leprous car notre groupe phare de la
soirée va bientôt enchainer et nous ne raterions pour rien au monde les
premiers rangs pour assister au choc.
CAMEL : 23h20– 01h00. C'est en humble repenti que je me
présente au pied de cette scène si attendue ; en effet je dois expier le pêcher
impardonnable d'avoir ignoré CAMEL jusqu'en … 2011. Honte à moi. Certes, dès
que de bonnes âmes m'ont guidé sur la discographie, ô combien vénérable, j'ai
eu tôt fait d'en devenir admirateur, ruinant ainsi mon compte bancaire en
quelques semaines pour me la procurer !
Cependant, je m'en mordais les
doigts d'autant plus qu'Andy Latimer était alors réputé très malade et sur sa
fin ; aucun espoir de le revoir sur scène … Jusqu'à l'annonce timide d'une date
puis d'une autre … Je me suis alors mis à espérer pouvoir vérifier le talent
immense de l'artiste sur une scène. Hélas, comme d'habitude, la France est évitée,
par lui comme par tant d'autres… Les circonstances m'ont empêché d'aller le
voir à Gent en Flandre l'an dernier mais cette fois je me suis donné les moyens
de le voir enfin !
Religieusement je m'installe au
deuxième rang d'un public dense et respectueux. Le maître rassure vite
l'assemblée des adeptes ; il n'est ni malade, ni fatigué, ni incompétent ! Quel
bonheur de partager le sien !! Son sourire alterne avec ses grimaces de
concentration ; il produit avec sa guitare une palette d'émotions qui me
rappellent immanquablement David Gilmour mais aussi tous ceux qu'il semble bien
avoir influencé, Mark Knofer, et autres Nick Barett… En écoutant ces chants de
guitares plaintives et tellement expressives, on ne peut qu'oublier les humeurs
et le monde brutal qui nous entoure.
Le programme de ce soir n'était pas
aussi court que j'aurais pu le craindre mais pourtant j'aurais bien passé de
longs moments supplémentaires à me régaler les cages à miel ! Lady Fantasy
chanté par le public vaut son pesant d'émotions je vous le garantis !!!
Avec cinq titres, Moonmadness a été privilégié, mais dans
l'ensemble la visite du répertoire fut bien équilibrée ; je suis toutefois
frustré de ne pas avoir assisté à l'interprétation des derniers sublimes opus Rajaz et A Nod and a Wink. Un titre comme "For Today" m'aurait fait littéralement fondre d'émotion, à
n'en pas douter … mais bon … ce sera pour une prochaine fois … en France ! hein
Andy, dis-moi oui !
Très vite, trop vite on arrive à
la fin et Andy semble sincèrement touché par les applaudissements nourris qu'il
suscite !
PROGRAMME
Never Let Go (Camel)
The White Rider (Mirage)
Song Within a Song (Moonmadness)
Unevensong (Rain Dances)
Spirit of the Water (Moonmadness)
Air Born (Moonmadness)
Lunar Sea (Moonmadness)
Another Night (Moonmadness)
Drafted (Nude)
Ice (I Can See Your House From Here)
Mother Road (Dust and Dreams)
Hopeless Anger (Extended) (Dust and Dreams)
RAPPEL :
Lady Fantasy (Mirage).
Le festival continuait avec des
groupes qui n'avaient aucune chance d'arriver au niveau des mollets de Camel et
puis de toutes façons nous étions lessivés par la fatigue et les émotions. Nous
nous retirons en dépit toutefois, en ce qui me concerne, d'une certaine
curiosité pour Messugah. Mais pourquoi faire saigner ses oreilles après un tel
nectar ? CAMEL était pour nous LA tête d'affiche épicétou.