Depuis 1971, Andrew Latimer a
surmonté moult écueils pour que son groupe Camel parvienne à réaliser quatorze
albums studio. Le compteur a bien failli s'arrêter définitivement en 2002 suite
à de graves problèmes de santé qui ont fait craindre la fin. Mais le chameau
avait encore des ressources ; après une longue traversée d'un désert
angoissant, il est réapparu et ce n'était pas un Mirage.
A défaut d'un nouvel opus que nous attendons toujours, Camel s'est remis
en scène(s) pour rendre hommage aux albums qui ont fait sa gloire. Sa
prestation en tête d'affiche du Be Prog Festivalde
Barcelone en 2015 m'a rassuré sur le potentiel. Depuis, il semble se
complaire dans son " Moonmadness
Tour" puisque cet été encore, à l'occasion du Night Of The Prog festival de Loreley, j'ai eu la chance d'assister
à un excellent concert incluant l'intégralité l'album. Mais même si Camel était
en tête d'affiche dans les festivals, il me restait un objectif : assister à un
vrai concert de Camel. Ce concert dans le plus prestigieux auditorium anglais,
le Royal Albert Hall, me donnait enfin l'espoir de vivre un moment exceptionnel
en compagnie du père Andy.
Cette salle de concerts m'accueille pour la cinquième fois, mais c'est
la première fois que j'ai commis l'erreur de me montrer mesquin sur la dépense.
En optant pour les places en galerie (deuxième étage) afin de payer quelques
euros de moins, je pressentais ne pas avoir fait le meilleur des choix. En
effet, si le fauteuil en bord rampe me permis d'avoir une belle vue plongeante,
quoique relativement lointaine, sur la scène, en revanche une légère
réverbération nuisait un peu au confort auditif. Mais bon, pas de quoi troubler
la sensation d'assister à un grand événement ! Andy a maintenant 69 ans, il est
clair qu'il convient de ne pas bouder son plaisir de l'acclamer.
Andrew Latimer (guitare, chant, flute, depuis 1971) est
fidèlement accompagné par le bien-nommé Colin Bass (basse, choeurs, entre
1979 et 1981, et depuis 1984), et par Denis Clement (batterie depuis 2000).
Une divine inspiration permit au chameau de recruter l'admirable
multi-instrumentiste Pete Jones (claviers, saxophone et chant) en 2016 ! Dans
l'amphithéâtre de Loreley, j'avais déjà eu l'occasion de me réjouir de ce
nouvel apport (voir mon récit du 14
juillet NOTP 2018 )
La soirée est consacrée au groupe ; il n'y a donc pas de première
partie, mais ce sera un concert en deux actes. J'ai rapidement constaté la
présence de trois caméras qui trahissent la volonté de filmer la soirée !
Le DVD me permettra de conserver un vrai souvenir, alors que j'avais
misé vainement sur l'acquisition d'un t-shirt qui aurait été spécialement
floqué pour l’événement. Ce genre de petite gâterie matérialiste semble passer
largement au-dessus de la tête de papy Andy ; ses t-shirts ne m'ont jamais attiré
au point d'en acheter un, néanmoins j'imaginais bien naïvement qu'un effort
aurait été fait pour ce Royal rendez-vous. Que Nenni ! Bah, après tout je me
dis qu'à défaut de porter Camel sur mon dos, je le porterai dans mon cœur !
Lorsque les lumières s'éteignent et que l'introductif "Aristillus" résonne, je pressens un
risque que je refuse d'imaginer réellement. Non, il ne peut pas rester juste
dans l'excellence, je me persuade que je m'apprête à vivre un de ses moments sublimes
dont on se souvient longtemps. Le premier acte était prévisible ; une fidèle et
excellente reprise dudit opus de 1976. Somptueuses sensations garanties, de mon
poste d'observation je peux me régaler à observer et écouter Pete que je
surplombe, mais aussi à admirer la subtile dextérité de Denis ! Colin, toujours
aussi posé, calme et efficace à la basse contribue à entretenir la base
rythmique nécessaire à la mise en valeur des sons du Maître. A la différence de
cet été, Andy peut désormais se tenir debout pour exprimer son immense talent. Ces
sons de guitare si particuliers, bourré d'émotions et de virtuosité, sont
toujours un réel plaisir à entendre, la magie opère systématiquement.
A l'entracte, j'étais ravi de cette première partie, même si j'avais
déjà entendu ce concert à Loreley (ainsi qu'à Barcelone, d'ailleurs), mais
j'étais gourmand d'un second acte que j'imaginais plein de surprises et, qui
sait, avec d'heureux invités prestigieux…
Mais les minutes s'écoulent et les titres se succèdent avec une satisfaction
teintée de déjà-entendu qui aurait pu me suffire pour une date parisienne, mais
là dans cet écrin merveilleux l'auditoire pouvait légitiment prétendre à une
fantaisie, un p'tit supplément. A titre personnel, j'attendais "For Today" mais peu importe. Pas de
surprise, pas d'invité, un programme pratiquement identique à celui de Loreley,
à l'exception d'un dix-septième titre, "End of the Line". J'ai des scrupules à me plaindre alors que j'ai
bien conscience d'avoir vécu un événement privilégié et envié. Mais je
maintiens cependant que cette délicieuse soirée aurait pu/dû être l'occasion
d'assister à un bouquet final pour ceux qui ont fait le déplacement… Une soirée
qui aurait dû être exceptionnelle, de surcroît filmée, restera juste comme un excellent
concert de plus, ni plus ni moins. Ainsi soit la volonté du père Andy…
A prestation similaire, je conserverai un meilleur souvenir du concert
estival de Loreley ; Andy était encore figé sur son siège mais sans altérer son
talent, et au moins nous étions dans le cadre idyllique des rives du Rhin, dans
un grand confort visuel et auditif.
Cette année le Raismesfest s'impose tout
particulièrement dans mon calendrier des festivals d'été.
> D'abord, parce que tout Ch'ti metallo se doit de
soutenir Philippe DELORY et son
équipe organisatrice, tous valeureux et persévérants bénévoles qui proposent chaque
année de belles affiches et qui entretient une ambiance conviviale dans le joli
cadre du château de la princesse d'Arenberg. Nous pouvons tous être
collectivement fier de disposer de ce petit festival frontalier en France qui,
avec un budget modeste, parvient tous les ans à proposer un lot de bons groupes
de hardrock et de progmetal. D'ailleurs, mon p'tit côté cocardier aurait
préféré voir 20ème anniversaire
sur l'affiche (et non ce malheureux anglicisme "20th anniversary").
> Mais aussi parce qu'en cette année 2018, le
festival fête donc ses vingt ans et
l'affiche est à la hauteur de l'évènement ! Je suis fier d'avoir participé à
l'appel de fonds de soutien ; le RAISMESFEST le vaut bien !
Je dois reconnaitre que ma septième participation
depuis 2007 (2007, 2008, 2013, 2014, 2016, 2017) est facilitée par la proximité
du site celui de mon noyau familial ! L'étape est donc toute trouvée, mais en contrepartie
d'un bon accueil garanti, je m'abstiens de me précipiter dès l'ouverture des
grilles. Que les artistes me pardonnent, je n'ai donc pas assisté aux
prestations des premiers groupes qui passaient avant 15h. Samedi j'ai manqué Kinderfield,
Raspy Junker, Max Pie. Dimanche j'ai manqué The Strikes, Rich Robin, et Bad
Touch.
SAMEDI
15 SEPTEMBRE 2018
Ouverture des portes 11h30
15h40-16h25 :
OBLIVION. Je ne connaissais
absolument pas l'existence de ce groupe français. A ma décharge, leur fondation
est récente puisque c'est en 2016 que les frangins Joe Amore (chant) et David Amore
(batterie) ont décidé d'abandonner le navire Nightmare et de reprendre
le flambeau sous l'oriflamme d'Oblivion.
Ce premier groupe de la journée sera ainsi ma première
découverte. Des amis bien intentionnés m'avaient pourtant averti, ce hardrock traditionnel
mais bourré d'énergie est plus que convaincant ! Certains accents rappellent
notamment Pretty Maids. Mon attention bienveillante fut rapidement récompensée
car ces musiciens aguerris démontrent efficacement leur maitrise par
d'opportuns soli et une réjouissante fougue d'adulescents.
Je remarque tout particulièrement le bassiste Markus Fortunato, qui ne ménage pas sa peine,
ainsi que les talentueux guitaristes Stef Rabilloud
(ex-Nightmare aussi) et Florian Lagoutte, dont les duos sont du plus
bel effet. Le charismatique chanteur galvanise le public qui participe
volontiers ; à défaut de textes francophones, ce que je déplore pour ma part, le
courant passe bien. Belle ovation finale.
Séduit au point d'aller me procurer à leur échoppe "Résilience"
le CD/DVD qui vient de paraitre cette année et que je fais dédicacer par ces
musiciens simples, sincères, et disponibles pour quelques portraits. Je leur
souhaite un bel avenir !
PROGRAMME
Evil
Spell
Shine
in My Galaxy
Bells Of Babylon
I Thought I Was A King
Race Is On
Lord of the Sky (Reprise de
Nightmare)
In The Arms Of The Queen
Dreamers, Believers.
16h55-17H45 : JARED JAMES NICHOLS. Cet impressionnant gaillard avait
déjà favorablement attiré mon attention ce 25 avril 2015 alors qu'il chauffait
le Dôme (ex-Palais des sports) de Paris, avant le concert de Lynyrd
Skynyrd. Déjà à l'époque, il montrait une fougue et un talent très convaincant.
Jared James Nichols est un guitariste-chanteur américain
(état du Wisconsin) âgé de 29 ans, qui excelle dans un style blues-rock typique
des années 70. Il mène ainsi un trio très efficace en compagnie de Dennis Holm (Batterie) et Gregg Cash (Basse).
Sa notoriété paraît étonnamment stagner ; il me semble
qu'il serait bien inspiré de s'établir en Europe, où j'imagine que sa musique
paraitrait moins banale qu'en Amérique. Je lui souhaite de surmonter l'apathie
des médias car je me souviens amèrement de la disparition des scènes d'autres
guitaristes dans le même style et tout aussi talentueux ; je pense notamment à Ian
MOORE ou à Chris DUARTE que j'avais vu en 1995.
En tout état de cause, le beau gosse (son allure
athlétique me rappelle celle de Ted Nugent) est encore debout sur cette scène
pour nous proposer des titres convaincants extraits de son dernier opus "Black Magic" ainsi que des reprises
judicieusement sélectionnées dont "NIB" de Black Sabbath et "Mississipi
Queen" de Mountain. Son adresse technique, l'émotion qui transparaît de
ses accords plaintifs, doux ou agressifs alliées à sa fougue furent une série
d'explosions du sens auditif !
Son concert en a convaincu plus d'un ; les échanges
d'impressions des festivaliers éberlués furent légions !
18h15-19h15 :
STOCKS. Lorsque j'ai vu ces Ch'tis
ce 29 avril 1983 sur les planches de la Mutualité de Paris, je les prédestinais
à un avenir radieux. A l'instar de Téléphone, Trust et d'autres Noirs Désir, ce
trio démontrait la crédibilité du rock chanté en français. Et pas n'importe
quel rock, un rock sudiste à la fois énergique et bluesy à souhait. Christophe Marquilly (guitare, chant, ex-Travaux
Publics), né le 25 mars 1955, avait fondé le groupe Stocks au début des années
1980. Sa notoriété restera fondée sur un unique album enregistré en public,
mais aussi un très bon opus en studio "Eclats
de Rock". Hélas, Christophe Marquilly a décidé d'arrêter en 1987, lassé
du peu d'écho perçu dans les média. Manque d'opportunité, ou manque d'ambition
ou manque de volonté ? Toujours est-il que le groupe ne me semble pas avoir eu
le parcours mérité.
C'est donc avec une bonne part de nostalgie que
j'apprécie ce retour sur scène. Les petits ennuis techniques de sonorisation ont
contrarié le guitariste, déjà pas très souriant, mais ne sont toutefois pas
parvenu à dissiper le plaisir d'un public ravi de cette piqure de rappel. Malgré
les années passées dans l'oubli, le guitariste conserve de beaux restes, mis en
évidence par une section rythmique correcte. Des chansons du mémorable "Enregistré En Public" de 1982 sont
interprétées de manière relativement académique et pas très enthousiaste, à
l'instar de la reprise de ZZ Top, "La Grange".
Cela dit, je ne peux pas m'empêcher d'entretenir une
certaine amertume en comparant ce qui est et ce qui aurait dû être. Finalement,
Christophe Marquilly a interprété ce que le public, fortement composé de
quinquas, attendait de lui ; c’est-à-dire un hommage à son éphémère carrière.
19h45-20h45 :
ECLIPSE. Ce groupe suédois est
composé de Erik Mårtensson (chant, guitare,
basse depuis 1999), Magnus Henriksson
(guitare, depuis 1999), Magnus Ulfstedt
(basse depuis 2014), et Philip Crusner
(batterie, depuis 2015). Leur concert s'inscrit dans le cadre de la promotion
de "Monumentum" leur opus
paru en 2017. Il constitue ma première découverte de la journée… mais aussi ma
première déception.
Intrigué par quelques vidéos prometteuses et par une
bonne réputation auprès de mes sources d'information, je m'attendais à un rock
plus convaincant et surtout plus authentique. Les bandes-sons préenregistrées
ont eu le don de m'agacer alors que les musiciens me semblèrent relativement transparents.
Je me suis assez rapidement retiré des premiers rangs
afin de vérifier mes impressions avec un peu de recul. Entretemps, la
sonorisation s'est améliorée et certains segments sont apparus intéressants
mais cela n'a pas suffi à me convaincre ; j'ai préféré continuer l'écoute
depuis une file d'attente afin d'obtenir une dédicace des Sons of Apollo.
21h15-22H30
: L.A. GUNS. La judicieuse programmation de ce festival aura eu
également le mérite de focaliser mon attention sur l'existence de ce groupe, car
leur histoire tumultueuse et leur parenté avec Guns'n'Roses (dont je n'étais
pas particulièrement friand) m'avaient éloigné de leur parcours. Outre les
similitudes sonores, l'arbre généalogique dénonce en effet des liens
indéniables.
L.A.
Guns est un groupe de rock américain, originaire de Los Angeles (Californie). En
1983, le guitariste Tracii Guns,
fonde le L.A. GUNS mais il décide de fusionner le groupe avec Hollywood Rose
pour former Guns N' Roses en 1984. L'expérience ne semble pas concluante pour
le monsieur qui, en 1985, reforme le groupe qui est actuellement composé de Phil
Lewis (chant, depuis 1987), Johnny Martin (basse depuis 2016), Shane Fitzgibbon (batterie, depuis 2016) et
Adam Hamilton (guitare rythmique,
depuis cette année). Un onzième album, "The Missing Peace" vient de paraitre en 2017.
Ce
pédigrée n'était pas de nature à me séduire particulièrement car depuis trois
décennies je me suis maintenu éloigné de la carrière des prestigieux mais
sulfureux californiens ; le succès fulgurant des G'nR m'a toujours semblé quelque
peu usurpé.
Et
pourtant, est-ce le cadre, est-ce mon humeur du moment, toujours est-il que ce
soir L.A. Guns m'a paru suffisamment
convaincant pour fixer mon attention. J'en ai même profité pour remuer la nuque
et les jambes, histoire sans doute de me réchauffer car la température commença
à dégringoler en cours de prestation. Sans être mon style de prédilection, je
peux confesser avoir passé un agréable moment. Je réécouterai volontiers, si
toutefois le flot des nouveautés m'en laisse le temps !
23h00-00h30 : SONS OF APOLLO. Même si j'ai déjà vu ce supergroupe cet été au BeProg
festival de Barcelone, leur présence ici en tête d'affiche a constitué une
indéniable motivation pour venir ! Je suis en effet un grand admirateur de
Monsieur Portnoy ; tous les projets auxquels il participe justifient mon plus
grand intérêt ! De surcroit, SoA est constitué de musiciens de très hautes
pointures, au pédigrée impressionnant. L'intérêt musical d'un groupe ne se
limite évidemment pas au potentiel de ses artistes, mais néanmoins cela permet
aux moins avertis et aux curieux et ouverts d'esprit de prêter une oreille
attentive à leur création.
Je comprends que cette avalanche de démonstrations de
talents individuels puisse impressionner à l'occasion d'une première écoute,
mais une fois que la porte est trouvée, l'auditeur pourra s'évader vers les
vertigineux espaces proposés ! Je déplore que des détracteurs focalisent leur
évaluation sur une prétendue somme d'individualités, alors que ces artistes
mettent leur talent au service d'une musique certes dense et musclée, mais
cette richesse laisse transparaître de magnifiques mélodies. Au final SoA me
semble dégager une belle harmonie, même si je doute fort de la durée de cette
union … Raison de plus pour ouvrir grand ses yeux et ses oreilles !
Pour rappel, au cas où leur CV aurait été oublié :
•Jeff Scott Soto, 52 ans, fut chanteur au sein de
Trans-Siberian Orchestra, Talisman, Journey, Yngwie Malmsteen, Axel Rudi Pell ;
•Billy Sheehan, 65 ans, fut bassiste au sein
de Talas, UFO (en 1983, je l'ai vu, au
Bataclan !!!), The Winery Dogs, Mr. Big, Steve Vai, David Lee Roth ;
•Mike Portnoy,
51 ans, fut batteur au sein de Dream Theater, The Winery Dogs, Transatlantic,
Flying Colors, Neal Morse Band, Adrenaline Mob, Avenged Sevenfold, Twisted
Sister.
•Ron "Bumblefoot" Thal, 48 ans, fut guitariste au sein de d'Art of Anarchy, Guns N'
Roses (2006-2014) ;
•Derek Sherinian, 51 ans, fut claviériste au
sein de Dream Theater (1994-1999), de Black Country Communion (depuis 2009),
Planet X, Alice Cooper, Platypus, Yngwie Malmsteen, Kiss ;
Ces messieurs se sont logiquement lancés il y a
quelques mois dans la tournée promotionnelle de leur opus paru l'an dernier
"Psychotic Symphony" (2017).
L'accueil a failli être contrarié par un ingénieur du
son manifestement incompétent. Durant les premières minutes, le micro du
chanteur était sous-mixé et le son fut globalement brouillon. Sacrilège, au
regard de la musique subtile et dense que sont venus nous délivrer ces valeureux
américains. Les mieux avertis comme moi n'ont pas été trop gênés pour s'y
retrouver car il nous suffisait de chanter intérieurement les airs ; en
revanche, à ce stade je peux comprendre la répulsion ressentie par ceux qui
étaient venus les découvrir… Néanmoins les équilibres ont fini par se rétablir
et une très large part du public a été conquise !
A l'instar de leur prestation au BeProg, ces très
talentueux artistes ont démontré toute leur maîtrise, sans omettre de produire
un univers à la fois mélodique et brutal à souhait ! Mike est toujours très
volontaire et participatif, même derrière ses fûts ; un régal ! Billy
impressionne par son application et sa fougue pour tricoter sa basse. Jeff
dispose d'une tessiture remarquable (quoiqu'en
dise le prétentieux et ingrat Malmsteen !), et d'un charisme efficace. Ron
m'avait inquiété lors de la séance dédicace avec son mystérieux masque de
protection, mais finalement il s'est montré toujours aussi convaincant et
efficace. Quant à Derek, il semble balancer ses accords harmoniques avec
aisance et décontraction.
Le programme est similaire qu'au BeProg, avec deux
reprises de Dream Theater, sauf qu'étant ici en tête d'affiche, SoA nous a
gratifié d'une magnifique reprise de Queen.
Enorme prestation au pied du château de la Princesse,
pour clore une première journée de ce festival décidément très attractif !
PROGRAMME
God of the Sun
Signs of the Time
Divine Addiction
Just Let Me Breathe (Reprise de Dream Theater)
Labyrinth
Lost in Oblivion
The Prophet's Song / Save Me (Reprise de Queen)
Alive
Opus Maximus
Lines in the Sand (Reprise de Dream Theater)
Coming
Home.
DIMANCHE
16 SEPTEMBRE 2018
Ouverture des portes 11h30
15h40-16H25 :
MISS AMERICA. Ce 24 mars 2018, alors
que j'assistais à mon tout premier festival de l'année 2018, le Lax'n blues,
ce quatuor avait scotché son auditoire à une heure pourtant très tardive. C'est
donc avec un très grand plaisir que je les retrouve cet après-midi !… Ces
niçois, qui se situent dans un univers rock'n roll des années 70 et 80, ont
déjà sévi dans de nombreux festivals mais aussi en première partie des Insus, Kool
& the Gang, Simple Minds et même Johnny Hallyday. Ils n'ont que deux
mini-opus à leur actif (que je possède
déjà dédicacé bien sûr !) qu’ils ont vendu toutefois à plus de 7000
exemplaires, à la fin de leurs concerts puisqu'ils continuent à être méprisés
des circuits de vente.
L'extrême-Sud vient donc dans l'extrême-Nord. Leur
prestation d'aujourd'hui ne dément pas ma première impression. Deux femmes, Mathilde
Malaussena à la basse/choeur et Morgane
Taylor à la batterie, animent une
très bonne section rythmique, pendant que deux hommes Dimitri Walas à la guitare et Tommy Roves au chant/guitare, se chargent du
reste.
Ce qui surprend de prime abord c'est la voix puissante
et rauque qui émane de ce corps plutôt juvénile. Elle me rappelle celle de Joe
Cocker. Mon regard se porte souvent sur la fougueuse Mathilde, toujours
souriante et bondissante qui assure pourtant de très bons accords de basse. Morgane
est imperturbable, elle semble s'obstiner envers et contre tout à rythmer les
déhanchements de ses complices. Quant à Dimitri, il commet de nombreux soli forts à- propos.
Des titres accrocheurs, tous hélas anglophone à mon humble avis, tels que
"Cocaine Cola", "Sextasy" ou "One Minute Before Glory",
promettent un bel avenir à cette belle équipe.
En tout état de cause, la porte n'est pas bien
difficile à trouver pour l'accès au gymnase spécialisé dans l'assouplissement
des nuques et des articulations. C'est très bon et j'en redemande !
16h55-17H45 :
STICKY BOYS. C'est ici même au
Raismesfest, le 14 septembre 2013, que je découvrais ce trio
de gros malades ! Ils sont franciliens et semblent avoir pris goût au pays des
Ch'tis ; Alex Kourelis
le chanteur/guitariste ne manquera pas de remercier chaudement l'orga, mais
aussi de vanter l'hospitalité et la gastronomie locale ! (ah ! les carbonades … m'en parlez pas !!! mmmmh) Sticky Boys a
sorti l’année dernière son troisième album, "Calling The Devil".
Avec le bassiste J-B Chesnot et le batteur Tom Bullot,
le trio se donne à fond pour délivrer un concert de fous-furieux, bien rageur, bien
pêchu, en un terme : bien heavy rock’n’roll ! Ca me rappelle les Soundroots, un
autre groupe français composé de fêlés du même acabit ! Alex est très
charismatique et parvient à emmener une bonne part du public dans son sillage
de folie. Bousculades complices et pogos vigoureux ont animé une franche ambiance
dans la fosse !
Voilà un bel exemple de pugnacité et d'envie qui devrait
être davantage reconnus par nos média nationaux sclérosés et obtus. Le public,
lui, les reconnait et leur accord l'ovation méritée !
18h15-19H15 : PRAYING MANTIS. Ah, la NWOBHM ! ("new wave of british heavy metal",
pour les plus jeunes non-initiés !)
Que de chers souvenirs, dans nos chambres d'ado à rêvasser en écoutant les
accords métalliques collés sur des chants à la fois mélodiques et féroces ! A
l'époque, (début 80's, pour les plus
jeunes toujours pas-initiés !) nous n'imaginions pas les trois décennies
glorieuses à venir pour Iron Maiden, ni le maintien de Saxon, Girlschool,
Diamond Head, Tygers of Pan-Tang et autre Pretty Maids… et pourtant ils sont
tous encore là, plus ou moins au complet, plus ou moins chauves, ou plus ou moins
blanchis … mais toujours là ! Il m'avait échappé que Praying Mantis faisait partie de ceux-là, jusqu'au jour où Phil et
son équipe de bienfaiteur du Raismesfest les invite à la fête, ici ! Même si Praying
Mantis est un groupe britannique de hard-rock formé en Angleterre au milieu des
années 1970 par les frères Troy, on
peut cependant les classer dans cette vague car leur trop modeste notoriété est
née véritablement à l'occasion de la parution de leur premier album "Time Tells No Lies" (1981). Ils
n'ont toutefois pas été reconnus à leur juste valeur, même s'il y eu beaucoup
de passages illustres au sein du groupe ; Dennis Stratton(ex-Iron Maiden 1980, guitare, chant, de
1990 à 2003), Paul Di'Anno(ex-Iron
Maiden jusqu'en 80, chant en 1990), Clive Burr(ex-Iron Maiden de 1980 à 82, batterie, percussion en 1984 et en 1996),
Gary Barden(ex-MSG de 1980 à 84,
chant de 1995 à 1996), mais aussi Bernie Shaw(chant de 1982 à 84, avant de rejoindre les prestigieux Uriah Heep en
86) ! Cruel paradoxe, Praying Mantis signifie mante-religieuse mais contrairement
à l'ordre naturel, ce sont eux qui se sont fait dévorer par les autres !!!...
Bref, toujours à la manœuvre, on retrouve quand-même Tino
Troy (guitare, clavier, chant, depuis
1974) et Chris Troy (basse, clavier,
chant, depuis 1974). Ils sont désormais entourés de Andy Burgess (guitare, depuis 2007),John Cuijpers (chant, depuis 2013), et Hans in 't Zandt (batterie, percussions, depuis 2013). Ils ont une bonne
dizaine d'album à leur actif dont le petit dernier, "Gravity" (2018).
Je devrais cesser de m'inquiéter avant de revoir ces
anciens ; j'avais déjà été heureusement surpris par le bon maintien de Diamond
Head, Tygers of Pan-Tang (ici au Raismesfest) et de Pretty Maids (à
l'Alcatraz). Il en sera de même aujourd'hui avec Praying Mantis ! Toujours crédibles, alliant toujours chants et
chœurs mélodiques avec des accords et soli de guitares rageurs. Bon, j'ai bien entendu
ici et là des p'tites nappes de synthé pré-enregistrées, ce qui m'agace
toujours, mais à eux je leur pardonne volontiers pour une fois… J'ai vraiment
pris un grand plaisir à écouter ce bon vieux hardrock tradi. Ces musiciens
conservent l'envie, la complicité et l'énergie d'entretenir une belle communion
avec son public. Ovation méritée pour ces artistes qui auraient mérité une
carrière davantage remarquée !
Je me précipite à l'échoppe pour acheter "Gravity" (Petite merveille qui,
depuis, tourne plus souvent qu'à son tour sur ma platine !)
PROGRAMME
Captured City (Captured
Live in Tokyo City, 1996)
Panic in the Streets (Time Tells No Lies, 1981)
Praying Mantis (1980)
Fight For Your Honour (Legacy, 2015)
Highway (Sanctuary,
2009)
Keep It Alive (Gravity,
2018)
Dream On (A Cry
For The New World, 1993)
Lovers to the Grave (Time Tells No Lies, 1981)
Turn the Tables (Ep
1982)
Time Slipping Away (Predator
In Disguise, 1991)
RAPPEL
Children of the Earth (Time Tells No Lies, 1981).
19h45-21H : CHRIS SLADE TIMELINE. A l'instar de Miss America, j'ai pu assister à la
prestation de CST lors du Lax'n Blues le 24 mars 2018. Pour apprécier
pleinement, il faut voir cette prestation comme celle d'un groupe commémoratif
(en anglais on dirait "tribute band").
Chris SLADE a vraiment un parcours surprenant, remarquable et honorable. Il a
participé à un grand nombre de groupes qui ont marqué l'Histoire du Rock. Bien
évidemment une majorité du public l'associe à son passage au sein d'AC/DC ; il
n'a pas d'autre choix que d'insister sur cette expérience pour attirer son
public. Et pourtant en se penchant sur son CV, preuve de son talent, comment ne
pas remarquer ses employeurs et ses complices ; Tom Jones (1965-68), Manfred
Mann (1972-78), Uriah Heep (1980), David Gilmour (1984),
The Firm (1985-86), Gary Moore (1988), Asia (2001, 2004)
et d'autres encore !...
Avec ce recul, on peut écouter avec indulgence ce
groupe qui tente, avec ses moyens, d'évoquer ce prestigieux passé.
Personnellement, j'ai ainsi pris beaucoup de plaisir lors ce voyage dans le
temps, même si j'ai grincé des dents sur les mélodies sacrées de Gilmour et
Moore. J'aurais aussi apprécié qu'il évoque sa période passé au sein de The
Firm; je me demande bien pourquoi il l'a masqué au profit un peu facile de
nombreuses reprises d'AC/DC. Certes, il est ainsi parvenu à maintenir le public
attentif, mais bon…
Quant, aux reprises d'AC/DC ("Dirty Deeds done Dirt Cheap", "Highway To Hell", "You Shook Me All NightLong", "Hell's Bells", "Back
In Black", et "Thunderstruck")
certaines étaient réussies, d'autres moins. N'est pas Angus Young qui veut !
(pas plus que Gary Moore et encore moins David Gilmour !!) Mais il faut
reconnaitre qu'elles ont eu le mérite de faire monter l'ambiance alors que le soleil
se couchait définitivement sur le festival 2018.
Dirty Deeds Done Dirt Cheap (reprise de AC/DC)
Blinded by the Light (reprise de Bruce Springsteen)
You Shook Me All Night Long (reprise de AC/DC)
July Morning (reprise de Uriah Heep)
Hell's
Bells (reprise de AC/DC)
Parisienne
Walkways (reprise de Gary Moore)
Solo de batterie
Delilah
(reprise de Tom Jones)
Back in Black (reprise de AC/DC)
Comfortably Numb (reprise de Pink Floyd)
Thunderstruck (reprise de AC/DC)
Rappel :
Highway to Hell (reprise de AC/DC).
21h30-23H : ROSE TATTOO. Voilà maintenant pas moins
de trente-sept années que ces satanés australiens passent au travers des
mailles de mon filet ! J'ai toujours raté les rares occasions de les voir ; je
me souviens notamment ne pas m'être décidé pour ce dimanche 25 octobre 1981
alors qu'ils étaient en première partie de ZZ-Top au pavillon Baltard. A
l'époque, ils ne passaient pas si souvent que ça par chez nous, quoiqu'un peu
plus que The Angels, avec lesquels ils partageaient souvent l'affiche, …mais en
Australie…
Et puis le temps est passé, les morts aux champs
d'horreurs sont tombés les uns après les autres autour du pauvre Angry qui se
retrouve le seul survivant alors qu'il n'est pourtant pas réputé avoir été le
plus sobre… Le groupe s'est arrêté en 1987, a repris en 1992 pour s'arrêter de
nouveau l'année d'après… Bref, j'avais donc définitivement renoncé à voir un
groupe intitulé Rose Tattoo un jour.
Mais voilà, le vieux n'avait pas dit son dernier mot ;
depuis août 2017, une nouvelle formation des Rose Tattoo se recompose autour d'Angry
Anderson (chant, 1976–1987, 1992–1993,
depuis 1998). Il s'entoure de Dai Pritchard
(slide guitare, depuis 2007), Bob Spencer
(ex-The Angels, guitare, depuis 2017),
Mark Evans (ex-AC/DC, basse depuis 2017) et Jackie Barnes (fils du chanteur
australien Jimmy Barnes, batterie, depuis aout 2018).
Autant dire que c'est avec une grande envie que je me
suis positionné en bonne place pour assister enfin à ce concert tant attendu.
Je comprends vite le secret du maintien en forme du père Angry : il s'est
calmé. Lui qui avait la réputation de s'éclater sur scène (dans tous les sens du terme ; dans les années 80 un ami m'avait relaté
l'avoir vu se cogner au sang le front avec son micro !), le voilà en train
de philosopher entre chaque chanson, sur la nature humaine et la communion des
esprits ! Ô, certes il arpente la scène en chantant mais d'un pas posé et
serein comme assuré de sa notoriété et de l'estime de son public. Et c'est le
cas, l'auditoire composé en grande part de quinqua nostalgiques ovationne
chaque titre, d'autant plus qu'à l'exception de trois titres issus de "Blood Brothers" (2007) le programme
était en fait un hommage aux lointaines années de gloire (1978-1982).
Cette succession de titres, qui ont contribué dans les
80's à m'occasionner tant de torticolis les lendemains de fête entre potes, ravivent
des souvenirs lointains. Etant placé aux pieds de Pritchard, j'ai particulièrement
gouté aux sons bluesy et rageurs à la fois ; je dois admettre que les
remplaçants font bien leur boulot. Ravi de voir Spencer et Evans qui ont
contribué à d'autres légendes australiennes. Barnes ne laisse rien
transparaitre de son noviciat dans le groupe. Je déguste de bons accords de
guitares transpirant la chaleur torride du pays des kangourous, ainsi qu'une
rythmique bien en place. La voix de Gary Stephen Anderson alias Angry reste la
même ; le p'tit chauve vêtu comme un épouvantail-à-moineaux ne semble pas
souffrir de ses 71 ans. En fermant les yeux ont pourrait s'imaginer trois
décennies en arrière…
Toutefois, je ne parviendrai pas à ressentir la même
excitation débridée qu'à l'occasion du concert des Angels
(4 juin 15, Vauréal). Je compare les deux groupes, d'abord parce
qu'ils sont dans la même veine musicale, à la fois bluesy, hardrock binaire et
redoutables pour les nuques fragiles. Mais aussi parce que ces australiens ont
été trop rares sur nos terres. Je me demande encore aujourd'hui pourquoi AC/DC
ne les a pas systématiquement embarqués en tournée(s) … Bref, j'entretenais
donc pour ces deux groupes une envie similaire.
The Angels, bien qu'amputé de leur chanteur
emblématique m'avait complètement explosé les neurones et les muscles, j'étais
sorti de Vauréal épuisé, vidé, lessivé, heureux quoi, même si cet épisode me
rappelait douloureusement que le temps passe à mes dépends !
Lors de ce concert des Rose Tattoo, j'ai
ressenti un réel plaisir, mais teinté de mélancolie. Dans le blues-rock, on
peut trouver de la folie et/ou une relative mollesse. C'est surtout cette
dernière sensation qui a prévalu. J'ai conscience en écrivant que mon état
d'esprit déclinait peut-être d'un certain état de fatigue pour clore ces deux
jours de festival, mais ce qui est certain c'est que plus de trente-cinq années
après cette faste période pour le hardrock, The Angels conserve ma
préférence nette et sans bavure.
PROGRAMME
One of the Boys (Rose Tattoo, 1978)
Juice on the Loose (Scarred for Life, 1982)
Man About Town (Blood Brothers, 2007)
Assault & Battery (Assault & Battery, 1981)
Tramp (Rose Tattoo, 1978)
Rock 'n' Roll Outlaw (Rose Tattoo, 1978)
Once in a Lifetime (Blood Brothers, 2007)
Branded (Scarred for Life, 1982)
1854 (Blood Brothers, 2007)
King (Assault & Battery, 1981)
Bad Boy for Love (Rose Tattoo, 1978)
Remedy (Rose Tattoo, 1978)
Scarred for Life (Scarred for Life, 1982)
Astra Wally (Rose Tattoo, 1978)
We Can't Be Beaten (Scarred for Life, 1982)
Nice Boys Don't Play Rock n'
Roll (Rose Tattoo, 1978).