Beaucoup de groupes du continent américain privilégient leurs tournées américaines, sans doute plus lucratives ou déjà assez éreintantes, sans avoir à aller plus loin. On peut ainsi déplorer ne jamais avoir vu des géants tels que Boston, Kansas, Triumph. On peut aussi se réjouir du parti-pris inverse de certains autres qui n'hésitent pas à sortir délibérément de leur cadre, tels que Dream Theater, Metallica. Reste les opportunistes, qui daignent en faire la démarche, mais avec parcimonie, tels que Aerosmith, Rush, Van Halen … BLUE ÖYSTER CULT fait partie de cette dernière catégorie. Autant dire qu'il ne faut pas manquer leurs (trop) rares visites !
Cependant,
la trop longue litanie des concerts reportés à cause de la Pandémie continue ;
ce concert était initialement prévu le mardi 2 juin 2020, il a d'abord été
reporté au jeudi 20 mai 2021, puis au dimanche 17 octobre 2021 pour enfin être
fixé à ce lundi 31 octobre 2022.
Le concert étant complet, une seconde date a été ajoutée à Paris, mais la
veille. Je m'en veux un peu de ne pas avoir opté pour celle-ci également…
Ces
deux concerts parisiens s'inscrivent dans leur tournée pour leur 50ème
anniversaire, mais aussi pour promouvoir leur quinzième album "The Symbol Remains" qui est paru le
09 octobre 2020, soit dix-neuf
années après le précédent quand même ! Le 14 octobre, ils étaient encore
aux USA et ils y retournent le 4 novembre ! Les douze dates européennes,
dont deux parisiennes, ne sont donc qu'une parenthèse dans leurs incessantes
tournées américaines. Par conséquent, une fois n'étant pas coutume, savourons
notre privilège français !
Je pouvais
d'autant moins me priver de ce concert que j'entretiens des scrupules d'avoir
manqué parfois, trop souvent, leurs concerts. Je ne les ai vus que cinq fois !
J'ai tardé jusqu'au samedi 4 février1984 (Revölution by Night) pour
me rendre à un premier concert. Puis, j'ai pu les revoir les jeudi 30 aout 1984, lundi 27 janvier 1986 (Club Ninja), et lundi 13 février 1989 (Imaginos).
Mais il m'aura fallu attendre …plus de vingt-huit années plus tard, le samedi 24 juin 2017 pour les
revoir à l'occasion du festival Retro C Trop. A ma décharge, ils semblent
n'être passés à Paris que deux fois avant ma première (1975 et 1978), puis je
les ne les ai manqués que trois fois ensuite (1992, 1995 et 2009).
BLUE ÖYSTER
CULT, fondé en 1967 à New York, figure dans Mon Panthéon des groupes pionniers
du Hard Rock. Donald "Buck Dharma" Roeser (guitare solo, chant), Eric
Bloom (chant, guitare électrique), Allen Lanier (claviers, guitare) et la
fratrie Bouchard à la section rythmique Joe (basse, voix) et Albert (batterie,
voix) ont enregistré leur premier album éponyme dès 1972. Influencés notamment
par Black Sabbath, The Stooges et bien d’autres, BÖC a construit sa notoriété en
occupant les scènes inlassablement et composant des titres devenus
indispensables en concert, tels que "(Don’t
Fear) The Reaper" (1976), "Godzilla"
(1977) et "Burnin’ for You"
(1981).
Je ne m'étendrai
pas sur la biographie du groupe, que tout mélomane curieux peut aisément
consulter, mais il me parait intéressant de souligner qu'elle relate l'histoire
d'une rencontre entre des étudiants new-yorkais et un poète Sandy Pearlman,
devenu leur manager. Celui-ci serait à l'origine du nom "Blue Öyster
Cult" tiré d'un de ses poèmes écrits dans les années 1960, intitulé "Imaginos". Thème d'ailleurs repris
en 1988 pour l'opus éponyme. On comprend mieux le rapport avec l'enregistrement
en concert intitulé "ETL, extraterrestrial Live", à l'aune de cette
explication ; dans la poésie de Pearlman, le "Blue Öyster Cult" était
un groupe d'extraterrestres qui s'étaient réunis secrètement pour guider
l'histoire de la Terre. D'abord perplexe, le groupe avait fini par adopter cet
intitulé pour préparer son premier album. On peut retenir aussi que le
mystérieux logo résulte de diverses inspirations venant de la mythologie grecque
(Chronos, Zeus, …), de symboles
alchimiques (le plomb, le plus lourd des
métaux), mais aussi de symboles astrologiques (Saturne).
Voilà pour mon
contexte. C'est donc avec une certaine fébrilité que nous rejoignons la file d'attente
qui ne tarde pas à être arrosée d'une copieuse pluie d'automne bien malvenue.
18:30 Ouverture des portes. Nous
parvenons à nous positionner correctement en fosse, centré et relativement
proche de la scène. Seules quelques têtes inopportunément hautes nous
empêchèrent d'atteindre un confort de salon.
L'animation de
la première partie de la soirée était dévolue à Gaëlle Buswel, comme celle de
la veille, mais la Dame s'est déclarée indisponible, laissant ainsi à Sylvain
Laforge, son complice de scène, le soin de la remplacer.
LUX [19:45-20:10].
https://lux-theband.com/
Ancien
complice de Rita Mitsouko, le guitariste Sylvain Laforge, a fondé à Paris, en 2014, un duo avec la chanteuse new-yorkaise
Angela Randall. "LUX the
band" montre une affinité avec la tradition folk/rock anglo-saxonne.…
Un
premier album, "Super 8", a
été réédité avec des nouvelles chansons en juin 2019. Un second album était
prévu cette année. Leur biographie revendique ainsi une étiquette "Velvet Rock" dont je ne comprends
toujours pas très bien le sens à l'issue de leur prestation… Leur musique sonne
tout ce qu'il y a de plus folk-rock dans les couloirs de nos métros parisiens.
Une
prestation bien sympathique mais disons que les amateurs du BÖC ont par le
passé été habitués à des invités d'un autre calibre. Je les ai vus avec le
canadien Aldo Nova en 1984, Tokyo Blade en 86, et Patrick Rondat en 89, et
surtout ils ont tourné avec Black Sabbath, Rush, Boston, Kiss, Uriah Heep et
tant d'autres encore …
Mais
notre microcosme musical est composé de gens bien élevés, le public applaudit
respectueusement le binôme qui a au moins le mérite d'avoir relevé le défi
inopiné de remplacer Gaëlle Buswel.
BLUE ÖYSTER CULT [20:30-22h20]
L'extinction
des feux, accompagnée d'une évocation de "Blade Runner" (Vangelis) dans les enceintes, annonce
l'imminence du concert tant attendu !
Le
quintuor entre en scène et attaque avec "Tattoo Vampire" que je confesse ne pas avoir reconnu
immédiatement. Je ne m'attendais pas à ce titre en introduction, et pourtant
avec le recul il me semblait s'imposer en cette période d'halloween, importante
pour les ricains.
Je retrouve
ainsi avec plaisir la même formation qu'au Retro C Trop en 2017. Donald ROESER alias "Buck Dharma" (guitare, chant depuis 1967, né le 12
novembre 1947 ; 74 ans) reste le seul membre fondateur du groupe, mais Eric
BLOOM (chant, guitare, claviers depuis 1969, né le 1er décembre
1944 ; 77 ans) était déjà intégré au groupe pour le premier album. Ils sont
entourés de Danny MIRANDA (basse, chœur de 1995 à 2004, puis depuis
2017), Richie CASTELLANO (guitare, claviers, chœurs, depuis 2007 –
après avoir été basse de 2004 à 2007) et Jules RADINO (batterie depuis 2004).
Cette
salle dispose d'une acoustique excellente, l'ingénieur du son m'a semblé à la
hauteur de l'enjeu, par conséquent la sonorisation nous a permis de vivre un
excellent concert.
Un
éclairage à la fois lumineux et coloré a parfaitement entretenu les atmosphères
à l'attention des regards et des objectifs de chasseurs d'images. Aucun fond de
scène ; ni symbole, ni écran. Aucun artifice ni décor de scène, juste des
musiciens et leurs accessoires. Rock'n'roooooooooll !
La
prestation est quasi irréprochable avec des titres piochés dans la longue
discographie, parfois de manière surprenante (Tattoo Vampire, The Vigil,
Teen Archer, I Love the Night) parfois de manière plus conventionnelle (Burnin' for You, Then Came the Last Days of May, Godzilla,
Don't Fear The Reaper), mais le titre qui m'aura surpris avec bonheur fut Black Blade.
Fait notable, la séquence initialement jouée au saxo dans "Shooting Shark", titre coécrit par Buck Dharma et Patti Smith, est ici remplacée par les guitares de Ritchie puis de Buck.
Un
des points culminant fut sans doute l'interprétation de "Then Came the Last Days of May" avec
ses étourdissants solos des guitares de Ritchie, puis de Buck ! Ce dernier n'a
d'ailleurs pas cessé de nous démontrer, avec sa fameuse guitare-gruyère, qu'il
a de beaux restes, notamment après "Godzilla".
Vraiment, voir ces deux grands guitaristes rivaliser de soli fut un réel
bonheur. Richie Castellano est un multiinstrumentiste particulièrement doué,
talentueux et charismatique. Buck demeure une Référence, toujours aussi
technique et sensible sur ses cordes.
Eric quant à lui n'est certes plus aussi fringant qu'autrefois, et sa voix peut paraitre parfois hésitante, mais il inspire toujours le respect. Pour le côté esthétique, dommage qu'il ne joue plus avec sa légendaire guitare aux formes du logo.
Le
public exulte avec moi, mais pouvait-il en être autrement ?! Les ovations
permettent un juste retour du groupe pour un rappel amplement mérité.
Autre
qualité du groupe, et non des moindres, l'auditeur peut s'engager à les suivre
sur plusieurs dates, le programme varie le plus souvent. Ces musiciens exploitent
leur répertoire en modifiant les titres interprétés durant leur tournée, quand
d'autres (je ne nommerai personne, non !)
se contentent d'un programme figé pendant toute leur tournée ! Par rapport à la
veille, la loterie des programmes variables d'un soir à l'autre nous a ainsi
privé de NEUF TITRES : "Transmaniacon
MC", "Harvest Moon",
"E.T.I. (Extra Terrestrial
Intelligence)", "Train True
(Lennie's Song)", "Tainted
Blood", "Dancin' in the
Ruins", "Perfect Water",
"Harvester of Eyes", et surtout de "Cities on Flame With Rock and Roll". Je considère être en
droit d'être frustré, quand on se rappelle avoir acheté nos billets avant les
spectateurs d'hier… mais bon, passons!
Dix-sept titres, dont (seulement) deux de The Symbol Remains (2020),
trois issus de Blue Öyster Cult (1972),
trois de Spectres (1977), deux de Agents of Fortune (1976),
deux de Secret Treaties (1974), un de The Revölution by Night (1983),
un de Cultösaurus Erectus (1980),
un de Fire of Unknown Origin (1981),
un de Mirrors (1979), et un de Tyranny and Mutation (1973).
Un heure cinquante de plaisir auditif absolu.
PROGRAMME
Bande son introductive : Blade Runner
(Vangelis)
Tattoo Vampire (Agents of Fortune,
1976)
That Was Me
(The Symbol Remains, 2020)
Golden Age
of Leather (Spectres, 1977)
Burnin' for
You (Fire of Unknown Origin, 1981)
Shooting
Shark (The Revölution by Night, 1983)
The Vigil (Mirrors, 1979)
Cagey
Cretins (Secret Treaties, 1974)
Box in My
Head (The Symbol Remains, 2020)
Screams (Blue Öyster Cult, 1972)
She's as
Beautiful as a Foot (Blue Öyster Cult,
1972)
Black Blade
(Cultösaurus Erectus, 1980)
Then Came
the Last Days of May (Blue Öyster Cult,
1972)
Godzilla (Spectres, 1977)
(Don't Fear) The Reaper (Agents of
Fortune, 1976).
RAPPEL :
I Love the
Night (Spectres, 1972)
Dominance
and Submission (Secret Treaties, 1974).
Il est permis de craindre de pas de ne pas les revoir de sitôt, le passage à l'échoppe s'imposait. J'ai été bien inspiré de m'y précipiter car, la tournée européenne touchant à sa fin, il ne restait que très peu de t-shirts. J'ai même dû me contenter d'une taille inférieure à mon habitude, et je m'estime heureux, car j'avais à peine le dos tourné que le stock fut épuisé !! ouf !