LE CONTEXTE
: S'agissant d'une Résurrection, il convient de consulter les textes anciens. L'avènement
de ce festival eut lieu le 12 juillet 2014.
A cette époque, j'en ignorais totalement l'existence et pourtant l'affiche
avait déjà de quoi me faire déplacer ! A mon sens, elle ne présentait aucun
déchet ; OPETH, ANATHEMA, FISH, PAIN OF SALVATION, ALCEST, ANTIMATTER, et TESSERACT.
Ma première participation ne se produira que l'année
suivante, le 11 juillet 2015. D'ailleurs,
compte tenu de la concurrence avec The Night of the Prog allemand, je n'y
serais même pas allé, sans la prétendue présence d'IQ … qui devra finalement
renoncer ! Nonobstant, les affiches successives ainsi que le cadre idyllique de
l'époque, la cour centrale du Poble Espanyol, nous ont irrésistiblement attirés
chacune des années suivantes (de 2015 à 2018).
Sans prétendre jouer au gendarme de la vertu, certains
groupes programmés étaient parfois aux limites de la légitimité d'un
Festival qui affirme, par son titre, vouer un culte au rock progressif (je
citerais les présences particulièrement détonantes de MESSUGAH, KATATONIA,
DEVIN TOWNSEND PROJECT, OBSIDIAN KINGDOM, IHSAHN, BETWEEN THE BURIED AND ME,
PERSEFONE).
Mais en contrepartie, nous eûmes tellement de grandes
et belles émotions inespérées ! (je citerais notamment CAMEL, PAIN OF
SALVATION, MAGMA, STEVEN WILSON, ANATHEMA, MARILLION, HAKEN, LEPROUS, GAZPACHO,
SONS OF APOLLO, OPETH, JETHRO TULL, et tant d'autres…).
Bref, lorsque le comité d'organisation décida de
stopper brutalement l'aventure fin 2018, nous fûmes nombreux à nous sentir
orphelin d'un merveilleux festival européen, même si par ailleurs The Night of
the Prog perdurait en Allemagne … Il semblerait que le projet avait pris fin en
2018 car il n'était pas économiquement viable… Les années passèrent, l'espoir
d'un retour s'amenuisait inexorablement.
C'est curieusement lorsque que le festival allemand
déclare s'arrêter à son tour, que les Catalans annoncent une inespérée sixième
édition ! Le concept BE PROG MY FRIEND est donc repris, mais avec un format qui
est censé perdurer. En ce qui nous concerne, le principe de débuter après
16h, avec une scène unique, pour quatre groupes chacun des deux
jours, nous convient parfaitement.
Dès le 3 mai, nous nous procurons les précieux Sésame
pour les deux journées. Les deux groupes inscrits en têtes d'affiches ont
achevé de nous convaincre ; HAKEN et
surtout PAIN OF SALAVATION, ce
dernier étant devenu rare en nos contrées… Le reste de l'affiche s'est avéré
nettement moins séduisant, la tendance metal est encore plus accentuée que par
le passé. To be metal or to be prog, that
is the Question ; avec ma P'tite Fée, nous sommes partisan de l'éclectisme
et de l'audace. Par conséquent, nous restions ouverts aux surprises, malgré
tout.
LE SITE : La
place centrale du Poble Espanyol est malheureusement accaparée pour l'Oktoberfest
locale, le site traditionnel a donc été déplacé de quelques mètres. L'espace "La
Carpa" est habituellement recouvert d'une tente mais, pour cette occasion
il est à découvert. Seules les armatures sont maintenues et servent à suspendre
les fils et enceintes. Juste à côté du lieu-dit la Tente se trouve une aire extérieure
de pique-nique, constellées de grands arbres qui couvrent sa toute la surface
de leur ombre. Très agréable agencement donc.
La capacité d'accueil du site est limitée strictement
à mille personnes, nous dit l'organisateur, ce qui est inférieure à la capacité
de l'ancien emplacement.
Sur l'ensemble du festival, l'acoustique m'a semblé
très bonne, et la sonorisation plutôt bien équilibrée. La scène, sans être très
profonde, offrait un espace correct aux musiciens ; son élévation était censée
permettre une bonne visibilité à l'auditeur, sous réserve de sa taille et de la
corpulence de son voisin devant... Quant à l'éclairage (inutile en plein jour)
s'est révélé correct sauf pour Pain of Salvation qui, s'exprime délibérément
sous des lumières sombres.
Ouverture du site : 16:00 h.
Le
vendredi 27 Septembre 2024
Le ciel est bleu et la température agréable (j'entends, très loin des canicules ibériques
habituelles !)
Nos deux couples (moi et ma P'tite Fée, ainsi que
Hervé et Jacqueline) découvrent l'antre, dont le périmètre n'est pas bien
profond ; nous choisissons de nous asseoir sur des gradins bétonnés dans le
prolongement de la scène. Seules quelques armatures métalliques (un signe ?) nous polluent le point de
vue, mais sans gravité. Il ne me reste plus qu'à m'abreuver d'une
rafraichissante Estrella pour attendre patiemment (6€ pour 50cl). L'échoppe
officielle finira par nous tenter avec le très joli t-shirt du festival (25 €).
J'essaie toujours de m'imposer une bienveillance relative
à l'égard des artistes qui doivent ouvrir un festival, car cette redoutable
tâche est dévolue à des novices, devant un auditoire encore parsemé,
circonspect et méfiant. De surcroit, KINGCROW nous était déjà apparu le 24 juin
2023, pour l'ouverture du festival Midsummer.
KINGCROW [16h30-17h10].
Le groupe a été fondé
en 1996 à Rome, en Italie, par Diego Cafolla
(guitares) et Manuel Thundra Cafolla
(batterie), sous le nom d'EARTH SHAKER, nom inspiré par le poème "Raven"
d'Edgar Allan Poe. Puis, le nom du groupe a rapidement été modifié pour devenir
KINGCROW. Avec Stefano Tissi (chant), le premier CD promo "Eyes Of Memories" est publié en
1997. Le deuxième CD promo, "Hurricane's
Eye", paru en 2000, a engagé l'évolution de KINGCROW vers des "atmosphères progressives" … interprétées
avec une approche subtile de hard rock et de métal.
Présenté comme un sextet sur leur site officiel, c'est
un quintet qui se présente et comprend Thundra Cafolla (batterie), Diego Cafolla
(guitares), Ivan Nastasi (guitares),
Diego Marchesi (chant), Riccardo Nifosì (basse). Le titulaire des
claviers, pourtant mentionné sur leur site (Cristian Della Polla), demeure physiquement
absent, fâcheusement remplacé par une bande-son, comme au Midsummer en 2023 ;
je n'ai pas perçu d'explication (j'en
suis preneur, à l'occasion !).
Le huitième
album, "Hopium" est paru le
23 août 2024.
Leur concert du 24 juin 2023, lors du festival
Midsummer m'avait relativement séduit, en dépit d'un style qui m'avait semblé plutôt
metal et donc déjà quelque peu en décalage avec le thème prétendument prog du
festival. J'espérais toutefois les revoir sur scène ; l'occasion m'en est
donnée dans un autre festival réputé progressif. Je suppose que ma conception
du prog est étriquée, c'est dur d'être un vieux con.
Cette courte prestation m'a laissé les mêmes
impressions ; une bande-son pour remplacer le pupitre de clavier m'agace
toujours autant et toutefois l'ensemble des chants et guitares produit de très
belles harmonies comme les Italiens en sont souvent garants. Avec ces harmonies
mélodiques et cette rythmique saccadée je parviens parfois à percevoir des
sonorités qui me rappellent celles de Leprous, sans toutefois atteindre les
mêmes sommets de virtuosité.
La prestation est correctement ovationnée par le
public déjà présent, auquel je m'associe volontiers. Soyons fous !
Le court créneau accordé leur a permis d'interpréter cinq titres, dont quatre issus
de "Hopium" paru le mois
dernier.
PROGRAMME
1.
Kintsugi (Hopium, 2024)
OBSIDIAN KINGDOM [17h30-18h20].
OBSIDIAN KINGDOM est un groupe barcelonais fondé en 2005. La composition de ce
quintet me semble confuse et imprécise sur leur site, mais on
peut déceler l'existence de Rider G Omega
(ex-Myrkur, guitares, voix, depuis 2005), Viral Vector Lips (guitares, depuis 2019), entourés probablement
de Sir L Warchild (batterie), Alga Brutal (basse) et Jade Riot Cul (clavier, depuis 2016).
Leur quatrième
album, "Meat Machine" est
paru le 25 septembre 2020.
Le Be Prog festival a déjà invité OBSIDIAN KINGDOM ;
j'étais présent le 1er juillet 2016, pour leur promotion de "A Year With No Summer". Mais cela
ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable.
Leur musique constitue une première source de relative
crispation, puisque nous nous éloignons là encore un peu plus du rock
progressif. Ce metal est puissant, rugueux, illustré par des voix souvent
claires mais parfois gutturales, par des guitares incisives et des roulements
de grosse caisse ravageurs. Manifestement, OBSIDIAN KINGDOM aurait eu davantage
sa place dans un Hellfest.
Mais cela demeure cependant écoutable pour peu que
l'oreille soit habituée à cet univers… Une part importante du public semble
enthousiaste et acclame ce groupe local. J'applaudis mollement, en me disant
que le lendemain risque d'être bien pire… (oui,
j'avais un peu anticipé)
Etonnamment, le groupe opte pour une interprétation
intégrale de leur premier opus "Mantiis"
qui est paru le 16 novembre 2012.
PROGRAMME
1.
Not Yet Five (Mantiis, 2012)
PURE REASON REVOLUTION [18h50-19h40].
PURE REASON REVOLUTION est un groupe de rock
britannique fondé en 2003, à
l'université de Westminster. Les influences perceptibles sont issues de Pink
Floyd, Fleetwood Mac, Porcupine Tree, Nirvana, Kraftwerk. Leur musique erre
ainsi entre les sonorités du rock alternatif, progressif et électronique.
PPR se compose actuellement de Jon Courtney (chant, guitare, claviers),
Greg Jong (choeur, guitare, de 2003
à 2005, et depuis 2021), Annicke Shireen
(chant de Heilung ; Jon a fini par
convenir du départ de Chloé Alper qui est partie officié dans un groupe
populaire anglais) et Ravi Kesavaram
(batterie de My Vitriol).
Leur sixième
album, "Coming Up To Consciousness"
est paru le 6 septembre 2024.
Je les revois aujourd'hui pour la septième
fois. En effet j'ai pu les découvrir dans le sillage de Steven Wilson dès le 27
février 2007 au Café de la Danse (invités par Blackfield), puis le 3 juillet
2007 à la Cigale (invités par Porcupine Tree).
Si leurs prestations continuent de m'emporter par
leurs rythmes lancinants et leurs mélodies enivrantes, en revanche je ressens
une relative amertume depuis le départ de la multi-instrumentiste Chloé.
Annicke est certes légitime à son pupitre dont elle assume correctement les
fonctions avec une envie et un entrain évident. Mais il me semble percevoir des
problèmes de justesses entre les voix un peu plus évidents. En outre
l'inspiration semble peiner à renouveler leur style. Rien de rédhibitoire, les
polyphonies demeurent douces et ensorceleuses et manifestement une bonne part
du public (dont moi) s'enivre volontiers des mélodies entêtantes.
Je confesse volontiers avoir céder à la tentation de
secouer le sac à poussières, au dépens de ma pauvre nuque. Je ne boude pas mon
premier vrai plaisir de la journée et applaudis chaleureusement la prestation
qui, comme d'habitude, a emporté l'ensemble du public présent.
Nous aurons ainsi écouté six titres dont un est issu de "Above Cirrus" paru en 2022. Le nouvel opus n'est donc pas
promu ce soir…
PROGRAMME
1.
Silent Genesis (Eupnea, 2020)
Nous étions relativement sur la réserve jusque 20
heures, en restant le plus souvent assis sur notre muret au bout de la fosse.
Mais cette fois, nous n'avons pas voulu revivre la frustration du début de
cette semaine, alors que nous étions assis en fond de salle. Nous nous plaçons
au deuxième rang proche de Richard ! Toute la journée, nous avions remarqué de
nombreux admirateurs arborant un t-shirt, ce qui ne laissait aucun doute sur
l'objectif commun ! Ce soir, la tension monte donc d'un cran.
HAKEN [20h20-23h20].
Le quintuor anglais termine sa tournée européenne
intitulée "An Evenning with",
qui promeut particulièrement leur récent opus "Fauna". Celle-ci avait débuté le 4 septembre par Helsinki et aboutissait
à Lyon ce 26 septembre. Entre temps, nous avions assisté à leur concert du 23 à
l'Alhambra de Paris. Le Festival nous permet ainsi de les revoir pour la neuvième
fois.
Après les avoir vus une première fois le 8 avril 2014
à la Boule Noire de Paris, nous les avions revus ici-même à Barcelone le 11 juillet 2015. A cette époque, encore
peu connus, ils étaient invités du festival Be Prog ! "sur un
strapontin" ; ils avaient joué sur un minuscule kiosque à musique en marge
de la scène principale
Nous retrouvons ainsi les trois piliers historiques,
Ross Jennings (chant, depuis 2007),
Richard Henshall (guitares,
claviers, chœurs depuis 2007), et Raymond Hearne
(batterie, chœurs depuis 2007), entourés de Peter Jones (claviers, chœurs de 2007 à 2008, et depuis 2022), Charles Griffiths (guitares, chœurs, depuis
2008) et Conner Green (basse, chœurs
depuis 2014).
Le septième
album studio du groupe, "Fauna"
est paru le 3 mars 2023.
Neuf années après, ils sont donc de retour au Poble
Espanyol, mais cette fois en tête d'affiche, pour un spectacle éblouissant, au sens
propre comme au sens figuré. Un éclairage somptueux, une sonorisation mixée idéalement,
tant par sa puissance mesurée que par sa limpidité.
L'ambiance à l'Alhambra de Paris avait été quelque peu
limitée par une configuration en places assises inappropriée. Ici, la fosse est
debout, ce qui accentuera encore les effets de l'exubérance du public ibérique.
Mon récit est en mode "festival" ; je ne m'attarderai donc pas sur la perfection de la prestation. Le curieux pourra relire mes précédents ressentis, qui ne seront absolument pas contredit ici. Je considère être objectif en prétendant que ces musiciens sont simplement exceptionnels. Chaque pupitre est exprimé avec une rare conscience et une rare efficacité. Tout parait simple et évident dans une complexité extraordinaire des structures des chansons. Le chant reste juste dans des tonalités pourtant difficiles. La dextérité des guitaristes est sans faille et admirable. Clavier, basse et batterie ne sont au fond de la scène qu'en apparence, car leur rôle essentiel est fabuleux par la richesse des harmonies et des accords. C'est juste étourdissant de beauté ; mon admiration est sans faille.
Allez, histoire de reste crédible, je vais feindre le
critique mesquin ; avec le recul l'intégrale de "Fauna" a pu sembler un peu longuet pour ceux qui attendait
impatiemment les reprises de plus vieux titres. Mais bon, pour ma part je n'ai
pas boudé mon plaisir ! Le répertoire est d'une telle richesse qu'en gourmand
insatiable j'aurais apprécié que, pour ce dernier concert, leur programme de
tournée intègre en plus "Celestial
Elixir" par exemple… Je sais, je suis un enfant gâté (ce titre a déjà été joué devant nous au
Midsummer en 2023 !).
Brefs, cessons de chipoter, ce concert fut dantesque,
tout simplement ! C'est la fête, surtout durant la seconde partie. La fosse est
en totale ébullition, le public se lâche, exulte, saute, danse, sourit
béatement. Les plus téméraires se font porter au-dessus de la foule en liesse. Même
le photographe officiellement habilité du groupe, vêtu d'un déguisement de
Tigrou, se fait porter depuis le fond de la fosse vers la scène tout en filmant
la séquence. Cela devrait à mon avis ressortir sur les réseaux ! Dans toute
cette agitation, ma priorité est de protéger ma P'tite Fée, ce qui n'est pas
une mince affaire, croyez-moi ! Heureusement, nous n'étions pas au centre mais
légèrement excentrés, ce qui nous a épargné la fuite qui sinon aurait été
inéluctable !!!
A voir les mines réjouies des membres de HAKEN, on
imagine qu'ils se souviendront longtemps du public barcelonais (sans doute davantage que du parisien hélas,
pour des raisons indépendantes de notre volonté).
Parmi les dix-neuf
titres de ce magnifique programme, neuf sont issus de "Fauna", deux de "Affinity", deux de "Virus", deux de "Vector", un de "The Mountain" un de "Visions" un de "Aquarius" un de "Restoration".
PROGRAMME
Bande-son introductive : "The
Last Lullaby" (édition japonaise de Fauna, 2023)
ACTE 1 –
Fauna [20h20>]
ACTE 2 [>23h20]
RAPPEL :
Après ce chaos bienveillant, nous quittons la place
sans trop tarder, car demain s'annonce fort en émotions, a priori…
Le samedi
28 Septembre 2024.
Le ciel est bleu, mais la température est un peu plus
fraiche que la veille. De la pluie annoncée pour la fin de soirée, il ne
tombera que quelques gouttes négligeables à notre départ !
Nous retrouvons nos places assises de la veille pour
attendre la suite des évènements. Je ne le cache pas, je sais que l'après-midi
risque de paraitre long, car le programme va nous caresser à rebrousse-poil,
jusqu'à la tombée de la nuit !
TODOMAL [16h40-17h30].
https://www.youtube.com/@todomalofficial7059/videos
Fondé en 2020,
en Espagne, TodoMal (qui peut se traduire par "tout mauvais" ; inquiétant !) nous propose un metal doom
puissant et lourd, influencé par Black Sabbath, ou plus récemment Opeth. Ses
deux confondateurs, Christopher B. Wildman
(chants, guitares) et Javier Fernández
(basse, chœurs) sont entourés sur cette scène par Javier Félez (guitare, depuis 2023), "Bud"
(batterie, depuis 2023) et Cecilia Onirica (claviers, chœurs).
Leur site présente deux albums ; "Ultracrepidarian" paru le 26
novembre 2021, et "A Greater Good"
paru le 24 novembre 2023.
Même si encore une fois, nous ne sommes pas a priori venus
pour écouter du metal, le groupe me séduit. Les sonorités s'approchent
effectivement de celle exprimées par Opeth. D'ailleurs de nombreux mélomanes ne
s'y sont pas trompés ; beaucoup arborent un t-shirt à la gloire des Suédois. La
musique de TODOMAL est lourde et puissante. La voix claire et caverneuse du
chant, les guitares et le clavier entrainent volontiers l'auditeur dans les
tourments mélancoliques.
Encore un groupe local qui nous a semblé intéressant donc.
En tous cas, pour nos oreilles aguerries de prog'metallos ! Je leur accorde mes
applaudissements sincères. Hervé, notre très vénérable défenseur du prog
intègre commence déjà à s'ennuyer. Hélas pour lui, cela n'aura été qu'un début…
Parmi sept titres,
cinq sont issus de "A Greater
Good" qui est paru en 2023.
PROGRAMME
1.
Silent Mass (A Greater Good, 2023)
ALKALOÏD [17h55].
ALKALOÏD est un groupe bavarois (allemand) de Death
Metal Progressif (!?) fondé en 2014. Sa biographie officielle
indique une tendance au "metal progressif
extreme" ; tout un programme ! Le premier album, "The Malkuth Grimoire", paraît en
2015 grâce à une campagne de financement participatif. La formation signe
ensuite sur le label Season Of Mist suivi
de la parution de "Liquid Anatomy"
en mai 2018.
Sur scène nous observons un quintuor composé de Florian
Magnus "Morean" Maier (guitares, chant), Christian Münzner (guitares), Linus Klausenitzer (basse) et Hannes Grossmann (batterie). Le cinquième
serait Justin Hombach (guitare, mais sans garantie sur l'identité !) Je
laisse loisir à mon lecteur de remonter le pedigree de ces messieurs.
Un troisième
album, "Numen"
est paru le 15 Septembre 2023.
Les premières secondes scéniques laissent espérer des
choses intéressantes, évoquant même un côté TOOL séduisant. Hélas, ce n'étaient
qu'une première impression vite balayée par un déferlement infernal, entretenu
par des vociférations difficilement supportables. De ces grognements et autres
gémissements d'outre-tombe, embourbés dans des roulements de grosse caisse, émergent
certes quelques soli de guitare, voire de beaux duos, du plus bel effet, mais insuffisant
pour lisser le tout à nos oreilles souffrantes. Nos oreilles saignent, et je
compatis à la douleur d'Hervé, mon ami progueux perdu dans les méandres d'un
univers sombre et particulièrement rébarbatif.
Une étonnante proportion du public semble y trouver
son intérêt. Je les laisse acclamer la chose.
Sur huit titres,
quatre sont issus "Numen"
paru en 2023.
PROGRAMME
1.
Kernel Panic (Liquid Anatomy, 2018)
DØDHEIMSGARD [19h30].
DØDHEIMSGARD, connu aussi sous le diminutif DHG, a été
fondé en 1994 à Oslo en Norvège. Le
groupe est composé de Yusaf "Vicotnik"
Parvez (voix depuis 1996, guitares
depuis 1997), Tommy "Guns" Thunberg (guitares, depuis 2015),
Lars-Emil Måløy (basse, depuis 2015)
et Øyvind Myrvoll (batterie, depuis
2019). Je ne parviens pas à identifier le cinquième larron.
Le nom "Dødheimsgard" est dérivé de trois
mots norvégiens : "død", qui signifie
"mort" ; "heim", qui signifie "maison" ; et
"gard", qui signifie "royaume". En anglais, il se traduit
approximativement par "Realm of Death" (royaume de la mort). Voilà le
doute n'est plus permis, ces Vikings ne plaisantent pas !
Le sixième
(ah, quand même !!) album "Black Medium Current" est paru le 14 avril 2023.
Dans la série "coucou, fais-moi peur", nous avons tous bien failli mourir… de
rire. Dans notre désarroi, mieux valait rire de cet affligeant spectacle
indigeste. Dans ce chaos sonore indescriptible je n'ai même pas perçu que
certains textes furent en norvégiens ; je ne m'en aperçois qu'a posteriori !
Là encore, une bonne part du public espagnol semble y
trouver son compte. Sans nous.
Parmi les onze
titres, trois sont issus de "Black Medium Current" paru en 2023.
PROGRAMME
1.
Et smelter (Black Medium Current, 2023)
COUP DE
GUEULE : Un festival généraliste
pourrait proposer un large panel de chaque style. Je suis partisan de défendre
le concept d'une Musique non compartimentée, non étiquetée. C'est un art vivant
et libre. Je suis partisan de la laisser évoluer, en
particulier le rock progressif car c'est son essence, et sa vocation. J'en
suis d'autant plus convaincu que, tout en restant attaché à ses multiples racines jazz, blues, classique, j'apprécie les évolutions
tendant vers le son plus dur et puissant du progmetal ! Je considère que des groupes tels que (notamment) PORCUPINE
TREE, DREAM THEATER, RIVERIDE, LEPROUS, HAKEN, OPETH, PAIN OF SALVATION, fers
de lance de mon style préféré, continuent de lui apporter un réel élan de
fraicheur, après plusieurs décennies d'existence.
Mais là quand même, avec ces trois groupes (OBSIDIAN
KINGDOM, ALKALOÏD et DØDHEIMSGARD) je considère qu'il y a de l'abus, de l'usurpation d'identité ! Contrairement à l'étendard bravement montré
pour attirer les mélomanes européens, l'incitation n'est plus "BE
PROG", mais "BE METAL" ! Lorsque j'ai fait part de ces simples observations
sur la page Facebook du festival, je me suis fait rabrouer par son
administrateur, me faisant passer pour un Gardien de la Révolution (un comble)
! Puis, cherchant à en débattre respectueusement, j'ai été purement banni de
tout accès au site… Cette attitude en dit long sur la mentalité de ces Grands
Démocrates. Un peu à l'image de la scène politique ; ce sont souvent ceux qui
prétendent défendre les libertés qui opposent le plus d'intolérance !
J'aurais pu continuer à venir à ce merveilleux
festival, en dépit de ses choix inadéquats. Après tout, je ne prétends pas
détenir la Vérité, et je dois m'incliner devant l'abnégation que requiert
l'organisation d'un tel événement ! Mais autant dire qu'en dépit du cadre et du
plaisir de venir à Barcelone, je n'ai plus vraiment envie de revenir ici.
Les oreilles ravagées par tant d'assaut destructeurs,
notre ami Hervé et sa compagne ont décidé de quitter ce qui est devenu pour eux
un lieu de perdition. Je ne lui en veux qu'à moitié. C'est quand même très dommage
car le meilleur de la journée restait quand même, à n'en point douter, la tête
d'affiche.
Avec ma P'tite Fée nous retrouvons les premiers rangs,
mais sur la gauche de la scène cette fois, du côté de Daniel. Confort d'écoute parfait, on va se régaler !
PAIN OF SALVATION [21h30-23h15].
PAIN OF SALVATION est un groupe suédois fondé en 1984 par le seul membre
original restant, Daniel Gildenlöw
(chant et guitare). Reconnu pour son une
incroyable musicalité, sa grande variété d'influences et une approche sombre et
poétique. PAIN OF SALVATION a la réputation d'être imprévisible, de sortir des
sentiers battus et de vouloir expérimenter avec les styles.
Le premier opus "Entropia" est paru en 1997, mais Daniel Gildenlöw a débuté les
fondations du groupe dès 1984. Il s'est entouré peu à peu de ce qui allait
devenir PAIN OF SALVATION ; Johan Hallgren
(guitare, chœurs, de 1997 à 2011, puis depuis 2017), Léo Margarit (batterie, percussions, chœurs, depuis 2007), Vikram A. Shankar (claviers, percussions, chœurs,
2024), et Per Schelander (basse, 2024).
Le onzième
album studio, intitulé "Panther",
est paru le 28 août 2020. Déjà plus
de quatre années…
Je revois PAIN OF SALVATION pour la sixième
fois ce soir. Je suis particulièrement impatient de les revoir car j'ai
toujours été séduit par les atmosphères développées par ces Vikings ; polyrythmies
sombres et progressives, des syncopes stimulantes, des percussions musclées. Le
groupe fait partie de ces groupes dont le son lui est totalement propre ; une
recette reconnaissable dès les premières notes.
L'éclairage m'a semblé délibérément trop sombre, mais
la sonorisation est toujours aussi excellente. En fond de scène un écran
diffusait alternativement le logo du groupe ou des images illustratives.
J'avais beaucoup apprécié leur concert au Midwinter prog festival, le 3 février dernier à Utrecht, mais ce soir c'était un cran encore au-dessus. Sans doute parce que le groupe est redevenu un quintuor, ce qui redonne de la puissance au son. La voix de Daniel est tellement émouvante, dotée d'un timbre à la voix expressive et émouvante, et d'une tessiture saisissante. Les chœurs et les soli de Johan contribuent énormément aux harmonies délicieuses. Léo est un batteur qui s'exprime alternativement avec délicatesse et puissance, sans omettre d'apporter sa voix si singulière (On a Tuesday). Le claviériste Vikram A. Shankar est particulièrement impliqué et exubérant, comme s'il avait contribué à l'ensemble du répertoire, et sa complicité avec Léo fait plaisir à voir (il vient lui arrêter la cymbale, taper sur les caisses, …). Quant au bassiste Per Schelander, idem ; il apparait dans le groupe déjà très impliqué, investi pour accroitre encore la puissante rythmique des chansons.
Tous les titres s'articulent à merveille. Le choix est
un parfait équilibre pour évoquer les vingt-quatre dernières années. Bien sûr,
on aurait apprécié remonter plus loin dans le temps, ou revisiter d'autres albums
(je pense à "Scarsick", les
"Road Salt" et "Entropia") mais bon… A défaut de
les voir à Paris, je suis déjà bien content d'assister à ce qui est sans doute
mon meilleur concert de ces Vikings, à ce jour.
L'auditoire est aux anges ; les mines sont ravies. Le
chaos ne fut pas aussi intense que la veille pour Haken mais on en n'était pas
loin. Les corps étaient bien épuisés après deux jours de festival mais l'esprit
totalement libéré par tant de satisfaction !
Parmi treize titres,
cinq sont issus de paru en 2020,
quatre de "In the Passing
Light of Day" (2017), trois
de "The Perfect Element, Part I,"
(2000), un de "Remedy Lane" (2002).
PROGRAMME
1.
Accelerator (Panther, 2020)
Abasourdis par tant de beauté, nous tardons à remonter
de la fosse. Une Estrella bien fraîche est la bienvenue pour remettre les idées
en place et pour commencer à échanger nos émotions avec quelques français tout
autant émus que nous.
Voilà, c'est fini. Peut-être même définitivement en ce
qui concerne ce festival qui, je ne le l'oublie pas, m'aura fait vivre de très
belles et inoubliables émotions.