jeudi 7 février 2019

GHOST – Zénith de Paris – 07/02/2019



Alors que mon année musicale a débuté superbement avec le concert jouissif de Judas Priest le 27 janvier au sein de ce même Zénith, j'avais renoncé à assister à celui de Ghost car il était annoncé complet depuis l'automne dernier.
Finalement, de nouveaux tickets ont été mis en vente in extremis, mais avec une telle parcimonie que je n'ai pas pu les obtenir par mon CE. J'ai cependant saisi ces offres, moyennant quelques euros de plus, car leur concert en juin dernier au Download m'avait redonné envie de les revoir. Je voulais m'assurer que Ghost ne fut pas qu'un groupe de plein-air compte tenu de leur concert que j'avais estimé en demi-teinte à l'Olympia.
Je dois confesser que ce mélange troublant d'une imagerie blackmetal et d'une musique pop-hard a fini par m'emporter parmi les adeptes improbables. Mon basculement dans ces ténèbres date de leur prestation au cœur de la nuit du 10 juin 2016 lors du festival Download. Depuis, je peine à résister à la tentation de me rendre à leurs messes occultes. Si le concert de l'Olympia (11/04/17) m'a déçu, en revanche, les concerts au festival Alcatraz (11/08/17) et du Download (15/06/18) m'ont convaincu de leur capacité à produire des spectacles de qualité. Une musique aux mélodies entêtantes, aux rythmes entraînants et aux atmosphères malsaines à souhait créent une alchimie à laquelle je succombe volontiers, en dépit des critiques qui ne manquent pas de jalouser un tel succès fulgurant.
Car Ghost présente cette particularité d'être à la fois fédérateur et clivant. A force de commentaires ostentatoires, l'affluence à ses messes ne cesse de croître, attirant des fidèles composés de populations hétéroclites, de tous âges et de toutes chapelles musicales.
J'entends bien toutes les railleries des virulents détracteurs. D'un côté les metallos qui critiquent la musique trop sirupeuse, formatée pour pop-tous-publics. D'un autre côté les progeux qui critiquent la musique trop puissante. D'autres encore ne manquent pas de moquer leurs accoutrements, leur dévotion pour le prétendu Ange-Déchu ou encore la gestion autoritaire et mercantile de Tobias (qui n'a pas hésité à virer tout l'effectif d'un seul coup de balai début 2017, pour de sombres conflits d'intérêts).
Foutaises ! Je les entends pourtant d'autant mieux que moi-même j'entretiens quelques-unes de ces exigences. Je n'apprécie guère la musique molle et pas davantage lorsqu'elle est trop violente. S'agissant des frasques vestimentaires, j'ai toujours gardé une distance relative avec Kiss dont l'univers m'a semblé surtout animé par la volonté de vendre un produit…J'ose ajouter que je me méfie des attaques contre la seule religion catholique devenue une proie "facile" quand le politiquement correct interdit d'attaquer les autres. Enfin, les dictateurs, artistes ou pas, ne m'incitent pas aux éloges.
Rappelons à cet égard qu'à l'occasion d'une récente action en justice, Tobias Forge (37 ans) a reconnu être le fondateur et grand maître de ce groupe suédois, fondé en 2008. Il leva ainsi une partie du mystère qu'il souhaitait entretenir pour promouvoir son univers inspiré par une vision provocatrice de la liturgie catholique. Cet incident ne semble pas empêcher l'accentuation de la notoriété de Ghost au fil des tournées promotionnelles.
Nonobstant ces arguments, le fait est que leur musique me paraît à la fois harmonieuse, vigoureuse et agréable à entendre et que le concept est redoutablement efficace, la preuve se trouve dans l'auditoire.
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Une impressionnante et inhabituelle file d'attente nous accueille au niveau de la Fontaine-aux-Lions-de-Nubie! Le service de contrôle est vraisemblablement à l'origine de cette situation surprenante. Mais en revanche, l'attente s'avère faible et, juste avant que la pluie ne s'abatte sur nos crinières, nous pouvons rapidement prendre place des sièges de notre choix ! Avec ma Fée et mon fils nous sommes quelques rangs au-dessus de la table de mixages, juste en face de la scène : excellente situation !
Le Zénith est ce soir plein comme un œuf, on peut estimer l'assemblée à environ 6 300 adeptes. Il est probable que très prochainement Ghost ne sera plus visible dans un cadre aussi modeste. D'ailleurs nous en aurons un avant-goût dès le 12 mai prochain car ils sont invités par Metallica au Stade de France…

CANDLEMASS (19h30-20h15)
Leif Edling, leader, bassiste et compositeur du groupe doom metal suédois, peut se vanter d'une relative stabilité depuis sa fondation en 1984, même si des suspensions en 1994 et 2002 sont venues ponctuer son histoire. Il est entouré de Mats "Mappe" Björkman (guitare rythmique depuis 1984), Lars Johansson (guitare, depuis 1987), Jan Lindh (batterie et percussions, depuis 1987) et Johan Längqvist (chant, de 1984 à 1987, puis depuis 2018, après le départ de Mats Levén qui occupait le pupitre depuis 2012). Au passage, j'aurais bien apprécié réentendre Mats que j'avais déjà trouvé excellent au sein de Therion …
J'avais déjà pu vérifier l'efficacité de Candlemass sur scène lors de leur prestation au Hellfest en 2008 au cours de laquelle ils promouvaient l'opus "King of the Grey Islands" et le mini-CD "Lucifer Rising" avec Robert Lowe (2007-2012) au micro. Mais cette fois c'est "The Door to Doom", douzième opus à paraitre ce mois-ci qui est présenté.


L'atmosphère lourde des compositions est accentuée par un éclairage minimum sans doute davantage subi que voulu, mais l'essentiel est préservé ; la sonorisation est très bonne.
Le chanteur, dont le timbre n'est pas sans me rappeler un peu Ronnie James Dio, semble à l'aise et heureux d'être de retour parmi ses complices. D'autant plus que sur les sept titres du programme, cinq correspondent aux périodes de sa présence au sein du groupe.
Le très bon titre extrait du nouvel album "Astorolus - The Great Octopus" laisse présager d'une œuvre intéressante.
Le doom est assumé et la lenteur des cadences n'est pas de nature à entretenir une quelconque joie de vivre, mais pour ma part j'ai beaucoup aimé cette première partie de soirée.
PROGRAMME
Marche Funebre (Nightfall, 1987)
The Well of Souls (Nightfall, 1987)
Dark Reflections (Tales of Creation, 1989)
Astorolus - The Great Octopus (The Door to Doom, 2019)
Mirror Mirror (Ancient Dreams, 1988)
A Sorcerer's Pledge (Epicus Doomicus Metallicus, 1986)
Solitude (Epicus Doomicus Metallicus, 1986)
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GHOST (20h45-23h30). Dans les minutes précédant l'Orgie, la lumière est légèrement tamisée et une bande-son diffuse un doux extrait de "Miserere Mei, Deus" de Gregorio Allegri, entretenant ainsi une ambiance évocatrice d'un recueillement religieux. Mais lorsque l'heure sonne, la fosse et les gradins s'agitent frénétiquement avec ses milliers de diables en folie comme s'ils étaient dans un bénitier.
Sensation d'allégresse accrue par un éclairage tout simplement somptueux, à la fois dense, lumineux, varié et cadencé. La sonorisation est excellente quoiqu'un peu excessivement forte à mes oreilles. L'essentiel étant que chaque pupitre reste audible, ce qui n'est pas une mince affaire puisque pas moins de sept goules anonymes entourent Cardinal Copia ; deux claviers, trois guitaristes, un bassiste, et un batteur ! Tous ne m'ont pas paru pas d'une grande utilité ; d'autant plus choquant qu'il m'a semblé parfois distinguer de surcroît une bande-sons qui auraient pu/dû être remplacé par l'un des claviers qui semblait parfois chômer…
Bref, tout ce beau monde se répartit sur une large scène dallée de carreaux noir et blancs, surplombée de vitraux démoniaques, et meublée d'escaliers et divers décors rappelant un lieu de culte. Jeux de lumières et pyrotechnies animeront magnifiquement la grand'messe au cours de laquelle aucun fidèle ne pourra échapper à la communion !

Ce concert s'inscrit dans le cadre de la tournée européenne "A Pale Tour Named Death" qui a commencé le 5 février à la Halle Tony Garnier de Lyon pour promouvoir "Prequelle", le quatrième opus paru en juin 2018. C'est donc logiquement que la fête en deux actes commence avec deux de ses titres. Huit en seront interprétés ce soir. Ghost existe à peine depuis une décennie et pourtant il dispose déjà d'un énorme réservoir de titres susceptibles de réjouir son public. Il peut à loisir notamment puiser dans l'excellent "Meliora" dont huit titres sont également interprétés. En tout état de cause, il n'y aura pas de frustration car tous les titres attendus (parmi les vingt-cinq en tout) sont offerts au public !
Sauf que la seule reprise de la soirée sera, durant l'acte 2, un titre d'un certain Roky Erickson (dont j'ai entamé l'étude par curiosité, le lendemain…), alors que bon nombre aurait préféré la reprise des Pet Shop Boys présente sur "Prequelle". Mais bon…Il n'en est pas à une référence près ; comment ne pas songer à Kiss pour la démarche théâtrale ou à Blue Oyster Cult pour les atmosphères à la fois envoutantes et entrainantes.
Mais on ne peut pas commenter la prestation de Ghost sans évoquer ce qui les distingue du reste de la scène musicale ; leurs paroles explicitement satanistes ou occultes et leur apparence troublante.
Satan, ses complices et ses tentations sont chantés à plein poumons par un public ravi de s'encanailler ainsi à bon compte. Je me souviens du regard malicieux et espiègle de Bon Scott lorsqu'il chantait "Highway to Hell" ; tout le monde savait bien que cette racaille n'avait ni Dieu, ni Maître et se moquait éperdument autant de Satan que du Bon Dieu ! Là, c'est différent, Tobias Forge cultive le mystère et semble d'autant plus pernicieux qu'il chante ses textes avec une voix douce et un regard de squale. Les rythmes souvent binaires et lourds achèvent de faire chuter même le mélomane le plus bienveillant.
Côté vestimentaire, si les goules s'imposent costume noir queue de pie et masque, Tobias Forge en change plusieurs fois pour incarner tantôt un pape macabre, tantôt un cardinal inquiétant, tantôt un dandy machiavélique… Il ne distribue plus d'hostie aux premiers rangs mais continue à les encenser.
Bref, la magie (noire) ne se dissipe que lors des pauses bavardages que s'accorde Cardinal Copia. Celles-ci me laissent parfois perplexe et me parurent le plus souvent dispensables, tout particulièrement lorsqu'il s'est agi de présenter longuement ses musiciens …anonymes (un comble !). Peut-être y avait-il de quoi rire pour les anglophones, mais moi je me suis clairement ennuyé sur cette séquence. Et puis, je ne le sens pas toujours très inspiré lorsqu'il interpelle son public (oui, oui, ouiiiiiiiii, well, well,…). Rien à voir donc avec le charisme de Rob Halford ici il y a dix jours (encore moins avec sa tessiture, d'ailleurs !), mais les deux ne jouent pas dans la même cour, c'est clair ! Mais bon, je mets ces maladresses sur le compte du succès assez brutal de son projet.
En revanche, j'ai davantage apprécié le moment de détente entre deux des guitaristes, pour l’enchaînement de "Devil Church" et "Cirice" ; non pas qu'il s'agisse-là de virtuosité étourdissante, mais plutôt d'un moment de taquineries échangées avec le public, durant lequel j'imagine que les autres musiciens auront pu soulever le masque et souffler un peu. Peu après, le titre "Miasma" permet une intervention étourdissante du pape au saxophone ; je me dis alors qu'il serait bien inspiré de multiplier l'utilisation de cet instrument, ce qui aurait au moins le mérite de mieux utiliser son septième goule ! Autre moment particulier, la reprise acoustique de "Jigolo har meggido" qui permit une séquence apaisée avec trois des goules assis sur les marches menant à la batterie. 
Voilà, après un spectacle de deux heures et demie, en deux actes et un rappel, les lumières se rallument avec une bande sonore de Dead Can Dance berce une dernière fois un auditoire repu. Je n'avais pas assisté au concert légendaire du Hellffest, mais en ce qui me concerne je crois bien que je viens d'assister à leur meilleur concert. Même si en tête d'affiche de l'Alcatraz ils avaient fait très fort aussi.
Je me garde bien d'ouvrir mon porte-feuille à leur échoppe mais ce n'est pas le cas de mon fils, ce pauvre dévot que l'expérience de son père indigne n'a pas su modérer. Il est vrai que les marchandises sont de qualité ; notamment un t-shirt (35€) floqué spécialement pour ce concert au Zénith, la casquette (35€) brodée et de belle qualité ou encore un magnifique gilet (70€) estampillé du logo… Nous n'avons cependant pas succombé au beau masque de goule (30€), qui pourtant aurait pu faire un certain effet lors des réunions familiales.
PROGRAMME
Acte 1 : Intro :Miserere Mei, Deus (titre de Gregorio Allegri)
Ashes (Prequelle, 2018)
Rats (Prequelle, 2018)
Absolution (Meliora, 2015)
Ritual (Opus Eponymous, 2010)
Con Clavi Con Dio (Opus Eponymous, 2010)
Per Aspera ad Inferi (Infestissumam, 2013)
Devil Church [précédé d'un dialogue de Guitare] Meliora, 2015)
Cirice (Meliora, 2015)
Miasma [Papa Nihil au saxophone] (Prequelle, 2018)
Jigolo Har Megiddo (en acoustique, (Infestissumam, 2013)
Pro Memoria (Prequelle, 2018)
Witch Image (Prequelle, 2018)
Life Eternal (Prequelle, 2018).
21h45 : 15 minutes d'entracte
22h : Act 2: (intro : Le groupe Ghost utilise "Masked Ball" comme chanson d’introduction avant de se produire sur scène. Ce titre, attribué à Jocelyn Pook, est utilisé dans le film "Eyes Wide Shut" de Stanley Kubrick.
Spirit (Meliora, 2015)
From the Pinnacle to the Pit (Meliora, 2015)
Majesty (Meliora, 2015)
Satan Prayer (Opus Eponymous)
Faith (Prequelle, 2018)
Year Zero (Infestissumam, 2013)
He Is (Meliora, 2015)
Mummy Dust (Meliora, 2015)
If You Have Ghosts (reprise de Roky Erickson)
Dance Macabre (Prequelle, 2018)
Square Hammer (Popestar, 2016).
RAPPEL:
Monstrance Clock  (Infestissumam, 2013).
23h30
The Host of Seraphim (bande-son de Dead Can Dance).


dimanche 27 janvier 2019

JUDAS PRIEST – Zénith de Paris – 27/01/2019

En préambule à mes récits de concerts, il me semble souvent opportun de rappeler le contexte afin de mieux faire comprendre mes sensations. Le relevé d'impressions de cette soirée dantesque ne pourra pas faire exception car Judas Priest fait partie de ces quelques groupes qui m'ont rendu raide-dingue durant mon adolescence, et ce bien avant les Metallica et autres gamins qui ne faisaient que percer dans les années 80. Je ne relaterais ici que très succinctement les nuques endolories et les cordes vocales maltraitées qui résultaient inéluctablement de mes soirées à les écouter. A cet égard, il était d'ailleurs préférable d'avoir des voisins très compréhensifs, ce qui était très heureusement mon cas à cette époque bénie.
Jusqu'en 1991, après la parution de "Painkiller" (1990) suivie de sa tournée promotionnelle, je vénérais ces Dieux du Metal ; je considérais leur chanson "Metal Gods" comme une auto-proclamation. Judas Priest incarnait tout simplement le Heavy Metal tel que je le conçois ; des accords à la fois rageurs et mélodiques, souvent en duos, une base rythmique implacable et surtout une voix phénoménale. Je n'étais pas présent au concert légendaire d'AC/DC en 1979 et j'ai ainsi manqué une première occasion de les voir, mais j'ai toutefois ensuite eu la chance d'assister à cinq concerts d'anthologie, sur les tournées "Point of Entry" (07/12/1981, Pavillon Baltard), "Defender of the Faith" (11/02/1984, espace Balard), "Turbo" (20/10/1986, Zénith), "Ram it down" (16/05/1988, Zénith) et "Painkiller" (17/03/1991, Zénith).
Cependant, j'ai sans doute eu le tort de prendre à la lettre leur chanson "United" extraite du monumental opus "British Steel" (1980) ; si bien que lorsque Rob a quitté le navire pour des ambitions personnelles, je me suis senti trahi. J'ai alors classé l'affaire dans les dossiers archivés ; à mes oreilles intransigeantes, personne ne pouvait le remplacer. C'était juste une question de principe. Metallica leur a alors succédé au Panthéon des maîtres du metal en fusion. Mes goûts musicaux étaient par ailleurs déjà assez éclectiques pour ne pas m'attarder sur les états d'âmes de ces casseurs de rêves.
Rob est revenu en 2003, mais la viande était refroidie et je n'ai plus retrouvé la même faim.
A l'occasion de la tournée "Nostradamus", j'ai toutefois assisté à un sixième concert (21/03/2009, Zénith) que je n'ai pas trouvé assez convaincant pour me donner envie de les suivre avec autant de ferveur qu'auparavant. D'autant moins lorsqu'en 2010 ils annoncent une tournée d'adieu, annonce suivie de surcroit par le départ incompréhensible de K. K. Downing en 2011 qui avait décidé de monter un club de golf (nan, mais j'hallucine ?!!). Ca sentait la fin…
Nonobstant ces sujets d'inquiétudes, en 2015 leur prestation au Wacken Festival a fait l'objet d'un film édité en 2016 sur le DVD "Battle Cry". Richie Faulkner y supplée Glenn avec une telle efficacité que mon intérêt a commencé à se réactiver. Intrigué par cette renaissance inespérée, j'ai été subjugué par le nouvel album du groupe, "Firepower", sorti ce 9 mars 2018. Mais, nouveau coup dur, Glenn Tipton déclare être atteint par la maladie de Parkinson et annonce son retrait de la tournée, après avoir toutefois contribué à l'album. Ce coup du sort n'est pas sans me rappeler celui de Malcolm Young.
Ainsi, seul Ian Hill (basse, 68 ans) demeure membre fondateur, depuis 1970. Il est permis d'estimer toutefois que la légitimité de Judas Priest est partagée avec Rob Halford (chant, 67 ans) qui est toujours là depuis 1974, en dépit de son infidélité. Scott Travis (batterie, 57 ans) est là depuis 1989 mais, comme Rob, il est parti en 1993. Cependant, l'enfant prodigue est revenu dès 1996. Aux guitares nous trouvons donc désormais Richie Faulkner (guitare, 39 ans) qui accompagne donc Judas Priest depuis 2011. Andy Sneap (guitare, producteur du dernier album, 49 ans) remplace Glenn sur la tournée…
Les échos scéniques de cette formation étant plutôt positifs, je me suis résolu à emmener mon fils et ma Fée pour qu'ils assistent au moins une fois à ce qui reste de cette Légende du metal, pour qu'ils aient au moins une idée de ce qu'ils furent. Cette prestation montrera que Judas Priest n'est pas un groupe de "has‑been", force est de constater ce soir que le phénix est resplendissant ! "Some Heads are gonna roll" !

DISCONNECTED (19h-19h30). Ce récent quintet troyen, français quoiqu'anglophone, m'était parfaitement inconnu ; j'ignorais même qu'il ouvrait les hostilités ce soir. Il se compose d'Adrian Martinot (Guitare), Ivan Pavlakovic (voix), Romain Laure (basse), Florian Merindol (guitare), et de Jelly Cardarelli (batterie).
En dépit de ma bonne volonté de mélomane curieux, les rugissements du hurleur de service furent plutôt de nature à agresser mes pauvres tympans non-avertis. Que voulez-vous, depuis mon année passée en caserne, je n'apprécie guère que l'on vienne me brailler aux oreilles de manière intempestive… Quand je serai à l'hospice il faudra peut-être en revenir à cette extrémité, mais on n'en est pas encore là.
Cependant, passé un premier épisode agité, les propos humbles et reconnaissant du monsieur m'ont porté à la bienveillance. Son plaisir et son émotion à assurer la première partie des Maitres furent exprimés avec une sincérité touchante.
Il le reconnait lui-même, le style de Disconnected diffère de celui de Judas Priest. Néanmoins, son metal (qualifié de "modern", semble-t-il ?) passe plutôt bien et le public ovationne poliment ces valeureux combattants qui reviennent d'une tournée européenne visant à promouvoir leur premier opus "White Colossus", paru en mars 2018 ! La sonorisation est correcte et permet de percevoir les soli du guitariste qui parviennent à imposer une certaine fantaisie dans un bloc sonore qui m'a paru assez brutal.
Souhaitons-leur bon vent ; dans leur style, ils me semblent pouvoir aller loin.
PROGRAMME
Living Incomplete
Blind Faith
Losing Yourself Again
For All Our Sakes
White Colossus.


JUDAS PRIEST (20h-21h40). Je ne le cache plus après coup, mais mon anxiété fut à son paroxysme jusqu'aux premières minutes du concert ! Je craignais une prestation décevante, pas à la hauteur de leur réputation. J'ai tenu cependant à me donner toute les chances d'apprécier. Placés en fosse, mais pas trop loin, face au milieu de scène, nous étions en tout état de cause idéalement placés pour l'acoustique. Bien sûr, comme d'habitude, il fallait toutefois bénéficier d'une taille respectable, ce qui n'est pas le cas de ma p'tite Fée qui parviendra cependant à percevoir l'essentiel.
Un rideau aux couleurs flamboyantes, arborant le symbole du groupe, est comme gobé dès l'entrée en scène des anglais et… le tourbillon de bonheurs ne tarde pas m'enivrer les sens ! En effet, la sonorisation est juste parfaite, une puissance maîtrisée et audible ; je n'ai même pas besoin de protections auditives, je suis comme dans mon salon !!
Mon enthousiasme s'accroit encore lorsque les titres d'anthologie et inespérés se succèdent, ceux du dernier excellent opus n'étant pas oubliés ! Après l'introduction sur "Firepower", nous avons droit à un pur régal inouï avec la succession de "Running Wild", "Grinder", "Sinner" et "The Ripper" ! Peu de répit, car Rob échange avec son public mais sans discours qu'il estime sans doute superflu. Il est vrai que l'auditoire ravi ne demandait pas mieux que de savourer le plus intensément possible cette grand'messe ! Des titres comme "Green Manalishi" ou "the Ripper" furent de purs moments de bonheur ! Cerise sur le gâteau, nous eûmes même droit au rare "Killing Machine" (plus interprété depuis … 1978) ! Seul manqua "Victim of Changes" (qui aurait été de circonstance avec la malheur qui accable Glenn), mais j'imagine que la partie vocale doit désormais effrayer Rob. Pourtant, sur des titres comme "Sinner", "Freewheel burning", ou encore ce "Painkiller" de folie, il n'a rien perdu de son efficacité ! Moment d'émotion durant ce titre, des images de Glenn, le grand absent, permettent d'imaginer sa présence sur la scène. La discographie est ainsi largement passée en revue, avec dix opus évoqués (sans compter le "Unleashed", bien sûr) ; petite pointe d'émotion particulière pour moi lorsque "Desert Plains" issu de "Point of Entry" fut interprété, me ramenant ainsi à mon premier concert de JP, 38 années en arrière ! (gasp !)…
Au fil de la soirée, une douce folie m'emporte ; je peine à croire mes oreilles et mes yeux devant l'excellence des interprétations. Rob doit certes composer avec ses années mais il n'en demeure pas moins performant sur le plan vocal. Certaines astuces lui permettent parfois de masquer les notes les plus élevées, cependant la prestation reste sidérante ; Rob is God ! Coquetterie du Maître, il changera plusieurs fois de vêtements, qui ne vaudront jamais ceux qu'il montrait dans les années 70's ! La base batterie/basse assure un train d'enfer ; Ian toujours très discret au fond de la scène et Scott toujours carré et imperturbable. Les deux guitaristes tentent de faire oublier leur prédécesseur ; si Andy assume modestement son pupitre, en revanche Richie se montre excellent lors des soli qu'il assume en quasi-totalité !
L'éclairage est très lumineux (idéal pour les photographes) et les fonds de scène sur écrans alternent illustrations et films en adéquation avec les titres, comme par exemple durant "The Ripper" avec des images rappelant les événements de Whitechapel. Le plus souvent c'est le thème du feu (ou de la puissance de feu) qui logiquement était évoqué, compte tenu de la tournée actuelle. Tout est parfait pour entretenir la fête du Metal ! Le public ne s'y trompe pas, les plus jeunes (dont mon fils) "pogotent" allègrement dans leur secteur, sans empêcher les plus anciens (dont je suis) de savourer leur nostalgie.
Pas le temps de souffler, les titres s’enchaînent à en perdre haleine ! Le moteur de la moto annonce la traditionnelle arrivée pétaradante de Rob sur scène enfourchant une rutilante Harley, avant de lâcher la vapeur sur "Hell bent for Leather". Scott harangue ensuite la foule avant de lancer la machine infernale sur "Painkiller" qui clôt le concert… avant le rappel bien sûr !
Le temps de rappel est à peine perceptible, mais dans la logique de la soirée ; tout est balancé à la gueule d'un public affamé et ravi ! Après dix-sept premiers titres, nous sommes comblés de quatre titres pour conclure un concert d'une heure quarante (21 titres, donc !) qui restera gravé dans nos mémoires ! Tradition oblige la moto trône au pied de la batterie jusqu'à la fin du concert. La communion fut parfaite, la messe est dite, ses prêtres n'ont pas trahi !
Un message s'affiche en grandes lettres sur fond de scène : "THE PRIEST WILL BE BACK". Comme pour rassurer un public légitiment inquiet, tant les ravages du temps qui passe ont de quoi entretenir le doute sur les chances de les revoir… Glenn est cramé par la maladie, KK est banni par sa connerie… Alors certes, cette formation reste crédible et semble pouvoir tenir la route… On verra bien.
PROGRAMME
Firepower (Firepower, 2018)
Running Wild (Killing Machine, 1978)
Grinder (British Steel, 1980)
Sinner (Sin After Sin, 1977)
The Ripper (Sad Wings of Destiny, 1976)
Lightning Strike (Firepower, 2018)
Desert Plains (Point of Entry, 1981)
No Surrender (Firepower, 2018)
Turbo Lover (Turbo, 1986)
Killing Machine (Killing Machine, 1978) (première interpretation scénique depuis le 24 novembre 1978)
The Green Manalishi (With the Two Prong Crown) (reprise de Fleetwood Mac)
Night Comes Down (Defenders of the Faith, 1984)
Rising From Ruins (Firepower, 2018)
Freewheel Burning (Defenders of the Faith, 1984)
You've Got Another Thing Comin' (Screaming for Vengeance, 1982)
Hell Bent for Leather (Killing Machine, 1978)
Painkiller (Painkiller, 1990).
RAPPEL :
The Hellion/Electric Eye (Screaming for Vengeance, 1982)
Metal Gods (British Steel, 1980)
Breaking the Law (British Steel, 1980)
Living After Midnight (British Steel, 1980).


Fabuleux programme donc, mais trois opus "oubliés" auraient pu/dû aussi être évoqués : Rocka Rolla (74), Stained Class (78), et Ram It Down (88). Ce sera pour une prochaine fois ?








jeudi 20 décembre 2018

Uli Jon ROTH au Trabendo - 20/12/2018.


Entre 1974 et 1979, mon attrait pourtant déjà bien affirmé pour les sonorités les plus métalliques fut bien malencontreusement mis en veilleuse. Erreur de jeunesse, alors que tant d'événements importants de déroulaient sur les scènes de l'époque. La collaboration avec SCORPIONS de Monsieur Ulrich ROTH de 1974 à 1977, pour quatre opus d'anthologie, fut sans doute l'un d'entre eux.
Je n'ai donc jamais eu la chance d'assister à un concert de SCORPIONS dans cette configuration, pas même lors des trop rares réunions scéniques ultérieures. Uli Jon ROTH a souhaité évoluer seul afin d'exprimer sa virtuosité dans un univers mystique et davantage ancré dans les sons proches de ceux de Jimi Hendrix et de Cream. Il fonda ainsi dès 1978 son propre groupe, Electric Sun avec lequel il réalisa trois excellents albums jusqu'en 1985. Fort heureusement, le 18 mars 1985, j'ai pu assister à son concert à l'Eldorado (10ème arrondissement de Paris).
Au début des années 1980, il développa une guitare de six octaves appelée Sky Guitar, qui lui permit de jouer des pièces de violon dans le registre original. Il est ainsi le premier guitariste à interpréter les "Quatre saisons" de Vivaldi avec un orchestre. Uli a ensuite continué sous son propre nom ; ce que je déplore personnellement car il me semble que ses créations, oscillant entre le rock le plus dur et la classique tantôt éthérée tantôt grandiloquente, furent d'inégales qualités, indépendamment bien sûr de son talent de guitariste !
Cette soirée me permettra cependant d'assister à son 5ème concert depuis 1985 après ceux des tournées "Beyond the astrial Skies" (1985), "Metamorphosis" (2004), "Under a Dark Sky" (2008), "Scorpions Revisited Tour / 40ème  anniversaire" (2014), et donc ce "50ème anniversaire" (2018).
Ce cinquantenaire commémore ainsi décembre 1968 durant lequel, à l'âge de 13 ans, ce surdoué se produisait sur scène !
Sur cette tournée, ses compagnons de scène sont David Klosinsky (guitare), Corvin Bahn (claviers, chœurs), Niklas Turmann (guitare, chant), déjà présents depuis quelques années.
Il semble qu'ils soient accompagnés ce soir par Michael O'Reily (batterie) et Simon Foster (basse, chœurs) ; à vérifier. (Petit commentaire personnel, j'aurais apprécié revoir au chant Nathan James, qui était sur la précédente tournée, mais il est désormais impliqué au sein de Inglorious. Il faudra donc me contenter des images du film).
Bien que le Trabendo dispose d'une acoustique irréprochable, la sonorisation m'a semblé déséquilibrée ; heureusement la guitare du Maître fut préservée, mais les micros ne furent pas toujours audibles, à l'instar du clavier. Trop de puissance accordée à la basse et de batterie, surtout durant la première partie, qui aurait dû favoriser les atmosphères planantes.
L'éclairage aurait pu être un peu plus vif pour garantir de meilleures photos, mais il faut reconnaitre que les rouges, les verts et les bleus convenaient aux atmosphères requises.
Pendant plus de deux heures, (deux parties de plus d'une heure chacune, scindées par un entracte de dix minutes) Uli nous fait revisiter à la fois ses créations (1975-2000), mais aussi ses sources d'inspiration (1960 et 67) sans omettre deux titres (1986) en hommage appuyé à Zeno, son frère décédé l'année dernière.
La première partie de soirée fut principalement axée sur son parcours solo. Mais si son œuvre personnelle fut écoutée avec respect et admiration, en revanche la période Scorpions fut acclamée avec encore davantage de ferveur dans une ambiance survoltée. J'imagine qu'il prend cette part de succès avec une certaine philosophie, du moins je lui souhaite !














En introduction de la seconde partie, Uli nous présenta la seule nouveauté, crée cet été, "Passage to India", long titre interprété en acoustique, seul, assis. Gageons que ce soit l'amorce d'un futur album. Ensuite, il se leva pour prendre une guitare qui, nous dit-il, était restée au placard durant les quelques décennies qui ont précédé cette tournée. C'est avec elle qu'il interprète "Apache", une reprise des Shadows, un groupe qui a sans doute contribué à le motiver dans sa démarche artistique ! Après une longue séquence de reprise de SCORPIONS, il ne peut pas clore cet hommage à sa carrière sans évoquer son Maître, le Grand Jimi avec deux titres très emblématiques.





Uli Jon ROTH nous a encore démontré qu'il demeure un exceptionnel musicien, hors du commun tant par sa virtuosité, sa sensibilité, que par sa démarche artistique totalement assumée. N'oublions pas qu'en demeurant au sein de Scorpions, il aurait pu connaitre la gloire et la notoriété. Mais ce pionnier du metal néo-classique a préféré rester honnête avec lui-même, et donc avec ses admirateurs. Ainsi soit-il !
PROGRAMME :
partie 1
Sky Overture (Transcendental Sky Guitar, 2000)
Indian Dawn (titre de Electric Sun, Fire Wind, 1981)
Electric Sun (titre de Electric Sun, Earthquake (1979)
Sun in My Hand (titre de Scorpions, In Trance, 1975)
Why? (titre de Electric Sun, Beyond the Astral Skies, 1985)
Don't Tell the Wind (reprise de Zeno, 1986)
Eastern Sun (reprise de Zeno, 1986)
Starlight (reprise de Sky of Avalon, 1996)
Enola Gay (Hiroshima Today) (titre de Electric Sun, Fire Wind, 1981)
The Sails of Charon (titre de Scorpions, Taken by Force, 1977).
partie 2
Passage to India (inédit créé cet été 2018)
Apache (reprise de The Shadows, 1960)
We'll Burn the Sky (titre de Scorpions, Taken by Force, 1977)
In Trance (titre de Scorpions, In Trance, 1975)
Pictured Life (titre de Scorpions, Virgin Killer, 1976)
Catch Your Train (titre de Scorpions, Virgin Killer, 1976)
Yellow Raven (titre de Scorpions, Virgin Killer, 1976)
All Along the Watchtower (reprise de Bob Dylan, 1967)
Little Wing (reprise de The Jimi Hendrix Experience, 1967).
Je me suis précipité à l'échoppe afin de me procurer le blu-ray de la tournée précédente, ainsi que le très beau t-shirt. La vendeuse m'assure qu'Uli passera pour rencontrer ses admirateurs. Et en effet, il ne tarde pas à se présenter, calme et particulièrement disponible et souriant. En bon allemand, il organise avec méthode mais courtoisement la séance ; les dédicaces d'abord, les portraits ensuite ! Lorsque mon tour vient, il me toise et me lance "tu as une allure d'artiste toi, t'es un artiste ?" Je n'ai jamais eu de répartie, ce soir moins encore qu'à l'accoutumée, tu juste ai-je pu lui retourner combien de l'admire… (le gars comprend le français, à tel point que je n'ai pas eu lui épelé mon prénom, pourtant atypique !) La pose pour le portrait s'en trouve d'autant plus souriante ! Reviens quand tu veux, Uli !


samedi 8 décembre 2018

LAURA COX BAND – L'avant-scène de Paray-Vieille-Poste – 08/12/2018.


Déjà la veille, j'avais été bien tenté de me rendre au concert de LCB au Billy Bob's de Chessy (77), mais les circonstances n'étaient pas adaptées. Ce samedi, Laura avait rappelé sur son compte Fb que ce concert à Paray serait son dernier de l'année dans la région. Cet évènement étant à 14 km, une vingtaine de minutes de chez moi (en voiture hein ; en transports j'en avais pour plus d'une heure et demie !!), je me suis finalement décidé à y aller dans l'heure qui précédait le début de concert ! L'entrée est à douze euros ; encore un argument de conviction !
Dans la salle je retrouve un vieux pote, venu dans le même état d'esprit de découverte.
Un groupe monté par l'académie musicale municipale : 20h35-xxh. Pour chauffer la salle, il a été décidé de faire monter sur scène six élèves (3 gars et 3 filles) de l'académie locale qui ont vaillamment interprété des titres de légendes. On a entendu ainsi du Led Zep, du Beatles, du ZZ-Top et autres friandises. Respect, car c'était proprement interprété par deux chanteuses, un bassiste, un batteur, un guitariste solo et une guitariste rythmique.
Au-delà des encouragements de rigueur, je me permets honnêtement d'estimer que l'interprétation m'a semblé trop propre, trop académique, sans les tripes nécessaires inhérentes au genre. Néanmoins, des tripes il en fallait, pour chauffer un auditoire de mélomanes qui n'a pas hésité à applaudir à juste titre. Gageons que dans le lot, une future étoile soit en processus de développement !

PROGRAMME
Helter Skelter, Comunication Breakdown, …)
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LAURA COX BAND : env. 21h15 -23h. Fondé par Laura Cox et Mathieu Albiac en 2013, le groupe s'est stabilisé dans sa formation actuelle en 2015. Il est composé ainsi de Laura Cox (chant et guitares), et Mathieu Albiac (guitare, choeur), entourés désormais de François C. Delacoudre (basse, chœur) et de Antonin Guérin (batterie). Ce concert s'inscrit dans la tournée promotionnelle de son excellent opus "Hard Blues Shot" paru en 2017.
Une fois de plus, c'est la répétition des avis dithyrambiques de mes amis mélomanes qui avaient assisté à ses concerts, qui m'a incité à me pencher sur le cas de cette française, francilienne de surcroit ! Depuis quelques années, je regarde avec un intérêt croissant les vidéos de ses prestations mais je n'avais pas eu de réelles occasions d'assister à un de ses concerts. Cette soirée d'automne maussade est un bon prétexte pour me bouger un peu !
La salle est en configuration théâtre, alignant des fauteuils en mode strapontins. Pas idéal pour un concert de rock, l'ambiance en fut fatalement un peu atténuée ; difficile de vibrer lorsque le confort détend excessivement les muscles. L'éclairage est correct, sans plus, mais la sonorisation très bonne ; sauf pour le rappel durant lequel le micro sembla étouffer la voix de Laura, alors que les chœurs furent à peine audibles le reste du temps. Mais bon, rien de rédhibitoire et nous passâmes une très bonne soirée. Surtout avec les bières à … 2 € !!!
Encore dans une phase de relative découverte de LCB, je craignais d'assister au concert d'une guitariste émérite, qui aurait été entourée de musiciens voués à sa cause, des sortes de faire-valoir. Crainte très vite démentie ; c'est avec bonheur et admiration que j'ai assisté à la prestation d'un groupe homogène et pourtant composé de talents individuels remarquables.
Certes, les regards et les oreilles se portent assez naturellement en priorité sur Laura, d'abord parce qu'elle a un vrai charisme de chanteuse et de guitariste mais aussi parce qu'elle n'est pas désagréable à regarder (doux euphémisme), ce qui ne gâche rien. La guitariste montre une capacité à exprimer des mélodies teintées de blues, de hard ou de country avec une technicité qui ne sacrifie pas l'émotion. Et de l'émotion, on en trouve aussi dans sa belle voix toujours juste, rock et convaincante.

Cependant, Laura a l'intelligence de laisser ses complices exprimer leur compétence respective. Mathieu Albiac est très présent sur tous les titres et partage avec bonheur les soli avec la Patronne. A souligner, le duo basse/batterie qui permit notamment un remarquable solo de basse par François C. Delacoudre suivi de celui d'Antonin Guérin à la batterie ; un grand moment de sons et d'émotions !
Barefoot in the Countryside
If You Wanna Get Loud, Come to the Show

Pour le rappel, Laura a invité sur scène "Benjamin", l'organisateur de la soirée, et surtout son professeur de guitare !... moment d'émotion évident.
A l'instar de son album, les titres du programme de ce soir co-écrits par Laura et Mathieu montrent leur éclectisme. Elle n'hésite pas en prendre le banjo pour passer d'un hard bien rugueux à un bleues teinté de country. Si les sonorités émises par LCB rappellent souvent celles exprimées par un certain groupe de kangourous excités, ce qui n'échappera pas aux admirateurs concernés, c'est en raison de l'attrait commun pour le blues rock, accentué encore par la Gibson de Mathieu. Mais heureusement le registre est bien plus étendu que cette inspiration partielle ! Difficile de catégoriser le style, disons que leur site de présentation évoque assez justement du "Southern Hard Blues", même si pour évoquer le "southern rock" il fallut davantage de duo à la guitare ! Personnellement j'apprécie tout particulièrement cette capacité à surprendre. Certes, vous me direz qu'il était d'autant plus facile de me surprendre que je ne connaissais que très peu le répertoire concerné …
Bref, vous l'aurez compris je sors de ce concert convaincu de devoir suivre ce groupe français prometteur en dépit de l'assourdissant silence habituel de nos glorieux médias au sujet de leur existence. Tiens, en parlant de "français" ; fidèle à mon "francophonisme" militant auquel n'échappent aucun des groupes français qui ont pourtant toute mon estime (Anasazi, Öbivion, Soundroots …), je ne peux que déplorer les paroles en anglais. Je souligne que dans "13" (le dixième titre de l'album) quelques lignes sont en français, mon oreille se tend et ca passe très bien… Alors pourquoi ne pas aller plus loin ?
Compte tenu de cette prestation enthousiasmante, je me suis donc logiquement rendu à l'échoppe pour me procurer leur CD (15 €) et attendre la dédicace ainsi que le portrait gentiment accordé par ces êtres exquis empreint de modestie et de simplicité.

 

PROGRAMME :
Hard Blues Shot (Hard Blues Shot, 2017)
Going Down (Hard Blues Shot, 2017)
Too Nice for Rock & Roll (Hard Blues Shot, 2017)
Take Me Back Home (Hard Blues Shot, 2017)
Bad Luck Blues
Morning Road (Hard Blues Shot, 2017)
Good Ol' Days (Hard Blues Shot, 2017)
Foxy Lady (reprise de Jimi Hendrix)
Here's to war
Fire, fire
-Solo basse/batterie-
As I Am
The Australian Way (Hard Blues Shot, 2017)
River.
Rappel : (vers 22h50)
Barefoot in the Countryside (Hard Blues Shot, 2017)
If You Wanna Get Loud, Come to the Show (Hard Blues Shot, 2017).



mercredi 7 novembre 2018

RIVERSIDE – La Machine – 07/11/2018



Divers motifs (…) m'ont éloigné pendant sept semaines des salles de concerts. Ce sevrage ne pouvait plus durer dès l'annonce du concert de Riverside, qui s'est lancé  dans une tournée promotionnelle de leur septième opus "Wasteland". Comble de symboles, c'est la septième fois que j'assiste à leur concert ! Message reçu sept sur sept !
De surcroît, c'est à la Machine (qui s'appelait La Locomotive, à l'époque) une salle agréable où je les ai découverts il y a déjà …(ah mince, ca fait déjà) neuf années ! Cet auditorium propose une bonne acoustique et le public peut se positionner sur divers niveaux astucieusement répartis, permettant ainsi aux petits comme aux grands  de profiter de tous les effets de scène.

MECHANISM : […] Honorable réflexe, Riverside renouvelle son soutien au rock polonais en emmenant un groupe de compatriotes polonais. La tournée de mai 2011 fut soutenue par Tide From Nebula, de Varsovie.
Cette fois c'est MECHANISM, qui a été fondé à GDANSK il y a une dizaine d'année. Ils comptent à leur actif "Between The Words" paru en 2015, puis "Entering The Invisible Light" paru en 2018 qu'ils promeuvent sur la présente tournée.
C'est un géant qui tient le micro : Rafał Stefanowski. Il est entouré de Michał Cywiński (guitares), Artur Olkowicz (basse) et Adrian Łukaszewski (batterie).
Leur musique, sans être d'une originalité renversante (en fermant les yeux on pourrait parfois se croire en compagnie de Riverside, ou de Tool), demeure toutefois bien faite et agréable à écouter.
La sonorisation fut relativement audible mais l'éclairage insuffisant.
Pas franchement enthousiaste, on me dit qu'il faut cependant écouter leur dernier opus. Bon je prêterai volontiers une oreille, si je peux…

PROGRAMME: (à déterminer)
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RIVERSIDE : [20h35-22h35]. Depuis le décès soudain de leur guitariste Piotr Grudziński, j'étais resté deux années sans revoir ce groupe qui m'était paru pourtant si prometteur. Cet été, leur prestation à Loreley m'avait rassuré, même si je les avais trouvés un peu empruntés, manquant d'aisance dans une mélancolie semblant empêcher le deuil de leur camarade.
Suffisamment confiant pour les revoir ici quelques semaines après, je retrouve donc avec plaisir Mariusz Duda au chant/basse, à la guitare, Michał Łapaj aux claviers, et Piotr Kozieradzki à la batterie. Ils sont accompagnés désormais par le courageux Maciej Meller chargé de la lourde tâche de succéder à un absent dont le fantôme n'en finit pas de hanter la scène, à l'invitation appuyée, il faut bien le dire, de Mariusz qui manifestement ne parvient pas à tourner la page… Néanmoins, durant le concert j'observerai des signes de complicités rassurantes, notamment envers ce brave Maciej.
Dès les premières notes, les instruments, la voix, tous les sons sont émis dans une limpidité stupéfiante ! Pas besoin de protection auditive ; l'acoustique somptueuse, puissante (mais sans excès) et audible, permet au public de pénétrer rapidement dans le nouvel univers de Riverside.
Univers davantage mélancolique, moins agité que lors de mon concert du 14/11/2009 (tournée "Anno Domini") qui demeure ma référence absolue. Finis, les rythmes et les sons débridés ; d'ailleurs si Michał a utilisé son thérémine, je ne l'ai même pas remarqué ! Cependant, ce soir tout est beau, magnifique, profond et enivrant. La tessiture de Mariusz s'est étendue vers les graves, ce qui accentue encore le sentiment d'une infinie tristesse.
Les éclairages sont absolument superbes et contribuent largement à faire voyager les esprits.
Le dernier opus, avec huit de ses neuf titres, est légitiment majoritaire dans le programme ; déjà convaincus par leur qualité en studio, ils sont ici magnifiés et confirmés !
L'ensemble de la discographie est heureusement visitée. Je ressens toutefois une petite frustration car mon opus préféré ("Anno Domini") est juste évoqué avec un seul titre, alors que trois titres de "Out of Myself" sont interprétés. C'est un public très enthousiaste qui applaudit à tout rompre. Nous resterions bien quelques demies-heures de plus en leur compagnie.
Cet engouement nous a permis de vivre un rappel magnifique, se terminant en beauté avec "River Down Below" du dernier opus, durant lequel Mariusz jouant d'une guitare acoustique se fait remplacer  à la basse par son roadie.
Il parait que Mariusz était souffrant ce soir ; personnellement je n'ai rien perçu, preuve que leur spectacle est bien rodé. Lui et ses compagnons semblaient ravis de l'accueil parisien.




PROGRAMME: [20h35-22h15]
Acid Rain (Wasteland, 2018)
Vale of Tears (Wasteland, 2018)
Reality Dream I (Out of Myself, 2003)
Lament (Wasteland, 2018)
Out of Myself (Out of Myself, 2003)
Second Life Syndrome (first part only) (Second Life Syndrome, 2005)
Left Out (Anno Domini High Definition, 2009)
Guardian Angel (Wasteland, 2018)
Lost (Why Should I Be Frightened By a Hat ?) (Love, Fear and the Time Machine, 2015)
The Struggle for Survival (Wasteland, 2018)
Forgotten Land (Memories in My Head, 2011)
Loose Heart (Out of Myself, 2003)
Wasteland (Wasteland, 2018).

Rappel : [22h15-22h35]
The Night Before (Wasteland, 2018)
02 Panic Room (Rapid Eye Movement, 2007)
River Down Below (Wasteland, 2018).