Cette fin de semaine à Barcelone était réservée de
longue date pour assister à un concert de CAMEL, un de ces groupes capables de
nous motiver pour traverser l'Europe. Hélas, Andy Latimer subit, lui aussi, les
outrages du temps qui passe ; il a dû annuler toute sa tournée en raison de ses
problèmes de santé. Cependant, nous n'avons pas pu annuler le voyage. C'est
donc simplement en touristes amoureux que nous revenons dans la capitale
catalane, plusieurs années après la disparition du légendaire festival BEPROG
MY FRIEND qui se tenait au Poble Espanyol non loin du stade olympique.
Toutefois, je ne cherche pas à me cacher derrière mon
petit doigt, en mélomanes insatiables nous avions vaguement prospecté pour
chercher un motif musical pour agrémenter notre aventure… Aucun évènement ne
s'affichait dans notre domaine de prédilection. Pas de concert de rock
progressif, ni de metal…
Bon, j'avais bien relevé la prestation du Boss. Mais,
sans véritable espoir ; tout était annoncé complet pour le vendredi 28 comme
pour le dimanche 30, à l'instar de son concert prévu samedi 13 mai à Nanterre (Paris-La
Défense Arena). Et puis, bon, très honnêtement, je n'ai jamais été un fervent
admirateur du monsieur, en dépit de l'insistance de beaucoup d'amis dès le
début des années 80. Je l'ai toujours respecté et apprécié, mais au même titre
que Bryan ADAMS ou Huey LEWIS. Nonobstant, l'idée de voir cette légende
scénique a fait son chemin dans mon esprit souvent tourmenté par un ballet de
notes. Nous avons ainsi prévu que notre visite touristique ferait un détour par
la colline de Montjuïc … on ne sait jamais.
Après une étape commémorative au Poble Espanyol (circulez, y'a plus rien à voir !), nous
arrivons vers 16 heures parmi les plus impatients admirateurs de l'Américain. Nos
premiers sondages auprès des personnes abordées nous laissent peu d'espoir.
Assis au soleil, en contrebas du stade, on assiste impuissant aux répétitions
qui attisent encore un peu plus notre envie. A l'horizon, des nuages noirs semblent
s'avancer dans notre direction ; on se dit que nous ferions mieux de plier
bagages avant d'être saucés pour rien…
Mettant notre vanité de côté, on se résout quand même
à afficher notre quête. C'est ma p'tite Fée qui s'y colle avec courage et
abnégation. A notre plus grand étonnement, assez rapidement deux dames
respectables nous abordent ; elles ont justement deux places à céder !!! Une
chance inouïe !!! Elles étaient trop contentes de trouver acquéreurs !! Nous
les payons à prix coûtant (arrondi à 3 €
supérieurs). C'était gagnant/gagnant !
Surexcités par notre chance, nous nous rendons dans la file d'attente correspondante. Mais, c'était sans compter avec ces maudits nuages qui entre temps n'avaient pas déviés leur cheminement. Il s'agit d'un orage qui tonne avant de nous déverser des hallebardes tropicales incessantes pendant plus d'une heure !!! Idiots que nous sommes, nous avons tenu à demeurer dans la file, en dépit de nos places numérotées. Nous entretenions naïvement l'espoir d'une pluie de courte durée. L'intensité et la durée de ces chutes ont transpercé et décoloré nos perfectos (vert pour ma p'tite Fée et noir pour moi), que nous pensions protecteurs. Ma p'tite Fée (oserais-je dire "ma poule mouillée" ?) s'est transformée en plante verte, et mon t-shirt s'est noirci. Un cauchemar d'autant plus rageant que l'organisation n'a jamais daigné anticiper l'ouverture des portes, prévue à 18 heures. Pis, l'entrée a tardé bien au-delà ! Epuisés et trempés comme des souches, nous finirons bien par pénétrer enfin dans l'enceinte, Porte 2, mais toujours sous la pluie. La crainte d'une annulation potentielle, qui nous ruinerait moralement et financièrement (n'étant pas les débiteurs à l'origine !), accentue notre abattement. Bref, la pluie finira par s'arrêter, mais nous subirons les effets physiques et psychologiques de cette calamité tout le restant de la soirée… La Croix-Rouge catalane tente de réconforter ma p'tite Fée transie par le froid et l'humidité. Une petite collation arrosée (…) d'une Estrella ne parvient pas à nous remonter le moral… Anecdote surprenante, le gobelet collector est estampillé au thème de la soirée "Only the Strong Survive" ; On ne lui fait pas dire, comme dit l'autre ! A ce stade, nous sommes dévastés, démotivés.
Mon esprit malade imagine que nous sommes victime d'un
compromis entre Pluton, dieu des Enfers et Apollon, Dieux des Arts et de la
Musique ; "Je vous accorde ce
concert imprévu, mais vous y souffrirez ! Ainsi soit-il !"
LE SITE
Le stade olympique Lluís Companys est plus communément
connu sous le nom de "stade de Montjuïc", surtout
depuis les Jeux olympique de 1992, en raison de sa localisation sur la colline
de Montjuïc, au centre sud-ouest de la ville. Construit à l'origine pour
l'exposition universelle de 1929 de Barcelone, il est entièrement reconstruit
et agrandi en 1989 en prévision des Jeux olympiques d'été de Barcelone. Notons
que Marie-José Pérec y fut couronnée championne olympique en 1992.
Sa capacité théorique est de 60 713 places. Mais en configuration concert, il serait capable d'accueillir jusqu'à 55 121 spectateurs.
La placeuse, sans doute perturbée par le climat, est
d'une déplorable incompétence. On ne parviendra pas à distinguer le bloc 205,
et encore moins de trouver nos véritables places située en file 9, siège 20. Le
concert débute ; nous prenons places sur des sièges restés vacants, avec le
risque d'en être éjecté. Ce qui ne s'est pas produit, fort heureusement !
Nous sommes positionnés tout au fond de l'incurvation
opposée à la scène. Trèèèèès loin et trèèèès haut. Mais, nous aurions pu nous estimer
heureux d'être présents dans l'enceinte, si le climat avait été plus propice…
MINI BIO
Bruce Frederick Joseph Springsteen à 73 ans (né le 23 septembre 1949) chanteur, guitariste
et compositeur américain est à l'origine de vingt-et-un albums studio parus au
cours d'une carrière s'étendant sur six décennies, et est accompagné la plupart
du temps de son groupe de soutien, le E Street Band.
Il est réputé pour l'énergie dégagée lors de ses
concerts intenses et longs, mais aussi pour ses textes poétiques et socialement
engagés, qui racontent la vie de la classe ouvrière américaine.
Bruce SPRINGSTEEN
est aujourd'hui entouré de dix-huit musiciens. Le E Street Band est le principal groupe d'accompagnement de Bruce
Springsteen, fondé en octobre 1972,
mais il n'a été officiellement ainsi nommé qu'en septembre 1974. Le groupe tire
son nom de la rue de Belmar, dans le New Jersey, au 1107 E-Street où vivait la
mère du claviériste Sancious. Elle a permis au groupe de répéter dans son
garage. Toutefois, en 1989, Springsteen s'est passé du groupe jusqu'à la fin des
années 90.
Les musiciens ne semblent pas en avoir pris ombrage
puisque la plupart ont répondu présent au rappel des troupes. Aujourd'hui, nous
trouvons ainsi sur scène : Gary Tallent
(basse, chœurs, de 1972 à 1989,
1995, et depuis 1999), Roy Bittan (piano,
accordéon, claviers (de 1974 à 1989,
1995, et depuis 1999), Max Weinberg (batterie,
percussions, de 1974 à 1989, 1995, et
depuis 1999), Steven Van Zandt (guitare
rythmique et solo, mandoline, chœurs, de
1975 à 1984, 1995, et depuis 1999), Nils Lofgren (guitare solo et rythmique, accordéon, chœurs, de 1984 à 1989, 1995, et depuis 1999), Patti
Scialfa (chœurs, guitare rythmique, de 1984 à 1989, 1995, et depuis 1999).
Pour les tournées, d'autres musiciens sont habituels : Soozie Tyrell (violon, chœurs, percussions,
guitare acoustique, depuis 2002), Charles Giordano
(orgue, accordéon, synthétiseur, depuis 2008), Jake Clemons (saxophones, percussions, chœurs, depuis 2012).
Pour cette tournée, Bruce a recruté Curtis King (chœurs, percussions), Michelle Moore (chœurs), Lisa Lowell (chœurs), Ada Dyer (chœurs), Anthony Almonte (percussions, chœurs), Ed Manion (saxophone ténor et baryton,
percussions), Curt Ramm (trompette),
Barry Danielian (trompette), Ozzie Melendez (trombone).
Notons, pour la parenthèse idyllique, que la choriste
et guitariste Patti Scialfa est l'épouse du Boss (depuis 1991).
"Only the
Strong Survive" est son vingt et
unième album studio, paru le 11 novembre
2022.
Vendredi 28 avril était le premier concert de la
tournée européenne. Pour l'anecdote, nous apprendrons un peu plus tard que lors
du concert du vendredi, deux choristes supplémentaires ont apporté leur soutien
: Michelle Obama, et Kate Capshaw (épouse de Steven SPIELBERG) sont venues chanter
sur la chanson "Glory Days"
!
LE
CONCERT [21h-23h55]
L'entrée en scène est l'occasion pour Bruce
d'interpréter "My Love Will Not Let
You Down", pour la première fois depuis 2017. Ce titre nous permet de
constater une excellente sonorisation qui restera constante pendant tout le
concert. Aucune surpuissance, ni réverbération dans ce stade. Preuve étant
ainsi faite qu'il est possible d'offrir une bonne acoustique dans un stade.
L'éclairage nous a semblé plutôt ordinaire mais
efficace pour cette grande surface. Le fond de scène est constitué de trois
écrans géants, effectivement indispensables dans ce cadre gigantesque, car de
notre positionnement je n'ai jamais rien vu d'autre qu'un lilliputien, certes
relativement agité mais uniquement distinguable par le suivi du projecteur. On
atteint là les limites des évènements à grande échelle ; on a le regard qui
revient inéluctablement sur les écrans, ce qui pose la question de l'intérêt
d'un tel concert, d'un certain point de vue… L'ambiance, elle est surtout en
fosse, et davantage encore dans les premiers rangs, même si les admirateurs
s'époumonent dans toute l'enceinte sportive. A noter que plusieurs chansons étaient
sous-titrées en catalan, sur les écrans.
Je ne ferai pas mine de bien connaitre le répertoire ;
mon statut est plutôt celui d'un observateur intéressé. Je devrai attendre une
bonne heure et demie avant de reconnaitre un titre ; et encore (!), c'était celui
de la reprise de "Because the Night"
(de Patti Smith Group, 1978) ! Et pourtant, il avait
auparavant repris aussi "Nightshift"
(reprise de Commodores, 1985) et "Trapped" (reprise de
Jimmy Cliff, 1972), deux titres
que je ne connaissais pas ! Bien sûr, "Badlands",
"Born in the U.S.A." et
"Dancing in the Dark"
m'auront finalement sauvé du naufrage ; ces titres ayant été assez souvent
rabâchés sur les ondes médiatiques de l'époque !
Les connaisseurs auront sans doute perçu davantage de
subtilités dans les interprétations des intervenants. J'ai pour ma part surtout
apprécié les segments les plus blues-rock, ainsi que d'autres particulièrement
cuivrés tels que ce "Last Man
Standing", interprété en acoustique, avec Barry Danielian à la trompette.
Le rappel laisse les projecteurs allumés, plein feu
sur la foule qui exulte sur les huit derniers titres particulièrement attendus
par la majorité !
C'est
durant "Dancing in the Dark"
qu'il présente les membres du E-Street Band.
Autre moment fort, le titre "Tenth Avenue Freeze-Out", durant lequel des photos de Danny
Federici et Clarence Clemons ont été montrées sur les écrans. (Explications : Danny Federici était un
accordéoniste qui a joué dans des groupes locaux du New Jersey et avec Bruce
Springsteen dès la fin des années 1960 ; il est décédé à 58 ans le 17 avril 2008. Clarence Clemons était un
saxophoniste américain du E-Street Band, mort à 69 ans le 18 juin 2011). Ce titre est le dernier en compagnie du E-Street
Band.
Bruce termine ce long concert en solo, sur la version
acoustique de "I'll See You in My
Dreams".
Le public ovationne l'artiste avec l'enthousiasme
requis. Je ne me lasse pas d'admirer la ferveur d'une foule en liesse, vus de
haut.
Pour ma part, je ne cache pas qu'en étant trempés et
frigorifiés par un vent cruellement froid, nous n'avons pas su rentrer à fond dans
l'ambiance. Ma nuque était endolorie, non par les hochements habituels en
concert, mais par la raideur causée par un froid implacable.
J'ai toutefois su apprécier les qualités de l'artiste
et celles de ses complices. J'ai pu mesurer son talent, surtout à la guitare,
mais aussi à l'harmonica. Sa voix m'a néanmoins semblé en peu en deçà de ce que
j'avais entendu de ses enregistrements. Certes, les années commencent à peser
et je trouve qu'il s'en sort encore très bien en dépit que quelques petites
faiblesses perçues ici et là.
Près de trois heures ont permis d'écouter vingt-neuf titres, dont cinq issues de "Born in the U.S.A.", 1984, cinq de "Born to Run", 1975, quatre de "Letter to You", 2020, trois de "Darkness on the Edge of Town", 1978, deux de " The Rising", 2002, deux de "The Wild,
the Innocent & the E Street Shuffle", 1973, deux de "The River",
1980, une de "Nebraska", 1982, une de "Wrecking
Ball", 2012, une issue de
la compilation "tracks", 1998, et trois reprises.
PROGRAMME
My Love Will Not Let You Down (1982,
mais issu d'une compilation parue en 1998)
No Surrender (Born in the U.S.A.,
1984)
Ghosts (Letter to You, 2020)
Prove It All Night (Darkness on
the Edge of Town, 1978)
Letter to You (Letter to You, 2020)
The Promised Land (Darkness on the
Edge of Town, 1978)
Out in the Street (The River, 1980)
Kitty's Back (The Wild, the
Innocent & the E Street Shuffle, 1973)
Nightshift (reprise de Commodores, 1985)
Trapped (reprise de Jimmy Cliff, 1972)
Mary's Place (The Rising, 2002)
Johnny 99 (Nebraska, 1982)
The E Street Shuffle (The Wild,
the Innocent & the E Street Shuffle, 1973)
Last Man Standing (Letter to You,
2020)
Backstreets (Born to Run, 1975)
Because the Night (reprise de Patti
Smith Group, 1978)
She's the One (Born to Run, 1975)
Wrecking Ball (Wrecking Ball, 2012)
The Rising (The Rising, 2002)
Badlands (Darkness on the Edge of
Town, 1978)
Thunder Road (Born to Run, 1975).
RAPPEL :
Born to Run (Born to Run, 1975)
Ramrod (The River, 1980)
Bobby Jean (Born in the U.S.A.,
1984)
Dancing in the Dark (Born in the
U.S.A., 1984)
Tenth Avenue Freeze-Out (Born to
Run, 1975)
I'll See You in My Dreams (Letter
to You, 2020).
Je ne regrette pas d'avoir assisté à ce concert, juste
d'y avoir assisté dans des conditions aussi inconfortables, dans des vêtements
trempés, fouettés par un vent incessant et glacial. Après cette expérience, on
pourra toujours me reparler de la douceur du climat barcelonais…
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