vendredi 1 novembre 2024

DEEP PURPLE – Le Zénith (Paris 19e) le vendredi 1er novembre 2024.

LE CONTEXTE. Dans un contexte où les artistes sillonnent de plus en plus les routes au gré des organisateurs, à défaut de vivre de la vente de leurs albums, les dates des uns et des autres peuvent se chevaucher pour créer un dilemme pour les mélomanes les plus ouverts et éclectiques. Ce soir, deux options partageaient le milieu des hardos. Les Teutons ACCEPT, fers-de-lance du heavy-metal des 80's, étaient à l'Elysée Montmartre. C'est compliqué pour nous car avec ma P'tite Fée et mon fils, nous apprécions sincèrement la production de ce qui reste de ce groupe (un guitariste intégré huit après sa fondation) qui a marqué mon adolescence.

Mais nous n'avons cependant aucun scrupule à revoir une septième fois ces dinosaures pourpres, une véritable légende vivante et intergénérationnelle, qui a contribué à l'émergence du hard-rock traditionnel dès les 70's. Ma P'tite Fée est encore plus impatiente que moi. Mon fils aîné est également dans la fosse. Je me réjouis de voir Le Zénith aussi plein pour rendre hommage à nos anciens, c'est rassurant !

Sur notre ticket d'entrée, il n'était pas mentionné de première partie de soirée. Honnêtement, notre obsession était de revoir DEEP PURPLE et je ne m'étais même pas posé la question d'un potentiel invité ! Je réalise lorsque se déploie le fond de scène…

JEFFERSON STARSHIP https://www.jeffersonstarship.com/  La légende de JEFFERSON STARSHIP commence en 1970, lorsque Paul Kantner sort un album intitulé "Blows Against The Empire" sous le nom d'artiste "Paul Kantner/Jefferson Starship". Mais, l'histoire débute réellement en 1974, avec le projet de fusion du groupe Jefferson Starship lui-même, et de certains anciens membres de JEFFERSON AIRPLANE. A l'instar de nombreux groupes de cette époque, la confusion règne sur leur parcours, il est bien difficile de retracer un pedigree clair et définitif…

Bien que JEFFERSON STARSHIP continue de tourner aujourd'hui, sa fondation et son existence sont semées au fil des décennies de portes qui claquent, de bagarres de coulisses qui finissent à l'hôpital, et d'allers simples pour le cimetière…

Paul Lorin Kantner, fondateur des JEFFERSON AIRPLANE, avant de continuer avec JEFFERSON STARSHIP, était le dernier survivant qui aurait encore pu faire valoir sa légitimité, mais il est mort le 28 janvier 2016. Quant à David Freiberg il a bien collaboré avec JEFFERSON AIRPLANE, mais seulement sur leur dernier album de concert, "Thirty Seconds Over Winterland" (1972/73), avant de rejoindre JEFFERSON STARSHIP, né de la dissolution de l'Airplane en 1974. Puis, il quitte Jefferson Starship en 1984, …avant de le réintégrer en 2005.

Le groupe qui se présente à nous ce soir est composé de David Freiberg (chant guitare, de 1974 à 1984, et depuis 2005), Donny Baldwin (batterie, percussions, chœurs (de 1982 à 1984, et depuis 2008), Chris Smith (claviers, basse, depuis 1998), Cathy Richardson (chant, guitare rythmique, de 2008 à 2015, et depuis 2016), et Jude Gold (guitare solo, chœurs, depuis 2012).

Sans préjuger du talent des musiciens, ni de l'alchimie qu'ils prétendent entretenir, il est donc permis d'estimer cyniquement que la bande de potes devant nous ressemble bigrement à un groupe d'hommage à… ("tribute band" qu'ils disent en anglais !). Un peu comme MOLLY HATCHET, dont le patron actuel Bobby Ingram est un arrivé en 1987, soit seize années après sa fondation…

Mais c'est cependant en spectateur bienveillant que j'assiste à la prestation.

En fond de scène s'étend un gigantesque écran en trois volets.

LE CONCERT [19h55-20h40]. L'usage du volet central de l'écran du fond est cédé à JEFFERSON STARSHIP pour diffuser pendant le concert la publicité du cinquantième anniversaire de la formation.

Au début du concert, la sonorisation mal réglée ne permettait pas de distinguer correctement le chant, mais peu à peu cela s'est équilibré. Le dispositif d'éclairage m'a semblé correct et bien ciblé.

Sur le plan musical, je n'ai pas été totalement subjugué mais j'ai trouvé ce parfum hippy plutôt sympa. Un titre, "Jane" m'a intrigué un peu plus, tant cette chanson parue en 1979 me rappelait bigrement un air de TOTO (formé en 1976 par Jeff Porcaro (batterie) et David Paich !)… Qui a inspiré l'autre ?

Tout le monde a reconnu le mégatube "Somebody To Love", qui est en fait une chanson écrite par l'ancienne chanteuse Grace Slick, lorsqu'elle chantait avec THE GREAT SOCIETY, juste avant qu'elle rejoigne JEFFERSON AIRPLANE, avec arme et bagage…

Le programme aux parfums de patchouli et d'encens, dont la période couvrait 1967 à 1987, aura chauffé la salle de manière plutôt apaisante, doucement rythmé. Les clichés emblématiques de Woodstock m'ont paru toutefois bien éloignés.

PROGRAMME

  1. Find Your Way Back (Modern Times, 1981)
  2. Stranger (Modern Times, 1981)
  3. Sara (reprise de Starship : Knee Deep in the Hoopla, 1985)
  4. Nothing's Gonna Stop Us Now (reprise de Starship, 1987)
  5. Miracles (Red Octopus, 1975)
  6. White Rabbit (reprise de Jefferson Airplane : Surrealistic Pillow, 1967)
  7. We Built This City (reprise de Starship, 1985)
  8. Jane (Freedom at Point Zero, 1979)
  9. Somebody to Love (reprise de The Great Society/ Grace Slick, 1970).


DEEP PURPLE https://deeppurple.com/  Déjà sensibilisé à ces sonorités depuis décembre 1972, j'aurais pu suivre DEEP PURPLE à son apogée, mais disons que mon environnement n'était pas propice. Néanmoins, j'ai quand même eu la chance d'assister à un concert de la formation historique, le 8 juillet 1985 lors de leur tournée "Perfect Stranger".

Eux aussi ont eu à arbitrer des incompatibilités d'humeurs. Mais aujourd'hui, trois des membres issus de la Grande Epoque continuent de perpétuer la légende : Ian Paice (batterie de 1968 à 1976, et depuis 1984 - né le 29 juin 1948, 76 ans) et Roger Glover (basse de 1969 à 1973, et depuis 1984 - né le 30 novembre 1945, 78 ans), ainsi qu'Ian Gillan (chant, harmonica, de 1969 à 1973, de 1984 à 1988, et depuis 1992 - né le 19 août 1945, 79 ans).

Le claviériste Jon Lord (de 1968 à 1976, et de 1984 à 2002 - décédé le 16 juillet 2012) est désormais remplacé par Don Airey (claviers, du 9 août au 8 septembre 2001, et depuis 2002 - né le 21 juin 1948, 76 ans). Remplacer le guitariste Ritchie Blackmore (de 1968 à 1975, et de 1984 à 1993) fut compliqué et causa beaucoup de remous. Le talent et la personnalité de Steve Morse avait apporté la stabilité, jusqu'à ses soucis familiaux. C'est désormais Simon McBride (depuis septembre 2022 - né en 1978) qui occupe le poste.

Leur vingt-deuxième album studio, "=1" est paru 19 juillet 2024. Après quelques dates de festivals d'été, les infatigables  musiciens se sont lancés dans une tournée européenne de seize dates, "=1 more time tour" débutée le 17 octobre à Katowice (Pologne) et qui s'arrêtera à Glasgow le 10 novembre.

Nous parvenons à nous placer correctement, dans les premiers rangs. Bonne visibilité (y compris pour ma p'tite Fée !) car la scène est correctement surélevée.

LE CONCERT. [21h05-22h50]. A l'instar de la précédente tournée, le programme débute par le très jouissif et entrainant "Highway Star". Mais cette fois, il enchaine avec le tonitruant "A Bit on the Side" ! Quelle énergie !!

Le son est excellent, puissant et équilibré. L'éclairage est particulièrement lumineux et les trois écrans géants disposés en volets diffusent de magnifiques images d'une qualité inouïe sur les musiciens.

Je tente de capter la qualité des nouveaux titres, que je découvre, car je n'avais écouté qu'un seul titre "Lazy Sod", en promotion du nouvel album. Tout cela semble de nouveau constituer une nouvelle réussite…

Je constate avec bienveillance que les parties vocales évitent soigneusement désormais de défier la tessiture d'Ian Gillan. Chacun comprendra que celui-ci se contentera de chanter juste, mais ne fera plus les prouesses légendaires. En revanche, les p'tis copains sont là pour maintenir la baraque.

A ce titre, le p'tit nouveau Simon McBride excelle avec sa guitare ; dans un style certes différent du Grand Ritchie Blackmore, différent aussi de son émérite prédécesseur Steve Morse, mais Simon se montre indéniablement digne de ce poste. Certes, ce solo de plusieurs minutes, inhabituel dès le début du concert a pu déconcerter. Mais il a le talent, il le montre, cela ne me pose aucun souci. Ce n'est pas de la démonstration, c'est juste du rock'n'roll de Haute Qualité. Parmi la multitude des soli, on a remarqué l'intro de "Uncommon Man", qui fut dédié à Jon Lord.

Quant à Don Airey aux claviers, je me régale toujours de l'entendre/voir partir dans ses délires d'accords fabuleux, que j'admire depuis que je l'ai vu plusieurs fois depuis 1983 notamment lorsqu'il jouait avec Gary Moore, Ozzy Osbourne. Il est habile dans tous les styles ; classique, pop, blues, hard et le démontre sur un long solo qui lui est imparti. Dans sa fantaisie, on entend beaucoup d'allusions musicales, passant de Mozart (Alla turca) à Marguerite Monnot (Hymne à l'Amour), en passant par une marseillaise reprise en cœur par les mélomanes ravis !

Le talent ne s'estompe pas avec les rides et les cheveux blancs ; Roger Glover toujours souriant et manifestement heureux de continuer l'aventure pourpre, redoutablement efficace de technique et de sensibilité à la basse, notamment avec sa Vigier. (Une marque française qui va sans doute disparaitre hélas)

Et que dire de la remarquable efficacité d'Ian Paice qui maitrise une régularité de frappe jamais démentie. A 76 ans, après tant d'années passées sur les scènes du monde entier, le Monsieur démontre que la vieillesse, cela peut se gérer. En tous cas il y croit dur comme ses baguettes qu'il distribue à ses admirateurs à la fin du concert. Chapeau l'Artiste !

Parmi les seize titres, curieusement, des trois décennies 80, 90, 00, seul l'album "The Battle Rages On" (1993) est évoqué avec un morceau. Six titres sont issus de "=1" (2024), et un de " Now What?!," (2013), astucieusement répartis entre les classiques qui étaient bien sûr très attendus. Bonheur, Nostalgie, Ivresse avec les cinq titres issus de "Machine Head" (1972), et deux de l'époque "Deep Purple in Rock" (1970). Nous pouvons dire que nous avons été gâtés, car une très large plage a été accordée aux titres que tout le monde espérait écouter. Encore une fois (One More Time, titre la tournée !). Pas la dernière j'espère !

PROGRAMME

Bande sons : Mars, the Bringer of War (Gustav Holst)

  1. Highway Star (Machine Head, 1972)
  2. A Bit on the Side (=1, 2024)
  3. Into the Fire (Deep Purple in Rock, 1970)
  4. Uncommon Man (Now What?!, 2013) (précédé d'un solo guitare; dédié à Jon Lord)
  5. Lazy Sod (=1, 2024)
  6. Now You’re Talkin’ (=1, 2024)
  7. Lazy (intro emprunté à un accord d'orgue de d'Emerson, Lake & Palmer) (Machine Head, 1972)
  8. When a Blind Man Cries (Machine Head, 1972)
  9. Portable Door (=1, 2024)
  10. Anya (The Battle Rages On…, 1993)

Solo de claviers (évocation de Mozart's "Sonate N. 11 A-Dur KV 331, 3te Satz: Alla turca, L'Hymne à l'Amour & La Marseillaise)

  1. Bleeding Obvious (=1, 2024)
  2. Space Truckin' (Machine Head, 1972)
  3. Smoke on the Water (Machine Head, 1972)

RAPPEL :

  1. Old‐Fangled Thing (=1, 2024)
  2. Hush (reprise de Joe South) (comprenant un mix duo orgue guitare)
  3. Black Night (monoplage, paru en 1970, avant d'être inséré dans la réédition d'In Rock de 1995).



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