vendredi 15 juin 2018

DOWNLOAD PARIS FESTIVAL -15/06/2018



La saison 2018 des festivals d'été s'ouvre pour moi avec ce Download 2018. Deux années après ma première participation à cet événement, j'ai bien pensé l'ignorer à l'instar de l'an dernier car je demeure dans l'amertume depuis la décision prise par Live-Nation aboutissant à éloigner le site.
En effet, en 2016 le DL s'était tenu à l'hippodrome de Longchamp (qui reste pourtant utilisé pour d'autres festivités du même genre) ; c'est bien plus pratique d'accès et ce n'est pas mon expédition cette année qui me démontrera le contraire... Plus d'une heure et quart de trains et de bus avant d'arriver à la gare de Brétigny. De là, il a fallu attendre un bon quart d'heure avant de monter dans une navette qui a mis encore une dizaine de minutes pour nous déposer au début d'un long chemin qu'il a fallu parcourir durant un bon quart d'heure à pied.
Au final, il aura fallu deux bonnes heures pour y parvenir ! Rien à voir avec le confort d'accès de bien d'autres festivals…

Mais bon, même en pressentant la galère, mon honorable rejeton en avait fait son objectif ; j'ai eu d'autant moins de difficulté à l'accompagner ce vendredi que l'affiche de la première journée m'intéressait tout particulièrement. Revoir Ozzy reste toujours un événement, Opeth est tout simplement un de mes groupes favoris, Ghost demeure enivrant (même si leur dernier opus penche un peu plus vers une pop sympathique) et Powerwolf attisait ma curiosité par son metal puissant et mélodique. La réputation des autres artistes m'intriguaient également !

La décision de proposer quatre scènes (Warbird, Spitfire, MainS2, et MainS1) avec des horaires trop souvent superposés n'était pas de nature à favoriser les découvertes et mon choix s'est avéré parfois pénible. C'est le second défaut que j'attribue à l'organisation, avec le malencontreux déplacement du site.
Deux sortes de festivaliers coexistent dans ces rassemblements : les "festifs-festifs-à-donf" et les "festifs-mélomanes". Si je respecte totalement l'état d'esprit des premiers, je me classe résolument dans la seconde catégorie … Mais du coup, alors que les premiers sont sans doute réjouis de cette organisation, en ce qui me concerne je me sens trop souvent frustré, torturé entre ma volonté de découverte de nouveaux groupes et le suivi de mes artistes préférés qui se produisent en même temps… Certains pèlerins assument totalement se diriger vers leur chapelle mais s'interdisent ainsi de découvrir de nouvelles sensations …
Mais je relativise mon agacement aujourd'hui car le Hellfest est encore bien pire dans la catégorie des "restaurations-rapides" musicales avec pas moins de six scènes sur lesquelles les artistes tentent désespérément d'attirer le chaland curieux, qui ne sait plus où donner de l'oreille !!! Ma conception d'auditeur résulte en partie peut-être de mon penchant proggeux car en effet je préfère savourer la musique que m'en gaver.


Allez, j'arrête de râler ; le ciel est clair, le soleil brille et je pressens de bonnes vibrations, dès mon arrivée sur le site très étendu et plutôt bien décoré, avec notamment des avions de guerres dispersés aux quatre coins de l'enclos. A peine le temps de jeter un coup d'œil aux structures puis je m'arrête devant la scène Spitfire.

15h25 – 15h55 : CELLAR DARLING. En 2016, Anna Murphy (chant, flûte et vielle à roue), Ivo Henzi (guitare rythmique, guitare basse) et Merlin Sutter (batterie) quittent Eluveitie et fonde ce nouveau groupe suisse pour demeurer toutefois dans le genre folk-pagan-metal. Un album "This Is the Sound" est enregistré en 2017. Volonté délibérée ou le hasard des circonstances de la programmation, toujours est-il que ces dissidents jouent quelques minutes avant leur ex-!
Le jeune groupe a la redoutable mission de débuter les réjouissances, alors je tente de m'immerger avec bienveillance dans leur univers. La sonorisation est bonne et audible.
Anna peut compter sur ses talents de musicienne multiple puisqu'elle n'hésite pas à faire alterner agréablement la flute traversière et la viole avec son micro. Rien que pour cela elle m'inspire un certain respect. Nonobstant, si elle dispose certes des dispositions de base pour sa fonction -une belle voix, bon timbre, justesse du chant-, elle manque de coffre, et de charisme à mon humble avis.
Au final, en dépit de jolies mélodies, de sonorités celtiques agréables, la musique de ces suisses est certes sympathique mais ne parvient toutefois pas à me transcender. Peut-être à cause de mon moteur diesel, pas encore suffisamment chaud à en croire l'honorable ovation que le public présent leur accorde cependant.

PROGRAMME
Black Moon
Hullaballoo
The Hermit
Avalanche
Six Days 
Fire, Wind & Earth
Challenge.



15h55 – 16h35 : BILLY TALENT. Je n'avais pas prévu de me rendre rapidement aux abords de la scène principale. Mais en sortant du marché metal les sons très énergiques qui me parvenaient, m'attiraient inexorablement. Je traverse donc assez rapidement les vastes espaces (aux herbes encore hautes à ce moment du festival, elle n'avait pas été fauchée bien évidemment ; nous sommes en France ne l'oublions pas !).
Mes premières impressions se confirment lorsque je m'insère parmi l'audience. Les hanches se balancent, les jambes trépignent et les cous secouent les têtes plus ou moins chevelues. Il faut signaler que les musiciens sont soutenus par une sonorisation impeccable, à la fois puissante mais audible.
Ces canadiens me sont parfaitement inconnus ; je n'avais même pas remarqué leur programmation et donc pas pris le temps de fouiner sur internet ! Pourtant, en 2016 paraissait leur sixième opus "Afraid of Heights", qui étonnamment ne fera l'objet que d'un seul titre aujourd'hui (Big Red Gun). Billy Talent semble soudé durablement, avec Benjamin Kowalewicz (chant, depuis 1993), Ian D'Sa (guitare, depuis 1993) et Jonathan Gallant (basse, depuis 1993). Il semblerait qu'Aaron Solowoniuk (batterie, depuis 1993) se soit retiré depuis 2016 pour être remplacé sur scène par Jordan Hastings (à vérifier).
Le groupe semble disposer déjà d'un public de connaisseurs puisque une bonne partie scande les refrains. C'est dans ces moments-là où je me dis que je commence à être sérieusement largué par l'actualité musicale…
Bref, je ne boude pas mon plaisir, ravi de faire à cette occasion une bien belle découverte ! Rien de révolutionnaire dans leur concept (ces riffs me semblent déjà entendus sous une forme ou une autre) mais leur rock sautillant a le mérite d'être efficace et les musiciens crédibles. Je m'engage donc à suivre ce quatuor. Première belle surprise de la journée, donc !

PROGRAMME
This Is How It Goes (Billy Talent)
Devil in a Midnight Mass (Billy Talent II)
This Suffering (Billy Talent II)
Big Red Gun (Afraid of Heights)
Rusted from the Rain (Billy Talent III)
Surprise Surprise (Dead Silence)
Devil on My Shoulder (Billy Talent III)
Viking Death March (Dead Silence)
Red Flag (Billy Talent II)
Fallen Leaves (Billy Talent II).


16h35 – 17h15 : ELUVEITIE. Troisième groupe de la journée, troisième découverte, même si je confesse avoir tenté d'anticiper en visionnant quelques vidéos en préalable, histoire de me faire une idée. J'ai toujours été sensible aux évocations celtiques et apparentées. Renseignement pris, Eluveitie est un groupe de folk metal suisse (Eluveitie signifie "Je suis l'helvète" en helvète), formé en 2002 par Chrigel Glanzmann (chant, mandoline, flûtes, gaita, guitare acoustique, bodhrán, harpe). Autour de lui, dans une instabilité permanente, se sont succédés moult musiciens, mais à ce jour il peut compter sur une impressionnante troupe : Kay Brem (basse, depuis 2008), Rafael Salzmann (guitare solo, depuis 2012), Nicole Ansperger (violon, chœurs depuis 2016), Matteo Sisti (cornemuse, flûtes, guitare acoustique, depuis 2014), Alain Ackermann (batterie, depuis 2016), Jonas Wolf (guitare rythmique, depuis 2016), Michalina Malisz (vielle à roue, depuis 2016) et Fabienne Erni (chant, harpe, depuis 2017).
Il parait que certaines paroles sont en helvète, une langue aujourd'hui éteinte, mais honnêtement tout ce que je peux affirmer c'est qu'elles ne sont pas en français ; il faut dire que la voix gutturale du hurleur de service laisse peu de chance pour reconnaitre un sens !
Heureusement les mélodies énergiques favorisent le maintien de mon intérêt et lorsque Fabienne s'exprime, c'est tout de suite une autre poésie ! Magnifique voix au timbre qui n'est pas sans rappeler les Cranberries. Les quelques titres où elle parvient à se faire vraiment entendre sont ceux que je préfère, et de loin ! J'ai relevé par ailleurs la prestation remarquable de Matteo Sisti à la flute.
Globalement, j'ai apprécié ces valeureux p'tits suisses mais je n'irai pas me ruer chez mon disquaire car je considère que la part est trop largement laissée aux grognements incongrus. Dommage. Ou plutôt tant mieux pour mon budget !

PROGRAMME
King (Origins, 2014)
Nil (Everything Remains as It Never Was, 2010)
Thousandfold (Everything Remains as It Never Was, 2010)
L'appel des montagnes (Origins, 2014)
A Rose for Epona (Helvetios, 2012)
Havoc (Helvetios, 2012)
Artio (Evocation II – Pantheon, 2017)
Rebirth (Ategnatos, 2019)
Inis Mona (Slania, 2008).


17h15 – 18h05 : POWERWOLF. Au fil de la journée, j'ai le sentiment que mon intérêt monte en pression ; ce quatrième groupe de la journée, ma quatrième découverte, ne me déçoit pas, dès les premières notes ! Attila Dorn (chant, depuis 2003), Falk Maria Schlegel (claviers, depuis 2003), Roel van Helden (batterie, depuis 2011), Matthew Greywolf (guitare, depuis 2003), et Charles Greywolf (guitare, depuis 2003 puis basse (depuis 2011) ont une énergie communicative.
Le groupe allemand de "power metal" est venu promouvoir son septième album studio "The Sacrament of Sin", dont la sortie est prévue pour l'été 2018. Mais le quintet puise dans leur répertoire des dix dernières années pour satisfaire un public déjà conquis ; sur les neuf titres, seul un (Demons Are A Girl's Best Friend) est tiré de l'opus à paraitre.
J'ignore ce que procure l'écoute de leurs disques, mais indéniablement Powerwolf m'apparaît comme un groupe de scène ! Le chanteur est charismatique et les musiciens occupent bien l'espace pour exprimer une musique particulièrement entrainante. Les nuques et les hanches des auditeurs sont mises à rude épreuve !
Pas (ou très peu) de bande préenregistrées ; à la différence de Sabaton, qui sévit dans le même style, non seulement le pupitre de clavier est sur scène présent mais de surcroit le titulaire, Falk Maria Schlegel bénéficie de deux synthétiseurs placés de chaque côté de la batterie ! Moi j'y vois là une malice, une nique à destination de leur confrère suédois … En tout état de cause, ce dispositif n'est pas que de l'apparence car il démontre (si besoin était !) que sur scène, un musicien avec sa sensibilité et son adaptation aux circonstances vaut toujours mieux qu'une bande-sons.
Le chant d'Attila est clair mais rugueux comme il convient ! Quelques bons soli de guitare accompagnent les mélodies entêtantes que le chanteur ne se prive pas de faire reprendre par les chœurs d'un auditoire enthousiaste et conquis (dont je fais partie !) par ces fiers teutons.

PROGRAMME
Blessed & Possessed (Blessed & Possessed)
Army of the Night (Blessed & Possessed)
Demons Are A Girl's Best Friend (The Sacrament of Sin –première-)
Amen & Attack (Preachers of the Night)
Coleus Sanctus (Preachers of the Night)
Resurrection by Erection (Bible of the Beast)
Armata Strigoi (Blessed & Possessed)
Sanctified With Dynamite (Blood of the Saints)
We Drink Your Blood (Blood of the Saints).

C'est donc en sentant les premiers signes de fatigue physique que je quitte la fosse ! Attila nous donne rendez-vous pour le concert au Bataclan fixé au 25 octobre prochain ! Je me laisserais bien tenté …


A ce stade de la journée, comme annoncé en préambule de mon récit, je me trouve confronté à un premier dilemme : SIDILARSEN ou ALESTORM ? Sidilarsen, dont j'avais beaucoup apprécié le côté festif en invité de Myrath (19 novembre 2016 au forum de Vauréal), ou Alestorm dont mon intérêt naissant n'est justifié que par quelques visionnages de vidéos ? Il faut bien choisir ; tout bien réfléchi, j'opte pour la découverte des britanniques, hélas pour les français.

18h05 – 19h05: ALESTORM. C'est le cinquième groupe de la journée et … cinquième découverte, donc ! Je ne regretterai pas mon choix car très rapidement je perçois que la réputation de ces fêtards n'est pas usurpée ! Le "folk-power-metal" de ces écossais est juste jouissif, énergique et joyeux !
Christopher Bowes (claviers, chant, depuis 2004) est désormais entouré de Gareth Murdock (basse, chœurs, depuis 2008), Peter Alcorn (batterie, depuis 2010), Elliot Vernon (claviers, depuis 2012) et Máté Bodor (guitare, depuis 2015). Ils promeuvent dans la joie et la bonne humeur leur cinquième opus paru en 2017 "No Grave But The Sea".
Outre les qualités indéniables des musiciens (j'ai pu noter quelques p'tits soli de guitare remarquables), ce sont des artistes très à l'aise sur scène et qui de surcroît ne se prennent absolument pas au sérieux ! Le ridicule ne tue pas, c'est bien connu ; leur mascotte, un énorme canard jaune gonflable qui trônait en plein centre de leur scène, est balancé dans la foule ravie de jouer avec !
Les sonorités d'accordéon agrémenté de grosses guitares entrainent l'auditoire dans une euphorie fabuleuse ! Je ne suis pas prêt d'oublier le spectacle jubilatoire d'Alestorm ; leur prochain passage à Paris ne se fera pas sans moi ! oï !

PROGRAMME
Keelhauled (Black Sails at Midnight)
Alestorm (No Grave but the Sea)
Over the Seas (Captain Morgan's Revenge)
Mexico (No Grave but the Sea)
The Sunk'n Norwegian (Back Through Time)
No Grave but the Sea (No Grave but the Sea)
Nancy the Tavern Wench (Captain Morgan's Revenge)
Rumpelkombo (Back Through Time)
Hangover (reprise de Taio Cruz)
Bar ünd Imbiss  (No Grave but the Sea)
Captain Morgan's Revenge (Captain Morgan's Revenge)
Shipwrecked (Back Through Time)
Drink ( Sunset on the Golden Age)
Fucked With an Anchor (No Grave but the Sea).


A peine remis de cette claque euphorisante, je me fixe rapidement l'objectif de me rendre immédiatement dans les premiers rangs de la scène principale pour y savourer la prestation de mon groupe favori et donc très attendu du jour …

19h05- 20h20 : OPETH. Je retrouve avec un immense bonheur ces suédois talentueux pour la neuvième fois depuis 2008 ! Voici donc Mikael Åkerfeldt (guitare, depuis 1990 puis chant, depuis 1992), Martín Méndez (guitare basse (depuis 1997), Martin "Axe" Axenrot (batterie, percussions, depuis 2006), Fredrik Åkesson (guitare, chœurs, depuis 2007) et Joakim Svalberg (clavier, synthétiseur, chœurs, percussions, depuis 2011).

Leurs compositions d'un metal progressif audacieux et de haute volée a dû paraitre hermétique à beaucoup de non-initiés dans cet espace en plein-air. La transition musicale peut en effet paraître énigmatique pour le festivalier non-averti qui découvre Opeth entre deux groupes à la musique beaucoup plus accessible. Mikael l'a reconnu lui-même : leur style musical alliant une douce mélancolie et une terrifiante force du désespoir tranche avec l'atmosphère festive et ensoleillée du moment !
Mais pour les initiés que de sensations ! Les alternances d'atmosphères, les mélodies délicatement mélancoliques qui précèdent des tempêtes d'une violence inouïe, la voix claire qui fait place aux voix gutturales effrayantes, les soli ciselés de guitares nappées de claviers inquiétants … j'aime tout dans leur musique !! Et même si je les préfère en salle, ils sont parvenus à satisfaire les festivaliers qui semblaient parfois médusés ou perplexes à l'arrière mais ravi dans les premiers rangs ! De joyeuses et bienveillantes bousculades et des transports de corps abandonnés à la pesanteur ont agrémentés l'ambiance !
Pendant une heure et quart ces fortes et contrastées sensations ont été soutenues efficacement par une excellente sonorisation (quoique pas assez limpide au tout début, à mon humble avis). Leur prestation est écourtée dans cette configuration de festival et du coup Mikael s'est montré un peu moins loquace mais il n'a pas su s'empêcher de raconter une ou deux conneries ("we're complete asshole !") comme à son habitude, avec son humour "so british".
Je pourrais me lancer dans un descriptif de l'interprétation de chaque titre, remarquablement interprétés, mais ce serait trop long et je n'en ai probablement pas la capacité, ni l'envie. Cette musique délicieusement raffinée, torturée se déguste et se savoure davantage qu'elle ne s'explique. Je vous renvoie à ma seule vidéo de l'évènement lors du sublime "Cusp of Eternity" (même si l'image tremble encore de mon émotion !).

PROGRAMME
Sorceress (Sorceress)
Ghost of Perdition (Ghost Reveries)
The Devil's Orchard (Heritage)
Cusp of Eternity (Pale Communion)
Heir Apparent (Watershed)
In My Time of Need (Damnation)
The Drapery Falls (Blackwater Park)
Deliverance (Deliverance).

Je dois confesser qu'après ce concert-là j'ai très nettement ressenti le besoin de me désaltérer, assis dans l'herbe. Epuisé par tant de plaisirs auditifs j'ai pris le temps de me ressourcer avant d'aborder la suite des évènements !


A ce moment de la soirée, le nouveau dilemme auquel je devais une nouvelle fois être confronté aurait pu se poser : me rendre à la scène Spitfire pour assister au concert de Vandenberg's Moonkings ou bien rester à la scène principale 2 pour assister à la prestation de Ghost. Heureusement que mon manque d'énergie m'ôta du doute car dans l'absolu j'aurais peiné à choisir, tant V's M m'avait beaucoup plus sur la scène d'un autre beau festival, le RaismesFest (6 septembre 2014).
Bref, après ce splendide concert d'Opeth l'énergie me manquait pour traverser tout le site de la base aérienne et j'ai donc opté pour la scène la plus proche, sans vraiment craindre d'être déçu, juste frustré de ne pas assister à tous les concerts de mon choix…

20h25 – 21h40 : GHOST. Voilà que ce groupe se présente pour la quatrième fois depuis 2016 sur scène devant moi. La musique envoutante de ces suédois trouble mes sens à chaque fois que je les fois en festival (un peu moins lors du concert de l'Olympia). Leur prestation à l'Alcatraz fut une apothéose, alliant les plaisirs auditifs et visuels.
Objectivement, point de prouesse technique à remarquer, ni vocale ni instrumentale. Mais les mélodies demeurent redoutablement efficaces et les compositions entrainent l'auditeur dans une fascination irrésistible. Aujourd'hui ne fera pas exception et, en dépit de ma fatigue qui commence à se faire sérieusement sentir (eh oui, le papy il n'a plus vingt ans…), je me surprends à battre du pied et de la nuque les rythmes implacables et à chantonner les airs maléfiques. La sonorisation d'une efficacité redoutable accentue encore le magnétisme sur l'auditoire venu très nombreux en face de cette scène.
Le dernier opus "Prequelle" qui vient juste de paraitre est mis à l'honneur avec cinq titres sur les quinze interprétés ce soir durant une et quart.
Indéniablement mené de mains de maître, Ghost ensorcelle le public qui oublie toutes les turpitudes vécues ces deniers mois au sein de ce qui semblait être un groupe soudé et mystérieux. Le Cardinal Copia a congédié les mécréants et s'est entouré de nouveaux Ghouls sans noms et donc interchangeables à volonté. Ils ou elles sont tout aussi efficaces et produisent harmonieusement les mêmes atmosphères, puisque le nombre des adeptes ne cesse de croitre.
Cette légère amertume qui voile quelque peu mon esprit ne m'empêche pas cependant d'apprécier sincèrement le spectacle. J'en redemande, même, victime ensorcelée mais consentante que je suis…

PROGRAMME
Ashes (Prequelle)
Rats (Prequelle)
Absolution (Meliora)
Ritual (Opus Eponymous)
From the Pinnacle to the Pit (Meliora)
Faith (Prequelle)
Cirice (Meliora)
Miasma (Papa Nihil au saxophone) (Prequelle)
Year Zero (Infestissumam)
Spöksonat (Meliora)
He Is (Meliora)
Mummy Dust (Meliora)
Dance Macabre (Prequelle)
Square Hammer (Popestar).

RAPPEL :
Monstrance Clock (Infestissumam).


21h45 – 23h30 : OZZY. Ah, content de revoir le père Ozzy ! Cinquième fois que j'assiste à sa prestation (une sixième fois en comptant celle avec Black Sabbath) depuis ce 22 décembre 1983 à l'Espace Balard. Il a toujours eu le bon gout de s'entourer de bons musiciens, depuis sa carrière solo entamée en 1979. Cette fois Zakk Wylde (guitare) est revenu à ses côtés après plusieurs aller-retours (1987-1992, 1995, 1998, 2001-2004, 2006-2009, et depuis 2017). Il a eu la bonne idée de recruter l'impressionnant batteur des dernières tournées de Black Sabbath, Tommy Clufetos (batterie, percussion), mais aussi Adam Wakeman (claviers, guitare rythmique) et Rob "Blasko" Nicholson (basse).
La nuit tombante permet de déployer un éclairage adéquat mettant en valeur une scène surplombée d'une gigantesque croix qui prendra différentes couleurs selon les atmosphères voulues. Deux écrans géants en fond de scène, de chaque côté de la croix en plus des deux autres écrans latéraux ont permis à tous de distinguer les musiciens à l'œuvre. Notons le décalage désagréable entre le son et l'image ; regrettable que l'on ne puisse pas dissiper ce désagrément qui ne m'a cependant que peu gêné pour ma part puisque j'étais placé dans les premiers rangs ! La sonorisation n'est pas en reste ; puissante et limpide !
La grande crainte des admirateurs à l'égard de notre Ozzy, vieillissant quoiqu'on en dise, c'est sa voix car elle lui fait défaut parfois… Cette fois, je n'ai que très peu été gêné par sa prestation, sauf à admettre qu'il prend les ligne de chant un octave en dessous assez souvent, ce qui peut désorienter au début. Sur "Fairies Wear Boots" il ne m'a pas toujours semblé qu'il chantait très juste mais ce titre est particulièrement difficile il est vrai. Mais bon, de toute façon cela fait quelques années que nous devons admettre qu'Ozzy fait ce qu'il peut avec ce qui lui reste d'énergie compte tenu de tous ces excès passés ! Sa lecture quasi constante du téléprompteur n'altère pas mon plaisir heureusement !
Ses musiciens le soutiennent efficacement ; Zakk et ses soli ravageurs dispose du talent nécessaire pour se permettre de se mesurer aux légendes qui l'ont précédé à ce poste. Durant un long solo, il vient dans la foule pour accentuer la satisfaction du public. Tommy, qui m'avait déjà éberlué à Bercy le 2 décembre 2013, continue ses prestations avec la même énergie et ne s'est pas privé d'un solo démonstratif de son talent !
Tous les titres m'ont réjoui mais je souligne tout particulièrement "Mr. Crowley" excellemment interprété et que je n'aurais pas espéré entendre ce soir ! Comme le laissait présager l'intitulé de sa tournée (No More Tour), beaucoup de titres sont issus de l'excellent opus de 1991, "No More Tears".

PROGRAMME
Bark at the Moon (Bark at the Moon, 1983)
Mr. Crowley (Blizzard of Ozz, 1980)
I Don't Know (Blizzard of Ozz, 1980)
Fairies Wear Boots (Black Sabbath, 1970)
Suicide Solution (Blizzard of Ozz, 1980)
No More Tears (No More Tears, 1991)
Road to Nowhere (No More Tears, 1991)
War Pigs (Black Sabbath, 1970)
Miracle Man / Crazy Babies / Desire / Perry Mason (instrumental)
Solo de batterie
I Don't Want to Change the World (No More Tears, 1991)
Shot in the Dark (The Ultimate Sin, 1986)
Crazy Train (Blizzard of Ozz, 1980).
 
RAPPEL :
Mama, I'm Coming Home (No More Tears, 1991)
Paranoid (Black Sabbath, 1970).

Voilà, épuisé mais ravi, c'est la fin du festival pour moi ; les jours suivant m'intéressent nettement moins à quelques exceptions près. Et puis je dois m'économiser car bien d'autres festivals s'annoncent à moi dans des délais proches !
Le retour se fera bien plus rapidement qu'à l'aller ; les navettes plus régulières et le RER spécialement affrété, direct vers Paris.

lundi 4 juin 2018

ANGE – Café de la Danse – 04/06/2018


Légendaire groupe français de rock progressif, ANGE perdure depuis 1969 grâce à la volonté de Christian Décamps. Il a connu un notable succès dans la France des 70's mais nos "très perspicaces" média sont vite passés à autre chose.
Certes, le microcosme français du rock progressif ne les a pas oubliés, mais hélas il semble que trop de querelles (familiales ou musicales, ou les deux, allez savoir ...) ont achevé de nuire à leur prometteuse notoriété. Heureusement, des albums intéressants ont maintenu l'intérêt des admirateurs et l'espoir de les revoir sur de grandes tournées…
Depuis 1972 (année où j'ai mis les doigts dans la prise), certains groupes m'ont séduit moins que d'autres. Non pas qu'ils m'aient paru mauvais, mais juste parce que mon humeur fut plus métal ou plus prog selon les époques ; à ce petit jeu-là, fatalement il y a des oublis fâcheux… Ange en fait partie (eh oui, j'en connais qui doivent s'étrangler d'effroi, mais ainsi c'est construite ma culture musicale !).

Les chemins de ma culture musicale sont relativement sinueux et variés mais ceux qui m'ont conduit vers Ange résultent en fait de concours de circonstances. A défaut d'avoir été séduit par ce que j'avais entendu du groupe sur les réseaux, j'ai pu me familiariser peu à peu avec cet univers en découvrant certains de ses membres éparpillés. Il m'a ensuite suffi de rassembler le puzzle. Explications.

- Première vraie alerte (tardive, j'en conviens volontiers) ; le 13 octobre 2009, lorsque je me trouve assis au deuxième rang de la mezzanine de l'Olympia pour assister à ce qui devait s'avérer être le dernier concert parisien de PORCUPINE TREE, je réalise que juste devant moi sont assis les membres d'Ange (aux côtés de la famille de Steven). Etonné de cette présence, j'apprendrai ensuite qu'en fait STEVEN WILSON vénère Ange depuis toujours ! Je me dis alors que j'ai dû louper non pas un wagon mais plutôt un train !! Nonobstant, le rythme de mes découvertes musicales dans les années 2010 est tel que les quelques écoutes du groupe ne parviennent pas à m'accrocher …

- Deuxième alerte (encore plus tardive) ; été 2017, lorsque j'assiste au festival Rock au Château de Villersexel (leur région d'origine). Célébrités locales oblige, Gens de la Lune me permit agréablement d'imaginer ce que représentait Ange sur scène durant les 70's car Francis Décamps (clavier, chœurs) était notamment accompagné de Gérard Jelsch (batterie) ; ils avaient tous deux quitté le groupe mythique en 1995. Malgré de gros soucis techniques du synthétiseur qui ont passablement nui à la prestation au point de l'écourter, j'entrevoyais déjà un intérêt certain !
Sur la même scène, le même jour, je restais cependant perplexe, peu convaincu, en écoutant le fils de Christian, Tristan Décamps (clavier, chœurs d'Ange depuis 1997) qui chanta valeureusement seul ce jour-là. Sa voix était certes admirable mais le répertoire beaucoup moins. En tous cas, je n'avais pas trouvé la Porte d'accès, on va dire.

- Troisième alerte, le 9 septembre 2017, lorsque j'assiste au festival RaismesFest, je me suis alors régalé en découvrant sur scène le talent d'Hassan Hajdi (guitare d'Ange depuis 1997) qui, accompagné de Benoît Cazzulini dans son "Band of Gypsies", rendait un hommage exclusif et très convaincant à son maître Jimmy Hendrix !

Enfin, pour achever de me décider à assister au moins une fois à un concert d'Ange, des amis bien intentionnés (merci, Thierry et Christian !) me préviennent quelques semaines avant cet événement prévu au Café de la Danse, salle que j'affectionne tout particulièrement par ailleurs !

Voilà pour le contexte, c'est long pour le préambule d'un récit de concert j'en conviens, mais le cas est particulier … En clair, sans l'insistance amicale de deux esprits éclairés, j'aurais attendu le festival Loreley en Allemagne pour les écouter. Or, compte tenu de la qualité de l'affiche dudit festival et de la qualité de la bière allemande, le risque était grand de passer à côté d'une belle découverte ; car en effet ce soir dans ce bel auditorium, je suis tombé sous le charme…

La salle est bien pleine ; beaucoup de têtes chauves ou blanches, mais pas seulement.
La chaleur est étouffante or, en dépit de ses autres qualités, la salle ne semble pas disposer d'air conditionné…
C'est donc dans une étuve que nous assistons à une première partie sympathique mais soporifique animée par Eddy La Gooyatsh, deux braves types dotés chacun d'une guitare (sèche pour l'un, électrique pour l'autre). Leurs chansonnettes auraient probablement été adéquates dans un cabaret ou un resto branché. Mais en première partie d'ANGE, il me semble qu'il ne manque pas d'autres artistes qui eussent été honorés de prendre la place (je pense notamment à Nicolas Chapel avec son groupe Demians, qui avait assuré la première partie de Blackfield, le 24 janvier 2009 ici même). Bref, il nous aura fallu une bonne dose de tolérance entre 19h30 et 20h05 pour applaudir poliment ces troubadours de passage.

C'est encore une autre bonne dose de patience qui nous sera imposée jusque 20h30 avant d'assister à l'entrée des artistes en scène.
Après quelques turbulences dans l'effectif, le groupe semble avoir acquis une certaine stabilité depuis une quinzaine d'année, puisqu'il se compose de Christian Décamps (chant, claviers depuis 1970, seul membre fondateur donc), Tristan Décamps (claviers, voix depuis 1997 et fils du premier), Hassan Hajdi (guitare depuis 1997), Thierry Sidhoum (basse depuis 1997), et Benoît Cazzulini (batterie depuis 2003, neuvième titulaire du poste !).
La tournée promeut l'album "Heureux" paru cette année, dont cinq titres seront joués ce soir.


D'emblée le concert s'annonce bien, la sonorisation est très bonne ; tous les pupitres sont audibles et si je ne comprends pas tout ce que chante Christian, c'est sans doute dû à mon obstination de tenter de percevoir et découvrir toutes les subtilités musicales en même temps !
L'éclairage est modeste mais suffisant pour accompagner et mettre en valeur les artistes.
Le public est réactif, les textes sont souvent chantés par des admirateurs de longue date, selon toute vraisemblance !
En dépit d'une chaleur torride et de mon inculture je sens vite de bonnes sensations.
Hassan Hajdi m'était déjà apparu admirable lors de sa prestation très ciblée au Raismefest 2017, déjà en compagnie de son non moins talentueux bassiste. Ce soir, la virtuosité éblouissante d'Hassan apporte un avantage indéniable aux compostions d'Ange. Sa sensibilité et son sens des harmonies laissent apparaitre une nette influence d'Hendrix, sans pour autant se complaire dans le plagiat et cependant ses interventions sont d'autant plus saisissantes qu'il sait rester humblement en retrait lorsque Christian et son fils s'expriment.
Pour sa part, Tristan doit être la fierté de son père tant il le surpasse avec une voix exceptionnelle. Le titre "Harmonie", qu'il chanta seul avec son clavier, fut un moment émouvant. De surcroit, au clavier il accompagne merveilleusement les lignes mélodiques et parvient ainsi à créer des atmosphères que l'on aime retrouver dans les grandes évasions, par la grâce du rock progressif !
Thierry Sidhoum se tient discrètement en fond de scène dont il ressort parfois pour accentuer une folie rythmique ambiante, et cependant j'ai noté une remarquable sensibilité dans le jeu de basse.
Coté batterie la partie est assurée sobrement mais avec efficacité.
Christian, quant à lui, vit pleinement ses textes, par le mime ou le costume (sur ce point il n'est pas sans me rappeler un certain h !) ; on le devine aisément jouir de chaque instant aux côtés de ses désormais fidèles complices. Sur le plan vocal il est clair que son fils aurait tendance à lui faire de l'ombre, mais il chante toutefois juste et sa voix est portante. Son bonheur se lit sur son visage constamment ; le message délivré par son dernier opus n'est pas un vain mot !

D'ailleurs, les mots, il s'en amuse avec gourmandise, en multipliant des allusions malicieuses, des grivoiseries et autres contrepèteries. Je ne peux pas commenter les titres, bien évidemment, puisque je découvrais quasiment le groupe ce soir. Mais, à l'instar des Trust, Téléphone et autres Noirs Désirs, ANGE démontre une nouvelle fois que la langue française a toute sa place dans le rock ; je note avec admiration l'art d'en user et d'en abuser avec un vrai bonheur alors que trop souvent nos artistes nationaux y renoncent.
Le dernier titre "Capitaine cœur de miel" comme une apothéose permet d'accentuer encore davantage notre admiration pour chacun des musiciens qui peuvent d'exprimer avec tout leur talent.
Le rappel s'impose ; Ange nous propose "Ces gens-là" somptueuse reprise de Jacques Brel.


Je sors donc conquis de ce spectacle, alors que je m'y étais rendu davantage par curiosité que par conviction ; j'aime ce genre de bonne surprise musicale ! Hallelujah, Ange existe je l'ai vu !
Il reste à vérifier que ce divin attrait scénique se confirme à l'écoute d'un disque (je confirme, a posteriori avec mon achat du jour). Cette belle impression résistera-t-elle à l'écoute objective d'un salon ? et comment ressentirai-je leur prestation dans un théâtre antique en plein air (le 15 juillet) ? à suivre…

A l'échoppe, j'opte pour l'édition d'Émile Jacotey Résurrection (15€), parue en 2014, qui est en fait une réédition améliorée de l'opus de 1975 "Émile Jacotey" dont Christian s'est désormais libéré des contraintes de l'époque. Voilà qui me permettra d'entretenir la flamme jusqu'à leur prestation que j'espère aussi réussie dans le cadre du festival allemand !
PROGRAMME (20h25-22h05)
L'autre est plus précieux que le temps (Heureux !)
Aujourd'hui c'est la fête chez l'apprenti-sorcier (Le Cimetière des arlequins)
Jour de chance pour un poète en mal de rimes (Heureux !)
La Gare de Troyes (La Gare de Troyes)
Sens et jouissances (Heureux !)
Les Lorgnons (Vu d'un chien)
Quasimodo (Rêves-parties)
Heureux (Heureux !)
Chante n'importe quoi (Heureux !)
Harmonie (Fou !)
Ballade pour une orgie (Au-delà du délire)
Vu d'un chien (Vu d'un chien)
Capitaine cœur de miel (Guet-apens).

RAPPEL (jusque 22h15)

Ces gens-là (reprise de Jacques Brel).



vendredi 25 mai 2018

MOGWAI + JAMES HOLDEN & THE ANIMAL SPIRITS Grande Halle de La Villette – 25/05/2018



Au regard de mon parcours de mélomane de près de cinq décennies il est permis de s'étonner de me voir aller à un concert de rock plutôt électronique, alternatif et expérimental ce qui n'est pas ma prédilection. Je concède volontiers m'en étonner moi-même, surtout a posteriori. Je persiste à trouver les sons trop mécaniques, froids, sans l'émotion ni les richesses harmoniques si chères à mes oreilles.
Toutefois, si je confesse beaucoup de défauts, je continue à revendiquer et à entretenir la qualité de curiosité à la recherche de nouvelles sensations, surtout en matière musicale.
Or, MOGWAI est un groupe écossais parfois cité en référence pour caractériser certains groupes de rock progressif… De surcroit ma p'tite Fée avait conservé de bonnes sensations à l'écoute passagère de leur musique.
Si bien que, lorsque j'ai lu dans la rue une publicité pour l'édition 2018 du "Villette sonique" j'ai été intrigué par la présence de MOGWAI en tête d'affiche. C'est un vendredi, une fin de semaine calme, alors pourquoi ne pas tenter l'expérience, moyennant une trentaine d'euros !


20h00 : JAMES HOLDEN & the Animal Spirits ouvre la soirée. Inutile de feindre la connaissance, j'ignore tout du parcours de l'individu et de sa musique. J'ai noté qu'après moult expériences, James Holden, DJ et compositeur anglais de musique électronique, né en 1979, a enregistré en novembre 2017 un album intitulé "The Animal Spirits".
Au centre du fond de la scène peu éclairée, il est entouré de quatre musiciens. Très peu loquaces, on ne connaîtra pas leur identité, ils resteront donc d'anonymes artistes à la gloire du maître DJ. Je remarque tout particulièrement la présence d'un cornettiste à temps plein (joueur de cornet à pistons pour ceux qui ne connaissent pas les cuivres). A son côté, une joueuse de saxophone, de clarinette, et de flûtes, puis devant un percussionniste et enfin sur le côté opposé un batteur.

Je n'avais écouté qu'une vidéo sur youtube la veille, c'est avec un esprit quasi vierge que j'aborde de concert, non sans quelques appréhensions. J'avais préparé les protections auditives en prévoyant un déluge de sons plus pénibles les uns que les autres… et bien ma surprise fut grande et plutôt heureuse.
Non seulement le son fut audible mais le musique accessible et ma foi agréable. Ô rien de transcendant certes ; je maintiens mes griefs énoncés en préambule de ce récit, mais je dois reconnaitre qu'en fermant les yeux (sur scène il ne se passe rien, à part un fond d'écran diffusant quelques jeux de couleurs) on peut tenter le voyage.
Mais pour un voyage encore faut-il que l'avion s'envole, que le train s'emballe, que l'automobile accélère … or, à la différence d'Ulver qui me fit décoller dès les premières secondes l'an dernier au BeProg Festival, là j'attends toujours avec l'impression de porter des valises bien lourdes…
Un peu lassé d'attendre, je tourne vers les pupitres de cuivres (car votre dévoué a lui-même été cornettiste il y a … très longtemps) afin de tenter de détecter une source de réjouissance. Peu de motifs d'admiration, là aussi ; leurs interventions, comme celles du percussionniste, sont souvent noyées dans les sonorités synthétiques du DJ. Le batteur, lui, n'a pas ce problème et parvient à imposer sa présence avec habileté et sensibilité.




Toujours aussi réservés, ils quittent rapidement la scène après avoir très brièvement remercié le public pour son accueil.
Bon voilà, quoi ; sympathique et rassurante entame de soirée, qui se termine une heure plus tard ! (21h)

21h30 : MOGWAI. Il était conseillé de se munir de protections auditives ; le groupe ayant la réputation d'inviter Monsieur Larsens à ses concerts. Je m'interrogeais donc sur l'atmosphère, sur la scène et dans le public, que pouvait générer ce genre de musique éthérée.
Les premiers instants me rassurent ; la sonorisation est plutôt correcte, l'éclairage un peu plus présent que pour les précédents, et les musiciens semblent très appliqués. Trop, peut-être …
Reconnaissons leur déjà a priori une première qualité : MOGWAI jouit d'une bonne stabilité puisque Stuart Braithwaite (guitare), Dominic Aitchison (basse) sont ensembles depuis 1995 et que Barry Burns (claviers, guitare) les a rejoint en 1998.
Cependant, Martin Bulloch (batterie) ayant des gros soucis de santé depuis octobre dernier, c'est Cat Myers qui tient les baguettes depuis (un provisoire qui semble durer). Par ailleurs, John Cummings a quitté le navire en 2015 mais sans le couler, puisque remplacé sur scène (le plus souvent par Scott Paterson et Luke Sutherland semble-t-il).
Depuis 2017, ils font la promotion de leur neuvième opus "Every Country’s Sun", plutôt bien accueilli par la critique, mais qui moi me touche peu…
C'est avec envie que j'aborde leur concert ; envie d'évasion et de plaisirs auditifs. A l'instar du groupe précédent, je suis dans de bonnes dispositions pour voyager… A l'instar du groupe précédent, j'ai attendu en vain. S'il y avait une porte d'accès, je ne l'ai pas trouvée ce soir …
Après une bonne demi-heure de ma bonne volonté je me suis tourné vers d'autres regards, à la recherche de leurs impressions mais il semble que j'avais loupé un wagon… Les mines autour de moi semblaient réjouies, (sans excès toutefois car j'ai trouvé le public très mou).
Je savais pourtant que leur musique conjugue des sonorités tantôt électro tantôt rock pour créer des atmosphères plus ou moins planantes ; je savais que je devais vider de mon esprit toute comparaison avec les autres concerts auxquels je suis plus enclin à participer … M'enfin tout de même, j'ai cherché en vain la moindre aspérité, le moindre relief susceptible de créer une émotion forte et de soulever mon enthousiasme. Sur la plupart des titres, certains passages me laissaient espérer une rupture mélodique ou une envolée harmonique, mais rien. Nada. Le Néant, le désert. Toujours déçu d'arriver à la fin d'un titre prometteur mais décevant… Ce que j'ai ressenti persista ainsi durant une heure et quart. Je me suis rarement senti aussi frustré, je me suis rarement autant ennuyé pendant un concert !
L'avant-dernier titre est assez révélateur de mon ressenti ; des sons répétés inlassablement, l'absence de virtuosité à peine compensée par un minimum d'émotion (et encore, je suis gentil). Un titre joué en decrescendo jusqu'à une fausse fin, violemment interrompue par un déluge sonore qui reprenait ni plus ni moins de les notes jouées précédemment, mais en plus fort !!!





Je note cependant une qualité non négligeable ; les musiciens, bien que statiques pendant leur interprétation, échangent leur pupitre selon les titres.


A 22h45, le groupe quitte la scène, sans avoir communiqué avec son public. Pas de présentation, pas de marque de plaisir particulier. L'audience, toujours aussi mole, les acclament mais pas au point de réclamer un retour.
D'habitude je profite des invités en premières parties ou des festivals pour faire découvrir des artistes ; là j'ai voulu forcer le destin en me rendant délibérément dans une arène inconnue. La musique aurait pu être horriblement inaudible ou pénible, ce ne fut pas le cas ; ce fut sympathique mais plutôt soporifique. J'ai joué, j'ai perdu.

PROGRAMME
Hunted by a Freak (Happy Songs for Happy People)
Crossing the Road Material (Every Country’s Sun)
Party in the Dark (Every Country’s Sun)
Rano Pano (Hardcore Will Never Die, But You Will)
I'm Jim Morrison, I'm Dead (The Hawk Is Howling)
New Paths to Helicon, Pt. 1
Ithica 27ø9
Don't Believe the Fife (Every Country’s Sun)
Every Country's Sun (Every Country’s Sun)
Mogwai Fear Satan (Young Team)
Old Poisons (Every Country’s Sun).

vendredi 11 mai 2018

ARENA – La Maroquinerie – 11/05/2018



Il y a un peu plus de trois ans, le 24 avril 2015, j'avais tenté l'expérience ARENA, sans trop connaitre ; je m'étais rendu à leur concert sur le seul conseil insistant de plusieurs amis. J'étais sorti du Divan de Monde ravi et convaincu.
Depuis, j'ai pris le temps de m'intéresser un peu plus à ce groupe britannique qui nous propose un rock néo-progressif pure souche qui perdure depuis 1995, non sans bonnes raisons !

Je retrouve ainsi Clive Nolan (claviers et chœurs, cofondateur), Mick Pointer (batterie et chœurs, cofondateur), John Mitchell (guitares, depuis 1997), Paul Manzi (chant, depuis 2010) et Kylan Amos (basse, depuis 2014). Le groupe semble donc enfin se stabiliser après avoir changé, en vingt années et huit opus, trois fois de chanteur, deux fois de bassiste, et une fois de guitariste.

La tournée prévoit actuellement vingt-deux dates, dont dix-sept dates quotidiennes entre les 4 et 20 mai ! Quelle santé ! Cependant, au lendemain de leur prestation dans la belle Z7 suisse, leur arrivée à la Maroquinerie aura probablement de nouveau dû leur suggérer une amertume à propos du désintérêt (relatif) du public parisien. Heureusement, l'ambiance que le public parisien leur réserve aura permis sans doute de relativiser cette fâcheuse impression.

La salle est bien remplie (sans être pleine, toutefois), on peut évaluer le public à quelque quatre cents personnes…
L'éclairage est correct pour cette salle qui, de toute façon, ne pourrait pas accueillir un dispositif plus impressionnant.

Si le confort visuel de cette petite salle est excellent, en revanche son acoustique nous a souvent déçu ; ce n'est pas cette soirée qui nous aura fait changer d'avis. La sonorisation de s'avéra correcte mais, comme souvent, à la condition de se placer en retrait de la scène. Pour le début de la prestation, je m'étais positionné dans les premiers rangs avec ma petite Fée pour lui garantir un bon point de vue, mais il s'est vite avéré que ce n'était pas un bon point d'écoute ; les sons de la batterie et de la basse nous ont dissuadé d'y rester ! A distance respectable, les mélodies et les soli redevenaient reconnaissables.

Il eût été permis d'imaginer qu'ARENA soit reparti sur les routes pour promouvoir la parution de son neuvième album "Double Vision". En fait, étonnamment seuls deux titres sont inscrits au programme ("Poisoned" et "The Mirror lies") ; la tournée insiste davantage sur le 20ème anniversaire de l'album "The Visitor", qui est repris intégralement !
Si le concept de tournée pour l'anniversaire d'un évènement me séduit toujours lorsque les artistes ont décidé de faire une pause créative, en revanche, je me sens un peu frustré de ne pas entendre davantage de titres d'un opus qui vient de paraître. J'attendais tout particulièrement l'interprétation du magnifique titre de (plus de) vingt-deux minutes "The Legend of Elijah Shade". Mais bon, soyons optimiste et gageons que ce sera pour une prochaine fois, mais pas dans trois années !
Cette légère amertume n'était pas de nature à voiler le plaisir d'écouter "The Visitor", ce troisième opus (paru en 1998, donc, pour ceux qui n'auraient pas suivi !). L'ordre d'interprétation a été modifié, sans doute histoire d'exciter encore davantage l'intérêt de l'auditoire, tout acquis à leur cause de toute manière ! Néanmoins, c'est bel et bien le magnifique "A Crack in the Ice" qui ouvre la soirée ! Parmi les autres réjouissances, je souligne "The Hanging Tree" dont le solo de John Mitchell, en état de grâce, fut éblouissant. "State of Grace" est enchainé derrière, à point nommé ! La première heure ainsi consacrée à cette commémoration est passée très (trop) vite.
Bien d'autres titres auraient réjouis le public insatiable, mais "Jericho" aura satisfait tout particulièrement les admirateurs les plus anciens.
Pour clore la soirée, le programme avait prévu "Solomon" (source : affiche à leur pied !), mais "The Tinder Box" de leur septième opus sera le point d'orgue qui enchantera l'auditoire.
En rappel, "Ascension" issu du monumental opus "Contagion" m'occasionne une nouvelle (relative) frustration en imaginant les autres titres ! In fine, "Crying for help VII" permet au public de communier bruyamment en chantant le refrain.


En digne représentant du rock néo-progressif, le groupe délivre une somptueuse atmosphère musicale dans laquelle alternent la mélancolie et la révolte, grâce à une combinaison de mélodies et de technicités musicales.
Paul Manzi, qui aurait pu être gêné vocalement par la reprise de "The Visitor" auquel il n'avait pas contribué, continue d'être très convaincant grâce à la justesse de son chant et à son charisme. Il n'hésite pas à revêtir de sobres mais éloquents déguisements en rapport avec les chansons, pour contribuer à donner une réelle conviction à son interprétation.
Mick Pointer, qui a le mérite honorable d'avoir cofondé ARENA avec Clive Nolan (ainsi que de permettre sa survie en tenant à bout de bras sa société éditrice de disques), semble cependant parfois un peu fatigué musicalement. Un ou deux contretemps fâcheux mais pas excessivement perceptibles ont paru contrarier John Mitchell. Notez que ce dernier semble constamment contrarié, les épais sourcils froncés lui donnant une impression d'immuable concentration ! Le guitariste, qui conserve une démarche un peu pataude et une allure si ordinaire (sa dégaine me donne, comme en 2015, l'impression d'un simple employé consciencieux et effacé), nous délivre pourtant de superbes soli et partage des moments exquis avec ses partenaires, magnifiant ainsi les titres, même ceux de l'époque antérieure à son arrivée !
Kylan Amos, toujours le sourire aux lèvres, me parait épanoui au sein de ce groupe qui l'a accueilli il y a quatre ans.
Clive Nolan, qui ne s'est toujours pas engagé dans un programme de régime alimentaire (doux euphémisme), reste maître de son pupitre, du groupe et de son public avec lequel il échange d'ailleurs davantage que lorsqu'il officie au sein de Pendragon. La comparaison entre les deux groupes s'arrêtera là, car ma préférence pour Pendragon est purement affective et donc irrationnelle.
Globalement ARENA donne l'impression d'une bonne cohésion et d'une belle complicité (même si en authentiques britanniques ils n'en font pas de démonstration éclatante) qui laisse augurer de belles années à suivre. J'aspire donc à un retour rapide, ne fut-ce que pour nous interpréter le dernier opus !

Un passage à l'échoppe s'impose car ma discothèque présentait quelques lacunes… A noter que les CD sont vendus à des prix raisonnables ; 10€ l'unité, 15€ pour le dernier !
Les membres du groupe ajoutent à leur talent, celui de la convivialité ; après le concert ils viennent tous discuter avec leurs admirateurs. Portraits et dédicaces s'imposent naturellement.






PROGRAMME :
A Crack in the Ice (The Visitor)
Pins and Needles (The Visitor)
Double Vision (The Visitor)
Elea (The Visitor)
The Hanging Tree (The Visitor)
A state of Grace (The Visitor)
Blood red Doom (The Visitor)
In the blink of an Eye (The Visitor)
(Don't forget to) breathe (The Visitor)
Serenity (The Visitor)
Tears in the Rain (The Visitor)
Enemy without (The Visitor)
Running from Damascus (The Visitor)
The Visitor (The Visitor)
Poisoned (Double Vision)
Jericho (Songs from the Lion's Cage)
The mirror lies (Double Vision)
The tinder Box (The Seventh Degree of Separation).

RAPPEL :
Ascension (Contagion)
Crying for help VII (Pride).