Mon calendrier des événements
étaient trop chargé pour que je puisse inscrire ce festival dans mes
prévisions. J'avais donc renoncé, à mon grand désespoir, à revoir Steven à
cette occasion.
Mais, foi de Bélier, une petite
flamme veillait dans mon esprit ; la convergence de plusieurs facteurs
favorables pouvaient me permettre in extremis de me rendre au moins à la
seconde journée, celle où (ô, joie) Steven joue ! N'étant pas féru
d'astrologie, je confesse avoir fortement espéré un alignement favorable de planètes
et autres satellites…
Le premier facteur nécessaire s'est
déroulé conformément à mes vœux ; le décollage à l'heure de mon avion de Barcelone,
suivi d'un bus pas trop lent (quoique) pour rentrer sur Paris avant midi.
Un deuxième facteur restait à
surmonter (mais je nourris volontiers
quelques scrupules à m'en plaindre) ; une grosse fatigue causée par
l'accumulation des derniers jours de travail avec les trois journées de
festivals et un concert … pour surmonter cet écueil, il fallait toute ma
passion de mélomane mais aussi l'envie de retrouver des amis qui avaient prévu
de s'y rendre.
Alors hop ! Ce sera bien le
premier ticket de festival que j'aurai acquis sur place !
Arrivé à 14h15, je me réjouis de
pouvoir garer facilement ma voiture sous un temps ensoleillé et chaud, avec un
petit vent agréable. Tout se déroule comme prévu !
15h00 : ANGE. A cette heure de la journée,
devant la scène il reste un petit angle à l'ombre ; j'arrive à temps pour m'y
placer afin de me ménager après toutes ces émotions. Les conditions sont donc
proches de l'idéal pour revoir ces musiciens français qui m'avaient déjà bien
séduit le mois dernier au Café de la Danse.
Je retrouve donc Christian Décamps (chant, claviers depuis 1970, seul membre fondateur donc), Tristan Décamps (claviers, voix depuis
1997 et fils du premier), Hassan Hajdi
(guitare depuis 1997), Thierry Sidhoum
(basse depuis 1997), et Benoît Cazzulini
(batterie depuis 2003).
Les textes en français sont
indéniablement un point fort de ce groupe atypique. Les limites vocales de
Christian sont négligeables si l'auditeur veut bien écouter les textes et des
mélodies. De surcroît, Tristan (davantage
discret qu'au café de la Danse) soutient son père avec une voix surprenante
de volume, et de charge émotive.
Une très bonne section rythmique
met en valeur la virtuosité d'Hassan qui exprime avec bonheur son influence notable
de Jimi Hendrix.
Leur prestation en extérieur ne
diffère pas de l'intérieur, et ne peut que confirmer mes premières impressions enthousiastes.
D'ailleurs, le talent d'Hassan Hajdi m'était déjà apparu en extérieur aussi
puisque c'était au RaismesFest (le 9 septembre 2017). J'ai déjà hâte de les
revoir sur la scène du Loreley dans quinze jours, pour leur première prestation
en Allemagne !
PROGRAMME
L'autre est plus précieux que le
temps (Heureux !)
Aujourd'hui c'est la fête chez
l'apprenti-sorcier (Le Cimetière des
arlequins)
Jour de chance pour un poète en
mal de rimes (Heureux !)
Quasimodo (Rêves-parties)
Vu d'un chien (Vu d'un chien)
Capitaine cœur de miel (Guet-apens)
Ces gens-là (reprise de Jacques Brel).
16h30 : THE SELECTER. Voilà un groupe britannique, survivant de l'époque où
le ska faisait dandiner moult rocker en manque d'exotisme dans les années 80.
Encore que, le mot "groupe"
est exagéré puisque seule Pauline Black
est là depuis le début, au chant. Il faut lui reconnaitre une sacrée volonté
puisqu'en 2017, the Selecter sortait un dix-neuvième album, depuis 1980 !
La dame est entourée d'une
respectable section de cuivres et de la section rythmique adéquate. Ces
sonorités de reggae accéléré me rappellent mes propres souvenirs de l'époque
et, au début je trouve cela plutôt sympa… mais ensuite, je finis par me lasser
de ces rythmes un peu trop répétitifs.
Mes oreilles sont devenues trop
exigeantes sans doute ; le prog' s'y est installé au détriment du reste …
Mais bon, ce désintérêt relatif me
permet d'aller me mettre à l'ombre du petit bois dans lequel ont été installés
astucieusement des fontaines et un coin toilette. Au travers des branchages, je
continue à avoir un œil curieux sur la scène et sur le public qui se déhanche.
18H15 : BUZZCOCKS. Encore des survivants britanniques ! …
mais cette fois-ci issus du front punk-rock. Pete Shelley (chant, guitare, depuis 1976), et Steve Diggle (guitare, chant, depuis 1977), sont
désormais entourés de Chris Remington
(basse, depuis 2008) et Danny Farrant
(batterie, depuis 2006). En 2014, est paru "The Way" leur onzième
album depuis 1977.
Voilà du rock qui agite les neurones en cette fin d'après-midi et cela
fait du bien ! Ce rock abrupt n'est pas au gout de nombreux festivaliers qui du
coup vont se mettre à l'ombre, à leur tour. Mais il reste suffisamment
d'amateurs et de curieux pour ovationner comme il se doit ces authentiques
rockers !
Honnêtement j'ignorais leur existence, n'ayant pas particulièrement baigné
dans ce style musical, mais je suis admiratif de leur ténacité et leur démarche
au fil des décennies.
Une belle ovation leur est accordée pour saluer leur départ.
Mon objectif de la soirée approche et irrésistiblement je me positionne
au plus proche de la scène, dès la fin du concert des Buzzcocks ! Solidement
ancré au deuxième rang au centre, légèrement sur la gauche j'attends patiemment
l'arrivée du va-nu-pied.
20h00 : STEVEN WILSON. Le lecteur assidu de mes récits (si tant est qu'il y
en eu un) le sait déjà, mon admiration pour Monsieur Steven Wilson ne faiblit
pas au fil de ses tournées. Bien au contraire, son éclectisme parvient même
toujours à remettre en question mes préférences musicales.
Sa collaboration avec Mickael
Arkerfeld (Opeth, Storm Corrosion)
m'a permis de comprendre et de savoir apprécier les couleurs sombres de ce
death progressif suédois si particulier. Sa collaboration avec Aviv Geffen (Blackfield) ainsi que le port de son t-shirt
au logo d'ABBA ont contribué à ne plus cacher mon même intérêt pour la bonne
musique pop. Sa collaboration avec Tim Bowness (No-Man) m'a réconcilié avec la douceur musicale. Ce raisonnement éclectique
est infini tant le monsieur se complait dans l'exploration de nombreux univers
musicaux avec toutefois une vraie exigence de qualité.
La preuve en est une nouvelle
fois donnée aujourd'hui, puisque quelques jours après avoir convaincu une bonne
part du public franchement metal du Hellfest, Steven participe à ce jeune
festival hétérogène qui se dit "rétro" !
Toutefois, son programme est
audacieux ; il a heurté les oreilles les plus délicates des festivaliers de
Tilloloy avec en introduction musclée "Home
Invasion", titre que j'adore tout particulièrement. Il a encore
traumatisé une bonne part de l'auditoire sur la fin avec un "Vermilloncore" survitaminé, et un "Sleep Together" totalement enivrant
! Je me suis beaucoup amusé à regarder du coin de l'œil les mines effarées et les
âmes égarées autour de moi qui semblaient découvrir l'Animal ! La gestuelle de
Steven a dû en dérouter plus d'un, aussi.
Steven pouvait bien s'excuser de
ne jouer que des titres sombres ou mélancoliques, je en suis pas sûr qu'il ait convaincu
beaucoup de nouveaux adeptes dans ce public ! Bien évidemment, on pouvait s'y
attendre, c'est le titre "Permanating",
arrivé en sixième position, qui a mis tout le monde (ou presque) d'accord !
Pour les admirateurs convaincus
comme moi, et nous étions heureusement quelques-uns, aucun problème, que du
bonheur. Chacun de nous aimerait être le sélectionneur et valoriser un autre
opus. Néanmoins, il faut reconnaitre qu'il a su proposer, pour promouvoir son
œuvre au sein de ce festival, un panel plutôt équilibré, mais fatalement très
restreint, comprenant trois titres de 2017, quatre de 2015, un (seul) de 2013
et deux titres de l'époque Porcupine Tree.
Quant aux musiciens, on se régale
toujours avec Nick Beggs à la basse,
d'une élégance et d'une rigueur technique irréprochable. Adam Holzmann au clavier est aussi étourdissant
dans les mélodies torturées que dans les passages nappés. Steven a eu le tort
d'habituer mes oreilles au grand luxe en 2015 avec la paire Guthrie Govan/Marco
Minnemann dont je ne parviens toujours pas à oublier l'absence, en dépit du
talent d'Alex Hutchings (guitare) et
Craig Blundell (batterie) qui font
bien leur boulot.
Finalement l'ovation finale est
rassurante ; le courant est globalement bien passé ! Gageons que cette
prestation au format festival aura donné envie à (au moins) quelques
festivaliers de se rendre à l'Olympia ce 7 juillet pour assister à un vrai
concert, une soirée avec Monsieur Steven Wilson.
PROGRAMME
Home
Invasion (Hand Cannot Erase, 2015)
Regret #9
(Hand Cannot Erase, 2015)
Pariah (To
the Bone, 2017)
The Sound
of Muzak (Porcupine Tree, In Absentia,
2002)
Refuge (To
the Bone, 2017)
Permanating
(To the Bone, 2017)
Ancestral
(Hand Cannot Erase, 2015)
Vermillioncore
(4½, 2015)
Sleep
Together (Porcupine Tree, Fear of a Blank
Planet, 2007)
The Raven that
refused to sing (TRTRTS, 2013).
22h00 : STING. L'annonce de cette tournée était sans équivoque mais je n'y avais bien
sûr pas prêté attention ; on pouvait lire dans les médias "Sting &
Shaggy : avis de brise jamaïcaine sur les festivals".
En fixant cet azimut, Sting était assuré de séduire la masse du public.
Le pari était peu risqué et de fait une foule immense avait les yeux rivés sur
la scène. Les amateurs du genre balançaient leurs hanches s'imaginant sans
doute passer des vacances sous les tropiques.
En ce qui me concerne, mes craintes se sont vites avérées exactes ; les
sonorités reggae et, disons-le, variété britannique, ont largement plombé le
programme de l'ex-rockeur.
Si je suis resté trois quart d'heure, c'est par curiosité et un peu
aussi par respect pour la carrière de Sting, avec l'espoir de ressentir ne
fut-ce qu'un zeste de folie rock'n'roll. Mais au bout d'un moment, affligé,
j'ai jeté l'éponge ; le corps n'étant plus soutenu par l'esprit, il était temps
d'aller me reposer.
PROGRAMME
Englishman in New York
44/876
Morning Is Coming
Every Little Thing She Does Is Magic (reprise de The Police)
Oh Carolina / We'll Be Together (Shaggy / Sting)
If You Can’t Find Love
Love Is the Seventh Wave
To Love and Be Loved
Message in a Bottle (reprise de The Police)
Fields of Gold
Gotta Get Back My Baby
(…)
Mais il y a toujours un mal pour un bien, puisque sur le chemin d'accès
à la zone de stationnement je rencontre Nick Beggs !! Très accessible et gentil,
il a été capable de supporter le p'tit franchouillard ridicule, incapable de
s'exprimer correctement en anglais. Ma fatigue et mon émotion de le rencontrer
m'ont fait perdre le peu de capacité linguistique dont j'aurais pu/dû disposer…
M'enfin il aura compris toute mon admiration, un p'tit portrait à deux et je le
laisse aller se reposer, sachant que je ferais mieux d'en faire autant.
Je file à la voiture et rentre sans encombre sur Paris …
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