Le temps qui passe est souvent bien cruel …
C'est un quinqua qui se sent parfois largué qui vous
parle. Lorsque j'ai pris connaissance de l'annonce du concert de MYRATH, j'ai
immédiatement sauté sur les tickets, persuadé que ce groupe que j'admire avait
enfin réussi à se payer l'Elysée Montmartre. Leur notoriété grandissante, leur
talent et la tournée "Legacy" en tête d'affiche aurait pu
parfaitement le justifier. J'avais à peine remarqué qu'un autre groupe de
petits veinards avait été admis pour leur assurer une première partie de
soirée… J'ai sans doute été induit en erreur par l'affiche publiée (et qui
illustre mon récit) sur la page de Myrath. …
Quelle ne fut donc pas ma surprise, ma consternation
de constater en entrant dans la salle que le décor de Myrath était déjà
installé… La première remarque qui me soit venu à l'esprit fut d'imaginer que ces
insolents petits invités auraient donc osé renoncer à l'offre du sultanat ?... hein
??! Naaaan, ne me dites pas que c'est Myrath qui est invité par … par qui déjà
??? eh ben si, c'est comme ca, la tête d'affiche est BEAST in BLACK. J'apprends
ainsi, aux dépends de ma fierté de vieux metallo, qu'il existe un autre groupe
scandinave (encore des Vikings ?! décidément,
en ce moment je les vois partout cette
année…) qui a déjà suffisamment de popularité pour assurer la tête
d'affiche… Boudiou, ca y'est, il semble bien que je sois largué ! A moi le
fauteuil, la cigarette roulée au coin du feu avec mon chat sur les genoux…
J'observe désespérément la foule autour de moi pour me
rassurer. Mais, je constate au regard des t-shirts et autres accoutrements, que
le public semble se partager en deux camps partisans, les pro-Myrath et les
pro-BiB. Myrath semble un OSNI (objet sonore non-identifié) pour une bonne part
de l'auditoire, quelle que soit la tranche d'âge …
Bon, je ne cherche pas trop à comprendre, je me plante
dans les premiers rangs avec la ferme (mais
très naïve) intention d'y rester pendant toute la soirée. Je me dis, sacré
nom d'au-delà, que ce ne sont pas ces gamins qui m'entourent qui vont
m'empêcher de savourer mon concert paisiblement. A cette étape de la soirée, inconscient
que je suis, je sous-estimais totalement l'orage qui grondait au loin…
Pour ma part j'ai commencé à suivre ces tunisiens
depuis le début des années 2010. J'ai ensuite eu le plaisir d'assister à deux concerts
sur la tournée "Tales of the Sands"
; le 28 février 2012 au Bataclan, et le 20 juillet 2015 aux
arènes d'Arles. Puis à trois concerts sur la tournée "Legacy" ; le 23 juin 2016 au Divan du Monde, le 10 septembre 2016
au Raismesfest, puis le 19 novembre 2016 au forum de Vauréal. C'est
ainsi que j'assiste à mon sixième concert de Myrath.
MYRATH [env.19h10-20h20]. Malek Ben Arbia (guitare) a fondé du groupe en 2001, mais c'est l'arrivée
de Zaher Zorgati au chant en 2007 qui
fut le point de départ vers une notoriété croissante et méritée. A l'instar de
Zaher, Elyes Bouchoucha, qui assure
les claviers et les chœurs depuis 2003, constitue également un apport important
pour entretenir les sonorités orientales. Anis Jouini à la basse depuis 2006 et Morgan Berthet à la batterie depuis 2011 assurent parfaitement leur
fonction de pilier rythmique. Même si Morgan fait partie de projets parallèles,
on peut parler de stabilisation de MYRATH depuis une douzaine d'années.
Cette prestation demeure fidèle à mes impressions
antérieures. Leur musique, leur démarche artistique, l'attitude des musiciens à
l'égard du public ; tout concourt à mon plus grand intérêt. Je continue d'être
fier de soutenir ces artistes tunisiens qui diffusent de leur pays une image
bien plus souriante que celle de l'actualité (...je m'autocensure pour ne pas paraître hors propos).
L'acoustique de cette salle qui vient d'être
reconstruite est excellente. Toutefois la sonorisation ce soir me parait
indigne. Le son excessif de la batterie a étouffé la captation des autres
pupitres, en particulier celui du chant et, dans une moindre mesure, de la guitare
et du clavier. C'est particulièrement blâmable s'agissant du chant dont les
sonorités orientales signent distinctivement l'identité musicale de Myrath !
Certes, ces sons émanaient aussi du clavier, que l'on percevait assez bien,
mais … outre les sons de violons du synthé, nous percevions aussi de trop
nombreuses bandes sons, pré-enregistrées pour palier à l'absence de darboukas ou
autres djembés … Ce n'est pas la première fois, leur souci de répondre à
l'attente du public les pousse à utiliser des artifices sonores qui paraissent à
mon humble avis dispensables.
Lors de leur concert au Divan du Monde (2016) une
violoniste était présente. Je me surprends à espérer (naïvement ?) voir un jour le groupe valorisé par une vraie section
de percussions et de violons ! Orphaned Land l'a déjà fait au moins une fois.
En tant que mélomane, je préférerais nettement qu'une telle section se
substitue aux autres accessoires !
Car en effet, même avec son statut d' "invité" (argh, je n'arrive pas à m'y faire !), Myrath a somptueusement décoré
la scène, de tapis et coussins orientaux, ainsi que d'un fond de scène
rappelant les architectures arabisantes. Ajoutons à ce cadre, qu'une ravissante
danseuse orientale est venue de temps en temps émoustiller le public émerveillé
(enfin surtout moi, hein ! …Ma p'tite Fée
beaucoup moins, hihi !). Lors d'un précédent concert il y avait trois danseuses, mais cette fois le groupe a souhaité modifier ses arbitrages ; afin
d'accentuer une ambiance rappelant les "mille et une nuits" un illusionniste
nous proposait des tours de magie ma foi bien réussis ! Une table volante, une
plume qui écrit seule, et Zaher qui s'élève au-dessus de la scène …
impressionnant. Pour d'autres musiciens, un tel spectacle aurait pu paraître décalé, mais dans ce cadre précis le public apprécie et c'est justifié.
Le charisme naturel de Zaher lui permet une réelle
complicité avec son public, en particulier la gent féminine qui se pâme
d'admiration à chacun de ses gestes à leur égard. Mais au-delà de cette
séduction dirigée, je sais que ce sont tous des "gentils" pour les
avoir observés pendant et après les concerts. Ils sont, jusqu'à présent, d'une
humilité, d'une accessibilité, d'une gentillesse remarquable. Les organisateurs
du Raismesfest en savent quelque chose aussi … Pourvu que l'âpreté du monde du
spectacle ne les atteigne pas.
Bref, en une heure et quart de dépaysement total,
dix-sept titres auront ainsi été interprétés, dont dix extraits de "Shehili" leur dernier opus paru en
2019.
PROGRAMME
:
Asl (Shehili, 2019)
Born to Survive (Shehili, 2019)
You've Lost Yourself (Shehili, 2019)
Dance (Shehili, 2019)
Darkness Arise (Shehili, 2019)
Wicked Dice (Shehili, 2019)
The Unburnt (Legacy, 2016)
Tales of the Sands (Tales of the Sands, 2011)
Mersal (Shehili, 2019)
Beyond the Stars (Tales of the Sands, 2011)
Lili Twil (reprise des Frères
Mégri) (Shehili, 2019)
Nobody's Lives (Legacy, 2016)
Monster in My Closet (Shehili, 2019)
Believer (Legacy, 2016)
Endure the Silence (Legacy, 2016)
No Holding Back (Shehili, 2019)
Shehili (Shehili, 2019).
Le concert de Myrath terminé, un transfert de public
s'opère dans les premiers rangs où je décide de me maintenir, même si je ne
connais pas le groupe qui suit… Question de curiosité.
BEAST in
BLACK [env. 20h50-22h15].
J'apprendrai une fois rentré chez moi qu'il s'agit d'un groupe de heavy metal
finlandais fondé en 2015 à Helsinki par Anton Kabanen, guitariste et compositeur.
Anton Kabanen
guitare, choeur (depuis 2015) demeure entouré de Yannis Papadopoulos (chant, depuis 2015), Kasperi Heikkinen (guitare rythmique, depuis 2015), et Máté Molnár (basse, depuis 2015). Atte Palokangas (batterie) a rejoint le
groupe en 2018.
Je vais vite comprendre la nature de ces vikings ; ils
viennent clairement en conquérants sauvages, sans pitié pour une bonne part de
l'auditoire conquis d'avance, en tous cas dans mon périmètre. Leur power metal
me parait semblable à celui de Sabaton et et Powerwolff. Le public répond avec
la même sauvagerie, me rappelant ainsi amèrement que je n'ai plus vingt ans. Je
pressens que je vais avoir du mal à tenir à cet emplacement… Piqué dans ma
fierté, je m'obstine (foi de Bélier, ces
p'tits cons n'auront pas ma place !) cependant à rester au risque de ne pas
apprécier pleinement le spectacle. Je dois reconnaitre que cette musique, à la
fois puissante et mélodique, n'est pas pour me déplaire. Les soli d'Anton sont
nombreux et le chant dispose d'un timbre juste et d'une tessiture étendue). Il
me semble manquer un peu de puissance mais ces quatre compères se charge bien
de le soutenir d'une autre façon. D'ailleurs, je décèle ici et là des références
à Judas Priest et à Manowar.
La sonorisation, bien que puissante et correcte, reste
audible. Les protections auditives à cette place sont toutefois conservées,
bien sûr. L'éclairage et à l'image de la musique ; vif, rythmé et coloré !
Je déplore cependant que Beast in Black utilise inutilement
le même artifice sonore que Sabaton ; des bandes-sons de claviers. C'est
d'autant plus dommage qu'elles me semblent tout à fait dispensables dans leur
cas, alors que Powerwolff assume totalement ses claviers sur scène.
Cependant leur démarche est sincère, à l'image de leur
musique volontaire et entrainante. Le public est surexcité, c'est la fête ! Je
m'étonne de la notoriété du groupe ; les bouches scandent les refrains avec
force et convictions, comme s'il s'agissait de titres anciens alors qu'ils ne
datent pas de plus de trois ans !
Mon obstination à conserver ma place d'auditeur téméraire
me coûtera énormément d'énergie. Toutefois, ma ruse résultant de quarante
années ponctuées de concerts parfois bien plus agités encore, m'a permis
d'éviter mon éviction plus d'une fois ! Héhéhé, ils n'auront eu ma place qu'au
rappel durant lequel j'ai rejoint ma P'tite fée, bien plus sage que moi (sur ce coup-là).
Au total ils auront joué, durant une heure vingt-cinq
(soit une dizaine de minutes de plus que Myrath), dix-sept titres dont huit
extraits de "From Hell With"
Love paru en 2019.
PROGRAMME
:
Cry Out for a Hero (From Hell With Love, 2019)
Unlimited Sin (From
Hell With Love, 2019)
Beast in Black (Berserker,
2017)
Eternal Fire (Berserker,
2017)
Blood of a Lion (Berserker,
2017)
The Fifth Angel (Berserker,
2017)
True Believer (From
Hell With Love, 2019)
Heart of Steel (From Hell With Love, 2019)
Born Again (Berserker, 2017)
Ghost in the Rain (Berserker, 2017)
Die by the Blade (From Hell With Love, 2019)
No Surrender (From Hell With Love, 2019)
Crazy, Mad, Insane (Berserker, 2017)
Sweet True Lies (From Hell With Love, 2019)
From Hell With Love (From Hell With Love, 2019).
RAPPEL
Blind and Frozen (Berserker, 2017)
End of the World (Berserker, 2017).
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