Le Petit Bain est une péniche, amarrée au 7 Port de la Gare, 75013 Paris, au pied de la Très Grande Bibliothèque. Depuis son ouverture en 2011, le Petit Bain s'enorgueillit d'une programmation variée, et d'une politique tarifaire accessible. Elle est tellement "variée" qu'elle laisse finalement peu de place à notre Musique favorite, mais je reconnais que les deux seules fois où je m'y suis rendu, c'étaient pour GAZPACHO (neoprog norvégien) et pour AUDREY HORNE (hardrock norvégien), et toujours à des prix raisonnables.
Son auditorium dispose d'une capacité d'accueil de 450 places.
En dépit d'un calendrier encombré, avec ma P'tite Fée nous
nous sommes tardivement procuré nos tickets, le 24 avril dernier. En une
dizaine de jours, il fallait caser les concerts de Steven Wilson, Magma, Haunt
the Wood et donc Arena… Les admirables
Haunt the Wood, victimes des circonstances, sont évincés, car ils passaient ce
même jour et nous les avions vus trois fois en moins d'un an.
RAPPEL DE SITUATION. ARENA est un groupe britannique apparenté au style dit "néo-progressif".
Il fut fondé en 1995 par le
claviériste Clive Nolan (Pendragon, Shadowland), et le batteur Mick Pointer
(ex-Marillion de 1979 à 1983).
Actuellement, outre ses fondateurs, Clive Nolan (claviers et chœurs, depuis
1995), et Mick Pointer (batterie,
depuis 1995), il se compose désormais de John Mitchell (guitares chœurs, depuis 1997), Kylan Amos (basse, depuis 2014), et Damian Wilson (chant, depuis 2020). Soulignons le retour de John Mitchell,
après sa temporaire participation à la tournée d'Asia, qui nous avait imposé
son absence en été 2024 (festivals Midsummer et NOTP).
ARENA n'a pas de nouvel album à promouvoir. Aucune
parution depuis le dixième opus, "The
Theory of Molecular Inheritance", qui était sorti le 21 octobre 2022. Le groupe fêtera son 30ème anniversaire, ainsi
que celui de son premier album "Songs
From The Lions Cage", qui est paru le 25 juillet 1995.
Ce concert s'inscrit dans une tournée européenne qui
prévoit vingt-huit dates ; celle-ci
a débuté le 27 avril à Chepstow (Winter's
End) au Pays de Galles, et se terminera le 31 mai à Zoertermer (Boederij) aux Pays Bas. Ce sera ainsi
pour moi l'occasion de les revoir pour la huitième fois, dont trois en France,
depuis leur concert du 24 avril 2015 au Divan de Monde.
Bonne surprise en arrivant sur place, le microcosme
réunit beaucoup de nos amis, même en ce jour de semaine ; mon fils, mais aussi
Xavier et Véronique, Eric et Muriel, Chantal, Ludovic et bien d'autres… La
soirée n'est pas annoncée "complet" et pourtant la fosse me parait
bien pleine. Tant mieux pour eux, ils le méritent bien.
Fidèle à son habitude, Damian Wilson ne manque pas de venir saluer chaleureusement CHACUN des
mélomanes de la file d'attente. Cette amabilité (doux euphémisme !) est tellement sincère qu'elle en est
déstabilisante, surtout lorsqu'on ne maitrise pas la langue anglaise pour lui
répondre intelligemment (c'est-à-dire autrement que par des "yeah-yeah, thank you"). On sent
bien qu'il a besoin d'échanger, de parler, de s'émouvoir, de s'intéresser…
C'est juste un personnage atypique, authentiquement gentil, tout simplement.
Passé ces effusions et une fois à bord, nous sommes
dans les premiers rangs, et même si la scène me semble un peu trop basse, le
confort de visuel est, ma foi, assez bon.
LE
CONCERT [20h00/21h05 – 21h20/22h20]
L'acoustique de l'espace nous parait très bonne, et la
sonorisation restera parfaitement équilibrée pour entendre distinctement chaque
pupitre. Je ne ressens pas la nécessité de protéger mes oreilles. En ce qui
concerne l'éclairage, j'ai craint longtemps un minimalisme navrant. Les
musiciens étaient peu visibles, soit dans la pénombre soit sous des feux
bleutés obscures. Puis, cette frustration s'est estompée, comme s'il s'agissait
de lampes nécessitant un temps de chauffe…
Les deux premières chansons ne figurent pas dans mes favorites, et j'ai un peu peiné à m'immerger dans l'ambiance. Mais la qualité des compositions et de leurs interprètes ont tôt fait de m'emporter. Car en effet, aucun des musiciens de manque de talent pour emmener l'auditoire dans une tempête de sensations. Clive Nolan est Maître en la matière, ses claviers expriment toutes les palettes attendues pour accentuer les atmosphères. Ce faisant, il supervise discrètement mais efficacement l'ensemble des pupitres.
La mine renfrognée de John Mitchell n'est pas de nature à attirer la sympathie, et pourtant on
devine une vraie sensibilité grâce à son jeu de guitare. Je serai prêt à parier
qu'il gagnerait à être connu. Sa musique est son meilleur atout. A l'instar de
grands guitaristes de rock progressif, il s'exprime moins dans la technique
exubérante que dans recherche du son le plus pur possible. Il est pourtant à
l'aise lorsqu'il se lance dans ses soli étourdissants. Il est à mon sens un
atout majeur dans le groupe… Un atout qu'il partage désormais avec le Grand
Damian Wilson récemment intégré au
groupe. Ce chanteur est selon moi un des meilleurs de la scène actuelle. Il
n'est pas du tout dans le même registre qu'Einar Solberg (un autre chanteur
d'exception) mais pourtant son timbre et sa tessiture sont impressionnants ; il
serait vain de tenter de le suivre en chantant. De surcroit son charisme est
tout simplement hors norme, exceptionnel ; c'est clair, cet Artiste a le sens
du spectacle et du contact direct avec le public. Il nous a une fois de plus
tous épaté. Il fend la foule avant, pendant et après le concert, et même
pendant l'entracte !! A croire qu'il vient recharger ses batteries à notre
contact ! On ne peut qu'être animé de sympathie et d'admiration pour ce grand
Monsieur. ARENA serait bien inspiré de le ménager pour le maintenir…
L'horloger Mick Pointer
s'est assuré du bon rythme de ses camarades ; ma nuque s'en souvient encore,
plusieurs heures après. Il nous a dévoilé un autre talent, il se dresse durant
"How did it come to This ?"
pour jouer quelques notes de sa flûte traversière, ma foi fort opportunes. La
conception du néoprog par ARENA est
davantage musclée que d'autres. Cette douce énergie rythmique est bien sûr
savamment entretenue par Kylan Amos,
la force tranquille.
Bref, tout ce beau monde nous a fait passer une belle
soirée anniversaire. Clive s'est montré bien plus bavard et jovial que de
coutume ; il nous a raconté moult anecdotes historique sur l'évolution de son
groupe. Hélas en anglais bien sûr, et je me garderai donc bien d'interpréter
trop ce qui a été dit. Mais il semblerait que les recrutements de John et de
Damian furent des moments épiques. Damian en a profité pour mimer certaines
étapes à l'hilarité générale. Et fait notable, même John s'est mis à parler et
… sourire ! si, si ; véridique !!
Dans une telle atmosphère bienveillante, l'ambiance ne
pouvait qu'être magnifique. Damian n'a eu aucune difficulté à soulever le
public à volonté.
En deux actes séparés d'un gros quart d'heure, ARENA a
interprété quinze titres, issus de neuf albums des dix albums studio de
leur discographie. Dommage pour l'album "Contagion" (2003), qui est passé à la trappe… Quatre sont
extraits de "The Theory of Molecular
Inheritance" (2022), deux
de "Songs From the Lion’s Cage"
(1995), deux de "The Seventh Degree of Separation" (2011), un de "The Unquiet Sky" (2015),
un de "Double Vision" (2018) un de "Immortal ?" (2000),
un de "Pepper's Ghost" (2005), deux de "The Visitor" (1998), et un de "Pride"
(1996). Autre observation sur le
programme, ces musiciens ne simulent pas de rappel ; le dernier titre "Crying for Help VII" fut opportunément
placé pour quitter le public sur une belle communion. "Heeeeeeeeeeeeeelp me !...". Après
le salut final du quintuor accompagnée de l'ovation exaltée du public ravi, le
chant résonne encore comme un cri au secours "Help me !" En Maître de
cérémonie, Damian dirige notre chœur en decrescendo ; les lumières se rallument,
c'est fini.
PROGRAMME
ACTE
I
- Valley of the Kings (Songs From the Lion’s Cage, 1995)
- Paradise of Thieves (Double Vision, 2018)
- Bedlam Fayre (Pepper's Ghost, 2005)
- How Did It Come to This ?
(The Unquiet Sky, 2015)
- 21 Grams (The Theory of Molecular Inheritance,
2022)
- Moviedrome (Immortal ?, 2000).
ACTE II
- Time Capsule (The Theory of Molecular Inheritance,
2022)
- The Equation (The Science
of Magic) (The Theory of Molecular
Inheritance, 2022)
- What If ? (The Seventh Degree of Separation, 2011)
- Serenity (The Visitor, 1998)
- (Don't Forget to) Breathe
(The Visitor, 1998)
- The Tinder Box (The Seventh Degree of Separation, 2011)
- Life Goes On (The Theory of Molecular Inheritance,
2022)
- Solomon (Songs From the Lion’s Cage, 1995)
- Crying for Help VII (Pride, 1996).
Je me rends à l'échoppe et me procure pour 15€ le CD
"Immortal ?" (eh non, je ne
l'avais pas encore. Je me contentais juste de son mp3).
Nous terminons cette agréable soirée de printemps par
un verre à la terrasse de la péniche. Elle est pas belle, la Vie ?
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