Ma démarche pour réserver cette soirée était un peu
particulière, cette fois …
D'abord, parce que si Anathema demeure un grand groupe
de scène, en revanche leur deux derniers opus (Distant Satellites et The
Optimist) ne me transcendent toujours pas.
Ensuite, parce que si je ne suis plus retourné au
Bataclan depuis le concert d'Opeth du 5 novembre 2014 ce n'est pas uniquement
dû au manque d'intérêt musical (quoique) ; un événement légèrement dramatique survenu
le 13 novembre 2015 a eu de quoi alimenter cette réticence.
Mais bon, après mûre réflexion j'ai fini par balayer
ces deux arguments.
Primo, je ne pouvais pas manquer une occasion de
revoir (et accessoirement réentendre) Lee, dont je reste un grand admirateur
(...). Plus sérieusement, les atmosphères scéniques développées par ces
musiciens sont toujours aussi délicieusement réussies. J'ai pu le vérifier de
nouveau au BeProg Festival cet été.
Secundo, je considère que ce lieu emblématique des
nuits parisiennes doit survivre à ce qui s'y est passé. Hors de question que
des abrutis barbares nous dictent notre culture. Depuis le 21 mars 1981,
j'assiste ce soir à mon trente-huitième concert dans cette salle mythique. Elle
ne devait pas, elle ne pouvait définitivement pas rester seulement associée à
de telles atrocités. Il ne s'agit pas d'oublier mais davantage de surmonter. D'autant
plus que les travaux de restauration, impératifs pour cette si belle salle, ont
permis me semble-t-il d'améliorer l'acoustique et le confort en mezzanine.
ALCEST ouvre la soirée. Etonnant lien avec mon dernier
concert ici ; ces français assuraient également la première partie pour Opeth !
Là s'arrête la comparaison car s'il y a trois années je n'avais pas accroché du
tout, cette fois j'ai davantage apprécié ces atmosphères envoutantes.
Je suis même bienveillant à l'égard du chanteur alors
que sa voix est juste inaudible et ses propos incompréhensibles … Mais cependant
cette voix, que je veux croire intentionnellement sous mixée tant elle est
lointaine, fait cependant partie d'un ensemble sonore ma foi très captivant.
L'ensemble du groupe (excessivement introverti et
discret, taisant jusque leur identité derrière des surnoms) reste d'ailleurs
dans la pénombre et le brouillard de scène, éclairé de lumières sombres, le
tout collant à merveille avec une musique sombre mais cependant souvent entrainante.
Je n'écouterais pas cela pendant des heures infinies
mais cette entame de soirée était ainsi fort bien réussie !
ANATHEMA se présente à moi pour la quatorzième fois. Le
sextuor est toujours composé de Vincent Cavanagh
(chant,guitares), Daniel Cavanagh
(guitare, chant, clavier), Jamie Cavanagh
(basse), Lee Douglas (chant) John Douglas et de Daniel Cardoso (batteries, percussion et claviers).
Dix-sept titres se succèdent dont six tirés du dernier
opus (The Optimist) et un seul de
l'avant-dernier (Distant Satellites).
Je n'aurais donc pas eu trop à souffrir du programme choisi, d'autant moins
qu'il me faut admettre que décidément même ces titres passent très bien sur
scène, ce qui démontre une fois de plus la propension de ce groupe à s'exprimer
en concert !
Même si Vincent ne réside désormais plus à Paris, afin
de se rapprocher de sa fratrie à Londres, il reste cependant francophile et le
prouve par ses efforts persistants à échanger quelques mots français avec son
public. Ca n'a l'air de rien, mais j'imagine aisément que cela contribue à
l'affection particulière qui lie Anathema à ses fidèles mélomanes français ; ce
groupe reste de surcroit un des seuls à visiter de nombreuses villes de
province, qualité appréciables pour les intéressés.
Mon récit, comme d'habitude, n'exprime que mes
émotions personnelles et ne prétend à aucune objectivité ni à un quelconque
professionnalisme, mais je ne serais pas honnête si je taisais ce qui m'a
particulièrement gêné ce soir dans l'interprétation. Tous, (à l'exception de
Lee et de Jamie) démontrent leur talent de multi-instrumentiste, notamment leur
compétence au clavier. Or, 'faudra qu'on m'explique l'intérêt de ces trop
fréquentes bandes pré-enregistrées … de clavier ! Soit les séquences sont
dispensables et on s'en passe, soit elles contribuent à l'atmosphère et on les
joue ; les deux options relèvent bien d'un choix artistique, mais celle qui a
été choisie me semble inappropriée.
Mais bon qui aime bien châtie bien, et puisque je sais
que les frères Cavanagh n'apprécient guère d'être contrariés (j'ai en mémoire
des anecdotes) je ne m'attarderai pas sur cet aspect du concert qui par
ailleurs fut un beau voyage !
Le diptyque "Untouchable
I & II" reste au programme des tournées depuis quelques années et
semble s'inscrire ainsi comme un incontournable, et je ne m'en plaindrai pas ;
Lee et Vincent y forment un duo toujours très émouvant.
Quatre chansons issues de l'excellent opus "Weather Systems" et trois du
non-moins réussi " We’re Here…"
contribuent à maintenir un très haut niveau de qualité.
Bien évidemment, la durée du concert n'étant pas
extensible à volonté, cette forte proportion de titres "imposés"
laisse peu place à d'autres titres plus anciens, question de choix.
Cependant avec le rappel, c'est un autre titre
récurrent, "Closer", qui
ravit le public qui profite de ce titre festif pour se dégourdir un peu la
nuque et les jambes. Vincent me semble moins s'attarder sur les distorsions de
guitares au sol que d'habitude ; les aléas de l'improvisation sans doute.
Cinq titres en rappel viennent clore cette bien belle
soirée.
Notons particulièrement la dédicace émouvante de
"A Natural Disaster" pour
les victimes du massacre. Les lampes de portable qui éclairent la salle d'une
lumière blafarde et la musique mélancolique contribuent à alimenter une
atmosphère de recueillement bienveillante.
"Fragile
Dreams" vient alors à point nommé pour une fin étincelante et époumonante,
le chant de guitare étant repris par le public ravi ! Si les rêves de bonheur
sont bien fragiles, Anathema sait les chanter (et c'est déjà ca !…).
A l'échoppe, les marchandises sont plutôt tentantes
mais j'ai décidé d'être sage, cette fois. Si, si je vous assure que j'en suis
capable ! Je ne prends même pas le CD.
PROGRAMME
San Francisco (The Optimist)
Untouchable, Part 1 (Weather
Systems)
Untouchable, Part 2 (Weather
Systems)
Can't Let Go (The Optimist)
Endless Ways (The Optimist)
The Optimist (The Optimist)
Thin Air (We’re Here Because We’re
Here)
Lightning Song (Weather Systems)
Dreaming Light (We’re Here Because
We’re Here)
The Beginning and the End (Weather
Systems)
Universal (We’re Here Because
We’re Here)
Closer (A Natural Disaster)
RAPPEL
Distant Satellites (Distant Satellites)
Springfield (The Optimist)
Back to the Start (The Optimist)
A Natural Disaster (dedié aux victimes) (A Natural Disaster)
Fragile Dreams (Alternative 4).
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