Quelle nouvelle calamité pouvait encore contrarier nos
esprits déjà tourmentés après deux années de Pandémie, après une guerre aux
portes de l'Europe, alors que le nombre
d'imbéciles sur Terre semble s'accroitre à proportion de sa population, et que le
dérèglement climatique semble hors de contrôle … Allons, toute proportion
gardée, pourquoi pas une p'tite inondation, hein ?! Qu'à cela ne tienne, dans
l'après-midi du dimanche 2 octobre 2022, à quelques heures du concert, nous
sommes alertés par un communiqué, nous annonçant que le Trianon rencontre des
soucis de plomberie !
Il faudra attendre quelque temps après pour être
rassurés sur le report de la soirée ; Gérard Drouot Productions annonce : "Nous sommes heureux d’annoncer le report du
concert de Saxon prévu le dimanche 2 octobre 2022, au vendredi 9
décembre 2022 dans la même salle. Nous invitons les spectateurs à conserver
leurs billets, qui resteront valables pour cette nouvelle date. Les clients
souhaitant se faire rembourser leurs billets peuvent s’adresser au point de
vente où ils ont été achetés. Nous remercions les spectateurs de leur compréhension.
L’équipe Gérard Drouot Productions".
Le calendrier de cette période était déjà bien chargé
(après le concert de SOEN et avant celui de MAGMA et celui de THE WINDMILL),
nous avons donc pris ce report avec soulagement et philosophie. SAXON se
présente ainsi à Paris treize jours après la fin officielle de leur tournée européenne,
alors que cette étape aurait dû en être la première. On peut donc leur savoir gré de
cet effort respectueux de son fidèle public. Seul dégât collatéral, que nous
n'apprenons que ce soir, DIAMOND HEAD est remplacé par VICTORY.
Déçu de ne pas revoir une troisième fois ceux qui ont
marqués l'Histoire du metal (au point
d'inspirer Metallica). D'autant plus qu'ils sont remplacés par un ensemble
musical, "Victory" qui, à l'instar de Molly Hatchet, n'a pas eu l'honnêteté
de changer de nom après le départ de leurs membres fondateurs. Ce soir, je vais
pourtant leur accorder le bénéfice du doute.
C'est dans ces conditions que je me rends, avec ma
p'tite Fée et mon rejeton, à une soirée qui me rappellera Mes années 80.
Celles du Renouveau du hardrock, autrement appelé en son temps la "NWOBHM"
(New Wave Of British Heavy Metal). Encore une occasion de réaliser que le temps
s'écoule inexorablement ; plus de quarante années sont passées, mais il me
plait de croire que je reste cet adulescent qui continue de s'émerveiller et de
voyager dans l'espace et dans le temps.
SAXON a marqué fortement l'Epoque, sans toutefois avoir
suivi l'ascension des meilleurs. Et pourtant, ils sont toujours là. Cette soirée
est d'autant plus attrayante qu'elle se tient dans un des plus beaux auditoriums
parisiens, le Trianon de Paris.
18:30 Ouverture des portes.
Avec mon fils, nous nous plaçons en fosse, à deux
rangs du centre de la scène. Ma p'tite fée a opté pour la mezzanine avec un
pote ; nous aurons ainsi l'occasion de comparer nos impressions de deux points
de vue/écoute.
VICTORY [19:00-19:45].
A l'instar de Molly Hatchet, Victory est désormais
l'ombre de lui-même, il a été formé en 1984 par des musiciens allemands dont aucun ne subsiste à ce jour ; les
derniers cofondateurs, le guitariste
Tommy Newton et le bassiste Peter Knorn sont partis en 2011. Depuis 1994, les divergences nuisaient au groupe
qui finit par se séparer après la promotion du dernier album "Voiceprint" paru en 1996. Une
reformation partielle aboutit à un huitième album "Instinct" paru en 2003.
A l'issue de ce parcours chaotique, le quintet se
compose actuellement d'Herman Frank (guitare
1986–1995, et depuis 2005), de Christos Mamalitsidis
(guitare depuis 2013), Peter Pichl (basse,
depuis 2013), Michael Wolpers (batterie
depuis 2013) et Gianni Pontillo (chant,
depuis 2019).
Un onzième
album de ce pseudo-groupe, "Gods of
Tomorrow", est paru le 26
novembre 2021.
Compte tenu de leur statut, les musiciens peuvent se
déclarer satisfaits des moyens mis à leur disposition. Ils bénéficient d'une sonorisation
correcte (je me protège les oreilles par précaution) pas de surpuissance et les
pupitres sont audibles. L'éclairage est correcte également et la scène est
sobre, pas de fond de scène ; seul la batterie montre le logotype du groupe.
Leur prestation fut convaincante. Les musiciens sont
d'un bon niveau et ils interprètent les titres avec la même respectable fougue
des groupes de reprise. Ils ont su enthousiasmer le public avec une grande
efficacité toute germanique. Tous sont impliqués. Herman maintient
manifestement l'intérêt du groupe avec des soli ciselés pour les mélodies. Mais
physiquement il me fait de la peine ; je ne l'avais pas revu depuis plus de 39
années, quand même…il m'a semblé très marqué par ses années sur les planches.
Je les ovationne sincèrement pour avoir chauffé la salle avec ferveur et conviction. Mais il n'en demeure par moins que pour moi cette formation aurait dû se présenter sous le pseudonyme Victory II.
Parmi les titres interprétés, deux ont été reconnus
mais il reste à définir les autres …
Are You Ready (Don't
Get Mad... Get Even, xxx)
… (à déterminer)
Alors que la bande-son d'entracte diffuse une
succession de titres phares des années 80, quelques parasites tentent de
s'incruster dans nos premiers rangs ; ils n'assument pas leur arrivée tardive et
s'imaginent qu'ils pourront me défaire de mon emplacement. C'est bien mal me
connaitre. Après une brève mise au point je me fais comprendre, on ne viendra
plus me casser les c….
SAXON [20:15-22:00]
Ce quintet anglais a été formé en 1977 à Barnsley, sous le nom "SON OF A BITCH", par
Peter "Biff" Byford au
chant, Paul Quinn (deux ex-membres du groupe COAST),
rejoints par Graham Oliver aux guitares, Steve "Dobby" Dawson à la
basse (deux ex-membres du groupe SOB),
puis par Pete Gill à la batterie. En 1979, le groupe change son nom en SAXON et signe avec le label (français
!) Carrere qui sort alors son premier album éponyme.
Alors que le heavy metal en était à ses balbutiements,
mettant le hardrock en mutation, Saxon était un des fers de lance de la NWOBHM.
Il faut se rappeler que dans les années 1980, huit albums étaient positionnés au
Top 40 britannique, dont quatre albums du Top 10 et deux albums du Top 5. De
nombreux monoplages se sont placés dans les meilleurs classements britanniques
européens et japonais. Au cours des années 1980, Saxon a vendu plus de 13
millions d'albums dans le monde.
Voilà pour son pédigrée reconnu. Pour ma part, ce
groupe m'a passionné peu après la parution de "Wheels of Steel" (paru le 5 mai 1980), puis encore davantage
avec celle de "Strong Arm of the Law"
(paru le 1er septembre 1980). J'ai continué à le suivre assidument
jusque "Rock the Nations"
(paru le 19 Septembre 1986). Mais, si j'apprécie toujours les
ambiances festives de ses concerts, je confesse l'avoir peu à peu mis de côté, au
profit d'artistes qui me parurent plus audacieux (Iron Maiden bien sûr, mais aussi Tyger of Pan-Tang, Def Leppard,
Girlschool, Rock Goddess, Holocaust, Witchfinder General, Tokyo Blade, pour ne
parler que de la NWOBHM…).
Ainsi, contrairement à d'autres groupes de cette mouvance,
je ne l'ai vu que quatre fois ; une première le 22 novembre 1981 au Pavillon Baltard de Nogent sur
Marne-94 (tournée Denim&Leather),
puis le 11 octobre 1985 au
Zénith de Paris (tournée Crusader),
le 2 novembre 1986 au
Zénith de Paris (tournée Rock the Nations)
et enfin le 13 septembre 2008
au Raismesfest (tournée Into The
Labyrinth).
Un concert de Saxon ne déçoit pas ; l'ambiance est
garantie. Des rythmes relativement binaires, des accords mélodiques accrocheurs
et saturés ... ces maudits anglais maîtrisent les ingrédients de base ! Il me
plaisait de le répéter : "SAXON, c'est le secret des ambiances réussies !"
Il convient aussi de saluer la persévérance de Peter
Rodney "Biff" Byford (71
ans, chant depuis 1977 - né le 15 janvier 1951), et de Paul Quinn (70 ans, guitares depuis 1977 - né le 26 décembre 1951) toujours aux commandes. Entourés de Nigel Glockler (69 ans, batterie depuis 1981, avec quelques interruptions
– né le 24 janvier 1953), mais aussi
de Nibbs Carter (56 ans, basse
depuis 1988), et de Doug Scarratt (63
ans, guitares depuis 1995). On peut donc parler de relative stabilité depuis
plus de vingt ans avec ce gang de papy dont la moyenne d'âge s'établit à 66 ans
!
Voilà, pour toutes ces raisons, je tenais à emmener
mon fils et ma P'tite Fée pour assister à un concert de ces authentiques vétérans
!
Son vingt-troisième
album studio, le bien nommé "Carpe
Diem", est paru le 3 février
2022. C'est tout simplement un de mes préférés de l'année 2022 dans ma
catégorie "metal" (en compétition avec le Magnum, le Rammstein et le
Scorpions et, dans une moindre mesure, le Ghost). Leur tournée promotionnelle (17 dates prévues) intitulée "Seize the Day World Tour" devait
débuter par Paris ; finalement elle s'y achèvera !
Une excellente sonorisation m'autorisera à ne pas
protéger mes oreilles, même à proximité de la scène ; pas de surpuissance et la
qualité rend audible tous les pupitres. (nota
bene : Perception identique depuis la mezzanine) Un éclairage très colorés,
et bien orienté permet aux yeux et aux objectifs de capter les plans de scène.
Au mur est étendu le drap sur lequel est dessiné l'immuable logotype du groupe.
Au centre, la batterie surplombe la scène sur un socle revêtu du thème du
dernier opus. A chacun de ses côté sont alignés les amplificateurs estampillés
du logo. Pour seuls effets spéciaux, quelques sobres jets de vapeurs, mais
sinon pas d'extravagance, juste le rock'n'roll quoi !
Biff est vêtu de sa veste triplement boutonnée qui me
paraitrait encombrante mais qui semble lui convenir, en tout cas il a toujours
de l'allure avec ! Sa voix est intacte et nous laisse croire que le temps n'a
que peu de prise sur lui. C'est agréable, et rassurant pour ceux de nous qui le
suivent depuis quatre décennies… Eloquent, face à son ventilateur, il chante avec charisme et conviction un
programme qui m'a semblé équilibré, même si j'aurais apprécié aussi davantage
d'évocation de nos années 80.
Paul Quinn est là, c'est sûr. Mais sobrement. Il
assure quelques soli efficaces, mais nettement il a passé le relais au plus flamboyant
Doug Scarratt. En tous cas ces deux-là ont su faire résonner en nous les
meilleurs souvenirs du parcours du groupe ! Nibbs Carter est le plus jeune et
aussi le plus agité du groupe ! En même temps, on comprend qu'il ressente le
besoin de se dégourdir car pour accompagner les rythmes relativement binaires martelés
par Nigel Glockler, sa fonction est le plus souvent (mais pas toujours)
d'assurer des ostinatos.
Bon voilà le tableau ; on n'est pas ici pour faire de
la dentelle, juste pour écouter du heavy metal basique mais terriblement
efficace. Mon exigence de mélomane aurait apprécié davantage de nuances sur
certains titres emblématiques ; par exemple sur "Dallas 1 PM", la reprise après la brève bande son des coups de
feu aurait pu s'amplifier avec un crescendo qui aurait sans doute emporté le public
dans un pogo infernal. En revanche, l'enchainement avec "Heavy Metal Thunder" de Zeus fut très
apprécié ! Depuis le début du concert un admirateur du premier rang brandissait un
drapeau à l'image de "Wheels of
Steel" ; manifestement cela n'avait pas échappé à Biff qui attendit
son interprétation pour le réclamer et le poser sur le socle de batterie et le
fixer solidement avec deux bouteilles d'eau ! Encore un beau geste de
reconnaissance pour son fidèle auditoire, d'autant plus que Biff aura la
précaution de lui restituer l'objet à la fin dudit titre ! Respect ! Peu de
répit dans ce flux de metal incandescent, hormis peut-être le (relativement)
calme "The Eagle Has Landed".
Le rappel est évidemment exigible et dûment exprimé !
Seul bémol durant celui-ci, à mon sens en tous cas, le titre légendaire "Strong Arm of the Law" est tronqué
en le mixant avec "Solid Ball of
Rock". Un peu dommage quand même… Mais bon, en poursuivant avec "747", puis le puissant "Denim and Leather" on leur pardonne
volontiers ! Pour clore cette soirée festive, nous eûmes droit à un bondissant
"Princess of the Night" qui
me permis de clamer une nouvelle fois mon Amour pour ma Belle princesse dans sa
mezzanine ! Romantique, moi ? bah oui, cela m'arrive …
Cette prestation ne pouvait pas me décevoir ; elle fut
conforme à ce que je suis venu rechercher. Faire la teuf et la partager à mes
êtres chers.
La réaction du public a logiquement répondu à
l'attente du groupe qui semble avoir remarqué l'engouement du public parisien,
en dépit de la barrière de la langue. J'ai connu des publics de Saxon bien plus
agités que ce soir, mais cela m'arrangeait bien après une journée automnale de
travail ! L'essentiel est que tout le monde avait le sourire en sortant !
Parmi les vingt
titres interprétés, six sont issus
de "Carpe Diem", (2022), quatre de "Denim and
Leather", (1981), deux de "Strong Arm of the Law", (1980/09),
deux de "Wheels of Steel", (1980/04),
un de "Power and the Glory", (1983),
un de "Unleash the Beast", (1997),
un de "Metalhead", (1999),
un de "The Inner Sanctum", (2007),
un de "Sacrifice", (2013),
une séquence a rendu hommage à deux opus (Strong
Arm of the Law, 1980/09 / Solid Ball of Rock, 1990).
En sortant je passe à l'échoppe, histoire de me
laisser tenter. Il faut dire que je n'ai jamais acheté de t-shirt de SAXON à
leurs concerts. Il me semblait que ce beau concert était l'occasion de rétablir
cette injustice. Mais j'ai amèrement regretté de ne pas avoir saisi l'occasion au
début de la soirée où le beau t-shirt rouge était encore disponible, avec ses
dates au verso. Cette fois, tout était vendu ; logique en cette fin de tournée,
j'en suis ravi pour eux, tant pis pour moi. Côté positif 35€ d'économisé !
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